Charles IX Ă Toulouse IX, 46 2137-2138 Vuidez, fuyez de Tholose
les rouges ; Du sacrifice faire expiation, Le chef du mal dessous l'ombre des courges, Mort estrangler
carne omination. "rouges" "rouge" désigne souvent un cardinal catholique romain (Pierre Brind'Amour). Mais aussi c'était la couleur des catholiques par
imitation des Espagnols par opposition au blanc des protestants (le panache
blanc) (cf. quatrain I, 3 : "Lors les rouges et les blancs jugeront Ă
l'envers"). Ce serait plutĂ´t "fuyez les rouges" : "A
Toulouse, fuyez les catholiques !". Au cours de son Tour de France, Charles IX dîne au
couvent des minimes, dans un des faubourgs de Toulouse. C'est en sortant de ce couvent que Charles IX fit son
entrée à Toulouse. «Il étoit, dit Dom Vaissète, précédé
par le grand écuyer et immédiatement, avant lui, par le connétable, qui tenoit l'épée nue à la main. Il étoit
suivi du duc d'Anjou, qui Ă©toit seul ; de Henri, prince de Navarre, qui marchoit entre les cardinaux de Bourbon et de Guise, et
d'une foule de seigneurs.» Suite au coup de main protestant sur la maison de ville
de Toulouse le 12 mai 1562 pour lequel les capitouls élus en décembre furent
accusés de complicité par des catholiques les plus intransigeants, le Parlement
décida de casser la précédente élection capitoulaire
pour créer huit nouveaux magistrats municipaux de sa propre autorité. La
difficile réintégration des capitouls cassés et condamnés par le Parlement en
mai 1562 fut un autre aspect de cette même question. Sur les huit, Adhémar Mandinelli fut le seul
capturé et exécuté, les autres, en fuite, furent pendus en effigie. On
comprend que leur retour dans la cité capitoulaire ne
put se faire sans quelques remous malgré les clauses de réconciliation
contenues dans l'édit de pacification. Le 13 août 1563, ces anciens capitouls
obtenaient un arrêt du conseil du conseil du roi qui obligeait les différents
trésoriers de la ville à rendre le reliquat des deniers provenant de la vente
de leurs biens. Le 12 avril 1564, ils obtenaient une commission du roi pour
leur réintégration dans la ville et dans leurs biens ; elle était renouvelé le 14 mai ; une autre arrivait à Toulouse toujours
en leur faveur le 15 septembre 1564 ; enfin un dernier arrêt du conseil privé,
toujours dans les mêmes termes, était promulgué le 13 février 1565, le roi
étant alors à Toulouse. Tous ces textes découlaient de décisions judiciaires
prises par le conseil du roi mais que les officiers de justice toulousains tout
comme les capitouls refusaient d'appliquer. L'arrivée de Charles IX et de sa
mère dans les murs de Toulouse en février 1565 finit par rendre presque
effective cette réintégration. Cependant, nous trouvons encore en 1572 des pièces
révélant que Pierre d'Assézat n'avait toujours pas
récupéré tous ses biens. Si l'exemple est caricatural du fait de l'importance
symbolique et politique de ces personnages, il n'en demeure pas moins
révélateur de la difficile réintégration des suspects, et donc des limites de
toute politique de pacification. Il en fut de même pour la réintégration en
leur fonction et en leurs biens des officiers du Parlement ayant dĂ» fuir la
ville en mai 1562. Dès le 15 avril 1563, donc juste après l'édit d'Amboise, le
roi rendait un arrĂŞt en leur faveur, enjoignant Ă la cour de les recevoir. Pour
y faire obstacle, les conseillers catholiques restés à Toulouse imposèrent au
collège des magistrats la prestation du serment de catholicité arrêté par la
Sorbonne sous François Ier : la séance solennelle eut lieu le 10 mai 1563, et
les officiers protestants n'y vinrent pas. Le roi renouvela ses injonctions au
cours de l'année, mais par une lettre du 27 mai 1564, le premier président Daffis lui demandait de retarder l'application de ses
arrêts jusqu'à son entrée en ville l'hiver suivant "Mort... omination" "omination"
de "omination" : présage (Gaffiot) "carne" : du latin
"carneus" : charnel (Gaffiot). Il s'agirait du présage d'une mort (charnelle) par
étranglement c'est-à -dire par pendaison. Voici un exemple plus tardif : Entre les mesures arrêtées par les royaux à Limoges et
les villes ligueuses d'Angers ou Le Puy, les similitudes sont Ă©videntes et la
conclusion Ă©tablie par Denis Crouzet trouve ici une
illustration. La ville a vécu sous l'emprise d'un groupe qui fit régner un
climat terroriste de plus en plus prégnant tout au long de l'année 1589. Au printemps une "effigie de Mayenne fut pendue", et "un tableau auquel tous les ligués et réputés tels hors la ville estoient pendus en figure fut exposé avant d'être brûlé en pleine place publique". Le procédé, utilisé par les ligueurs
parisiens désignait des hommes à l'opprobre et à la vindicte de la foule. Il représentait et présageait un
châtiment funeste. Il le légitimait à l'avance et entretenait le climat
terroriste qui sévissait en ville La cour se
disposait Ă entrer Ă Toulouse, quand elle apprit que les gentilshommes de
Guyenne et de Languedoc, animés des plus vives passions méridionales, y étaient
rassemblés en grand nombre. Le roi
interdit immédiatement la réunion et fit crier dans les rues que tous les étrangers
eussent Ă quitter la ville sous peine d'ĂŞtre pendus "Le chef du
mal... courges" : proverbe béarnais «Qui pane cuje lou diable que-u s'en arrit = qui vole
courge le diable se rit de lui.» Béarn (Vastin
Lespy, Dictionnaire béarnais ancien et moderne, 1897) Le Béarnais, dans l'absolu, désigne Henri de Navarre, le futur
Henri IV. Henri IV n'était que le Béarnais, quand il conquérait son
trĂ´ne IX. Barba-coia auras roĂa don ti poiras totz revestir;
pel garnimen as qe.i apen, ben poiras fol esferezir (Tu
auras une barbe de courge rouge dont tu pourras bien t'affubler; par le
déguisement que tu t'es attaché, tu pourras bien effrayer follement) (Guiraut de Calanson, Fadet Joglar) barba coia
(D) : La forme barbacoia n'est pas reprise par Levy,
mais Mistral connait barba-cufo = "barbe de
courge", et Lespy sous barbecuje donne
"barbe de citrouille". Kek signde alors les dérivés romans de barbator
(voir Du Cange) qui désigne un jongleur affublé de barbe (voir maintenant TL,
1, 837, sous barbeoire = masque). Des dérivés ont subsisté dans les dialectes modemes. Keller - qui ne pouvait connaftre
le FEW, 1, 243 - n'a pas cité la forme daupbinoise barboeri "toute personne dotée d'un déguisement".
Mais si cela rend compte de la premiere partie de notce forme, la seconde partie reste encore enigmatique. Le FEW, 1, 243, donne heureusement la formeÂ
"'barba- cuje" qui désigne en
béarnais le croquemitaine dans les contes enfantins. Pierre Bec (dans Les
noms d'anlmaux en gascon, in RLiR,
t. 24, p. 321) mentionne une forme Barbacuja qui
dĂ©signe une bĂŞte Ă citrouille oĂą barbaÂ
désignerait la bête (la bête qui mange des citrouilles) ? coia=courge
vient du latin cucurbita (FEW, 11, 1458); citrouille vient
du latin citrium (FEW, 11, 720), mais un citre en
ancien francais est une espece,
de courge. Dans les deux cas, le mot a pu désigner une personne "imbécilé'
ou "folle". Que peut bien vouloir signifier Barba-coia
? Le contexte général des vv. 49-57 indique des
activités jongleresques qui ont trait au déguisement ou à la mascarade. Les
exemples allégués sur l'activité de barbator doivent
donc ĂŞtre retenus : des jongleurs utilisent sans doute des barbes pour
faire peur. Et coia ? Il est noter
que les jongleurs étaient généralement rasé "e medio capitis
undati, histrionum more baubis rasi" (voir Faral, Jongleurs, p. 65) et devaient donc s'affubler de barbes. La courge possédant de nombreuses et longues racines a
sans doute été utilisée par les jongleurs pour se déguiser. On connaft d'autre part une expression wallonne barbe (di fodre) étudiée par M. Delbouille
(in Bullein du Dictionnaire Wallon, t. 18, 1933, pp.
149-150). En wallon, l'expression signifie "brisage
de bois", mais Delbouille signale des exemples de faire barbe de paille "tromper,
se moquer" dans la langue du XVIe siècle. Il n'est pas exclu d'estimer que
l'expression faire barbe de paille est l'équivalent septentrional de far barba-coia En ce qui concerne les «hérétiques» et les Vaudois, il
faut rappeler que le chef du Mal n'a que peu de caractères communs avec ce
qu'ailleurs en France on nomme le Diable dans le folklore paysan autochtone.
Cette distinction a été bien exposée par Marie Bonnet à propos des protestants
des Vallées Vaudoises. Les Vaudois ne croient pas au Diable, mais à Satan, vraie
incarnation do Mal, pur esprit, non représenté iconographiquement, fin, rusé,
perfide, intelligent au moins autant,
sinon même plus, que son adversaire. Dieu. C'est en somme la théorie dualiste
qu'on trouve dans la Genèse et c'est certainement la lecture assidue de la
Bible qui a déterminé cette survivance (Marie Bonnet, loc. cH.,
p. 142-143). Par contre les catholiques des mômes vallées croient au Diable tel
qu'il est représenté dans les croyances populaires et dans les procès inquisitoriaux
; et c'est seulement chez eux que se racontent des histoires ou légendes sur
ses mĂ©faits (ibidem, p.144) Cette 2. personne s'engagea Ă
devenir homme, & Ă faire l'office de Mediareur
entre Dieu & le genre humain, & de Redempteur
d'Adam & de sa postérité. Il prit sur lui de combatre
le party du Diable, de sorte qu'il fut le chef du parti de Dieu, contre le Diable
chef des creatures rebelles. Il s'agissoit non de conquerir tous
les descendans d'Adam, car ils Ă©toient
tous sous le pouvoir du Demon par la condition de
leur naissance; mais il s'agissoit de conserver, ou
de recouvrer le païs conquis Le royaume de dieu comparé chez Marc 4,32 au grain de sénevé qui d'une petite graine pousse le plus grand légume sous lequel les oiseaux se mettent à l'ombre ("skia") (www.lueur.org). La courge se mange assaisonnée de moutarde (sénevé) pour en relever le goût fade (Pietro Andrea Mattioli, Commentaire sur les six livres de Ped. Dioscor. Anazarbeen de la matière medecinale, 1579 - books.google.fr). On retrouve cette recette dans une théorie du goût de Fourier : "Vadius, ami des courges, se régale de courge toute crue, assaisonnée de moutarde : il ne peut trouver aucun amateur qui partage son goût" (Œuvres complètes de Ch. Fourier, Tome 5 : Théorie de l'unité universelle, 1841 - books.google.fr). Au XVIème siècle, on fabricait déjà de la moutarde à Saint Maixent en Poitou (Armand Desire de La-Fontenelle de Vaudore, Journal de Guillaume et de Michel Le Riche, avocats du roi a Saint-Maixent (1534 a 1586), 1846 - books.google.fr). Toute l'année 1588 est celle de la reconquête de l'Ouest par Henri de Navarre dans le dessein bien précis d'assurer là ses arrières pour gagner la Loire. [...] Les premiers revers à Mauléon, Montaigu, La Garnache, sont compensés par une offensive victorieuse sur Niort, Maillezais, Saint-Maixent, avant que ne débute la marche audacieuse de la jonction avec Henri III : Loudun, Thouars, l'Isle Bouchait, Châtellerault, Argenton, Saumur, Plessis-Les-Tours, le 30 avril 1589 (Anne-Marie Cocula Anne-Marie, Jalons pour une histoire des guerres poitevines. In: Albineana, Cahiers d'Aubigné, 2, 1990. D’Aubigné et les guerres poitevines (1586-1588) - www.persee.fr). Pour la rencontre d'Henri III et de Henri de Navarre, cf. quatrain I, 42. Au quatrain IX, 71, Fouquet, l'écureuil, est en grec "skioros" celui qui est à l'"ombre de sa queue". Le Blaiseau l'Ardent de Gisors est un feu follet, dans la tradition britannique Jack O'Lantern. La citrouille découpée dans laquelle on plaçait une lumière s'appelle en anglais pumpkin terme qui vient du grec "pepon" (cucurbitacé). Il existe une autre variété de courge sauvage, de petite taille mais creuse, que Pline (Histoire Naturelle, Livre XX) nomme "somphos" (vide, creux : cf. le vers 1 "Vuidez") ou "spongos" (spongieux) selon les manuscrits. Pour "rouges", cf. couleur de la citrouille. On trouve la moutarde est en particulier au Livre XX de l'Histoire Naturelle, comme ingrédient de remède contre l'hydropisie et la léthargie (Pline, Histoire Naturelle, traduit par M. Ajasson de Grandsagne, 1832 - archive.org). Marc Antoine Muret est très proche de Ronsard, qui lui demande de rédiger un commentaire de ses poèmes, dont les obscures allusions mythologiques ou les néologismes tirés du grec et du latin ont dérouté nombre de lecteurs; ce commentaire, lui-même très érudit, est imprimé dans le recueil des Amours de 1553. Cette même année 1553, il est emprisonné au Châtelet pour sodomie et hérésie. Il décide de se laisser mourir de faim puis est libéré grâce à l’intervention d’amis puissants. Une fois libre, il se rend à Toulouse où il étudie et enseigne le droit jusqu’à ce que les mêmes accusations qu’en 1553 soient portées contre lui l’année suivante. Il ne sauve sa vie qu’en s’enfuyant avec Ludovicus Memmius Frémiot, son amant du moment. On dit qu’il est prévenu de l’arrestation imminente qui l’attendait par un billet envoyé par un ami haut placé avec ce seul vers de Virgile: « Oh, fuis cette terre cruelle, fuis le rivage amer ! » (Énéide, III, 44). Les registres de la ville de Toulouse indiquent qu’il y est brûlé en effigie comme hérétique, lucianiste, impie, athée et sodomite. Il fuit en Italie. Il se retrouvera au service du pape et fera l'apologie de la Saint Barthélemy, harangue prononcée devant Grégoire XIII touchant l'heureux succès de Charles IX en la punition des chefs héritiques rebelles (1573) (fr.wikipedia.org - Marc-Antoine Muret). Cf. quatrain précédent IX, 45 où "Mendosus" serait Ronsard. Marc Antoine Muret emploi le terme "philosomphus" (songe-creux) par jeu de mot entre philosophus et somphos "Nec mihi philisophus, sed philosomphus eris" dans une épigramme "Contre Charles Caliantheus" (Juvenilia, publié en 1553 par (Virginie Leroux, Juvenilia de Marc-Antoine Muret, 2009 - books.google.fr). Properce, IV, 2, 43, semble avoir fourni à Columelle le tour du vers ("Et tenero cucumis, fragilique cucurbita collo"), quand il a dit : Caeruleus cucumis, tumidoque cucurbita ventre (la citrouille au gros ventre) (Norbert Bonafous, Le poème des jardins de L. J. M. Columelle, 1859 - books.google.fr). Muret les publie tous les deux à Venise (Catullus, et in eum commentarius M. Antonii Mureti, ab eodem correcti, & scholiis illustrati, Tibullus et Propertius, 1558 - books.google.fr). Le vendredi 2° de ce mois [Avril 1610], j'ay acheté, un quart d'escu, un nouveau livre du P. Richeomme, jésuiste, intitulé : Le Panthéon huguenot, imprimé par Rigaud, à Lion, in-8°. Livre de belle monstre au-dehors, mais rien que vent au-dedans et de ces citrouilles vides que les Graeqs ont apellées somphos, et, qui pis est, vent pour exciter des tempestes, desquelles nous ne sommes que trop menacés, sans cela (Mémoires-journaux de Pierre de L'Estoile: Journal de Henri IV, 1589-1611, 1875 - books.google.fr). On retrouve "somphos" appliqué aux Espagnols dans une diatribe contre eux par Julien Peleus (Julien Peleus, Le cheualier françois, 1606 - books.google.fr). Julien Peleus, dit aussi Julien Pilieu, né à Angers en 1550 et mort à Paris en 1625, est un avocat, historien et poète français. Henri IV lui témoigna son estime en le nommant conseiller d’État et l’un de ses historiographes. Bien que catholique, il était opposé au sort réservé aux Protestants (fr.wikipedia.org - Julien Peleus). Ainsi que dans un texte de 1611, favorable cette fois aux Espagnols, dédié à Philippe Guillaume de Nassau, resté catholique alors que son père et son frère travaillaient à l'indépendance des Provinces Unies. Henri IV était mort et la politique de Marie de Médicis et de Concini était pro-espagnole, les temps avaient changé, le discours des courtisans aussi (on le voit avec Muret) (Guillaume de Rebreviettes, Le Philaret diuise en deux parties, Erres, et Ombre, 1611 - books.google.fr). Typologie Reportant la date de 2138 sur 1565 on obtient 992. Dans la dégradation progressive d'un pouvoir qui avait
amené les derniers Carolingiens et les premiers Capétiens à l'impuissance, se
serait forgée une nouvelle autorité partie de la base et ayant progressivement
usurpé les attributs du pouvoir souverain. Tout un courant de pensée créateur
aurait dès lors suscité de nouvelles institutions et des structures sociales
originales propulsant des hommes nouveaux à la tête de la société, et
aboutissant au régime de la Féodalité. On voit maintenant, notamment par les
travaux de K.F. Werner, qu'il n'y eut pas en fait de rupture totale, mais une
remarquable permanence des fondements, essentiellement romains et pour partie
germaniques, des institutions Ă©tatiques et des structures sociales s'adaptant
et se transformant, dans une continuité évolutive, aux situations circonstancielles Les comtes de Toulouse ne sont que l'une des branches des
marquis de Gothie, dont l'autre s'enracine en
Rouergue. Ils renoncent mal au titre ducal aquitain et Ă leur influence perdue
sur l'Auvergne et laissent leurs vicomtes, entre Narbonne et Nîmes, disputer
aux évêques le pouvoir sur les anciennes cités et leur pagus Le deuxième lignage, dit "maison de Toulouse",
est issu de Raymond, marquis de Toulouse nommé en 852. Avec Raymond III Pons,
marquis de Gothie et comte d'Auvergne, la famille
prétend s'emparer du titre de duc d'Aquitaine en 936, aux dépens du lignage
précédent, mais sans succès. Son
influence, Ă l'Ă©poque de Guillaume III Taillefer
(979-1037) qui a épousé Emma de Provence avant 992, est loin d'égaler celle de sa rivale,
mais par le simple fait qu'elle tient Toulouse et domine la Gothie,
elle a cassé l'unité de l'ancien royaume d'Aquitaine Guillaume Taillefer, lequel n'apparaît officiellement en tant que comte de Toulouse qu'en 992, serait le fils d'Azalaïs d'Anjou, tante de la femme du premier. Son père serait un Raimond V, "duc des Goths", battu en 978 par le comte de Carcassonne Roger le Vieux. Il disparaît cette même année à Garazo, Garaison en Gascogne sur la commune de Monléon-Magnoac, tué par les Gascons dans une bataille contre le comte et marquis de Gascogne Guillem-Sanche. Sa femme se remarie avec le jeune roi Louis fils de Lothaire en 980, puis avec le marquis de Provence Guilhem, qui libére ses terres de l'occupation sarrasine (Martin de Framond, La succession des comtes de Toulouse autour de l'an mil (940-1030) : reconsidérations. In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 105, N°204, 1993 - www.persee.fr, Patrick de Latour, À propos de la comtesse Garsende : nouvelles propositions pour l'histoire de la dynastie toulousaine au Xe siècle. In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 109, N°219-220 - www.persee.fr). À la fin du Xe siècle, les princes du Midi, le comte de
Toulouse, celui de Roussillon ou de Barcelone ne communiquent avec le roi que
par l'intermédiaire d'ambassades. Assurément la chancellerie royale ne peut les
qualifier de fidèles ; elle doit utiliser des formules nouvelles,
ingénieusement «diplomatiques» : amicas noster,
cornes nostrae ditionis...
ou même princeps pour l'un d'entre eux Lorsqu'Etienne Pasquier décrit les débuts de la Guerre de
Cent Ans, l'histoire des premiers troubles rappellent, comme le souligne George
Huppert, le début des troubles religieux du XVIe siècle. La même projection s'opère lorsqu'il évoque les règnes des derniers
carolingiens et la montée d'Hugues Capet. Pasquier constate en effet: a) L'affaiblissement du pouvoir royal - comme
sous les derniers Valois b) La montée des factions seigneuriales - en
particulier la maison de Lorraine - dont
les erreurs ont, selon lui, favorisé Hugues Capet (penser Henri de Bourbon) en
renforçant la justification de son couronnement: Lothaire regnant,
Charles son frere, par une ambition sotte et demesurée, se fit vassal de l'empereur Otton second, qui erigea en duché la Lorraine et l'en investit, lui faisant
don d'un pays qu'il ne pouvoit bonnement garder. Ce
qui aliena tant Charles du coeur
des François qu'apres la mort de Louis son neveu il
fut aisé à Hugues Capet de se faire couronner roi par le commun voeu des Prelats et Seigneurs de
la France. c) Des "émois" associés à la montée du pouvoir populaire
et le rôle des corps intermédiaires, comme modérateurs des crises. Pasquier révèle, à travers un récit qui porte sur des
faits lointains, sa propre situation de parlementaire et de membre de cette
gentry (les "bourgois et gentilhommes"
de George Huppert) qui définit son rôle dans les troubles de l'histoire
présente. Son récit est une lecture en miroir qui s'effectue à la lumière de
l'histoire du pouvoir royal, des factions ligueuses et de la montée, qu'il
appelle de ses vœux, d'un nouveau Capet En 1584, venait de paraître en Lorraine, sous la plume
d'un archidiacre de l'évêché de Toul du nom de François de Rosières, un petit
livre dans lequel l'auteur affirmait que la maison de Lorraine était apparentée
aux derniers Carolingiens. Fort des conclusions de cet ouvrage, Charles III
s'estima en droit de prétendre au trône de France en cas de décès d'Henri III Guise cependant ne paraissait guère sincère en admettant
les droits du Cardinal de Bourbon. Il avait en effet déjà fait dresser des
tableaux généalogiques où il essayait de montrer que Hugues
Capet, le chef de la dynastie des Capétiens, d'où les Valois et les Bourbons
étaient issus, n'avait été en somme qu'un usurpateur, tandis que la maison des
Guises descendait directement de Charlemagne par les derniers Carolingiens qui
avaient été écartés du trône au profit des Capétiens |