MĂ©ridiens II, 49 1667 Les conseilliers
du premier monopole, Les conquérants seduits
par la Melite, Rodes, Bisance
pour leurs exposant pole, Terre faudra, les poursuivants de fuite. "exposant pole" La Terre faisant sa revolution
journaliere d'Occident en Orient sur son axe &
sur ses Poles, qui sont ceux du Monde, emmene avec elle l'Horison &
le Meridien , appliquez à quelque lieu particulier, l'Horison ayant été mis au degré du Meridien
qui termine la hauteur du pole de ce lieu, laquelle
se compte depuis le pole de la Terre jusqu'Ă son
cercle Horisontal. Faisant donc tourner avec le doigt le petit globe Terrestre sur son
axe avec son Horison & son Meridien
du côté d'Orient, en luy faisant faire une revolution entiere ; si on
la commence en exposant le Meridien Terrestre vis-Ă -vis du Soleil, & oĂą ses rayons
rencontrent son plan, on verra par l'arc du Méridien, compris entre l'Horison & le point du Méridien, exposé vis-à -vis du
Soleil [le pôle est un des points de tous les méridiens], quelle est sa hauteur meridiene ; ensuite
tournant le globe vers Orient, jusqu'Ă ce que son Horison
trouve vis-Ă -vis du rayon du Soleil, en sorte que ce rayon qui est conduit au
centre de la Terre, rencontre le plan de cet Horison.
Cela étant fait, on connoîtra le point de cet Horison où le Soleil se couche, & par ce moyen son
amplitude Occidentale, en continuant de mouvoir le petit globe, conjointement
avec le meridien & l'Horison
: on voit de même comme le lieu proposé parvient au meridien
de minuit, & quel est le plus grand abaissement du Soleil au-dessous de l'Horison; & enfin, l'apparence du lever du Soleil, &
son amplitude orientale, lorsque l'Horison sera dans
la disposition oĂą il doit ĂŞtre pour que les rayons du Soleil rencontrent son
plan, ce que l'on remarquera facilement, en imaginant pendant tout ce mouvement
diurne terrestre une ligne droite tirée du centre du Soleil par le centre de la
Terre Nicolas Bion, né en 1652, mort à Paris en 1733, est un ingénieur et cosmographe français, constructeur d'instruments de mathématiques. Il était l'ingénieur de Louis XIV pour les instruments de mathématiques. Il joignait dans ses écrits les connaissances théoriques à l’habileté du praticien. On lui doit aussi un “Traité de la construction et des principaux usages des instruments mathématiques”, “Description et usage d’un planisphère nouvellement construit” (1727) (fr.wikipedia.org - Nicolas Biob, www.livre-rare-book.com). Le mode d’élaboration des fuseaux est expliqué au XVIe siècle par Henricus Glareanus (1488-1563) dans le De geographia liber unus (Bâle, 1527), mais la méthode proposée ne peut donner que des résultats approximatifs, bien moins précis que ceux obtenus avec la méthode du Français Nicolas Bion (1652-1733) figurant dans l’Usage des globes célestes et terrestres de cet auteur. En fait, on s’est récemment aperçu que le procédé explicité par Bion était déjà en usage au xvie siècle, comme le prouvent le manuscrit du mathématicien Philipp Immser (1526-1570) et l’ouvrage d’Andreas Schöner (1528-1590), le Gnomonice, publié à Nuremberg en 1562. [...] La production gravée de Delisle a été précédée par un globe terrestre manuscrit que Guillaume et son père, Claude (1644-1720), ont présenté au chancelier Boucherat. Ce globe dessinait, sur la côte ouest de l’Amérique du Nord, une large échancrure où était localisée la mer de l’Ouest, inventée en 1669 par le missionnaire jésuite Claude Dablon. Cette mer, qui pourrait communiquer avec la région des Grands Lacs, semble avoir un grand intérêt stratégique, et son hypothétique existence est donc considérée comme un secret d’État. Guillaume se garde bien de la figurer sur ses globes imprimés et intente même un procès à Jean-Baptiste Nolin (1657-1708) qui a eu l’audace de la dessiner sur une grande mappemonde publiée en 1700. Assez curieusement, Delisle ne semble pas poursuivre Nicolas Bion (1652-1733), «ingénieur du roi pour les instruments de mathématiques», qui représente pourtant la mer de l’Ouest sur ses globes de 1712 (25 cm de diamètre) conservés en deux exemplaires. Il est vrai que Nolin est le graveur de Coronelli, concurrent de Delisle auprès du roi. [...] Didier Robert de Vaugondy est le fils de Gilles Robert Vaugondy, géographe ordinaire du roi, désigné par Pierre Moullart-Sanson comme l’un des héritiers du fonds cartographique des Sanson – Nicolas le père (1600-1667) et Guillaume le fils (1633-1703) –, les grands géographes français du XVIIe siècle. Didier Robert de Vaugondy s’intéresse assez vite à la production de globes, activité dont s’étaient abstenus Nicolas et Guillaume Sanson (Monique Pelletier, Les globes dans les collections françaises aux XVIIe et XVIIIe siècles, Cartographie de la France et du monde de la Renaissance au Siècle des lumières, 2002 - books.openedition.org). Dans une édition d'Amsterdam de 1700, la Description de tout l'univers des Sanson père et fils est précédée du Traité de cosmographie de Bion, d'où est tiré l'extrait portant sur l'"exposant pole" ci-dessus (Émile Péhant, Catalogue méthodique de la Bibliothèque Publique de la ville de Nantes, Tome 4, 1867 - books.google.fr). Le méridien de Paris, 1667 Le méridien de Paris est le méridien passant par le
centre de l'Observatoire de Paris. Il est situé à 2°20'13,82" à l'est de
celui de Greenwich (conventionnellement, la valeur adoptée par l'IGN est de
2°20'14,025"). L'importance historique et scientifique du méridien de
Paris est liée aux mesures d'arc de méridien qui lui correspondent : les
mesures de la MĂ©ridienne de France. Ces mesures sont Ă l'origine du
développement de la géodésie, ainsi que de la définition historique du mètre. Le méridien de Paris est défini le 21 juin 1667 par les
mathématiciens de l'Académie. En ce jour de solstice d'été ceux-ci tracent sur
le sol le méridien puis les autres directions nécessaires à l’implantation
exacte du futur Observatoire de Paris Tout commence par un voyage de l'abbé Picard à Uranibourg en 1671. Il met alors au point un système de triangulation géodésique après avoir visité les ruines de l'île où s'était retranché Ticho Brahé ; seul face au monde céleste, c'était le dernier des grands astronomes du seizième siècle. Après ce «pèlerinage», Picard présente un mémoire à Colbert pour dresser une carte du Royaume en commençant par un «châssis général», c'est-à -dire un réseau de triangulation et en prolongeant en premier lieu une méridienne d'un bout à l'autre de la France. Fantastique tracé que celui de cette méridienne, partie de Paris et qui aurait dû, le pensait-on, tomber au milieu des Pyrénées. De fait, elle liera Dunkerque, Paris, Perpignan, Barcelone ! «Nous n'en voulions qu'au ciel», écrivit Picard dans son journal (B.N. Ge 00 1732) ; pourtant, il vient de jeter «les bases» du premier travail global sur le territoire, celui qui permit tous les jeux possibles d'aménagement après un repérage de l'ensemble des ressources. Cadrer la nation n'était toutefois possible qu'en faisant cumuler la mesure du temps (pour les longitudes) avec celle des espaces (Bruno-Henri Vayssiere, Philippe Pinchemel, A propos d'une nouvelle économie politique sous l'Ancien Régime : formation du territoire national et travaux de la carte de France. In: Bulletin de l'Association de géographes français, N°462-463, 56e année, Mai-octobre 1979 - www.persee.fr). Rhodes et Byzance On va dire que Paris ce n'est pas exactement de ce
côté-là . Les premières mesures, effectuées dans l'Antiquité, ont
concerné la grandeur de la Terre, les suivantes, sa forme. Anaxagore de
Clazomènes, à qui l'on attribue la première carte, aurait été, selon la
doxographie, l'un des tout premiers à procéder à cette mesure. Puis il y eut
Eudoxe de Cnide, l'homme des 27 sphères, qui, selon Aristote, aurait trouvé 400
000 stades pour le tour de la Terre. Puis Dicéarque
de Messine (autour de 300 avant J.-C.). Quant Ă Aristarque de Samos,
abondamment cité par Archimède dans L'Arénaire, il aurait, suivant les termes
du Syracusain, posé «quelques hypothèses» sur la grandeur de la Terre. De ce
que l'on sait d'elles, ces mesures s'appuient sur l'évaluation d'un arc de méridien, presque
toujours celui de Rhodes, le grand méridien de l'Antiquité, dont il était
acquis qu'il passait, au nord, par Byzance, au sud, par Alexandrie, pour, Ă©pousant
le cours du Nil, traverser Syène (Assouan) et aborder tout au sud la légendaire
Méroé, en Éthiopie, «au parallèle du pays de la cannelle». Grand méridien de
l'Antiquité, il était l'AXE DU MONDE, la Perpendiculaire sur laquelle s'appuie
la carte de l'œcumène, le monde habité des Grecs, qui
s'étendait des colonnes d'Hercule (Gibraltar) à la chaîne du Taurus Devant l'heureuse fortune de Rhodes, l'observateur moderne voudrait comprendre, d'autant plus que, mis à part les avantages de la situation géographique, tout, dans le destin de l'île, a dépendu du rôle des hommes. Certes, la géographie a comblé Rhodes. Pour une navigation confinée au cabotage, Rhodes représente un point de passage obligé entre Athènes et les îles de la mer Égée, d'une part, Chypre et l'Égypte, d'autre part. C'est pourquoi la fondation d'Alexandrie et le développement immédiat de son commerce devaient profiter aussitôt à Rhodes. À quoi s'ajoute encore le fait que l'axe général du monde grec se déplace vers l'est à la suite des conquêtes d'Alexandre. Rhodes est au milieu d'un ensemble nouveau qui s'étend de la Macédoine à la Syrie, de l'Asie Mineure à l'Égypte. Pour les Romains encore, Rhodes restera l'étape de rigueur vers l'Orient. La situation géographique, jointe à l'activité qu'y déploient les scientifiques, fera de Rhodes le centre des cartes antiques, où se croisent la latitude de 36° (Colonnes d'Hercule, Athènes, Rhodes et le Taunus) mise à l'honneur par Dicéarque, et le méridien de Syène, Alexandrie, Rhodes et Byzance, exploité par Eratosthène - au prix d'une approximation inévitable dans l'antiquité. Parce que Rhodes est au centre du monde hellénistique, l'astronome peut y observer le ciel tel qu'il apparaît au plus grand nombre de Grecs (d'où les sphères armillaires conçues pour le site de Rhodes). Au surplus, quand il s'installe dans l'île pour y procéder à des observations et à des mesures d'une précision sans précédent, Hipparque est à portée des trois foyers du savoir astronomique dont il recueille l'héritage : la Grèce, la Mésopotamie et l'Égypte (Jacques-Henri Michel, Rhodes ou le dynamisme de l'Etat-cité à l'époque hellénistique, Latomus N° 240, 1998 - books.google.fr). Conseillers Nicolas Sanson, IIIème du nom, envoyé par son père, avec ses deux frères, au collège d'Abbeville, pour y faire ses études, y fit de si grands progrès dans les sciences, & sur-tout la géographie, qu'en peu de tems il s'acquit la réputation du plus grand Géographe de son siécle. Louis XIV le nomma son Géographe ordinaire, & Conseiller d'Etat (François Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse, Tome XV, 1786 - books.google.fr). Ses deux fils Adrien (1639-1718) et Guillaume (1633-1703) prirent sa succession en tant que géographes du roi, et transmirent cette charge à leur petit-neveu Robert de Vaugondy (fr.wikipedia.org - Nicolas Sanson (cartographe)). L'Académie des sciences de Paris tint d'abord ses séances
dans la bibliothèque du roi, puis au Louvre, enfin dans le palais des
Beaux-Arts. Après avoir établi l'academie des
Inscriptions, Colbert s'occupa du projet de fonder une académie des sciences.
Il se fit donner un mémoire de tous les gens de lettres qui s'assemblaient chez
M. de Montmort, conseiller
d'Etat, ainsi que de tous les savants répandus dans le royaume et même dans
les pays étrangers. Voici les choix qui résultèrent de cette recherche : MM. Carcavi, Roberval, Huyghens, Frenicle, Picard, Duclos, Bourdelin,
Delachambre, Perrault, Auzout, Pecquet, Buot, Gayant, Mariotte et Marchand, noms aujourd'hui pour
la plupart ignorés. Dans la suite on y joignit Duhamel, abbé de Saint-Lambert;
l'abbé Galois ; Blondel, architecte ; Dominique de Cassini, que M. Carcavi fit venir de Bologne, où il était professeur ; Lahire, etc. A Gayant succéda peu de temps après à Du Verney. Cette académie devait s'exercer sur cinq sciences paincipales : les mathematiques,
l'astronomie, la botanique, la chimie et l'anatomie. BientĂ´t on proposa de
joindre à ces sciences celle de la théologie : Colbert adopta la proposition; et
l'abbé Ogier, le plus célebre
prédicateur de son temps, fut nomme pour cette
science ; mais la Sorbonne alarmée vint se plaindre qu'on empiétait sur ses
attributions : M. Colbert se rendit Ă ses remontrances. On ne pensait pas alors
qu'en l'associant à des sciences exactes, la théologie n'avait que des
humiliations et des revers Ă Ă©prouver. Une autre chose digne de remarque, c'est
que le gouvernement crut necessaire d'ordonner aux
astronomes de ne point s'appliquer Ă l'astrologie judiciaire, et aux chimistes
de ne point chercher la pierre philosophale. Cette académie tint ses premières
séances, en 1666, dans une salle basse de la bibliothèque du roi, où l'on
construisit un laboratoire pour les chimistes ; et en mĂŞme temps pour les
astronomes, on fit bâtir ailleurs l'Observatoire. Jusqu'en 1699, cette académie
exista en vertu d'autorisation du roi; ce ne fut qu'en cette année qu'elle
reçut une forme stable, un règlement, une existence légale. et
un appartement au Louvre. Tous ces avantages furent confirmés par
lettres-patentes de février 1713 Pierre de Carcavi remplissait officieusement les fonctions de
directeur de l'Académie. Cet exercice confirme la présence du réseau des
savants colbertiens dans la première Académie des
sciences. Conseiller Ă partir de 1632 au
parlement de Toulouse, où il fréquente Fermat, Carcavy
entretient également un réseau de correspondance avec Descartes et Torricelli.
Il se lie avec Pascal, le père Mersenne, Roberval et Huygens. Entré en relation
avec Colbert, celui-ci le charge de classer sa bibliothèque puis le fait entrer
à la bibliothèque du roi dont il assure la direction à partir de 1663.
Directeur officieux de l'Académie des sciences à partir de décembre 1666, il a rempli
cette charge jusqu'à la mort de Colbert Fermat était aussi conseiller au Parlement de Toulouse. L'Académie royale des sciences donne aux cartographes les moyens de progresser. Fondée en 1666, elle a mis immédiatement au point de nouveaux instruments munis de lunettes qui permettent d'effectuer des mesures à quelques secondes près. Quarts-de-cercle, sextants et pendules contribuent à la qualité des observations astronomiques Les premières mesures géodésiques, qui allient mesures astronomiques et triangulation, sont effectuées de 1668 à 1670 par l'abbé Jean Picard entre Sourdon (en Picardie) et Malvoisine (aux confins du Gâtinais et de l'Hurepoix) ; elles poursuivent un double objectif : servir de base à la cartographie de la France et contribuer à la mesure de la Terre (Monique Pelletier, Science et cartographie marine, La percée de l'Europe sur les océans vers 1690-vers 1790: Actes du colloque du Comité de documentation historique de la marin, 1997 - books.google.fr). En 1669, Picard et Auzout, inventeurs du réticule et du
micromètre pour la mesure des diamètres apparents (1667), fixèrent les lunettes
aux quarts de cercle, et ceux-ci furent alors en usage au lieu des pinnules et
alidades on se servait auparavant. Puis, le cercle entier ayant remplacé le
quart de cercle, on eut le cercle méridien et la lunette méridienne. Enfin pour
suivre les astres dans leur course au-dessus de l'horizon, on imagina la
lunette équatoriale, mue par un mouvement d'horlogerie et décrivant le
parallèle de l'astre observé Monopole Menochio, De arbiitrariis indicus quaestionibus, et causis, Venezia 1576 : «Monopolium appellamus primum quando apud aliquem solum potestas est vendendi alicuius rei speciem» (Jacobi Menochius, Opera, 1606 - books.google.fr). Philippe II, roi d'Espagne, fit de Menochio (1532 - 1607), célèbre jurisconsulte, conseiller puis président du conseil de Milan (Le grand dictionaire historique, Tome III, 1724 - books.google.fr). Un consilium de Menochio porte sur le compte des jours suivant les peuples de l'Antiquité, en particulier les Etrusques de midi à midi (Giacomo Menochio, Consiliorum sive Responsorum libri tredecim, Tome 14, 1676 - books.google.fr). Menochio (1532–1607) maintained that she clearly separated the two, presenting her views only as scientific theory and and acknowledging that theology offered the true explanation (Meredith K. Ray, Daughters of Alchemy, 2015 - books.google.fr). Son fils se fera jésuite. Jean-Etienne Menochio, né à Pavie en 1575, mort à Rome en 1655, publia en deux forts volumes une Brève explication du sens littéral de toute l'Ecriture sainte, d'après les meilleurs auteurs s (Cologne 1630). [...] Menochio reste fidèle à la méthode traditionnelle d'interprétation, mais il recommande la prudence dans la recherche du quadruple sens, surtout pour le Nouveau Testament. Il admet comme légitime l'accommodation à des significations étrangères au véritable sens du texte, mais il reconnaît que la tâche essentielle de l'interprète est de bien expliquer le sens littéral. Cette Brève Explication est devenue un ouvrage classique; elle a été constamment rééditée et remaniée jusqu'au XIX' siècle, où l'on compte encore quatorze réimpressions du commentaire de Menochio, accompagnant la traduction française de la Bible par Carrière. L'auteur qui a joui d'une si extraordinaire fortune a cependant été jugé assez sévèrement par Richard Simon : «Il est trop court et il n'en dit pas assez pour ceux qui veulent avoir de la Bible une connaissance plus que médiocre» (Victor Baroni, La Contre-Réforme devant la Bible: la question biblique, 1943 - books.google.fr, Pierre-Noël Mayaud, Le conflit entre l'astronomie nouvelle et l'Écriture sainte aux XVIe et XVIIe siècles: un moment de l'histoire des idées autour de l'affaire Galilée. Dossier A : extraits d'ouvrages exégétiques, Tome 2, 2005 - books.google.fr). La cartographie n'avait pas comme finalité unique la
connaissance et l'exploitation des mondes lointains. L'autorité politique
l'utilisait aussi pour gĂ©rer son propre territoire. Elle a donc servi aussi Ă
dessiner avec une grande précision les territoires nationaux. Les opérations de terrain (triangulation,
nivellement) qui permettent la confection de la carte Ă grande Ă©chelle sont
devenues un monopole régalien, pour des raisons militaires. On a pu parler
à ce sujet de souveraineté cartographique. L'accès libre à la carte à grande
échelle est un indice sûr de démocratie. Dans un pays totalitaire, le voyageur
muni d'une carte à grande échelle est vite soupçonné d'espionnage La représentation graphique du royaume structure donc,
dès le XVIe siècle, une attente politique forte : d’Oronce
Fine à Louis le Boulenger, les premières cartes sont des instruments d’exercice
du pouvoir. L’introduction progressive de ces productions dans le régime
s’opère précisément au moment où l’Académie des sciences offre la surface
scientifique, technique et bureaucratique qui permet la réalisation d’un projet
d’ampleur. L’abbé Picard, le premier, imagine, en 1681, une triangulation du
royaume qui restituerait graphiquement la réalité de l’espace souverain.
Colbert confie finalement une première réalisation à Jean-Dominique Cassini,
qui dirige le tout nouvel Observatoire de Paris Colbert se dresse contre le monopole hollandais qui concerne les atlas terrestres et maritimes. Le 21 avril 1670, il écrit à Colbert de Terron : «Il faut penser à faire faire des cartes marines de tous nos voyages, afin de nous tirer une fois de la nécessité de passes par les mains des Hollandois, et de render plus correct ce qu'ils ont fait jusqu'à present». A la nouvelle Académie des sciences le ministre confie une réflexion sur les méthodes de la cartographie et il lance la grande entreprise du Neptune françois (Monique Pelletier, Science et cartographie marine, La percée de l'Europe sur les océans vers 1690-vers 1790: Actes du colloque du Comité de documentation historique de la marin, 1997 - books.google.fr). Cette publication est en quelque sorte l'acte de naissance du futur Service hydrographique, qui débute dans la vie sous le nom de «Dépôt général des cartes et plans, journaux et mémoires concernant la navigation», dirigé par le chevalier Charles Hercule d'Albert de Luynes (1674 - 1734) (André Gillet, Une histoire du point en mer. L'inconnu bien-aimé: L'inconnu bien-aimé, 2014 - books.google.fr). En somme, avec la création en 1720, du «dépôt général des cartes et plans, journaux et mémoires concernant la navigation» (1720), la longue tradition de tutelle de l'État sur la cartographie marine se précise, s'étend et se codifie dans un strict monopole de caractère officiel, qui ne changera pas à l'avenir (Annales hydrographiques, 1998 - books.google.fr). Un véritable partage du monde nouveau car le complément du Traité de 1494, le Traité de Saragosse signé en 1529 entre Jean III et Charles Quint, a délimité la part des Iles Moluques attribuées à l'Espagne, Océans Atlantique et Pacifique confondus, en référence à l'ouest du méridien de Tordesillas : le Brésil, l'Afrique et l'Océan indien appartenaient désormais au domaine portugais. Or, ce partage du monde et cette stratégie frontalière de monopole s'intègrent remarquablement dans la triple expansion militaire, religieuse et marchande d'une finis terrae européenne prolongeant outre-mer les forces demeurées dynamiques d'une féodalité en crise dont l'Etat monarchique assume le soutien. A la recherche d'une Asie aux multiples richesses, temporelles et spirituelles, dont le Portugal s'affirmait le conquérant potentiel en entreprenant une découverte systématique des routes atlantiques permettant de contourner l'Afrique, l'Espagne a substitué la voie océane directe. Cette voie océane dont la ligne de fuite horizontale vers l'ouest se heurtait à la méridianité d'un continent se trouva donc partagée à Tordesillas (Guy Martinière, Frontières coloniales en Amérique du sud : entre «tierra firme» et «Maranhão». Cahiers des Amériques latines, N° 18 (Série Sciences de l’Homme), 1978 - books.google.fr, Enali Leca De Biaggi, Martine Droulers, Cartographie et formation territoriale, Cahiers des Amériques latines, N° 34, Redécouvrir le Brésil, 2000 - journals.openedition.org). "conquérants" 1667. Louis XIV, en développant avec Colbert toutes les
ressources du royaume. s'est ménagé les moyens de
jouer le rôle de conquérant. Première guerre, pour le droit de dévolution
contre l'Espagne ; occupation de diverses places des Pays-Bas et de la Franche-Comté (1668) Le dramaturge Racine avait donc exactement prévu, dans sa
dédicace au roi de sa pièce Alexandre le Grand (1665), la transformation de Louis XIV en roi conquérant : "...je prévois
que [...] Votre Majesté se couvrira Elle-même d'une gloire toute nouvelle; que
nous La reverrons, peut- être, à la tête d'une armée, achever la comparaison
qu'on peut faire d'Elle et d'Alexandre, et ajouter le titre de conquĂ©rant Ă
celui du plus sage roi de la terre" "Terre
faudra" Cassini, aidé
par Chazelles, prolongeant vers le sud (1683 - 1702)
le travail de Picard (1669 - 1670), et de La Hire au
nord de Paris (1683 peu après la mort de Picard), acheva les opérations de la méridienne de l'Observatoire jusqu'à la
Méditerranée où la terre fait défaut. Le méridien de
Paris entre dans la mer Méditerranée dans les environs de Barcelone. En
1683, Louis XIV ordonne aux mathématiciens de l'Académie des Sciences de
continuer l'entreprise et de prolonger la méridienne vers le nord et le sud
jusqu'aux frontières du royaume. Les travaux débutent la même année.
Jean-Dominique Cassini (dit Cassini I), chargé des opérations, se dirige vers
le Sud et de La Hire part vers le Nord. Après la mort
de Colbert (septembre 1683), les travaux s'arrĂŞtent, reprennent en 1700-1701,
avec, pour aider son père la participation de Jacques Cassini (Cassini II). Ils
s'arrêtent de nouveau pour n'être repris et terminés qu'en 1718 par Jacques
Cassini, Maraldi et le fils de La Hire Poursuivre le méridien Dix-sept années s'écoulerent
avant que l'on reprit la description de la Méridienne; enfin vers 1700, le Roi informé par M. le Comte de Pontchartrain & M.
l'Abbé Bignon, des avantages à tirer de la continuation de ce travail, ordonna
d'en poursuivre l'exécution, elle fut reprise avec ardeur et totalement achevée
dans la partie méridionale du Royaume en 1701. Il ne restoit
plus qu'Ă prolonger dans un petit espace, depuis Amiens jusqu'Ă Dunkerque, les
mesures de Picard, vers le Nord, pour avoir la Méridienne tracée d'un bout a l'autre de la France, et la mesure de 8° et demi du
méridien. Mais de nouveaux obstacles vinrent encore à la traverse. Ils ne
furent levĂ©s qu'en 1718, oĂą grâces Ă ce zele et Ă
cette persévérance, dont les sciences seules rendent les hommes capables; cette
grande entreprise, commencée en 1669, quittée et reprise à plusieurs fois,
parvint à son entiere exécution, au bout de cinquante années Ligne de "fuite" De même que la peinture médiévale était sans perspective,
la carte médiévale était sans projection rigoureuse ; la Renaissance leur
fournit à l'une et à l'autre cette «charpente géométrique» qui signifie
domestication de l'espace humain. L'analogie n'est nulle part plus Ă©vidente que
lorsqu'on considère la projection trapéziforme de
Nicolaus Germanus, si populaire Ă la fin du XVe
siècle : la convergence des méridiens
vers les pĂ´les Ă©voque tout naturellement les lignes de fuite filant vers un
point de convergence. Tout au long du XVIe siècle, la géographie ne renonce
pas à la perspective qui apparaît parfois comme un succédané de la projection :
toute la cartographie régionale de la Renaissance nous a montré cet
affrontement entre la représentation en perspective, plus libre mais plus évocatrice, et la représentation en
plan plus rigoureuse et plus abstraite "la MĂ©lite" : Melitta ou l'impuissance Selon le conseiller De Lancre,
Bacchus enseigne à Melita un sortilège pour un
retour d'affection, cela pour discourir sur les pouvoirs de nouer ou dénouer l'aiguillette des prétendus sorciers qu'il
pourchassa dans le sud-ouest de la France Il semble que De Lancre prenne Bacchis pour le dieu Bacchus et l'orthographe du nom de la courtisane est Melitta (du grec "abeille", comme "melissa") (Lucien de Samosate, Dialogue des courtisanes - remacle.org). Une Melissa épousa son frère Inachus et enfanta Phoronée le premier roi de Grèce. Il rassembla des populations dispersées en société en créant la cité d'Argos.
Le Déluge d'Ogygès arriva sous le règne de Phoronée. Point n'est besoin de rappeler l'existence du Démon de
Midi. On sait que les tentations de l'Esprit du Mal obligent Ă solliciter la
délivrance ab incursu et Dœmonio meridiano. Et d'ailleurs, remarque le conseiller de Lancre
(Tableau de l'inconstance des démons), après Nicetas
et Teodoret, Ă
midi : La nature tient les hommes plus
oppressez de vapeurs, et le monde se trouve plus paresseux, oisif et opprimé de
vin, viande et de sommeil qu'en tout autre que le Diable vaque plus en ces
heures esquelles il sait qu'il aura plutĂ´t audience
qu'en tout le reste du jour et de la nuit Et ce que les Peres
Iesuistes escriuirent au
bon Pere Loyola, qu'Ă Lorete
y auoit des Demons,
lesquels pour effaroucher ces bons Peres, & les détourner de la deuotion qui est finguliere &
non-pareille en ce lieu, les frappoient
& tourmentoient mesme en plein midy, estoit-ce resuerie
& en songe qu'ils se trouuoient terrassez &
prosternez par terre ? Au chapitre 2 du De sphœra de
Jean de Sacrobosco, traité élémentaire d'astronomie composé au XIIIe siècle qui
connaîtra une extraordinaire fortune pendant toute la période médiévale et
jusqu'au XVIIe siècle, on lit la définition suivante du méridien : "Le
cercle méridien est le cercle qui passe par les pôles du monde et par le zénith
de notre tête. Il est dit méridien parce que, en quelque lieu qu'un homme se
trouve et à n'importe quel moment de l'année, il est midi pour cet homme-là . Pour cette même raison, le méridien est dit
cercle du milieu du jour. Et il faut noter que quand une ville est plus Ă
l'orient que d'autres, ces villes ont des méridiens différents. L'arc
d'équateur compris entre ces deux méridiens mesure la "longitude"
entre ces villes. Si deux villes ont le même méridien, elles sont également
distantes de l'orient et de l'occident" Le mot a d'abord été employé comme adjectif, avec une
valeur figurée, dans diable méridien (remplacé plus tard par démon de midi) et
au sens propre dans eure (heure) méridienne (v.
1260). Le mot est substantivé (1377, meridian) pour
désigner le demi-cercle imaginaire qui passe par les pôles Henri, roi de Castille dit l'impuissant avait répudié sa
première femme, Blanche d'Aragon, sous prétexte de sortilège. Il fut déposé en 1465 Alphonse VI de
Portugal dit le Victorieux, né
le 21 août 1643 et mort le 12 septembre 1683, est roi de Portugal et des Algarves de 1656 à 1683, le second issu de la maison de
Bragance. Deuxième fils de Jean IV, il devient héritier de la couronne à la
mort Ă l'âge de 19 ans de son frère aĂ®nĂ©, ThĂ©odose le 13 mai 1653. Il succède Ă
l'âge de 13 ans à son père Jean IV mort le 6 novembre 1656, sous la régence de
sa mère Louise-Françoise de Guzmán jusqu'au 28 juin 1662. En 1666, il épouse
Marie-Françoise-Élisabeth de Savoie. Le
roi se révèle impuissant. Sa conduite, notamment envers son épouse, sa
faiblesse physique (il est épileptique) et son instabilité mentale, provoquent
une crise de régime. La reine devient la maîtresse de son frère Pierre. Une
cabale des deux amants leur permet de faire proclamer la déchéance du roi et de
faire renvoyer son premier ministre LuĂs de Vasconcelos e Sousa (pt), comte de Castelho
Melhor en 1667. Les
Cortes prononcent sa dĂ©chĂ©ance le 24 novembre 1667 et donnent la rĂ©gence Ă
son frère Pierre. Celui-ci épouse Marie Françoise de Savoie-Nemours après
l'annulation du mariage de son frère le 2 avril 1668. C'est aussi à cette
période que roi de France, Louis XIV conclut le 31 mars 1667 avec Alphonse VI
une nouvelle alliance qui oblige la monarchie espagnole Ă mettre fin Ă la
guerre en signant le traité de l'indépendance du Portugal à Lisbonne le 13
février 1668. À la suite de sa
déchéance, Alphonse est envoyé à Terceira, aux Açores, où il reste jusqu'en
1675. Rentré au Portugal, il demeure au château de Sintra jusqu'à sa mort en 1683 Ptolémée prit pour origine le grand cercle passant par
les îles Canaries, sans préciser quelle île, car il les a placées du Nord au
Sud sur le même méridien : de cette extrémité du Monde connu alors, il a compté
les degrés d'Ouest en Est. [...] Le choix du premier méridien se compliquait
alors du problème de la déclinaison magnétique que Colomb avait découverte mais
qu'il avait crue nulle et invariable vers les Açores. Par ailleurs, le traité
de Tordesillas (1494) partageait le Monde à découvrir entre les Espagnols et
les Portugais selon un grand cercle à 370 lieues à l'ouest des îles du
Cap-Vert. On était tenté de faire coïncider ces trois notions. Par exemple Mercator affirmait que le méridien de l'île
Corvo (Açores) est «commun à l'aiguille
aimantée et au pôle du Monde». Dans son curieux petit ouvrage sur Le
Point du jour, 1629, Nicolas Bergier remarquait, p.
64-65 : «Les nouveaux cosmographes l'ont recullé vers l'Occident jusques sur les isles
Flamandes vulgairement appelées les Azores... en cet endroit... ladite esguille tiendroict droit au
point dudit Pole sans varier ne çà ne là » Conquête amoureuse Un des moyens les plus efficaces de la conquête amoureuse est la magie. Deux
courtisanes, l'affreuse Gorgona et la jeune Melitta, et
l'éphèbe Glaukias ont recours aux passes, incantations
et amulettes des spécialistes (D. mer. 1 ; 4 ; 8, 3. ps.
14). On ne peut méconnaître la couleur comique et accessoirement élégiaque
(c'est-Ă -dire dans une certaine mesure mimique) de ces pratiques. Elles ont
d'ailleurs passé dans les déclamations et de là dans le roman - il suffit de
penser aux sortilèges décisifs du prêtre égyptien dans le roman d'Antonius Diogène. Ce sont les mêmes
clichés qui peignent les mêmes effets redoutables, par exemple dans les
Thesmophories (561) et dans le premier Dialogue des courtisanes Madame de Montespan ou Athénaïs de Montespan, à l'origine Françoise de Rochechouart de Mortemart, aussi appelée Mademoiselle de Tonnay-Charente, est née le 5 octobre 1640 à Lussac-les-Châteaux et morte le 27 mai 1707 à Bourbon-l'Archambault. Elle tient son nom le plus célèbre de son mariage (1663) avec Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, qui lui donne le titre de marquise de Montespan. Elle rencontre Louis XIV à l'automne 1666. Occupé par son amour pour sa favorite, Louise de La Vallière, il ne fait tout d'abord pas attention à elle. Mais, lorsqu'elle se lie avec la duchesse, le roi, la rencontrant souvent chez sa maîtresse et chez la reine, remarque sa conversation piquante, naturelle et enjouée. La marquise devient la maîtresse du roi en mai 1667. Son mari fait un scandale à la cour lorsqu'il apprend la nouvelle. Il est promptement enfermé au For-l'Évêque, puis exilé sur ses terres, en Gascogne, d'où il ne sort presque plus jusqu'à sa mort en 1691. En 1680, au moment de l'affaire des Poisons, elle est accusée par plusieurs prisonniers d'avoir donné au roi à son insu des aphrodisiaques, d'avoir fait dire des messes noires, accompagnées de sacrifices d'enfants, et d'avoir cherché la mort du roi et de la nouvelle favorite, Mademoiselle de Fontanges. Les historiens peinent à démêler le vrai du faux. Toujours est-il qu'elle ne fut pas inquiétée. (fr.wikipedia.org - Madame de Montespan). En 1680, le lieutenant de police La Reynie écrira à Louvois, lors de l'Affaire des Poisons : «Il résulte de l'interrogatoire de Lesage et de Mariette que, dès 1667, Mme de Montespan était entre les mains de la Voisin qui avait déjà fait pour elle des conjurations contre La Vallière et fait passer quelques poudres sous le calice par Mariette. La Voisin fit connaître Lesage à Mme de Montespan. La Voisin, Lesage, Mariette et d'autres s'étaient déjà concertés : Mariette et Lesage étaient allés au château de SaintGermain au début de 1668, dans le logement occupé par Mme de Thianges. Ils avaient fait des cérémonies qui avaient le sacrilège pour base, et Mme de Montespan récitait pendant ce temps une conjuration que Lesage et Mariette avaient écrite. Le roi y était nommé avec Mme de Montespan et Mlle de La Vallière. Mme de Montespan avait donné à Mariette deux cœurs de pigeon pour qu'il y dise la messe dessus et les faire passer sous le calice. Cette messe fut dite à SaintSéverin devant Mme de Montespan ; puis elle alla dans la chambre de Mariette, où les mêmes cérémonies qu'à Saint-Germain furent dites. Lesage dit que l'on apporta des os de mort aux cérémonies pour faire mourir La vallière» (Georges Bordonove, Louis XIV. Le Roi-Soleil, 1982 - books.google.fr). C'est chez les d'Albret, en 1663, que Françoise de Montespan change son prénom. Entraînée par son époux et son frère dans ce cercle précieux, elle y devient «Athénaïse» ou «Athénaïs». Le nom d'Athéna, déesse de la guerre et de la sagesse, protectrice des arts et de la cité d'Athènes, née de la cuisse de son père Zeus, convient parfaitement à la belle marquise, fière et intelligente (Agnès Walch, Duel pour un roi. Mme de Montespan contre Mme de Maintenon, 2014 - books.google.fr). Ce prénom grec, comme Melitta, pouvait constituer un présage de gloire comparable à celle d'Alexandre le Grand pour le roi Louis XIV. Par bonheur Strabon nous a conservé le récit de Callisthène, qui n'a pas été rédigé sans l'approbation d'Alexandre : «Callisthène donc dit qu'Alexandre désirait très fort monter vers l'oracle, depuis qu'il avait appris que Persée autrefois et Héraclès y étaient allés. Parti de Paraitonion, malgré les vents du sud, il tint bon ; égaré par la poussière, il fut sauvé par la venue de pluies et par deux corbeaux qui guidèrent sa route. [...] C'est au roi seul que le grand-prêtre permit de pénétrer dans le temple avec son habit ordinaire, les autres changèrent de vêtements, et tout le monde écouta dehors la réponse de l'oracle, à l'exception d'Alexandre, qui était à l'intérieur ; les réponses n'étaient pas rendues oralement comme à Delphes et chez les Branchides, mais en grande partie par gestes et par signes, comme chez Homère : Il dit et le Cronide fit un signe de ses sourcils bleu-sombre, le devin tenant le rôle de Zeus. L'homme toutefois avait dit expressément au roi qu'il était le fils de Zeus. [...] Callisthène ajoute encore ceci : alors qu'Apollon avait abandonné l'oracle des Branchides depuis que son sanctuaire avait été pillé par les Branchides, qui avaient pris le parti des Perses au temps de Xerxès, et que, d'autre part, la fontaine avait cessé de couler, elle avait alors repris, et des députés de Milet avaient apporté à Memphis de nombreux oracles relatifs à la filiation d'Alexandre avec Zeus, à la future victoire d'Arbèles, à la mort de Darius et au soulèvement de Lacédémone. Callisthène dit encore que l'Érythréenne Athénaïs proclama sa noble origine : c'était une femme semblable à l'ancienne sibylle d'Érythrée.» La citation est abrégée ; Strabon n'a pas consulté directement Callisthène. Mais il est certain que le panégyriste officiel a voulu mettre en relief trois éléments : l'assistance divine, la filiation divine et la confirmation par les oracles (Paul Pédech, Historiens, compagnons d'Alexandre: Callisthène, Onésicrite, Néarque, Ptolémée, Aristobule, 1984 - books.google.fr). Une troisième consécration de l'origine surnaturelle du roi vint de la Sibylle d'Érythrées, Athénaïs : elle vaticina, elle aussi, dans le même sens que l'oracle didyméen. Alexandre fils de Zeus, Alexandre monarque universel, Alexandre conquérant invincible, telle était la foi à laquelle se ralliait tout ce qui en Orient écoutait les enseignements de la mantique. Il est visible que le pèlerinage au sanctuaire d'Ammon exerça une influence décisive sur la pensée du jeune Argéade. Ce qui a pu jusque-là n'être que le rêve d'une imagination débordante se précise en une doctrine logique, ou le thème religieux de la filiation divine sert de base à la conception politique de la domination du monde. L'Antiquité en jugea de la sorte. A une époque où les récits contemporains de la conquête macédonienne subsistaient encore et où l'on avait les témoignages originaux sous les yeux, un écrivain qui, si peu historien qu'il soit, n'en reflète pas moins les opinions courantes sur le passé de la Grèce, Lucien de Samosate, a nettement dessiné la physionomie historique du vainqueur d'Issus (Georges Radet, Alexandre le Grand, 1931 - books.google.fr). Hétaïre réputée à Athènes pour sa beauté, Thaïs séduit notamment Ménandre, le poète comique, qui donne son nom à l'une de ses pièces. Elle accompagne l'expédition d'Alexandre le Grand en Asie, soit depuis le départ, soit depuis le séjour en Égypte, peut-être déjà en qualité de maîtresse de Ptolémée. La tradition veut que ce soit elle qui, à l'issue d'une nuit orgiaque, met dans la main d'Alexandre la torche qui embrase Persépolis en 330 av. J.-C, pour venger l'incendie d'Athènes par les Perses (fr.wikipedia.org - Thaïs). Mylitta L'hypothèse selon laquelle le nom de Melitta
serait une transcription grecque populaire de l'épithète orientale Mylitta, nom d'une déesse de la nature, a été acceptée par Imhoof-Blûmer ; cf. W. Roscher, Lex.,
s. v. Melissa, p. 2640 Suivant Hérodote, à Babylone les femmes nées dans le pays étaient obligées, au moins une fois dans leur vie, de se rendre au temple de Mylitta pour s'y prostituer à des étrangers ; elles ne pouvaient retourner chez elles que si quelque étranger leur avait jeté sur les genoux quelque argent et les avait invitées au coït hors du lieu sacré : cet argent devenait sacré (Livre I, 199) (Cesare Lombroso, La femme criminelle et la prostituée, traduit par Louise Meille, 1991 - books.google.fr). J'ai avancé cette supposition sur le texte d'Hérodote (Livre I, 131), d'après lequel
Mitra des Perses est la mĂŞme que Mylitta babylonienne, Alitta des Arabes, ou VĂ©nus Uranie (AnaĂŻtis
de Strabon). [...] Je persiste à dire que Mithra (le génie médiateur, générateur) et Mylitta ou Anaitis (le principe
femelle de la génération) sont deux êtres différents Le nom de Mithra procède d'une racine *mei- (qui implique l'idée d'échange), assortie d'un suffixe
instrumental. C'est donc un moyen d'échange, le «contrat» qui règle les rapports
humains et fonde la vie sociale. En sanskrit, mitra signifie «ami» ou «amitié»,
comme mihr en persan. En zend, mithra
désigne précisément le «contrat», qui a donc fini par être divinisé suivant le
même processus que Venus, le «charme» chez les Romains Mithra, le
dieu du contrat, est qualifié de mésitès, c'est-à -dire d'intermédiaire Mithra est un dieu solaire. Mithra n'étant
pas le Soleil mais l'une des divinités
qui lui est associée, comme la déesse Anâhita Cartes et voyages Romancier
antérieur à Lucien qui l'a parodié, Antonius Diogène avait écrit un roman
en vingt-quatre livres sur Les choses
incroyables au-delà de Thulé dont il ne reste que le résumé On connaît le roman d'Antonius Diogène par un résumé de
Photius donnant les deux parties : le voyage imaginaire de Dinias vers Thulé sur les traces de Pythéas, avec des explications "scientifiques" ; et les pérégrinations
de Dercyllis et Mantinias
persécutés par le prêtre égyptien Paapis Vers le temps d'Alexandre, Pythéas de Marseille acquit également une réputation dans la Grèce
comme astronome et comme géographe. On a
de lui une observation précieuse de la longueur méridienne du gnomon au solstice d'été L'Histoire vraie de Lucien de Samosate, au IIe siècle de notre ère, interroge en le
parodiant le genre des récits de voyage, sa rhétorique et ses prétentions
intellectuelles Une bourrasque emporte le navire des voyageurs dans les airs,
puis le dépose sur la Lune. Là , en
visitant le palais du roi Endymion, le narrateur découvre un étrange dispositif
optique : "Un immense miroir se
trouve au-dessus d'un puits, peu profond; quand on descend dans le puits, on
entend tout ce qui est dit chez nous sur la Terre; et si on regarde le miroir,
on voit toutes les cités, tous les peuples, comme si on se trouvait au-dessus
de chacun" [...] La carte,
comme le miroir, montre ce que l'on ne peut pas voir par le regard direct :
la terre habitée occupe une position analogue à mon propre visage. Le miroir
est un piège métaphysique pour les catégories du moi et de l'autre, de l'ici et
de l'ailleurs. Il en va de même de la
carte, qui invite à reconnaître la terre, voire sa propre patrie, tout en
instaurant une rupture radicale avec le lieu oĂą l'on est. Que le miroir se
trouve sur la Lune redouble sur un mode métaphorique ce jeu de la proximité et de l'écart La Terre fait défaut L'Insulaire ou Isolario, qui connaît son plus
grand essor du XVe au XVIIIe siècle, c'est le livre des îles, un atlas
flottant d'où les continents se sont absentés et qui n'enregistre que des îles,
des îlots ou des écueils, à la rigueur des promontoires, ces «Péninsules
démarrées» qu'évoquera Rimbaud dans Le Bateau ivre. [...] Car l'Insulaire est
un atlas, mais c'est aussi un récit, le récit par îles, un genre à part
entière, toute une littérature de «fictions en archipel» dont la fragmentation
narrative Ă©pouse un ordre cartographique ouvert. Le prototype en est l'Histoire
vraie de Lucien de Samosate au IIe siècle
après Jésus-Christ, mais le genre de l' Insulaire-récit
inclut aussi bien Le Quart Livre de
Rabelais, Les Voyages de Gulliver
de Swift, L'Archipel de la Manche de
Hugo, certains des Voyages
extraordinaires de Jules Verne. [...] L'invention de l'Insulaire, au XVe
siècle, correspond à une tout autre épistémé que la
nôtre. C'est celle d'un monde encore tramé par le système des quatre
similitudes, d'un monde clos, mais qui tend Ă s'ouvrir, sans pour autant voir
brisée sa structure générale. Ce monde alors s'ouvre comme un fruit mûr ou
comme un ventre fécond : la masse des trois continents rassemblés autour de la
Méditerranée s'effiloche en une nappe de fragments qui partent à la dérive et
vont meubler les mers nouvelles. L'atlas insulaire de la Renaissance est
ouvert, en expansion: il accompagne la croissance en largeur et en hauteur d'un
espace maritime distendu. Trois siècles plus
tard, en revanche, la Terre est circonscrite, balisée, contenue dans un réseau
de lignes géométriques, grands cercles, méridiens, ellipses, loxodromies. En
fait, comme l'écrit Michel Serres, dès le temps de Jules Verne, «la Terre est finie, bien finie» Et peut-être se
disait-il qu’au-delà les passes s’élargissaient, que l’archipel se divisait de
plus en plus, que la mer n’y battait que des récifs, et qu’à lui, errant et
fugitif, la terre manquerait au-delĂ du
cap Horn... Si l'ombre est cette forme dégagée du corps par le soleil
lui-même, si la lumière révèle l'effroi et la mort à travers cette forme
presque détachable, à la fois personnelle et étrangère, la même division du
sujet permet de se repérer, de vivre dans l'espace, le temps et le réseau des
significations imaginaires. Tel est justement le défaut de la terre gaste que ce réseau
ne fonctionne plus. Le destin de la Sibylle indique la nature de ce défaut : il
se situe au-delà de la liaison entre Éros et Thanatos, dans la déliaison des pulsions qu'ils
représentent. Plus terrible que la danse de la mort sur la vie est le spectacle
de «l'effroi dans une poignée de poussière», la décomposition vivante, autre
image de la charogne et de la Gorgone - l'ardent désir de la mort chez celle
qui a négligé la mort. [...] Or, dans le
trajet de l'ombre, il manque un terme, celui de sa disparition au moment oĂą
elle passe de l'arrière à l'avant; il manque l'instant de la désorientation, le
zénith où danse le démon de midi. Ni matin, ni soir, le troisième terme
d'oĂą l'ombre est absente mais qui laisse toute sa
dimension Ă l'angoisse, est peut-ĂŞtre celui de l'acedia
qui frappe les pères du désert Malte "Melita" : en latin,
c'est l'île de Malte. Mais l'article "la" devant "Mélite" pose question. Il peut être dépréciatif et désigner une personne (cf. la courtisane Melitta de Lucien de Samosate). Dans le langage courant, la course s'entend seulement de la poursuite que font des navires
corsaires, c'est-à -dire armés et commandés par des personnes privées. Aussi
peut-on définir la course maritime, une entreprise hostile Les chevaliers de Malte étaient engagés aux côtés de
Venise dans sa guerre contre les Turcs pour sauver l'île de Crète qui sera
perdue en 1669. Les corsaires civils ou religieux maltais s'attaquaient aussi
aux navires français qui venaient du Levant, malgré l'irritation de Louis
XIV. Celui-ci interdira la course aux
chevaliers français en 1679 Des mesures astronomiques furent faites à Malte (Melita en latin) par Jean Lombard en 1611, Chazelles en 1684, le père Feuillée en 1708. |