Les Puritains

Les Puritains

 

II, 8

 

1636-1637

 

Temples sacrés prime façon Romaine

Rejeteront les goffes fondements,

Prenant leurs loys premieres & humaines,

Chassant, non tout, des saints les cultements.

 

Nostradamus esquisse ici le programme d'une contre-réforme selon lequel l'Eglise reviendrait aux pratiques originelles et restreindrait le culte des saints (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus(édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - www.google.fr/books/edition).

 

Contre-réforme ou réforme tout court en fait.

 

1637

 

Le commencement du dix-septième siècle avait Ă©tĂ© une Ă©poque de progrès pour les royautĂ©s absolues. En France, nous avons vu quel immense chemin le pouvoir royal avait fait sous Henri IV et surtout sous Richelieu ; en Allemagne, la maison d'Autriche avait Ă©tĂ© sur le point d'arriver au but vainement cherchĂ© par Charles-Quint, une monarchie hĂ©rĂ©ditaire; en Angleterre, la prĂ©rogative royale, si largement exercĂ©e par les Tudors, avait Ă©tĂ© exploitĂ©e imprudemment par les Stuarts, dans un sens tout despotique et mĂŞme catholique; en Espagne, rien n'avait Ă©branlĂ©, sous les faibles successeurs de Philippe II, le grand Ă©difice Ă©levĂ© par ce gĂ©nie de l'absolutisme. L'Ă©poque du traitĂ© de Westphalie signale un moment de revers pour les royautĂ©s absolues ; les peuples font partout acte d'existence; l'Ă©toile est alors terrible contre les rois. Dans la monarchie espagnole, trois royaumes se rĂ©voltent pour le maintien de leurs libertĂ©s et prennent des souverains nationaux ; en Allemagne, les projets de monarchie hĂ©rĂ©ditaire de la maison d'Autriche sont Ă  jamais ruinĂ©s; enfin l'Angleterre et la France vont avoir deux rĂ©volutions populaires, diffĂ©rentes, il est vrai, par l'importance et par le rĂ©sultat, mais dont l'origine est Ă©galement le rĂ©veil de l'esprit dĂ©mocratique. Charles Ier, imbu d'idĂ©es erronĂ©es sur la nature du pouvoir royal, sĂ©duit par l'exemple de Richelieu et avide d'imposer Ă  ses trois royaumes l'unitĂ© de pouvoir et de religion, avait trouvĂ© des obstacles insurmontables Ă  ses projets dans le parlement. Il cessa de le rĂ©unir, pourvut aux dĂ©penses par des taxes illĂ©gales, et voulut introduire l'Ă©piscopat et la liturgie anglicane dans l'Écosse, oĂą le calvinisme puritain Ă©tait si farouche et si ardent. Les Écossais se rĂ©voltèrent et signèrent une alliance, pour la dĂ©fense de leur foi, cĂ©lèbre sous le nom de Covenant (1637). La guerre commença : les insurgĂ©s eurent quelques succès; le roi fut obligĂ© de convoquer un parlement, qui se vengea de ses attaques contre les libertĂ©s nationales en condamnant Ă  mort Strafford, son principal ministre, en lui Ă´tant ses plus importantes prĂ©rogatives, en faisant alliance avec les Écossais (1640, nov.). Richelieu, avec une perfidie qui dĂ©shonore sa mĂ©moire, rendit Ă  Charles les embarras que celui-ci lui avait donnĂ©s en protĂ©geant les huguenots; il envoya des armes et des subsides aux insurgĂ©s d'Écosse, et rĂ©pandit beaucoup d'argent Ă  Londres pour y exciter la rĂ©bellion. Les Irlandais profitèrent de ces troubles pour se rĂ©volter; le parlement accusa le roi de complicitĂ© avec ces papistes et lui de la conduite de la guerre contre eux. Charles s'enfuit Ă  Nottingham (1642, 24 aoĂ»t) et appela ses fidèles Ă  la dĂ©fense de la royautĂ©; les nobles, les Ă©piscopaux, les catholiques se rangèrent autour de lui; du cĂ´tĂ© du parlement Ă©taient la bourgeoisie, les presbytĂ©riens, et, parmi ceux-ci, les indĂ©pendants, sorte d'anabaptistes qui voulaient l'Ă©galitĂ© absolue tant politique que religieuse, qui rejetaient les rois, les nobles, les prĂŞtres, qui prenaient pour règle unique de la foi l'inspiration individuelle; qui, enfin, avaient pour chef un ambitieux plein de gĂ©nie, d'astuce et de cruautĂ©, Olivier Cromwell, membre du parlement (ThĂ©ophile LavallĂ©e, Histoire des Français XIXe - XXe siècles, 1841 - books.google.fr).

 

Chez les catholiques, et en France, on a tendance à appeler puritains les presbytériens écossais (Gabriel Du Pac de Bellegarde, Jean Hautefage, Œuvres de messire Antoine Arnauld, Tome 14, 1778 - www.google.fr/books/edition, Pierre-Simon Blanc, Cours d'histoire ecclésiastique à l'usage des séminaires, Tome 3, 1890 - www.google.fr/books/edition, Voltaire, Essais sur les moeurs, CLXXIX, Oeuvres complètes de Voltaire, 1846 - www.google.fr/books/edition).

 

Migration puritaine

 

Jacques Ier bannit de Londres les catholiques å la suite de la Conspiration des poudres (1605), dont on les accusait d'être les auteurs, et qui avait eu pour objet de faire sauter le Parlement, leur interdisant les professions libérales, exigeant d'eux le serment d'allégeance, poursuivant en même temps de ses rigueurs les non-conformistes, c'est-à-dire ceux qui n'interprétaient pas comme lui la foi protestante, et obligeant les puritains anglais à s'expatrier. [...]

 

Sous Charles Ier, depuis la mort de Buckingham, lord Strafford (dĂ©signĂ© jusqu'en 1640 sous le nom de lord Wentworth), nommĂ© gouverneur d'Irlande, et l'archevĂŞque de Canterbury, Laud, devenu commissaire de la trĂ©sorerie, Ă©taient les principaux conseillers du roi ; le premier, «dĂ©daignant les droits du peuple, mais s'occupant du bien-ĂŞtre public»; le second, «aimant l'ordre, mais fanatique et violent». Les persĂ©cutions contre les puritains et autres sectes dissidentes redoublèrent, et leur Ă©migration devint telle que le roi dut dĂ©fendre Ă  ses sujets de sortir du royaume (1637). Les impĂ´ts furent perçus sans avoir Ă©tĂ© votĂ©s. Hampden, gentilhomme du comtĂ© de Buckingham, qui devait jouer bientĂ´t un rĂ´le dans le Parlement, s'honora en aimant mieux subir la prison que de payer une taxe illĂ©gale (Émile Levasseur, PrĂ©cis d'histoire, 1878 - books.google.fr).

 

"Goffes" : grossiers ou l’épuration

 

Richard Simon dans une lettre s'adresse " "Vous autres Puritains" :

 

Vous vous mettez peu en peine de tout ce qui regarde l'office Ecclesiastique. Cependant permettez moy de vous dire que vos gens ont si fort rafiné pour épurer la Religion Chrétienne, qu'ils en ont fait un squelette (Francois Xavier de Feller, Dictionnaire historique ou histoire abregee des hommes qui se sont fait un nom par le genie, Tome 8 : S - Z, 1797 - www.google.fr/books/edition).

 

Richard Simon, né le 13 mai 1638 à Dieppe (France) où il est mort le 11 avril 1712, est un prêtre oratorien français et exégète biblique. Il est considéré comme le véritable initiateur de la critique biblique en langue française (fr.wikipedia.org - Richard Simon).

 

Acrostiche : TRPC

 

TRPC : très révérend père en Christ, titulature d'abbé (fr.wikipedia.org - Abbé).

 

Charles Hersent entré à l'Oratoire en 1615, en sortit pour un différend sur un bénéfice (un prieuré). Richard Simon suppose qu'il y retourna se titrant "très révérend père" et qu'il en fut exclut une nouvelle fois par le P. de Condren en 1634, pour ses invectives contre les moines. Il meurt en 1662. Il était réputé l'un des meilleurs orateurs de son temps.

 

Dans un opuscule Optatus Gallus, il prétendit que l'Eglise de France était en passe de faire schisme d'avec Rome. A l'époque, le bruit courait que Richelieu voulait créer en France un patriarcat. Hersent avançait que tout se préparait pour que l'Eglise de France ressemblât à l'Eglise d'Angleterre (Biographie universelle ancienne et moderne, Tomes 19-20, 1880 - www.google.fr/books/edition, Nouvelle biographie universelle depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Tomes 23-24, 1858 - www.google.fr/books/edition).

 

Le titre de "reverend" est fort usité dans les Eglises anglo-saxonnes.

 

Les dignitaires de l'Eglise anglicane (Ă©vĂŞque : "très rĂ©vĂ©rend père en Dieu") refusent aux ministres des cultes dissidents le titre de «rĂ©vĂ©rend» (MĂ©moires de la derniĂ©re rĂ©volution d'Angleterre, 1702 - www.google.fr/books/edition).

 

What is there, or ought there to be, in the Christian ministry to provide a field for ambition, its favors, lures, and rewards? There may have been since the first Puritan age something more of decent regards for consistency and propriety in the conditions for advancement in the Church of England in the places for clerical ambition, and in the prises of titles and honors. But no improvement in methods would have reconciled the Puritan to a system which under a reformation should have preserved even a semblance of the old Papal hierarchy, which tasked the powers of language to express the gradation of dignities in priestly offices. "His Holiness," "His Grace," "His Eminence," "Very Reverend," "Most Reverend," "Right Reverend," and the other variations for expressing successive superlatives of honor and dignity were as chaff to the Puritan, to whom the noblest of titles was that of "Minister of God's Word." Nor should we forget that as the direct result of this voluntary rejection by the Puritans of all  these sacerdotal and hierarchical pretensions, laymen for the first time reclaimed their full equality in all the rights, functions, and methods of institution and discipline connected with religion (George Ellis, The Puritan Age and Rule in the Colony of the Massachusetts Bay, 1629-1685, 2010 - books.google.fr).

nostradamus-centuries@laposte.net