Catholiques/Orthodoxes : Cujus regio ejus religio II, 27 1650-1651 Le divin verbe sera du ciel frapé, Qui ne pourra proceder plus avant : Du reserant le secret estoupé, Qu'on marchera par dessus & devant. Procession Ainsi, bien que certains historiens expliquent que la rupture entre « catholiques » et « orthodoxes » a toujours existé, ou daterait au moins de 1054, le schisme entre les deux Églises n’existe en réalité que depuis les années 1650, c’est-à -dire depuis le traité de Westphalie qui a consacré en Europe le principe politique du Cujus regio ejus religio (Tel prince, telle religion : principe qui a divisé l’Europe sur le principe confessionnel). Le pouvoir politique, qu’il soit ottoman ou tsariste en Orient, ou impérial et royal en Occident, a eu intérêt à figer puis à sacraliser les divergences entre chrétiens d’Orient et d’Occident et enfin à les considérer comme insurmontables. Depuis les années 1650 donc, époque où apparaissent les termes mêmes « d’orthodoxe » et de « catholique » pour désigner une appartenance confessionnelle, les Églises « catholique » et « orthodoxe », ont vécu leurs identités et différences réciproques autour de trois principales lignes de rupture : 1. la question de la procession de l’Esprit Saint ; 2. le statut de la Vierge Marie ; enfin 3. la place de l’évêque de Rome dans la communion des Églises (questions.aleteia.org). La querelle du Filioque est le différend théologique qui, à partir du VIIIe siècle, oppose l'Église romaine et l'Église grecque, à propos du dogme de la Trinité. Elle contribuera à la séparation des Églises d'Orient et d'Occident, qui fait naître deux églises : l'Église catholique romaine et l'Église orthodoxe. Le débat porte sur le rapport entre le Saint-Esprit, d'une part, le Père et le Fils, d'autre part. À la question « De qui procède le Saint-Esprit ? », le Symbole de Nicée-Constantinople répond: « Nous croyons en l'Esprit Saint... qui procède du Père » (dans la formule latine utilisée par les chrétiens d'Occident : « ... ex Patre procedit »). La querelle naît lorsqu'en Occident se généralise la formulation « Nous croyons en l'Esprit Saint... qui procède du Père et du Fils (ex Patre Filioque procedit) », pendant qu'en Orient on insiste sur le fait que l'Esprit Saint procède du Père seul (ek monou tou Patros), et par le Fils. Charlemagne organise un concile à Aix-la-Chapelle en novembre 809 pour affirmer la doctrine que l’Esprit procède du Père et du Fils. Une délégation du concile demande au pape Léon III la confirmation des décisions. Léon III déclare orthodoxe la doctrine selon laquelle le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, mais il désapprouve l'insertion du Filioque dans le symbole de 381, qui ne prétend pas exprimer toutes les vérités de la foi (fr.wikipedia.org - Querelle du Filioque). D'après les saintes Écritures, il n'est pas seulement l'Esprit du Père, ni seulement l'Esprit du Fils : il est l'Esprit des deux, et par là , il nous insinue la commune charité dont s'aiment entre eux le Père et le Fils. Mais, pour exercer notre intelligence, la parole divine nous donne à scruter, à force de labeur, des réalités qui ne tombent pas sous notre regard : il nous faut les chercher dans le secret où elles se cachent et les en tirer. L'Écriture ne nous dit donc pas : «Le Saint-Esprit est l'Amour (charitas).» Elle nous invite à le deviner (De Trinitate 15,17, 27, PL42, 1080A). Saint-Augustin exprime le Filioque avec nuance : Le Saint-Esprit procède du Père comme Principe [principaliter], et par le don de celui-ci au Fils, [il procède] du Père et du Fils en communion [communiter] (De Trinitate 25, 47, PL 42, 1095) (Abbé René Laurentin, L'Esprit Saint, source de vie: Les beaux textes de quatre millénaires, 1998 - books.google.fr). "par dessus" Il viendra un temps où le filioque ne sera plus un obstacle. Pour résumer de façon lapidaire les travaux des théologiens depuis la fin du XIXe siècle sur ce sujet, on peut affirmer qu’il n’existe plus aujourd’hui, sur ces
trois points, de divergence substantielle entre catholiques et orthodoxes informés. Après avoir travaillé longuement sur la question du filioque, la commission mixte de dialogue aux États-Unis entre l’Église catholique
et l’Église orthodoxe a publié un texte de consensus expliquant ceci : « En raison du progrès dans la compréhension mutuelle qui est apparu dans les décennies récentes, les orthodoxes et les catholiques cessent de considérer
comme hérétiques les traditions de l’autre partie sur le sujet de la procession du Saint-Esprit » (« The Filioque : A Church-dividing Issue ? » An Agreed Statement of the North American Orthodox-Catholic Theological
Consultation, Washington DC, 2003) Le "reserrant" semble être l'esprit saint lui-même de part une de ses fonctions au sein de la communauté des croyants. Quand l'esprit divin veut exprimer un amour parfait, il emploie presque toujours les paroles d'union et de conjonction. En la multitude des croyants,
dit saint Luc, il n'y avait qu'un coeur et qu'une âme (Act., IV, 32). Notre-Seigneur pria son Père pour tous les fidèles, afin qu'ils fussent tous une même chose (Joan., VII, 2). Saint Paul nous avertit que nous soyons
soigneux de conserver l'unité d'esprit par l'union de la paix. Ces unités de coeur, d'âme et d'esprit, signifient la perfection de l'amour, qui joint plusieurs âmes en une; ainsi est-il dit que l'âme de Jonathas était
collée à l'âme de David comme son âme propre. Le grand apôtre de France (Saint Denys l'Aréopagite), tant selon son sentiment, que rapportant celui de son Hiérotée, écrit : Je pense cent fois en un seul chapitre
des Noms divins, que l'amour est unifique, unissant, ramassant, resserrant, recueillant et rapportant les choses à l'unité. Saint Grégoire de Nazianze et saint Augustin disent que leurs amis avec eux n'avaient qu'une âme;
et Aristote, approuvant déjà de son temps cette façon de parler : Quand, dit-il, nous voulons exprimer combien nous aimons nos amis, nous disons : L'âme de celui-ci et mon âme n'est qu'une ; la haine nous sépare, et l'amour
nous assemble. La fin donc de l'amour n'est autre chose que l'union de l'amant à la chose aimée (CHAPITRE X. Que l'union à laquelle l'âme prétend est spirituelle) |