Chanceliers de France

Chanceliers de France

 

IX, 1

 

2104-2105

 

Dans la maison du Traducteur de Bourc,

Seront les Lettres trouvées sur la Table ;

Borgne, roux, blanc chenu tiendra décours,

Qui changera au nouveau Connestable.

 

"nouveau connetable"

 

Anne de Montmorency, né à Chantilly le 15 mars 1493 et mort à Paris le 12 novembre 1567, est connétable, duc et pair de France, maréchal puis grand maître de France. Cet homme extrêmement riche et puissant, qui symbolise la Renaissance française, est un ami intime des rois François Ier et Henri II.

 

En 1536, Anne de Montmorency organise la défense de la Provence contre Charles Quint, ce qui lui vaut la charge de connétable de France en 1538. La fonction de connétable de France était alors la plus haute distinction : son porteur avait la charge du commandement général des armées en l'absence du roi. En tout lieu, le connétable représente le roi et porte son épée (fr.wikipedia.org - Anne de Montmorency (1493-1567)).

 

Selon le Président Hainaut, Albéric, de la maison de Montmorency, fut le premier connétable sous le roi de France Henri Ier en 1060 (Gabriel Henri de Bauclas, Dictionnaire universel des maréchaussées de France, Tome 1, 1748 - www.google.fr/books/edition).

 

Anne du Bourg

 

At the death of the conservative chancellor Cardinal Duprat, François I appointed in his place Antoine du Bourg, who favored the reformers. In his Edict of Coucy of July, 1535, the king ordered the cessation of persecution and promised that returning fugitives would be unmolested if they abjured their heresy. The Edict of Lyon of May, 1536, extended amnesty also to the Sacramentarians. But few of the reformers returned. Although the most able leaders remained in exile, the more timid and the moderates, alienated by the excesses of the radicals, made their peace with the Church. That same year there appeared in Basel Calvin's Institutes of the Christian Religion, which, as we shall see, gave the French Protestants a concise statement of doctrines and led them to look to this countryman as their leader. The king, almost isolated in his third war with Charles, decided to uphold Catholicism. Accordingly he finally issued the severe Edict of Fontainebleau in June, 1540, which definitely placed him on the side of repression of all forms of Protestantism. The edict provided an efficient legal procedure for trying heretics, headed by an inquisitor-general. Two years later the Sorbonne published its Twenty-six Articles in answer to the French edition of the Institutes, and in 1544 published its Index expurgatorius. But the systematic persecution that followed served only to weed out the timid Protestants and to cause the faithful to organize their movement with utmost caution and secrecy. Unfortunately this royal policy of suppression led to the brutal massacre of the peaceful Waldensians of the Durance Valley, separating the Dauphiné and Provence, who had been highly respected by their Catholic neighbors. Guillaume Farel, a native of the Dauphiné, had begun an evangelical movement among these simple followers of Peter Waldo and had induced them in 1530 to send two representatives to the Lutheran reformers in search of doctrinal enlightenment and agreement. On the basis of suggestions made by Bucer and Oecolampadius, they drew up a confession of faith in 1532 that contained some Lutheran features. They also provided money for a French translation of the Bible, later completed by Olivétan. When the inquisitor of Provence learned of these Protestant activities of the Waldensians, he began to persecute them (Harold J. Grimm, The Reformation Era, 1500-1650, 1973 - www.google.fr/books/edition).

 

Antoine du Bourg, né à La Seille, Auvergne, avant 1490, mort à Laon en 1538 a été chancelier de France sous le règne de François Ier. Le 16 juillet 1535 il est nommé chancelier de France au décès de son mentor Antoine Duprat, office qu'il détînt jusqu'à sa mort accidentelle le 28 octobre 1538 après avoir accompagné le roi François Ier à Laon où il fut renversé de sa mule au milieu de la foule.

 

La correspondance reçue par Antoine du Bourg en sa qualité de chancelier durant un peu plus de trois années, conservée aux Archives nationales, dans le "Trésor des chartes", parmi les papiers séquestrés par François Ier lors de l'arrestation de Guillaume Poyet (Archives nationales, J//963 à J//968), constitue un des plus riches ensembles épistolaires administratifs conservé pour ce niveau de responsabilité dans la France de la Renaissance. Elle touche à tous les domaines d'activité du chancelier à cette époque, de la justice aux finances royales en passant par la surveillance de l'imprimé et la politique économique du royaume.

 

Parmi cette correspondance figure celle émise par Louis Caillaud, président des Enquêtes au parlement de Paris, au chancelier Antoine Du Bourg au sujet de l'autorisation d'impression à Paris de l'édition de la Great Bible, traduction de la Bible voulue par le roi d'Angleterre Henri VIII, pour en doter toutes les églises de son royaume (fr.wikipedia.org - Antoine du Bourg, Cédric Michon, Les conseillers de François Ier, 2019 - www.google.fr/books/edition).

 

Des descendants de Du Bourg devinrent protestants, comme son petit-fils Charles, brûlé dans un four lors du siège de son château, par Saint Héran; ou son neveu Anne du Bourg brûlé en 1559 comme hérétique (M. Haag, La France protestante Partie 4, 1853 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf. quatrain I, 5.

 

Pierre Lizet, premier président du parlement de Paris annonce au chancelier Du Bourg la publication du «CYMBALUM MUNDI» et de quelques livres hérétiques et blasphématoires. Paris, 16 avril 1537. Le «Cymbalum mundi» est l'ouvre de Bonaventure Desperiers. La lettre mentionne les poursuites exercées contre les hérétiques génevois Jean et André Philippes et contre le libraire Jean Morin ainsi que le supplice de son confrère Delagarde. Louis Caillaud, président au Parlement de Paris, rend compte au chancelier Dubourg d'une enquête qu'il a menée sur l'impression à Paris d'une traduction anglaise de la Bible. Paris, 22 octobre 1538 (Musée de l'histoire de la France: Salles consacrées aux XVI, XVII et XVIII siècles, 1958 - www.google.fr/books/edition).

 

Lune borgne

 

BORGNE.

 

Ie n'ay un Ĺ“il au front : le Soleil qui nous darde

Le iour de ses rayons d'un seul Ĺ“il nous regarde,

La Lune n'a qu'un Ĺ“il ie n'ay qu'vn Ĺ“il aussi

Compagnon du Soleil i'allege mon souci (Ronsard, Le cyclope amoureux) (Les Marguerites poétiques tirées des plus fameux poëtes françois, tant anciens que modernes, 1613 - www.google.fr/books/edition, Les Oeuvres de P. de Ronsard, 1584 - www.google.fr/books/edition).

 

Lune rousse

 

La Lune rousse correspond à une période qui commence à la nouvelle lune suivant Pâques (Pâques étant le dimanche qui suit la première pleine lune de printemps) et se termine à la nouvelle lune suivante (www.calendrier-lunaire.fr).

 

La lune rousse est la lunaison après Pâques. Durant cette période, le fait de voir la pleine Lune peut indiquer une nuit sans nuage, et donc un risque de gelée nocturne ou au petit jour, qui fait roussir les jeunes pousses des plantes. Le terme ne désigne donc pas l'aspect de la Lune, qui peut en toute saison prendre une coloration rougeâtre lorsqu'elle est basse sur l'horizon (fr.wikipedia.org - Lune rousse (agriculture)).

 

Eugène : Ainsi, lorsque la lune est en E, elle ne nous laisse voir aucune partie de son cĂ´tĂ© Ă©clairĂ©.

 

Le Maitre : Vous l'avez dit; et c'est alors nouvelle lune ou changement de lune, quoique cependant on ne l'appelle habituellement nouvelle lune que dès l'instant qu'elle devient visible Ă  la terre, c'est-Ă -dire, deux jours environ après que le changement s'est opĂ©rĂ©. La lune se trouvant alors sur une mĂŞme ligne entre le soleil et la terre, on dit qu'ils sont en conjonction (Jeremiah Joyce, Le jeune astronome, ou cours d'astronomie Ă  l'usage des enfants, 1833 - www.google.fr/books/edition).

 

Il existe quatre phases lunaires principales, dĂ©limitĂ©es chacune par quatre points caractĂ©ristiques de l'apparence lunaire :

 

- la nouvelle lune ou lune nouvelle : la Lune et le Soleil sont en conjonction par rapport Ă  la Terre; la Lune se trouve exactement entre le Soleil et la Terre; elle n'apparaĂ®t donc pas dans le ciel de nuit, mais en journĂ©e et seule sa face cachĂ©e est illuminĂ©e;

- le premier croissant, où la surface éclairée augmente à chaque jour jusqu'au premier quartier, dans l'hémisphère nord elle prend la forme d'une parenthèse de fin, ")"; le premier quartier : la Lune est en quadrature Est; il s'agit d'une demi-Lune; dans l'hémisphère nord, elle est visible comme la panse d'un "p" (premier);

- la lune gibbeuse croissante;

- la pleine lune ou lune pleine : la Lune et le Soleil sont en opposition par rapport à la Terre; la face visible est alors entièrement éclairée;

- la lune gibbeuse décroissante;

- le dernier quartier : la Lune est en quadrature ouest; il s'agit également d'une demi-Lune; dans l'hémisphère nord, on la voit comme la panse d'un "d" (dernier);

- le dernier croissant, où la surface éclairée diminue à chaque jour jusqu'à la nouvelle lune suivante; dans l'hémisphère nord, elle prend alors la forme d'une parenthèse ouvrante, "(" (fr.wikipedia.org - Phase de la Lune).

 

Diane de Poitiers

 

L'Histoire de Diane est une tenture que composent au moins huit pièces, dans chacune desquelles une inscription en vers français, attribuée à Pontus de Tyard (vers 1521-1605), explicite la scène principale et les épisodes secondaires qui lui sont généralement associés, reprenant le principe narratif de la tenture de Langres (P.F. Bertrand, Jean Cousin le père et la tapisserie, Les Cahiers haut-marnais, Numéros 204 à 211, 1996 - www.google.fr/books/edition).

 

La Lune ne brille pas de sa propre lumière mais reçoit et reflète la lumière solaire. Dans l'inscription de la tapisserie, l'adjectif «lvysante» ne fait pas référence par hasard à Apollon/Soleil, plutôt qu'à Diane/Lune. Dans un sonnet du Second livre des Meslanges, Ronsard exprime des concepts similaires. Il s'adresse à Diane de Poitiers comme à la Lune et décrit, sur un ton de déférence courtisane, son rapport avec le Soleil/Henri. Enfin, le recours aux Dialoghi di amore est essentiel pour expliquer la surprenante image de Jupiter précipitant les astres sur ses jeunes enfants et la mystérieuse affinité qui la rapproche de la fresque de Michel-Ange à la chapelle Sixtine. Rappelons que nous traitons d'une tapisserie dont l'iconographie fut vraisemblablement conçue par Pontus de Tyard, expert de Leone Ebreo (La revue des musées de France: revue du Louvre, Volume 57, 2007 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf. quattrain précédent VIII, 100.

 

C’est probablement à Jean Cousin, documenté pour la conception d’autres tentures de tapisserie depuis l’Histoire de saint Mammès pour la cathédrale de Langres en 1543, qu’il faut en donner l’invention (musee-renaissance.fr).

 

Jean Cousin l'Ancien (Soucy, près de Sens, vers 1503 - Paris, après 1560), dit aussi le Père, ou le Vieux pour le distinguer de son fils également appelé Jean Cousin, est un peintre, dessinateur, décorateur et graveur français de la Renaissance.

 

Il épouse en premières noces Marie Richer, fille de Christophe Richer, valet de chambre, conseiller et secrétaire de François Ier et ambassadeur au Danemark (fr.wikipedia.org - Jean Cousin l'Ancien).

 

On ne voit pas comment Richier aurait pu naître en 1513, ou Marie Richer ne serait que de sa fameille sans être sa fille (J. Lobet, Quelques preuves sur Jeam Cousin, peintre, sculpteur, géomètre et graveur, 1881 - www.google.fr/books/edition).

 

decours : déclin de la lune, la vieille Diane de Poitiers

 

La vieille Cybelle, qui, ainsi que le jeune et clair Phebus, opinoit, pendant que Jupiter tenoit conseil et entendoit la réclamation de Couillatris, est la vieille Diane de Poitiers; Phébus est le jeune Henri II. Rabelais lui donne le nom de clair et jeune Phébus, parcequ'il étoit fils de François Ier, comme Phébus ou Apollon l'étoit de Jupiter, et parcequ'il avoit en effet un visage doux et serein, parceque enfin Apollon étoit frère de Diane. Il donne à Diane de Poitiers le nom de vieille Cybèle, parceque cette déesse étoit connue sous le nom de magna mater, ou de la grandmère, parce que ses prêtres ou desservants étoient appelés galli, et que Diane de Poitiers, étant née en 1500, elle avoit alors 52 ans (Esmangart Et Éloi Johanneau, Oeuvres De Rabelais ; Édition Variorum, Augmentée De Pièces Inédites, Des Songes Drolatiques De Pantagruel, 1823 - www.google.fr/books/edition).

 

Par une bizarrerie indicible, le jeune homme aimait Diane de Poitiers, vieille déjà de quarante ans; et le roi, son père, la duchesse d'Étampes, née le même jour où Diane de Poitiers s'était mariée. [...]

 

Diane de Poitiers, vieille prostituée, qui exerçait un souverain empire sur le coeur de Henri II, avait donné en mariage sa petite-fille, Henriette de la Marck, à Damville, fils du connétable; et de ce mariage sortit la honte de la France (Jean Baptiste Honoré Raymond Capefigue, François Ier et la Renaissance 1515-1547, Tome 4, 1845 - www.google.fr/books/edition).

 

Jean VoutĂ©, poĂ«te champenois, se signala par plusieurs pièces de vers, ayant pour titre : In Pictaviam, anum aulicam (contre la Poitiers, vieille femme de cour), oĂą la beautĂ© de Diane Ă©tait traitĂ©e avec l'âcretĂ© cynique de JuvĂ©nal; dans l'une elle Ă©tait surnommĂ©e la jument grise (Pierre DĂ©sirĂ© Roussel, Rodolphe Pfnor, Histoire et description du château d'Anet depuis le dixième siècle jusqu'Ă  nos jours, 1875 - www.google.fr/books/edition).

 

Entretemps, pour Diane de Poitiers devenue veuve Ă  l'âge de trente-et-un ans en 1531, de nouvelles perspectives s'ouvrent Ă  elle en devenant une dame d'honneur de la nouvelle reine ÉlĂ©onore. En octobre 1533, le mariage d'Henri et de Catherine de MĂ©dicis est cĂ©lĂ©brĂ© Ă  Marseille mais les jeunes Ă©poux sont rarement ensemble car les jeunes princes suivent maintenant leur père dans ses pĂ©rĂ©grinations. aoĂ»t 1536 en pleine guerre contre Charles Quint est un choc car François Ier doute du nouveau Dauphin Henri dont il ne comprend guère le caractère timide et rĂ©servĂ©. De plus comme ses contemprains son frère aĂ®nĂ© a Ă©tĂ© empoisonnĂ© par Montecucculi, un des gentilshommes de la cour, qui avoue après torture, un crime qu'il n'a sĂ»rement pas commis. Cela n'empĂŞche pas d'ĂŞtre cartelĂ© le 7 octobre 1536 Ă  Lyon. Toutefois, d'autres accusent Henri et son Ă©pouse d'ĂŞtre Ă  l'origine du meurtre. N'en sont-ils pas les premiers bĂ©nĂ©ficiaires ? Ces rumeurs sont vite oubliĂ©es mais dorĂ©navant le couple delphinal est au premier plan dans toutes les manifestations officielles de la cour. Dans les annĂ©es suivantes, Henri fait l'apprentissage du commandement et de la guerre auprès de Montmorency dans le nord puis en PiĂ©mont oĂą il dirige l'armĂ©e d'occupation des terres de la Maison de Savoie et oĂą il entretient une brève liaison avec Filipa Ducci. Son mentor devenu connĂ©table en janvier 1538 Ă  l'issue de cette guerre, Henri est heureux de voir cet ami cher devenir le conseiller le plus influent de son père. Un trio se constitue entre le connĂ©table, le Dauphin et Diane de Poitiers. Or on apprend que Filippa Ducci attend un enfant du Dauphin que le connĂ©table et Diane de Poitiers surveillent de près. En ce printemps 1538, Diane devient dĂ©finitivement la maĂ®tresse du Dauphin et c'est Ă  elle que l'on confie la fille de Filippa Ducci ramenĂ©e en France et Ă  qui on donne le prĂ©nom de Diane (Julian Gomez Pardo, Histoire de France, Tome 2 : Époque moderne (1515-1774), 2022 - www.google.fr/books/edition).

 

"roux", "chenu" : vice et foi

 

Ce nouueau siecle, Ă  l'antique semblable,

Verra fleurir le sceptre de Valois,

La Foy chenue, alors non violable,

Tiendra le lieu des punissantes loix.

Vice mourra : & les nopces polluës

Ne feront lors par amours dissoluës.

 

L'allusion Ă  l'Age d'or d'Auguste est claire : selon la prophĂ©tie de Jupiter au premier livre de l'EnĂ©ide (v. 291-96), la Foy chenue règnera grâce Ă  cet empereur et les deux derniers vers citĂ©s sont tirĂ©s de l'ode horatienne Ă  Auguste. Mais du Bellay contredit formellement Horace, qui ajoutait le trait suivant Ă  son tableau de l'ordre impĂ©rial : La Peine menassante Suyt les talons de la coulpe naissante. Pour du Bellay l'ordre qui rĂ©git l'Age d'or politique n'est pas celui du droit rĂ©pressif, mais un juste instinct, spontanĂ©ment civique. Les fĂŞtes dynastiques tendaient Ă  suggĂ©rer que la radieuse prĂ©sence du souverain pouvait comme cela s'Ă©tait historiquement produit pendant l'Age d'or augustĂ©en — inaugurer un ère oĂą le royaume aurait la devise de ThĂ©lème (Georges Demerson, Le mythe des âges, Humanism in France at the End of the Middle Ages and in the Early Renaissance, 1970 - www.google.fr/books/edition).

 

La Foy chenue : «Pource que plus voluntiers elle se treuue és hommes chenuz plus constans que les ieunes.» (Ian Proust, Brieves exposition) (Ch. Marty-Laveaux, Œuvres françoises de Ioachim Dv Bellay, Volume 1, 1866 - www.google.fr/books/edition).

 

Catherine de MĂ©dicis montra Ă  Montmorency l'hĂ©rĂ©sie infectant le parti des Princes; & la conscience du Connetable fut alarmĂ©e ; mais une fĂ©duction plus puissante encore acheva de le subjuguer; son Ă©pouse emportĂ©e par un zele indiscret ne cessoit de lui reprocher ses liaisons avec les ennemis de Dieu. «C'est donc en vain, lui disoit-elle, que le cri de guerre transmis par vos ancĂŞtres, vous annonce comme le defenseur de la Foi; abjurez ce titre auguste remplissez-en les devoirs,» Montmorency cede enfin : l'intĂ©rĂŞt de la Religion qu'il croit servir lui fait tout sacrifier jusqu'Ă  sa querelle personnelle, & sa rĂ©union avec le Duc de Guise & le MarĂ©chal de St. AndrĂ©, reçut le nom funeste de Triumvirat (Desperoux, Eloge D'Anne De Montmorency, Duc, Pair, MarĂ©chal & ConnĂ©table de France, Grand-MaĂ®tre de la Maison du Roi, premier Ministre sous François I & sous Henri II, 1782 - www.google.fr/books/edition).

 

On ne s'étonnera pas de voir Montmorency en butte aux traits de la vengeance & de l'envie, ces passions basses que l'impuissance de faire le mal inspire aux méchans contre l'homme de bien qui les poursuit; il s'étoit déclaré leur ennemi implacable, & avoit pour le vice, selon l'expression d'un Poëte célebre, cette haine vigoureuse (Molière, Le Misanthrope Act. I Sc. I) qui caractérise la vertu. Pour dédaigner les vains effors de la cabale & de l'intrigue, il lui suffisoit de sa propre conscience: mais l'appui de son Roi, qui ne pouvoit rien ajouter à la tranquillité de son ame, affermissoit du moins son pouvoir & sembloit lui permettre l'espoir d'être plus utile encore & de l’être long-temps. François I fut le défendre & le soutenir; l'éloge du Souverain se joint ici à celui du Ministre (Desperoux, Eloge D'Anne De Montmorency, Duc, Pair, Maréchal & Connétable de France, Grand-Maître de la Maison du Roi, premier Ministre sous François I & sous Henri II, 1782 - www.google.fr/books/edition).

 

Pierre de Ronsard fist vn excellent Poeme addrellé à Odet de Colligny Cardinal de Chastillon, contenant entre autres louanges de ce grand Connestable celles qui suiuent.

 

...Que la seule vertu sans reproche & sans vice,

Que l'esprit vigilent & le loyal seruice

Qu'il a fait à deux Roys, de Chevalier privé

L'ont au plus haut degré de la France élevé. (André Du Chesne, Histoire genealogique de la maison de Montmorency et de Laual, 1624 - www.google.fr/books/edition).

 

"table" et "traducteur" : Christophe Richier ?

 

Cf. V, 83 : "quand le plus grand Ă  table lira bible".

 

Christophe Richier, qui fut d'abord secrétaire du chancelier Antoine Du Bourg, devint, probablement en 1538, valet de chambre du roi et maître des requêtes de la reine. Vers la fin de 1539, il fit un voyage en Turquie et publia l'année suivante son De rebus Turcarum libri V, chez l'éditeur parisien Robert Estienne. Ensuite il accomplit plusieurs voyages diplomatiques à l'étranger, notamment comme ambassadeur de François jer en Suède et au Danemark (1541, 1543-1546). En juillet 1548, il fut envoyé en mission extraordinaire en Suisse afin d'obtenir l'adhésion de Bâle dans une nouvelle alliance avec la France. Il mourut le 24 mars 1553. Richer eut des rapports très cordiaux avec un grand nombre de poètes et d'humanistes, parmi lesquels Clément Marot, Nicolas Bourbon, Gilbert Ducher, Dolet, Rabelais, Visagier, Jean de Boyssoné. Ajoutons à cette liste le nom de Faucher qui, entre 1537 (?) et 1539, lui écrivit plusieurs lettres; quatre sont imprimées par BARRALIS, t. 2, 1613, p. 350-352 (à rapprocher, ibid., 298). Dans celle qui est datée de 1537 (mais qui nous semble venir plutôt de 1538), le moine de Lérins félicite Richier de sa nouvelle fonction à la cour de François Ier, sans doute pour sa nomination comme valet de chambre du roi (Antoine Arlier, Correspondance d'Antoine Arlier, humaniste languedocien, 1527-1545, 1990 - www.google.fr/books/edition).

 

Christophe Richier, en latin Richerius, secrétaire du Chancelier Du Bourg, à qui Visagier a dédié deux épigrammes et qui prit parti pour Marot dans sa querelle avec Sagon (Jean de Boyssonné, Les trois centuries, 1923 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - Christophe Richer).

 

François Sagon, couronné pour ses ballades et rondeaux aux puys normands, s'engagea du côté de l'orthodoxie pour attaquer les nouvelles «libertés» de l'humanisme évangélique. Dans les années 1530, la querelle entre Marot et Sagon mobilisa presque tous les poètes de l'époque (la plupart des pièces de cette querelle sont reproduites dans Picot, 1920). Quelle qu'en soit l'origine véritable, elle se manifeste clairement dans la diatribe que présente Sagon au roi en 1536 contre Marot en exil à Ferrare. Celui-ci y répond dans son troisième coq-à-l'âne. Il passe à l'attaque dans son épître "Frippelippe" son soi-disant valet (François Rigolot, Œuvres complètes de Clément Marot, 2009 - www.google.fr/books/edition).

 

Le Psautier de Paris est la première tentative aboutie de proposer un psautier complet (de 149 psaumes) dans une seule édition à partir de l'œuvre de Marot.

 

Il est imprimé pour la première fois à Paris en 1551 en format in-32° chez Étienne Mesvière (n° 13) et intègre les composantes suivantes :

— les 49 psaumes de Marot,

— 26 psaumes d'Aurigny (à savoir les 30 originaux de la série C, sauf 62, 112, 121 et 127 qui sont remplacés par la traduction de Bernard),

— 19 psaumes de Bernard déjà détaillés plus haut (c'est tout ce qu'on connaît de ses 30 traductions après l'élimination probable de quelques doublets au profit des traductions d'Aurigny). Ils sont désignés par les initiales Cl. B. et nous les avons inclus dans la série D,

— et un complément de 55 psaumes qui constitue le gros de la série D : 43 par R.B., 8 par C.R. et les 4 psaumes 20D, 28D, 63D et 119D.

 

Selon Eugénie Droz, C.R. serait assimilable à Christophe Richer, poète et ambassadeur de Henri II, lié à Marot et au Sodalitium lugdunense. Il est connu par ailleurs pour son Histoire des Turcs, ayant été quelque temps en mission à Constantinople (Laurent Guillo, Le Psautier de Paris et le Psautier de Lyon : à propos de deux corpus contemporains du Psautier de Genève (1549-1561), 2018 - hal.archives-ouvertes.fr).

 

On peut sans doute dire avec raison que, dès le commencement de 1545, Christophe Richer fut résident permanent près la cour de Danemark. On connaît depuis longtemps les instructions que lui donna François Ier et qui sont datées de Fontainebleau, le 3 janvier 1544 (c. à. d. 1545 d'après notre chronologie), puisque, en 1743, Terkel Kleve (Klevenfeldt) les trouvait dans des archives françaises conjointement avec d'autres documents concernant l'activité diplomatique de Richer dans le Nord.

 

Christophe Richer assista à un baptême dans une église luthérienne, on peut sans doute admettre qu'il a été protestant, fait qui, pensons-nous, ressort aussi de son mariage postérieur avec "Marie de Scudoroze, fille d'honneur de la Royne de Danemark". Cette demoiselle a sans doute été Danoise; car ce doit bien être par son mariage avec elle que Richer devint beau-frère du célèbre Rasmus Glad ou Erasmus Lætus, célèbre historien et poète latinisant danois, qui le qualifie quelque part d'affinis et montre à quel degré il connaissait cet homme (Holger Frederik Rørdam, Résidents français près la cour de Danemark du XVIe siècle, 1898 - www.google.fr/books/edition).

 

"maison"

 

MAISON DE L'IMAGE-SAINTE-BARBE, mentionnée dès 1536, et alors récemment bâtie sur un quartier de terre par Me Michel Bénard, lequel, en son testament, la légua aux religieux de Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie. Elle fut vendue par eux, avant 1547, à "Me Kristofle Richer, ambassadeur pour le roi de Dampemart". Vers 1604, elle existait encore; mais, en 1608, elle était disparue, ou, du moins, elle avait été absorbée dans l'hôtel de Luxembourg.

 

Christophe Richer avait possédé plusieurs autres propriétés auprès de l'Image-Sainte-Barbe; mais nous n'avons pu appliquer les titres qui s'y rapportent (Adolphe Berty, Lazare Maurice Tisserand, Topographie historique du vieux Paris, Tome 3, 1876 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - Lancelot Voisin de La Popelinière).

 

Il existait plusieurs maisons Ă  l'image sainte Barbe Ă  Paris : rue de la bĂ»cherie, rue de l'Arbre-sec, rue Saint Jacques... (Étienne Clouzot, RĂ©pertoire des sources manuscrites de l'histoire de Paris, Tome 1, 1915 - www.google.fr/books/edition).

 

Dès 1565 le registre d'Ă©crou Ă  la Conciergerie renferme le nom d'un libraire et imprimeur PĂ©rier : Charles, rue Jean-de-Beauvais. Sept ans plus tard, massacrĂ© comme plusieurs autres libraires et relieurs dans la nuit de la Saint-BarthĂ©lemy. En 1584, c'est «chez Thomas PĂ©rier, libraire jurĂ©, rue Saint-Jacques, Ă  l'image Sainte-Barbe», que paraĂ®t l'Amiral de France, par le seigneur de la Popellinière. Adrien PĂ©rier Ă©pousa la veuve de son confrère Gilles Beys, laquelle portait elle-mĂŞme un nom illustre dans les annales de la typographie : Madeleine, fille de Christophe Plantin. JĂ©rĂ©mie PĂ©rier, frère d'Adrien, devint, par un bizarre concours de circonstances, le mari de la belle-fille dudit Adrien, ayant Ă©pousĂ© une autre Madeleine Beys, celle-ci fille de Gilles. En 1604, la seconde Ă©dition du livre de J. Hotman, De la charge et dignitĂ© de l'ambassadeur, «par la soeur de Villiers Hotman», paraĂ®t chez J. PĂ©rier. En 1620, associĂ© Ă  Abdias Buisard, il imprimait entre autres un livre de «mĂ©decine chimique». Dans la cour du Palais, «au roy de Suède» (Gustave Adolphe, souverain protestant), Samuel PĂ©rier en 1651 succĂ©dera Ă  Louis, reçu le 7 novembre 1624. Un autre libraire PĂ©rier (ou Perrier) : Nicolas, pĂ©rira dramatiquement aussi, dans le mĂŞme naufrage sur la Seine que la femme de son confrère des Hayer, en 1654 (Jacques Pannier, L'Église rĂ©formĂ©e de Paris sous Louis XIII: de 1621 Ă  1629, 1931 - www.google.fr/books/edition).

 

Acrostiche : DS BQ

 

(G)DS : garde des sceaux (Charles-Jean-François Hénault, Nouvel Abregé Chronologique De L'Histoire De France Contenant Les Événemens De Notre Histoire depuis Clovis jusqu'à la mort de Louis XIV, 1768 - www.google.fr/books/edition).

À partir du XVIe siècle, ce n'est plus obligatoirement un ecclésiastique, c'est un des effets de l'augmentation de la multiplication des facultés de droit qui forment des laïcs très compétents capables de diriger la justice. Quel que soit son nom, au XVIe siècle, c'est toujours un juriste estimé talentueux. C'est un homme qui a l'expérience de la justice, qui a présidé des cours souveraines en province ou à Paris. C'est un homme du sérail qui a fait une carrière.

 

Ses pouvoirs sont extrĂŞmement vastes : il propose, prĂ©pare et vĂ©rifie les lois. C'est le dĂ©veloppement de la magistrature royale. Beaucoup ont prolongĂ© leur activitĂ© par des responsabilitĂ©s politiques : plusieurs sont devenus des hommes politiques et ont siĂ©gĂ© au conseil du roi ou ont inspirĂ© la politique du roi.

 

En cas de maladie ou de disgrâce du chancelier, pour que justice soit rendue, il y a un substitut Ă  ce dernier : le garde des sceaux.

 

Sous Henri II, par un édit à Amboise, en avril 1551 (enregistré au parlement le 8 mai), création d'un Office de Garde des Sceaux de France (contre le Garde des Sceaux) avec les mêmes honneurs et pouvoirs que le chancelier de France; et à l'avènement et à la vacation de celui-ci, le bénéficiaire de cet Office sera et demeurera chancelier de France

 

Rattaché par ses fonctions mêmes à l'institution de la monarchie et non à la personne du roi, le chancelier est inamovible. Le roi peut toutefois lui retirer en tout ou partie l'exercice de son office pour le confier à un garde des sceaux, révocable (fr.wikipedia.org - Chancelier de France).

 

La charge de chancelier de France à la Renaissance comporte des responsabilités considérables qu’il est difficile et délicat de résumer. «Chef d’embryon d’administration monarchique» : l’expression ne se veut pas réductrice, elle manifeste au contraire le haut degré de synthèse des activités du chancelier au sein du gouvernement royal de l’époque. La détention des sceaux royaux lui confère une bonne partie de ses prérogatives administratives et, par voie de conséquence, politiques. Elle lui permet en particulier de sortir du strict champ judiciaire (chef naturel des tribunaux et officiers royaux) et juridique (élaboration de la loi) pour pénétrer tous les secteurs auxquels la monarchie s’intéresse, qu’il s’agisse de finances (ordres de dépense, d’affectation de recettes, etc.) ou d’économie au sens large (foires, brevets d’invention, autorisations de coupes de bois, bientôt surveillance de l’imprimé, etc.). La multiplication des commissions temporaires, dont François Ier a particulièrement usé31, a de facto autorisé le chancelier à porter son regard sur toutes les procédures accélérées, extraordinaires et inédites que la monarchie a jugé nécessaire pour bousculer les démarches traditionnelles incompatibles avec les prémisses d’un premier absolutisme et l’urgence des périodes de crise. Est-il besoin de rappeler à cet égard que le cancellariat de Du Bourg est presque tout entier inscrit dans une période de guerre ? (Olivier Poncet, Antoine Du Bourg (av. 1490-1538). De la fonction au Conseil ? In : Les conseillers de François Ier, 2011 - books.openedition.org).

 

Antoine du Bourg est détenteur des sceaux :

 

Chancelier, garde-des-sceaux de France, Antoine du Bourg, né l'an 1485, mort en 1538, porte : d'azur, à trois tiges d'epines d'argent (Notices historiques et héraldiques sur la famille de Henin de Cuvillers, et sur les différentes maisons qui y sont mentionnées, 1789 - www.google.fr/books/edition).

 

Mathieu de Longuejoue, évêque de Soissons, qui avait été déjà pourvu de la garde des sceaux après la mort d'Antoine Du Bourg et en attendant que Guillaume Poyet eût reçu ses lettres de provision, succéda à François Errault. Le roi lui retira les sceaux l'année suivante pour les donner à François Olivier, chevalier, seigneur de Leuville (Armand Parot, Messire Guillaume Poyet, Memoires, Tome 19, Société Académique de Maine-et-Loire, 1866 - www.google.fr/books/edition).

 

B. Q. benè quiescat, qu'il repose en paix [on pense à Du Bourg] (Patrice Chauvierre, Dictionnaire Pratique de l'Antiquité, 1875 - www.google.fr/books/edition).

 

Typologie

 

Le report de 2105 sur la date pivot 1538 donne 971.

 

Odolric ou Odalric, archevêque de Reims et Grand-Chancelier du roi Lothaire, est nommé dans un titre de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers, et dans celui de la fondation de l'abbaye de Bonneval. Il mourut, selon la Chronique d'Alberic, en 968. Celle de Mouzon met la mort en 971, & Antoine Colart, chanoine de Rheims, dans la collection qu'il a faite des choses qui se sont paées fous ces archevêques, la met le 8 des ides de novembre 974, aprés qu'il eut institué l'église de Rheims son heritier.

 

Peut-ĂŞtre l'abbaye de Bonneval Ă  Thouars : Abbaye de BĂ©nĂ©dictines fondĂ©e en 973 par AudĂ©arde de Thouars sur des domaines importants accordĂ©s par le roi Lothaire. Elle acquit une grande importance grâce Ă  de nombreux dons du roi et des seigneurs locaux. RĂ©formĂ©e par l'abbesse Isabelle de Vivonne au dĂ©but du XVIIe siècle. Vendue en 1791 puis dĂ©molie (data.bnf.fr).

 

Au milieu du XVIe siècle, l'abbesse Philippe de Chasteigner se retire à Genève avec huit religieuses, toutes converties au protestantisme, pour rejoindre Jean Calvin, ne laissant qu'une seule religieuse au sein de l'abbaye (les autres ayant probablement désertées) (fr.wikipedia.org - Abbaye de Saint-Jean de Bonneval-lès-Thouars, Le grand dictionnaire historique, ou le melange curieux de l'histoire sacree et profane, Tome 3, 1759 - www.google.fr/books/edition).

 

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