Tourville, grand marin de Louis XIV
Tourville, grand marin de Louis XIV

 

II, 79

 

1689

 

La barbe crespe &noire par engin

Sugjugera la gent cruele & fiere.

Le grand chyren ostera du longin

Tous les captifs par Seline baniere.

 

Selon Albert Slosman, « chyren Â» désigne un natif du Sagittaire [1]. Or Anne Hilarion de Tourville, célèbre marin de Louis XIV, est né le 24 novembre 1642 - donc chiren. Il participe à la campagne contre les Barbaresques du début des années 1680 dirigée par Duquesne, pendant laquelle Alger est bombardée. En 1684 la flotte française bloque Tripoli. « Tourville organise le mouillage des galiotes à bombes. Il embarque de nuit sur une chaloupe, sonde jusque sous les murailles de Tripoli et découvre l’emplacement adéquat. Le pilonnage commence le 23 juin, après qu’il a disposé les bâtiments de bombardement. Cinq jours plus tard, les Tripolitains capitulent, versent une rançon de 500 000 livres, restituent 264 esclaves [2]». En 1687, une nouvelle sortie de la flotte est décidée pour disperser les corsaires d â€˜Afrique du Nord. Le 2 janvier 1690, Tourville reçoit officiellement du roi le commandement suprême de la flotte avec une patente de général.

En 1689, cet épisode de la libération de captifs n’est plus qu’un souvenir. En effet bien que Louis XIV « n’ait pu humilier les Barbaresques au gré de ses désirs, le roi consentit enfin à un rapprochement, tout en maintenant ses prétentions. Le traité centenaire signé par Guillaume Moncel, commissaire des armées navales (1689) montre qu’il renonçait à la guerre sainte pour des avantages politiques et commerciaux [3] ».

Les deux premiers vers peuvent se rapporter à ChacBân, dey d’Alger, qui eut à repousser les attaques des Tunisiens en 1681, et des Marocains de Moulay Ismaïl en 1691. « La Régence d’Alger avait atteint, à la fin du XVIème siècle les limites qu’elle maintint jusqu’en 1830. Elle continua au cours du XVIIème siècle, d’être en conflit avec les chérifs et avec les Mouradides [4] Â».

 



[1] Elisabeth Bellecour, « Nostradamus trahi Â», Laffont, 1981, p. 63

[2] Daniel Dessert, « Tourville Â», Fayard, 2002, p. 190

[3] Ch-André Julien, « Histoire de l’Afrique du Nord Â», Payot, 1969, p. 288

[4] ibid., p. 289

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