LĂ©gislation sur les duels

LĂ©gislation sur les duels

 

II, 34

 

1656

 

L'ire insensee du combat furieux,

Fera Ă  table par freres le fer luire,

Les despartir blessé, & curieux,

Le fier duelle viendra en France nuire.

 

 

1656

 

En un voyage que la Montarbault fit en Normandie, le filz de la sĹ“ur de Chandeville (Eleazar de Sarcilly), qui estoit nepveu de Malherbe, la vit chez un gentilhomme. Il en devint amoureux, et cela n'est pas estrange, car il estoit jeune, et elle avoit encore de la beautĂ©, estoit cajolleuse et debitoit agreablement. Il fit en sorte auprès de sa mere, qui estoit veuve, qu'elle priast la Montarbault de venir chez elle. Cet adolescent, qui apparemment la trouva assez facile, la retint deux mois entiers chez sa mere qui, charmĂ©e de cette femme, luy donna sa fille qui sortoit de religion, pour luy faire voir le monde. Cette mere, comme on peut penser, n'estoit pas plus sage que de raison; ç'avoit tousjours estĂ© une extravagante, qui se vouloit battre en duel Ă  tout bout de champ. VoylĂ  ces jeunes gens Ă  Paris, logez dans le Temple chez la Montarbault. Les voisins s'estonnoient fort de voir chez cette femme une jeune fille bien faitte. Il arriva par hazard que la femme de chambre de Melle de Rambouillet, qui estoit une fille fort adroitte, se trouva un jour chez une femme de ses amies, au Temple, oĂą elle vit cette jeune demoiselle qui, ayant appris que cette fille coiffoit si bien, la pria de trouver bon qu'elle se fust faire coiffer par elle Ă  l'hostel de Rambouillet. Elle y fut, et cela fut rapportĂ© Ă  Mme la Marquise, qui s'informa si bien qu'elle sceĂ»t que c'estoit la niepce de feu Chandeville qu'elle avoit donnĂ© autrefois Ă  M. le cardinal de la Valette. Le frere, qui avoit accompagnĂ© sa soeur, fut contraint d'aller saluer Mme de Rambouillet, et luy fit un galimatias qui faisoit assez voir qu'il y avoit de l'amour, et qu'il n'avoit osĂ© la venir voir de peur que cela ne se descouvrist. Enfin, quelques parens qu'ils avoient icy renvoyerent cette fille Ă  sa mere. On luy fit avouer que la Montarbault l'avoit voulu mener plusieurs fois chez M. de Chevreuse et ailleurs, et que pour y faire consentir le frere, elle luy disoit : «Cela me servira, parce que ceux Ă  qui j'ay affaire aiment fort Ă  voir de belles personnes.» Ce garçon, qui s'appelloit Samois, demeura Ă  Paris quelque temps: après, il vint retrouver Mme de Rambouillet et luy dit qu'il recherchoit une fille fort riche, et qu'il n'y avoit qu'une difficultĂ© Ă  l'affaire, c'est qu'il s'estoit vantĂ© d'estre parent de MM. de Montmorency et qu'on souhaittoit qu'il fust reconnĂ» pour tel. «Sur cela, Madame,» continua-t-il, «je me suis addressĂ© Ă  vous, comme Ă  une personne qui aimoit fort feu mon oncle, pour vous prier d'obtenir cette grace de Madame la Princesse.» La Marquise, au lieu de luy dire les veritables raisons qu'il n'eust pas comprises, luy dit qu'elle n'estoit pas en estat de sortir. Un mois ou deux après, il la vint encore voir et luy dit qu'il estoit mariĂ©, mais le plus malheureusement du monde. «J'avois recherchĂ© l'une des deux filles de la baronne de Courville, auprès de Chasteaudun. Ces filles estoient en pension dans une religion Ă  Paris. Je la fus demander Ă  la mere : elle, qui, quoyqu'elle ayt cinquante ans, est encore assez passable, me dit que pour ses filles elle ne les vouloit point marier, mais que si je voulois l'espouser elle, j'y trouverois mieux mon compte, et qu'elle avoit tant de revenĂ». Nous nous marions, mais j'ay espousĂ© un diable; elle a tousjours le baston Ă  la main ; elle bat ses gens et ses paysans Ă  outrance; et pour moy, dez le lendemain de nos nopces, elle me dit mille injures.» En disant cela, le galant homme dit toutes les injures de harangere et de crochetteur. Mme de Rambouillet, surprise de cela, le pria de ne dire plus de ces choses-lĂ . «Vrayment, Madame, ce n'est pas lĂ  tout; ma mere et ma soeur» la vinrent voir ; elle les appella...» (lĂ , il en dit de plus terribles que les autres.) «Elle passa bien plus avant; elle frappa ma mere; ma mere le luy rendit : elle mit ma mere en prison; ma mere l’y mit Ă  son tour : elle m'a battu, je l’ay battue. Enfin, après bien du vacarme, nous sommes venus Ă  Paris. Tout le jour elle ne fait qu'escrimer.» Mme la Marquise disoit qu'elle esperoit que ces deux femines se battroient enfin en duel. «Elle mange,» adjoustoit-il, «quarante huistres tous les matins» (c'estoit en caresme), «et pour moy et mes gens, elle nous fait mourir de faim.» Or, cette madame de Courville, comme je l'ay appris dans le pays, durant la vie de son mary et après, s'estoit tousjours divertie ; et n'ayant plus aucun reste de beautĂ©, elle avoit estĂ© contrainte de prendre un homme qui luy servoit de maistre-d'hostel et de galant tout ensemble. Samois le trouva un jour couchĂ© avec elle; mais comme il vouloit faire du bruit, elle luy dit : «Vous avez pu sçavoir mon humeur, et vous ne devez pas pretendre que je vive» mieux avec vous qu'avec mon premier mary.» Samois voulut descharger sa colere sur cet homme, mais comme il est debonnaire, il se contenta de le chasser. Il enferma pourtant sa femme, et ne la laissoit voir Ă  personne. Un conseiller du Chastelet de Paris, qui avoit autrefois estĂ© fort bien avec elle, sceĂ»t qu'elle estoit prisonniere, et envoya un homme qui adroittement se glissa dans la maison, un jour qu'un gentilhomme avoit eu permission de luy parler; il luy dit la bonne intention du Conseiller qui, quelque temps après, envoya un lieutenant du Prevost de l'Isle, pour la deslivrer. Ce lieutenant mit le mary et la femme bien ensemble. Quelque temps après, une affaire les obligea Ă  venir Ă  Paris tous deux. L'argent manqua bientost au Cavalier qui, pour en avoir, vendit les chevaux et le carrosse de sa femme; mais elle, n'entendant point raillerie, trouva moyen de le faire mettre au Chastelet pour debtes. Je pense que le Conseiller ne nuisit pas Ă  cette affaire. Depuis, il vint demander franchise Ă  l'hostel de Rambouillet, parce qu'il avoit estĂ©, disoit-il, d'un duel. Celuy Ă  qui il parla luy dit qu'il ne seroit pas en seuretĂ© : «Comment !» respondit-il, «et n'est-ce pas un hostel ?» (il semblait confondre autel et hostel) (Tallemant Des RĂ©aux, Les historiettes de Tallemant des RĂ©aux, Tome 4, notes de Louis-Jean-Nicolas MonmerquĂ©, 1854 - www.google.fr/books/edition).

 

Parce qu'il avoit esté d'un duel, ajoutez en manchette : Le 16 juillet 1656, il avoit, avec son frere, attaqué en plein marché Claude de Sarcilly, sieur de Montgauthier, son parent (Gédéon Tallemant Des Réaux, Les historiettes de Tallemant des Réaux, 1860 - www.google.fr/books/edition).

 

Revenons à la descendance de Louis du Teil et de Madeleine Payen. Leur fils aîné, Jean du Teil, ne laissa qu'un fils en bas-âge, Daniel du Teil, lequel fut élevé par Jacques de Boissimon, son tuteur, et prit, comme ses pères, le titre de baron de Samoy. Il s'allia à Debora de Saint-Germain, de la branche des Saint-Germain, seigneurs de St-Pierre-d'Entremont, dont il eut cinq enfants : Nicolas, l'aîné, marié à Catherine de Sarcilly; Henri et Jean, morts sans postérité, et deux filles : Gabrielle, mariée à Michel de Verdun, en 1616, et Éléonore, à Nicolas de Sarcilly, sieur d'Enfernet, en 1631. Avec Nicolas, commença la ruine de la maison du Teil : ce fut en vain que, pour se liquider, il vendit, en 1622, les moulins seigneuriaux de Planquivon, à Jean du Teil et à Nicolas de Sarcilly, pour 2,800 livres; de son vivant, le séquestre fut mis sur la terre de Samoy, et, durant quarante ans, il ne put être levé, tant la chicane d'alors était fertile en expédients. Pour conserver l'habitation de leurs pères, Louis et Éléazar du Teil, ses deux fils, épuisèrent toutes les voies de la procédure ; et, quand ces moyens vinrent à leur manquer, ils ne reculèrent pas devant les violences. Claude de Sarcilly, seigneur de Montgauthier, qui représentait les droits des enfants mineurs d'Eléonore du Teil, s'étant fait adjuger la terre de Samoy, les deux frères l'attaquèrent à Condé, en pleine rue, un jour de marché, le 16 juillet 1656. Appelés pour ce fait en justice, ils se défendirent avec une grande habileté, et, d'accusés se portant accusateurs, demandèrent réparation d'un prétendu enlèvement de leur soeur, Marie du Teil, par Robert de Sarcilly, proche parent du seigneur de Mont-Gauthier ; mais cette accusation étant tombée d'elle-même, les deux frères furent condamnés à trois ans de bannissement, et à 1,200 livres d'amende. Ils avaient pourtant, fait tous deux, de riches et grands mariages. Louis, baron de Samoy, comme l'aîné du nom, et gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, avait épousé Anne de Formentières, dame de Courville, et, malgré le mauvais état de leurs affaires, avait pu faire donner à son frère cadet, Éléazar du Teil, la main d'Anne de Ligneris, proche parente de sa femme, dont la mère était, de son nom, une Formentières, et dont le père Louis de Ligneris, seigneur de Chauvigny et baron de Courville, après avoir long-temps commandé un régiment sous la conduite du duc de Mantoue, était devenu premier gentilhomme de la chambre du prince de Condé (Hector de La Ferrière-Percy, Histoire du canton d'Athis, Orne, et de ses communes, précédée d'une étude sur le protestantisme en Basse-Normandie, 1858 - books.google.fr).

 

Le lieu de l'attaque est Condé sur Noireau (Calvados).

 

"table"

 

Depuis, Nicolas du Teil vint demander franchise à l'hostel de Rambouillet, parce qu'il avoit esté, disoit-il, d'un duel. Celuy à qui il parla luy dit qu'il ne seroit pas en seureté : «Comment !» respondit-il, «et n'est-ce pas un hostel ?» (Tallemant Des Réaux, Les historiettes de Tallemant des Réaux, Tome 4, notes de Louis-Jean-Nicolas Monmerqué, 1854 - www.google.fr/books/edition).

 

LA MERE

 

Monsieur, il chante bien Oremus ;

Car autresfois quand je m'en voys

Et je le laisse seul Ă  l'hostel,

Il fait de la table un autel

Et chante le per omnia.

Vous diriez, quand Ă  cela,

Qu'il sera digne d'estre pape.

Il met aussi bien la nappe

A l'heure qu'il fault disner (Un qui se fait examiner pour ĂŞtre prĂŞtre)

 

Faute de savoir exactement Ă  quelle date elle a Ă©tĂ© Ă©crite, la farce d'Un qui se fait examiner pour ĂŞtre prĂŞtre est d'une originalitĂ© relative. C'est le thème mĂŞme, sans fioritures, du candidat Ă  la prĂŞtrise : un fils de paysans qui n'est qu'un sot et qui, en consĂ©quence, malgrĂ© les ambitions de ses parents et les siennes, se rĂ©vèle incapable d'apprendre quelque chose. Les prĂ©tentions de ce candidat Ă  la prĂŞtrise paraissent d'autant plus ridicules (et amusantes) que le «futur prĂŞtre» est encore choisi dans la catĂ©gorie des badins. On retrouvera ici la plupart des caractĂ©ristiques du «type» (AndrĂ© Tissier, Recueil de farces (1450-1550), Tome 1, 1997 - www.google.fr/books/edition).

 

Les duels dans la législation

 

L'Ă©loquent stationnaire aurait-il pu oublier le duel, avait rĂ©sistĂ©, jusqu'ici opiniâtre, malgrĂ© tant de rigoureux Ă©dits, Ă  se maintenir dans le royaume ; Ă  ce point qu'un combat, depuis peu (janvier 1662), avait eu lieu encore, entre huit seigneurs, aux portes de Paris ! Bossuet, dès longtemps, rĂ©sistait Ă©nergiquement Ă  ce flĂ©au dĂ©sastreux; secondant, avec zèle, des hommes Ă©minents par la vertu, par le courage, appliquĂ©s tous ensemble Ă  en purger le royaume. Car un louable concert existant, sur ce point, entre les prĂ©lats, le clergĂ© de Paris, les docteurs de Sorbonne et de notables laĂŻques d'une intrĂ©piditĂ© Ă©prouvĂ©e et d'une piĂ©tĂ© Ă©minente, il s'Ă©tait formĂ©, en 1651, dans la paroisse de Saint-Sulpice, sous l'inspiration, sous les auspices de l'incomparable Olier, une association d'intrĂ©pides et pieux hommes de guerre, croisĂ©s, pour ainsi parler, contre cette barbare coutume, qu'ils entreprirent d'anĂ©antir tout Ă  fait. De tant de seigneurs, de gentilshommes unis pour cette oeuvre, n'y en ayant pas un, seul qui, en mille rencontres, ne se fut signalĂ© avec Ă©clat sur les champs de bataille, non-seulement le ridicule n'aurait pu contre eux trouver prise; mais leur autoritĂ©, sur le point d'honneur, Ă©tait considĂ©rable, et leur compĂ©tence telle que nul n'eĂ»t pu songer Ă  la mĂ©connaĂ®tre. Que dire, en effet, d'une compagnie dont avaient voulu ĂŞtre les Schonberg, les d'EstrĂ©es, les Fabert, les du Plessis-Praslin, les Villeroy, les Liancourt, et avec eux, un baron de Renty, un vicomte de Montbas, un marquis de Salignac-FĂ©nelon, sans parler, ici, de tant d'autres d'un non moindre courage ? N'oublions point le comte Marion de DrĂĽy, gentilhomme du Nivernais, alliĂ© aux Arnauld de Port-Royal, bien connu, depuis approuvĂ© longtemps, des ennemis de la France, et pieux non moins qu'intrĂ©pide. DrĂĽy ayant, vers 1656, composĂ© un Ă©crit : La beautĂ© de la valeur et la laschetĂ© du duel, l'assemblĂ©e du clergĂ© de France, Ă  laquelle avait Ă©tĂ© soumis l'ouvrage (alors manuscrit encore), dĂ©cerna Ă  cette production des Ă©loges mĂ©ritĂ©s. Les Ă©vĂŞques, les gentilshommes, Ă  l'envi, demandaient qu'il fĂ»t donnĂ© au public; et, pour cela, l'examen, l'approbation, en forme, de deux docteurs Ă©tant, prĂ©alablement, nĂ©cessaires, Ă  Bossuet, au docteur Guignard, avec lui, avait Ă©tĂ© soumis l'ouvrage, auquel ils applaudirent tous deux, comme avaient fait les prĂ©lats, les marĂ©chaux de France, consultĂ©s avant eux, et comme, après eux, l'allait faire, bientĂ´t, le roi lui-mĂŞme. Dans l'approbation des deux docteurs (1er septembre 1657), imprimĂ©e en tĂŞte du livre, l'on reconnaĂ®tra le style de l'archidiacre de Metz, qui, assurĂ©ment, la rĂ©digea. Il loue «ce livre, fait contre le crime infâme du duel; livre qui demanderoit (dit-il) plutĂ´t des Ă©loges que l'approbation que nous lui donnons. Cet ouvrage (ajoute-t-il), Ă©tant composĂ© par un auteur illustre et vraiment courageux, pourra servir Ă  la gloire de Dieu, qui a donnĂ© Ă  l'auteur ce zèle et ce talent si particulier. Il pourra, de plus, servir Ă  Ă©teindre les furieux effets du faux honneur, qui règne ordinairement dans les personnes de la profession de l'auteur ?» Rempli ainsi d'horreur pour le duel, combien de fois Bossuet, en Bossuet, avec vĂ©hĂ©mence, le devait flĂ©trir, du haut de la chaire ! Au Louvre, oĂą, avides de l'entendre, accouraient empressĂ©s tant de seigneurs, d'hommes de guerre imbus des folles maximes du faux honneur, son ministère le pressant de redoubler d'efforts contre une coutume barbare, trop familière Ă  la plupart de ceux de cet ordre, combien de fois il se devait dĂ©chaĂ®ner contre ces combats avec une Ă©nergie qu'on ne trouvera, au mĂŞme degrĂ©, dans aucun des orateurs de son temps ! Au prĂŞche de Charenton, un jour, le docte ministre Le Faucheur, ayant parlĂ© fortement contre le duel, le valeureux marĂ©chal de La Force s'Ă©tait senti Ă©mu, au point de jurer, sur l'heure, qu'il se refuserait, tant qu'il aurait vie, Ă  tout appel de cette sorte, de quelque part qu'il lui pĂ»t venir. A Bossuet, peu après, parlant du duel Ă  son tour, du haut de la chaire du Louvre, devaient rĂ©pondre aussi les chaleureuses adhĂ©sions de toute la noblesse du royaume. «Est-il rien de plus injuste (disait-il) que de verser le sang humain pour des injures particulières; et d'Ă´ter, par un mĂŞme attentat, un citoyen Ă  sa patrie, un serviteur Ă  son roi, un enfant Ă  l'Église, Ă  Dieu une âme qu'il a rachetĂ©e de son sang ? Et, toutefois, depuis que les hommes ont mĂŞlĂ© quelque couleur de vertu Ă  ces actions sanguinaires, l'honneur s'y est attachĂ© d'une manière si opiniâtre que ni les anathèmes de l'Église, ni les lois sĂ©vères du prince, ni sa fermetĂ© invincible, ni la justice rigoureuse d'un Dieu vengeur n'ont point assez de force pour venir Ă  bout de l’en arracher.» S'en prenant, un autre jour (1662), aux cruelles dĂ©licatesses du faux point d'honneur, «sera-t-il dit (s'Ă©crie-t-il) que des chrĂ©tiens immolent encore Ă  cette idole et tant de sang et tant d'âmes que JĂ©sus-Christ a rachetĂ©es ! Ah ! Sire, continuez Ă  seconder JĂ©sus-Christ pour empĂŞcher cet opprobre de son Église et cet outrage public qu'on fait Ă  l'ignominie de sa croix !» Dans ces prĂ©cieux MĂ©moires, oĂą Louis XIV, pour l'instruction du dauphin, son fils, expose les importantes mesures par lesquelles, aussitĂ´t après la mort de Mazarin, il signala son entrĂ©e au gouvernement, aurait-il pu ne mentionner pas le duel et ses constants efforts pour en purger son royaume ? Les Ă©dits de 1651,1653, 1656, 1658 Ă©tant venus trop tĂ´t pour qu'il s'en pĂ»t suivre tous les effets qu'on s'en Ă©tait promis, le grand roi se loue d'en avoir fait, plus tard, un nouveau, qui a rencontrĂ© (tĂ©moigne-t-il) une entière obĂ©issance. Cet Ă©dit, ou règlement, qu'il se contente de mentionner ainsi, sans prĂ©ciser davantage, et qu'en vain nous avons cherchĂ© dans les recueils, avait Ă©tĂ© l'un des premiers actes par lesquels il voulut, en 1662 ou 1663, apparemment, signaler son avĂ©nement effectif Ă  la couronne, et inaugurer la suprĂŞme direction qu'en personne, dĂ©sormais, il entendait prendre des affaires, Pellisson en sera pour nous un sĂ»r garant, et aussi de l'inflexible fermetĂ© du monarque dans l'application de ces mesures; de sa constance Ă  repousser tout ce qui y aurait pu porter quelque atteinte. «L'effet de ce règlement (dit le monarque lui-mĂŞme) ce point a Ă©tĂ© si grand et si prompt qu'il a presque exterminĂ© un mal contre lequel mes prĂ©dĂ©cesseurs, avec d'aussi bonnes intentions que moi, avoient inutilement employĂ© toutes sortes de remèdes.» Et, en effet, ce seigneur romain venu Ă  Paris, en 1664, Ă  la suite du lĂ©gat, dans la lettre dont nous avons dĂ©jĂ  rapportĂ© quelque chose, mandant Ă  un cardinal, son ami, que «les duels, maintenant, Ă©toient aussi rares en France qu'ils y avoient ? Ă©tĂ© ordinaires autrefois,» n'avait pas manquĂ© d'en faire honneur Ă  «la vigueur rĂ©solue du roi et Ă  la rigoureuse exĂ©cution de ses Ă©dits Ă  cet Ă©gard.» Un autre Ă©tranger, le baron dell'Isola, dans ce livre fameux, opposĂ©, en 1667, aux ambitieuses prĂ©tentions de Louis XIV, le loue, du moins, d'avoir «exterminĂ© le duel dans ses États.» Madame de Motteville, applaudissant, elle aussi, Ă  l'abolition des duels, «les braves gens (disait-elle) ne sont point dĂ©shonorĂ©s, maintenant, pour refuser de se battre. Les plus vaillants ne tiennent plus Ă  honte de refuser le duel. Heureuse rĂ©volution dans nos meurs, due (ajoute-t-elle) aux soins du roi Louis XIV et de la reine mère.» Des louanges donnĂ©es par Bossuet Ă  ces mesures semesures ront, ici, en leur lieu, quoique prononcĂ©es en 1666 seulement, Ă©poque oĂą il prĂŞcha un second carĂŞme Ă  la prises par cour. C'est que Ă  la suite de l'Ă©dit, ou règlement, rendu sur cela, nul osa, jusqu'ici, y contrevenir encore. [...] Cette soumission aux lois s'Ă©tant relâchĂ©e, dans la suite, les duels ayant recommencĂ©, une nouvelle dĂ©claration, devenue nĂ©cessaire, fut signĂ©e, par Louis XIV, en 1679 (A. Floquet, Etudes sur la vie de Bossuet, jusqu'Ă  son entrĂ©e en fonctions en qualitĂ© de prĂ©cepteur du Dauphin (1627-1670), 1855 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf. quatrain IV, 91 (Comte de Chatauvillard, Essai sur le duel, Tome 1, Essai sur le duel, 1836 - books.google.fr)

 

Divers

 

Dutheil (Nicolas), Écuyer, seigneur de Samois, vice-bailli d'Alençon, avec Charles de Sarcilly, écuyer, seigneur de Montgautier, Nicolas de Rielan, Pierre de la Cour, prisonniers à la Conciergerie, ont tenté de s'évader. Interrogatoire, information. 31 août 1622 (Parlement de Paris. Instructions criminelles (1556-1623), Inventaire-index des noms géographiques et de personnes, X/2b/1174-1184 - www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr).

 

Peut-être en rapport avec l'action du poète Antoine de Montchrétien qui souleva quelques huguenots en 1621 dans les environs de Condé sur Noireau (Samoy et Montgautier y sont aussi). Il meurt dans une escarmouche à l'auberge des Tourailles (Lettre à Peiresc du 14 ocotbre 1621) (Oeuvres de Malherbe, Tome 2, 1860 - www.google.fr/books/edition).

 

Jacques de Sarcilly, sieur de La Fresengere, devient protestant vers 1530. Philippe de Sarcilly, seigneur de la Fréssengère, comptera parmi les seigneurs protestants de la région de Condé (Le Pays Bas-normand, Société ornaise d'histoire et d'archéologie, 2007 - books.google.fr).

 

"ire insensée" et "combat furieux"

 

Ce fut un assez beau spectacle de voir Molière seconder le gouvernement dans le dessein d'abolir la coutume barbare d'égorger son ami pour un mot équivoque, et, tandis que l'état multipliait les édits contre les duels, les proscrire sur la scène, peut-être avec plus de succès, en plaçant dans la comédie des Fâcheux un homme d'une valeur reconnue qui a le courage de refuser un duel (Voir les Fâcheux, acte I, scène 10; tome II.). [...] Par «amis d'épée», Molière n'entend pas «compagnons d'armes», mais seulement «compagnons de duel» (L'étourdi, Tome 1 de Oeuvres complètes de Molière: avec les notes de tous les commentateurs, Molière, 1823 - books.google.fr).

 

Molière reveals in this and many other passages his mastery of the mock-heroic style and anticipates Boileau who, in the preface to his Lutrin, published nearly twenty years after the fast performance of L'Etourdi, daimed that he had invented a new and better type of burlesque. Critics have described Corneilles Cid as a series of duels, sometimes real, sometimes verbal. And the idea of a duel gives a semblante of dramatic and metaphorical unity to Molière's first five-act comedy. Indeed, the compilas of the famous Grands Écrivains edition of the works of Molière insisted on Mascarille's persistent use of terras borrowed from the noble art of fencing, to which the subtitle of the play, "les contre-temps" belongs. This word indicates a sudden change of pare or rhythm intended to fool an opponent, or else an accident in coiirdination whereby the two adversaries give and receive a hit simultaneously. Clearly, both of dame meanings, in addition to the usual one of mischance or mishap, characterize many events or situations throughout the play, and particularly the relationship between Mascarille and his master who neva succeed in coordinating their actions. Indeed, Mascarille must perpetually fence against a variety of opponents, including the mort treacherous of them all, Lelie's invisible imp. He would much rather duel against Lilies rival, Ilandre: "Et contre cet assaut je sais un coup fourrĂ© / Par qui je veux qu'il soit de lui-mĂŞme enferrĂ©" (1165—66) The comedy opens quite appropriately with Lelie challenging his erstwhile friend Leandre, if not to an actual duel with swords, at least to a struggle in which Celie will be the prim. The first line actually provides some sort of boy to the entire structure of the comedy: "HĂ© bien ! LĂ©andre, hĂ© bien ! il faudra contester." And Moliere will contrive a different kind of duel to bring about a happy ending: the battle royal between two old hags, as described by Mascarille. CĂ©lie's long lost nurse, recognizing an old gypsy as the evil woman who had abducted her charge, pounces on her. And then follows a "combat furieux, / Qui pour armes pourtant, mousquets, dagues on flèches, / Ne faisoit voir en fait que quatre grilles serrĂ©es" (1939-40) "combat risiblement affreux" (1946). We see in this ridiculous duel the final and most absurd avatar of Lelie's challenge to Leandre. This rate, as well as the leitmotif of the duel, we owe to Moliere. Beltrame had thought of an entirely different type of scene to bring his comedy to a close — a scene that many critics regard as superior to the French-man's ludicrous recognition. But perhaps Moliere needed just one more duel; perhaps an artificial dĂ©nouement suited his esthetic purpose. And it so happens that Mascarille preludes his narrative of the "combat furieux" by describing the whole thing as La fin d'une vraie et pure comĂ©die" (1932) — a statement that completely shatters the spectator's suspension of disbelief. Mascarille has suddenly transformed himself into a critic, quite detached from the farce in which he has not only played an over-whelming part, but which he has practically written, directed and staged. Thus the man who was the whole show decides to desert the stage for the contemplation of his own handiwork ! (Judd David Hubert, Molière & the Comedy of Intellect, 1962 - books.google.fr, (Alvin Eustis, Molière as Ironic Contemplator, 2014 - books.google.fr).

 

"combat furieux"

 

Le Discours sur les duels, pour lequel nous n'avons pu trouver aucun manuscrit, a été imprimé pour la première fois en 1722, en Hollande, sous le titre de Mémoires de messire Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme, contenans les Anecdotes de la cour de France, sous les rois Henri II, François II, Henri III et IV, touchant les duels. A Leyde, chez Jean Sambix le jeune, à la sphère; in-12 (Discours sur les duels, Tome 6 de Oeuvres complètes de Pierre de Bourdeille, 1873 - books.google.fr).

 

L'autore de Le combat furieux de deux Italiens, en vers burlesques, di cui si hanno le iniziali D.F., ridicolizza l'attitudine degli italiani a battersi in duello per un nonnulla : «Pour un louche regard, pour un mot de travers, / Pour du vin que par jeu l'on leur verse à revers» (Jean Adhémar, L'Informazione in Francia nel Seicento, 1983 - books.google.fr, (D. F., Le Combat Furieux De Deux Italiens, En Vers Burlesques, 1649 - books.google.fr).

 

Les anciens braves Romains ont estez de la mesme Opinion que les Grecs & les Turcs, & n'ont nullement approuvé, tous Duels & Combats, ny ne se sont enfoncez en nos Poincts d'Honneur de nous autres Chrestiens, ainsi que j'en ay veu discourir à des Gens sçavans & grands Capitaines, qui ont mis le Nez dans les Lettres & Recherches de Combats. Nous lisons le Combat furieux des Horaces & Cuyraces. Nous lisons bien dans la vie de Marcellus, de Plutarque, qu'il avoit plusieurs fois combattu en Camp clos, & tousjours sorty Vainqueur, & force autres de mesmes qui ont combattu. Nous lisons d’un Statilius, qui avoit combattu vingt-deux fois en Duel & tousjours Vainqueur. Mais, c'estoit d'Ennemy à Ennemy, d'Estranger à Estranger, comme Torquatus & Corvinus. Scipion aussi tua en Espaigne un grand & fort Barbare, qui l'avoit provoqué (Pierre de Bourdeille Brantôme, Oeuvres : Discours sur les duels, 1740 - books.google.fr).

 

Pour le duel de Scipion : cf. quatrain I, 35.

 

Sarcilly, Paracelse et Fabre

 

Although direct translations from the work of Paracelsus remained uncommon, C. de Sarcilly published a group of Paracelsian treatises in 1631, in which he noted that interest in Paracelsus began about 1558 when Mattioli and Gesner wrote of chemical medicines). No one, Sarcilly added, had done more to spread interest in this medical system than Peter Severinus; it was after his time that the Galenists began to band together in opposition. [...] The Galenists demanded that the chemists, with their antimony, mercury, and poisons, should be sent to the hangman as murderers and that this should be the fate of all those who dared to give metallic things to the human body. They were quick to falsely cite cases of those who died by such remedies. In this way they incited terror and panic, which certainly resulted in horror and suspicion of chemical medicine. Even though chemical physicians had cured the pope, the emperor, and all of the electors of the empire by the true aurum potabile, this was nothing to the Galenist. For Sarcilly, one should not try to combine Galenist and chemical medicine because they are opposed. [...] Pierre-Jean Fabre (1588-1658) presents us with a particularly interesting blend of alchemist and practical physician, who is only now beginning to be understood, through the research of Bernard Joly. Born in the South of France at Castelnaudary, Fabre spent most of his life there as a local physician. He took his medical degree at Montpellier and ministered to Louis XIII during one of his trips to the South. To many of the physicians of his time he was known as an authority on the plague, for which he recommended chemical medicines. His treatise on the plague (1653) was reprinted as late as 1720. Yet, the great bulk of Fabre's writings show him to have been strongly attracted to the mystical and religious aspects of chemistry (Allen George Debus, The French Paracelsians: The Chemical Challenge to Medical and Scientific Tradition in Early Modern France, 2002 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain IX, 9 et quatrain V, 66.

 

"fier duel"

 

On retrouve le "fier duel" dans Le Roman de Troie de benoit de Sainte Maure au sujet de la tentative d'Andromaque de retenir son mari Hector de partir au combat.

 

«O ses dous mains granz coups se fiert, / Ses chevels tort e ront et tire, / Fier duel demeine e fier martire ; / Bien resenble femme desvee. / Tote enragee, eschevelee / E trestote hors de son sen, / Cort por son fiz Asternanten; / Des oilz plore molt tendrement, / [...] AprĂ©s cest mot chaĂŻ pasmee / A quas desus lo pavement.» (Le Roman de Troie, v. 15456-15463 et v. 15486-15487) ; «Toz les chevels s’a esrachiez» (Elle s’est arrachĂ© tous les cheveux, Le Roman de Troie, v. 16459-16471). On pourrait d’ailleurs rapprocher ce passage de celui du Livre de la mutacion de Fortune dans lequel une foule de femmes s’interpose sur le champ de bataille afin d’éviter le combat (t. iii, v. 18639-18649). Ce motif, aussi bien reprĂ©sentĂ© chez les hommes que chez les femmes, prĂ©sente nĂ©anmoins la particularitĂ© de mettre en Ă©vidence l’impuissance de ces dernières Ă  imposer leurs conceptions pacifistes. Leur seule arme reste la pitiĂ© qu’échevelĂ©es, elles espèrent inspirer Ă  leurs belliqueux Ă©poux. [...]

 

Le motif de la déploration, très fréquent, voit les cheveux tirés, arrachés, brisés afin de signaler au plus grand nombre la douleur et la tristesse d e celui qui s’inflige une telle offense. La privation des cheveux, violence à la fois plus intime et plus durable, représente pour la femme un sacrifice suprême, qu’ils soient coupés avec son accord pour marquer l’entrée dans la vie monastique ou, malgré elle, pour la punir de son infidélité. Dans ce cas précis, la femme est en effet soit mutilée, soit traînée par les tresses, motif d’une brutalité inouïe qui abonde au xiiie siècle. C’est également en amputant volontairement sa chevelure que la femme peut manifester sa fidélité à l’être aimé, en lui faisant don d’elle-même par le truchement de ses cheveux, voire de sa couronne de fleurs (Myriam Rolland-Perrin, Chevelure et Motif In : Blonde comme l’or : La chevelure féminine au Moyen Âge, 2010 - books.openedition.org).

 

Racine écrira Andromaque en 1667. Il se lance dans la carrière des lettres à la fin de 1658 (mabib.fr).

 

Louis XIV perdra ses cheveux le 11 juillet 1658 suite à la fièvre thypoïde contractée à au siège de Mardyck : cf. quatrain II, 37 - Les Anglais à Mardyck - 1658-1659.

 

C. de Sarcilly, sieur de Montgautier, est l'auteur d'une petite pièce en prose : La victoire des cheveux bruns, noirs et chastaings, sur les blonds, en faveur des brunettes par C. de Sarcilly, sieur de Montgautier Caen de l'imprimerie de Jaques Mangeant, 1602. Très-pet. in-8, réglé, 80 pages (Frédéric Lachèvre, Les Recueils Collectifs de Poesies Libres Et Satiriques, 1968 - books.google.fr).

 

En 1602, il peut s'agir d'un autre Sarcilly.

 

Acrostiche : LF LL, eleph hellel

 

"eleph" signifie en hĂ©breu boeuf et mille ; "helel" : Ă©toile du matin. Cf. quatrain X, 42 - John Dee et saint Dunstan - 2208.

 

Les Poésies d'Eléazar de Chandeville – neveu de Malherbe - contemporain de Claude de Sarcilly - traducteur, entre autres de Paracelse, paraissent à Paris en 1639. Sans doute n'est-ce pas forcer l'interprétation que de convoquer dans cet incipit Éléazar De Worms, figure dominante du judaïsme allemand au Moyen Âge dont la première partie de l'oeuvre fondamentale Sodé aazayya («Secrets des secrets»), s'intitule «Sod Ma aseh Bereshit» – «Le Mystère de l'œuvre du commencement» (Christophe Reig, Mimer, Miner, Rimer: Le cycle romanesque de Jacques Roubaud: La Belle Hortense, L’Enlèvement d’Hortense et L’Exil d’Hortense, 2006 - books.google.fr).

 

On vante le boeuf du pays d'Auge, le veau de Riviere, & les confitures de Rouen, les moutons & les lapins de Cabour, les poulardes de Caux & du Bessin, & les perdrix rouges du Bec (Encyclopedie Methodique, 1790 - books.google.fr).

 

L'Abbaye de Belle-Étoile se trouve près de Condé-sur-Noireau, fondée par H. de Beaufou. Ann. 1219.

 

En 1216, quelques ermites de l'abbaye de Lonlay vivaient sur le mont de Cerisy quand Henri de Beaufou et son épouse Édicie de Romilly fondèrent l'abbaye Notre-Dame dans le vallon de Belle-Étoile. C'était au début un établissement modeste dans le giron de l'abbaye de La Lucerne, mais dans la première moitié du XIIIe siècle, il reçut des donations de la noblesse locale : Ruault, de Calligny, de Bordel, de Samoy et surtout de Mathilde de La Lande, veuve de Raoul Tesson. [...]

 

La Réforme dite de Lorraine, élaborée par le prémontré Servais Lairuelz à Pont-à-Mousson dans les premières années du XVIIe siècle, gagna la Normandie et fut adoptée en 1629 à l'abbaye d'Ardenne, en 1630 à Belle-Etoile et Silly (Revue historique de droit français et étranger, 1975 - books.google.fr).

 

Tronus et Tronossa dicitur cælestis ros ex aere natus : est species roris omnium dulcissima, species mannæ densa, tenax in albedinem colorata, et albissima præ cæteris ex mercurio, regionis medice generata, et separata prorsum ab omni sulfure et sale, in vere et ostale cadit et in foliis arborum mane reperitur adhærens ut alia manna. Dictionnariol. Paracels, p. 18. Johnson, Lexic., p. 203. CASTELLI, Lexic, p. 730, vocibus Tronus et Tronossa.

 

«Le throisne est une certaine douceur qui tombe au mois de mai sur les herbes et sur les hajes, et est le plus doux fruit de tous les fruits de l'air, qui est coagulé par le mercure, épais, bien coloré, tendant à la blancheur... La rosée diffère du throisne... La rosée est plus pesante... et le throisne est plus léger.» DE SARCILLY, les XIV livres des paragraphes de Paracelse, liv. III, p. 43.

 

D'après tous ces rapprochemens, on voit que les alchimistes ne s'entendoient guère, et qu'ils avoient tout confondu. Pour en avoir la preuve, nous recourrons à Gesner. En effet ce naturaliste (de Quadruped: p. 43, lin. 40; p. 60, lin. 51; p. 882, lin. 10; p. 883, lin. 47) dit que le gluten aereum, produit par les étoiles coulantes ou étoiles tombantes, c'est-à-dire par ces étoiles qui filent, et désigné encore sous le nom de miel aérien, miel celeste, rosee miellée, donne la mort aux brebis qui en mangeni, et rend vénéneuses les plantes auxquelles il adhère. Les plantes, ajoute-t-il, conservent cette funeste vertu, lors même qu'elles ont été lavées par les eaux de la pluie. Il n'est donc pas étonnant que celle substance ait été désignée sous le nom de realgar aeris, Tereniabin; de même que le nom de réalgar de l'eau a elé donné à l'écume qui couvre la surface des eaux. Voy. Castelli Leric., p. 628. On voit que,sous le nom de Réalgar de l'eau, les alchimistes désignoient la conserva bullosa, Linn., plutôt que l'écume que l'on observe quelquefois sur la surface de l'eau dans les biefs audessus des ponts de moulins. Les alchimistes appeloient réalgar le venin des métaux. DE SARCILLY, les XIV liv. des parag. de Paracelse, lib. VI, p. 67. D'après cela on voit pourquoi Cardan a donné le nom de réalgar à l'aconituin lycoctonum, Linn. (M. Vallot, Dissertation sur la plante déliquescente dans l'eau, Journal de physique, de chimie, d'histoire naturelle, et des arts, Volume 92, 1821 - books.google.fr).

 

The Hebrew eleph, thousand, seems to have meant at first herd, flock (James Mitchell, Significant Etymology, Or, Roots, Stems, and Branches of the English Language, 1908 - books.google.fr).

 

"curieux"

 

Titre complet de la traduction de Claude de Sarcilly :

 

Les XIV livres des Paragraphes, où sont contenus en Epitome ses secrets admirables, tant physiques que chirurgiques, pour la curation très-certaine & methodique des maladies estimées incurables. Traduicts du latin en françois, avec explications et annotations très amples. Par C. de Sarcilly, Escuyer, sieur de Montgautier, Cauville, Culey, Canon, &c. très-expert en la doctrine Paracelsique. Oeuvres non encor veus, & très nécessaires à tous Médecins, Chirurgiens, Apothiquaires, & à tous gens curieux de leur santé. Paris: Chez Hervé du Mesnil, ruë S. Jacques, à la Samaritaine. 1631 (Olivier Walusinski MD, Georges Gilles de la Tourette, Beyond the Eponym, 2018 - books.google.fr).

 

Il semble que l'agressé du marché de Condé soit l'auteur de la traduction de Paracelse (Jules Thibierge de La Rochefoucauld, Généalogie de la famille de Sarcilly - gallica.bnf.fr).

 

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