futurs contingents

Futurs contingents

 

II, 13

 

1641

 

Le corps sans ame plus n'estre en sacrifice.

Jour de la mort mis en nativité,

L'esprit divin fera l'ame felice,

Voiant le Verbe en son eternité.

 

Pour Pierre Brind'amour le sacrifice est la souffrance qui cesse à la mort, d'où le "corps sans ame". Et il corrige "mis" en "mise" car ce serait l'âme échappée du corps à la mort qui renaît (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - books.google.fr).

 

Pain azyme

 

Il faut croire comme un dogme de foi que l'un et l'autre pain, azyme ou fermenté, est la matière valide du sacrement, approuvée par l'Église, car rien ne manque, ni à l'un, ni à l'autre, de ce qui constitue le pain. Jamais personne n'en a douté, sinon les Grecs schismatiques qui, s'attachant opiniâtrement à Michel Cérulaire et à ses erreurs, ont osé soutenir que le pain fermenté seul était du pain véritable; ils voient dans le levain comme l'âme et la forme du pain qui nourrit et anime celui qui le mange; l'azyme, suivant eux, n'est qu'une vaine pâte, qu'une pierre et comme un corps sans âme incapable de nourrir l'homme. C'est pour cela qu'ils appellent vain et exécrable le Sacrifice des Latins, comme n'ayant point la vraie matière du Sacrement; aussi nous nomment-ils azymites, et ils nous détestent, nous anathématisent comme des hérétiques communiquant avec les Juifs dans l'usage des azymes (Giovanni Bona, De la Liturgie, ou Traité sur le saint sacrifice de la messe, 1854 - books.google.fr).

 

Et comme les JĂ©suites sont aux yeux des JansĂ©nistes les novateurs par excellence, ils combattent le jĂ©suitisme, le molinisme, le laxisme et tous leurs dĂ©rivĂ©s partout oĂą ils croient les rencontrer. C’est en cela que consiste leur jansĂ©nisme, si bien que le cardinal Bona (1609-1674), consulteur Ă  la CongrĂ©gation de l'Index et au Saint-Office, a pu dĂ©finir les jansĂ©nistes de la manière suivante : «des catholiques fervents qui n’aiment pas les JĂ©suites». On pourrait dire que le jansĂ©nisme est la forme française de l’opposition des catholiques aux JĂ©suites (Augustin Gazier, Histoire gĂ©nĂ©rale du mouvement jansĂ©niste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, 1924 - fr.wikisource.org).

 

Le corps est un tombeau

 

"mis en nativité" au masculin pose problème s'il s'agissait de l'âme (féminine) qui s'échappe du corps mort.

 

Mais le masculin peut être en rapport avec le corps dans une conception platonicienne. L'âme incarnée dans un corps est morte comme dans un tombeau. L'âme meurt et le corps naît.

 

Platon croyait, comme les Pythagoriciens, à la métempsycose. L'âme connaît une série d'incarnations entrecoupées de stades où elle se trouve sans corps. Naître, c'est s'incarner; mourir, c'est se désincarner. Mais la mort physique correspond à une véritable renaissance (au monde des Idées, qui est le monde naturel de l'âme). Inversement, ce que l'on appelle naissance correspond à une mort de l'âme qui, littéralement, chute dans cette prison sensible du corps  (Christian Godin, La Philosophie Pour les Nuls, 2011 - books.google.fr).

 

"Divin" : Divination

 

L'acception du terme "voiant" comme devin, voyant, prophète date du XVème siècle (Dictionnaire étymologique, Larousse, 1969). Il s'agirait dans ce quatrain de divination.

 

Platon dit que l'Ame peut-estre remplie d'un esprit divin & annoncer les choses futures; & Aristote assure que si l'âme predit quelque chose, c'est lors qu'elle est Possedee d'une humeur melancolique. Cecy est au liure des Songes & aux problemes. Platon dit que le souverain Bien, c'est d'estre semblable à Dieu & Aristote a mis la félicité aux biens de fortune. Platon dit que la felicité vient de Dieu, Aristote dit qu'elle vient de nos bonnes actions, & que nous l'acquérons selon notre choix et notre désir (Charles Sorel, La Perfection de l'âme, 1644 - books.google.fr).

 

Le «Verbe» dont parle ici saint Augustin dĂ©signe le Logos ou Raison dont les stoĂŻciens faisaient la cause de l'enchaĂ®nement des choses dans le monde, — ou bien encore le Nous ou Intelligence, dont les pensĂ©es Ă©ternelles constituaient, selon les platoniciens, le monde intelligible, dont le monde sensible Ă©tait une imitation. Pour l'expliquer plus simplement encore, considĂ©rons que le but de la philosophie grecque a Ă©tĂ© de rechercher l'ordre rationnel, par consĂ©quent immuable et fixe, qui est dans les choses; le Logos ou Intelligence universelle n'est que la rĂ©alisation mĂ©taphysique, la projection de ce besoin; il est, posĂ© dans l'idĂ©al, l'ordre mĂŞme que le monde sensible rĂ©alise plus ou moins imparfaitement. Mais la doctrine du Verbe Ă©ternel, ainsi comprise, a des corollaires qui sont nettement incompatibles avec la foi chrĂ©tienne : Ă  savoir l'Ă©ternitĂ© de l'ordre qui se traduit, dans l'imagination, par l'affirmation de l'Ă©ternitĂ© du monde — et l'Ă©ternitĂ© des âmes, puisque les âmes ne sont que des aspects particuliers du Logos universel, et qu'elles collaborent Ă  l'ordre du monde. Donc la thĂ©orie du Verbe Ă©ternel, ou, si l'on veut, de l'ordre rationnel des choses, prise dans sa plĂ©nitude, avec toutes ses consĂ©quences, est incompatible avec la foi chrĂ©tienne : si bien que nous arrivons Ă  cette vĂ©ritable incohĂ©rence : saint Augustin est amenĂ© Ă  rejeter comme fausses, parce que contraires Ă  la foi, des consĂ©quences d'une philosophie dont il admet pourtant le principe. Quand il s'agit de l'Ă©ternitĂ© des âmes, il fait jouer contre elle la rĂ©vĂ©lation qui nous enseigne que Dieu a crĂ©Ă© l'âme. «Pourquoi, dit-il, ne pas en croire plutĂ´t Dieu sur des matières qui Ă©chappent aux recherches de l'esprit humain ?» — Et, quant Ă  l'Ă©ternitĂ© du monde, il nous somme de choisir entre cette doctrine et la fin surnaturelle que nous propose la religion. On sait, en effet, que l'Ă©ternitĂ© du monde Ă©tait imaginĂ©e par les penseurs de la Grèce sous forme d'une sĂ©rie indĂ©finie de cycles ou de grandes annĂ©es qui se rĂ©pètent l'une l'autre; d'oĂą cette rĂ©flexion de saint Augustin : «Comment est-ce une vraie bĂ©atitude, celle en l'Ă©ternitĂ© de laquelle on ne peut croire, s'il y a toujours retour des mĂŞmes misères ? Et, d'autre part, le Christ n'est mort qu'une fois.» Par consĂ©quent il n'y a pas du tout chez saint Augustin une philosophie chrĂ©tienne, c'est-Ă -dire une conception de l'univers entĂ©e sur le dogme. La seule philosophie qu'il connaisse, la seule que nous trouvions chez lui, c'est la philosophie de Platon et de Plotin. Saint Augustin ne connaĂ®t aucune autre culture intellectuelle que la culture paĂŻenne, humaine, pourrait-on dire, et il ne la demande pas Ă  la croyance chrĂ©tienne. Il a pu avoir un moment la pensĂ©e que la spiritualitĂ© de Platon coĂŻncidait avec l'enseignement du Christ; mais il ne l'a pas gardĂ©e, et la philosophie reste chez lui comme un corps Ă©tranger, toujours menacĂ© dans son existence (E. BrĂ©hier, Y-a-t-il une philosophie chrĂ©tienne ? Revue de mĂ©taphysique et de morale, Volume 38, 1931 - books.google.fr).

 

C'est dans la "connaissance" de la raison qui préside à l'enchaînement des événements que réside la capacité de divination du voyant. Cela peut être une des explications de la voyance pour ceux qui l'estiment possible.

 

Platon ne croïoit qu'un Dieu suprême, spirituel & invisible qu'il appelle l'Estre ou l'Estre même, le bien même, le Pere & la Cause de tous les Estres. Il mettoit sous ce Dieu suprême un Estre inferieur qu'il appelle la Raison, "logos", le Conducteur des choses presentes & futures, le Créateur de l'Univers. Enfin il reconnoissoit un troisiéme Estre qu'il appelle l'Esprit ou l'Ame du Monde (Le grande dictionaire historique, Tome 4, Louis Moreri, 1718 - books.google.fr).

 

Citons le magnifique passage dans lequel Platon enseigne Ă  l'homme Ă  cultiver en lui le sens divin pour s'Ă©lever Ă  l'immortalitĂ©, Ă  Dieu, par la pensĂ©e comme par la vie, choses que Socrate et Platon ne sĂ©parent point : «Celui qui, par l'amour de la vĂ©ritĂ©, travaille surtout Ă  dĂ©velopper en lui le sens de l'immortel et du divin, celui-lĂ , nĂ©cessairement, atteindra l'immortalitĂ© autant que la nature humaine en est capable; et puisqu'il n'a cultivĂ© en lui que le divin, et qu'il a nourri dans son âme l'esprit divin qui y rĂ©side, il doit aller Ă  la souveraine fĂ©licitĂ©. Or, toute vie s'alimente par son aliment propre et par le mouvement qui lui convient. Mais le divin qui est en nous a pour naturels mouvements les pensĂ©es et les mouvements universels. Ce sont lĂ  les pensĂ©es et les mouvements sur lesquels tous les hommes devraient se rĂ©gler; tous devraient travailler Ă  corriger en eux, par la contemplation de l'harmonie et des mouvements du tout, ces mouvements propres et dĂ©rĂ©glĂ©s que la gĂ©nĂ©ration a excitĂ©s au foyer de notre âme, afin que le contemplateur, devenant semblable Ă  l'objet contemplĂ©, reprĂ®t sa première nature, et, par cette divine ressemblance, devĂ®nt propre Ă  possĂ©der enfin la vie parfaite, que Dieu prĂ©sente aux hommes et pour le temps prĂ©sent et pour l'Ă©ternité» (TimĂ©e 90) (Auguste Joseph Alphonse Gratry, La connaissance de Dieu, Tome 1, 1864 - books.google.fr).

 

A l'Ă©poque de la renaissance, quand la philosophie de Platon passa de la Grèce en Italie, presque tous les esprits Ă©tudièrent l'astrologie : l'Ă©cole de Florence, reprĂ©sentĂ©e par Benivieni, Marsile Ficin et d'autres prĂŞtres de Santa Maria del Fiore, l'enseignait publiquement dans ses vers : le prĂ©dicateur la prĂŞchait mĂŞme en expliquant dans la chaire l'Ă©vangile du dimanche. A Rome, le moine prĂ©disait la fin du monde, qu'il lisait dans les astres. LĂ©on X, au nom dela religion proteste contre ces superstitions et dĂ©fend d'effrayer l'imagination des fidèles par des peintures tirĂ©es d'un monde imaginaire. Machiavel avait dit en parlant des Florentins: Ce ne sont pas des enfants, et ils croient pourtant aux prĂ©dictions de Savonarole. Le pape ne voulut pas que le prĂŞtre rĂ©pĂ©tât en chaire le rĂ´le du dominicain. Il avait vu quel parti l'incrĂ©dulitĂ© pouvait tirer de ces rĂ©vĂ©lations surnaturelles que certaines âmes voulaient s'attribuer, et il dĂ©fendit, de toute l'autoritĂ© de sa parole, confirmĂ©e encore par l'assentiment du sacrĂ© concile, Ă  quiconque enseignait en chaire, dans un cloĂ®tre ou dans un livre, de prĂ©dire des Ă©vĂ©nements dont Dieu seul s'Ă©tait rĂ©servĂ© le secret. L'autoritĂ© suprĂŞme avait besoin de protester contre des superstitions qui Ă©taient protĂ©gĂ©es comme autant de vĂ©ritĂ©s, non-seulement dans quelques universitĂ©s italiennes, mais jusque dans les couvents de l'Allemagne. C'est ainsi qu'Ă  Spanheim, sur les bords du Rhin, l'abbĂ©, dont l'orthodoxie n'Ă©tait pas plus douteuse que la science, Tritheim, vĂ©nĂ©rĂ© de Jules II, avait publiĂ© le secret de se mettre, Ă  l'aide des esprits cĂ©lestes, en communication avec une personne absente (Steganographia : hoc est ars per occultam scripturam animi sui voluntatem absentibus aperiendi certa. Darmstadt, 1621; publiĂ© pour la première fois Ă  Lyon en 1531). Non pas que le pape nie que Dieu ne puisse se rĂ©vĂ©ler Ă  des crĂ©atures privilĂ©giĂ©es et que ces crĂ©atures ne puissent prĂ©dire l'avenir; il l'a dit, il le croit, et le dĂ©clare formellement; mais il veut qu'on Ă©prouve ces âmes qui annoncent les futurs contingents, et que les rĂ©vĂ©lations que l'Esprit saint peut leur communiquer soient soumises Ă  celui qui Dieu dit par la bouche de son Christ : «Vous ĂŞtes Pierre, etc..» (Jean Marie Vincent Audin, Histoire de LĂ©on X, 1846 - books.google.fr).

 

Dans une scolie anonyme de l'Ambrosianus L. 93 présenterait une critique de de la doctrine stoïcienne déjà fait par Alexandre dans le De fato, selon laquelle tout ce qui dépend de nous s'accorde avec la doctrine du destin. De plus, le terme qui désigne le libre-arbitre, fréquent chez Plotin, Proclus et Jamblique, se trouve aussi attribué à Chrysippe. S'il en est ainsi, l'importance de cette scolie anonyme ne réside pas seulement dans le fait qu'elle témoigne de l'interprétation astrologique des futurs contingents, mais aussi qu'elle la relie à la doctrine stoïcienne du destin (même s'il ne s'agit pas d'une citation directe de Chrysippe et s'il est très probable que Chrysippe n'ait jamais utilisé ce mot). [...] À l'époque néoplatonicienne, l'astrologie commence à être prise au sérieux. Tous les néoplatoniciens semblent l'accepter dans sa version soft ptolémaïque. Porphyre (IIIe-IVe siècles) et Proclus (Ve siècle) produisent des commentaires du Tetrabiblos de Ptolémée. Mais en réalité, la distinction entre astrologie hard et soft est souvent difficile à établir à cause du mysticisme, qui implique un rapport et une union directe avec la divinité, et d'une conception ambiguë du libre arbitre, que l'âme exerce, en dernière instance, en dehors de la vie mortelle et en se séparant du corps. [...]

 

Chez Aristote nous n'avons pas de traces de l'astrologie des horoscopes. La seule action des astres qu'il admet est le mouvement du soleil sur l'écliptique qui règle les saisons et le mouvement général de la génération et de la corruption, mais cela appartient au domaine de la physique et n'implique aucune action intentionnelle ni personnelle des astres sur la vie humaine. [...] Nous savons en revanche qu'Aristote n'admettait pas la divination des événements futurs. La plupart des rêves véridiques, dit Aristote, sont des coïncidences (sumptômata) et notamment pour ce qui concerne les événements extraordinaires et dont le principe n'est pas dans le rêveur, comme la prévision d'une bataille navale ou d'événements lointains. La prévision exacte d'un événement est seulement une question de chance, un peu comme ceux qui jouent à pair et impair. Et si Aristote admet une certaine aptitude à réussir dans les prévisions, il l'attribue à des raisons purement physiologiques et psychologiques et l'identifie à une capacité exceptionnelle, chez certain individus, à saisir, plus rapidement que les autres, les enchaînements des événements dans les situations présentes et à en imaginer les conséquences dans le futur (Cristina Viano, Aristote contre les astrologues, Interpréter le De interpretatione, 2009 - books.google.fr).

 

Pour ne pas abuser en rapportant une multitude d'autres témoignages, il suffit de voir dans Cicéron, traité Sur le destin, comment les stoïciens qu'il introduit dans la discussion aiguisent leur intelligence et font tous leurs efforts pour concilier la liberté avec l'ordre immuable du destin, et répondre aux objections de leurs adversaires; et comme ils dissertent subtilement sur les questions, devenues si fameuses dans les écoles chrétiennes, de la vérité déterminée ou indéterminée des propositions qui regardent les futurs contingents. Cela suffit, disons-nous, pour faire comprendre que pour les stoïciens, poser le destin et enlever le libre arbitre ou introduire une aveugle et insurmontable nécessité, n'étaient pas une seule et même chose. Si nous voulons considérer le destin par rapport à Dieu, nous trouverons que les stoïciens ne s'éloignaient pas beaucoup des idées de Platon, et par ce nom ils entendaient l'inviolable exécution des immuables et éternels décrets de la Providence. Ainsi Chrysippe a défini le destin la raison du monde ou la loi des choses qui sont dans le monde, administrées par la Providence; enfin la loi selon laquelle les choses passées ont élé faites, les choses présentes se font, et se feront les choses futures. (Plutar. De plac. lib. i, cap. 28.) (OEuvres du cardinal Gerdil 1863 - books.google.fr).

 

Contingences et vision béatifique

 

Voici Ă  cet Ă©gard un quatrain sans aucune Ă©quivoque : Le corps sans ame plus n'estre en sacrifice, / Jour de la mort mis en nativitĂ© (Si nous avons bien compris ces deux vers, le jour de la mort prĂ©visible par l'horoscope d'un sujet, ne devrait pas effrayer le devin puisque la mort, libĂ©rant l'âme, lui permettra alors l'accès Ă  l'existence suprasensible (plus n'estre en sacrifice)) : l'esprit divin fera l'âme felice (heureuse), / Voyant le Verbe en son esternitĂ© (la vision bĂ©atifique) (Serge Hutin, Nostradamus et l'alchimie, 1988 - books.google.fr).

 

La prophétie réalisée avait toujours été regardée comme le miracle le plus probant, la prévision des futurs contingents étant manifestement réservée à la prescience divine (Albert Monod, De Pascal à Chateaubriand: Les defenseurs francais du Christianisme de 1670 à 1802, 1916 - books.google.fr).

 

A son degré suprême (perfectio divinæ revelationis), la révélation divine trouve sa réalisation au ciel c'est là que les mystères les plus élevés et les futurs contingents sont révélés parfaitement en Dieu, dont les bienheureux ont la vision béatifique grâce à une lumière, le lumen gloriæ, perfection à l'état de forme permanente par rapport au lumen propheticum, qui n'existe que par mode transitoire et imparfait (Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, Volume 34, 1947 - books.google.fr).

 

Les ascètes extatiques - Sufis - espèrent parvenir au-delà—des contingences du monde matériel, à la vision béatifique et immédiate de la Face divine, à l'Union avec le bien-aimé (Farid Jabre, La notion de la ma'rifa chez Ghazali, 1958 - books.google.fr).

 

"Jour de la mort" et "nativité" : les enfants morts-nés

 

Les anciens Peres estans d'accord que les enfans qui meurent deuant l'vsage de raison, & sans que le peché originel leur soit remis, seront priuez de la vision beatifique de Dieu, ils ont recogneu un lieu où ils sont constitués, que nous appellons Limbes des enfans morts nez, lequel apres le iour du iugement sera en la partie superieure de l'Enfer (Joachim Forgemont, Repliques aux prétendues responses faictes par P. du Moulin, ministre de Charentonneau, 1615 - books.google.fr).

 

Comme Jansenius, Conrius part du principe de l'autoritĂ© absolue de S. Augustin en matière de la grâce. A la suite de ce Docteur, il soutient que les enfants morts sans baptĂŞme ne sont pas seulement privĂ©s de la vision bĂ©atifique, mais sont encore sujets aux peines sensibles de l'enfer. Pour Ă©tablir cette opinion, il reprend les arguments scripturaires de S. Augustin, et les dĂ©veloppe Ă  sa suite. Quant aux preuves thĂ©ologiques, il s'appuie sur ces deux considĂ©rations : la dĂ©chĂ©ance de l'Ă©tat de nature Ă©levĂ©e a Ă©tĂ© pour les dĂ©mons la seule cause des peines sensibles qu'ils subissent; de mĂŞme, d'après la croyance de l'Église universelle, la chute d'Adam ne nous a pas seulement rejetĂ©s dans un Ă©tat de pure nature : elle a entraĂ®nĂ© un dĂ©sordre dans nos facultĂ©s naturelles. Conrius en conclut que le pĂ©chĂ© de nature que tous les hommes contractent dès leur conception, mĂ©rite une peine positive. Les enfants morts sans baptĂŞme la subissent en enfer; mais, de l'avis de S. Augustin, leur peine sensible est très lĂ©gère, attendu que le pĂ©chĂ© originel est le plus lĂ©ger des pĂ©chĂ©s mortels.

 

Jansenius discute longuement la question de savoir si, d'après Pelage, les enfants morts sans baptème ne jouiront pas de la vision béatifique. Après avoir donné plusieurs arguments pour et contre, il s'arrère à la réponse négative; car, dit-il, les pelagiens aflirmèrent explicitement que les enfants naissent dans un état naturel (Albert de Meyer, Les premières controverses jansénistes en France (1640-1649), 1919 - books.google.fr).

 

On convint communément que l'erreur de Pélage consistait à attribuer aux enfants morts sans baptême la vision béatifique dans un lieu distinct du royaume du ciel (Edmond Perrin, Le cardinal Billot et le dogme du péché originel, Revue d'histoire et de littérature religieuses, Volume 7, 1921 - books.google.fr).

 

Jansen promu en 1636 å l'évêché d’Ypres, mourut le 6 mai 1638, un mois avant l'arrestation de son ami, laissant une grande réputation de piété et de charité. Il venait, après un travail de vingt-trois ans, d'achever son Augustin, ou de la doctrine de S. Augustin, concernant la santé, maladie et guérison de la nature humaine contre les Pelagiens et Marseillais (c'est-à-dire les Semi-Pelagiens). Ses amis le publièrent en 1640; il fut réimprimé à Paris en 1641 (Friedrich Schoell, Cours d'histoire des etats europeens, depuis le bouleversement de l'Empire romain d'occident jusqu'en 1789, Tome quatrième, 1832 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain IV, 31 - La vision béatifique - 1800-1801.

 

La fréquente communion

 

«cette troupe d'hommes charnels, qui composait le Vieil Testament, ne savait ce qu'elle faisait en reprĂ©sentant les mystères de l'Évangile [...]. Les comĂ©dies des hommes ne reprĂ©sentent que les choses passĂ©es [...], au lieu que la reprĂ©sentation de l'Ancien Testament n'Ă©tait que des choses futures.» Avec cette image, JansĂ©nius, loin de rendre mĂ©prisable l'Ancien Testament, a voulu au contraire «le relever autant qu'il le peut ĂŞtre dans la vĂ©ritĂ©; puisque sa plus grande gloire consiste Ă  avoir Ă©tĂ© une admirable reprĂ©sentation des mystères de JĂ©sus-Christ et de son Église [...], selon la parole expresse de saint Paul : Toutes choses leur arrivaient en figure (1 Corinthiens, 106)» (Philippe Sellier : «La rencontre de ce peuple m'Ă©tonne», Port-Royal et le peuple d'IsraĂ«l, NumĂ©ro 53 de Chroniques de Port-Royal, 2004 - books.google.fr).

 

L'ouvrage d'Antoine Arnauld, De la fréquente communion, connaît un grand succès en 1643. Il préconise de différer l'absolution et promeut la privation de communion comme moyen d'ascèse (www.larousse.fr).

 

Écrit en français, il contribuait Ă  diffuser très largement les idĂ©es de Saint-Cyran, notamment sur la pĂ©nitence et la communion. Le frontispice, dessinĂ© par Philippe de Champaigne et gravĂ© par François de Poilly pour l'Ă©dition de 1648, illustre la parabole des invitĂ©s Ă  la noce (Matt. 22, 1/14), considĂ©rĂ© comme le principal rĂ©cit biblique sur la prĂ©destination : l'invitĂ© indigne est rejetĂ© hors de la salle oĂą doit se dĂ©rouler le festin des noces («beaucoup d’appelĂ©s, peu d’élus») (www.port-royal-des-champs.eu).

 

On retrouvera le jansénisme aux quatrains II,36 et II,38.

 

Contingences

 

On voit dans la CitĂ© de Dieu et De Trinitate la prĂ©occupation dominante de saint Augustin, de sauvegarder la pleine immutabilitĂ© de Dieu en affirmant sa parfaite science des choses futures (ou passĂ©es) au moyen de ses IdĂ©es exemplaires et crĂ©atrice : c'est donc avant tout dans ces IdĂ©es gĂ©nĂ©rales que tout est prĂ©sent Ă  la science divine. Pourtant certains textes du deuxième groupe disent assez clairement que ces IdĂ©es, pour que Dieu sache ce qu'il fera, contiennent aussi les choses et les faits individuels du futur. Mais cette prĂ©cision de la prescience divine comme «vision des faits futurs dans le Nunc stans de l'Ă©ternité», qui sera explicite en saint Thomas, I P., q. 14, a. 13, reste implicite en saint Augustin  (Revue des Ă©tudes augustiniennes, Volumes 3 Ă  4, 1957 - books.google.fr).

 

La saisie de l'universel dans le singulier est le problème fondamental de l'épistémologie de cette époque et la lutte qui s'engage lors de la querelle des universaux se poursuit sous des formes diverses. On peut faire simplement allusion à la querelle des futurs contingents, querelle surtout centrée à l'université de Louvain, et qui porte sur les doutes issus de la difficulté de concilier la prescience divine avec la contingence des choses terrestres. Une telle querelle, simple thème de dispute, ou du moins simple question de spécialistes, dont déjà, cependant, le Roman de la rose se faisait l'écho, deviendra, au XVIe siècle, une des questions principales posées par la Réforme puis, au XVIIe siècle, par le jansénisme (Béatrice Périgot, Dialectique et littérature: les avatars de la dispute entre Moyen Age et Renaissance, 2005 - books.google.fr).

 

D'oĂą Dieu sait-il que telle occasion nous Ă©tant fournie, notre libre arbitre prendra telle dĂ©cision ? Les DĂ©terministes, comme Leibniz, et les Augustiniens du type JansĂ©nius ou Fromond rĂ©pondent : il le sait, parce qu'il peut calculer quelles seront, dans cette occasion, la force et la direction des dĂ©lectations (ou, si l'on prĂ©fère, des mobiles) qui pèseront sur la volontĂ©. Les Thomistes et les Augustiniens du type Arnauld ou Quesnel rĂ©pondent : il le sait, parce qu'il sait si, oui ou non, dans cette occasion, il est dĂ©cidĂ© Ă  donner sa prĂ©motion physique, en vertu de laquelle, immanquablement, la volontĂ© crĂ©Ă©e doit se porter du cĂ´tĂ© du bien, et faute de laquelle, immanquablement, elle doit tomber du cĂ´tĂ© du mal. Enfin, les Molinistes rĂ©pondent : il le sait, parce que sa science moyenne lui dĂ©couvre quelles seraient en fait, par rapport aux divers ensembles de conditions devant lesquelles elle pourrait se trouver, les dĂ©cisions de chaque volontĂ© humaine, cela sans qu'il y ait entre ces dĂ©cisions et ces conditions le moindre lien causal, et sans que la volontĂ© humaine subisse aucune prĂ©motion dĂ©terminante. C'est cette science moyenne — non pas la science divine en gĂ©nĂ©ral, laquelle comprend la science de simple intelligence concernant les possibles et leurs relations nĂ©cessaires, et la science divine concernant les futurs contingents, - c'est cette science des futurs conditionnels ou futuribles, qui est le vĂ©ritable instrument du gouvernement de Dieu, suivant un Molina, comme aussi (quoique d'une façon un peu diffĂ©rente) suivant un Vasquez ou un Suarez, ou encore un Malebranche (LĂ©on Brunschvicg, Études sur Descartes, 1937 - books.google.fr).

 

Deux Ă©coles s'affrontent : les dĂ©terministes pour lesquels les futurs contingents n'existent pas et les partisans du libre-arbitre. Pour ces derniers, les futurs contingents existent car de nombreux Ă©vĂ©nements dĂ©pendent de notre propre volontĂ©. Par exemple : «il pleuvra demain» est un futur non contingent car nous ne pourrons pas faire la pluie et le beau temps. Mais «j'Ă©crirai demain» est un futur contingent car cette action dĂ©pend de mon libre arbitre (Pierre Anglès, Etudes des rapports entre le mythe et la politique chez Platon, 1999 - books.google.fr).

 

Avant d’être nommĂ© Ă©vĂŞque d’Ypres, Cornelius JansĂ©nius (1585-1638) enseigna la thĂ©ologie Ă  l’universitĂ© de Louvain, bastion de l’augustinisme. HĂ©ritier de Baius et fervent dĂ©fenseur de ses positions, il rĂ©digea, entre la fin des annĂ©es 1620 et 1636 environ, une synthèse de la doctrine augustinienne de la grâce qui prĂ©sente de manière systĂ©matique la pensĂ©e que saint Augustin avait dissĂ©minĂ©e dans de multiples Ĺ“uvres. Le livre ne fut pas publiĂ© par JansĂ©nius lui-mĂŞme, emportĂ© par la peste en 1638, mais par ses disciples. L’édition originale parut Ă  Louvain en 1640, munie d’un frontispice oĂą s’exprime l’esprit de combat qui prĂ©side Ă  l’ouvrage : saint Augustin, tenant dans la main gauche son cĹ“ur enflammĂ© par l’amour divin, foule aux pieds l’hĂ©rĂ©siarque PĂ©lage et ses disciples Cælestius et Julien, pour qui la nature humaine n’a pas Ă©tĂ© corrompue par le pĂ©chĂ© d’Adam et peut incliner au bien sans le secours de la grâce. Autour du centre que forme le père de l’Église sont disposĂ©s en cercle le pape Innocent Ier, qui prononça en 417 la première condamnation du pĂ©lagianisme, et ses trois successeurs immĂ©diats qui la renouvelèrent, Zosime, Boniface et CĂ©lestin : cohorte de papes de la primitive Église qui illustre par sa seule disposition l’adage Ubi est Augustinus, ibi est Ecclesia («lĂ  oĂą est saint Augustin, lĂ  est l’Église»). Aux yeux de JansĂ©nius et des thĂ©ologiens augustiniens de Louvain, le molinisme n’était autre qu’un nĂ©o- ou semi-pĂ©lagianisme, contraire Ă  la vraie et invariable doctrine de l’Église. Le livre de JansĂ©nius fut Ă©ditĂ© dès 1641 en France. Il est certain que Pascal en prit connaissance bien avant de s’engager dans la campagne des Provinciales, dès sa «première conversion» : non seulement on dĂ©cèle des traces de sa lecture dans le projet de prĂ©face du TraitĂ© sur le vide rĂ©digĂ© au plus tard en 1651, mais en 1647 dĂ©jĂ , au moment de l’affaire Saint-Ange, Pascal et ses amis Auzoult et HallĂ© de Monflaines s’enquièrent de l’avis de leur interlocuteur sur les thèses de JansĂ©nius (expositions.bnf.fr).

 

Leibniz (1646 - 1716) commence par dĂ©clarer que «les philosophes conviennent aujourd'hui que la vĂ©ritĂ© des futurs contingents est dĂ©terminĂ©e», suggĂ©rant par lĂ  qu'autrefois il en allait autrement. Et, en effet, cette opinion renverse l'opinion d'Aristote. Dans le chapitre 9 du PĂ©ri hermĂ©nĂ©ias, celui-ci Ă©nonce deux choses. Premièrement, parce qu'ils sont contingents, les futurs sont indĂ©terminĂ©s. Ce qui est vrai, d'une vĂ©ritĂ© dĂ©terminĂ©e, c'est l'alternative, mais ce n'est ni l'un ni l'autre des deux membres de l'alternative : c'est que tel Ă©vĂ©nement arrivera ou n'arrivera pas, mais ce n'est ni que tel Ă©vĂ©nement arrivera, ni que tel Ă©vĂ©nement n'arrivera pas. Car, pour Aristote, il n'est pas question de sacrifier le principe de contradiction Ă  la contingence du futur. De manière gĂ©nĂ©rale, comme Leibniz le prĂ©cise dans l'article 169 de la 2e partie, on ne peut que refuser d'exposer le principe de contradiction aux dĂ©bats sur la contingence ou la nĂ©cessitĂ© des Ă©vĂ©nements; sinon, au rapport de CicĂ©ron dans son De fato, on le nierait, avec Épicure, afin d'Ă©tablir la contingence, ou on le restaurerait, avec Chrysippe, afin d'Ă©tablir la nĂ©cessitĂ©. Deuxièmement, parce qu'ils sont contingents et indĂ©terminĂ©s, les futurs n'ont pas le mĂŞme statut que les prĂ©sents et les passĂ©s. La vĂ©ritĂ© des prĂ©sents et des passĂ©s est dĂ©terminĂ©e parce que, avec leur actualisation, ils sont devenus nĂ©cessaires. Comme le dit Aristote, «que ce qui est soit, quand il est, et que ce qui n'est pas ne soit pas, quand il n'est pas, voilĂ  qui est nĂ©cessaire». La vĂ©ritĂ© des futurs est indĂ©terminĂ©e parce que les futurs ne sont pas en acte, mais seulement en puissance (HĂ©lène Bouchilloux, Le jansĂ©nisme dans les Essais de thĂ©odicĂ©e de Leibniz, Le jansĂ©nisme et l'Europe: actes du colloque international, organisĂ© Ă  l'UniversitĂ© du Luxembourg, les 8, 9 et 10 novembre 2007, 2010 - books.google.fr).

 

Mais si la prescience de Dieu n'a rien de commun avec la dĂ©pendance ou indĂ©pendance de nos actions libres, il n'en est pas de mĂŞme de la prĂ©ordination de Dieu, de ses dĂ©crets et de la suite des causes que je crois toujours contribuer Ă  la dĂ©termination de la volontĂ©. Et si je suis pour les molinistes dans le premier point, je suis pour les prĂ©dĂ©terminateurs dans le second, mais en observant toujours que la prĂ©dĂ©termination ne soit point nĂ©cessitante. En un mot, je suis d'opinion que la volontĂ© est toujours plus inclinĂ©e au parti qu'elle prend, mais qu'elle n'est jamais dans la nĂ©cessitĂ© de le prendre. Il est certain qu'elle prendra ce parti, mais il n'est point nĂ©cessaire qu'elle le prenne. C'est Ă  l'imitation de ce fameux dicton : Astra inclinant, non necessitant; quoiqu'ici le cas ne soit pas tout Ă  fait semblable. Car l'Ă©vĂ©nement oĂą les astres portent, en parlant avec le vulgaire, comme s'il y avait quelque fondement dans l'astrologie, n'arrive pas toujours; au lieu que le parti vers lequel la volontĂ© est plus inclinĂ©e ne manque jamais d'ĂŞtre pris. Aussi les astres ne feraient-ils qu'une partie des inclinations qui concourent Ă  l'Ă©vĂ©nement; mais quand on parle de la plus grande inclination de la volontĂ©, on parle du rĂ©sultat de toutes les inclinations, Ă  peu près comme nous avons parlĂ© ci-dessus delĂ  volontĂ© consĂ©quente en Dieu, qui rĂ©sulte de toutes les volontĂ©s antĂ©cĂ©dentes (Essais sur la thĂ©odicĂ©e, 1710) (Gottfried Wilhelm von Leibniz, Oeuvres de Leibniz, Tome 2, 1846 - books.google.fr).

 

Selon JansĂ©nius, la presque totalitĂ© des thĂ©ologiens suivent dans leurs Ă©tudes une mĂ©thode dĂ©fectueuse. Ils partent de considĂ©rations philosophiques et Ă©tablissent Ă  priori certaines thĂ©ories, telles la libertĂ© absolue et complète de la volontĂ©, la possibilitĂ© d'un Ă©tat de pure nature, celle de la pratique des vertus par les seules forces naturelles, etc. Cette mĂ©thode de procĂ©der est condamnĂ©e par les vrais principes qui doivent guider le thĂ©ologien dans la recherche des vĂ©ritĂ©s religieuses. La thĂ©ologie doit ĂŞtre basĂ©e avant tout sur l'Ecriture et la tradition, sources de la rĂ©vĂ©lation. Ce que l'intelligence humaine ne parvient pas Ă  comprendre, la discipline ecclĂ©siastique le pose Ă  croire. Telle est la règle unanimement suivie par les Pères. En rĂ©alitĂ©, les sources de la rĂ©vĂ©lation nous proposent plusieurs vĂ©ritĂ©s dont la raison intime, le quomodo, nous Ă©chappe. Ainsi en est-il du dogme de la sainte TrinitĂ© et de la prescience infaillible que Dieu possède des futurs contingents. L'intelligence humaine peut s'efforcer de pĂ©nĂ©trer ces dogmes; mais outre qu'elle suit ainsi une voie dangereuse, elle se voit nĂ©cessairement arrĂŞtĂ©e aux limites que Dieu lui a imposĂ©es. Parmi les vĂ©ritĂ©s rĂ©vĂ©lĂ©es, la grâce occupe une place importante. Elle est en effet un secours spĂ©cial (sui generis) que Dieu donne aux hommes pour atteindre la fin Ă  laquelle il les a appelĂ©s. Or en parcourant la tradition relative aux questions de la grâce, il est impossible de ne pas remarquer l'autoritĂ© qui revient en cette matière Ă  S. Augustin. Sa doctrine sur la grâce est Ă©vangĂ©lique, apostolique, catholique, d'une autoritĂ© cĂ©leste et irrĂ©fragable. Plusieurs conciles l'ont reprise pour leur compte et, Ă  diffĂ©rentes occasions, les souverains pontifes l'ont recommandĂ©e. Le thĂ©ologien qui expose fidèlement la doctrine de la grâce telle qu'elle a Ă©tĂ© enseignĂ©e par S. Augustin, ne saurait verser dans l'erreur. D'après JansĂ©nius, son ouvrage n'a pas d'autre but : il n'y veut reproduire que l'enseignement du grand Ă©vĂ©que d'Hippone; pour le cas oĂą il se serait trompĂ© dans l'interprĂ©tation de la pensĂ©e de ce Docteur, il s'en remet Ă  l'autoritĂ© du Saint-Siège (Albert de Meyer, Les premières controverses jansĂ©nistes en France (1640–1649), Collection des dissertations prĂ©sentĂ©es pour l'obtention du grade de maĂ®tre Ă  la FacultĂ© de thĂ©ologie ou Ă  la FacultĂ© de droit canonique, Volume 9, UniversitĂ© catholique de Louvain (1835-1969). FacultĂ© de thĂ©ologie, 1919 - books.google.fr).

 

La prophétie réalisée avait toujours été regardée comme le miracle le plus probant, la prévision des futurs contingents étant manifestement réservée à la prescience divine (Albert Monod, De Pascal à Chateaubriand: Les defenseurs francais du Christianisme de 1670 à 1802. Thèse principale de doctorates-letters presentée à l'Université de Parisn, 1916 - books.google.fr).

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