Siège de Nègrepont

Siège d'Athène

et siège de Nègrepont

 

II, 77

 

1687-1688

 

Par arcs feux, poix & par feux repoussez,

Cris hurlements sur la minuit ouys :

Dedans sont mis par les rempars cassez,

Par cunicules les traditeurs fuys.

 

Il est déjà question de chaleur solaire dans le quatrain II, 3 où est mentionnée l'île de Nègrepont.

 

Sylla et le siège d'Athènes de -86

 

Lorsque, dans la suite, Mithridate souleva l'Asie et une partie de l'Europe contre Rome Archélaüs, par ses ordres, s'empara d'Athènes, et la mit sous le gouvernement d'un Athénien nommé Aristion. Sylla, charge par le sénat de combattre Mithridate, entra dans la Grèce à la tête de cinq légions (Louis-Philippe de Ségur, Histoire ancienne, 1853 - www.google.fr/books/edition).

 

"arcs feux"

 

Le Cappadocien Archelaus, lieutenant de Mithridate, défendit Athènes contre Sylla, et se fit battre par lui à Chéronée où il employa des archers (Henri Barckhausen, Considération sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence de Charles-Louis de Secondat Montesquieu, 1900 - www.google.fr/books/edition).

 

Les Athéniens manquant absolument de tout, étoient réduits au desespoir. Aristion qui en craignoit les suites, députa vers Sylla deux ou trois de ses Courtisans associés à ses infames plaisirs, & les revêtit du titre d'Ambassadeurs; lorsqu'ils furent en présence du Général Romain, Mithridate IV. au lieu de faire des propositions, ils commencèrent par les louanges de la ville d'Athènes, rappelèrent les combats de Marathon, de Salamine, & tous les exploits des Athéniens dans la guerre de Xerxès. Sylla ennuyé d'une éloquence si déplacée, leur imposa silence. Les Romains, leur dit-il, ne m'ont pas envoyé ici pour faire mes études, mais pour soumettre les rebelles; vous pouvez vous en retourner (Philippe-Auguste d'Arcq, Histoire générale des guerres divisée en trois époques, Tome 2, 1758 - www.google.fr/books/edition).

 

Seguin et Mercier sont d'accord avec l'interprétation de Lockhart d'un autre passage d'Hérodote (VIII, 52), selon lequel, les traits enflammés lancés en 480 av. J.-C. contre Athènes assiégée par les soldats de Xerxes, le roi achéménide de Perse, auraient été imprégnés de naphte (Parviz Mohebbi, Techniques et ressources en Iran du 7e au 19e siècle, 1996 - www.google.fr/books/edition).

 

"poix"

 

Au siège d'Athènes par Sylla, les Romains poussent leurs mines jusque sous le rempart arrivés là, ils étançonnent les fondations, apportent du bitume et de la poix dont ils enduisent les poteaux, et y mettent le feu, une brèche s'ouvre dans le rempart (E. Monot, Quelques faits de l'histoire grecque et romaine, Mémoires, Société d'émulation du Jura, 1915 - www.google.fr/books/edition).

 

"minuit"

 

Le 1er mars, quelques soldats surprirent un endroit mal gardé, et la ville fut prise, après un siége de neuf mois : Sylla voulut entrer par la brèche; il fit abattre un pan de muraille, et à minuit, au bruit des trompettes sonnant la charge, aux cris furieux de l'armée entière, il pénétra dans la place. Tel fut, dit-on, le carnage, que le sang, après avoir rempli le quartier appelé le Céramique, regorgea jusqu'aux portes et ruissela dans les faubourgs (Victor Duruy, Abrégé d'histoire Romaine avec des cartes géographiques: rédigé conformément aux derniers programmes officiels pour la classe de quatrième, 1865 - www.google.fr/books/edition, Plutarque, Vie de Sylla, 1845 - www.google.fr/books/edition).

 

Calchis en Eubée (Nègrepont)

 

Archélaos rembarqua ses troupes et reparut tout à coup avec 120.000 hommes dans la Béotie, sur les derrières de l'armée romaine. Sylla marcha au-devant de lui jusqu'à Chéronée avec moins de 40 000 soldats. Ceux-ci s'effrayaient de la multitude des ennemis. Comme Marius, il les accabla de travaux jusqu'à ce qu'ils demandassent le combat. De ces 120 000 Asiatiques, 10 000 seulement se sauvèrent avec leur chef à Chalcis. Sylla se vanta de n'avoir perdu que 13 hommes (Victor Duruy, Abrégé d'histoire Romaine avec des cartes géographiques: rédigé conformément aux derniers programmes officiels pour la classe de quatrième, 1865 - www.google.fr/books/edition).

 

Sylla était encore à Thèbes, célébrant sa victoire par des jeux et de fêtes, lorsqu'il apprit que, substitué à Marius dans le consulat, Valérius Flaccus passait l'Adriatique avec une armée. Dans le même temps, un général de Mithridate, Dorylaos, arrivait d'Asie avec 80 000 hommes. Entre deux périls, Sylla choisit le plus glorieux: il marcha contre Dorylaos. Les deux armées se rencontrèrent en Béotie, près d'Orchomène. Cette fois, la lutte fut plus vive; Sylla paya de sa personne; cependant les hordes asiatiques furent encore une fois dispersées. Thèbes et trois autres villes de la Béotie eurent le sort d'Athènes. La Grèce entière trembla (Victor Duruy, Abrégé d'histoire Romaine avec des cartes géographiques: rédigé conformément aux derniers programmes officiels pour la classe de quatrième, 1865 - www.google.fr/books/edition).

 

Canaliculus

 

Pierre Brind'amour suggère un "canalicule" petit tuyau ou souterrain (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - www.google.fr/books/edition).

 

"canaliculus" est aussi une partie d'une machine de siège la catapulte (Gaffiot).

 

Vitruve décrit deux types de machines de jet. Ces machines appartiennent au modèle de pièce d'artillerie dit «à torsion et à deux bras». Le principe moteur est constitué par deux faisceaux de câbles (nerui torti) (fibres animales, cheveux de femmes), à l'intérieur desquels sont enfilés deux bras en bois (bracchia), reliés à leur extrémité par une corde archère. Entre ces deux faisceaux passe le fût de la machine constitué d'une longue pièce fixe (canaliculus pour la catapulte, climacis pour la baliste), à l'intérieur de laquelle coulisse un curseur (canalis fundus pour la catapulte, chelonium pour la baliste). Ce tiroir porte une griffe (epitoxis) à laquelle est accrochée la corde archère avant le tir. Le tiroir est amené vers l'arrière au moyen d'un treuil (sucula) et entraîne donc avec lui la corde archère, qui elle-même tire les bras et tord les faisceaux de câbles. Lorsque le point de tension désiré est atteint, la griffe est soulevée au moyen d'un petit levier (manucla), elle libère la corde archère qui revient violemment à sa position première, entraînant vers l'avant le projectile qui avait été au préalable posé sur le tiroir (Jean Soubiran, Louis Callebat, De l'architecture de Vitruve, Volume 10, 1960 - www.google.fr/books/edition).

 

Avec la poix et les remparts, le quatrain décrirait bien un siège. La catapulte situe l'époque dans un passé antique ou moyenâgeux.

 

Dans les chansons de geste, la catapulte sert à la guerre psychologique en propulsant dans les lignes ennemies les cadavres, les têtes d'adversaires ou de traitres. La Chanson de Simon de Pouille (Abilant) ou les Enfances d'Ogier sont des exemples (Jean-Claude Vallecalle, Remarques sur l'emploi des machines de siège dans quelques chansons de geste, Mélanges de langue et littérature françaises du Moyen Âge offerts à Pierre Jonin, 1979 - www.google.fr/books/edition).

 

Mais dans le quatrain il s'agit de fuite.

 

"canicules" ou "cunicules"

 

Cunicule : sape, couloir de mine, souterrain (latin cuniculum, terrier de lapin) (Les Prophéties de Michel Nostradamus, La Petite Collection, 1998 - www.google.fr/books/edition, Balthazar Guynaud, La Concordance des Prophéties de Nostradamus, 1693 - www.google.fr/books/edition).

 

La poliorcétique moderne appelle mine l'ouvrage d'attaque que les Grecs appelaient "oporuxis". Les Latins disaient cuniculo urbem capere. Le plus ancien traité de la défense des places, celui d'Enée de Stymphale (IVe siècle av. J.-C.), parle des "oporugmata", et donne les moyens de s'en défendre. [...] La mine servait de deux manières : ou pour en saper les murs, ou pour passer dessous. La première semble la plus fréquente (Charles Daremberg, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines : d'après les textes et les monuments, Tome 1, 1877 - www.google.fr/books/edition).

 

Strabon a tort lorsqu'il écrit que les Grecs négligeaient de construire des aqueducs et des égouts. A Athènes même dans l'antique Athènes aux rues tortueuses qui ne ressemblaient en rien aux superbes artères de Priène, de Pergame ou de Rhodes, il y avait cependant un système d'égouts très bien compris dès la fin du VIe siècle. Cet égout traversait la ville de l'est à l'ouest, depuis l'église Saint-Théodore jusqu'au Dipylon, en passant sous la Kapnikarea et en suivant, près de la rue d'Hermès, la ligne la plus creuse de la ville, et allait se perdre par divers tuyaux en brique, dans la plaine, sous les bois d'oliviers. Des regards, profonds de 6 mètres, permettent d'y descendre. La construction, très diverse, appartient à diférentes époques (Charles-Victor Daremberg, ctionnaire des antiquités grecques et romaines d'après les textes et les monuments, Tome 1, Partie 2, 1887 - www.google.fr/books/edition).

 

Quoy voyant Archelaüs, feit par mines secretement tirer la terre de ladicte douue, tellement qu'elle tomba tout à vn coup. Toutefois les Romains s'en apperceurent de si bonne heure, qu'ils retirent leurs engins & artillerie, & apres remplirent de rechef la douue; & minerent contre la muraille de la ville par dessous terre, tout ainsi que les autres minoyent contre la douue, tellement que les mineurs se rencontrerent dedans les mines, & là combattirent à l'obscur longuement à coups de traict, & à coups de main. Et en ce mesme temps Sylla, ayat retiré de la douue plusieurs de les engins, vint abbattre la muraille auec vn engin,nommé Mouton ou Bellier, & la perça par le bas, & feit toute diligence de mettre le feu dedans vne tour qui eftoit là prochaine : Car il auoit grand nombre de gens, qui iectoyent des brandons allumez, & des dards portans seu,tout à vn coup contre la dicte tour (Appian Alexandrin, historien grec, des guerres des Romains livres XI, 1559 - www.google.fr/books/edition).

 

Quoy voyant ArchelaĂĽs, feit par mines secretement tirer la terre de ladicte douue, tellement qu'elle tomba tout Ă  vn coup : Hi [Aggeres Romanorum] ab Archelao diu cuniculis clam suffossi, tandem jubsidentes prodiderunt rem (Appianus, Romanarum historiarum, 1551 - www.google.fr/books/edition).

 

Ces grandes élevations de terres, ces montagnes artificielles, que nous appellons cavaliers, & les tours par dessus, n'y furent pas épargnées, à cause de la hauteur des murs de la ville. [...] Archelaus se trouvant très-embarrassé de ce cavalier prodigieux, qui s'élevoit comme par dessus leur tête avec des tours & des machines par dessus, cherche tous les moiens possibles de s'en délivrer. Il fait ouvrir des conduits sous terre, & pousse jusqu'au dessous, où il pratique un grand souterrain, avec de prodigieux étais qui ea soutiennent les terres, & y met le feu, de sorte que la terrasse fondit tout à coup faute d'appuis, mais les assiégeans s'étoient apperçûs qu'on travailloit sous eux, affez à tems pour retirer promtement leurs tours & leurs machines, mais non pas assez-tôt pour éventer la mine par des contre-conduits pour se rendre maîtres du souterrain. Cet accident retarda l'attaque de ce côté-là, le cavalier fut bientôt remis sur pied. [...] Les assiégeans avoient plus d'avantages & de commodités, ils percérent une infinité de conduits contre lesquels les affiégés ne pouvoient suffire, car ils n'étoient pas moins occupés dessus que desous. Les Romains aiant pénétré jusques dans le fond de la fondation d'une grande partie de la muraille en un autre endroit, la fappérent & la mirent comme en l'air sur des bouts de poutres, ausquels & sans perdre aucun tems ils mirent le feu. La muraille tomba subitement dans le fossé avec un fracas & des ruines effroiables, & tous ceux qui étoient dessus y périrent (M. de Folard, Traité de l'attaque des places, Histoire de Polybe, Tome 2, 1753 - www.google.fr/books/edition).

 

Appian dans son livre de la Guerre Mithridatique, rapporte que Sylla lança avec des catapultes vingt boulets de plomb à la fois, qui tuerent beaude monde à Archelaus, & lui renverserent totalement sa tour (Jacques Marie Ray de Saint-Genies, L'art de la guerre pratique, Tome 1, 1754 - www.google.fr/books/edition).

 

Cunicules et fuyards

 

Pour n'être point distrait de ses travaux, Démosthène fit construire un cabinet souterrain dans la maison qu'il habitait à Athènes. Là, chaque jour, par des exercices répétés de déclamation, il s'appliquait à former son organe, à régler ses gestes et sa prononciation. L'ardeur qu'il mettait à ces exercices devint bientôt tellement grande que souvent il se confinait des mois entiers dans sa laborieuse retraite (Auguste-Aimé Boullée, Histoire de Démosthène, 1867 - www.google.fr/books/edition).

 

Une fois devant le tribunal, DĂ©mosthènes entendit ce que d'avance il Ă©tait sĂ»r d'entendre : des injures, des diatribes contre toute sa vie publique et privĂ©e, des dĂ©clamations; DĂ©mosthènes le traitre, l'effĂ©minĂ©, le fuyard, le dĂ©serteur; DĂ©mosthènes l'ennemi des jeunes gens, le buveur d'eau Ă  l'Ă©loquence vĂ©nale (Jules Girard, Un procès de corruption chez les AthĂ©niens, Revue nationale et Ă©trangère, politique, scientifique et littĂ©raire, 1862 - www.google.fr/books/edition).

 

Valérius-Flaccus, de la faction opposée à la sienne, nommé consul, traversa la mer Ionienne avec une armée destinée en apparence contre Mithridate, et en effet contre Sylla. Celui-ci alloit à sa rencontre, lorsqu'il apprit que Dorilaüs, général de Mithridate, arrivé à Chalcis avec quatre-vingt mille hommes de ses meilleures troupes, ravageoit la Béotie: Il n'hésita point à retourner sur ses pas. Archélaüs voulut détourner le nouveau général de livrer bataille; il n'y put réussir. Le combat s'engagea dans la plaine d'Orchomène. Sylla avoit entrepris d'y tirer des lignes et d'y creuser des fossés, pour ôter à l'ennemi l'avantage de sa nombreuse cavalerie, et l'éloigner vers les marais dont la plaine étoit entourée. Les barbares mirent en fuite et les travailleurs, et les troupes qui les soutenoient. Sylla descendant promptement de cheval, saisit une enseigne et s'avance vers l'ennemi, en criant aux siens : «Pour moi, il m'est glorieux de mourir ici. Vous, si l'on vous demande en quel endroit vous avez abandonné votre général, n'oubliez pas que c'est à Orchomène.» Ils ne purent soutenir ce reproche, et retournant avec furie contre les barbares, ils les mirent en fuite (Jacques-Corentin Royou, Précis de l'histoire ancienne, d'après Rollin, 1811 - www.google.fr/books/edition, Charles Victor Daremberg, Edmond Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines d'après les textes et les monuments, Tome 2, 1877 - www.google.fr/books/edition).

 

Oritur Melas sub Orchomeno urbe, unus omnium fluvio Graeciae ab ipso fonte navigabilis, atque circa solstitium æstiuum, ut Nilus stata accipiens incrementa, nec longius excurrit, sed in lacus & cuniculos dilapsus, modica sui parte Cephiso infundit. His locis Dorylaus Romanum hostem metandis castris intentu adortus, subito accessu fugam fecit, Sylla arrepto signo milites in proelium revocat, fugientes convicio incessit. Dux primo cohortes hostium impetu fregere. Militibus inde ad signa revocatis, quum ferocius barbarus incuberet circa interruptas munitiones, pugna in noctem distrahit. Postridie prima luce, subita Romanos eruptione, hostes ad lacus & paludes foeda strage compellunt (Marcus Antonius Sabellicus, Tome 2, 1538 - www.google.fr/books/edition).

 

Sabellicus (1436, Vicovaro, États pontificaux – 19 avril 1506) né Marco Antonio Coccio ou Cocci, reprend Plutarque qui parle des tranchées pratiquées par Sylla dans la plaine d'Orchomène (Plutarque, Vies de Marcellus, Marius, Sylla, traduit par Dominique Ricard, 1885 - www.google.fr/books/edition, Plutarchus, Operum: Vitae, secundum codices Parisinos recognovit Theod. Doehner, Tome 1, 1846 - www.google.fr/books/edition).

 

Autre "cuniculi"

 

A son retour en Italie, Sylla se débarrasse de Marius le Jeune, fils de son ennemi dans la guerre civile, Marius.

 

Le consul C. Marius, après l'issue déplorable du siége de Préneste, avait fait de vaines tentatives pour s'échapper par un souterrain secret (cuniculi latebris), et Télésinus, avec qui il avait résolu de mourir, ne lui avait fait qu'une légère blessure: pour le dérober à la cruauté de Sylla, un de ses esclaves, lui passant une épée au travers du corps lui ôta la vie, quoiqu'il sût la magnifique récompense qui l'attendait, s'il l'eût livré vivant aux mains des vainqueurs. Ce triste service, rendu si à propos, ne le cède point au dévouement des esclaves qui ont protégé les jours de leurs maîtres; car, dans une telle conjoncture, ce n'était pas la vie, mais la mort que Marius regardait comme un bienfait. (An de R. 671.) (Valere Maxime, Oeuvres complètes, Tome 2, 1864 - www.google.fr/books/edition).

 

"traditeurs"

 

Sylla avoit ses Espions dans Athenes, aussi bien qu'au Pyrée. Un d'eux entendit par hasard des vieillards qui se promenoient dans le Céramique, & qui blâmaient extrêmement le Tyran, de ce qu'il ne faisoit pas garder un endroit de la muraille par lequel les ennemis pouvoient facilement escalader la ville. A son retour dans le camp, il fit rapport à Sylla de ce qu'il avoit entendu. Dès la nuit suivante, le Général, profitant de l'avis, alla reconnoître les lieux; & trouvant en effet que la muraille étoit accessible, il y fit appliquer des échelles, commença l'attaque par cet endroit, & s'étant rendu maître du mur, entra dans la ville l'épée à la main par une breche qu'il avoit fait faire à la muraille, dans le temps que ses soldats combattoient encore sur les remparts. Les Athéniens, voyant les Romains avancer en bon ordre dans l'enceinte de leurs murailles, mirent bas les armes (Histoire universelle, depuis le commencement du monde jusqu'a présent, Tome 11, 1780 - www.google.fr/books/edition).

 

Lors du siège d'Athènes par Sylla, des esclaves inscrivirent ce qui se passait sur des balles de plomb qu'ils envoyèrent avec une fronde en direction des romains (Appien, Mithridatica, 31, 122. voir aussi 34, 132 et 35, 136) (Catherien Wolff, Insultes, injures et jurons chez les soldats romains, Dans le secret des archives: Justice, ville et culture au Moyen Âge, 2019 - www.google.fr/books/edition).

 

Les Athéniens riches ou aisés ne purent la supporter. Ils se sentaient exposés à deux périls également redoutables: une révolution démagogique d'une part, la guerre avec Rome de l'autre. Un grand nombre d'entre eux résolurent de prendre la fuite. Mais Aristion fit fermer les portes de la ville et placer trente de ses satellites à chaque issue. Les fugitifs achetaient les gardes, ou bien se faisaient descendre avec des cordes, la nuit, du haut des remparts. Le tyran fit alors occuper les environs par la cavalerie, qu'il chargea de ramener tous ceux qui cherchaient à s'enfuir. Malgré toutes ses précautions, les fugitifs furent très-nombreux; beaucoup d'autres se réfugiérent dans la colonie athénienne d'Amisus, sur la côte du Pont. D'autres demandèrent un asile aux Romains (Le tyran Aristion, Le Magasin pittoresque, Volume 46, 1878 - www.google.fr/books/edition).

 

Au nombre des fugitifs qui s'Ă©taient Ă©chappĂ©s de la ville pour se soustraire Ă  la tyrannie d'Aristion, et qui, au cours de l'assaut ordonnĂ© par Sylla, demandèrent grâce pour Athènes, Plutarque (Sylla, 14) nomme Midias et Calliphon. Ce dernier est peut-ĂŞtre un ancien stratège : Th. Reinach, Mithr. Eup., p. 165, note 2; on serait tentĂ© de reconnaitre dans le premier le MĂ©deios qui fut archonte et Ă©pimĂ©lète de DĂ©los (Felix DĂĽrrbach, Choix d'Inscriptions de DĂ©los, 1921 - www.google.fr/books/edition).

 

Acrostiche : PC DP

 

P.C. signifie "Post Consulatum" et DP "de pecunia" (Inscriptions du Ve au Xe (du XIe au XIIe, du XIVe, XVe et XVIe) siècles, recueillies principalement dans le midi de la France, Mémoires, Tome 2, Société archéologique du Midi de la France, 1836 - www.google.fr/books/edition).

 

Sylla, cui post consulatum Mithridaticum bellum obvenerat, Archelaum apud Piræum Atheniensium portum septemplici muro communitum diu obsedit, ipsam Atheniensium urbem vi cepit (Paul Orose, Adversus paganos historiarum libri septem, ut et Apologeticus contra Pelagium, de arbitrii libertate, 1738 - www.google.fr/books/edition).

 

Sylla fut élu consul en -88, année où il partit en guerre contre le roi du Pont, et en -80.

 

Sylla, qui avait rançonné pour les besoins de sa campagne les temples d'Olympie, de Delphes et d'Epidaure (Plut., Syll., 12; Diod., XXXVIII, 7; Paus., IX, 7,5), devait ménager Délos, restée fidèle à Rome, et victime de sa fidélité. Délos, de son côté, outre le respect imposé par la victoire, était naturellement portée vers Sylla, défenseur de l'aristocratie de naissance et d'argent, dont les intérêts étaient ceux des riches Déliens, commerçants et banquiers. Après le départ des troupes pontiques, Délos fit retour à la métropole dont elle avait été séparée de fait pendant le long investissement d'Athènes et du Pirée. Rien ne fut changé au statut de l'île; Sylla n'avait point de raison pour enlever Délos à Athènes, cruellement châtiée par lui, désormais inoffensive et réduite à merci. Le statu quo répondait aussi au vœu des grandes familles d'Athènes, qui tenaient par tant de liens à Délos et qui avaient, jusqu'au bout, soutenu dans leur pays la cause de Rome. [...]

 

Peu de temps sans doute après la dĂ©faite de Mithridate, un petit monument fut Ă©levĂ© par Sulla, aux frais des conlegia :

 

de pecunia quam conlegia in commune conlatam («Lucius Cornelius Sulla, proconsul, (a fait cette offrande) avec l'argent réuni par les collèges») (Felix Dürrbach, Choix d'Inscriptions de Délos, 1921 - www.google.fr/books/edition).

 

Typologie

 

Le report de 1687 sur la date pivot -86 donne -1859.

 

1859 : Jupiter, prévenu qne le fils de Métis doit devenir maître de l'univers, tue ou avale la mère et l'enfant, et épouse Junon ou Héra sa soeur, à l'exemple de son aïeul Uranus qui avait épousé Titéa, et de son père Saturne qui avait épousé Rhéa (Buret de Longchamp, Les fastes universels, Tome 1, 1823 - www.google.fr/books/edition, Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1743, Tome 1, 1744 - www.google.fr/books/edition).

 

Le Parthénon, temple d'Athéné, fut consacré au culte chrétien sous le vocable d'Hagia Sophia, la Sainte Sagesse. Athéné fut en Grèce «le point de départ de personnifications toutes morales et intellectuelles; la première de ces individualisations des vertus divines, dont la multiplication a caractérisé les derniers siècles du polythéisme.» Cette pure divinité figurait «la sagesse émanée de l'intelligence divine, ou, en langage poétique, la fille de Zeus et de Métis.» (L. Petit Julleville, Eglises chrétiennes en Grèce, de Nouvelles Archives des missions scientifiques et littéraires, Volume 12, 1868 - www.google.fr/books/edition).

 

VĂ©nitiens et Ottomans

 

Les Vénitiens qui, depuis la perte de Candie, épiaient l'occasion de se venger de la Turquie trop puissante, saisirent le moment où elle était engagée dans une guerre contre l'empereur d'Autriche. Ils avaient jusque-là dévoré beaucoup d'affronts et d'avanies; mais, quand ils apprirent que l'armée ottomane, campée sous les murs de Vienne, avait été défaite par le secours de Sobieski, roi de Pologne, ils n'hésitent plus; ils déclarent la guerre à la Porte, qui n'avait pas coutume de se laisser prévenir, et mettent tous leurs vaisseaux en mer. Dans cette grande occasion, ils rappellent au commandement Morosini qui, depuis la malheureuse issue de la guerre de Candie, subissait, malgré sa gloire, l'ingrat oubli de ses concitoyens. Morosini se vengea comme un grand homme, en redoublant de zèle et de courage. A la tête d'une flotte nombreuse, il se saisit d'abord de Leucade, poste avancé du Péloponèse, et débarque dans la péninsule huit mille hommes qui marchent sur Coron. C'était la première fois que l'étendard chrétien reparaissait dans la Grèce depuis bien des années; et, quoique l'ancienne domination de Venise eût laissé de fâcheux souvenirs, la haine du joug musulman ne permettait aucune incertitude dans les voeux des Moraïtes. Toute la péninsule fut ébranlée. Plusieurs évêques correspondaient avec le général vénitien; des paysans, des pâtres de la montagne arboraient les couleurs de Venise; et tout appelait les nouveaux conquérants. Coron fut emporté, après quelques jours de siége, et les Turcs qui l'habitaient passés presque tous au fil de l'épée. Alors, des hauteurs du Taygète, descendirent les Maniotes pour combattre et piller; et leur secours servit à disperser un corps de troupes commandé par le capitan-pacha. Ces premiers succès, poussés par le génie guerrier de Morosini, firent tomber en peu de temps les plus fortes places de la Morée. Dans la seconde campagne, en 1686, les deux forteresses de Navarin, Modon, Argos et Napoli se soumirent aux Vénitiens. C'était une révolution rapide; les Turcs se réfugiaient de toutes parts dans les villes, et les villes capitulaient avec les vainqueurs. L'année suivante, Patràs et Néocastro furent emportés; Lépante et Misitra se rendirent; et le séraskier de la Morée, battu plusieurs fois, n'osa défendre Corinthe; il fit sauter les fortifications de cette ville; incendia les magasins et se retira vers les montagnes de l'ancienne Phocide, en massacrant tous les Grecs qu'il rencontrait sur son passage, et qu'il accusait des maux de l'empire. Morosini, rapidement accouru, s'empara de Corinthe, enlevée aux Turcs et aux flammes. Il était maitre de toute la Morée où les Turcs ne possédaient plus que Malvoisie.

 

Ce général sentit alors le besoin d'étendre ses conquêtes, pour les assurer. Le port d'Athènes et l'île de Négrepont pouvaient seuls garantir la possession du Péloponèse; et, tandis que toutes les forces des Turcs étaient occupées dans la guerrre contre l'Autriche et la Pologne, l'occasion était belle pour enlever la Grèce aux Barbares (Abel François Villemain, Études d'histoire moderne par M. Abel-François Villemain, 1856 - books.google.fr).

 

S'il est vrai ce que l'on mande de Malte, qu'il y a du soulevement dans le Roiaume de Candie, & que le peuple avoit Ă©gorgĂ© le Bacha, & que lĂ -dessus la force de la Republique de Venise, jointe aux galeres de Malte, avoit pris la route vers la CanĂ©e, c'est une grande afaire pour la Republique s'ils s'en peuvent rendre les maitres, cela leur seroit plus utile, & beaucoup plus profitable que Negrepont : mais l'on ne peut rien dire d'assurĂ© que l'armĂ©e ne soit arrivĂ©e devant, & aie commencĂ© Ă  canonner & bombarder; car comme les desseins du Serenissime Doge sont secrets, dificilement peut-on les penetrer ; & l'on n'en parle pour la plupart que par conjecture, en quoi l'on est souvent trompĂ© par les feintes qu'il fait. Comme jusqu'Ă  present toutes les aparences ont Ă©tĂ© que la premiere attaque se feroit Ă  Negrepont, les Turcs l'ont si-bien cru, qu'ils l'ont renforcĂ© de tout; & mis en Ă©tat de se bien dĂ©fendre, mais ils feront trompĂ©s & bien d'autres, si le Doge fait descente dans la CanĂ©e, qui est un très bon pais fertile en bled & en huile, & ce qui marque assez la bontĂ© du pais, c'est le grand commerce que les ChrĂ©tiens y font continuellement. Nous ne tarderons pas de savoir si les nouvelles de Malte que le Cardinal Pio a receues du Grand Maitre sont veritables; quoi qu'il en soit nous vois lĂ  Ă  la veille de voir les premiers effets de la campagne. Il faut que le canon se dĂ©charge sur quelque endroit a la saison est dĂ©ja bien avancĂ©e ; mais particulierement de ces cĂ´tĂ©s lĂ , oĂą les chaleurs sont fort incommodes, & causent de grandes maladies aux troupes qui viennent d'un climat froid auquel elles ne sont pas accoutumĂ©es (CONSIDERATIONS POLITIQUES ET HISTORIQUES Sur l'Ă©tat present des affaires DE L'EUROPE Pour le 16. d'AoĂ»t 1688, 1688 - books.google.fr).

 

Au commencement de la campagne suivante (1686) le comte de Koenigsmark, gĂ©nĂ©ral suĂ©dois, que la rĂ©publique avait pris Ă  sa solde, joignit ses troupes Ă  celles de Morosini; les armĂ©es combinĂ©es soumirent successivement Navarin, Modon, Argos, et Napoli di Romania, capitale de la MorĂ©e. Ces triomphes rĂ©pandirent l'allĂ©gresse dans Venise. Au mois de juillet 1687, Morosini se mit en mer et força les Turcs Ă  abandonner Patras, chef-lieu de l'AchaĂŻe, le château des Dardanelles sur la cĂ´te de MorĂ©e et celui qui s'Ă©lève sur la cĂ´te de RoumĂ©lie. Il s'empara ensuite de LĂ©pante, de Castel-Tornèse, de Corinthe et de Misitra. Toutes ces conquĂŞtes rendaient les VĂ©nitiens maĂ®tres du golfe de Corinthe : il ne leur restait plus qu'Ă  s'emparer du port du Lion (le PirĂ©e), que les Ottomans occupaient sur la cĂ´te du golfe d'Egine : ce port Ă©tait celui d'Athènes, la ville des Sages, le sĂ©jour des Muses. Une nombreuse garnison dĂ©fendait les remparts. Morosini confia le commandement du siĂ©ge Ă  Koenigsmark. Sans respect pour cette patrie des arts, le gĂ©nĂ©ral suĂ©dois soudroya de son artillerie ce qui restait des glorieux monuments de l'antiquitĂ©. En peu de jours, toute la ville ne prĂ©senta plus qu'une vaste Ă©tendue couverte de flammes et de ruines. Dès lors Athènes capitula. Les lions de marbre, qui, en donnant leur nom ĂĄ l'ancien PirĂ©e, paraissaient prĂ©posĂ©s Ă  la garde de ce port, furent transfĂ©rĂ©s Ă  Venise, oĂą ils ornèrent la porte de l'arsenal. Cette brillante campagne couvrit de gloire le hĂ©ros vĂ©nitien; le sĂ©nat fit placer son buste dans la grande salle du palais des doges, avec cette inscription : «Le sĂ©nat Ă  Morosini le PĂ©loponĂ©siaque, de son vivant.»

 

Peu de temps après, en 1688, le doge Giustiniani étant mort, Morosini reçut un nouveau témoignage de la reconnaissance nationale : il fut élevé à la magistrature suprême. Ceint de la couronne ducale, il partit du golfe d'Egine pour aller assiéger Négrepont, dont il essaya vainement de s'emparer. Le siége de cette ville fut très-funeste aux chrétiens: la résistance désespérée de la garnison ottomane et le fléau de la peste firent périr le tiers de l'armée des assiégeants. Le brave Koenigsmark lui-même, général d'une brillante valeur, succomba à la contagion, Morosini, obligé de lever le siége de Négrepont, se rendit devant Malvoisie, qu'il se mit en devoir d'attaquer; mais une maladie dont il fut atteint le força bientôt d'aller chercher le repos dans sa patrie, et de laisser le commandement en chef à Cornaro (François Valentin, Histoire de Venise, 1855 - books.google.fr).

 

Dans le journal de Anna Akerhjelm, dame de compagnie de la comtesse, femme de Königsmark, on lit que les Turcs font des sorties tous les soirs, mais sans résultat. Il s'est passé des choses ici qui ne sont arrivées nulle part ailleurs jusqu'à présent. Des Turcs ont déserté et sont venus à nous. Il nous en est arrivé quelques-uns qui racontent qu'ils sont mécontents chez eux, que la solde n'a pas été payée depuis quelques mois, que nos pièces font beaucoup de mal à l'ennemi. Ils assurent qu'il n'y a point de mines pratiquées dans leurs ouvrages, ce à quoi il ne faut pas trop se fier; qui vivra verra. [...]

 

Une nuit, les Turcs firent une sortie et forcèrent les Florentins [qui combattaient à Nègrepont avec les Vénitiens] d'abandonner leur retranchement. Il y a eu là beaucoup de monde tué et blessé. Mais les nôtres sont arrivés et ont refoulé l'ennemi dans la forteresse (Charles Marie Wladimir Brunet de Presle, Alexandre Blanchet, Grèce depuis la conquête romaine jusqu'à nos jours, 1860 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Siège de Negroponte (1688)).

 

Le siège d'Athènes de 1687

 

En 1687, les Vénitiens du doge Francesco Morosini attaquent les Turcs. Les Ottomans démolissent les Propylées et le temple de la Victoire Aptère pour y installer une batterie et transforment le Parthénon en poudrière. Les habitants d'Athènes se réfugient aux îles d'Egine, de Salamine et dans les Cyclades. Pendant le siège de l'Acropole, une bombe vénitienne tombant sur le Parthénon provoqua une explosion qui endommagea gravement ce monument. Morosini se retira en avril 1688, abandonnant la ville à la vengeance des Turcs. Dès 1691, par ordre du sultan, sollicité par le patriarche, les habitants d'Athènes purent revenir dans la ville durement éprouvée par les combats. Le voïvode Mustafa entreprit aussitôt de réparer les murailles de l'Acropole où résidaient les Turcs (Robert Boulanger, Athènes, Corinthe, Mycènes, Delphes,Guides bleus, 1960 - www.google.fr/books/edition).

 

"traditeurs" : traîtres

 

De tous les monuments de l'Acropole, le Parthénon fut le seul à porter le désastre du siège de 1687. Il n'avait été transformé en dépôt à poudre que de manière occasionnelle et les Vénitiens ne l'avaient appris qu'à la faveur d'une trahison (Lya Matton, Raymond Matton, Athènes et ses monuments : du XVIIe siècle à nos jours, 1963 - www.google.fr/books/edition).

 

Un transfuge s'échappa de l'Acropole et vint au quartier des Luneburgeois, qui servaient la batterie de l'est, annoncer que les Turcs avaient enfermé toutes leurs munitions dans le Parthenon, et que c'était là, là seulement, qu'il fallait jeter les bombes (Léon Emmanuel Simon Joseph de Laborde, Athènes aux 15e, 16e et 17e siècles, Tome 2 1854 - www.google.fr/books/edition).

 

Venezia conseguì una serie di successi fino al 1688, quando Morosini iniziò l'assedio di Negroponte (Khalkis) nell'isola di Eubea, proprio a ridosso della terraferma. L'esercito multietnico e poliglotta formato da più di 16.000 uomini era la forza singola più numerosa messa in campo da Venezia dai tempi di Lepanto e, anche qui fu un disertore italiano che insegnò ai turchi a costruire terrapieni come rifugio e a collocare artiglieria pesante. L'insorgere di una epidemia aggravò le difficoltà e disponendo di una forza molto ridotta, Morosini dovette ritirarsi (Gregory Hanlon, Storia dell'Italia moderna, 1550-1800, Le vie della civiltà, 2002 - www.google.fr/books/edition).

 

Traditores

 

Le génie plus délié des Italiens y ajoute les défenses actives des casa mata (casemates) et des traditores, qui créent les bastions et donnent naissance aux belles fortifications de Vérone, de Turin, de Plaisance, qu'à leur tour les Italiens, tels que Donato Buoni Pellezuoli de Bergame, l'auteur de la citadelle de Gand et de la place d'Anvers, sous Charles-Quint, rapportent dans les Pays-Bas. A la même époque, Jacomo Castriotto d'Urbin, Scipion de Vimercati, de Milan, appelés en France par François Ier, y introduisent l'art italien. Cet art italo-belge se perfectionne durant les guerres terribles des Pays-Bas du XVIe siècle, sous l'influence des princes d'Orange, d'Albert Durer, de Daniel Speckle, de Simon Stevin, jusqu'au moment où le génie de Vauban, habile à utiliser pour son pays tous les progrès, le fait arriver à sa plénitude (Henri Wauwermans, Le château de La Ferté-Milon en Valois, 1889 - www.google.fr/books/edition).

 

La premiere qualité requise pour les Traditores, ou Canons cachés & reservés pour battre le revers des Brêches, est d'être à couvert du Canon ennemi: la seconde qualité, qui aussi fait la perfection, est d'être encore à l'abri des Bombes, moyennant des Casemates bien conditionnées (Jean Bernard Virgin, La Défense des Places mise en équilibre avec les attaques savantes et furieuses d'aujourd'hui, 1781 - www.google.fr/books/edition).

 

Traditori

 

Di riscontro abbiamo la Tartana in Morea (Venise, 1687), dove un anonimo poeta, che si chiama il Pescatore di Dorsoduro, descrive la Morea durante la guerra di Francesco Morosini con le piĂą sbardellate metafore e le sottigliezze piĂą strane, attraversate a quando a quando da qualche racconto colorito con vivacitĂ  (Pompeo Molmenti, Venezia et la Poesia, Ars et labor: musica e musicisti, Volume 59, 1904 - www.google.fr/books/edition).

 

I turchi sono descritti crudeli e traditori, ma spesso si preferisce attenuare la durezza delle parole con aggettivi piĂą che altro ironici divertendosi a dare un'immagine dei temuti infedeli piĂą vicina al comico che al truce (Alessandro Marzo Magno, Atene 1687, 2011 - www.google.fr/books/edition).

 

"minuit" et "poix"

 

La poix désigne premièrement la résine brute du pin, soit la gemme. Les noms grec "pissa" et latin pix désignaient à l'origine aussi bien la résine que la poix; et de manière plus large les confusions sont fréquentes dans l'Antiquité entre les dénominations de poix, de résine, de bitume et de pétrole; le bitume se dit aussi pix fossilis et on employait la poix pour le falsifier. "pissa" et pix sont indo-européens, comme le montrent les formes slaves et baltiques de la racine. Ensuite Columelle rapporte l'usage par les Allobroges, d'une poix, pix corticata, pour apprêter leurs vins, qui ne peut être qu'une résine de sapin1. L'arbre à poix est nommé picea, dont l'usage pour cette signification n'est attesté qu'au XVIIIe siècle (fr.wikipedia.org - Poix (matière)).

 

"mezz'ora di notte" veut dire minuit :

 

"Circa à mezz’ora di notte la fortezza di Belvedere con 2 tiri diede il segno dell’accendere" (Vers minuit, la forteresse du Belvedere tira deux coups pour donner le signal d’allumer les feux d’artifice) (ASFi, Guardaroba Medicea, Diario di Etichetta, 7, fos 192vo-193ro. au sujet du mariage en 1661 de Marie Louise d'Orlénas avec Côme III de Toscane) (Vincenzo Lagioia, L’«étiquette royale» : Marguerite-Louise d’Orléans à l’épreuve de Florence, Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, 2016 - journals.openedition.org).

 

Voyez la dépêche de Morosini : l'heure même de la chute de la bombe fatale est fixée dans les Reporti ou Gazettes de Venise. «Venezia 22 nov. 1687. La sera delli 26 settembre, verso mezz'ora di notte, una bomba del Sr conte di San Felice cade in un magazzino di polvere ed altre cose bituminose che accesovi in fuoco vi durò per 2 giorni, e rovinò il bel tempio di Minerva.» (Archives de M. Rawdon-Brown à Venise.) (Léon Emmanuel Simon Joseph de Laborde, Athènes aux 15e, 16e et 17e siècles, Tome 2 1854 - www.google.fr/books/edition).

 

"mezz'ora di notte" voudrait plutĂ´t dire autre chose :

 

"mezza ora di notte", c'est-à-dire, comme dans le crépuscule, une demi-heure après le coucher du soleil (Franz Xaver von Zach, Correspondance astronomique, géographique, hydrographique et statistique, 1822 - www.google.fr/books/edition).

 

"Cunicules" : galeries

 

Fanelli, qui assista au bombardement de l'Acropole en 1687, dit : «En avançant derrière la porte du château et dirigeant sa route vers le bazar ou place de la ville, peu Ă©loignĂ©e de l'endroit oĂą furent disposĂ©es les galeries au moment de l'attaque, on trouve une petite fontaine de construction turque, qui sans doute Ă©met des eaux natives, car les eaux ne pourraient monter naturellement jusqu'en un lieu si Ă©levĂ©.» (Émile Louis Burnouf, La ville et l'acropole d'Athènes aux diverses Ă©poques, 1877 - www.google.fr/books/edition, Francesco Fanelli, Atene attica descritta da suoi principii fino all'acquisto fatto dall'armi venete nel 1687, 1707 - www.google.fr/books/edition).

 

Ce mot de Galerie signifie un chemin sous terre, qu'oon pousse par la sappe sous les travaux de l'Ennemy, pour le passage du Mineur, quand il va preparer des Fourneaux, c'est à dire la chambre de la Mine à desein de faire sauter quelque Ouvrage (Georges Guillet, Athènes ancienne et nouvelle, et l'estat présent de l'empire des Turcs, 1675 - www.google.fr/books/edition).

 

Les ingénieurs dirigeaient à travers les maisons un chemin couvert, pour donner aux mineurs le moyen de faire sauter un pan de la muraille de Thémistocle, au nord de la forteresse et au-dessus de la grotte d'Aglauros; mais la dureté du rocher, la vigilance des assiégés et leurs coups meurtriers, enfin la mort du capitaine des mineurs qui tomba du haut d'un rocher, auraient enlevé toute espérance de ce côté et fait abandonner ce travail, si un événement inattendu ne l'avait pas rendu inutile, en changeant tout à coup la face des choses, en réduisant d'un seul coup une forteresse préparée à une longue résistance. Déjà le 25 une bombe était tombée sur un petit magasin à poudre établi dans les Propylées, et l'avait fait sauter. C'était comme le présage d'un événement autrement considérable qui eut lieu le lendemain soir, 26 septembre 1687 (Léon Emmanuel Simon Joseph de Laborde, Athènes aux 15e, 16e et 17e siècles, Tome 2 1854 - www.google.fr/books/edition).

 

Thèbes

 

Le Serasquier de la MorĂ©e qui campoit prĂ©s de Thebes avec quelques Troupes qui lui Ă©toient restĂ©es avoit si mal fait son devoir la campagne passĂ©e qu'il devoit attendre furement d'en ĂŞtre châtiĂ©. Aussi envoia-t'on un ordre de Constantinople pour l'arrĂŞter; mais, en aiant Ă©tĂ© averti Ă  tems, il ne fut pas d'humeur d'ĂŞtre aussi obeissant que la pluspart des Officiers de la Porte, qui croient que c'est un crime de refuser la tĂŞte Ă  son Prince lors qu'il la demande : il se fauva en Bulgarie avec un petit nombre de Soldats, ce qui fut cause que le reste de son ArmĂ©e le dissipa entierement; ainsi la Ville de ThĂ©bes fut abandonnĂ©e, & on dit que le GĂ©nĂ©ral Morosini s'en rendit MaĂ®tre, & en fit demolir les fortifications qui Ă©toient presque ruinĂ©es & hors de dĂ©fense (HISTOIRE ABREGÉE DE L'EUROPE Pour le mois de JUILLET 1687: OU L'ON VOIT TOUT CE QUI se passe de considĂ©rable dans les Etats, dans les Armes, dans la Nature, dans les Arts, dans les Sciences, Tome 4, 1688 - www.google.fr/books/edition).

 

"arcs"

 

Ottoman military technology did not appear to be markedly inferior to their European adversaries in the first half of the seventeenth century or perhaps later. They were self-sufficient in the production of cannon and powder into the eighteenth century, but were open to Western influences in their use. The artillery corps numbered some 6,000 men in the 1680s. An Italian renegade who built a great foundry in Istanbul helped modernize the artillery. A Venetian deserter at Negroponte in 1688 improved the process of casting and firing mortars. If the Venetians routinely melted down Ottoman guns alter capturing them, it was in order to reduce the variety of pieces to a few convenient calibres. Neither did the Ottomans lag behind Western technology in infantry weapons. Their muskets were longer and heavier than the Western ones, and better steel enabled them to use larger powder charges, which made them more accurate at longer range. These muskets also had a small knife planted in the butt for close combat. By the late seventeenth century, janissaries no longer employed bows, and used muskets and sabres almost exclusively, although sipahis, Tatars and infantry auxiliaries were experienced archers (Gregory Hanlon, European Military Rivalry, 1500–1750, 2020 - www.google.fr/books/edition).

 

"canicule"

 

La canicule est une période de l'année correspondant au temps chaud de la saison d'été, de "canis" chien. Le siège de Nègrepont commence en juillet 1688.

 

Souterrain

 

Une autre pratique des sièges, de laquelle les Turcs sont Ă  la fin du XVIIe siècle les spĂ©cialistes, est celle des mines. PlutĂ´t que d'ouvrir une brèche dans la fortification au canon, les mines sont une alternative consistant en la formation de tunnels dĂ©bouchant, sous l'ouvrage visĂ©, Ă  des cavitĂ©s remplies de poudre explosive. Se dĂ©veloppe alors une vĂ©ritable «guerre de siège souterraine» entre mines et contre-mines, assiĂ©geants et assiĂ©gĂ©s. Les sources mentionnent les rĂ©sultats particulièrement atroces de ce type d'affrontements, du fait des conditions difficiles qui les entourent : le manque d'espace dĂ» Ă  l'Ă©troitesse des galeries, la faible lumière des chandelles et l'air viciĂ©, tout est rĂ©uni pour des empoignades effroyables Ă  l'arme blanche. Le siège de Vienne par les Ottomans en 1683 demeure un des exemples les plus marquants de cette guerre de siège «souterraine» (Michel ThĂ©venin, «Changer le système de la guerre» : le siège en Nouvelle-France, 1755-1760, 2020 - www.google.fr/books/edition).

 

L'isle d'EubĂ©e n'est separĂ©e de terre ferme, que par un petit canal estroit de mer, qu'on appelle Euripe : C'est une mer furieuse de precipitĂ©e, laquelle fluant sept fois alternatiues, au cours de recours tous les iours & toutes les nuicts. Cest Euripe rompt souuent le cours des vents, & retarde les nauires voguans Ă  pleines voiles (Philostrate, De la vie d'Apollonius Thyaneen en VIII livres, traduit par Blaise de Vigenere, 1611 - books.google.fr).

 

Déroulement du siège de Nègrepont

 

Ceint de la couronne ducale, Morosini partit le 8 juillet du golfe d'Égine, pour aller assiĂ©ger NĂ©grepont. Six mille hommes dĂ©fendaient cette place, Il assiĂ©ge environnĂ©e de bonnes fortifications, qui avaient dĂ©ja, dans les temps antĂ©rieurs, soutenu tour-Ă -tour les efforts des Turcs et des VĂ©nitiens. Morosini dĂ©barqua Ă -peu-près quinze mille hommes; le comte de Königsmarck commença l'investissement, Ă©leva cinq batteries, et obligea les assiĂ©gĂ©s Ă  se renfermer dans leurs murailles. Malheureusement le siĂ©ge Ă©tait Ă  peine entâmĂ©, que la peste se manifesta dans le camp, et moissonna un tiers de l'armĂ©e. Le comte de Königsmarck lui-mĂŞme y succomba, après s'ĂŞtre illustrĂ© dans ces deux dernières campagnes. On lui donna pour successeur Charles-FĂ©lix GallĂ©as, duc de Gadagne, dans le Comtat-Venaissin; c'Ă©tait un gĂ©nĂ©ral de rĂ©putation, qui avait servi sous le marĂ©chal de Turenne. Mais, pour reprendre les opĂ©rations du siĂ©ge avec quelque vigueur, il fallut attendre des renforts. Le sĂ©raskier de l'Ă®le saisit ce moment pour attaquer dans ses lignes cette armĂ©e Ă©puisĂ©e par la maladie : repoussĂ© une première fois, il recommença le combat, et pĂ©nĂ©tra jusque dans le camp vĂ©nitien; ce ne fut que par les efforts du dĂ©sespoir, et avec une perte considĂ©rable, qu'on parvint Ă  l'Ă©loigner. Quatre mille hommes Ă©tant arrivĂ©s de Venise, Morosini fit donner un assaut, le 20 aoĂ»t 1688. Un ouvrage extĂ©rieur, vaillamment dĂ©fendu, fut emportĂ© ; il en coĂ»ta quinze cents hommes aux Turcs, et la moitiĂ© moins aux VĂ©nitiens. Mais de si rudes combats anĂ©antissaient une armĂ©e dĂ©ja languissante. Elle s'obstina encore, pendant un mois et demi, Ă  battre le corps de la place. Enfin, lorsqu'on y eut fait une large brèche, et qu'une mine eut comblĂ© le fossĂ©, en y renversant la contrescarpe, on tenta un nouvel assaut. Les troupes albanaises et dalmates s'Ă©lancèrent sur la brèche; il y eut des soldats qui parvinrent jusques sur le rempart; ces efforts furent infructueux. Cette partie de la muraille Ă©tait trop escarpĂ©e, pour que de la brèche on pĂ»t descendre dans la ville, et trop dĂ©couverte, pour que la position fĂ»t tenable : il fallut abandonner l'attaque, et Morosini se dĂ©cida Ă  ordonner le rembarquement. ObligĂ© de renoncer Ă  NĂ©grepont, il se reporta devant Malvoisie (Pierre-Antoine-Noel-Bruno Daru, Histoire de la republique de Venise, Tome 5, 1821 - books.google.fr).

 

Le séraskier de la province étoit campé avec six mille hommes à Thèbes, à quatre lieues de Nègrepont, & de là il faisoit entrer pendant la nuit des secours dans la place (Histoire universelle: depuis le commencement du monde jusqu'a present, Tome 33, 1771 - books.google.fr).

 

Du turc serasker («chef d’armée»), lui-même du persan sarlashkar («chef d'armée, général»), composé de sar («tête, chef») et de lashkar («armée») pour le turc, composé de ser («tête») et de asker («armée») (fr.wiktionary.org - sérasquier).

 

Poix résine

 

On tire de l'isle de Negrepont beaucoup de résine (Hendrik Frieseman, Description historique et géographique de l'Archipel, 1789 - www.google.fr/books/edition).

 

Il ne reste de l'ancienne Chalchis que quelques fragments de marbre blanc dans les murs de plusieurs maisons et mosquĂ©es. Il y a pourtant dans la partie du sud les ruines d'un aqueduc avec ses arches qui du temps des Romains amenait l'eau Ă  la ville. On doit remarquer que cette ville a Ă©tĂ© la rĂ©sidence d'Aristote, et la patrie du poĂ«te Lycophron, et d'autres hommes cĂ©lèbres. Les principales villes de NĂ©grepont sont : Karysto, Rovies, 'Oreos et Kastrovata. La population de toute l'ile est estimĂ©e Ă  40,000 habitants suivant les uns, et Ă  60,000 suivant les autres. Chalchis seule en contient 6,000, Grecs, Turcs et Juifs. Nous ne quitterons pas cette Ă®le, la reine de l'Archipel tant par son Ă©tendue que par sa fertilitĂ© et le rĂ´le qu'elle a jouĂ© dans les temps anciens, sans dire un mot de sa constitution physique. Son intĂ©rieur est coupĂ© par une chaĂ®ne de hautes montagnes de calcaire grossier, dont les sommets sont pour la plupart arides et dĂ©nudĂ©s; mais les plaines et les vallĂ©es sont d'une fertilitĂ© extraordinaire, et, annĂ©e commune, on calcule que les cĂ©rĂ©ales rapportent vingt pour un. Les autres productions de l'Ă®le sont : le vin, la laine, le coton, la poix et la serpentine. L'Ă®le peut avoir dans sa plus grande longueur 90 milles, 162 kil. environ, et dans sa plus grande largeur, 26 milles, 46 kil 314 (QuĂ©tin, Guide en Orient: itinĂ©raire scientifique, artistique et pittoresque, 1846 - books.google.fr).

 

La poix (obtenue principalement par le traitement de la rĂ©sine) servait Ă  fixer les joints prĂ©alablement calfatĂ©s au moyen de filasse ou de quelque autre matière d'emballage, puis Ă  recouvrir la surface extĂ©rieure entière d'une couche impermĂ©able ; Ă  cet effet, on se servait aussi de cire (François Fuhrmann, Propos de table de Plutarque, 1978 - books.google.fr).

 

D'après Plutarque, on avait l'habitude d'ajouter à certains vins de Grèce ou de Sicile, notamment à ceux de l'ile d'Eubée et de Naxos, une certaine quantité de résine ou bien on enduisait de poix les vases destinés à les contenir (Bouchard, Le vin chez les anciens, Gazette Hebdomadaire de Medecine et de Chirurgie, Volume 4, Numéros 1-52, 1867 - www.google.fr/books/edition).

 

En 1683, Jean II Sobieski fait lever le siége de Vienne, chasse les Turcs. On trouve dans leur camp des munitions de guerre dont de la poix en quantité (50 quintaux) (J.P. à Vaelckeren, Vienne assiegée par les Turcs, et delivrée par les Chrestiens; ou, Journal du siege de Vienne, depuis le 6. de May de l'année 1683, jusqu'au 15. de Septembre de la mesme année, 1684 - www.google.fr/books/edition).

 

Les Viennois utilisaient des feux de poix pour éclairer les mouvements ennemis dans la nuit (Johann von Ghelen, Relation Succinte Et Veritable De Tout Ce Qui S'Est Passé Pendant Le Siege De Vienne, traduit en François par N. I. D. N., 1684 - www.google.fr/books/edition).

 

On ne sait pas si de la poix a été utilisée dans le siège de Nègrepont en 1688. Probablement.

 

La poix et Venise

 

Dante ne pouvoit parler avec mépris d'une puissance qui avoit favorisé l'arrivée de Henri VII; d'une puissance qui possédoit déjà la côte orientale de l'Adriatique, toute l'ile de Candie, une partie de celle de Négrepont, et plusieurs ports de la Morée; d'un Etat, enfin, qui prenoit à bon droit le titre de Seigneur du quart et demi de l'empire romain (Artaud de Montor, Histoire de Dante Alighieri, 1841 - books.google.fr).

 

L'arsenal de Venise Ă©tait une de ses merveilles il fut son plus glorieux, son plus utile monument; et les flottes qu'il construisit, en combattant, en repoussant l'invasion permanente des Turcs, sauvèrent la civilisation de l'Italie et du midi de l'Europe. Il n'est aujourd'hui qu’un magnifique tĂ©moignage de la dĂ©cadence de Venise. Combien il diffère dans sa solitude de cet arsenal peint si admirablement par le Dante, qui a fait entrer dans sa description les termes techniques de marine, et les a rendus harmonieux, poĂ©tiques, imitatifs, tant ce prodigieux gĂ©nie sait tout dire !

 

Quale nell' ArzanĂ  de Veneziani

Bolle l'inverno la tenace pece

A rimpalmar li legni lor non sani

Che navicar non porno ; e'n quella vece,

Chi fa suo legno nuovo, e chi ristoppa

Le coste a quel che piĂą viaggi fece;

Chi ribatte da proda, e chi da poppa,

Altri fa remi, ed altri volge sarte,

Chi terzeruolo ed artimon rintoppa. 

 

(Inf., cant. XXI. Ces vers sont Ă  peu près intraduisibles; il faudrait pour les rendre un ingĂ©nieur de la marine grand poète, et M. Ch. Dupin n'a encore fait jusqu'ici que de la prose. Voici le sens des vers du Dante : «Tel, dans l'arsenal de Venise, bout, l'hiver, poix tenace, afin de radouber les vaisseaux qui ne peuvent naviguer; ici l'on rĂ©pare Ă  neuf un vaisseau; lĂ  on rapproche et l'on resserre les flancs de celui qui a fait plusieurs voyages; l'un va de la poupe Ă  la proue et de la proue Ă  la poupe; d'autres fabriquent des rames, roulent des cordages, ou dressent l'artimon et les autres voiles.»).

 

La population de l'arsenal, qui était alors de seize mille ouvriers, n'était plus, au XVIIe siècle, que de trois mille, et vers la fin de la république, que de deux mille cinq cents, auxquels étaient adjoints, pour travaux extraordinaires, les artisans et facchini de la ville; sous l'administration française, elle s'est élevée quelque temps jusqu'à trois mille cinq cents; elle n'est guère aujourd'hui que de douze cents. A l'entrée sont les deux lions colossals de marbre. enlevés d'Athènes par Morosini, mais qui, disent les savans, ne sont plus antiques; lions qui seraient aujourd'hui plus libres s'ils fussent restés au Pyrée, et qu'Athènes eût fait partie de la Grèce (Antoine Claude Pasquin Valery, Voyages historiques et littéraires en Italie, pendant les années 1826, 1827 et 1828, ou, L'indicateur italien, Tome 1, 1831 - books.google.fr).

 

Dans la Ve bolge qu'il compare Ă  l'arsenal de Venise, Ă  cause de la poix Ă©paisse qui ruisselle de tous cĂ´tĂ©s, se trouvent enfoncĂ©s Bonturo Bonturi, le faussaire le plus infâme de Lucques ; Ciampolo, le domestique infidèle du bon roi Thibaud, et leurs compagnons de fraude. La poix gargouillante les cuit, et dans l'entre-temps, Malebranche, Graffiacane, Rubicante, Ciriatto et autres hideuses figures de dĂ©mons, rĂ©pondant aux noms les plus hizarres, les Ă©corchent et les accrochent par leurs cheveux bitumineux avec leurs griffes et des dĂ©fenses de sanglier qui sortent des deux cĂ´tĂ©s de leurs bouches (Tito Zanardelli, Dante et ses prĂ©curseurs, 1896 - books.google.fr).

 

Malebranche, Griffes maudites : C'est le nom général des démons de la cinquième enceinte où sont punis ceux qui ont trafiqué de la justice, «lesquels, dit le vieux Grangier, ont griffes et ongles de lyon» (Œuvres de Dante Alighieri: la divine comédie, traduit par Auguste Brizeux, Etienne Jean Delécluze, 1886 - books.google.fr).

 

Acrostiche : PC DP

 

PC : procurator (Sertorio Orsato, De Notis Romanorum commentarius in quo earum interpretationes quotquot reperiri potuerunt, Tome 2, 1672 - www.google.fr/books/edition).

 

A later edition of Coronelli's book on the Morea, which is without date, but which would seem to be later than the Venetian siege of Athens, appeared under the title Conquiste nella Morea della sereniss. Republica di Venezia, nella seconda campagna della guerra intrapresa L'Anno M.DC.LXXXIV. sotto la valorosa condotta del Cap: Generale Francesco Morosini, Caualier, e Procuratore di S. Marco contro Meemet IV. Imperator dei Turchi. This edition (No. XXXIV. 4, 26166 in St. Mark's Library) contains, at page 64, the second and most interesting map of Athens, which is inscribed Antica, e moderna cittĂ  d'Atene, dedicata dal P. Coronelli all' illustriss: et eccellentiss: Sig: Cristino Martinelli, Patritio Veneto (Transactions of the American Philological Association, Volumes 24 Ă  25, 1893 - www.google.fr/books/edition).

 

Blessé dangereusement au siège de Candie, Morosini fut transporté hors du lieu, et fut obligé de se tenir quelque tems en repos. Le Senat informé de cette action surprenante, signa le Decret du 20 Septembre 1669, par lequel il élut François Morosini procurateur de Saint Marc surnuméraire, avec toutes les dignités, prérogatives, et prééminences de cette charge, pour avoir avec tant de vigueur conservé à la chrétienneté et à la Patrie un boulevard aussi fort que Candie (Giustina Renier-Michiel, Origine delle feste veneziane, Volumes 4 à 5, 1827 - www.google.fr/books/edition).

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