Persécution des protestants
Persécution des protestants

 

II, 64

 

1678

 

Seicher de faim, de soif, gent Genevoise :

Espoir prochain viendra au defaillir :

Sur point tremblant sera loy Gebenoise :

Classe au grand port ne se peult acueillir.

 

A la fin de la guerre de Hollande, Louis XIV atteint le fait de sa puissance. « Son orgueil ne connut plus de mesure et lui inspire les actes les plus audacieux [1].» Tandis que Madame de Maintenon ramène le roi Ă  la dĂ©votion, la persĂ©cution contre les jansĂ©nistes reprend. En 1680, les dragonnades pour convertir de force les protestants (« gent Genevoise Â» : Genève Ă©tait le foyer du Calvinisme) commencent. La rĂ©vocation de l’Edit de Nantes en 1685 couronne cette politique d’unification religieuse. Les persĂ©cutions pousseront les calvinistes cĂ©venols (« Gebenoise Â» du latin « Gebenae Â» CĂ©vennes) Ă  la rĂ©volte. La guerre des Camisards durera de 1702 Ă  1705.

 

Cévennes et Genève

 

Les mots GEBENA, GEBENARVM placés sur les monnaies que je viens de décrire, ont toute la valeur d'une date; ils rappellent les formes GEBENNA, GEBENNENSIS et GEBENNARVM des sceaux de l'ancien régime épiscopal. L'Armorial genevois, qui abonde en renseignements précieux à cet égard, mentionne, pages 41 et 42, un sceau portant la légende s. VNIVERSITATIS. CIVIVM, GEBENNARVM, et ajoute qu'employé déjà en 1447, il fonctionnait encore en 1535 et fut abandonné vers cette époque (A. Morel-Fation, Monnaies genevoises, Memoires et documents: Serie in -8, Volume 16, 1867 - books.google.fr).

 

Cevenna est devenue Cebenna et Gebenna en basse latinité; mais le v médian qui devenait u pour les races latines, raucisait B, P, F dans la prononciation des gens du nord tudesque (Georges Touflet, Onomastique de la Gaule Sceltane: Caesar, 1884 - books.google.fr).

 

César, dans ses Commentaires, appelle ces montagnes Cevennici montes et Cevenna mons, et Pline Gebenna et Cebenna, suivant les manuscrits (M. Desazars de Montgailhard, Toulouse la morte: nouvelles recherches sur ses débuts, 1918 - books.google.fr).

 

"Classe au grand port ne se peult acueillir" : GĂŞnes et Louis XIV

 

A cette époque, la république de Gênes, en penchant pour l'Espagne contre la France, s'engageait dans une voie qui devait lui devenir funeste. Le 27 juin 1678, les Génois eurent l'imprudence de se refuser à saluer l'étendard des galères de Louis XIV, au moment où elles entraient dans leur port. Indigné de ce qu'il tenait pour une insolence inouïe de la part d'un si petit État, le monarque français donna aussitôt ordre à Duquesne et à Duplessis de La Brossardière de se porter dans la rivière de Gênes pour y exercer sans aucun ménagement toutes les hostilités possibles. Pendant que Duquesne allait croiser au cap Corse et dans le canal de Piombino, Duplessis de La Brossardière, le 30 juillet 1678, comme prélude d'une exécution plus terrible, canonnait avec vingt galères le faubourg San-Pier-d'Arena, le fanal et deux forts de Gênes, mais sans grands résulats. Il fit ensuite quelques prises à la mer sur les Génois. Duquesne ayant appris que ceuxci étaient très-préoccupés de l'attente d'un convoi de blés que les Hollandais devaient leur amener, se porta là où il fallait pour s'opposer à cet arrivage. Les Hollandais, désespérant sans doute de pouvoir aborder aux côtes de Gênes, vendirent en Espagne le chargement qu'ils destinaient à cette ville et regagnèrent leur pays, sans qu'aucune de leurs escadres osât maintenant s'approcher de celle du vainqueur de Ruyter. Duquesne revint à Toulon, vers la fin d'août, après avoir vidé la Méditerranée de tout ennemi (Léon Guérin, Histoire maritime de France, Tome 3, 1858 - books.google.fr).

 



[1] A. Malet et J. Isaac, « XVIIème & XVIIIème siècles Â», Hachette, 1923, p. 251

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