Conquête du Roussillon II, 15 1642 Un peu devant monarque trucidé, Castor Pollux en nef, astre crinite, L'erain public par terre & mer vuidé, Pise, Ast, Ferrare, Turin, terre interdicte. "Castor,
Pollux en nef" "Castor, Pollux" : les feux de saint Elme ;
"astre crinite" : comète (Pierre
Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition
Macé Bonhomme de 1555), 1996 - www.google.fr/books/edition, Mélanges
Tirés D'Une Grande Bibliotheque, De La Lecture Des Livres François, Livres de
Physique générale & particuliere du seizieme siecle, 1781 -
www.google.fr/books/edition). Le Fort Saint Elme
défend la ville de Collioure prise en 1642 (13 avril) lors de la conquête du
Roussillon (Galeries
historiques du palais de Versailles, Musée national de Versailles, 1842 -
www.google.fr/books/edition). Du Fort Saint-Elme, sentinelle de la CĂ´te Vermeille
construit sur l'ordre de Charles Quint, et tout particulièrement des terrasses
au sommet de la tour auxquelles on accède depuis peu, vous aurez une vue
imprenable à 360 degrés sur les anses de Collioure, Port-Vendres et les Albères
(LANGUEDOC
ROUSSILLON 2019, Petit Futé - books.google.fr). "trucidé" : la mort de Louis XIII A-t-il été
question de déposer Louis XIII, voire de le trucider ? Il n'y a pas de
réponse assurée à cette question. Le roi et Richelieu l'ont cru jusqu'à leur
mort. Inspiratrice et âme du complot, la duchesse de Chevreuse déteste le
roi et la soumission aux tabous n'est pas son fort. Ou son faible, comme on
voudra. Par contre, elle obéit volontiers aux impulsions venues du cœur (Denis
Tillinac, La duchesse de Chevreuse, 2013 - www.google.fr/books/edition). Cf. le quatrain suivant II, 16 - Les Dames galantes -
1642-1643. La conspiration de
Chalais est une conspiration qui eut lieu en 1626 en France, et fut dirigée
contre le cardinal de Richelieu, premier ministre de Louis XIII, et contre ce
dernier, qui soutenait son ministre. C'est la première (mais non la
dernière) conspiration de la noblesse contre le ministre. Celle-ci sera axée
entièrement sur le mariage de Gaston, frère du roi, et de l'absence de descendance
de Louis XIII, et brouillera durablement celui-ci d'avec sa femme Anne
d'Autriche. La conspiration porte le nom de Henri de Talleyrand-PĂ©rigord, comte
de Chalais, non parce qu'il en fut le réel instigateur, mais parce qu'il fut le
principal instrument dont se servirent les deux camps. Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse, grande ennemie du cardinal, surintendante de la maison de la reine et maitresse de Chalais, est associée à la conjuration (fr.wikipedia.org - Conspiration de Chalais). Le roi, au premier avis que lui donna le cardinal de cette menée, voulait faire arrêter Chalais et mettre la reine et le duc d'Anjou en jugement. Mais Richelieu le calma en le priant d'attendre que le complot fût mûr. Louis XIII consentit donc à différer sa vengeance, mais, pour être sûr que Chalais serait toujours sous sa main, pour que le coupable ne pût échapper au sort auquel d'avance il était destiné, le roi commanda un voyage en Bretagne, et la cour le suivit Chalais, sans défiance, partit pour Nantes avec les autres. Ce qui devait mûrir le complot, c'était la réponse à une lettre qu'avait écrite Chalais au roi d'Espagne, et dans laquelle il pressait Sa Majesté catholique de conclure un traité avec la noblesse mécontente de France. On remarquera que c'est un pareil traité qui fit couper, quatorze ans plus tard en 1642, la tête à Cinq-Mars et à de Thou (Alexandre Dumas, Louis XIV et son Siècle, 2019 - www.google.fr/books/edition). Un projet d'assassinat est monté pour assassiner
Richelieu à Fleury-en-Bière, chez lui, au moment d'une visite de Gaston au
cardinal qui déjoue le complot le 11 mai. La cour se déplace
vers Nantes pour assister aux Ă©tats de Bretagne. Le 13 juin 1626 Ă Blois,
les frères Vendôme sont arrêtés5 et emprisonnés à Amboise, puis au château de Vincennes.
Monsieur se réconcilie avec son frère, accepte l'idée de mariage, et reçoit en
apanage le duché d'Orléans. À Nantes, Gaston est remis sur la sellette devant
le roi, Richelieu, qui remplace les affidĂ©s du duc de Luynes par des gens Ă
lui, la reine-mère et le nouveau garde des sceaux Marillac, et avoue toute
l'affaire, chargeant ses anciens complices. Chalais est arrêté le 8 juillet (on
suppose que c'est un ancien ami à lui, Louvigny, qui aurait dénoncé ses
intentions criminelles à l’encontre du roi), et jugé à Nantes, dans le couvent
des Cordeliers. Après de complets aveux (qui ne font que confirmer les soupçons
du cardinal), il est condamné à la peine de mort pour crimes de lèse-majesté le
18 juillet. Ses amis dissuadent le bourreau de faire son office, mais c'est
alors un condamné à mort (gracié pour l'occasion) qui se charge de la besogne,
sur la place du Bouffay. Celui-ci utilise une épée, puis une doloire, mais a du
mal à procéder à la décapitation : au vingtième coup de hache, Chalais est
encore vivant, et il faudra attendre le vingt-neuvième coup (ou le trentième)
pour qu'enfin le condamné soit mort. La duchesse de Chevreuse se réfugie auprès du duc de Lorraine (fr.wikipedia.org - Conspiration de Chalais). "astre crinite" : famille de Coma ? COMA. Perpignan, Ariège. D'azur à la tour d'argent sommée
d'une comète du même. La famille de
Coma existait déjà dans le Roussillon en 1521, où elle vivait considérée.
Philippe III d'Espagne accorda en 1599 des lettres de chevalerie Ă Antoine de
Coma, citoyen noble de Perpignan, oĂą ses descendants ont maintenu leur
résidence, entourés de l'estime publique. Le dernier chef de nom et d'armes,
Joseph de Coma, capitaine commandant de cavalerie, chevalier de la LĂ©gion
d'honneur, mort pour la patrie des suites des fatigues de la guerre de
1870-1871, a laissé un fils : Henry de Coma, candidat à l'école militaire. Xavier
de Coma, rentier, frère aĂ®nĂ© de Joseph, prĂ©citĂ©, n'a pas d'enfants et rĂ©side Ă
Bayonne. Une seconde branche de cette famille habite l'Ariège (Charles
Poplimont, La France héraldique, Tome III : Chanaud - Eyssautier, 1873 -
books.google.fr). La conquête du Roussillon, terminée dans le courant de
1642, rouvrit la communication avec la ville de Barcelone. Il fut libre alors
aux citoyens nobles de Perpignan d'aller siéger dans les assemblées de la
noblesse, ce qui eut lieu jusques en 1652 : Ă©poque de la reddition de
Barcelone aux Espagnols. C'est en effet dans le temps intermédiaire que,
Barthelemi Soler & Coma & Sauveur Reart & Taqui citoyens
immatriculés de Perpignan, s'inscrivirent au livre de la matricule des nobles ;
& que Hyacinthe Gelabert fut installé dans le corps de la noblesse en vertu
du privilége de citoyen de rescrit de la même ville qu'il avoit obtenu de Louis
XIV ; ce prince le lui avoit donné, sçachant bien que c'étoit un titre de
noblesse en Catalogne. La paix des Pyrénées, conclue le 7 novembre 1659,
termina la guerre. Le Roussillon fut réuni à la
France; & la Catalogne rentra sous la domination d'Espagne. Les citoyens
nobles de Perpignan qui se trouvèrent établis à Barcelone continuèrent d'y
intervenir aux assemblées & fonctions de la noblesse; la royale audience,
le conseil suprĂŞme d'Aragon & depuis le conseil suprĂŞme de Castille les ont
tenus & les tiennent encore pour membres de cet illustre corps; & l'on
peut dire que la jurisprudence de ces tribunaux est pour eux une confirmation
souvent réitérée & toujours permanente de leur noblesse & de leur
chevalerie. Pour ce qui est du corps des citoyens restés sous la domination de
la France, il a obtenu de nos rois en différentes occasions les confirmations
les plus claires & les plus solemnelles de fa noblesse (Xaupi,
Recherches historiques eun la noblesse des citoyens honorés de Perpignan et de
Barcelona connus sous le nom de "citoyens nobles", 1763 -
books.google.fr). Joseph Coma, de Perpignan, recteur de l'université de
cette ville en 1617, a laissé un manuscrit un peu diffus, mais plein de
recherches importantes sur les Ă©glises d'Elne et de Saint-Jean de Perpignan (Dominique
Marie Joseph Henry, Histoire de Roussillon, comprenant l'histoire du royaume de
Majorque, Tome 1, 1835 - www.google.fr/books/edition). Piémont et menace
d'interdit papal Voici un jeune attaché, M. Aug. Bazzoni, homme de talent,
qui nous fournit, d'après des documents à peu près inconnus, l'histoire de la
RĂ©gence de Marie-Christine, duchesse de Savoie. C'est une des pages les plus
curieuses de l'histoire de cette maison de Savoie, si brave, si remuante, si
ambitieuse ; ce sont les incidents si variés de la guerre qui eut lien entre la
France et l'Espagne pour la succession du Montserrat et de Mantoue, guerre qui
rapporta à Victor-Amédée le Montferrat et la ville d'Albe. Le duc de Savoie était
mort en 1637, laissant un fils en bas-âge, Charles-Emmanuel. Marie-Christine
(Madame Royale) prit la régence et gouverna le duché avec autant d'habileté que
de bonheur. D'origine française, elle penchait naturellement du côté de la
France et subissait les conseils de Richelieu et de Mazarin. La famille de
Carignan contrecarrait ses projets et se jetait dans les bras de l'Espagne; de
là , une série innombrable d'intrigues et d'antagonismes, qui affaiblissaient l'autorité
de la régente; de là , une ignoble avalanche de pamphlets contre Madame Royale.
Marie-Christine résista à la rébellion du prince Thomas en même temps qu'aux manœuvres
de l'Espagne ; fidèle à l'alliance française, elle put non-seulement
conserver l'Etat dans toute son intégrité, mais y ajouter Tortone; en même
temps, elle conservait son entière indépendance même vis-à -vis de la France, et,
en remettant les rênes du gouvernement à son fils, elle avait pu lui dire : «Je
te confie l'Etat tel qu'il m'avait été transmis par ton père.» M. Bazzoni
raconte tous ces événements avec une entière franchise; son style est élevé et
d'une remarquable pureté. Il ne déguise rien au lecteur, et, quoique son livre
soit dédié au prince Humbert, l'héritier du trône d'Ilalie, il ne lui cache ni
les fautes ni les erreurs de ses ancêtres. Le prince a nettement répondu par
une lettre de remerciement Ă cette indĂ©pendance de l'Ă©crivain, qui a rĂ©ussi Ă
mettre ainsi en lumière un des points les plus importants et les plus
controversés de l'histoire savoisienne. Ceux
qui aiment les rapprochements historiques ne manqueront pas de remarquer les
démêlés qui surgirent alors (1643) entre la cour de Savoie et la cour de Rome
au sujet des immunités ecclésiastiques. La régente avait épuisé en vain tous les moyens de conciliation et
s'était décidée à un acte énergique; on menaça le Piémont d'interdit, mais elle
tint bon, et le Saint-Siège dut se résigner. Depuis cette époque, il n'a
jamais existé d'accord complet entre la cour de Rome et celle de Turin, et l'on
sait qu'aujourd'hui encore elles ne peuvent parvenir Ă s'entendre (C.
Ferrari, Bibliographie, Revue contemporaine, Volume 81, 1865 - books.google.fr). Ferrare et
l'interdit contre Parme La France, qui
soutenait par ses armes la Savoie contre l'Espagne, intervint diplomatiquement
dans une de ces guerres intestines auxquelles l'Italie n'Ă©tait que trop
habituée. Le pape Urbain VIII, poussé par l'ambition de ses deux neveux,
les cardinaux Barberini, avait confisqué au duc de Parme le duché de Castro et
de Ronciglione, sous prétexte que le duc n'avait point remboursé certaines
sommes qui lui avaient été prêtées par le Saint-Siège : ces sommes
s'élevaient à huit millions de livres. Le duc réclama auprès du souverain
pontife; le pape déclara que sa résolution était irrévocable; il lança un
décret d'excommunication contre l'héritier des Farnèse, et envoya contre lui un
corps de troupes qui s'empara de Castro. Le duc fit appel Ă ses voisins; il eut
bientôt pour alliés le grand-duc de Florence, le duc de Modène et la république
de Venise. La Ligue envahit les États pontificaux; mais il y avait alors si peu
d'esprit militaire en Italie, que la plupart des soldats du duc de Parme Ă©taient
des mercenaires allemands et que les milices pontificales Ă©taient en grande
partie composées de Français. C'était un Français de l'ordre de Malte, Achille
d'Estampes de Valençay, qui commandait l'armée du pape sous le cardinal
Antoine. La France voyait avec peine ces différends entre des États qu'elle
aurait voulu voir unis contre l'Espagne. Un des plus habiles diplomates formés
à l'école de Mazarin, de Lyonne, fut envoyé en ambassade à Rome. Il plaida
librement la cause du duc de Parme auprès du Pontife. «Que Votre Sainteté,
dit-il, n'ignore pas la loi souveraine des princes, qui les oblige d'empĂŞcher
les forts de dévorer les faibles.» Urbain VIII prêta l'oreille à ces conseils,
et chargea deux cardinaux de terminer l'affaire. Un traité fut conclu à Ferrare, par lequel le duc de Parme et ses alliés
s'engageaient à évacuer, dans un délai de soixante jours, toutes les positions
qu'ils occupaient dans les États de l'Église; le pape devait rendre au duc
Castro et Ronciglione, et lever l'interdit qu'il avait lancé contre ses États
(Traité de paix entre le pape Urbain VIII et le duc de Parme, Odoard Farnèse,
31 mars 1644). Le jour mĂŞme oĂą Urbain VIII signa la paix de Castro, il
tomba en faiblesse, et cette défaillance fut le commencement de la maladie dont
il mourut. Il supplia le ciel de le venger des princes impies qui l'avaient
contraint à faire la guerre. Il mourut le 29 juillet 1644. En se réconciliant
avec le duc de Parme, il avait renouvelé l'alliance italienne sous les auspices
de la France; mais il fut remplacé, le 16 septembre, par le cardinal Pamfili,
qui prit le nom d'Innocent X, et qui passait pour favorable au parti espagnol (A.
Filon, La France et l'Autriche au XVIIe siècle, Le magasin de librairie
littérature, histoire, philosophie, voyages, poésie, théatre, mémoires, 1859 -
books.google.fr). Pise En 1642, on pense
à la mort de Galileo Galilei à Arcetri près de Florence. Galilée naquit à Pise
le jour de la mort de Michel-Ange et mourut l'année de la naissance de Newton.
Etudiant en médecine, il se tourna bientôt vers les mathématiques, dont il
s'était pris de passion en lisant Euclide. Devenu professeur de mathématiques
en 1589 à l'Université de Pise, il démontra dans ses leçons que la pesanteur
était la même pour tous les corps et découvrit les lois du mouvement uniforme
varié. On raconte que Galilée aurait
lâché des objets de différents poids du haut de la Tour penchée de Pise afin de
réaliser des comparaisons entre les chutes. Contrairement à l'affirmation
d'Aristote, Galilée a constaté qu'une pierre deux fois plus lourde qu'une autre
ne tombe pas deux fois plus vite. L'invention du pendule lui fut encore suggérée
par l'oscillation régulière d'une lampe suspendue à une voûte de l'église de sa
ville. Le caractère expérimental de son analyse des phénomènes lui attira la
vindicte des partisans de la philosophie péripatéticienne et Galilée dût
quitter sa chaire en 1592. Le SĂ©nat de Venise lui offrit celle de Padoue en
1593, où il inventa les fameuses “lunettes de Galilée", avec lesquelles il
découvrit les montagnes et les vallées de la Lune, les quatre satellites de
Jupiter, les phases de VĂ©nus et les taches mobiles du Soleil, qui prouvent son
mouvement de rotation. Ces découvertes appuyant les thèses de Copernic, le
tribunal de l'Inquisition lui interdit en 1615 de les professer. En 1632,
Galilée publia les “Quatre dialogues sur les systèmes du monde de Ptolémée et
de Copernic”, pensant que la position de l'Eglise avait mĂ»ri. Il fut mandĂ© Ă
Rome dès 1633, où l'Inquisition le condamna à la prison à vie et lui fit
abjurer son hérésie en ces termes : « Moi,
Galilée, dans la 69e année de mon âge, ayant devant les yeux les saints
Evangiles que je touche de mes propres mains, d'un cœur et d'une foi sincère, j'abjure, je maudis et je déteste l'erreur,
l'hérésie du mouvement de la terre » (Claude
Fagnen, Alain Kœnigsberg, Quarante siècles de cartographie, 1991 -
www.google.fr/books/edition, Paul
G. Hewitt, Physique conceptuelle, 2020 - www.google.fr/books/edition). "terre" prend ainsi un
sens astronomique et l'"interdit" porte sur les thèses
héliocentriques du savant italien. Il y eut cependant un interdit jeté sur la cité de Pise,
ainsi que sur Florence, en 1511, par le pape, lors de la réunion d'un concile
dans cette ville à l'instigation de Louis XII pour déposer Jules II. En mai,
l'Angleterre, l'Aragon, la Hongrie, le Danemark, l'Ecosse, la Norvège, les
Etats Allemands sont ralliés au concile du Latran V organisé en riposte par le
pape. Les échecs répétés de Louis XII, les condamnations des actes du concile
de Pise, et l'interdit lancé sur toute la France et particulièrement sur la
ville de Lyon où les derniers transfuges ont trouvé asile, amènent la clôture
du concile de Pise-Milan en 1512 (fr.wikipedia.org -
Concile de Pise (1511)). Mais il ne semble pas que Ferrare ou le Piémont aient
subi une telle mesure à cette époque. Autre interdit sur Pise, en 1267, par le pape Urbain IV (Élisabeth
Crouzet-Pavan, Enfers et paradis, L'Italie de Dante et Giotto, 2014 -
www.google.fr/books/edition). "erain public" Comparés aux 15
millions moyens de l'époque d'Henri IV, les budgets des dernières années du
gouvernement de Richelieu font apparaître une multiplication par 6 !
Sur ce total, les dépenses de guerre ont vraisemblablement représenté plus de
60 millions pendant chacune des cinq premières années de la lutte contre les
Habsbourg, entre 1635 et 1639. La capacité du royaume à supporter sans
s'effondrer cette charge Ă©norme provoque l'admiration du cardinal, surtout
quand il constate que cette dépense «a été soutenue sans prendre les gages des
officiers, sans toucher au revenu des particuliers et mĂŞme sans demander aucune
aliénation du fonds du clergé». Il y a bien de quoi s'émerveiller, en effet, si
l'on songe que, pendant ce temps, la production agricole a plutôt régressé du
fait des calamités naturelles et des ravages de la guerre, tout comme la
production manufacturière et l'activité commerciale. Si la monarchie française
a réussi à financer l'effort de guerre, ce n'est pas à la croissance de la
masse imposable qu'elle le doit, mais Ă un fantastique accroissement de la
pression fiscale et au recours systématique à l'emprunt. Une partie des dépenses comptabilisées au titre de l'extraordinaire se
ramène, grâce à l'emprunt, à un jeu d'écritures qui aboutit à gonfler le
chiffre des dépenses par rapport à leur niveau réel, mais charge le Trésor du
poids d'intérêts de plus en plus lourds pour les années à venir (Michel
Carmona, La France de Richelieu, 2014 - www.google.fr/books/edition). Dès 1624,
Richelieu décide de doter le royaume de France d'une véritable marine militaire
d'État et crée les trois premières escadres françaises basées à Brouage, Brest
et au Havre. En 1637, la flotte compte une quarantaine de vaisseaux. Dans
les années 1640, Mazarin est contraint de réduire le budget de la marine :
pour la monarchie française, l'engagement maritime reste secondaire, la
priorité budgétaire allant aux opérations militaires terrestres (Isabelle
Bernier, Histoire : la naissance de la marine royale en France, 2019 -
www.futura-sciences.com). Acrostiche : UC LP LP:
libripens; UC: usucapio (Robert
Ainsworth, Thomas Morell, Thesaurus Linguæ Latinæ Compendiarius : Or A
Compendious Dictionary Of The Latin Tongue, Tome 2, 1808 -
www.google.fr/books/edition). Selon le juriste Gaius (120 - vers 180), la Mancipatio
est effectuée en présence de pas moins de cinq témoins, qui doivent être des
citoyens romains et de l'âge de la puberté, et également en présence d'une autre personne de la même condition, qui tient une
balance et un lingot d'airain et par conséquent s'appelle Libripens. Il
faut en outre préciser que le porteur de balance avait une utilité avant l'apparition
de la monnaie Ă Rome, ensuite, son rĂ´le est devenu purement protocolaire
(Insitutes I, 119). Cette courte formalité est une vente simulée,
préliminaire à l'acte de vente proprement dit. Ce mode de transfert s'applique
aussi bien aux esclaves, qu'au cheptel ou aux terres. La présence des deux
parties est obligatoire. L'acquisition du bien ne se fait pas lors de la
mancipatio, mais ensuite, lors d'un acte séparé. L'acte de vendre, de la part
de celui qui transfère la propriété d'un bien, s'appelle mancipio dare, tandis
que l'acte d'acheter pour celui qui acquiert la propriété, est appelé mancipio
accipere (fr.wikipedia.org -
Mancipatio). On remédia à la pénurie d'héritiers, signalée notamment
par G. 3,18 Ă 24, en exploitant dans le cadre des successions les modes civils
de transfert de la propriété des choses individualisées que sont la mancipatio,
l'in jure cessio et l'usucapio. La
mancipatio est employée pour pallier l'étroitesse du testament comitial, l'in
jure cessio celle de la succession ab intestat et l'usucapio est utilisée
lorsque les deux autres sont inefficaces (Joseph
Dénoyez, Le défendeur à pétition d'hérédité privée en droit romain, 1953 -
www.google.fr/books/edition). Entouré par quelques-uns de ses proches, Richelieu rend
l'âme, le 4 décembre 1642, pendant que l'évêque de Chartres, Lescot, récite la
prière des agonisants. De santé fragile, le cardinal n'a résisté qu'une poignée
de jours aux assauts de la maladie qui lui causait de violentes douleurs au
côté droit et lui faisait cracher abondamment le sang. Le testament est ouvert
dès le lendemain. A Narbonne, quelques mois auparavant, le 23 mai exactement,
le cardinal a mis de l'ordre dans ses affaires temporelles et dicté ses
dernières volontĂ©s. Les longues annĂ©es passĂ©es au pouvoir ont permis Ă
Richelieu de bâtir une belle fortune (estimée à une vingtaine de millions de
livres) et de faire sortir sa famille de l'ombre, la propulsant au premier rang
de l'aristocratie. A sa mort, le cardinal-duc "dote" donc ses neveux
et nièces, de duchĂ©s, pairies, bĂ©nĂ©fices, rentes et autres baronnies. Mais Ă
tout seigneur, tout honneur! Le testament de Richelieu confirme d'abord le legs
fait à Louis XIII et au Trésor Royal. Sans doute est-ce un juste retour des
bontés dont le monarque l'a comblé. La couronne est, en effet, le principal
bénéficiaire du testament. Richelieu lègue au roi son Palais Cardinal (qui
deviendra dès lors Palais Royal), sa chapelle d'or, un diamant de grande valeur
(le fameux "Richelieu") et une somme d'un million et demi de livres.
Louis XIII n'a pas attendu la mort de son ministre pour prendre possession du
Palais Cardinal. C'est chose faite dès octobre. Le roi ordonne même de gratter
l'inscription pour transformer le "cardinal" en "royal",
choquant les proches de Richelieu qui le feront revenir sur ce geste (Le testament de
Richelieu - chrisagde.free.fr). Outre ce testament, il y le testament politique de
Richelieu paru en 1688, dont l'authenticité a été récusée par Voltaire, mais
qui semble bien de sa main et de celles de ses collaborateurs (Jean
Stengers, Cardinal de Richelieu : Testament Politique. Édition critique publiée
avec une introduction et des notes par André (L.). Préface de Noël (L.). In:
Revue belge de philologie et d'histoire, tome 26, fasc. 3, 1948 - www.persee.fr). Si, dans le quatrain, il s'agit de la mort d'un
"monarque", celles de Richelieu et de la reine-mère Marie de Médicis
feraient partie de l'"hécatombe" du quatrain suivant II, 16. En droit romain, les modes spéciaux organisés pour le
transfert de la propriété donnaient par eux-mêmes une certaine publicité aux
aliénations. La «mancipatio» avait des témoins ; l'«in jure cessio» se
faisait devant le magistrat ; le mode non solennel, la tradition, avait
elle-même une certaine notoriété par le déplacement de possession qu'elle
impliquait. Mais en France, le système des traditions civiles ou feintes, au
moyen des constituts et des précaires, avait amené une clandestinité absolue.
De lĂ naissaient de grands dangers. Celui qui achetait un immeuble n'Ă©tait
jamais sûr d'en devenir propriétaire ; il avait toujours à craindre
l'existence d'une vente antérieure, inconnue de lui, puisqu'elle avait pu
s'exécuter sans tradition réelle et qui lui serait néanmoins opposable. Pour la
même raison, celui qui, sans acheter l'immeuble, voulait acquérir sur lui un
droit réel quelconque, servitude, hypothèque, etc., n'était jamais sûr de traiter
avec le vrai propriétaire : le débiteur qui offrait cette garantie à son
créancier pouvait avoir déjà vendu son bien en secret. Certaines coutumes du Nord, surtout dans le ressort du Parlement
de Flandres, avaient organisé un système de publicité au moyen de registres.
Cette formalité n'était qu'une transformation de l'ancienne solennité féodale
de vest et devest ; usitée d'abord pour assurer au seigneur le paiement de
ses profits lors de l'investiture d'un nouveau vassal, elle se réduisit à une simple
écriture sur les registres du greffier et fut conservée comme une garantie
utile pour les tiers , qui trouvaient en elle un moyen
sûr de se renseigner sur le nom du véritable propriétaire. On appelait ces pays
«pays de nantissement» (Coutumes d'Amiens, de Reims, de Laon, de Châlons, de
Ribemont, de Chauny, de PĂ©ronne, de Saint-Quentin, de Senlis, de Ponthieu,
d'Artois, de Vermandois, de Hainaut, de Liège, de Bruges). La Bretagne possédait depuis un temps immémorial un système particulier appelé l'appropriance par bannies, qui semble provenir de quelques textes romains interprétés et étendus par la jurisprudence. Au moyen d'une publicité très simple (trois bannies ou annonces publiques faites le dimanche, à 8 ou 15 jours d'intervalle), l'acquéreur se procurait une situation inébranlable : tous les tiers ayant des droits sur l'immeuble se trouvaient forclos faute de les avoir fait valoir dans le délai des bannies. Primitivement, il ne restait d'autre trace de l'appropriement qu'un certificat de bannies. Mais au mois d'août 1626, un édit donné à Nantes par Louis XIII établit des greffes spéciaux pour l'insinuation des contrats qui y étaient copiés sur des registres publics. Près de deux siècles avant la Révolution, la Bretagne obtint donc un mode de publicité semblable à notre transcription moderne ; mais le fait est peu connu parce que l'édit de 1626 n'a été publié que dans des recueils rarement utilisés ou spéciaux à la Bretagne (Marcel Planiol, Georges Ripert, Traité élémentaire de droit civil: Principes généraux. Les personnes. La famille. Les incapables. Lés biens, 1920 - www.google.fr/books/edition). En Bretagne, l'appropriement est un moyen accordé, par la
loi coutumière de la province, à tout acquéreur d'un bien réel, héritage, terre
et autre chose quelconque réputée immeuble (et non hypothèques et immeubles
fictifs, tels que les contrats de constitution), de s'en assurer la propriété
incommutable et la jouissance paisible par lui ou ses fermiers et ses
ayant-cause, pour purger les hypothèques et exclure les retraits, tant féodaux
que lignagers. L'appropriement se fait suivant les formalités, prescrites par
le titre XV de la coutume de Bretagne, aux art. 299 et
suivants, et conformément à la jurisprudence attestée par des règlements et
actes de notoriété, donnés en explication ou interprétation de la coutume,
ainsi qu'il est enseigné par les commentateurs de cette même coutume. On trouve
dans la coutume de Bretagne cinq moyens d'acquérir et de prescrire le tout et
la propriété d'un héritage, de même que la servitude du droit réel
prescriptible. Le premier est l'appropriement par bannis, dont il est parlé en
l'art. 269, qu'on appelle quelquefois appropriement Ă©dictal, Ă cause qu'il se
fait conformément à l'édit des insinuations du mois d'août 1626. Les second et
troisième appropriements se font par 10 ou 15 ans de possession paisible,
conformément aux articles 27 I et 272. La quatrième sorte d'appropriement est
lorsque les héritages ont été possédés par l'acquéreur, sans trouble, pendant 30
ans, en vertu de contrats, suivant les art. 275, 2S6,
297 et 327 de la coutume. La cinquième et dernière prescription se tire de
l'art. 282, suivant lequel tout ce qui est sujet Ă prescription, se prescrit
par 40 ans de possession paisible, sans titre, comme vrai propriétaire et non
comme usufruitier. Cette prescription a lieu non seulement contre les particuliers,
mais encore contre les ecclésiastiques et les communautés, tant séculières que
régulières. (Voyez d'Argentré dans ses Commentaires sur la coutume de
Bretagne.) (Charles
Dugast-Matifeux, Nantes ancien et le pays nantais, comprenant la chronologie
des seigneurs, gouverneurs, évêques et abbés, le pouillé diocésain et la
topographie historique de la ville et du pays, 1879 - books.google.fr, Michel
Sauvageau, Coustume de Bretagne, 1710 - www.google.fr/books/edition). A l’automne 1642, lorsque Poussin peignit cet Et in Arcadia Ego pour Henri Avice, un ingénieur du roi, le roi était avec l’armée en campagne en Languedoc, pour protéger de l’Espagne la frontière sud de la France. Il a été démontré que le lieu de la tombe de cet Et in Arcadia Ego est identifiable – un tertre entouré d’un ravin où coule de manière intermittente une rivière, qui rejoint le proche Réalzes (Salses). Le site devait être d’une importance stratégique pour la campagne du roi, car il était situé à une courte distance de la frontière que se disputaient la France et l’Espagne. Nous savons que Louis XIV appréciait tout particulièrement cette toile, qui datait d’une période associée non seulement à une bataille historique, mais aussi à son imminente ascension au trône : au printemps 1642, Louis XIII était mortellement malade, et la succession du Dauphin était en vue. A cette époque, un discours très élaboré de la loi de succession au trône s’était développé, qui intégrait diverses métaphores traditionnelles. En 1563, Michel de L’Hôpital avait décrit la première étape de la succession comme l’instant où le successeur reprenait la charge en «saisissant » la couronne et le royaume conformément à la loi de la «saisine ». Cette première étape procédait de certains proverbes depuis longtemps appréciés, tels que «le royaume n’est jamais vacant», qui exprimait l’immortalité de la fonction royale, et «le mort saisit le vif». Selon moi, le berger le plus âgé qui s’incline sur un genou, et dont le visage dans l’ombre regarde la tombe, représente le roi agonisant ; le berger le plus jeune qui s’oppose à lui, dont le visage est illuminé, et qui pose le pied sur une pierre symbolise le dauphin sur le point de monter sur le trône, puisque la royauté n’est jamais vacante en France. La femme qui porte les couleurs de France et pose sa main sur l’épaule de celui-ci, comme pour prendre possession de lui, évoque simultanément plusieurs images : certaines illustrations de la Mort touchant l’épaule de sa prochaine victime, d’anciennes sculptures romaines représentant Omphale gardant sa main sur l’épaule d’Hercule pour le déclarer son époux, et la métaphore juridique de France «saisissant» son nouvel époux au moment de la mort du monarque actuel. [...] J’ai fait l’hypothèse selon laquelle Poussin a assimilé la personnification féminine de la mort avec Junon et Omphale, dont la main sur l’épaule d’Hercule convoque la loi romaine de la possession (mancipatio) (Judith Bernstock, Poussin et Diane. In: Albineana, Cahiers d'Aubigné, 14, 2002. Le mythe de Diane en France au XVIe siècle - www.persee.fr). |