Mécanique

Mécanique

 

II, 33

 

1655-1656

 

Par le torrent qui descent de Verone

Par lors qu'au Po guindera son entrée,

Un grand naufraige, & non moins en Garonne

Quant ceux de Gennes marcheront leur contrée.

 

PĂ´ et Adige

 

Véronne est arrosée par un fleuve, l'Adige, qui se jette dans l'Adriatique au nord de l'embouchure du Pô (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr).

 

L'Adige (Fiume Adige) est le plus long fleuve d'Italie après le Pô. Il prend sa source dans le nord du pays, à partir de deux lacs situés juste au-dessous du col de Resia. Il coule ensuite rapidement dans le val Venosta, puis vers le sud-est, après Merano. Ayant reçu les eaux de l'Isarco à Bolzano, l'Adige s'oriente vers le sud et son cours moyen traverse la région du Trentin-Haut-Adige dans le val Lagarina. Il entre dans la plaine du Pô à proximité de Vérone, tourne vers le sud-est et, après plusieurs longs méandres, se jette dans l'Adriatique juste au sud de Chioggia et au nord du delta du Pô, au terme d'un trajet de 410 kilomètres. Il draine un bassin de 12 200 kilomètres carrés (www.universalis.fr).

 

La guerre de Chioggia entre la République de Venise et la République de Gênes dura de 1378 à 1381. Elle s'inscrit dans le long conflit opposant les deux cités-États depuis qu'elles commencèrent leur concurrence commerciale au XIe siècle.

 

En mai 1379, la flotte vénitienne est vaincue devant Pola, dans la mer Adriatique, et Gênes s'empare de Chioggia et des forteresses vénitiennes commandant ses communications vers la Lombardie. La guerre qui oppose Venise et Gênes pour le maintien de leurs places commerciales byzantines connaît alors un nouvel épisode.

 

Dans un premier temps, Vettor Pisani se laisse surprendre à Pola par le Génois Luciano Doria qui a une flotte bien supérieure à la sienne. Il perd quatorze de ses vingt galères. Si Venise possède bien une autre flotte, elle se trouve alors dans la mer Méditerranée alors que les Génois sont dans la mer Adriatique. Au mois d'août, les Génois s'emparent de Chioggia, aidés par des troupes padouanes et hongroises. Successivement, les cités de Umago, Grado, Caorle sont incendiées. Malamocco, Loreo, Poveglia, San Erasmo sont occupées. Venise se trouvait assiégée, attendant le retour de la flotte de Carlo Zeno.

 

La ville est assiĂ©gĂ©e mais ses assiĂ©geants ne peuvent la prendre ; les mois passent. La nuit du 22 dĂ©cembre, l'amiral Pisani fait lever l'ancre Ă  sa nouvelle flotte, forte de 35 galères et d'un nombre considĂ©rable de petites embarcations. Il parvint Ă  surprendre la flotte ennemie dans le port de Chioggia et des centaines de barques chargĂ©es de pierres sont coulĂ©es Ă  la sortie du port. Ă€ terre, les VĂ©nitiens bloquent Ă©galement toute issue. D'assiĂ©geants les GĂ©nois deviennent assiĂ©gĂ©s. Huit jours plus tard, Carlo Zeno arrive avec ses quinze galères, puis quelques autres, finalement ce sont cinquante grands navires de combat que Venise peut aligner. Le blocus dura plusieurs mois. GĂŞnes envoya vainement vingt galères qui n'osèrent attaquer. Ils capitulèrent le 22 juin 1380. Le 24 juin le doge Contarini entre triomphalement Ă  Chioggia. La guerre devait encore durer une annĂ©e durant laquelle Pisani mourut de malaria et le duc d'Autriche, renversant son alliance, se lia Ă  Venise en Ă©change de la cession de TrĂ©vise ; elle devait cesser par la paix de Turin en 1381. GĂŞnes ne put que poursuivre une lutte de commerce, finalement sans grande importance. Par la paix de Turin du 8 avril 1381, Famagouste restait aux GĂ©nois mais prescrivait la dĂ©population et le dĂ©mantèlement de TĂ©nĂ©dos, remise au duc de Savoie. Le commerce en Dalmatie Ă©tait dĂ©sormais soumis aux règles vĂ©nitiennes. Par ailleurs, Venise se voyait remise en possession de tous ses privilèges Ă  Constantinople et se faisait mĂŞme reconnaĂ®tre le droit de commercer librement en mer Noire (fr.wikipedia.org - Guerre de Chioggia).

 

Les Génois en Aquitaine au XIVe siècle et pendant la guerre de Cent ans

 

Des mercenaires étrangers sont au service du roi de France pendant la Guerre de Cent Ans. Ce n'est pas une donnée nouvelle. Saint Louis a engagé des Génois comme l'amiral Jacopo da Levanto ou Giovannino, fils d'Oberto da Levanto. (Claudine Billot, Les mercenaires étrangers pendant la Guerre de Cent Ans comme migrants, 1987 - www.persee.fr).

 

Après 1347, la participation génoise à la guerre de Cent ans diminue. Elle se maintient au cours des décennies suivantes. Baldo Doria, peut-être un fils d'Ayton, combat en 1348 en Saintonge, en Poitou et en Bretagne. Il existe des lettres de légitimation en faveur d'un Jeannet Doria, qualifié d'enfant, fils naturel de Baldo Doria, chevalier, amiral de Bretagne, et d'une femme mariée de Châteaugontier, nommée Jeanne Moreau (24 mars 1352). Baldo Doria est toujours attesté dans les années 1360 comme «amiral de Bretagne». En 1371 et en 1374, il est maître des arbalétriers de Languedoc. Un Antoine Doria recrute par ailleurs en 1370 à Gênes et en Savoie des arbalétriers pour le compte du duc d'Anjou et un Louis Doria commande une compagnie de cent arbalétriers pour le duc entre 1374 et 1377. Quant à Rainier II Grimaldi, fils de Carlo, il est attesté comme entrepreneur de guerre au service de Jean le Bon puis de Charles V. Il semble ainsi avoir causé de sérieux dommages aux Anglais à la tête d'une petite flotte qui avait quitté Harfleur au début mai 1372. Fait prisonnier en 1375 sans doute par le convoi maritime accompagnant le duc de Lancastre en route pour les négociations de Bruges, on le retrouve ensuite comme capitaine général de la flotte de Louis d'Anjou en Provence. Il meurt en 1407. Les noms de bien d'autres Grimaldi apparaissent par ailleurs entre 1370 et 1400 comme capitaines d'arbalétriers , par exemple un Côme Grimaldi nommé garde de la grosse tour de Honfleur en 1378. Un Spinola est également mentionné ainsi que d'autres Génois plus obscurs tel ce Guillaume Fortuna, connétable des arbalétriers génois stationnés au Crotoy de 1380 à 1387 (Jean-Marie Moeglin, Dictionnaire de la guerre de Cent Ans, 2023 - books.google.fr).

 

Philippe le Bel rĂ©alise l'hostilitĂ© foncière de l'Anglais. Sous la direction du GĂ©nois Marchese, il fait entreprendre Ă  Rouen, en 1294, la construction d'un arsenal. Ce sera le fameux Clos des GalĂ©es, le premier arsenal d'Europe sous Charles V. Le roi commande des galères Ă  GĂŞnes. [...] Philippe le Bel songe Ă  faire appel Ă  l'ancien ennemi de son père : Lauria «l'Exterminateur». Sur refus de celui-ci, il s'adresse au GĂ©nois Zaccaria, ex-mĂ©gaduc, vainqueur des Pisans. Il divise ses forces navales en deux groupes, l'un basĂ© sur la Gironde, oĂą une armĂ©e anglaise dĂ©barquĂ©e s'est fait battre en 1296, l'autre sur Rouen. Ces deux escadres interceptent convois des Anglais. Zaccaria fait sur leurs cĂ´tes deux expĂ©ditions (Henri Joubert, La Marine française, 1946 - books.google.fr).

 

Pendant la guerre de Cent ans, les Français, avec le renfort de mercenaires gĂ©nois, ont le rapport de force maritime pour eux. Ainsi, la flotte française pille rĂ©gulièrement les ports anglais. Mais Ă  la Bataille de L'Écluse (24 juin 1340) : les Anglais dĂ©truisent la flotte franco-gĂ©noise et prennent la maĂ®trise des mers (fr.wikipedia.org - Guerre de Cent Ans).

 

Nicolas Ususmaris, génois, avait été nommé, par le roi Edouard III d'Angleterre, connétable du château de Bordeaux, le 16 déc. 1334, vice-amiral d'Aquitaine, le 16 janv. 1337, et le 27 juin suivant, avait été chargé d'aller attaquer la flotte française (Arch. hist. Gironde, XV, 1874, p. 152-155). (Gustave Dupont-Ferrier, Gallia regia: Dauphiné (suite), Tome 3, 1947 - books.google.fr).

 

Droit de naufrage en Aquitaine

 

Ce droit de bris s'exerça sur les côtes maritimes pendant toute la durée de la domination anglaise. Les seigneurs haut-justiciers prétendirent l'exercer même sur les côtes fluviales et sur celles des rivières navigables. Ils ne réussirent pas. Les rois anglais s'opposèrent vigoureusement à ces empiètements. Le 12 octobre 1357, Édouard III défendit sévèrement aux comtes, vicomtes, barons, et aux autres nobles de Guienne, de prendre aucun objet naufragé, sous prétexte de droit de côte, dans les eaux de la Gironde, de la Dordogne, de la Garonne, de l'Isle et du Tarn (Rymer. 4357, fo 280) ( - books.google.fr).

(Théophile Malvezin, Histoire du commerce de Bordeaux depuis les origines jusqu'à nos jours, Tomes 1 à 2, 1892 - books.google.fr).

 

"Garonne" (pour la rime ?) : Garnae

 

Si nous passons Ă  l'examen du texte de Pline, nous y retrouvons une liste de noms de lieux, qui se dĂ©roule du sud vers le nord, comprenant, immĂ©diatement après Sipontum, Uria, amnis Cerbalus, Dauniorum finis, portus Aggasus, promontorium montis Garganis (...) portus Garnae, lacus Pantanus, flumen portuosum Fertor. Dans ce passage aussi, les contradictions et les problèmes ne font pas dĂ©faut. Il est difficile d'admettre que le torrent Cervaro (l'amnis Cerbalus) ait pu constituer la limite mĂ©ridionale de la Daunie ; mĂŞme Ă  l'Ă©poque romaine, cette rĂ©gion s'Ă©tendait sans doute jusqu'Ă  l'Aufidus. Il est Ă©galement difficile d'identifier certains des lieux mentionnĂ©s par l'Ă©rudit latin : Uria, mais aussi portus Aggasus. D'ailleurs, Pline rencontre ici les mĂŞmes problèmes que Strabon, comme le tĂ©moigne son hĂ©sitation sur la frontière ancienne entre l'Apulie et le Samnium, dĂ©placĂ©e dĂ©sormais Ă  son Ă©poque par la division administrative d'Auguste. Toutefois, on remarque un Ă©lĂ©ment de coĂŻncidence assez prĂ©cise avec le rĂ©cit de Strabon ; sur la cĂ´te nord du Gargano se succèdent directement le portus Garnae, dont la mention semble attester la prĂ©sence d'une anse naturelle, et le lacus Pantanus, qui pourrait bien correspondre au marais de Strabon (Maria Cecilia d’Ercole, Importuosa Italiae litora: Paysage et Ă©changes dans l'Adriatique mĂ©ridionale Ă  l'Ă©poque archaĂŻque, 2015 - books.google.fr).

 

Le site du portus Garnae doit se trouver quelque part sur la cĂ´te nord du Gargano, peut-ĂŞtre au lac de Varano (Zehnackern, Histoire naturelle de Pline, Livre III, 2004 - books.google.fr).

 

Archytas de Tarente, né vers 435 av. J.-C. à Tarente en Grande-Grèce et mort en 347 av. J.-C. au large de l'Apulie) est un philosophe pythagoricien, mathématicien, astronome, homme politique, stratège et général grec, fils de Mnésagore ou Histiée. Durant sept années consécutives, il gouverna la cité de Tarente qui connut alors une époque de prospérité, incarnant ainsi le philosophe-roi éclairé tel que l'envisageaient les philosophes.

 

Archytas s'est intéressé aux applications des sciences, intérêt dont Platon le blâmait. On attribue ainsi à Archytas l'invention d'une colombe en bois capable de voler (selon Favorinus d'Arles, cité par Aulu-Gelle). On lui attribue également l'invention de la crécelle, du hochet, et avant même Archimède, de la poulie et de la vis

 

Il mourut au cours d’un naufrage sur les cĂ´tes de l'Apulie dans l’Adriatique, mort que le poète latin Horace Ă©voque dans une ode qui indique l'emplacement de son tombeau : «Toi qui mesurais la mer et la terre et le nombre infini des grains de sable, Archytas, tout entier te couvre l'humble don d'un peu de poussière près des larges flancs du Matinus, et il ne te sert de rien d'avoir explorĂ© les demeures aĂ©riennes et parcouru la voĂ»te du ciel, d'une âme destinĂ©e Ă  la mort.» (Horace, Odes, I, 28) (fr.wikipedia.org - Archytas de Tarente).

 

Ribezzo a signalĂ© en 1931 (RIGI, XV, 157) une base mĂ©diterranĂ©enne *mata «montagne, bois, forĂŞt», avec beaucoup de dĂ©rivĂ©s dans la toponymie ancienne et moderne, entre autres le litus Matinum d'Horace (Od., I, 28, 3), ou les Matina cacumina (Epod., 16, 28), qui dĂ©signaient un promontoire d'Apulie (le mons Matinus de Lucain 9, 185), au pied du mont Garganus, et le rivage bordant ce promontoire ; Mateola (Pl., 3, 105), auj. Matera, en Lucanie, sur la pente du mont Igino, sĂ©jour de populations palĂ©olithiques et nĂ©olithiques ; Matèse, mont. et lac de l'Apennin ; Matilica, v. de l'ancienne Ombrie, auj. MatĂ©lica (Macerata, Marche) ; et, plus loin, Mathi, mont. d'Albanie, près de Durazzo (Louis-Ferdinand Flutre, Recherches sur les Ă©lĂ©ments prĂ© gaulois dans la toponymie de la Lozère, Annales: Lettres. Troisième sĂ©rie, Volume 30, UniversitĂ© de Lyon, 1957 - books.google.fr).

 

Horace a dĂ» faire aussi cette ascension, en touriste ou en pèlerin, car il y avait dĂ©jĂ  de son temps un pèlerinage, non point Ă  Saint-Michel, mais Ă  un oracle fameux qui formulait ses prĂ©sages dans la mĂŞme grotte. Plusieurs fois Horace parle de ce mont Matinus. Il en avait remarquĂ© les abeilles butinant sur le thym fleuri, et il se comparaĂ®t Ă  elles. Comme elles, il butinait et travaillait, mais devant un autre horizon près des bois et des eaux de Tibur :

 

Ego apis Matinae

More modoque Grata carpentis thyma per laborem

Plurimum, circa nemus uvidique

Tiburis ripas, operosa parvus

Carmina fingo. (Odes, IV. 2.)

 

Horace aussi aimait à faire revivre le passé. Il évoquait le souvenir d’un sage de l’Antiquité, le savant Archytas, émule et ami de Platon et de Pythagore, qui vint mourir dans un naufrage sur ce rivage de la Pouille [Puglia]. Cet homme prodigieux qui fut la gloire de Tarente, avait inventé l’aviation et deviné la sphéricité de la terre, et Horace s’étonnait qu’il n’eût pas un monument sur ce rivage et que ses restes n’eussent pas d’autre abri que le sable poussé par la mer.

 

Te maris et terrae numeroque carentis arenae

Mensorem cohibent, Archyta,

Pulveris exigui prope litus parva Matinum

Munera: nec quidquam tibi prodest

Aerias tentasse domos, animoque rotundum

Percurrisse polum, morituro. (Odes I, 28) (Chanoine Déhon, La Sicile, L’Afrique du Nord et les Calabres autrefois et aujourd'hui, 1897 - dehondocsoriginals.org).

 

"torrent"

 

La ville de Vérone est située sur l'Adige; quoique déjà fort loin de sa source, dans les montagnes du Tyrol, l'Adige est encore à Vérone un torrent souvent furieux (Le Foyer des familles. Magasin catholique illustré, 1851 - books.google.fr).

 

L'Horace de Laevinus Torrentius ou Liévin Vanderbeke (1525-1595), le savant prélat belge, parut en 1602 (Anvers). Il fut évêque d'Anvers en 1576, archevêque de Malines en 1594 et mourut à Bruxelles. Le commentaire de Torrentius est très estimé (Jean Chapelain, Lettres de Jean Chapelain, de l'Académie française, Tome 2, 1883 - books.google.fr, François Xavier de Feller, Biographie universelle, Tome VIII, 1850 - books.google.fr).

 

Dans les éditions anciennes d'Horace Torrentius est abrégé en "Torrent" (Johannis Bond, Q. Horativs Flaccus, Leyde, 1663 - books.google.fr).

 

De ces interprètes trop jaloux de la gloire d'Horace, les uns ont cru, avec Torrentius, que son but caché dans cette Ode étoit de tourner en ridicule la doctrine des Pythagoriciens (Vanderbourg, Les odes d'Horace, 1812 - books.google.fr).

 

Il a inventé la poudre

 

Sans nous Ă©garer dans les vaines conjectures des Ă©rudits, pour savoir si Chioggia a Ă©tĂ© fondĂ©e par Claudio, compagnon d'EnĂ©e et d'Antenor, fondateur de Padoue, d'après lesquelles Chioggia, comme d'autres villes de la VĂ©nĂ©tie continentale, voudrait, elle aussi, faire remonter son origine aux Troyens, qui Ă©taient considĂ©rĂ©s, Ă  cause du culte que le moyen âge avait pour l'EnĂ©ide, comme la plus noble et la plus cĂ©lèbre des populations antiques ; si Chioggia doit son origine au tribun Publius Claudius, adversaire de CicĂ©ron et frère de la Claudia aimĂ©e par Catulle, ou Ă  l'empereur Claudius Albinus, ou Ă  Marc-Antoine Claudius, et si elle a Ă©tĂ© vraiment dĂ©signĂ©e par Pline sous le nom de Claudia Fossa, il est bien avĂ©rĂ© que Chioggia existait plusieurs siècles avant la fondation de Venise. Après avoir Ă©tĂ© une station importante par ses voies fluviales et terrestres et mansione romaine de la grande route d'eau qui d'Altino conduisait Ă  Ravenne ; après avoir servi de refuge aux Padouans, aux Monseliciens et aux Atestins, Ă©chappĂ©s aux invasions des Barbares, Chioggia fit ensuite partie de la nouvelle confĂ©dĂ©ration insulaire et devint ainsi la fille aĂ®nĂ©e de la RĂ©publique de Venise, la seconde ville de l'Etat ; et lorsqu'un doge fut placĂ© Ă  la tĂŞte du gouvernement, Chioggia, comme Murano, Torcello et d'autres lies plus importantes, ne renonça pas Ă  son autonomie. Elle eut mĂŞme le titre de citĂ©, tandis que les autres Ă®les s'appelaient communes, et fut ensuite toujours expressĂ©ment nommĂ©e dans les traitĂ©s que la SĂ©rĂ©nissime RĂ©publique concluait avec les rois et les empereurs (P. Molmenti, D. Mantovani, Chioggia, traduit par M.A.P., Bulletin, Volumes 74 Ă  76, AcadĂ©mie du Var, 1906 - books.google.fr).

 

Tous les Autheurs concluent gĂ©nĂ©ralement que le salpĂŞtre & la manière de le tirer de la terre, donc on se sert Ă  present, a Ă©tĂ© une Invention Moderne: mais que nous en soyons redevables ou au hazard, ou Ă  la sagacitĂ© de quelque grand Esprit, cela nous est aussi inconnu, que le temps auquel on l'a premièrement dĂ©couverte. Il semble qu'elle ait prĂ©cĂ©dĂ© de plusieurs annĂ©es l'invention de la poudre Ă  canon. que les Allemans attribuent Ă  Constantin Aulizter, ou Berthold Schwertz, moine de Fribourg, & apparemment il n'y avoit pas long tems, qu'elle avoit Ă©tĂ© dĂ©couuerte, lors que son Ă­nventeur (comme nous dit Polidore Virgile) enseigna l'usage des Canons aux VĂ©nitiens, Ă  la bataille de Fossa Claudia, quands ils obtindrent cette notable victoire sur les Gennois, l'an 1380. Car il est fait mention, tant du salpĂŞtre que de l'eau fort dans les livres de Geber, More Espagnol & Alchimiste : mais on ne sçait pas en quel temps il a vĂ©cu, quoy qu'il soit certain que ç'a Ă©tĂ© quelques centaines d'annĂ©es deuant Raimond Lulle : lequel environ l'an 1333 publia quelques-uns de ses livres, oĂą il traite du salpĂŞtre & de l'eau fort. Ce n'est pas une mauvaise conjecture de Maierus que le moine susdit, qui Ă©toit un expert Alchymiste, avoit le dessein d'extraire un plus haut esprit du salpĂŞtre que l'eau fort ordinaire & afin qu'il peust mieux ouvrir le corps du salpĂŞtre, il le broya auec du soulfre & du charbon, par laquelle composition il devint bientost l'Inventeur de la poudre Ă  Canon (Thomas Sprat, L'Histoire de la SociĂ©tĂ© royale de Londres establie pour l'enrichissement de la science naturelle, traduit en françois, 1669 - books.google.fr).

 

Mécanique

 

Les noms d'horlogers les plus fameux au XIVe siècle, que l'on trouve dans les histoires des horloges mĂ©caniques, ne sont pas du tout des horlogers au sens strict, mais des constructeurs savants d'instruments astronomiques qui pouvaient aussi fabriquer des horloges. Comme l'a dĂ©jĂ  remarquĂ© PĂ©trarque Ă  propos de Giovanni Dondi, c'est presque les dĂ©valoriser que de les qualifier d'horlogers. Les membres de ce groupe - au maximum deux douzaines de personnes aux XIVe et XVe siècles - avaient tous fait des Ă©tudes universitaires. Les constructeurs savants avaient le plus souvent une activitĂ© d'astronomes ou d'astrologues ; beaucoup d'entre eux Ă©taient en outre mĂ©decins Ă  la cour. [...]

 

Jacopo de Dondi (nĂ© vers 1290) avait fait ses Ă©tudes Ă  Padoue, et exerçait les fonctions de mĂ©decin de ville Ă  Chioggia, près de Venise. Il est considĂ©rĂ© comme le constructeur de l'horloge publique fabriquĂ©e en 1344 Ă  Padoue pour le prince de la ville, Umbertino Carrara, horloge qui Ă©tait peut-ĂŞtre pourvue d'indications astronomiques. Il est possible que son surnom, «dall'Orologio», qui distinguait les horlogers au XIVe siècle, soit devenu hĂ©rĂ©ditaire. L'horloge de Jacopo Dondi fut dĂ©truite en 1390 et remplacĂ©e au XVe siècle par une nouvelle, Ĺ“uvre de l'horloger Novello Dondi dall'Orologio. Son cĂ©lèbre fils Giovanni Dondi dall'Orologio (nĂ© en 1330 Ă  Chioggia et mort le 22 octobre 1388) devint vers 1350 professeur de mĂ©decine Ă  Padoue ; plus tard, il enseigna aussi la philosophie, l'astronomie et la logique. Pour son mĂ©cène Gian Galeazzo Visconti, Giovanni Dondi construisit Ă  partir de 1365 (date Ă  laquelle il acheva ses calculs) l'Astrarium, que l'on dĂ©signe aussi parfois sous le nom de PlanĂ©tarium. En 1372, Dondi alla s'Ă©tablir Ă  Pavie et y apporta sans doute avec lui l'Astrarium, qui fut dĂ©finitivement installĂ© dans la bibliothèque du duc. L'Astrarium n'Ă©tait pas une horloge, un instrument d'observation ou de mesure, mais, de manière explicite, un auxiliaire de dĂ©monstration permettant d'illustrer les Ĺ“uvres des anciens astronomes. Le Tractatus Astrarii, dont la rĂ©daction dĂ©buta vraisemblablement pendant la pĂ©riode de construction, traite de la fabrication des mouvements des planètes et des indications calendaires ; le mouvement d'horlogerie y apparaĂ®t comme une invention connue depuis longtemps. Bien que le texte comporte les instructions de maintenance et de mise en marche, le mĂ©canisme ne fonctionna pratiquement plus jamais correctement après la mort de son constructeur. Cela n'a pas amoindri la gloire de Giovanni Dondi. Au contraire : du fait mĂŞme que l'on n'ait pu trouver personne pour maintenir le mĂ©canisme en Ă©tat de marche ou pour le rĂ©parer, le crĂ©ateur de cette construction prĂ©sentĂ©e au bas Moyen Age comme une des merveilles du monde passait pour un gĂ©nie exceptionnel auquel beaucoup de contemporains rendirent hommage - entre autres, PĂ©trarque et Philippe de MĂ©zières. A la fin du XVe siècle, l'astronome de Nuremberg Johannes MĂĽller von Königsberg (Regiomontanus), qui avait vu l'Astrarium Ă  Pavie, en commença une reconstitution qu'il ne put achever de son vivant (Gerhard Dohrn-Van Rossum, L'Histoire de l'heure : L'horlogerie et l'organisation moderne du temps, traduit par Olivier Mannoni, 1997 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1655 sur la date pivot 1379 donne 1103.

 

Au printemps de l'année 1101, les Génois, unis aux Pisans et aux autres croisés, entreprirent le siége de Césarée. La ville fut prise et livrée au pillage. Le butin, selon l'usage antique des armées romaines, fut partagé par les consuls; le simple soldat reçut pour sa part 48 sols d'argent (environ 170 fr.) et deux livres de poivre. Césarée était alors l'un des entrepôts des épiceries et du commerce de l'Inde, SISMONDI, Hist. des Répub. italien., t. I, p. 348. (Wilhelm Hoffmann, Histoire du commerce, de la géographie et de la navigation, traduit par Joseph Duesberg, 1849 - books.google.fr).

 

Le récit de l'Anglo-Saxon Saewulf, parti de Monopoli le 13 juillet 1102 rapporte un incident arrivé au large de Jaffa, lorsqu'à l'équinoxe d'automne 1102 une tempête aurait provoqué le naufrage de 300 navires chargés de pèlerins, dont un bon millier mourut noyé. Le chiffre est sans doute excessif, bien qu'Albert d'Aix, l'un des principaux chroniqueurs de la Première croisade, ait à son tour évoqué l'arrivée en Palestine de 200 bateaux de pèlerins durant l'été 1102 (Michel Balard, Les Latins en Orient (XIe-XVe siècle), 2015 - books.google.fr).

 

Science pratique

 

Ce quatrain est Ă  mettre en relation avec l'interprĂ©tation du quatrain II, 31 (Iatrochimie) qui parle de la mĂ©canique cartĂ©sienne et de sa critique (naufrage ?) par l'AcadĂ©mie des Investiganti qui la considĂ©rait comme insuffisante pour rendre compte de la complexitĂ© du vivant.

 

D'une mĂŞme dĂ©couverte : l'unitĂ© de substance et de mouvement entre le ciel et la terre, pouvaient sortir des consĂ©quences fort diffĂ©rentes. Celle qui triompha momentanĂ©ment au XVIIe siècle, ce ne fut pas l'extension de la Vie Ă  l'Univers, ce fut tout le contraire: la matière unifiĂ©e se dĂ©sagrège en atomes, mus par des lois mĂ©caniques. Et pour une gĂ©nĂ©ration la nature machine, avec un acharnement Ă©trange, traque la Vie dans tous ses refuges. Par un mouvement inverse de l'intuition première qui Ă©tend aux astres la vie organique, la mĂ©canique cĂ©leste gagne notre monde, et on voit naĂ®tre ces monstres: les animaux-horloges de Descartes (H. Tuzet, Le cosmos et l'imagination) (W. H. van Vledder, Cyrano de Bergerac (1619-1655), philosophe Ă©sotĂ©rique, 1976 - books.google.fr).

 

Tristan L'Hermite cite « Architas Â» dans sa Folie du Sage, lui qui fit naufrage dans la Gironde en 1620 en portant une missive royale Ă  Blaye (Tristan L'Hermite, La folie du sage: tragicomĂ©die, 1936 - books.google.fr, NapolĂ©on Maurice Bernardin, Un prĂ©curseur de Racine, Tristan L'Hermite, sieur du Solier (1601-1655) sa famille, sa vie, ses Ĺ“uvres, 1895 - books.google.fr).

 

L'art de voler dans les airs, comme les oiseaux, a été l'objet des recherches d'une foule de savants mécaniciens depuis la plus haute antiquité. Au moment où Cyrano s'en occupait aussi à sa manière, vers 1650 et 1651, le père Lanaterzi, naturaliste et physicien d'Italie, travaillait à fabriquer des oiseaux mécaniques qui volaient comme la colombe d'Archytas et l'aigle de Régiomontanus. Il y avait alors en Pologne, comme nous l'apprend Cyrano, un ingénieur polonais qui avait construit une machine ou vaisseau aérien et qui en faisait usage (P. L. Jacob, Histoire comique des états et empires de la Lune et du Soleil par Cyrano de Bergerac, 1858 - books.google.fr).

 

Otto de Guericke (1602 1686) construisit en 1650 la première machine Ă  faire le vide, grâce Ă  laquelle il effectua en 1654 la fameuse expĂ©rience des hĂ©misphères» de Magdebourg ; il ne fallut pas moins de seize chevaux pour rĂ©ussir Ă  les sĂ©parer (Larousse du XXe siècle en six volumes, 1953 - books.google.fr).

 

Le jĂ©suite Gaspard Schott reprend en 1657 dans ses Mechanica hydraulico-pneumatica la plupart des dispositifs connus. Il est toutefois le seul qui fasse mention expresse du nom de Salomon de Caus. Il paraĂ®t aussi ĂŞtre le premier Ă  avoir suggĂ©rĂ© que la colombe d'Archytas aurait pu ĂŞtre mise en mouvement par une fusĂ©e Ă  poudre. Nous avons dit plus haut que cette hypothèse est Ă©videmment insoutenable. Un jĂ©suite tchèque, le Père Dobrzenski, a publiĂ© en 1657 un ouvrage latin intitulĂ© Nouvelle et plus aimable philosophie des fontaines, ou HĂ©ron d'Alexandrie rappelĂ© Ă  la vie. Il s'inspire de Kircher, notamment en ce qui concerne l'appareil avec production de la vapeur dans un rĂ©cipient sĂ©parĂ©. On connaĂ®t les essais du marquis de Worcester surtout par un ouvrage publiĂ© en 1663 ; la mĂŞme annĂ©e il prit un brevet qui ne nous renseigne pas plus. Worcester connaĂ®t l'aspiration mais il en dĂ©conseille l'emploi car elle n'a lieu qu'Ă  une une hauteur limitĂ©e. Il recommande au contraire la pression, grâce Ă  laquelle il Ă©tait parvenu Ă  faire Ă©clater un canon. Selon lui un dispositif Ă  pression lui avait permis d'Ă©lever Ă  40 pieds de haut 40 fois le poids de l'eau qu'il avait vaporisĂ©e. C'est lĂ  tout ce qu'on peut savoir de sĂ»r. Worcester avait installĂ© Ă  Vauxhall une machine Ă©lĂ©vatoire qui a Ă©tĂ© vue par Samuel Sorbière avant 1664, puis par le grand-duc CĂ´me III de MĂ©dicis en 1669. Il n'est nullement certain qu'il se soit agi d'une machine Ă  feu. En 1678, un touche-Ă -tout, l'abbĂ© Hautefeuille, publia quelques lignes sur la question des machines Ă  feu. Son texte est bien dĂ©cevant. L'auteur prĂ©tendait apporter une solution au problème des eaux de Versailles, et propose deux manières d'employer la poudre, qui ne sont autres que l'aspiration et le refoulement. Dans le premier cas un vaisseau de un ou deux muid assez fort pour rĂ©sister Ă  la pression de l'air devait ĂŞtre placĂ© Ă  30 pieds au-dessus de la surface. Il en sort un tuyau qui trempe dans l'eau. La combustion de la poudre aurait rarĂ©fiĂ©, dans le vaisseau, l'air qui serait sorti au moyen de soupapes. L'auteur prĂ©voit une "coulisse en manière de bassin et pour mettre la poudre Ă  canon." Pour procĂ©der par refoulement, on aurait simplement mis la poudre au bas d'un tuyau Ă  soupape trempant dans l'eau. On l'aurait fait entrer "Ă  peu près selon quelqu'une de ces manières si sĂ»res et si simples dont se sert depuis quelques annĂ©es un de nos amis pour charger par la culasse les diffĂ©rentes armes Ă  feu de son invention... La poudre ayant pris feu", enchaĂ®ne notre auteur, "il faudra, ou que l'eau sorte... dans le rĂ©servoir Ă  quelque hauteur qu'il soit Ă©levĂ©, ou que les tuyaux crèvent; ce qui ne peut arriver, puisqu'on les suppose de cuivre, de fer ou de fonte et si Ă©pais qu'il pourront rĂ©sister Ă  la force de la poudre Ă  canon." L'auteur termine en indiquant qu'il n'a fait cette expĂ©rience qu'en petit. On s'en serait doutĂ©, et d'autre part cela est fort heureux pour lui (L'Aventure scientifique et technique de la vapeur: d'HĂ©ron d'Alexandrie Ă  la centrale nuclĂ©aire, 1986 - books.google.fr).

 

Naufrage

 

On compte le naufrage en Gironde du courrier de Paris à Bordeaux, près du fort César, dans l'île de Cazeaux (16 septembre 1654) (Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde, Volume 30, 1937 - books.google.fr).

 

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