Les Dames galantes

Les Dames galantes

 

II, 16

 

1642-1643

 

Naples, Palermes, Sicile, Syracuses,

Nouveaux tyrans, fulgures feux cĂ©leste :

Force de Londres, Gand, Bruxelles & Suses,

Grand hécatombe, triomphe faire feste.

 

Madame de Chevreuse

 

Marie Aimée de Rohan, plus connue sous le nom de duchesse de Chevreuse (décembre 1600-12 août 1679), fille de Hercule de Rohan, duc de Montbazon et de Madeleine de Lenoncourt, est une femme de la noblesse française réputée surtout pour son grand charme et ses nombreuses intrigues politiques.

 

Le 11 septembre 1617, Marie de Rohan épouse en premières noces à Paris, Charles, marquis d'Albert, favori de Louis XIII, nommé duc de Luynes en 1619, puis élevé à la dignité de connétable en 1620. Le premier intérêt du favori de Louis XIII est de garder le cœur du roi pour lui et les siens, et de s'emparer aussi de la confiance de la reine Anne d'Autriche, afin d'être maître assuré de toute la cour. Il y introduit donc sa jeune femme en lui donnant pour instruction de s'appliquer à gagner les bonnes grâces de la reine et du roi. Elle y réussit à merveille.

 

Le connĂ©table meurt de «fièvre pourpre», le 12 dĂ©cembre 1621 lors de la campagne menĂ©e dans le Sud-Ouest. Marie de Rohan n'avait pas attendu ce dĂ©cès pour prendre comme amant le duc de Chevreuse, Claude de Lorraine, son aĂ®nĂ© de 22 ans. Le 14 mars 1622 a lieu un incident qui lui coĂ»te une demi-disgrâce : entraĂ®nĂ©e Ă  courir dans une salle du Louvre par Marie et Mlle de Verneuil, fille lĂ©gitimĂ©e de Henri IV, Anne d'Autriche chute et fait une fausse couche. Louis XIII, furieux, l'Ă©loigne de la Cour.

 

Devenue veuve à 21 ans, et décidée à rétablir sa position, elle se remarie avec son amant dès le 19 avril 1622, à Paris. Claude de Lorraine a 42 ans mais appartient à une bien plus haute lignée que les Luynes. En effet, devenue membre de la Maison de Lorraine, une maison souveraine, Marie-Aimée de Rohan est intouchable. Le duc de Chevreuse use alors de cette position auprès du roi pour lui faire réintégrer la Cour, chose acquise dès septembre de la même année (fr.wikipedia.org - Marie de Rohan).

 

La maison de Lévis (cf. quatrain II, 2) tire son nom et son origine de la terre de Lévis ou de Lévies, près de Chevreuse.

 

"Londres, Gand, Bruxelles"

 

Pendant quelques années, la duchesse de Chevreuse se montre cordiale vis-à-vis de Richelieu et peut exercer son influence sur Anne d'Autriche. Après la journée des dupes, le marquis de Châteauneuf est nommé garde des Sceaux. Marie, toujours tentée de jouer un rôle politique, se rapproche de lui et devient sa maîtresse. Châteauneuf intrigue pour remplacer Richelieu. Le 25 février 1633, Louis XIII le fait arrêter pour trahison et relègue Marie en Touraine d'où elle continue à correspondre avec la Reine, lui servant à l'occasion de relais avec la Cour d'Espagne. À Tours, elle organise de grandes fêtes dans l'hôtel de la Massetière qu'elle occupe.

 

Le 21 mai 1635, Louis XIII déclare la guerre à Philippe IV. Dès lors, les correspondances entre les deux capitales pouvaient apparaître comme une déloyauté. En juillet 1637, Louis XIII et Richelieu découvrent la correspondance secrète d'Anne d'Autriche qui doit s'humilier. Craignant d'être arrêtée, Marie de Rohan quitte Tours déguisée en homme le 5 septembre 1637 pour l'Espagne.

 

Peu à l'aise à la Cour du Roi d'Espagne, Marie décide de se rendre en Angleterre où elle aborde le 25 avril 1638. Elle y retrouve ses anciens amants, Holland et Montaigu. Elle y fréquente aussi un groupe d'aristocrates français mécontents et comploteurs tout en essayant de retrouver son crédit auprès d'Anne d'Autriche et même de Richelieu. Pour fuir son mari venu la chercher à Londres, elle se réfugie en Flandre espagnole le 8 mai 1640, donc en pays ennemi. Là, elle a sans doute soutenu le complot du comte de Soissons et trempe peut-être dans la conspiration de Cinq-Mars fr.wikipedia.org - Marie de Rohan).

 

1128. Bruxelles, 22 janvier 1639. Le Cardinal-Infant a appris par Inigo de Cardenas le désir de la duchesse de Chevreuse de venir aux Pays-Bas. Il prie le ministre d'assurer l'intéressée des bons sentiments qu'il éprouve à son égard. Avant de consentir à sa demande, le Cardinal-Infant doit attendre les instructions de Madrid. Il a donc écrit d'urgence. Dans l'entre-temps, Cardenas lui prodiguera de belles paroles. Si la dame en question était expulsée d'Angleterre, elle pourrait jusqu'à nouvel ordre s'établir à Gand. Secrétairerie d'État et de Guerre, reg. 369, fol. 26 (TM) (Henri Lonchay, Joseph Cuvelier, Joseph Lefèvre, Correspondance de la cour d'Espagne sur les affaires des Pays-Bas au XVII siècle, 1937 - www.google.fr/books/edition).

 

"hecatombe" : la mort de Louis XIII

 

Le 15 mai 1643, Ă  quarante-quatre ans, le roi est mort hier dans l'après-midi. Il est dĂ©cĂ©dĂ© vaillamment et saintement, six mois après le cardinal de Richelieu et un an après sa mère Marie de MĂ©dicis. Quelle hĂ©catombe en trois annĂ©es ! Comme me disait ce matin Conrart, le secrĂ©taire de la nouvelle AcadĂ©mie française : «L'Histoire a des façons un peu brutales de tourner la page !» (Jean Diwo, La chevauchĂ©e du Flamand, 2005 - www.google.fr/books/edition).

 

Inquiet de l'influence de l'abbĂ© jansĂ©niste de Saint Cyran (Jean Duvergier de Hauranne, nĂ© en 1581), Richelieu l'embastilla Ă  Vincennes (1638) : il en sortit après la mort du cardinal, mais mourut lui-mĂŞme quelques mois plus tard, le 11 octobre 1643 (Histoire de France illustrĂ©e, 2000 ans d'images, Volume 6, 1986 - www.google.fr/books/edition).

 

Meurent auparavant en 1642, le duc d'Epernon (Jean-Louis de Nogaret, seigneur de La Valette et de Caumont, 1554 - 1642) ; le savant Galileo Galilei ;  Henri Coiffier de RuzĂ© d'Effiat, marquis de Cinq-Mars, le favori de Louis XIII, exĂ©cutĂ© par la volontĂ© de Richelieu pour conspiration contre sa personne (fr.wikipedia.org- AnnĂ©e 1642).

 

Mai 1643 : victoire du duc d'Enghien Ă  Rocroi, oĂą tombent presque tous ses gardes ; Saint-Évremond, envoyĂ© en mission Ă  Paris, a Ă©chappĂ© Ă  l'hĂ©catombe (David Bensoussan, Entretiens sur toutes choses de Charles de Marguetel de Saint-Denis de Saint-Évremond, 1998 - www.google.fr/books/edition).

 

"triomphe"

 

Voilà donc Madame de Chevreuse tombée, ce semble, au dernier degré du malheur. Sa situation était affreuse ; elle souffrait dans toutes les parties de son cour; plus d'espoir de revoir sa patrie, son beau château, ses enfants, sa fille Charlotte. Ne tirant presque rien de France, elle était à bout de ressources, d'emprunts et de dettes. Elle apprenait combien il est dur de monter et de descendre l'escalier de l'étranger, d'avoir à subir tour à tour la vanité de ses promesses et la hauteur de ses dédains. Et pour qu'aucune amertume ne lui fût épargnée, celle qui lui devait au moins une fidélité silencieuse se rangeait ouvertement du côté de la fortune et de Richelieu. Elle passa ainsi quelques mois bien douloureux, sans nul autre soutien que son courage. Tout à coup, le 4 décembre 1642, le redouté cardinal, victorieux de tous ses ennemis au dehors et au dedans, maître absolu du roi et de la reine, succombe au faîte de la puissance. Louis XIII ne tarda pas à le suivre; mais, forcé bien malgré lui de confier la régence à la reine et de nommer son frère lieutenant général du royaume, il leur imposa un conseil sans lequel ils ne pouvaient rien, et où dominait, en qualité de premier ministre, l'homme le plus dévoué au système de Richelieu, son ami particulier, son confident et sa créature, le cardinal Jules Mazarin. Ce n'était point assez de cette mesure bizarre qui, par défiance de la future régente, mettait en quelque sorte la royauté en commission ; Louis XIII ne crut avoir assuré après lui le repos de ses états qu'en confirmant et en perpétuant, autant qu'il était en lui, l'exil de Mme de Chevreuse. Dans sa pieuse aversion pour la vive et entreprenante duchesse, il avait coutume de l'appeler le Diable. Il n’aimait guère plus, il craignait presque autant, l'ancien garde des sceaux Châteauneuf, enfermé dans la citadelle d’Angoulême. Comme si l'ombre du cardinal le gouvernait encore à son lit de mort, avant d'expirer il inscrivit dans son testament, dans la déclaration royale du 21 avril, contre Châteauneuf et Mme de Chevreuse, cette clause extraordinaire :

 

D'autant, dit le roi, que pour de grandes raisons, importantes au bien de notre service, nous avons été obligé de priver le sieur de Châteauneuf de la charge de garde des sceaux de France, et de le faire conduire au château d'Angoulême, où il a demeuré jusqu'à présent par nos ordres, nous voulons et entendons que ledit sieur de Chateauneuf demeure au même état qu'il est de présent audit château d'Angoulême jusques après la paix conclue et exécutée, à la charge néanmoins qu'il ne pourra lors être mis en liberté que par l'ordre de la dame régente, avec l'avis du conseil qui ordonnera d'un lieu pour sa retraite dans le royaume ou hors du royaume, ainsi qu'il sera jugé pour le mieux. Et comme notre dessein est de prévoir tous les sujets qui pourroient en quelque sorte troubler le bon établissement que nous avons fait pour conserver le repos et la tranquillité de notre État, la connoissance que nous avons de la mauvaise conduite de la dame duchesse de Chevreuse, des artifices dont elle s'est servie jusques ici pour mettre la division dans notre royaume, les factions et les intelligences qu'elle entretient au dehors avec nos ennemis nous font juger à propos de lui défendre, comme nous lui défendons, l'entrée de notre royaume pendant la guerre, voulons même qu'après la paix conclue et exécutée elle ne puisse retourner dans notre royaume que par les ordres de ladite dame reine régente, avec l'avis dudit conseil, à la charge néanmoins qu'elle ne pourra faire sa demeure ni être en aucun lieu proche de la cour et de ladite dame reine. 

 

Ces solennelles paroles dĂ©signaient Mme de Chevreuse et Châteauneuf comme les deux plus illustres victimes du règne qui allait finir, mais aussi comme les chefs de la politique nouvelle qui semblait appelĂ©e Ă  remplacer celle de Richelieu. Louis XIII rendit le dernier soupir le 14 mai 1643. Quelques jours après, le mĂŞme parlement qui avait enregistrĂ© son testament, le rĂ©formait; la nouvelle rĂ©gente Ă©tait dĂ©livrĂ©e de toute entrave et mise en possession de l'absolue souverainetĂ© ; Châteauneuf sortait de prison, et Mme de Chevreuse quittait Bruxelles en triomphe pour revenir en France et Ă  la cour (Victor Cousin, Madame de Chevreuse et Madame de Hautefort, nouvelles Ă©tudes sur les femmes illustres et la sociĂ©tĂ© du XVIIe siècle, Tome 1, 1856 - books.google.fr).

 

Paris était en fête. L'entrée de son jeune roi, la proclamation de la régence «libre et entière» dans la personne de la reine, la victoire de Rocroi, survenue tout à coup comme une sorte de consécration divine pour le règne qui commençait, toutes ces nouveautés avaient emporté les esprits dans une sorte d'ivresse. A la dernière surtout, il ne manquait rien de ce qui remue fortement l'esprit des hommes. L'étrange vision qui avait annoncé au roi mourant un combat et un triomphe, l'à-propos soudain de l'événement, l'âge du vainqueur, justifiaient assez ces transports immodérés que réveille si facilement en France le récit des exploits militaires (Anaïs Bazin, Histoire de France sous le ministère du cardinal Mazarin, Tome 1 : 1643-1650, 1842 - books.google.fr).

 

Henri de Guise

 

La duchesse de Chevreuse, rendue célèbre grâce aux Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas, était l’épouse d’un Guise, oncle de Henri II, duc de Guise.

 

Henri de Lorraine est né le 4 avril 1614 à Blois où avait été assassiné son grand-père, le Balafré.

 

En 1641, le duc de Guise, échappé de l'archevêché de Reims et réfugié dans les Pays-Bas, allait sans cesse de Bruxelles à Sedan et de Sedan à Bruxelles; il devait, quand le moment serait venu, se joindre aux conjurés et combattre avec eux. On lit dans la Gazette de Renaudot, pour l'année 1641, no 61, p. 314 : «Le 20 de ce mois de mai, le duc de Guise arriva de Sedan à Bruxelles, où il fut souper chez la duchesse de Chevreuse et coucher chez don Antonio Sarmiento.» (Victor Cousin, Madame de Chevreuse, Nouvelles études sur les femmes illustres et la société du XVIIe siècle, 1868 - books.google.fr).

 

La question du mariage avec Anne de Gonzague fut rĂ©solue facilement : elle et Henri Ă©taient parents et aucune dispense de parentĂ© n’avait Ă©tĂ© demandĂ©e pour leur mariage, ce qui constituait un motif d’annulation. Henri renonça enfin Ă  l’archevĂŞchĂ© de Reims et, après la mort de Louis XIII et de Richelieu, il put revenir en France.

 

A peine arrivé, à la fin de 1643, il eut une liaison avec la duchesse de Montbazon, qui lui valut un duel contre Maurice de Coligny, qui décéda des suites du combat. Puis il tomba follement amoureux d’une fille d’honneur de la reine Anne d’Autriche, Suzanne de Pons, qu’il se mit en tête d’épouser. Son second mariage était toutefois plus difficile à annuler, car il ne pouvait cette fois arguer d’aucun lien de parenté entre son épouse et lui! Il sollicita donc cette annulation auprès du pape. De son côté, Honorée de Berghes en appela au roi d’Espagne pour l’empêcher. L’affaire traîna. Si bien que Henri se rendit à Rome en 1646, accompagné du comte de Roquefort, frère de Melle de Pons, afin de plaider sa cause auprès du pape.

 

Il y rencontra des émissaires napolitains venus chercher de l’aide contre les espagnols. Il convient de rappeler que les Habsbourgs dominaient alors en Europe non seulement l’Allemagne, l’Autriche et l’Espagne mais également la Belgique, les Pays-Bas et une bonne partie de l’Italie. La ville de Naples s’était révoltée contre leur domination et s’était proclamée en république. Henri II était avide de s’illustrer et vit là la possibilité de se couvrir de gloire en accomplissant des hauts faits. Il se souvint également qu’il descendait de René d’Anjou, qui fut roi de Naples, et y vit matière à prétendre à régner sur la ville. Il accepta donc de prendre la tête des révoltés, qui le nommèrent généralissime.

 

Naples était alors encerclée par les troupes espagnoles, par la terre aussi bien que par la mer. Qu’à cela ne tienne! A la faveur de la nuit, le duc traversa secrètement la flotte espagnole à bord d’une felouque et pénétra ainsi dans la ville. Il tint tête aux espagnols pendant 5 mois, pendant lesquels il réclama en vain l’aide de la France. Victime d’une trahison, il fut finalement fait prisonnier par les espagnols en mai 1648 et fut conduit en Espagne. Il y passa 4 ans en captivité, à Ségovie, dans des conditions de détention assez dures. Il fut seulement libéré en 1652, grâce à l’intervention du prince de Condé.

 

En 1654, Henri était de retour devant Naples, à la tête d’une petite flotte, mais cette nouvelle tentative échoua. Après cette seconde expédition, il ne fit plus beaucoup parler de lui. Il dût cependant à sa charge de Grand chambellan de Louis XIV d’être chargé d’accueillir à son arrivée en France la reine Christine de Suède qui, depuis son abdication en 1654, voyageait en Europe. Celle-ci décrivit le duc lors de cette rencontre comme une sorte d’apparition fantastique : un prince de conte de fées.

 

Henri II, qui décéda sans laisser d’enfants le 2 juin 1664, fut occupé durant ses dernières années par divers procès financiers… et par l’écriture de ses mémoires, ouvrage hagiographique dans lequel il raconte les exploits qu’il a accomplis lors de la grande affaire de sa vie, l’épisode napolitain (Marie, Henri II, duc de Guise, 2012 - mesaddictions.wordpress.com).

 

"tyrans"

 

En 1647, les Rebelles de Naples commencerent par ouvrir les prisons, & armerent les Prisonniers, qui ne leur furent pas d'un petit secours, pour achever de faire soulever le Peuple, surtout un Bandi nommé Perrona, fameux par ses crimes. [...]

 

La premiere chose, que Pelopidas & les camarades firents après avoir tué secrettement Archias & les autres Tyrans de Thebes, fut d'aller aux Prisons avec un homme qu'ils menoient garroté. Ils dirent au Concierge de constituer Prisonnier celui qu'ils lui remettoient comme Criminel. Le Concierge ouvrit la porte, & ils le massacrerent. Aiant mis ensuite en liberté tous les Prisonniers, ils les armerent, & s'en servirent, pour leur aider à achever de se rendre maîtres de la Place, & de la Forteresse de Cadmée (Réflexions Militaires Et Politiques, Tome 7, 1738 - books.google.fr).

 

Pendant l'annĂ©e 1647, le royaume de Naples offrit un spectacle de rapacitĂ©, de mauvais gouvernement, de misère publique, que la malheureuse Irlande elle-mĂŞme dans ses plus mauvais jours, n'a peut-ĂŞtre jamais surpassĂ©. Outre les causes ordinaires d'infortune qui opĂ©raient sous la dysnastie austro-espagnole, Naples se trouvait alors Ă©puisĂ©e parles levĂ©es annuelles de troupes qu'elle Ă©tait obligĂ©e de fournir pour soutenir les guerres dans lesquelles la maison de Hapsbourg s'Ă©tait engagĂ©e. Le revenu ordinaire du royaume avait Ă©tĂ© portĂ© de 500,000 Ă©cus Ă  9,000,000 de livres ; de plus Charles V, dans l'espace de quarante-trois ans, reçut en dons extraordinaires dix fois trois millions ; Philippe II, qui rĂ©gna quarante ans , reçut vingtdeux fois la mĂŞme somme ; et sous Philippe III et Philippe IV, les impĂ´ts extraordinaires s'Ă©levèrent Ă  300,000,000. Mais tout cela Ă©tait peu de chose comparĂ© au droit d'entrĂ©e, cet impĂ´t favori des tyrans, qui seul montait Ă  33,000,000 par an. Ces taxes qui tombaient sur tous les articles de consommation avaient rĂ©duit le peuple aux dernières extrĂ©mitĂ©s de la pauvretĂ©. Jusque lĂ  les fruits seuls avaient Ă©tĂ© exceptĂ©s, et les dernières classes de Naples, se refusant toute subsistance hors celles que leur fournissait la prodigue bontĂ© de leur climat dĂ©licieux, se bornaient Ă  ces alimens abondans mais peu nutritifs (Lady Morgan, MĂ©moires sur la vie et le siècle de Salvator Rosa, Tome 1, 1824 - books.google.fr).

 

"Suzes" : en PiĂ©mont ?

 

Dans sa politique extérieure, Richelieu intervint d'abord en Italie, en faveur d'un prince français, le duc de Nevers, qui venait d'hériter du Mantouan et du Montferrat que les Espagnols et le duc de Savoie lui disputaient. Richelieu marcha lui-même vers les Alpes avec une armée de 36000 hommes, et Louis XIII força le pas de Suze (1629). L'année n'était pas écoulée que le cardinal était contraint de revenir sur les Alpes avec 40000 hommes. La Savoie fut conquise, Pignerol pris (mars 1630). La paix de Cherasco, dont Marazin fut le négociateur, rétablit le duc de Mantoue dans ses États, et obligea Victor-Amédée å livrer à Louis XIII, avec Pignerol, le libre passage des Alpes (avril 1631) (Victor Duruy, Petite histoire des temps modernes, 1453-1789, 1882 - books.google.fr).

 

"Suzes" : madame de la Suze ?

 

Henriette de Coligny, comtesse de La Suze et de Coligny, née en 1618 et morte le 10 mars 1673, est une femme de lettres française. Fille de Gaspard III de Coligny, maréchal de Châtillon et de France, petite-fille de l'Amiral de Coligny elle appartient par sa naissance à un milieu de huguenots militants, Henriette de Coligny épouse, en 1643, Thomas Hamilton, comte de Haddington, qu'elle suit jusqu'en Écosse. Rapidement veuve, elle revient en France. Sa famille lui fait épouser, en 1653, Gaspard de Champagne (Champagne-Parcé ou Champagne en Anjou), comte de La Suze. Elle échappe bientôt à la vie recluse que celui-ci lui fait mener dans ses châteaux de la Suze, près du Mans ou de Lumigny, près de Meaux, et vient s'installer à Paris. Elle se convertit en 1653 au catholicisme mondain, plus tolérant pour les plaisirs de la vie. Pourvus d'une parfaite aversion l'un pour l'autre, les deux époux finirent en effet par se séparer. Une anecdote fameuse rapporte que lorsqu'on demanda à la comtesse de La Suze, quelle fût la raison de sa bruyante conversion au catholicisme, "c'est, répondit-elle, afin de ne me pas trouver avec mon mari en l'autre monde non plus qu'en celui-ci". Cette nouvelle catholique dont la conversion est une victoire sur le nom qu'elle porte, est menée à l'autel par la reine elle-même. Les protestants ne lui pardonneront pas. Ses déboires la touchent peu, car sa vie est vouée à la passion et à la littérature (fr.wikipedia.org - Henriette de Coligny de La Suze).

 

On parlait dans le monde de ses liaisons successives avec le comte de Ludre, avec Henri de Guise, avec le poète Hercule de Lacger, avec bien d'autres (Antoine Adam, Histoire de la littérature française au XVIIe, Tome 2, 1997 - www.google.fr/books/edition, Gédéon Tallemant Des Réaux, Les historiettes, 1855 - www.google.fr/books/edition).

 

Depuis la nuit formidable où les Guise contemplèrent ironiquement le tragique cadavre du grand amiral, les Coligny jouissaient d'une influence prépondérante aux synodes nationaux du protestantisme. Les Rohan, à peine, la contrebalançaient. D'un mot, Gaspard III pouvait susciter encore des troubles, lever quatre mille gentilshommes, ensanglanter la capitale et les provinces. Mais il se gardait d'en rien faire. Il inclinait vers l'apaisement. Quelques actes même lui aliénaient les fanatiques. On lui reprochait d'avoir échangé pour le bâton de maréchal la place d'Aigues-Mortes et de souffrir les amabilités de la cour. Reproches injustes, d'ailleurs, car nul ne manifestait plus d'indépendance. Seul il refusait du «monseigneur» au cardinal de Richelieu (Émile Magne (1877-1953), Madame de la Suze (Henriette de Coligny) et la société précieuse : documents inédits, 1908 - archive.org).

 

Anne de Polignac Ă©pousa Gaspard III en 1615 et mourut en 1651.  Elle lui donna quatre enfants : Maurice de Coligny, le fameux duelliste qui fut tuĂ© en 1644 par le duc Henri II de Guise, Gaspard IV, Henriette (Madame de la Suze) et Anne, Ă©pouse de Georges de Wurtemberg, comte de MontbĂ©liard (Coligny; protestants et catholiques en France au XVIe siècle, NumĂ©ro 1, 1972 - www.google.fr/books/edition).

 

Madame d'Hadington reçut de France un message douloureux. Pour la deuxième fois, les Guise portaient la discorde et la mort parmi les Coligny. Aux griefs de religion s'ajoutaient les rivalités d'amour. Maurice de Coligny servait humblement Anne de Bourbon-Condé, devenue la duchesse de Longueville. Henri de Guise participait aux largesses sexuelles de Mme de Montbazon. Des jalousies éclatèrent entre les deux femmes également vaines et vindicatives. Deux partis attisèrent les susceptibilités bouillonnantes. Place Royale, Guise et Coligny choisirent le prétexte de cette dispute pour noyer dans le sang les rancunes de leurs races. Les détails de cette aventure, où périssait misérablement son frère, désolèrent Mme d'Hadington. Et voici que la santé de son mari déclina, altérée par des excès intimes. La phtisie graduellement le gagnait. Les médecins prescrivirent un air vivifiant et des soins particuliers. Les terres d'Hamilton s'étendaient en Ecosse, aux environs d'Edimbourg. Les deux époux s'y transportèrent. Dans la mélancolie et la solitude, la maladie achemina vers a mort l'adolescent trop faible pour résister aux délices d'un amour emporté. Bientôt il rejoignait dans la tombe les aïeux dont il renonçait à représenter dignement la grandeur. Veuve, la comtesse ne s'éternisa point en un pays ravagé par la guerre civile et où nulle protection ne lui était offerte. Elle réalisa à la hâte les dix mille livres de douaire que lui concédait son contrat le mariage et réunit ses pierreries. Puis elle reprit la route de France. Cette expérience matrimoniale l'avait cruellement déçue. La vie lui semblait sans but désormais (Émile Magne (1877-1953), Madame de la Suze (Henriette de Coligny) et la société précieuse : documents inédits, 1908 - archive.org).

 

Le comte de la Suze

 

Pendant les longues guerres qu'eut à soutenir Louis XIII, roi de France, on se battit en Franche-Comté, en Lorraine et en Alsace. Le cardinal de la Vallette et le duc de Saxe-Weimar prirent plusieurs villes aux Impériaux. Gaspard de Champagne, comte de la Suze, qui était gouverneur de Montbéliard pour le roi de France, protecteur des princes de Wurtemberg, trouvant Belfort à sa convenance, s'en empara, en 1636, après une capitulation qui fut, dit-on, honorable pour les habitants presque déjà Français par leurs mœurs et par leur langage. Pour récompenser cette conquête, le roi, par un simple brevet, nomma, la même année, le comte de la Suze seigneur de Belfort; mais il ne jouit de cet honneur et des avantages qui y étaient attachés que jusqu'en 1654; car s'étant mis du parti des princes pendant la minorité de Louis XIV, il se trouva plus tard naturellement disgrâcié par ce monarque. Ayant voulu résister au roi, qui n'avait pas réservé ses droits dans le traité de Munster, il fut assiégé, en 1654, par le maréchal de la Ferté et forcé de se rendre à merci (A. Corret, Histoire pittoresque et anecdotique de Belfort et de ses environs, 1855 - books.google.fr).

 

Acrostiche : NN FG

 

NN, Nomen Nescio, «nom inconnu» (Stéphane Vanderveken, NN, Chroniques kosovares, 2014 - www.google.fr/books/edition).

 

Quand la duchesse de Chevreuse quitta la France, elle Ă©crivit une lettre sous un nom inconnu Ă  Monsieur de Marcilhac pour lui demander une aide matĂ©rielle : valets et carrosse (Victor Cousin, Madame de Chevreuse nouvelles Ă©tudes sur les femmes illustres et la sociĂ©tĂ© du 17e siècle, 1862 - www.google.fr/books/edition).

 

Ce prince de Marcilhac est François de la Rochefoucauld (1613 - 1680), l'auteur des Maximes et mémorialiste (Jean-Baptiste-Pierre Courcelles, Histoire généalogique, Tome 8, 1827 - www.google.fr/books/edition).

 

FG : abrĂ©viation de faubourg :

 

L’âge d’or de l’hôtel parisien commence au XVIe siècle, quand Paris redevient grâce à François Ier une capitale politique où l’État monarchique se centralise et se sédentarise ; il faut être à la Cour, près du roi… donc à Paris. [...] Sous Louis XIII, l’hôtel connaît un extraordinaire essor, tant sur le plan numérique (un érudit, Henri Sauval, croyait en compter deux mille en 1650 !) que sur le plan architectural : nouvelle distribution, nouvelles pièces (le vestibule, la chambre à alcôve ou le salon à l’italienne), nouveaux décors et révolution des escaliers…Au milieu du XVIIe siècle, les plus grands architectes rivalisent d’ingéniosité, comme Louis Le Vau au fameux hôtel Lambert, dans l’île Saint-Louis. Désormais, le Marais est au sommet de la mode, mais la fin du siècle, avec le départ du roi à Versailles (1682), marque un basculement qui conduit à l’essor de nouveaux quartiers, le faubourg Saint-Germain rive gauche, le faubourg Saint-Honoré rive droite (G.M., Les Trésors des hôtels particuliers, 2014 - www.connaissancesdeversailles.org).

 

L'hôtel de Chevreuse était celui qu'avait acheté le duc de Luynes à sa jeune femme rue Saint-Thomas du Louvre, et qui, laissé par le connétable à sa veuve, avait été vendu au duc de Chevreuse en mars 1622. Sur la rue Saint-Thomas, entre la rue du Doyenné et la rue Saint-Honoré, une grande porte monumentale, ornée de pilastres, de statues, de trophées, décorée de vantaux en bois sculpté garnis de médaillons à personnages, s'ouvrait sur une cour intérieure carrée de ce joli style français de la première moitié du XVIIe siècle, héritier des meilleures œuvres de la Renaissance. L'architecte Métezeau s'était inspiré du Louvre de Lescot : entre les fenêtres, des pilastres encadraient des niches ornées de statues surmontées de bandeaux plats et d'entablements ; plus haut, des fenêtres à frontons de pierre sculptée coupaient les combles. L'ensemble était riant. Un grand jardin s'étendait du côté du couchant, jusqu'à la rue Saint-Nicaise, où il était terminé par une grille. De ce côté, la façade, composée d'un corps central flanqué de deux pavillons élevés, avait belle apparence. Entre le Louvre et les Tuileries, dans un quartier tranquille, au milieu du réseau de petites rues qui couvraient la place actuelle du Carrousel, l'hôtel passait pour une des habitations les plus agréables et les plus luxueuses de la ville (Louis Batiffol, La duchesse de Chevreuse, 1914 - www.mediterranee-antique.fr).

 

Vers l'an 1400, les environs du Louvre s'appelaient toujours Faubourg de Saint Germain l'Auxerrois (Adolphe Berty, Topographie historique du vieux Paris, RĂ©gion du Louvre et des Tuileries, 1866 - www.google.fr/books/edition).

 

La rue de Luynes et le square de Luynes ont été ouverts en 1901 sur l'emplacement de l'Hôtel de Luynes démoli en 1900. Cet hôtel avait été construit en bordure de la rue Saint-Dominique (ex-n° 33) en en 1650, par Le Muet, pour Marie de Rohan-Montbazon, veuve, depuis 1621, du connétable de Luynes, puis remariée au duc de Chevreuse. Il fut un des premiers hôtels construits dans le faubourg Saint-Germain. La duchesse de Chevreuse vint l'occuper vers 1657, à la mort de son second mari, Charles de Lorraine, duc de Chevreuse. La célèbre frondeuse ne mourut pas (Jacques Hillairet, Rive gauche et les iles, 1954 - www.google.fr/books/edition).

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