La révolte de Messine II, 65 1678-1679 Le parc enclin grande
calamité Par l'Hesperie
& Insubre fera : Le feu en nef, peste & captivité, Mercure en l'Arq.
Saturne fenera. Le 23 juillet se célébrait à Rome la fête de Neptune (Neptunalia) : Horace la célébrera joyeusement avec Lydé : Ode
XXVIII, Ad Lyden Inclinare meridiem Sentis ; ac, veluti stet
volucris dies, Parcis deripere horreo Cessantem Bibuli Consulis amphoram ! "grande calamité" pour "calamite" : grande Boussole ? Pierre Brind'Amour propose pour
"parc" : "p. arc." ou pôle arctique, qui marque en effet le nord géographique. ...& comme les Marins, pour se diriger dans leurs routes, ont besoin d'une plus grande précision, ils portent jusqu'au nombre de trente-deux, & même de soixante-quatre, les divisions des grandes Boussoles ou Compas de mer (Le portefeuille des enfans : mélange interessant d'animaux, fruits, fleurs, habillemens, plans, cartes, 1788 - books.google.fr). Déjà dans le seconde moitié du XVIe siècle, le géographe allemand Sébastien Munster avait indiqué la vraie méthode pour dresser les cartes, à savoir la détermination astronomique de la position des lieux; dans sa Cosmographie, il décrit une boussole et en explique l'emploi; le premier, il a pressenti les procédés de la triangulation, c'est-à -dire l'emploi de mesures d'angles pour déterminer des directions, évaluer des hauteurs et des distances (Bulletin de la Société de géographie de l'Est, Volume 28, 1906 - books.google.fr). Il y a une différence essentielle entre utopie et Royaume
de Dieu. L'utopie est uniquement un royaume terrestre, «la cité la plus totale
possible,» selon l'expression d'Aristote (Politique, 1261 a), fondée par un
César, un chef qui ne saurait être que de ce monde. Elle est l'Imperium Mundi, dont Campanella voyait l'avènement : Et que dire des inventions étonnantes qu'on
a faites : la boussole, l'imprimerie, les arquebuses, signes Ă©vidents de l'union
du monde. Ces inventions Dieu les
fit faire grâce à l'influence de la lune et de Mars qui, lorsqu'ils se trouvent
dans ce signe, sont favorables aux nouvelles navigations, nouveaux royaumes et
nouvelles armes, alors que l'apside de Mercure se trouvait en quatrième
triplicité et que les grandes conjonctions se faisaient au Cancer. Mais il s'annonce une grande monarchie
nouvelle, des réformes changeant lois et techniques, des prophètes, une rénovation pour le moment où l'apside de
Saturne entrera au Capricorne, celui de Mercure au Sagittaire, celui de
Mars en la Vierge et que les grandes conjonctions reviendront à la première
triplicité après l'apparition de l'étoile nouvelle en Cassiopée. Ils prédisent
que ces changements seront fort bénéfiques aux chrétiens. Mais d'abord il faut
arracher et tailler, ensuite édifier et planter Les Chinois ont connu la boussole de temps immémorial ;
ils s'en servaient plus de 2000 ans avant J -C. On a supposé que le Vénitien
Marco Paolo nous avait apporté cette invention ; mais ce voyageur ne fut de
retour en Europe qu'en 1295, et des 1180 il est parlé de la boussole (sous le
nom de Marnière ou Amanière) dans des vers de Guyot
de Provins; elle était aussi connue sous les noms de Marinette, Magnette; on la nommait Calamite dans la Méditerranée. Du
reste, il paraît constant que l'usage de cet instrument ne fut un peu répandu
en Europe que vers l'an 1300 : c'est Flavio Gioja,
d'Amalfi, qui inventa Ă cette Ă©poque, non la boussole elle-mĂŞme, mais le moyen
de disposer l'aiguille aimantée de manière à satisfaire à tous les besoins de
la marine Calamita, italien ancien et moderne génois s. f. (Du lat.
Calamus, lige de blé ou de roseau, parce que, dans la boussole à eau, qui
précéda la boussole suspendue sur un pivot, l'aiguille aimantée flottait sur
l'eau, enfermée en un chalumeau de paille ou de roseau, en un festu [V.], selon l'expression très-claire de Guiot de Provins, le plus ancien des auteurs connus qui aient
parlé de l'aiguille aimantée fonctionnant comme moyen de direction des navires.
Cette Ă©tymologie ne saurait ĂŞtre douteuse, et l'on
s'étonne qu'elle ait échappé au P. Fournier; peut-être, cependant, le docte
jésuite s'en avisa-t-il, mais crut-il devoir la rejeter parce qu'elle était
trop simple. Il imagina que les marins français nommaient la boussole
«Calamité, qui proprement en françois signifie une
grenouille verte, parce qu'avant qu'on ait trouvé l'invention de suspendre et
de balancer sur un pivot l'aiguille aimantée, nos ancêtres l'enfermaient dans
une fiole de verre demi-remplie d'eau, et la faisoient
flotter, par le moyen de deux petits fétus, sur l'eau comme une grenouille»
(Hydrographie, 1643, liv. XI, chap. Ier.) Que vient faire ici la grenouille
verte ? et pourquoi Fournier, lorsqu'il citait le Festu de Guiot de Provint,
allait-il chercher dans Pline l'étymologie du mot Calamité ? Pline dit, liv.
XXXII, chap. 4e, Hist. natur. : «Ea
rana quam Graeci Calamitem vocant, quoniara inter arundines, fruticesque vivat,
minima omnium est et viridissima.» Qu'a de commun
ceci avec l'aiguille aimantée ? Rien, si ce n'est que la Calamis et la Calamité
ont un nom analogue, et que ce nom de la rainette et de la boussole primitive
est donné à l'instrument nautique comme à l'hôte du marais, à cause du roseau.
On a peine à comprendre qu'un érudit aussi exercé que l'auteur de
l'Hydrographie ait pu se fourvoyer dans une question si simple. [...] «Les gens qui sont en Europe nagent-ils (naviguent-ils) Ă
Tramontane devers septentrion, et les autres nagent-ils Ă celle du midi, et que
ce soit la vérité, prenez une aiguille d'yamant
("adamas", aimant), ce
est Calamité, vous trouverez qu'elle a deux faces, etc.» Brunetto
Latini, Trésor (i-xGo environ). «Et dressé la
Calamité de toutes les boussoles.» Rabelais, Pantagruel, liv. IV, chap. 1.
«Voyez à la Calamité de vostre boussole.» id., chap.
18. Le mot Calamite, que nous voyons employé fort rarement dans les auteurs
antérieurs au XIIe siècle, ne se lit ni dans le chapitre Marine des Merveilles
de nature du P. René François (1621), ni dans le Dict. de Guillet (1678), ni
dans ceux de Desroches (1687) et d'Aubin (1702). On le trouve, p. 10 des
Explications des termes de marine, par Estienne Cleirac
(1634): «...Et le reste des effets de la Calamité ou pierre d'aimant, Calamita
en italien, Piedra iman en castillan...» Boussole, instrument de marine (Livre I, ch. XXIII : adjustoit la boussole), de l'italien. bussola, id., terme d'origine sicilienne dont le sens
primordial est petite boîte de buis. R. Belon, dans ses Observations (1555), se
sert encore de la forme italienne bussola Voyez Ă la calamite
de voste boussole, de grâce, maistre
Astrophile, dond. nous vient ce fortunal ? Par ma foy, j'ay belle peur. On lit dans les éditions de 1552 et de 1553, calamité, ce
qui est une faute Ă©vidente. (Livre IV, Chapitre XVIII) Pour justifier les droits de GioĂŻa
et d'Amalfi (dans la province de Salerne dans la région Campanie en Italie), on
a aussi remarqué que dans les anciennes boussoles la pointe Nord est toujours
marquée par une Croix de Malte (des armes d'Amalfi), ou encore par la fleur de
Lys (empruntée aux armes de Philippe d'Anjou qui régnait en Sicile). Quelle que
soit la part d'invention de GioĂŻa, il est certain qu'Ă
la fin du XIIIe siècle les propriétés de la boussole étaient parfaitement
connues dans le Sud de l'Italie. Un pèlerin Picard, des environs de Péronne,
Pierre de Maricourt, qui avait assisté au siège de Lucera dans la Pouille en 1268,
écrivit un traité de l'Aimant où toutes les propriétés de la boussole sont
parfaitement décrites. Ce traité a même été l'objet d'une méprise singulière;
il était adressé à Syger de Fauconcourt
en Picardie et portait sur l'Ă©pitre: Pierre Ă Syger,
d'oĂą on a conclu que l'auteur devait se nommer Pierre Adsyger,
bévue que Libri a rectifiée "Calamité" vient Du grec kalamos
chaume, tuyau de paille. Les Grecs disaient calamos,
par allusion à la grêle, qui est une calamité quand elle brise et abat les
blés. Il signifie littéralement, la destruction des moissons d'une contrée
entière, par la grêle, les orages, les tempêtes ou par quelque autre cause. On
le dit par extension, de tout malheur qui afflige, qui ruine, un grand nombre
de personnes, une grande étendue de pays, un royaume, une nation faner, faire les foins : tous les mots qui suivent sont issus du latin populaire fenà re, faner, dérivé du latin fènum, le foin.; l'ancien français (XII°) fener, de même origine, signifiait à la fois couper les foins et retourner les foins pour les faire sécher, c'est-à -drie faire les foins (Mario Rossi, Dictionnaire étymologique et ethnologique des parlers brionnais: Bourgogne du sud, 2004 - books.google.fr). Ce mot de faulx vient du Latin falx. La faux qui sert à coupper les foins est quelquefois representée dans les Ecus emmanchée ; & alors il faut exprimer la couleur du manche en blasonnant, quand il est d'un autre émail; & quand elle n'a point de manche, on l'appelle ranchier. Faulx se dit figurément en choses morales. On peint la mort, le temps, & Saturne avec une faux, parce qu'ils semblent faucher les hommes, & generalement detruire toutes choses (Antoine Furetière, Dictionnaire universel, Tome 2, 1701 - books.google.fr). On peut rapprocher le chaume (calamus) et le foin. L'apôtre Paul "escrit aux Corinthiens (3,11) : «Si aucun bastit sur ce fondement, or, argent , pierres précieuses, bois, foin, chaume, oeuure d'vn chacun sera esprouuee par le feu ; si l'œuure d'aucun brusle, il fera perte, mais il sera sauué toutesfois ainsi comme parmi le feu» c'est à dire combien qu'on soit tourmenté au Purgatoire, ce neantmoins finalement on y eschappe:car il dit, comme parmy le feu" (Jean Crespin, Histoire Des Martyrs Persecutez Et Mis A mort pour la verité de l'Evangile, depuis le temps des Apostres jusques à l'an 1574, 1582 - books.google.fr). Les Anciens avec leurs navires primitifs, ne connaissant pas la boussole et n'ayant que des notions astronomiques défectueuses, considéraient le tour du Péloponèse comme une route maritime difficile et dangereuse. Strabon (VIII, 2), citant Polybe, affirme que ce tour est long de 4000 stades, et même de 5600 stades si l'on côtoie tontes les sinuosités du littoral. Du reste, nombreux sont les témoignages prouvant que les Anciens n'osaient pas braver les orages des caps Taenaron et Maléa, et que même au début de l'ère chrétienne, la marine marchande chômait durant l'hiver. Ainsi, nous savons que lorsque l'apôtre St.-Paul se rendit en Italie, le capitaine du vaisseau sur lequel il s'était embarqué, avait eu l'intention de passer l'hiver en Crète, mais l'orage emporta le bâtiment jusqu'à l'île de Malte, où force fut d'attendre le printemps avant de faire voile pour l'Italie. On comprend donc que, pour éviter des dommages et des avaries, le commerce des colonies grecques d'Occident ait de très-bonne heure choisi la route traversant l'isthme. A cette époque, Corinthe marchait à la tête du mouvement de la colonisation grecque; ce furent des Corinthiens qui ouvrirent la Sicile et Corfou à la civilisation hellénique (Béla Gerster, L'Isthme de Corinthe et son percement, 1896 - books.google.fr). Par Corcyre, les navires de Corinthe atteignirent le cap Japygis et de là en suivant les sinuosités du golfe de Tarente, ils arrivèrent jusqu'au détroit de Messine. Corinthe y établit vers 735 la colonie de Naxos et l'année suivante celle de Syracuse. Alors la Sicile devient !a grande Grèce, et les Grecs montent à l'ouest de l'Italie jusqu'à Cumes (Journal des économistes, 1926 - books.google.fr). Ancône (du grec Ancon, coude) fut fondée en 392 par les Grecs de Syracuse qui fuyaient Denys le Tyran (Louis Carrez, Atlas de géographie ancienne, 1890 - books.google.fr). Cf. quatrain I, 75 - Venise et la Guerre de Montferrat - 1612-1613. "fenera" pour "sener" ? La fenaison se fait en juin dans le signe du Cancer : Saturne en Cancer. Mars est en Sagittaire du 26 octobre au 5 décembre 1679 tandis que Saturne est en Cancer du 7 juillet 1679 au 17 août 1681 (www.astro.com). Le nom propre Senault, signifie proprement châtreur, dérivant de sener, châtrer, verbe ancien commun à plusieurs patois (Berry : «cener, sener» ; Anjou : Or prions à Dieu qu'il consente «sâner, sener» ; Poitou : «saner») (Eugène de Chambure, Glossaire du Morvan, étude sur le langage de cette contrée comparé avec les principaux dialectes ou patois de la France, de la Belgique wallonne et de la Suisse romande, 1878 - books.google.fr). Le masculin latin caper n'était usité que pour dire bouc châtré, ou comme synonyme de capricorne, signe du zodiaque. C'est hircus qui correspond à bouc étalon (Raoul de Thomasson, Les curiosités de la langue française, 1938 - books.google.fr). D'où "Saturne en Capricorne" de Campanella pour "Saturne senera". Saturne est lui même châtré par son fils Jupiter. Variation,
déclinaison, inclinaison "enclin" : du latin inclinatus, incliné, recourbé (Gaffiot). "parc" : du latin parcus, peu, modéré (Gaffiot). La variation est un
mouvement inconstant de l'aiguille, qui en de certains parages décline du Nord
au Nord-Est, & qui en d'autres se tourne du Nord au Nord-OĂĽest.
Voici comment la plûpart des Pilotes justifient &
determinent l'irrégularité ou variation de
l'aiguille. Ils appliquent & bandent un filet sur le verre qui couvre la
boussole, en sorte que le filet convient & s'accommode sur la ligne qui va
du Nord au Sud, puis aĂŻant pris exactement hauteur Ă midi,ils regardent si dans cet
instant l'ombre du fils s'accorde précisément avec les deux pointes de
l'aiguille & avec cette ligne, ou diamétre, qui
va du Nord au Sud. Si cela se rencontre il n'y a point
de variation dans le parage cĂą se fait cette
observation. Mais si les deux pointes de l'aiguille s'écartent de cette ombre meridienne, il y a de la variation, ou déclinaison, &
cette déclinaison est déterminée par l'arc de la boussole, compris entre
l'aiguille & l'ombre du fil. Jamais un Pilote ne peut assurer ses estimes
dans les voiages de long cours, qu'il ne soit assuré
du sillage, ou chemin, que son vaisseau peut faire par jour, soit de bon vent
frais, ou de vent foible, & qu'il ne sache
qu'elle est la variation de l'aiguille en chaque parage Le méridien magnétique est le plan qui passe par le
centre de la terre et par la direction de l'aiguille horizontale, ou simplement
la trace que ferait ce plan sur la surface de la terre. On sait que le méridien
terrestre ou le méridien astronomique d'un lieu est le plan qui passe par ce
lieu et par l'axe de la terre, et que la ligne méridienne, ou simplement la
méridienne, est la trace de ce plan sur la surface terrestre. Le méridien
magnétique et le méridien astronomique sont deux plans verticaux, puisqu'ils
passent l'un et l'autre par la verticale du lieu pour lequel on les considère;
mais ces deux plans verticaux peuvent faire entre eux un angle plus ou moins grand.
[...] Où se trouve le centre de cette action magnétique, si
universellement répandue sur tous les points de la terre?C'est une question qui paraît difficile à résoudre,
et qui fut autrefois un grand sujet de discussion parmi les physiciens.. Les uns
mettaient, avec Cardan, le siége de cette force dans
une petite Ă©toile qui forme la queue de la grande Ourse; les autres le
plaçaient au pôle du zodiaque; et même il y en eut qui, trouvant sans doute le
ciel trop Ă©troit , imaginaient par-delĂ les cieux et
les Ă©toiles un centre attractif d'oĂą arrivait Ă la terre la force qui dirige
les aimants. Mais Gilbert, le premier fondateur de la science du magnétisme et
de l'électricité, mit un terme à toutes ces vaines hypothèses en démontrant,
autant qu'on pouvait le faire Ă son Ă©poque, que le globe de la terre est
magnétique, et que c'est son action qui dirige l'aiguille aimantée. Gilbert
écrivait vers la fin du XVIe siècle, et son Traité de Magnete
magneticisque corporibus, et
magno magnete Tellure est
un vrai modèle d'invention et de sagacité. [...] La déclinaison de l'aiguille aimantée est dans chaque
lieu l'angle que fait le méridien magnétique avec le méridien astronomique, ou,
ce qui revient au mĂŞme, l'angle que la direction de l'aiguille horizontale fait
avec la méridienne. [...] On croyait, dans les premiers temps, que l'aiguille
aimantée se tournait directement au nord dans tous les lieux de la terre; et
l'on rapporte que Colomb fut très-étonné d'observer une déclinaison en 1492,
lorsqu'il parcourait l'Océan pour aller découvrir le nouveau monde. Il paraît
que Cabot, de Venise, qui devint grand pilote d'Angleterre, fit des
observations amalogues vers l'an 1500. Le fait de la
déclinaison une fois connu, il fallait découvrir les variations qu'elle éprouve
lorsqu'on passe d'un lieu à l'autre. Les premières tables un peu précises qui
constatent ce phénomène important furent dressées en 1599 par les navigateurs
hollandais, d'après les ordres du prince de Nassau. Enfin, le changement de la
déclinaison dans le même lieu fut découvert en 1622 par Gunter,
professeur au collĂ©ge de Gresham : il trouva Ă
Londres une déclinaison orientale de 6° 13'; tandis qu'elle avait été trouvée
de 11° 15', aussi à l'orient, en 1580, par Robert Norman, le même qui découvrit
l'inclinaison en 1576. [...] Depuis 1580 (11° 30' est), la déclinaison a varié
de plus de 30°. C'est en 1663 qu'elle a été nulle. En 1678 elle a été de 1°30
ouest. Sa marche a été sensiblement progressive vers l'ouest depuis les
premières observations jusqu'en 1814. Depuis cette époque, elle semble éprouver
un mouvement rétrograde vers l'orient. [...] L'inclinaison est l'angle que fait avec l'horizon une
aiguille qui peut se mouvoir librement autour de son centre de gravité dans le
plan vertical du mĂ©ridien magnĂ©tique. La dĂ©couverte de l'inclinaison remonte Ă
l'année 1576; elle est due à Robert Norman, ingénieur en instruments dans l'un
des faubourgs de Londres : jusque-là on avait supposé que l'aiguille devait
ĂŞtre horizontale, et, lorsqu'en Europe on voyait son pĂ´le austral s'abaisser,
on se contentait d'admettre que le centre de gravité était mal déterminé.
Robert Norman, observateur plus ingénieux et plus précis qu'on ne l'était
alors, mesura le contrepoids qu'il fallait ajouter, et fut conduit ainsi Ă
l'une des plus importantes découvertes du magnétisme. L'inclinaison, à Paris, a
toujours été en diminuant depuis 1671, et que la diminution a été sensiblement
variable d'une année à l'autre. Cependant depuis 1835 elle paraît être
régulièrement de 3' par an, ce qui donne à défaut d'observations directes, 67°
9 pour le 1er janvier 1841, et 66° 39' pour le 1er janvier 1851 Nous apprenons par la fameuse lettre de Raphael au pape
LĂ©on X sur la conservation des monumens antiques,
lettre qui paraît sortie de la plume de l'éloquent et spirituel Castiglione,
qu'encore treize ans après la mort de Colomb on connaissait à peine l'emploi de
la boussole pour des relèvemens faits à terre.
Raphael décrit longuement (Opere di B. Castiglione,
1733, p. 162) «une nouvelle méthode, inconnue aux anciens, de mesurer un
Ă©difice (il aurait fallu dire, de lever le plan d'un Ă©difice) au moyen de
l'aiguille aimantée.» En 1522,
Pigafetta, dans son mémorable Traité de navigation, enseigne comment il faut
corriger les relèvemens par la déclinaison, ce
qui fait dire confusément, en 1579, à Sarmiento, que les côtes étant tracées
sur les cartes marines d'après de mauvaises boussoles (por
agujas de marear que tienen trocados los azeros quasi una cuarta del punto
de la flor de lys), on ne peut les trouver par de
bonnes. (Viage al Estrecho
de Magellanes por el
capitan Piedro Sarmiento de Gamboa,
1668, p. 52.) M. Navarrete assure, dans son Discours
sur les progrès de la navigation en Espagne, que les premières cartes de
variation magnétique ont été tracées en 1539 par Alonzo de Santa Cruz, qui
avait donné à l'empereur Charles V des leçons d'astronomie et de cosmographie;
mais je pense qu'il y a lieu de croire que les cartes que SĂ©bastien Cabot
laissa Ă William Worthington, et qui malheureusement ont toutes disparu,
offraient bien antérieurement de nombreuses indications de variation Pigafetta note dans son Primo viaggio,
p. 46 : "La nostra
Calamita volgeasi sempre al
polo artico deviando perô alcun poco dal punto del settentrione" Certaines éditions on "in subre" au lieu d'Insubre (qui désigne un peuple de la Gaule Transpadane ; la Lombardie dont la capitale est Milan). "suber" désigne le liège en latin. Au début du IVe siècle av. J.-C. se produit l'invasion celtique en Italie, demeurée célèbre en raison de la victoire remportée en -387 sur les Romains lors de la bataille de l'Allia et de l'épisode des oies du Capitole, suivi du célèbre Vae victis lancé par Brennus aux vaincus... Lingons, Sénons, Boïens et Cénomans s'établissent en force en Italie du Nord. En coalition avec les Insubres, ils constituent la Gaule cisalpine. Les Sénons s'allient avec le Tyran de Syracuse, en Sicile, Denys l'Ancien (fr.wikipedia.org - Insubres). D’autres (Jean de Sarlat) pretendent, que si on aplatissoit une petite lame de fer toute rouge, en allongeant vers le Nords sa pointe, laquelle on auroit façonnée pour indiquer le Septentrion, que cette pointe acquereroit une proprieté de tourner vers le Nord, comme si on l'avoit touché & passé sur une pierre d'aimant, principalement si elle étoit posée sur un petit morceau de liége flottant dessus de l’eau ou suspenduë en l'air par le moyen d'un cheveu (Allain Manesson-Mallet, La Geometrie Pratique, Tome 2, 1702 - books.google.fr). Jean de Sarlat doit être Jean Tarde, chanoine théologal de Sarlat qui publie Les Usages du Quadrant à l'Esgville aimantée en 1621 (E. de Maleville, Bibliographie du Périgord. XVIe siècle, 1861 - books.google.fr). 1522 - 1676 L'an 1522, le 22 avril, Les Français, commandés par le maréchal de Lautrec, perdent, en Italie, la bataille de la Bicoque, entre Milan et Monza. Cette défaite entraîna la perte du Milanez. On prétend que les Français, pendant l'action, furent abandonnés par les Suisses, leurs alliés. L'an 1676, le 22 avril, Victoire navale de Duquesne sur
Ruyter : Cette victoire navale est un des plus mémorables exploits du célèbre
Duquesne. Il avoit en tête les flottes combinées d'Espagne et de Hollande, et le
fameux Ruyter, un des plus grands hommes de mer du dix-septième siècle, et le
plus célèbre qu'aient eu les Hollandais. Le combat se livra devant Augusta en
Sicile; Ruyter disoit qu'il ne craignoit
que Duquesne ; et en effet, il fut blessé mortellement d'un coup de canon parti
du vaisseau de Duquesne. (Il mourut le 29 avril suivant.) Cette victoire,
suivie d'une seconde, que la flotte française remporta le 2 juin de la même
année, sur les flottes espagnole et hollandaise ,
donna l'empire de la mer Ă la France; empire qu'elle perdit au fatal combat de
la Hogue, en 1692 En juillet 1674, les habitants de Messine, révoltés
contre les occupants espagnols, faisaient appel Ă Louis XIV qui leur envoya en
février 1675 une flotte sous le haut commandement de Louis Victor de
Rochechouart, Duc de Mortemart et de Vivonne, frère
aîné de Madame de Montespan, qui avait reçu à l'occasion le titre de vice roi de Sicile. Cette expédition à laquelle
participèrent les chevaliers de Valbelle, de
Tourville, commença par un combat naval le 11 février près de l'île Stromboli
oĂą Abraham Duquesne (70 ans), mettait en fuite avec 9 vaisseaux les 43 navires
espagnols. Vivonne put ainsi débarquer à Messine avec des vivres pour les
insurgés "feu en nef" Ce fut au lendemain même d'une disgrâce, que Vivonne
attaqua vaillamment et battit, le 2 juin 1676, avec des forces numériquement
inférieures, les flottes combinées d'Espagne et de Hollande, rangées devant Palerme.
Ce fut un bel exemple de l'amour-propre sacrifié au devoir envers la patrie.
Chaque nation fit dans ce combat des prodiges de valeur. Comme les Français se
battaient rudement sous les yeux de Duquesne et portaient la destruction de
toutes parts, deux brûlots s'accrochent à l'amiral d'Espagne et le mettent en
feu ; plutôt que de survivre à la honte d'une défaite, l'équipage espagnol
reste stoĂŻquement Ă sa place au milieu du plus terrible incendie : onze cents
hommes périssent victimes de l'honneur castillan. L'amiral hollandais épouvanté
à la vue de tant de désastres, se laisse dériver, Vivonne commande à quatre brûlots
de le livrer aux flammes. Ils s'avancent aussitôt favorisés par le vent, et
exécutent l'ordre rigoureux de leur chef. Toute la ligne ennemie est désormais
rompue et détruite, et la plus célèbre victoire inscrite dès lors dans nos
fastes maritimes. Cette journée enleva à la Hollande et à l'Espagne l'élite de
sa marine La guerre de Messine laissa ainsi pour plusieurs années
la suprématie navale en Méditerranée à la France, ce qui donna un avantage
certain Ă Louis XIV lors de la conclusion de la guerre de Hollande Ă la paix de
Nimègue du 10 août 1678. L'évacuation de Messine et de la Sicile par les
troupes françaises fut ordonnée par Louis XIV en janvier 1678, laissant les
Espagnols réprimer les Messinois. Peste Des différends au sujet de questions de police maritime
contribuèrent peu à peu à altérer «l'excellente correspondance» entre le Pape
et Louis XIV vantée par Cibo. Déjà en 1676, il y
avait eu des difficultés à cause d'un corsaire messinois.
La crainte de la peste avait d'ailleurs cette année-là fait interdire de bonne
heure les ports de l'Italie méridionale aux navires venant de l'Orient, et par
extension Ă ceux venant de Messine et de Naples, mais l'interdiction Ă©tait
levée depuis longtemps pour Naples quand elle continuait à être appliquée pour
Messine. Au milieu de janvier 1677, le roi donna l'ordre de réclamer au Pape
«la fin de cette vexation» (15 janvier; A. E., Rome, 250, 64), et Cibo promit d'agir de concert avec Florence et Gênes. Pomponne
en avait parlé également aux résidents de ces États. Satisfaction semble avoir
été enfin obtenue en mars (A. E., Rome, vol. 250, fol. 183 et 221.) Les ports
rouverts, les corsaires messinois revinrent, ce qui
facilitait leurs opérations et les rendait plus nuisibles Au musée de la Marine à Paris, N° 567 Boussole renversée pour bâtiment de mer. Cette espèce de boussole, destinée à être placée au plafond d'un édifice, doit nécessairement être divisée à l'opposé des boussoles ordinaires : l'Est est indiqué à la place de l'Ouest et réciproquement l'Ouest à la place de l'Est; elle sert à connaitre la route du bâtiment sans monter sur le pont. Cette boussole a servi au célèbre Tourville en 1680 (L. Morel-Fatio, Notice des collections du musée de marine exposées dans les galeries du musée impérial du Louvre, 1853 - books.google.fr). Quand la guerre de Hollande éclate en 1672, Tourville rejoint la Flotte du Ponant et l'escadre du comte d'Estrées et reçoit le commandement du Sage. Il retourne au Levant en 1675 pour y livrer une guerre de course et incendie Reggio le 30 juillet 1675. Il est nommé chef d'escadre de Guyenne le 30 octobre 1675, une promotion qui vient récompenser ses actions, mais qui est également due aux protections dont Tourville bénéficiait à la Cour. Tourville se distingue pendant toute la campagne de Sicile contre de Ruyter, sous les ordres du duc de Vivonne et sous Abraham Duquesne. Plus tard, Tourville part de Toulon pour se rendre dans le Ponant, avec quatre vaisseaux : Le Sans-Pareil, Le Content, Le Conquérant et L’Arc-en-Ciel. Arnoul, Intendant de Toulon, annonce ce départ le 2 mai 1679. Tourville, à la fin de la bonne saison, projette de rallier le port de Brest pour y désarmer. En octobre, le chef d'escadre pense que le moment était venu de gagner le port. Il est assailli, le 21 octobre 1679, au large de Belle-Isle, par une violente tempête. (fr.wikipedia.org - Anne Hilarion de Costentin de Tourville). Cf. Tourville au quatrain II, 79 comme candidat au "grand Chyren" en tant que natif du Sagittaire. Il y aussi plus à l'Ouest encore ("Hesperie") les combats en 1677 pour la reprise de l'île de Tabago (Tobago) dans les Antilles où l'incendie s'en prit aux flottes hollandaise et française d'Estrées "qui profita pour rafler les captifs destinés aux négriers hollandais et les emmena aux Antilles pour les vendre aux colons français" (Jean Jacques Cornilliac, Recherches chronologiques et historiques sur l'origine et la propagation de la fièvre jaune dans les Antilles, Tome 2, 1867 - books.google.fr, Patrick Villiers, Marine royale, corsaires et trafic dans l'Atlantique, de Louis XIV à Louis XVI, Tome 1, 2002 - books.google.fr, L. Morel-Fatio, Notice des collections du musée de marine exposées dans les galeries du musée impérial du Louvre, 1853 - books.google.fr). L'île, fertile, attire l'attention des Anglais dès le XVIe siècle (années 1580). Durant le XVIIe siècle, elle est occupée par les Anglais, Néerlandais, Français et même par le duché de Courlande fr.wikipedia.org - Tobago). Progrès de la marine au XVIIème siècle Alors commença l'une des luttes les plus mémorables dont l'Océan
ait été le théâtre, car ce n'était plus avec des barques ramassées à la hâte,
avec des marines d'emprunt ou des navires marchands transformés pour le besoin
d'un jour en vaisseaux de guerre, que se livrèrent les combats dans lesquels
Ruyter et Tromp, Rupert et Blake déployèrent leurs talents d'amiraux. Les
grandes flottes militaires avaient pris naissance. Après avoir appris à diriger
les navires par la boussole, on avait trouvé le moyen de les armer de canons,
et l'art des constructions navales et de la voilure, s'Ă©levant Ă la hauteur de
ces inventions merveilleuses, avait fait peu à peu des vaisseaux de véritables
citadelles flottantes, ayant en elles-mĂŞmes leurs moyens de direction, de
défense et d'attaque, pouvant se passer de rameurs et presque de soldats, si ce
n'est de ceux que nécessite le service d'une formidable artillerie. Depuis ce
moment, on avait mesuré la force des escadres moins par le nombre de bâtiments
que par celui des bouches Ă feu dont leurs remparts de bois Ă©taient garnis.
Enfin, la tactique navale vint compléter cette révolution dans la guerre
maritime : au lieu de se battre corps Ă corps, les vaisseaux munis de canons
purent concourir, même de loin, à la défense ou à l'attaque en commun : on
rangea les escadres en lignes sur la mer comme les corps d'armée sur le
terrain, et la science de faire manœuvrer des flottes marcha désormais de pair
avec celle de commander des armées. Le duc d'York (depuis Jacques II) inventa
ces pavillons variés dont l'emploi a rendu possible et rapide la transmission
des ordres de l'amiral à tous ses vaisseaux Cf. quatrain II, 44 - Après Cromwell. Pour la liaison d'une bataille navale, en l'occurence la bataille de Meloria de 1241, avec l'inovation scientifique cf. V, 62 - Le secret des secrets -
1897-1898, oĂą le "Sol oriental, Saturne occidental" pourrait provenir
du Caelestis physiognomonia,
Naples, 1603 de Della Porta. De magnete, paru en 1600, suscita l'enthousiasme de Campanella. Partant des travaux d'un marin anglais
qui s'était consacré à la fabrication des boussoles, Gilbert découvrit
l'aimantation par influence, signala l'inclinaison magnétique et eut le premier
l'idée que la terre est un grand aimant. [...] Campanella fréquenta assidûment Della Porta à Naples en 1590-1592. Celui-ci mena des
travaux d'optique non négligeables. D'autre part, il s'intéressa lui aussi au
problème de l'aimantation, reprochant même à Gilbert de l'avoir plagié. Cette
accusation semble inexacte ; mais il est vrai que dans le De magnete Gilbert cite souvent Della
Porta, qui fut un auteur très lu en son temps. Sa Magia naturalis eut une première édition en
quatre livres en 1558, puis une seconde en vingt livres en 1589. Cette dernière
comportait tout un livre (le septième) consacré aux merveilleuses utilisations
de l'aimant, que Gilbert cita effectivement dans son propre ouvrage. Cette
querelle montre en tout cas que Della Porta fut Ă
l'époque un auteur important Dans la 3e édition des ouvrages de Norman, qui parut quelque temps après 1580, un certain William Burroughs, contrôleur dans la marine anglaise, donna un tableau des déclinaisons, connues alors, des diiférents points du globe, et, ce qui est digne de remarque, il chercha à exprimer la déclinaison en différents lieux par une formule. Naturellement la tentative échoua, puisque, aujourd'hui même, après des milliers d'observations en différents points de la terre, un n'est pas encore parvenu à une solution satisfaisante de ce problème. Quelques années plus tard, Porta exprime une pensée semblable dans sa Magia Naturalis de 1589. Il savait qu'à son époque la déclinaison en Italie était de 9" à l'est, qu'elle était nulle aux Açores, et occidentale dans les Indes Occidentales. II pensait alors que, si on faisait une grande boussole d'eniviron 10 pieds de diamètre, et que, si on l'observait avec attention dans un voyage à travers l'Atlantique, on pourait, au moyen de la boussole, trouver les longitudes sur mer. Cette idée a été souvent reprise, jusqu'à ce qu'une connaissance plus exacte des variations de la déclinaison, l'ait montrée tout à fait impraticable (J.C. Poggendorff, Histoire de la physique, 1883 - core.ac.uk). Pour les longitudes, la rotation de la Terre sur elle-même en 24 heures, autour d'un axe perpendiculaire à l'équateur, ne permet pas - comme c'est le cas pour la latitude - de disposer d'un repère céleste fixe et on ne peut définir que des différences de longitudes (ou des longitudes relatives à un méridien origine). Les longitudes n'étaient obtenues avant la deuxième partie du XVIIe siècle que par des mesures au sol : comptages de pas, plus tard de tours de roue de voitures. Ces méthodes sont peu précises et expliquent l'allongement est-ouest des cartes anciennes. En mer, c'était pire car la seule solution paraissait d'estimer la vitesse du bateau. [...] La longitude peut s'obtenir d'une façon bien meilleure en observant les étoiles. Les résultats ayant paru de très bonne qualité, un plan de l'Académie des sciences de 1668, dû principalement à Picard, est approuvé par Colbert et le Roi. Il s'agit, entre autres choses, d'établir une nouvelle carte des côtes de la France et, pour les besoins de la navigation, de déterminer les coordonnées précises des principaux ports. La mission est confiée à Picard et Philippe de La Hire (1640-1718) ; elle a lieu en 1679-1680. Cette carte, présentée à l'Académie des sciences en 1682, sera publiée en 1693. Selon l'éloge de La Hire, lu à l'Académie des sciences par Fontenelle, elle entraînait «...une correction très importante à la Côte de Gascogne, en la rendant droite de courbe qu'elle étoit auparavant, et en la faisant rentrer dans les terres, de sorte que le Roy eut sujet de dire en plaisantant que leur voyage ne lui avoit causé que de la perte» (Les mesures de vitesse de la lumière - expositions.obspm.fr). II, 71 1683-1684 Les exilés en Secile
viendront Pour delivrer de
faim la gent estrange : Au point du jour les Celtes luy faudront : La vie demeure : à raison roy se range. "gent estrange" : mercenaires «Nous sommes
purement grecs et sans mélanges de barbares... Nous sommes des Grecs
authentiques, sans alliage de sang barbare, d'où la haine sans mélange pour la gent étrangère qui est infuse à notre
cité». Ces propos que Platon prête à Aspasie dans le Ménéxène
(245, 2), sont évidemment contredits par les réalités de la cité d'Athènes, où
le commerce constant des citoyens, des métèques et des étrangers trouve un
prolongement dans leur voisinage au cimetière du Céramique La traduction latin (1696) porte
"adversus genus alienum" en place de "pour la
gent étrangère", ce qui est proche C'est encore le bellicisme athénien qui est dénoncé dans
le Ménexène, à la faveur toujours de l'exemple du
Péloponnèse, et d'un résumé de l'expédition de Sicile d'un terrible cynisme :
«notre cité acquit cette réputation
qu'elle ne saurait jamais être défaite, même par le monde entier : réputation méritée,
car ce sont nos propres divisions, non les armes d'autrui, qui triomphèrent de
nous» (243d2-5) Comme figure inquiétante de l’Antiquité, l’étranger, et
en particulier certains peuples que les populations méditerranéennes qualifient
de “barbares”, on doit placer au premier rang les Celtes. Il suffit de lire une
formule lapidaire de Florus (I, 7), qui en une phrase présente les Gaulois Sénons
auxquels on attribue, il est vrai, le sac de Rome, pour comprendre que les
populations celtiques soufraient de certains a priori
défavorables. Les tyrans du IVe siècle recourent également au
mercenariat. Ainsi Plutarque, parlant de l'armée syracusaine, y dénombre 10.000
gardes du corps, 10.000 cavaliers et des hoplites en encore plus grand nombre.
Comme il déclare un peu plus loin que Platon était haï par les mercenaires
parce qu'il voulait convaincre Denys de vivre sans gardes du corps, il est
évident que la garde du tyran était entièrement composée de mercenaires ;
ceux-ci devaient former Ă©galement une partie des effectifs des autres troupes,
si bien que l'on peut estimer peu importante l'armée de terre proprement
syracusaine Martha Sordi a proposé
d’interpréter ces épisodes de la façon suivante. Denys de Syracuse, dont Justin nous dit qu’il aurait passé une alliance avec les Gaulois responsables
du sac de Rome, aurait établi ces derniers dans les colonies qu’il fonde, selon
Diodore, sur la cĂ´te de la mer Ionienne. Depuis cette
base apulienne, les Gaulois auraient accompli leurs raids sur l’Italie
centrale, mais aussi envoyé plusieurs ambassades à Alexandre en 335 et en
324-323, comme le rapporte Arrien (Stéphane Bourdin, “Le rôdeur devant le
seuil”, L’installation de garnisons étrangères sur le territoire des cités
d’Italie républicaine (IVe-IIe s. a.C.), Pratiques et
identités culturelles des armées hellénistiques du monde méditerranéen, 2011). "point du jour" Cette locution pourrait être un rappel permettant de situer le quatrain. Le sac de Rome de 390 av. J.-C. selon la chronologie varronienne ou 387 av. J.-C. selon la chronologie grecque s'inscrit dans le cadre des invasions gauloises du Nord de l'Italie qui est donc à ce moment-là une zone de combats récurrents, où les migrants transalpins se heurtent aux Étrusques et aux Vénètes. Il est possible que ces mouvements d'invasion soient liés au plus vaste conflit qui oppose les Syracusains, Grecs de Sicile, au monde étrusque. Ainsi, les Gaulois intervenant en Italie, bousculant les Étrusques sur leurs terres, agissent dans l'intérêt du tyran syracusain Denys l'Ancien, ce dernier aurait donc pu les enrôler à dessein. Le nom du chef des Sennons, Brennus, qui n'apparaît qu'à partir de Tite-Live (il ne figure ni chez Polybe ni chez Diodore de Sicile), peut n'être qu'un titre. La succession de ces évènements est aujourd'hui considérée comme une invention de l'annalistique du Ier siècle (fr.wikipedia.org - Sac de Rome (390 av. J.-C.), fr.wikipedia.org - Marcus Furius Camillus). Durant la nuit, Brennus les emmena tous et il quitta la cité; quand il fut à soixante stades de Rome, il établit son camp près de la via Gabina. 6. Au point du jour, il fut rejoint par Camille, revêtu d'armes brillantes et suivi de Romains désormais confiants. Après un combat long et acharné, Camille mit les Gaulois en déroute, leur infligeant de lourdes pertes, et s'empara de leur camp. Certains des fuyards furent rattrapés et aussitôt mis à mort ; quant à ceux, plus nombreux, qui s'étaient dispersés, ils furent assaillis et massacrés par les habitants des bourgs et des cités des environs. (Plutarque, Vies parallèles, traduit par Anne-Marie Ozanam, 2001 - books.google.fr). "exilez" Nous pouvons en tout cas être assurés que l'esprit de
revanche qui animait beaucoup d'exilés les poussait naturellement, quand ils
rentraient en force, à récupérer leurs biens par l'éviction pure et simple de
leurs adversaires. C'est ce qu'illustre bien l'exemple des exilés syracusains
rappelés en 406, à l'initiative de Denys : "Ils se préparaient", nous
dit Diodore, "Ă voir avec satisfaction leurs
ennemis massacrĂ©s, leurs biens confisquĂ©sÂ
restitués". En dehors de cette récupération par la force, il était
bien difficile, pour un exilé, de rentrer en possession de la totalité de ses
propres biens. Certes la cité, pour s'acquitter d'une promesse faite aux exilés
ou pour se conformer Ă l'accord qui avait mis fin Ă une siasis,
pouvait décider la restitution intégrale par une procédure des plus
réglementaire prise en toute légalité (loi ou décret) Denys le Jeune,
tyran de Syracuse On a plusieurs indices de l’utilisation de mercenaires
osques par les Grecs de Naples. Ainsi, Diodore de
Sicile mentionne le napolitain Nypsios, "strategos", qui pourvoit au ravitaillement de Denys II
en 356-355. On a depuis longtemps remarqué que Nypsios
était un nom osque et on s’accorde généralement à le considérer comme un chef
d’une bande de mercenaires campaniens, dont Naples constitue le point de
rassemblement et d’embarquement (Stéphane Bourdin, “Le rôdeur devant le seuil”,
L’installation de garnisons étrangères sur le territoire des cités d’Italie
républicaine (IVe-IIe s. a.C.), Pratiques et
identités culturelles des armées hellénistiques du monde méditerranéen, 2011). Nous pouvons saisir là , d'une manière privilégiée, le jeu
politique et social qui se livrait dans les cités grecques ; Syracuse, en
effet, met en présence les quatre éléments de ces luttes : le tyran,
l'oligarchie, le parti démocratique et les mercenaires. Denys le Jeune, enfermé
dans la citadelle, quitte Syracuse en 356 et est éliminé du jeu politique qui
se livre donc entre les trois autres éléments. [...] Les partisans du tyran,
amis et mercenaires, durent s'enfermer dans la citadelle, abandonnant la ville
Ă Dion et aux Syracusains. Il faut alors songer Ă , donner une nouvelle forme au
pouvoir. C'est alors que se précisent les divergences entre Dion et la grande
masse des Syracusains Plutarque raconte cela en détail. Denys le Jeune, exilé,
essaie de secourir la citadelle affamée tenue probablement en partie par des
mercenaires qu'il a laissé à son fils Apollocrate et
d'apporter armes et vivres Voici ce qui se passe quand Dion arrive Ă l'emporter, par
suite des aléas de la lutte contre le tyran. Durant l'été 356 en effet, Nypsios, général de Denys, après que Dion se fût retiré avec
ses mercenaires Ă LĂ©ontinoi, fait une sortie dans la
ville Ă . la tĂŞte des troupes de la citadelle et n'a aucun mal Ă battre les
Syracusains surpris et désavantagés dans le combat terrestre. Héracléidès blessé, les Syracusains sont obligés de faire
revenir Dion, et les démagogues, sûrs du sort qui leur était réservé, prennent la fuite Face aux troubles que son armée suscita dans la cité, le démos rappela Dion, et après de durs combats, Nypsios se retira de l'île et la citadelle d'Ortygie se rendit à Dion Denys, de son côté, devient le tyran de Locres, puis rentre à Syracuse en 346 où il obtient le
pouvoir, mais il est toujours aussi impopulaire auprès des habitants de la
ville, qui le forcent rapidement Ă s'enfermer dans la citadelle. En 343, le
Corinthien Timoléon obtient la reddition de Syracuse en échange de la fuite
discrète de Denys vers Corinthe. Il vécut encore une année, enseignant selon la
légende la rhétorique dans la misère la plus indigente Platon et Syracuse Syracuse, maîtresse de toute la Sicile sous Denys
l'Ancien, voulait Ă©tendre son empire sur les villes grecques d'Italie, qui
avaient toujours à combattre les indigènes de l'Iapygie
et de la Lucanie. Denys, quoique chef d'un Etat grec, ne se faisait aucun
scrupule de s'allier avec les barbares. Quand Syracuse s'était révoltée contre
son pouvoir, il avait pris Ă son service des mercenaires campaniens, qui
s'étaient déjà vendus aux Carthaginois. Plus tard, il s'unit aux Lucaniens
contre les Grecs. On dit mĂŞme qu'il avait des intelligences avec les Gaulois
qui ravageaient la campagne romaine En 388, Platon aborde en Sicile. Invité par Denys Ier dit
l'Ancien, le tyran de Syracuse, il tente de convertir ce dernier Ă sa
philosophie de l'Etat. Le résultat n'est pas encourageant : Denys donne
l'ordre de l'expulser. Platon n'a pas tout perdu : il s'est fait un ami et
bientôt un disciple en la personne de Dion, le beau-frère du monarque. Le
retour à Athènes fut, dit-on, mouvementé : capturé à Egine, alors en guerre
avec Athènes, voilà Platon vendu comme esclave ! Sans doute Denys était-il
complice. Par chance, le philosophe est reconnu sur-le-champ. En 387, Platon
est de retour Ă Athènes. Fort de ses expĂ©riences, il acquiert un domaine Ă
l'extérieur de la ville et y fonde son école : l'Académie. Le programme des
Ă©tudes mais aussi le fonctionnement de l'institution devaient beaucoup Ă
l'esprit des confréries pythagoriciennes d'Italie. On y étudiait les
mathématiques et la politique. C'est de ce temps que date une seconde tranche
des Dialogues (dont la RĂ©publique).
En compagnie de ces jeunes intelligences, Platon est Ă son affaire : on
cherche, on discute, on met en commun intuitions et hypothèses. Le succès de de
l'Ecole est encourageant : les élèves affluent, et plus d'une cité se dotera
d'une Constitution inspirée des principes de l'Académie. L'occasion s'offrit
d'ailleurs à Platon de vérifier sur le terrain le bien-fondé de ses théories.
En dépit des vingt ans écoulés depuis la première aventure sicilienne, Dion
pensait toujours Ă lui. En 367, il rappelle Platon Ă Syracuse : le vieux Denys
vient de mourir, remplacé par son fils, deuxième du nom. Belle occasion de
former un jeune roi dans les principes de l'Académie ! Le dossier est complexe
: on peut se demander si Dion n'avait pas déjà des visées sur le trône, et si
Platon, discernant finalement en lui de meilleures dispositions qu'en Denys II,
ne l'aurait pas encouragé à renverser le souverain... Toujours est-il que Dion
est banni et que Platon est d'abord mis en résidence surveillée, puis autorisé
à partir, avec promesse de revenir. Il rentre alors à Athènes. C'est de ce
temps que date une troisième tranche des Dialogues. Cinq ans plus tard, en 361, dans des conditions obscures, Denys II
rappelle Platon en Sicile. Mais Platon est resté l'ami de Dion, que Denys II
refuse d'amnistier. Assigné à résidence, menacé de mort, Platon ne devra le
salut qu'Ă l'Ă©nergique intervention d'Archytas de
Tarente. On peut difficilement parler de succès. Quatre ans plus tard,
Dion, à la tête d'une petite troupe, réussit à débarquer en Sicile ; mais sa
politique se heurte à une vive résistance populaire et il meurt assassiné en
354 par... un autre élève de Platon, Callipos. Denys
II, quant Ă lui, s'installe Ă Corinthe en attendant de remonter sur le trĂ´ne.
Les travaux pratiques de Platon étaient achevés bien avant cet ultime gâchis La traduction latine de "la vie demeure" peut se tourner en "uita manet" (Guillaume Budé, Lexicon graeco-latinum, 1554 - books.google.fr). Traduction d'une citation de Platon dans le Livre II de la République : Glaucon : Ces deux hommes supposés tels que je viens de les dépeindre, il n'est pas malaisé, ce me semble, de dire [361e] le sort qui les attend l'un et l'autre. Je vais donc l'essayer, et s'il m'échappe quelques paroles trop dures, souviens-toi, Socrate, que ce n'est pas moi qui parle, mais ceux qui préfèrent l'injustice à la justice. A les entendre, le juste, tel que je l'ai représenté, sera fouetté, mis à la torture, chargé de fers; [362a] on lui brûlera les yeux; à la fin, après avoir souffert tous les maux, il sera mis en croix ; alors il faudra bien qu'il reconnaisse qu'il ne s'agit pas d'être juste, mais de le paraître. C'est à l'homme injuste qu'il eût beaucoup mieux valu appliquer les paroles d'Eschyle : car, diront-ils, c'est lui qui s'attache à quelque chose de réel au lieu de régler sa vie sur l'apparence, et qui veut non paraître injuste, mais l'être. [...] Comme il passe pour juste, il a toute autorité dans l'État; il se marie où il lui plaît lui et les siens, il forme des liaisons de plaisir ou d'affaires avec qui bon lui semble, et, outre cela, il tire avantage de tout, parce que l'injustice ne l'effraie pas. A quoi qu'il prétende, soit en public soit en particulier, il l'emporte sur tous ses rivaux et attire tout à lui : de cette manière il s'enrichit, fait du bien [362c] à ses amis, du mal à ses ennemis, offre aux dieux des sacrifices et des présents magnifiques et sait bien mieux que le juste se rendre favorables les dieux et les hommes auxquels il veut plaire : d'où l'on peut conclure, ce semble, qu'il est aussi plus chéri des dieux. C'est ainsi, Socrate, qu'ils soutiennent que la condition de l'homme injuste est plus heureuse que celle du juste, et par rapport aux hommes et par rapport aux dieux (remacle.org - République de Platon, Livre II en français par Victor Cousin, remacle.org - République de Platon, Livre II en grec). La nature et les propres pratiques du Tyran l'ont fait : "ivrogne, amoureux et fou" (République ; 573c.). Il ne refuse aucun plaisir, aucune nourriture, ne répugne à s'unir à personne, et est capable de toutes les impudences pour satisfaire ses désirs. Il est encore "envieux, perfide, injuste, sans amis, impie, hôte et nourricier de tous les vices" (580a.). En d'autres termes, le tyran en est arrivé à être, à l'état de veille, ce que le démocrate, même gorgé de nourriture et de vin, n'était encore que durant son sommeil (571c) (Le Philosophe et le Tyran - le.parthenon.pagesperso-orange.fr). Au livre II de la République, le jeune impie convaincu que l'injustice est avantageuse, réfute successivement les trois points que le Xe livre des Lois établira contre un de ses pareils. «Mais avec les dieux, lui objecte-t-on, ni la dissimulation ni la force ne rien». Eh bien ! s'ils n'existent pas ou s'ils n'ont cure des affaires humaines, pourquoi de notre côté nous soucier de leur échapper? Et s'ils existent et s'occupent de nous, nous ne les connaissons, vraiment, et n'avons entendu parler d'eux que par les traditions et par les généalogies poétiques ; or, les mêmes autorités nous apprennent qu'on peut, par des sacrifices, des prières flatteuses, des offrandes, séduire et fléchir les dieux ; il faut les croire sur les deux points ou ne les croire sur aucun. Que s'il faut les en croire, soyons criminels et faisons des sacrifices du fruit de nos crimes» (365 de) (Edouard des Places Edouard, Les dernières années de Platon. In: L'antiquité classique, Tome 7, fasc. 2, 1938 - www.persee.fr). Typologie La Sicile, depuis le temps des tyrans de Syracuse, sous lesquels au moins elle avait été comptée pour quelque chose dans le monde, a toujours été subjuguée par des etrangers; asservie successivement aux Romains, aux Vandales, aux Arabes, aux Normands, sous le vasselage des papes, aux Français, aux Allemands, aux Espagnols; haïssant presque toujours ses maîtres, se révoltant contre eux, sans faire de véritables efforts dignes de la liberté, et excitant continuellement des séditions pour changer de chaînes. Les magistrats de Messine venaient d'allumer une guerre civile contre leurs gouverneurs, et d'appeler la France à leur secours. Une flotte espagnole bloquait leur port. Ils étaient réduits aux extrémités de la famine (Oeuvres completes de Voltaire, Tome XVII : Le Siecle de Louis XIV, Tome 1er, 1819 - books.google.fr). Le 16 mars 1678 au matin, tandis que les habitants de la
côte orientale de la Sicile admiraient la puissante flotte française qui se
dirigeait vers Augusta, «les pauvres Messinois
fuyant leur patrie qui y étaient embarqués, dit Romano Colonna, l'un d'eux,
avec des yeux encore chauds de pleurer, admiraient le pays que par un destin
cruel ils étaient contraints d'abandonner» (Arenaprimo,
Gli Esuli, p. 13.) [...] Si
cette émigration au point de vue du nombre était moins considérable que les
contemporains ne l'ont cru, en revanche il est certain qu'elle comprenait près
des 3/5 des meilleures familles de Messine. On sait en particulier que le
nombre des chevaliers de l'Étoile avait été réduit de 100 à 40. Plus de la
moitié des exilés de la liste imprimée sont des nobles; quant aux bourgeois de
la même liste, ils appartiennent en général aux familles riches qui
monopolisaient en quelque sorte le droit de fournir des sénateurs et qui par
suite prétendaient marcher de pair avec la noblesse. Tous ces réfugiés ne
débarquèrent d'ailleurs pas en Provence : certains, ayant frété des navires en
hâte, allèrent à Livourne, Venise et dans d'autres ports d'Italie. [...] Les
émigrés qui allèrent directement en Italie furent très peu nombreux et l'on
peut admettre que les 4/5 des exilés débarquèrent en France. [...] Rentrer en Sicile
et dans la possession de leurs biens était l'impérieux besoin des exilés.
Comme il n'y avait nul espoir que les Espagnols y consentissent de bon gré,
quelque désillusion que Louis XIV leur eût causée, ils se tournaient vers lui
dès qu'une occasion leur semblait s'offrir pour lui de libérer leur patrie. En
1681, un ancien jurât de Messine, «fort zélé pour le service de V. M.»,
écrivait le duc d'Estrées à Louis XIV le 11 février, crut qu'une sédition qui
eut lieu Ă Trapani, Mazzara et Castelvetrano Ă cause
de l'augmentation des gabelles, était la conjoncture désirée. Les habitants de
ces villes «ayant représenté à leurs gouvernements qu'ils ne refusaient pas
d'obéir aux ordres de S. M. Catholique, mais qu'ils les priaient de permettre
auparavant de représenter leurs raisons, celui de Mazzara
n'avait pas voulu les Ă©couter et s'Ă©tait mis en devoir de les charger avec
quelques troupes qu'il avait ramassées, mais les habitants les avaient taillées
en pièces et obligé le gouverneur à se retirer». (A. E., Rome, 271, i38.) On
disait aussi que les habitants de Trapani avaient tué leur gouverneur et le
chef de la justice et envoyé demander du secours à Tunis où 200 de leurs
compatriotes avaient fui en 1673. (A. E., Rome, 271, 92.) Le jurât messinois exprimait la crainte que celle dernière nouvelle
fût vraie, mais l'estimait avantageuse pour l'Espagne, car si elle pouvait
amener une petite diversion, utile momentanément à la France, elle permettrait
en revanche Ă l'Espagne de faire une ligue avec les princes italiens et de
consolider ainsi sa situation. «Il ne voulait pas rechercher qui était
responsable du passé. Sans doute l'Italie ne désirait pas les Français, mais il
en serait tout autrement si, [poursuivant la politique de Richelieu,] ils
venaient pour établir un roi particulier à Naples et en Sicile.» Si pourtant le
roi craignait de rompre la paix en envoyant lui-même des troupes, le jurât
s'offrait à conduire 2000 h. en Sicile. (A. E., Sic, 3g3.) Louis XIV «ne jugea point à propos d'entrer dans ces
propositions» (A. E., Rome, 271, 99 ; 7 mars), et il est incontestable qu'il
eut raison, car il Ă©tait tenu en Ă©chec par le pacte hispano-anglais pour la
garantie du traité de Nimègue et menacé par les inimitiés qu'entraînaient les
opérations des Chambres de Réunion, alors à l'oeuvre.
[...] Un traître plus dangereux était le Pullicino
qui avait voulu en février 1678 nous livrer Syracuse. Don Franc. Bern. de Quiros écrivit [de Rome?] le 14
mars 1683 : J'ai su par Salvador Policino, de
Syracuse (qui a déjà fourni des renseignements très importants) que Onofrio Gabrielli, Messinois, a une lettre du P. D. Prospero
Granata, Théatin, qui se trouve à Nice (Provence). Il
doit la remettre Ă une personne de confiance. Granata
y rend compte des négociations que D. Gius. Marchese a entamées avec le
Turc à Constantinople où il est, afin que cet été celui-ci ayant réuni toutes
ses forces maritimes vienne envahir la Sicile par Augusta. Le général de cette
flotte serait le bey de Tunis et son guide Marchese.
Il anime tous ceux de sa faction par ces espĂ©rances afin qu'ils aident tous Ă
ce dessein auquel les Messinois Ă©tablis Ă Rome et
ailleurs prêteront aussi leur concours Les révoltes qui affectèrent Naples en 1647-1648 et
Messine en 1674-1678 s'inscrivirent dans une conjoncture de régression agricole
(mauvaises récoltes) et de disettes touchant une population encore nombreuse
qui, affaiblie physiquement, était dans les provinces du nord et les États du
centre de la péninsule la première victime de la peste (elle fit un retour
fracassant dans les années 1630). Les révoltes de Sicile concernèrent essentiellement les
villes, le petit peuple et la bourgeoisie urbaine, et furent motivées par une
fiscalité excessive sur fond de crise agricole sévissant dans une île dont les
richesses et les potentialités avaient été avaient été exploitées sans retenue,
dont la féodalité pesait d'un poids très lourd sur des paysans misérables et
appauvris, en dépit de la renommée usurpée qui était encore la sienne à cette
époque. La révolte d'août 1647 à Palerme devint une révolte de famine : sous la
double action du vice-roi et de la noblesse, elle fut écrasée en un mois. Celle
de Messine (1672-1678) s'enracina dans l'opposition entre cette cité dont la
richesse était fondée sur les exportations de soie, et la capitale Palerme,
mais aussi dans celle qui divisait les grandes familles du patriciat local, les
Malvezzi et les Merli.
Profitant de la guerre qui opposait alors la France Ă l'Espagne, les Malvezzi firent appel Ă Louis XIV. [...]Â Mais la Sicile tenait une place subalterne
dans la stratégie française et lorsque le Roi Soleil rappela ses troupes
(1678), des milliers de Siciliens qui avaient collaboré avec elles furent
contraints à l'exil pour échapper à la répression espagnole Le Vice-Roi Gonzague, d'après Strada,
«donna des ordres pour refréner
l'insolence des soldats, restaurer la ville et cesser de se vĂŞtir Ă la
française et d'employer nos monnaies. Par la douceur de son administration et
le rétablissement [partiel!] de l'ancien style d'avant la rébellion, il fit
toutes diligences pour faire oublier la France et se souvenir de l'Espagne. Il
défendit [sous peine de dix ans de galères pour les gens du peuple et les
bourgeois et d'une réclusion d'une durée égale pour les nobles] de blesser les Messinois par des proverbes et des injures, [de plus parler
à l'avenir des affaires et accidents passés et d'employer les mots Merles et Malvizzis'], si bien que les Messinois
commencèrent à espérer de nouveau de revenir à leur ancienne dignité et le
laissèrent même voir, à la stupéfaction des fonctionnaires royaux». (Clemenza, p. 477 - Gallo, 111,453.) «De plus, dans la joie de la réduction de Messine», Gonzaga accorda leur grâce à tous les prisonniers messinois «[qui étaient (?)] gens de peu de conséquence». Le 29 mars, Gonzaga
promulgua encore un bando. «Considérant, disait-il,
que malgré l'oppression du roi de France, le dévouement à S. M. était resté
dans le coeur des Messinois,
il les recevait en grâce tous, quoi qu'ils eussent fait, leur restituant leurs
biens non vendus, ni aliénés, mais excluant du présent induit tous les
contumaces et les absents.» (A. M., B' 8, 89; Sim., S. P. 1387, 16.) Smorto était le gendre de Don
Giuseppe Marchese', «le noir, tyran du bastion de
l'Andria et bourreau des Merles», ce qui donne à penser que Gonzaga,
dont plusieurs «ministres» étaient des Merles, y avait vu l'avantage de donner
satisfaction Ă la fois Ă ceux-ci et aux Espagnols. Smorto,
lors de l'évacuation, « tandis que ses parents se réfugiaient à Livourne,
s'était retiré sur sa terre près du Fare et y vivait
obscur et solitaire ». Vers juillet 1678, le bruit courut que son beau-père
«s'étant fait Turc avec tous ses fils», avait reçu en don de la Sublime Porte
des exemptions de droit d'entrée sur les vins dont le profit montait à plus de
mille écus par an et «s'était engagé à aller avec une escadre de vaisseaux
s'emparer de la Sicile et saccager la basse Calabre». Smorto,
d'après Auria (VI, 157), fut accusé d'avoir reçu des
lettres apportées de France par un matelot messinois.
Un chroniqueur messinois donne un autre motif : des
paysans auraient attesté qu'il avait employé des paroles de menace et de
vengeance à l'égard de la restauration espagnole, destinée à durer peu, les
Français ne devant pas tarder à revenir avec une flotte forte et nombreuse. Le 1er
octobre, sous la protection d'un grand déploiement de troupes, 'il fut conduit
au supplice, portant, en signe d'ignominie, une veste noire qui lui descendait
jusqu'aux genoux'. Le vieux Don Cesare Marchese, père
du tyran de l'Andria, fut emprisonné. On fit à D. Gius.
Marchese son procès par contumace. (Gonzaga au Roi, 23 sept. ; Sim., S. P., 1287, 102.). L'exécution de Smorto
semble avoir eu aussi pour but de frapper de terreur les Messinois
qui entretiendraient des intelligences avec les ennemis de l'Espagne. Les
exilés étaient considérés comme tels et 10 d'entre eux étant arrivés quelques
jours après l'arrestation de Smorto, le vice roi les fit emprisonner aussitôt «dans des lieux
secrets». Ils avaient dit venir de Rome, et Auria
(VI, 157) conjecture que ce devait ĂŞtre faux et qu'ils devaient venir de France
«pour faire quelque tentative dans Messine», car ils n'avaient pas de
passeports. Mais en eussent-ils eu, qu'on ne les eĂ»t pas admis. Le Roi avait ordonnĂ© le 17 juin Ă
Gonzague de ne pas laisser revenir les Messinois
réfugiés à Rome ou ailleurs et de ne pas les comprendre dans le pardon |