Pillage archéologique d'Arles et préparation de l'attaque de Malte IX, 32 2127 De fin porphire profond Collon, trouvée Dessous la laze écripts Capitollin, Os poil retors, Romain force prouvée, Classe agiter au
port de Methelin. Il y a l'obélisque de granit rose trouvé dans le cirque de Caligula et de Néron, à l'emplacement de la future basilique Saint Pierre qui sera relevé par l'invention de Domenico Fontana  (Pierre Guérin, Le véritable secret de Nostradamus, l'ange de Dieu, 1971 - www.google.fr/books/edition). Cf. quatrain I, 45. La Colonne de Constantin ou Colonne de porphyre était le plus beau monument du Forum de Constantin. Elle s'est conservée, assez mutilée malheureusement, dans la Colonne Brûlée (le Cemberlitas ou Pierre Cerclée des Turcs) qui s'élève sur la deuxième colline, un peu à droite de la rue Divanyolu, au quartier d'Atikpasacami (Raymond Janinn, Constantinople byzantine, dévelopment urbain et répertoire topographique, 1964 - www.google.fr/books/edition). Il y a encore les colonnes de porphyres de la mosquée de Bayazet II construite à partir de 1501 à Constantinople. Elles proviendraient de l’église de la Diaconessa. En 1501, est lancée contre Lesbos, conquise par les Turcs en 1462, une expédition véntienne et française, sous Louis XII et Anne de Bretagne, à laquelle participe le navire La Cordelière (Jean et Nicolas Coëtanlem, Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Volumes 13-15, 1886 - www.google.fr/books/edition). La Cordeliere sera incendiée en 1512 : cf. quatrain IX, 29. Non loin du monastère de Saint-Paul-de-Mausole, à proximité de Saint-Rémy-de-Provence, émergeait du sol à l'époque de Nostradamus au centre des anciennes carrières gallo-romaines, une colonne de porphyre (Serge Hutin, Nostradamus et l'alchimie, 1988 - books.google.fr). A Saint-Rémy-de-Provence (Glanum), la pierre utilisée est le calcaire local fourni par les bancs de molasse miocène qui forment le massif des Alpilles. M. H. Rolland en a retrouvé les carrières à proximité de la ville antique (Albert Grenier, Manuel d'archéologie gallo-romaine: L'architecture. 1ere partie, 1958 - books.google.fr). "poil retors" L'Afrique avait le
poil retors A la moresque
crespelée, Les lèvres grosses
aux deux bords Les yeux noirs, la
face hâlée, Son habit semblait
s'allonger Depuis les colonnes
d'Espaigne Jusqu'au bord du
fleuve Ă©tranger Qui de ses eaux
l'Égypte baigne. En son habit
étaient gravés Maint serpent,
maint lion sauvage, Maint trac de
sablons élevés Autour de son
bouillant rivage. L'Europe avait les
cheveux blonds, Son teint semblait
aux fleurs décloses, Les yeux verts, et
deux vermillons Couronnaient ses
lèvres de roses. Sur sa robe furent
portraits Maints ports,
maints fleuves, maintes îles, Et de ses plis
sourdaient épais Les murs d'un million de villes (Ode IV, Troisième Livre des Odes) (Pierre de Ronsard, Choix de poésies de P. de Ronsard, précédé de sa vie et accompagné de notes explicatives, Tome 2, 1883 - www.google.fr/books/edition). Danses Toutes ces danses, les Cordelles, les Pastourelles, les Moresques, la Jarretière, les Treilles, les Olivettes, et plusieurs autres (li Fielouso, li Bouset, etc.), s'exécutent encore aujourd'hui, mais seulement à de certaines occasions, et lorsqu'il se rencontre des administrateurs intelligents. Elles symbolisent à ravir la plupart des travaux agricoles. Comme on voit, nos pères excellaient à poétiser les choses de la vie. Cette idéalisation du labeur quotidien et ce caractère national donné par eux à toute manifestation publique, ne contribuaient pas peu à faire aimer à chacun la condition et la patrie où le bon Dieu l'avait fait naître. Il est positif, par exemple Saint Éloi, par leur chevaleresque mise en scène, provoquent plus vivement et plus noblement l'émulation de nos meinagié que les médailles, primes d'argent, discours et drapeaux , qui reparaissent uniformément dans les fêtes des Sociétés et Comices agricoles (Frédéric Mistral, Calendau, pouèmo nouvèu. Traduction française en regard, 1867 - www.google.fr/books/edition). Les "Olivettes" est une danse du type «morisque» avec danse des épées. Mais, suivant les circonstances, des chorèges locaux lui ont ajouté des éléments pris dans d'autres danses. C'est ainsi, par exemple, que nous lisons dans l'ouvrage de Marcelle Mourgues (La danse provençale, p. 64) que les danseurs passaient sous des arceaux de verdure (dans des jardinières) et (p. 66) que la danse des Olivettes accompagnait la danse des corbeilles. Il s'agit en fait de chorégraphies très différentes, aussi bien dans leur forme que dans leur symbolisme, mais qui ont été parfois exécutées sans solution de continuité pour des raisons spectaculaires, ce qui a amené certains observateurs superficiels à supposer une liaison entre elles. C'est ce qui est arrivé en Languedoc également pour la danse du chevalet et la danse des Treilles, deux danses très populaires, mais fort distinctes que certains auteurs ont cru complémentaires... ce qui était certainement vrai dans l'amour du peuple de Montpellier pour les danses de son terroir, mais pas du point de vue chorégraphique. Si la plupart de nos danses populaires, au moins dans les versions qui nous sont connues de nos jours, ne datent guère que du milieu du XIXe siècle, on a quelques témoignages plus anciens en ce qui concerne les danses des rubans. C'est ainsi, par exemple que Lucas-Dubreton, décrivant, dans son livre consacré à «Lucrèce Borgia», la fête donnée au Vatican, le 1er janvier 1502, à l'occasion du mariage de Lucrèce avec Alphonse d'Este, duc de Ferrare, écrit : «Une sonnerie de trompette. La, scène change ; un arbre apparaît, sur la cime duquel oscille un génie qui, tout en récitant des vers, jette neuf cordons de soie dont les extrémités sont saisies par neuf danseurs. Autour de l'arbre ils «carolent» tous et le génie semble les entrelacer de sa main» (Maurice L.A. Louis, Les Danses des Rubans, Folklore n° 102, 1961 - garae.fr). Il est parlé des danses provençales dans le tour de France que fit Charles IX en 1564-1565, par Honoré Bouche, en particulier à Brignoles après que le roi fut passé à Saint Maximin pour visiter les reliques de Marie Madeleine (Honoré Bouche, La Chorographie ou Description de Provence et l'histoire chronologique du même pays. Tome premier, Tome 2, 1736 - www.google.fr/books/edition). Comme celle de beaucoup d'autres régions, la Jeunesse de Gaillac, ayant à sa tête, au début du XVIe siècle, un Roi et un Soudan (Sultan) (rappel probable des Chansons de Geste ou des Croisades) et, en 1547, un Dauphin, avait parmi ses attributions d'organiser et de réglementer les amusements du Cycle de Carnaval-Carême. Mais le nom particulier, qui n'a pas été relevé ailleurs en Gascogne, de Compagnie de la poda semble indiquer qu'elle était aussi en relation corporative ou confraternelle avec les vignerons du Gaillacois. Une poda (lat. putatoria, occitan poudo, etc.) est une serpe-hachette, fort en usage autrefois, mais qui a presque complètement disparu, ainsi que son diminutif le poudet. Ailleurs en France on la nomme vouge ; elle y a aussi été évincée par le sécateur. Après les vendanges, on édifiait un castel (château) sur la place de la ville, et au sommet se tenait une jeune fille tenant une poda. Les «compagnons», partagés en deux camps, défendaient ou assaillaient le castel, protégés par des armures et sous une grêle de tessons. La jeune fille recevait pour sa participation une paire de sabots. Ensuite, on ramassait tous les débris de poterie et on les conservait dans une salle de la maison commune [pour la bataille de l'an suivant]. Dans le poème burlesque du chanoine Mathieu Blouyn, pourtant, de la deuxième moitié du XVIe siècle, on trouve une autre date annuelle sans allusion à la poda : ...e fort prep d'aquel loc que lou seaoudo (soudan) cadans — Fa dressa soun castel a tens de carmantrans. De même, à Auxerre (Yonne), c'est dans le cycle de la Saint-Jean-Saint-Pierre que se situait la fête de la Jeunesse, en très grande majorité constituée par les enfants des viticulteurs. Ceux du quartier Saint-Pierre faisaient sur la route de Coulanges un grand feu, avec des chansons et des rondes identiques à celles des jeunes gens du quartier de la Porte-de-Paris à la Saint-Jean [...] Pour aucun consulat de l'Albigeois on n'a encore trouvé d'autre Roi de la Poda, mais seulement des Empereurs ou Rois de la Jeunesse (del Jouven ou Joven). En 1544, le Parlement de Toulouse prohiba les Empereurs de la Jeunesse dans toute la sénéchaussée, sans doute à la suite de désordres mais cela momentanément, car on voit encore interdire de par le roi en 1660 de faire élection de chefs de la jeunesse dans les communautés du Languedoc (Arnold van Gennep, Manuel de folklore français contemporain : Du berceau a la tombe (fin) : mariage, funérailles, 1946) (Le Cercle et la Croix des Prophètes - Les Prophètes et Rennes le Château - L’Echiquier de la Croix des Prophètes - nonagones.info). La danse des Olivettes est ainsi appelée parce qu'elle s'exécutait principalement à l'époque de la cueillette des olives. Seize jeunes gens vêtus à la romaine marchent sur deux rangs au son du tambourin. A leur tête se placent divers officiers... Tout-à -coup, les Maures débarquent. Femmes, filles, garçons, occupés à la cueillette s'enfuient. Les gens du bourg de leur côté accourent, livrent bataille aux mécréants. Le consul provençal et le roi Sarrazin se défient en combat singulier "le Sarrazin mord la poussière et et hurle, reniant l'âme de Mahom ; tous les guerriers joignent leurs lames en toiture luisante et soulevant ainsi Le capitaine triomphant, de mille cris font bruire l'air" (Calendau) (Les Férigoulettes, recueil de contes, légendes, impressions et de paysages de Provence, Volumes 21-43, 1922 - www.google.fr/books/edition). Mistral a tout confondu «sans doute volontairement», excuse avec piété Marcel Provence : Maures, épées, olivettes, etc. (Maurice Louis Alexis Louis, Le folklore et la danse, 1963 - www.google.fr/books/edition). "Os" Juste au sud de Signes se trouve La Cadière d'Azur. Ce toponyme de La Cadière correspondrait à l'évolution du toponyme de Cathedra, que l'on trouve dans le cartulaire de Saint Victor. Le lieu de culte apparaît en 977 dans la carta Honorati qui inventorie des biens restitués à l'abbaye Saint-Victor de Marseille. Dans ce cas, l'église apparaît comme l'élément central d'un vaste domaine connu à la période carolingienne, épiscopal ou monastique, qui s'étendait sur les territoires des communes actuelles de Bandol, Saint-Cyr, Ceyreste et La Ciotat (Christine Delaplace, Aux origines de la paroisse rurale, en Gaule méridionale (IVe - IXe siècles), 2021 - www.google.fr/books/edition). Pendant deux siècles et demi, La Cadière va vivre sous la coseigneurie de l’abbaye de Saint-Victor et des Vicomtes de Marseille (jusqu’en 1212) puis des Seigneurs des Baux et toujours de l’abbaye de Saint Victor jusqu’en 1365. A cette date, l’abbaye de Saint-Victor devient alors le seul Seigneur de La Cadière et le restera jusqu’à la révolution (www.lacadieredazur.fr). Lorsqu'elle eût cessé d'être desservie par les moines cassianites en 1365, l'église de Saint-Damien tomba bientôt en ruines, mais la fête des Saints-Martyrs Côme et Damien, titulaires de cette église et de la chapelle que la piété des habitants fit construire sur ses débris, cette fête continua d'être célébrée avec beaucoup de solennité et d'attirer un concours nombreux de fidèles. Le clergé paroissial, suivi du corps municipal et précédé du capitaine de ville à la tête de sa troupe, s'y rendait chaque année en procession, et la foule y venait avec en pressement offrir ses vœux à ces saints protecteurs, à l'intercession desquels les malades avaient recours. [...] On a trouvé dans la vallée de Saint-Côme, des médailles romaines, entre autres un Néron et un Gallien : ce qui prouve que cette fertile vallée avait été habitée et cultivée pendant la période gréco-romaine de Tauroentum. On y a découvert aussi plusieurs monnaies du moyen-âge, parmi lesquelles on remarque un sou couronat au type de la reine Jeanne, comtesse de Provence, d'une parfaite conservation. Quoique le curé tînt ses pouvoirs de l'évêque de Marseille, dont la paroisse de La Cadière relevait alors, il était pourtant à la nomination de l'abbé Saint-Victor, qui en était le curé primitif depuis que le prieuré de Saint-Damien eut été uni à la manse abbatiale et que la seigneurie de La Cadière fit partie du domaine commandataire de St.-Victor. Cette illustre abbaye a eu constamment à sa tête des ecclésiastiques de la plus haute distinction. Aussi La Cadière compte au nombre de ses curés primitifs des cardinaux, des archevêques, des évêques d'une noble extraction. Nous citerons les noms de quelques-uns des plus célèbres depuis la réunion en 1365 de la maison de Saint-Damien à la manse abbatiale de Saint-Victor, Jean Bonvin, Marseillais, saint personnage aux prières de qui le roi Charles VI se recommanda pour être guéri de la folie : "qu'il plaise à Dieu par l'intercession de la Benoite Vierge Marie, dudit Monsieur S. Victor & dudit Pape Vrbain, & des autres SS. & Saintes" (Magloire Giraud, Statistique religieuse de La Cadière, Bulletin, Société académique du Var, 1858 - books.google.fr, Antoine de Ruffi, Histoire De La Ville De Marseille, Tome 2, 1696 - www.google.fr/books/edition). La plus célèbre des cures miraculeuses des saints médecins anargyres Côme et Damien - la greffe d'une jambe d'un Noir Ethiopien pour remplacer la jambe nécrosée d'un patient blanc - fit l'objet de nombreuses peintures et miniatures (La piste Darmstadtienne - Ignatius Donnelly et quelques noms français - nonagones.info). Os et danses En Provence, la danse d'armes des «Olivettes» et de «Bakubèr», évoquent la mort et la régénération de la Nature, pour hâter l'arrivée du printemps, les rondes à changements de places, quadrilles, etc... appellent la fertilité ; la danse des "Rascasséto” synthétise les soins apportés par les hommes au personnage qui figure par son abondante chevelure l'opulence de la Nature, les danses à arceaux et à passerelle symbolisent la communion avec les forces sacrées venant du Ciel (Marcelle Mourgues, La danse provençale, 1956 - books.google.fr). René d'Anjou (1408 - 1489), contemporain de Philippe le Bon, établit à Aix, en Provence, cette fameuse procession de la Fête-Dieu sur laquelle nous aurons à revenir plus tard et à parler en détail. Au nombre des personnages vivants et agissants qui figuraient dans cette cérémonie, la Mort, habillée de noir, «avec des ossements de squelette peints dessus», allait et venait avec sa faux, tâchant de raser tout le monde par le pied. On voit d'ici toutes les peurs que cette Mort faisait aux spectateurs, et toutes les contorsions et fuites hâtées de la foule pour échapper à ce faucheur étrange. Voilà déjà le comique dont ce sujet ne pourra plus se débarrasser et qui tombera bientôt dans le grotesque. Suivant un historien suspect d'inexactitude, le duc de Bedford, le futur assassin de Jeanne d'Arc, entra dans Paris, après la bataille de Verneuil (1424), au milieu d'une pompe triomphale : "Nous voulons parler de cette fameuse procession qu'on vit défiler dans les rues de Paris, sous le nom de Danse Macabrée ou infernale, épouvantable divertissement auquel présidait un squelette ceint du diadème royal, tenant un sceptre dans ses mains décharnées, et assis sur un trône resplendissant d'or et de pierreries. Ce spectacle repoussant, mélange odieux de deuil et de joie, inconnu jusqu'alors et qui ne s'est jamais renouvelé, n'eut guère pour témoins que des soldats étrangers (des Anglais), ou quelques malheureux échappés à tous les fléaux réunis, et qui avaient vu descendre tous leurs parents, tous leurs amis dans ces sépulcres qu'on dépouillait alors de leurs ossements". Je ne sais d'où M. de Villeneuve Bargemont a tiré ce récit; mais il est certain que, dans cette année 1424, on peignit sur les murs du charnier ou cimetière des Innocents, à Paris, une Danse Macabre qui demanda six ou sept mois de travail (Annales archéologiques, Volume 24, 1864 - books.google.fr). Cf. IX, 58 - Danses macabres - 2146-2147. Le roi René, grand mainteneur des traditions provençales, passe pour avoir établi un costume pour la danse des Olivettes ; veston vert, culottes courtes, toques enrubannées, bas blancs et escarpins à rosette. [...] Dans la danse des «Olivettes», conduits par un Bouffon portant le costume d'Arlequin, deux groupes de jeunes gens armés d'épées circulent dans les rues ; sur les places, ils esquissent un combat ponctué par un duel entre leurs Chefs respectifs. Ils forment un cercle pour hisser Arlequin sur le pavois d'où il excite le rire des habitants par des couplets moqueurs défrayant chaque année la chronique locale. Une danse d'épées de Pont-de-Cervières (Hautes-Alpes), le Bakubèr (Bal Cubert, Bacchu Ber), dont la première partie s'appelle encore «la lève» (la levée), devait comporter une figure semblable qui a disparu, destinée à symboliser, après la victoire de l'Eté sur l'Hiver, la montée de la végétation (Marcelle Mourgues, Le rôle du bouffon dans la danse provençale, Congrès de civilisation et culture provençales, 1961 - books.google.fr). La comparaison du Bakubèr avec une danse d'épées de Namur, exécutée en 1774 par des danseurs à l'épée figurant la "rose” autour du cou du "Doyen" et appelée "danse maccabéenne", ou "des Maccabées" ou finalement "macabrée", ce qui amena la confusion avec la danse macabre ou danse des morts, ne saurait donner pour le mot “Bakubèr” une éytmologie évidente, bien que les Macchabées aient toujours symbolisé au moyen-âge des guerriers et qu'un costume guerrier ait été primitivement affecté aux danseurs du Bakubèr (Marcelle Mourgues, La danse provençale, 1956 - books.google.fr). Colonnes de porphyre
et Capitole En 1563, le roi Charles IX et Catherine de Médicis, se trouvant à Arles, permirent aux ducs de Lorraine et de Savoye, qui les accompagnaient dans leur tournée, de faire emporter les tombeaux qui leur plairaient le plus. Eux-mêmes, avant de quitter la ville, désignèrent pour leur être envoyés à Paris, plusieurs riches sarcophages de marbre, des bas-reliefs précieux, une statue de Janus, et huit colonnes antiques de porphire, dont on dépouilla le choeur de Notre-Damela-Major. Tous ces objets furent embarqués l'année d'après, mis en route sur le Rhône, et submergés vers le pont du St.-Esprit (Louis Jacquemin, Guide du voyageur dans Arles, 1835 - books.google.fr). Le premier de ces bateaux sombra en 1564, à la hauteur du Pont-Saint-Esprit. Il avait été frété par Charles IX et contenait, outre huit colonnes de porphyre, des tombes et des sculptures antiques. L'autre bateau se perdit à Arles même, en 1805, devant Trinquetaille. Sur l'ordre de Napoléon, il avait été surchargé de «pièces rares». Quelles «pièces rares» ? Et que pouvait-il rester à razzier, aux Alyscamps, au début du siècle dernier ? Depuis la Renaissance, souverains de France et souverains d'Europe avaient dépouillé la ville et son cimetière (Jean Louis Vaudoyer, En France, miscellanées, 1933 - www.google.fr/books/edition). D’où "profond", au fond du Rhône. «Les colonies, dit Aulu-Gelle, étaient en quelque sorte des images réduites du peuple romain,» et «à ce titre, ajoute Ducange, elles renfermaient des théâtres, des thermes et des capitoles.» (Auguste Castan, Le Capitole de Vesontio et les capitoles provinciaux du monde romain, 1869 - books.google.fr). Cf. Toulouse. Certains disent que le Portique & les Colonnes près de l'église Saint Lucien à Arles sont des restes du superbe Palais de Constantin le Grand, qu'on appelle communement, Le Château de la Trouille, que cet Empereur fit bâtir lorsqu'il tenoit sa Cour à Arles. Et les troisiémes croient que ce sont des restes de l'ancien Capitol d'Arles ou l'on tenoit les Assemblées du Senat, parce que dans leur Architecture on remarque quelque chose de semblable à la Maison Quarée de Nîmes, qui étoit autrefois le Capitole de cette Ville. Et pour le prouver, ils disent que le grand nombre des grotes anciennes avec les corniches, qui sont d'un côté & d'autre des rues, depuis l'Eglise de Saint Lucien jusques à l'Hôtel de Ville tirant vers le College, étoient les prisons & les cachots du Capitole. Je laisse la liberté au Lecteur d'en croire tout ce qu'il voudra (Gilles Du Port, Histoire de l'église d'Arles tirée des meilleurs auteurs anciens & modernes, 1690 - www.google.fr/books/edition). "Methelin" :
Lesbos Le Roi d'Espagne ayant eu avis de ce qui se passoit, jugea sagement que le danger de Malte interessoit la Sicile, & même toute l'Italie, dont la sûreté dépendoit principalement de la conservation d'une isle si importante. Ce Monarque manda donc aussitôt à tous les Gouverneurs des Provinces, & à tous les commandans de ses flottes, de donner à Dom Garcie tous les secours qu'il demanderoit. Philippe écrivit aussi à tous ses vassaux, & aux Princes d'Italie ses amis, d'enroller vingt mille hommes de pied. Et pour ne pas faire une dépense superfluë, il ordonna par une sage précaution, de ne leur pas donner la paye dès le premier jour de leur engagement, mais seulement de s'en assurer, & de les disposer à le ranger au premier ordre sous les enseignes de leurs officiers. Cependant l'armée navale des Turcs étant partie de Constantinople le 29 de Mars, vint dans la Morée, & aborda à Modon. Elle étoit composée de sept mille hommes des garnisons de l'Asie mineure, mille de celle de l'isle de Metelin, quatre mille cinq cens du corps des Janissaires, qui font les principales forces de l'Empire Ottoman, treize mille volontaires, douze cens hommes des garnisons de Thrace, qu'on nomme aujourd'hui la Romanie, & trois mille de toute sorte de gens, que l'esperance du butin avoit rassemblez. Toutes ces troupes montoient à trente mille combattans ou environ. Le Bacha Mustapha, capitaine de grande experience, qui les commandoit, fit à Modon la revûë de ces troupes, & monta sur la flotte que le Bacha Piali amiral avoit amenée de Constantinople. Elle étoit composée de cent trente galeres, sans compter les dix qui étoient destinées à la garde de l'isle de Rhodes, & deux à celle de Metelin, & dix-sept autres. Ainsi la flotte entiere composoit cent cinquante-neuf vaisseaux à rames, & vingt-deux de charge, pour transporter les vivres & les munitions. Lorsqu'elle fut arrivée à Malte, plusieurs autres navires vinrent successivement de tous côtez en augmenter le nombre, & la rendre une des plus terribles flottes qu'on eût vûës depuis long-tems (Jacques Auguste de Thou, Histoire universelle, Tome Cinquieme : 1564 - 1570, 1734 - books.google.fr). Cf. I, 9. Porphyre en
Provence L'ouest et le nord du vignoble alternent collines et roches calcaires ; c'est là que se trouvent la montagne Sainte-Victoire, le massif de la Sainte-Baume ou les gorges du Verdon. Plus à l'est, face à la mer, affleurent les massifs cristallins des Maures et du Tanneron. Si l'on continue vers l'est, entre Saint-Tropez et Cannes, apparaissent les roches de porphyres du massif volcanique de l'Estérel (Michel Bettane, Thierry Desseauve, Guide des vins 2018, 2017 - www.google.fr/books/edition). Le massif de la chaîne des montagnes de l'Estérel, qui s'étend des sources de la Siagne à la mer et sépare le département du Var de celui des Alpes-Maritimes, est composé de roches éruptives, parmi lesquelles on trouve de magnifiques gisements de porphyre de diverses couleurs et de textures différentes. Les Romains, qui, dès avant la conquête des Gaules, occupaient cette région, avaient, pour leurs monuments non seulement locaux, mais même pour ceux de Rome et d'Arles, exploité cette richesse. Les recherches des divers savants qui ont exploré ces montagnes ont fait retrouver les carrières d'où ces précieux matériaux avaient été retirés, et ils ont surabondamment prouvé que les obélisques du cirque d'Arles, certains monuments de Rome, dont il sera parlé, les colonnes du baptistère d’Aix, les bornes amarres du port de Fréjus, que l'on avait pris pour des dépouilles que Rome avait enlevées à l'Egypte, provenaient des carrières de l'Estérel. Dans un mémoire présenté, dans la première partie de ce siècle, par Charles Texier à l'Académie des Inscriptions, il est dit que ce savant architecte avait porté avec lui à Rome, lors de la mission que le gouvernement lui avait donnée, des échantillons des porphyres de Fréjus, afin de les comparer aux roches de la même nature qu'il y rencontrerait. Il dit avoir eu la satisfaction d'y découvrir un grand nombre de fragments du porphyre de Fréjus. Texier attribue à Agrippa l'exportation de ces roches dans la capitale du monde d'alors. Il cite un fût de colonne à l'angle du Quirinal, une autre colonne à l'angle de l'église de la Minerve; au musée du Vatican, une colonne de 3 mètres; dans la basilique de Saint-Pierre, les colonnes de 8 mètres qui décorent la chapelle des Grégoire. Il a reconnu également que les deux magnifiques vases en porphyre du Vatican, conservés comme une des merveilles de l'art antique, sortent de nos carrières. Ce porphyre était, avant Texier, connu des sculpteurs romains sous le nom de Granito Morviglione (à taches de petite vérole). Le savant Cardi, et les autres savants avec lui, le regardaient comme le Lapis Memphites de Pline, dont les carrières existaient au bord du Nil en face de Memphis. Les carrières d'où les Romains ont tiré le porphyre dont il est question ci-dessus, porphyre à pâte bleue, tachetée de blanc et parsemée de points noirs, ont été découvertes, en 1839, par Texier. Le gisement couvre plusieurs kilomètres carrés; mais tous ces porphyres ne sont pas propres à l'exploitation. Depuis les Romains, et à diverses reprises, on a tiré du petit Caous des colonnes, mais cela sans exploitation permanente, et à l'heure actuelle, les carrières sont complètement inexploitées. Lors de la reconstruction du Casino de Monaco, l'architecte Garnier a voulu employer du porphyre de Caous; mais les entrepreneurs n'ayant pu s'entendre avec le propriétaire cherchèrent sur divers points un gisement égal en beauté à celui-là . Ils ont ouvert diverses exploitations dans la roche à gros grains que nous avons signalée en premier lieu comme inexploitable, et ils durent renoncer à leur projet (M. Pottier, Note sur les porphyres de l'Estérel, Bulletin de la Société d'etudes scientifiques et archéologiques de Draguignan et du Var, Volumes 16 à 17, 1887 - books.google.fr). Les carrières de porphyre bleu à points blancs à Saint-Raphaël, ont été exploitées par les Romains. Trois d'entre elles sont restées dans l'état où ils les ont laissées. Dans les deux premières, de grandes masses de porphyre sont restées sur place, prêtes à être enlevées. On en remarque plusieurs destinées à faire des colonnes à plus de sept mètres de longueur, et en descendant de ces carrières à la mer, on voit de gros blocs ébauchés, percés en tête de trous dc loure, abandonnés dans le milieu du chemin; la troisième carrière présente de longues excavations cylindriques qui indiquent que de grosses colonnes en ont été détachées (N. Noyon, Statistique du département du Var, 1846 - books.google.fr). Milliaire et voie
Aurelia Plongeant nos regards avides sur cette fabuleuse cité, nous voyions briller au pied du Capitole le fameux milliaire d'or. De là partaient les voies nombreuses qui servaient de communications incessantes entre la reine du monde et tous les peuples devenus ses vassaux. Sur ses larges dalles il nous semblait voir galoper les Tabellaires, portant les volontés de César en Orient, en Occident, dans les Gaules, dans la Germanie et jusqu'au fond des Espagnes, avec ordre aux nations tremblantes de se prosterner devant les caprices souverains d'un Néron ou d'un Caligula (Joseph Gaume, Les trois Rome, Journal d'un voyage en Italie, 1847 - www.google.fr/books/edition). La Via Aurelia ou voie Aurélienne est le nom donné à la grande voie romaine de la côte méditerranéenne de l’Italie romaine et de l’ancienne Gaule. La Via Aurelia a été mise en œuvre à partir de 241 av. J.-C. par le consul Caïus Aurelius Cotta. Elle partait de Rome, longeait la côte occidentale de la péninsule italienne et passait par Pisæ (Pise) pour arriver à Luna (Luni). Au fur et à mesure des conquêtes sont venus s’y rattacher des tronçons. Ainsi le consul Æmilius prolongea la voie à partir de 109 av. J.-C. Cette section devint la Via Æmilia Scauri. Elle passait par Genua (Gênes) et Vada Sabatia (Vado Ligure). Après sa victoire sur les peuples des Alpes-Maritimes, l’empereur Auguste prolongea la voie, à partir de 13 av. J.-C., depuis Placentia (Plaisance), jusqu’à Arelate (Arles), sur le Rhône. Elle prendra alors le nom de l'empereur : la Via Julia Augusta (fr.wikipedia.org - Via Aurelia). Forum Julii était une grande cité de plus de 6000 habitants qui s'étendait sur trente hectares, et qui compta des personnalités comme Agricola et Tacite. La ville a probablement été fondée par Jules César vers 49 av. J.-C. La prospère ville commerciale devint alors un port de guerre, un des plus importants de la Méditerranée. Un canal reliait la mer à un grand bassin. Les vétérans de la VIIIe Légion s'y installèrent. Au début du christianisme, Forum Julii devint siège épiscopal. Les vestiges de l'époque romaine sont nombreux à Fréjus : les thermes de Villeneuve, la porte des Gaules et les remparts, l'amphithéâtre, le théâtre, l'aqueduc et les restes du port avec le bassin, la porte dorée et la lanterne d'Auguste (phare). La voie Aurélienne suivait ensuite le cours de l'Argens et empruntait en partie l'actuelle route nationale jusqu'au mutatio du Muy et à la station de Forum Voconii / Vidauban (reste de pont) pour arriver au Luc. Elle rejoignait ensuite Matavo / Cabasse, dont l'occupation est très ancienne. De nombreux vestiges de l'époque gallo-romaine y ont été mis au jour (nécropole et mausolée). La voie rejoignait ensuite Brignoles par l'actuelle route. On a retrouvé sur son secteur quelques milliaires et une villa gallo-romaine ainsi qu'un relais de poste. Turris/Tourves occupait une position stratégique et on y trouvait une station et de nombreuses villæ. La voie contournait ensuite l'actuelle ville de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume pour aller vers Pourcieux et la Grande Pugère. Entre ces deux communes, quelques pierres constituent les restes du Trophée de Marius. L'arc de triomphe avait été érigé à la gloire du consul Marius pour sa victoire sur les Teutons en 102 av. J.-C. (fr.wikipedia.org - Via Aurelia). Un milliaire à Cabasse (Pagus Matavonicus), bourg du département du Var non loin de Brignoles et du Luc, représente aujourd'hui, sur l'ancienne via Aurelia, la station romaine de Matavonia de l'itinéraire d'Antonin, et de Matavone de la carte de Peutinger. Il se trouver dans un petit cimetière abandonné, attenant à l'église du lieu (J.P. Revellat, Notices sur des milliaires de Constantin, Revue archéologique, Volume 78, 2013 - books.google.fr). La Voie Aurélienne passait plus au nord ; après avoir longé le nord du massif de la Sainte-Baume et du Cap Roux jusqu'à l'oratoire actuel de Saint-Honorat, elle est sur ce point très reconnaissable sur un assez long parcours, elle traversait la rivière d'Agay sur un point dont on voit encore les restes, suivait le Val-Bonnet et gagnait les hauteurs de Veissière, à droite de la grande route actuelle (M. Bertrand, Le menhir à cupules d'Aire-Peyronne (Var), Revue prehistorique, 1910 - www.google.fr/books/edition). Sur un milliaire qui se trouve à Saint Honorat, reconnu en 1780 par Jean-Pierre Papon, l'inscription est gravée sur une colonne en porphyre. Comme le porphyre ne se trouve pas à Saint-Honorat, qui ne donne que du calcaire, il est certain que cette colonne y a été transportée de la terre ferme, et comme l'inscription de Vallauris est sur une colonne de même matière, il est à présumer qu'elles étaient voisines sur la même route, probablement l'embranchement qui d'Aegitna se rendait à Horrea en passant par Vallauris et Mougins. Cette inscription se trouve sur l'une des colonnes de l'impluvium de la tour, qui est formé de six colonnes, une en marbre rose, trois en porphyre bleu des carrières de l'Estérel et les deux autres en calcaire. L'inscription est en partie détruite par le vent de mer, qui attaque très vigoureusement cette pierre; il est malheureusement certain que si elle reste quelques années encore au même lieu, on ne pourra plus rien reconnaître de son inscription (Edmond Blanc, Épigraphie antique du département des Alpes-Maritimes, Tome 1, 1878 - books.google.fr). De nombreuses bornes milliaires furent inventoriées par
Antelmi, Peiresc au XVIIe siècle, Guichardin au XVIII siècle. En, particulier,
Peiresc relève l'inscription de la borne milliaire située à une lieue de Fréjus
dans l'Estérel, en 1628, où il est question de Constantin II, fils de
Constantin le Grand. Cette borne est
retrouvée en 1828 à moitié enterrée près de Signes dans la remise du château de
Belgentier, commune où Peiresc avait une maison de campagne. A la Sainte Baume d'Estérel, une borne se trouvait dans un fossé près du pont de Josseran (A. Héron de Villefosse, H. Thédenat, Les inscriptions romaines de Fréjus, Séances générales tenues par la Société française pour la conservation des monuments historiques, Volumes 50-51, 1884 - www.google.fr/books/edition, Edmond Blanc, Epigraphie antique des Alpes Maritimes, Annales, Volume 5, Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes, 1878 - www.google.fr/books/edition). "profond" Une borne à la Croix-Chevaux en Limousin est une colonne monolithe de granit, soigneusement taillée, constituée d'une base à plan quadrangulaire de 0,36 m de côté, d'un fût lisse subcylindrique haut de 0,77 m, au diamètre de 0,383 m à la base, 0, 348 m au sommet et coiffé d'une sorte de chapeau hémisphérique de 0,365 m de diamètre sur 0,195 m de hauteur. La base cubique est visible sur une hauteur de 0, 19 m. La partie enterrée s'enfonce d'au moins autant et peut-être même davantage dans le sol, pour assurer au monument une stabilité satisfaisante. La hauteur de la base doit donc être voisine de 0, 40 m, ce qui donne au monolithe une hauteur totale proche de 1, 37 m. A une époque sans doute guère éloignée de nous, la pierre a été utilisée pour supporter une croix de métal, aujourd'hui disparue, mais dont la fixation a fait éclater le chapeau hémisphérique, gravé du nombre 20. [....] Cette pierre présente certaines caractéristiques des bornes routières antiques, bien que ses dimensions soient un peu inférieures à celle de la plupart des milliaires, connus au nombre d'une quinzaine dans la région limousine, comme le montre par exemple la comparaison avec celui de Lussac-les-Eglises (Haute-Vienne), mis au jour en mai 1979 (Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, Volume 125, 1997 - books.google.fr). Marie Madeleine La Lauze est un nom de quartier fréquent dans le Var. 1867 lause (Littré). Empr. à l'a. prov.lauza, lausa «dalle, pierre plate», 1174 ds Pansier, lui-même issu du gaul. *lausa peut-être empr. à une lang. précelt. (FEW t. 5, p. 212 b) (cnrtl.fr). Laze : Lazare, frère de Marie de Béthanie (Rafaël Hyacinthe, L'Ordre de Saint-Lazare de Jerusalem au Moyen Age, 2003 - www.google.fr/books/edition). Saint Laze est un quartier d'Ollioules à 15 km à l'est de La Cadière (cf. S. Lignée, «Le Reposoir de Saint-Laze», à Ollioules). Lors des ravages des Sarrazins, les religieux Cassianites qui étaient préposés à la garde du corps de sainte Madeleine , le retirèrent secrètement du tombeau d'albâtre où il était déposé et le placèrent dans celui de saint Sidoine; c'est ce que nous apprend l'inscription dont nous parlons et dont l'authenticité a été établie; en voici la traduction : «L'an de la nativité du Seigneur 710, le 6 jour du mois de décembre, sous le règne d'Eudes, très bon roi des Français, au tems des ravages de la perfide nation des Sarrazins, le corps de la très-chère et vénérable sainte Marie« Madeleine a été, à cause de la crainte de ladite perfide nation, transféré très-secrètement, pendant la nuit, de son sépulcre d'albâtre dans celui-ci qui est de marbre, du quel l'on a retiré le corps de Sidoine, parce qu'ici il est plus caché.» Je vais rapporter brièvement les circonstances fort remarquables de la découverte de ce document. Au XIIIe siècle, une tradition un peu confuse indiquait seule la crypte de St. -Maximin comme le lieu de dépôt des reliques de notre sainte ; le voisinage de la Ste-Baume donnait, à la vérité, du poids à cette tradition, mais aucun témoignage authentique n'en assurait la véracité. Charles, prince de Salerne, qui fut désigné plus tard sous le nom de Charles II et sous les titres de roi de Sicile et de comte de Provence, entreprit de faire des fouilles à St.– Maximin ; ce prince, mu par un sentiment de tendre dévouement à la mémoire de Madeleine, s'entoura des hommes les plus capables de le guider dans ses recherches, fit compulser les anciennes chroniques, et se rendit à St.-Maximin vers la fin de l'année 1279; la crypte avait été remplie de sable pour la dérober, croit-on, aux ravages des Sarrazins. Après de nombreuses recherches auxquelles le prince prit une part si active qu'il était tout trempé de sueur, on finit par découvrir un sépulcre de marbre, celui de saint Sidoine. Une odeur merveilleuse s'en exhala aussitôt; on l'ouvrit immédiatement, et le corps d'une femme, moins la mâchoire inférieure, parut à tous les yeux (E. Hucher, Des enseignes de Pélerinage, Bulletin monumental, ou, Recueil de documents et de mémoires relatifs aux différentes branches de l'archéologie, 1853 - books.google.fr). Si ces deux grands évènements, survenus en 1279 et en 1281, ébranlent considérablement les moines de Vézelay, le coup de grâce est porté en 1295 lorsque le pape Boniface VIII reconnaît officiellement le tombeau de la Madeleine en Provence. Par un heureux hasard et comme le rapporte Philippe de Cabassole : «Le pape, sachant qu’on possédait dans les reliquaires du Latran une relique de la même la fit apporter ; et on put constater qu’elle s’adaptait parfaitement au bas de la mâchoire ; il la remit au roi, qui s’en montra tout heureux et reconnaissant» (Raphaelle Taccone, Marie Madeleine en occident : les dynamiques de la sainteté dans la Bourgogne des IXe-XVe siècles, 2012). Dans la première moitié du XIIIe siècle, les reliques provençales, en ce qui regarde la Madeleine, étaient tirées de la Sainte-Baume et non de Saint-Maximin. C'est ce qui résulte d'une curieuse inscription alléguée par M. Albanès, un catalogue des reliques conservé dans la petite église de la Nunziatella, près Rome. Ce catalogue est gravé sur marbre ; l'inscription originale de l'année 1220 a disparu; le marbre actuel est une copie datée de 1518. On y voit, entre autres reliques : de lapide spelunce ubi Maria Magdalena fecit penitentiam; de brachio s. Maximini. En somme, le sanctuaire provençal de sainte Madeleine, dans la première moitié du treizième siècle, c'était la Sainte-Baume et la Sainte-Baume seule. Aucun texte antérieur à 1279 ne nous montre les Provençaux revendiquant, contre Vézelay, la possession des reliques de Madeleine (Louis Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, Tome 1, 1894 - books.google.fr). La Chiesa dell'Annunziatella ou Nunziatella est une église du quartier Ardeatino de Rome et conservait les reliques de Côme, Damien et d'Honorat (Xavier Barbier de Montault, Revue de l'art chrétien, 2e série, Tome XII, 1880 - www.google.fr/books/edition). Le quartier historique de l'Ardeatino s'étend le long de la Voie Appienne (Via Appia Antica), une route romaine bien préservée où l'on trouve des fresques dans les catacombes de Saint-Calixte et une église souterraine dans celles de Domitilla (it.wikipedia.org - Chiesa dell'Annunziatella (Roma)). La voie Appienne de Caius Aurelius Cotta conduisait dans l'Italie méridionale, la voie Aurélienne vers le nord-ouest en Etrurie, la plus ancienne après celle d'Appius Claudius. Savez vous que la Provence nous offre, généreusement, cinq Saintes-Baumes ? D'abord la première, l'essentielle, connue de tous. Rendons nous dans l'Estérel - l'étoile. Nous y trouverons, non loin du Cap-Roux, une deuxième Sainte-Baume, primitive résidence de Saint-Honorat, avant que notre ermite ne s'installe dans l'île qui porte son nom. [...] Quant à la Sainte Baume de l'Estérel, si grand était son souci d'apparentement avec la Baume modèle qu'elle s'est entourée, comme elle, d'un "Saint-Pilon" et faute d'un Mont Aurélien, d'un Mont Aurélien, d'un "Mont Aureille". Cela n'a rien pour surprendre, la Voie Aurélienne passant tout près de ces deux lieux consacrés (Robert Maestracci, Géographie secrète de la Provence, 1998 - www.google.fr/books/edition). Marie Madeleine et
les saints Côme et Damien Le 27 septembre est la fête des saints jumeaux qui sont devenus avec Marie Madeleine les saints patrons de la médecine et de la pharmacie. En effet, celle-ci est également présente dans les tableaux d’intérieur représentant des laboratoires pharmaceutiques et alchimiques, aujourd’hui conservés respectivement au Musée Fesch d’Ajaccio et au Musée Balio de Trévise, signés du monogramme G. D. V., c’est-à -dire Giovanni Domenico Valentini (1639–1715). Le peintre romain, spécialiste des natures mortes, s’inspire souvent de ces lieux, qu’il fréquentait pour se fournir en couleurs et autres matériaux nécessaires à l’art pictural, et il sut en reproduire les caractéristiques à travers des détails fascinants. À côté des objets d’usage, communs à toutes les officines, tels que matras (vases de verre ou de terre à long col, utilisés en alchimie), alambics, récipients en verre et en majolique, on trouve dans ces tableaux l’image de la Mirafora (porteuse d’huile) avec son vase aux pouvoirs alchimiques. Ces pouvoirs semblent multiples sur l’albarelle où Marie Madeleine est représentée avec son vase symbolique tandis que Côme et Damien portent chacun un urinal pour l’analyse des urines, moyen de diagnostic qui a longtemps prévalu et un livre ou une boîte contenant les drogues. Autant d’objets qui pourraient souligner le haut degré de considération atteint par les professionnels auxquels ces pièces font allusion : le médecin chirurgien, protégé par les saints martyrs et l’apothicaire auquel Côme fait référence avec ses attributs, tout comme la Madeleine porteuse d’un pharmakon (remède). La formule iconographique du «vase dans le vase» suggère d’autres références par le biais du rapprochement de la sainte porteuse d’huile et des saints médecins, il semble que l’on ait voulu mettre en relation l’élément féminin et le masculin. Rapprochement habituel dans toutes sortes de créations artistiques, picturale ou céramique, mais aussi médicale et thérapeutique. Pour que même le soin devienne un art (Maria Cristina Villa Alberti, historienne de l’art rédactrice à la revue Ceramicantica (Traduit de l’italien par Barbara de Montaiguet Jacqueline du Pasquier), Des médecins anargiri à la trinité médico pharmaceutique). Le patronage de Marie-Madeleine aux pharmaciens de Barcelone est antérieur à 1365. Patronage anciennement peu répandu en Catalogne où la préférence des confréries auxquelles les apothicaires appartenaient allait à Côme et Damien, sans doute parce qu'elles réunissaient aussi les autres professions médicales, pour lesquelles ceux-ci étaient plus indiqués comme patrons. Mais un patronage qui se généralisa jusqu'à devenir celui des apothicaires de toute la couronne d'Aragon (Pierre Julien, Marie-Madeleine, patronne des pharmaciens de Barcelone, et son image dans les textes et l'iconographie, 1995) (Autour de Rennes - Couronnement de Marie Madeleine et calendrier kabbalistico-alchimique - nonagones.info). La chapelle Sainte Barbe du nom de la patronne des canonniers de la place de Six-Fours, fut fondée par un acte reçu par Me Lieutaud, notaire, le 15 avril 1583 ; elle était située sur l'ancien chemin de pèlerins dit «camin roumioù dé santo Madaleno» qui, partant de Six-Fours, se dirigeait sur le quartier de La Lône, près Saint-Nazaire (Sanary), et, de là , vers Saint-Cyr où, par les terres de La Cadière, il grimpait à la Sainte-Baume (Louis Baudin, Histoire générale de la Seyne-sur-Mer, 1965 - www.google.fr/books/edition). Acrostiche : DDOC, dedoika Greeks
distinguish between dedoika and phobeoma reasoning fear as against an
unreasoning fear (The
Classical Outlook, 1941 - www.google.fr/books/edition). Aux deux caractères définitoires du genre de poème de l’héroïde (une lettre amoureuse en vers, prêtée à une héroïne de la fable) s'ajoute un troisième caractère : c’est un discours de la déréliction. Ce caractère n’est pas toujours vérifié, mais il exprime pourtant l’essence même du genre en portant à la limite la définition de la lettre selon les règles de l’épistolographie, comme discours de l’absente à l’absent et image de l’âme, imago animi, de celle qui parle – ainsi qu’il apparaît dans ces quelques vers traduits du latin d’un poète allemand du début du XVIe siècle, Eoban Hesse. De ce type de lettre l’invention reviendrait à Ovide, car, si on discute pour savoir si la lettre d’Aréthuse à Lycotas, troisième élégie du livre IV de Properce, a pu constituer un précédent (et ce n’est même pas sûr), c’est Ovide qui a imaginé le premier, et il s’en vante (ignotum hoc aliis ille nouauit opus) et il ouvre sa carrière par ce coup de maître, de composer en vers élégiaques un recueil intitulé Heroidum epistolœ, Lettres des héroïnes, vite abrégé en Heroïdes, littéralement : Les Héroïnes, nom qui a été ensuite détourné métonymiquement pour isoler ce canton très précis au sein d’une vaste cartographie. [...] Le choix de la plupart des héroïnes – Pénélope écrit à Ulysse, Didon à Énée, Ariane à Thésée, Médée à Jason, Sapho à Phaon… – fait voir que de l’état d’absence le poète a retenu avec prédilection les situations les plus douloureuses : au-delà de la séparation et de la distance, la souffrance du manque, et, pire, de l’abandon, de l’absence d’amour. Ce sont lettres «en souffrance», parce qu’ayant peu de chances de parvenir au destinataire, mais aussi et d’abord lettres de souffrance. De la plainte amoureuse, Ovide fixe aussi le ton et le niveau stylistique. C’est Sapho, qui demande à Phaon s’il a reconnu son écriture, à défaut de son support habituel, la strophe lyrique, ici abandonnée pour le distique élégiaque. [...] Ovide n’aura point d’imitateurs à Rome même, comme si, du genre ainsi créé, avaient été épuisées d’un seul coup toutes les virtualités. Mais l’unique et mince recueil a fait son chemin parmi les Modernes, d’abord au Moyen Âge grâce au grand nombre de manuscrits, puis par les éditions et les traductions, qui se succèdent, partielles ou complètes. [...] Les Héroïdes chrétiennes illustrent le vaste mouvement de conversion des formes poétiques païennes et simultanément la constitution, face à celui des héros et héroïnes du paganisme, d’un panthéon des saints et des saintes. [...] Ce mouvement, on le sait, atteindra son plein développement après le Concile de Trente. C’est pourtant un protestant, Eoban Hesse, qui publie en 1514 à Leipzig le premier recueil d’Heroïdarum christianarum epistola, lettres de vingt-deux femmes présentes dans l’Ancien testament et dans la littérature hagiographique : lettre d’Emmanuel, c’est-à -dire Dieu, à la vierge Marie et la réponse de celle-ci, lettre de Monique, de sainte Catherine, lettre de Marie Madeleine au Christ… Il sera suivi par François Habert, auteur d’Épîtres très salutaires pour servir d’exemple à toute âme fidèle (1551), par Claude d’Espense, recteur de la Sorbonne, qui publie en 1565 son Sacrarum Heroïdum liber, par Andreas Alanus, lui aussi auteur d’un Sacrarum heroïdum libri tres (1574), par Baudoin Cabilliau, auteur d’une Magdalena (1625) puis par Jacob Bidermann, auteur de Heroïdum epistulœ (1634 et 1638), par Guido Vannini (Epistola sacra, 1640), etc. [...] Au sein de cette riche production, la figure de Marie Madeleine est, humainement, une des plus touchantes (Eoban Hesse, Epistola 3 : Maria Magdalena Jesu Christo ; Cabilliau, II, 19 : «Magdalena Christo mittit epistolam» et 20 : «Altera epistola Magdalenœ ad Christum» ; Vanini, Epistola 1 : «Magdalena Marthœ sorori»). Elle est en outre, théologiquement, la plus intéressante. Aussi est-elle déclinée sur les modes les plus divers, non seulement héroïde, mais aussi élégie, épigramme, ode, tragédie, tout un vaste corpus magdalénien remarquablement étudié par les travaux de Jean-Yves Boriaud et de Laurence Beck-Chauvard, qui en explorent les divers aspects : la Pécheresse, la Pénitente, l’Amante, la Sainte. Ici le thème crucial de la perte de l’objet aimé s’articule en deux étapes (amisi uiuum, rediuiuum amittere cogor) : d’abord la scène du Calvaire (première séparation), puis et surtout, au matin de Pâques (deuxième séparation), la découverte du tombeau vide, la scène du jardinier et le refus christique du Noli me tangere – le tableau du Titien aujourd’hui à la National Gallery date de 1514, année de la publication des Héroïdes chrétiennes – et enfin l’Ascension annoncée par les anges, qui trompe l’espoir né de la Résurrection. Ce n’est pas ici le lieu d’évoquer les implications théologiques de ce dernier mystère qui, à travers aussi les épisodes des pèlerins d’Emmaus et de la rencontre avec les disciples, a exercé, de saint Augustin jusqu’à Luther, la subtilité des exégètes et alimenté les spéculations sur la visibilité / invisibilité du corps glorieux du Christ. Retenons que l’acceptation de ce mystère par la Madeleine se fait à travers un processus complexe, fait de douleur, d’espoir, d’incompréhension, de révolte, de vertigineuse détresse, au terme duquel seulement la sainte parviendra à la joie fusionnelle dans l’union mystique. Aussi, une fois de plus, le modèle antique de la femme abandonnée se surimpose-t-il à la réflexion théologique sur le miracle du ressuscité. L’absence physique du bien-aimé informe tout le poème : la question Vbi es ? quatre fois répétée, fait écho à celle de Pénélope, Vbi lentus abes ? («En quel lieu prolonges-tu ton absence ?») Le Mene fugis ? («Me fuis-tu, devenu désormais invisible ?»), qui interprète la disparition de Jésus comme une fuite et une trahison, reprend les termes mêmes de la plainte de Didon à Énée, même si le reproche est ici atténué par le sentiment de culpabilité («ou suis-je, pécheresse, indigne de te voir ?») ; l’évocation de la langueur physique, Langueo ut œstiuis exustum solibus aruum («Je languis comme un champ brûlé par les soleils») est le calque d’une image de l’épître de Sappho ; et comme Sapho revoyait les grottes et les bois témoins des voluptés passées et touchait l’endroit où son amant s’était étendu, ajoutant que l’herbe, naguère amicale, «a bu à présent ses larmes», la sainte s’attendrit au spectacle des lieux où elle rencontrait Jésus : «Je mouille de mes pleurs les herbes alentour» (Pierre Laurens, La Lettre de Marie-Madeleine au Christ : réflexion sur l’élaboration d’une héroïne chrétienne In : Correspondance et poésie, 2011 - books.openedition.org). Dans le récit des trois femmes au tombeau de Marc 16,1-8, Marie Madeleine, et Marie, la (mère) de Jacques, et Salomé, restent interdites, abasourdies, devant le tombeau vide. Elles ne réalisent pas encore le fait incroyable et pourtant offert à l’adhésion de foi. Elles sont prises de tressaillement, tromos, comme la femme de Mc 5,33, craignant et tressaillant, phobètheisa kai tremousa (Philippe Wargnies, Marc 16,1-8 — Les femmes et le jeune homme dans le tombeau, Nouvelle revue théologique, 2010/3 (Tome 132) - www.cairn.info). La polysémie de l’ode 31 de Sappho touche autant l’ensemble que le détail des vers. Examinons le "tromos", qui parcourt tout le corps de la narratrice. Signe pathologique ou non ? Frémissement de peur ou frissonnement d’extase ? L’histoire de la réception de l’ode 31 est, d’un point de vue philologique, indissociable de celle du "Peri Upsous", dont l’editio princeps, à Bâle, par Robortello, remonte à 1554. L’importance de ce traité fut d’emblée évidente et Paul Manucele rééditait l’an suivant à Venise, avant de s’en inspirer pour écrire son Discorso intorno all’ufficio dell’oratore. On sait que Fulvio Orsini, probablement le premier traducteur latin, fit connaître le texte à Michel-Ange. Jusqu’aux découvertes papyrologiques d’Oxyrhynque, publiées à partir de 1898, ce traité de rhétorique, conservé par le Parisinus 2036 et ses apographes, fut le seul document, en notre possession, à citer l’ode 31. Depuis Homère, la poésie n’a cessé de réinventer les scènes d’admiration et de contemplation, les face-à -face visuels. L’Iliade se termine sur le face-à -face d’Achille et de Priam et sur les mots d’Hélène qui dit l’horreur de ceux qui la regardent. Sappho a chanté la force des sensations qui la paralysent face à une femme au sourire inaccessible. Platon décrit le face-à -face avec un visage qui reflète la beauté en soi et inspire la plus belle forme de mania: “Or, en l’apercevant, il change à la suite du frisson ; il se couvre de sueur; il éprouve une chaleur inaccoutumée” (Phèdre 251a7-b1). Les commentateurs du Phèdre ne s’y sont pas trompés : Platon se souvient bien ici des symptômes de l’ode 31 de Sappho (dont la sueur du vers 13). Mais au face-à -face féminin évoqué par Sappho, il substitue un face-à -face masculin. Et surtout, il a substitué au terme "tromos" qui désignait le frémissement chez Sappho, celui de "phrikè". Les symptômes énumérés par Sappho sont les signes de la terreur qu’elle éprouve en pensant que son amour pour la jeune fille est sans espoir et ne sera pas payé de retour (David Bouvier, Le frisson de Sappho, Letras classicas n° 10, 2006 - core.ac.uk). Dans les Nuées d'Aristophane, Strepsiade qui avoue sa peur sans vergogne ; il ajoute, en reprenant une expression religieuse qu'il venait d'entendre (cf. supra p. 21, v. 140) : v. 295 «Avec la permission des dieux (themis) - et même sans leur permission (mê themis) — je vais chier». Quelques instants plus tard, il demandera à Socrate de lui dire quel est l'auteur de ce tonnerre qui le fait trembler (v. 374-375 : ...tetremainein) et un peu plus tard encore, il dira : «J'ai peur (dedoik') comme si je descendais (katabainôn) dans l'antre de Trophonios». Ce tromos et ce phobos du vieillard font allusion très clairement à la terreur religieuse que connaissaient les mystes et qu'évoquent plusieurs textes témoins : Plutarque, De progrediendo in virtutem, 10, 81 DE ; Moralia (apud Stobée, Flor. IV, 52 b, 49 H), t. VI (éd. Tauchnitz), p. 331-332 ; Aelius Aristide, Eleus., 2 ; II, 28 Keil. Ainsi le fragment de Plutarque, conservé par Stobée, nous montre l'initié passant par divers sentiments, d'abord par l'angoisse que l'auteur traduit par quatre substantifs : le frisson, le tremblement, la sueur, l'épouvante, puis au moment où survient une lumière admirable, par la joie la plus vive et la liberté (Simon Byl, Les nuées d'Aristophane, une initiation à Eleusis en 423 avant notre ère, 2007 - www.google.fr/books/edition). Rappelons la sueur exsudée par Charles de Salerne lors de la « découverte » du tombeau de Marie Madeleine. "agiter" Mente agito furti tempora prima mei... (Ovide, Epistolae heroidum nouissime recognitae aptissimisque figuris exculte, 1533 - books.google.fr). Comme Sappho, Léandre souligne la douceur du souvenir pour les amants (est meminisse uoluptas, v. 55, fait écho à meminerunt omnia amantes, XV, 43). La rêverie est liée au temps élégiaque du regret qui dure. La remémoration de la scène d'adieux, par exemple, est un topos élégiaque qu'on trouve dans plusieurs Héroïdes (II, 91-98 ; V, 41-56 ; VI, 57-68 ; XIII, 3-24) mais dont Sappho est frustrée par la fuite de Phaon (Elisabeth Gavoille, Ecrire, rêver peut-être : songes et rêveries dans les Héroïdes d'Ovide, Epistulae antiquae V, L'épistolaire antique et ses prolongements européens, 2008 - books.google.fr). Sappho -
Marie-Madeleine - porphyre D'après Pline, il aurait existé un portrait de Sappho d'un peintre nommé Léon. Chevet, dans son éloge des savants hommes, raconte que les Romains érigèrent en son honneur une statue de porphyre richement ornée. Il blâme les Grecs d'avoir donné de nombreuses sommes au sculpteur Silénion pour réaliser une sculpture de la Lesbienne. Cicéron, dans ses attaques contre Verrès, lui reproche d'avoir enlevé au prytanée de Syracuse une statue de Sappho, qu'on disait fort belle. Que pouvaient être ces diverses conceptions de la courtisane de Lesbos ? Chez ce peuple grec, qui seul a porté l'adoration du beau jusqu'au délire, le marbre s'animait d'une vie surnaturelle, l'étincelle de vie se révélait encore pour lui dans cette physionomie, dans ce front qui avait enfanté des chants et qu'il devait contempler religieusement (Marc de Montifaud, Les Courtisanes de l'antiquité. Marie-Magdeleine. 4e édition, 1876 - books.google.fr). Si les circonstances politiques ne permirent point à l'héritier de Conradin de revendiquer avec succès les droits qu'il tenait de lui, la sanglante tragédie de 1268 n'en fut pas moins très-longtemps présente à la mémoire des hommes. En 1313, quarante-cinq ans après, les Gibelins d'Italie portaient encore à la guerre un étendard où la tête de Conradin était peinte détachée du tronc. Cependant, à Naples aucun monument public ne rappelait la fin cruelle d'une race illustrée par sa grandeur et par ses revers, lorsque, sous le règne de Jeanne Ière, un maître corroyeur de cette ville, Domenico de Persio, se fit céder par la reine le terrain même où avait eu lieu l'exécution et y fit élever une chapelle expiatoire avec une colonne de porphyre et une inscription en l'honneur de Conradin. La corporation des corroyeurs avait soin de faire célébrer l'office divin dans cette chapelle à toutes les grandes fêtes de l'année. Cet usage subsista jusqu'à l'incendie de la chapelle en 1785. Quant à la colonne, elle était surmontée d'une croix, également en porphyre, où est sculptée la passion du Christ : à ses côtés la Vierge et Marie Madeleine ; au-dessus de sa tête, le symbole du pélican nourrissant ses petits. Cette colonne fut enlevée probablement à l'époque de la destruction de la chapelle. Aujourd'hui on la voit de l'autre côté de la place dans Téglise moderne dé diée aux âmes du Purgatoire ; mais elle a été divisée en deux parties; la croix se trouve dans la sacristie au-dessus d'un autel ; la colonne est dans le vestibule de cette même sacristie et à demi engagée dans le mur (M. Huillard-Bréholles, Nouvelles recherches ur la mort de Conradin et sur son véritable héritier, L'investigateur: journal de la Société des Etudes Historiques, Volume 1, 1851 - books.google.fr). Le dernier roi de France qui fit le pèlerinage des Saints-Lieux de Provence fut Louis XIV. Il arriva à Saint-Maximin le 4 février 1660, avec sa mère, Anne d'Autriche, et monta le lendemain jusqu'à la Sainte-Baume et au Saint-Pilon. Au retour, il présida à la translation du corps de sainte Madeleine dans une urne de porphyre sculptée par Sebastiano Calce qui avait été envoyée de Rome par le général des Frères-Prêcheurs, et qui fut placée sur le maître-autel, après que la, châsse qu'elle devait contenir eut été ouverte, refermée et scellée en présence du roi (Jean-Baptiste Henri Dominique de Lacordaire, Sainte Marie-Madeleine, 1860 - books.google.fr). Années 1828-1829 Charles Félix Marie Texier est un archéologue et
architecte français, né le 22 août 1802 à Versailles, mort le 1er juillet 1871
Ă Paris (fr.wikipedia.org
- Charles Texier). Voici en quels termes ce savant architecte a parlé de ces
carrières dans le mémoire qu'il fit parvenir en 1829, à l'Académie des
Sciences, et dont on a bien voulu nous faire une communication officieuse : La beauté et la
dureté de cette roche, qui offre une solidité à toute épreuve pour les dallages
de monumenls publics, faisait regretter de n'avoir aucune donnée sur la
position de ces carrières; c'est en vain que je les ai cherchées en 1828.
Cependant j'avais lieu de croire qu'elles existaient dans le pays et non loin
de la ville, car en cotoyant la mer du côté de l'est, j'avais reconnu quelques
galets identiques avec l'objet de mes recherches. De nouvelles courses entreprises en 1829, dans cette direction,
produisirent un rĂ©sultat bien plus satisfaisant. A un myriamètre environ Ă
l'est de Fréjus, on commence à rencontrer quelques indications de ces roches dans les cailloux roulés d'un torrent qui
prend naissance dans les petites montagnes de Caus. Leur croupe présente de
loin l'aspect de montagnes secondaires; en effet, on n'y rencontre pas ces
déchirements et ces purs saillants que l'on rencontre à l'Estérel et dans la
Sainte-Baume. Leurs sommets arrondis sont loin de décider la dureté de la roche
qu'ils recèlent. Le gisement du porphyre couvre plusieurs kilomètres carrés,
mais tout n'est pas propre a l'exploitation. [...] Le gisement suit le bord de la mer depuis l'endroit
nommé les Caus (ou Cahous) jusqu'à la grande rade d'Agay (Agathon de Ptolémée).
En suivant la cĂ´te, on rencontre le torrent de Boulouris, qui conduit droit aux
carrières exploitées par les anciens. [...] En remontant le torrent, on se
trouve dans une vallée qui s'élargit tout à coup; elle est environnée de
petites montagnes, dont la plus haute n'a pas plus de trois cent cinquante
mètres de hauteur au-dessus du niveau de la mer. Au milieu de la vallée se
trouve une bastide où demeure le métayer qui dirige la culture de la vallée; la
bastide est à quatre-vingt dix mètres environ au-dessus du niveau de la mer, et
les carrières sont à mi-cote de la montagne du grand Deffends. C'est là que se
trouvent les plus grands restes d'exploitation. Trois carrières sont encore
dans l'état où les anciens les ont laissées; le porphyre était exploité par
banquettes, et à la trace; on remarque, dans le roc taillé à pic, les rainures
pratiquées pour enlever les blocs; elles se traçaient à la masse et au poinçon
suivant une pente de cinquante degres; lorsque l'ouvrier était arrivé au bas de
la roche, il reprenait dans un sens opposé, qui formait sur la pierre de
grandes hachures en Ă©pi ou en arĂŞte de poisson (N.
Noyon, Statistique du département du Var, 1846 - books.google.fr). De 1833 à 1837, il entreprend un long voyage dans le
Levant. En 1834 il est élu membre correspondant de l'Académie des beaux-arts.
Lors de cette expédition, en Anatolie turque, il parvient à Bogazkoÿ et
Yasilikaya, où il découvre les ruines d'une grande cité fortifiée qui est
identifiée par la suite comme la cité antique de Hattusa, capitale du royaume
hittite. De de retour en France, il présente ses résultats à l'Académie et
prépare la publication de la Description de l'Asie Mineure. Alors qu'il se
prépare à mener une nouvelle campagne d'exploration, il se voit privé de ses
subsides par le ministre de l'Instruction publique. En 1839, Texier repart en
expédition et visite la Perse, l'Arménie et la Mésopotamie en compagnie de son
ami le comte Jaubert (agorha.inha.fr). L'île de Thasos fournissait un marbre statuaire dont les
carrières furent découvertes par les Phéniciens, et le marbre fut appelé par
les anciens : Marmor Thasium. Pline (HN VI, 6) dit que le marbre de Thasos
était d'une couleur moins bleuâtre que celui de Lesbos ; les sarcophages
que j'ai observés en grand nombre dans nie de Thasos sont d'un marbre statuaire
blanc, d'excellente qualité, moins pailleté que celui de Marmara, et
ressemblant Ă celui que les antiquaires sont convenus d'appeler grechetto, expression
qui n'offre aucun sens : la pâle de la roche est assez compacte. Il est certain
que ce marbre Ă©tait en grande estime chez les Humains, puisqu'il est souvent
cité par les auteurs. Pausanias assure qu'il n'avait pas moins de prix aux yeux
des Athéniens qui en tirent faire deux statues en l'honneur de l'empereur
Hadrien, et les placèrent dans le temple de Jupiter Olympien. Le marbre de
Lesbos, marmor Lesbium, était d'une couleur plus plombée que celui de
Thasos. Les carrières doivent être cherchées dans la partie sud de l'île, vers
le lieu appelé port Olivier; c'est là que se trouvent les gisements calcaires :
tout le reste de l'île est volcanique. Philostrate (Vie des Sophistes II)
observe que la couleur de ce marbre est la plus obscure de tous les marbres
blancs; les anciens en firent un grand usage pour la construction des tombeaux,
et les statuaires l'employèrent avec succès, car on cite comme étant de ce marbre la statue de Julia Pia et la Vénus du
Capitole (Charles
Texier, Asie mineure description géographique, historique et archeologique des
provinces et des villes de la Chersonnèse d'Asier, 1862 - archive.org). En 1829, le traité d'Andrinople sous le dictat russe
consacre l'indépendance hellène. La Grèce avait été déclarée indépendante, mais
l'Epire, la Thessalie, le Macédoine, la Thrace, Lesbos, Chio, le Dodécanèse et
la Crète étaient retombés sous la domination ottomane, tandis que les Iles
ioniennes se trouvaient sous le protectorat anglais (Egbertha
Kohnhorst, L'influence de Victor Hugo sur l'oeuvre d'Aristote Valaoritis, 1933
- books.google.fr). Cf. quatrains IV, 58 ; IV, 62 ; IV, 63. Les marins grecs avaient en effet la maîtrise de la mer.
Dès mai 1821, Tombazis partait d'Hydra pour coopérer au siège de Patras et
faisait fuir la flotte ottomane après lui avoir brûlé devant Lesbos un vaisseau
de 72 canons et 900 hommes (juin 1821). Devant Patras le vaisseau amiral du
capitan-pacha est enlevé à l'abordage (février 1822) ; il se venge sur
Chio, qui cependant aurait voulu rester neutre et n'avait accueilli qu'à contrecœur
un corps de 2.000 Samiens ; ceux-ci ne réussirent du reste pas à soulever l'île,
partirent ; les Ottomans incendièrent la ville, égorgèrent les habitants
ou les vendirent comme esclaves (avril 1822). Sous la conduite du nouveau
navarque Miaoulis, la flotte grecque surprend une escadre ottomane dans la rade
de Chio, et le chef de brûlot Canaris la détruit tout entière (juin 1822).
Devant Samos le capitan-pacha n'attend mĂŞme pas l'accrochage (juillet 1822).
Une seconde escadre ennemie est encore battue par Miaoulis devant Spezzia
(septembre 1822) et une troisième incendiée par Canaris dans la baie de Bessika
(novembre 1822). En 1821, Métélin
devin la station favorite de la flotte ottomane. Les Grecs se rendirent maître
du nord de l'île en 1823 mais ils furent battus et Lesbos resta aux Turcs
jusqu'en 1947 (Adolphe
Laurent Joanne, Émile Isambert, Itinéraire descriptif, historique et
archéologique de l'Orient, 1861 - www.google.fr/books/edition). L'école romantique
évolue vers le libéralisme et plusieurs poètes et artistes s'enthousiasment
pour la cause de l'indépendance grecque, comme Hugo ou Delacroix. Lamartine n'échappe
pas à ce mouvement. En 1825, il publie deux oeuvres poétiques qui rendent un
son nouveau, celui de la liberté. Le Dernier Chant du Pèlerinage d'Harold,
qui célèbre la mémoire de Byron, tué en 1824 pour la cause de l'indépendance
grecque, est traversé tout entier par le souffle de la liberté : « Toi qui
naquis le jour où naquit l'univers, / Liberté premier don que Dieu fit à la
terre.» D'ailleurs, la mère du poète s'inquiète de l'évolution de son fils.
[...] Cette évolution est confirmée par le Chant du Sacre, composé la même
année à l'occasion du sacre de Charles X. Certes, l'existence même de ce poème
montre que Lamartine reste attaché à la monarchie légitime. Pourtant, dans l'épilogue,
le poète adresse une véritable invocation à la liberté : «Liberté ! dont la Grèce a salué l'aurore, Que
d'un berceau de feu ce siècle vit éclore, / Viens ! le
front incliné sous le sceptre des rois, / Poser le sceau du peuple au livre de nos lois !» (Albert
Bresle, La formation de la pensée politique de Lamartine jusqu'en 1830, Actes
du congrès, Comité permanent d'études lamartiniennes, 1969
-www.google.fr/books/edition). L'union des amoureux et l'amour de la femme ne doivent
donc pas masquer une nette séparation des paroles et des rôles masculin et
féminin, qui fonde de fait une supériorité poétique au masculin. Sur cette
scène où la mort plane et sacralise, s'esquisse une fable de la venue à la
parole poétique authentifiée par la femme, et par le deuil de la femme qui permet
son intériorisation par le poète. Cette fable, la suite de l'œuvre de Lamartine
viendra la préciser, après la mort de Julie Charles, de façon particulièrement
explicite dans le récit de Raphaël. Pages de la vingtième année, qu'en 1849 son
auteur lui-même désignera comme un commentaire en prose du «Lac», faisant
rétrospectivement de celui-ci une sorte de poème de l'origine (féminine) du
chant (masculin). Dans la constitution de cette fable, le mythe biographique
personnel a pu aussi emprunter à la tradition légendaire de Sapho
, qui fournit en tout cas dans les premiers poèmes de Lamartine une
autre occasion d'énonciation en première personne féminine. «Sapho», élégie
antique publiée dans les Nouvelles
méditations poétiques (1823) écrite en 1816 ou 1817 [qu'il qualifie
d'héroïde dans un commentaire], est en effet entièrement constituée du chant de
la poétesse sur le point de mourir, donné entre quatre vers d'introduction (Christine
Planté, Quand Je est un(e) autre, Masculin / Féminin dans la poésie et les
poétiques du XIXe siècle, 2019 - www.google.fr/books/edition). L'aurore se levait,
la mer battait la plage. Ainsi parla Sapho
debout sur le rivage ; Et près d'elle, Ă
genoux, les filles de Lesbos Se penchaient sur
l'abîme et contemplaient les flots (Alphonse
de Lamartine, Nouvelles méditations poétiques avec commentaires, 1856 -
www.google.fr/books/edition). Voyez le treizième des Recueillements, dédié à Félix
Guillemardet, en 1837 – certes c'est un reniement de cette femme que fut le
poète des Méditations, mais pour quelle position en échange ? Étrange roque, en vérité, que celui-là , où
Sapho devient Madeleine, où, au bout de son déplacement, le poète qui a
donné ordre à la femme en lui de le délaisser la retrouve, telle qu'à nouveau
elle puisse être, elle et elle seulement, modèle et source de poésie : «et le
barde se change en femme de douleurs.» Où l'on voit que la charité est, n'est
que, plaque d'Ă©change d'un Lamartine-femme Ă l'autre : de l'imploration Ă
la à la déploration, comme par creusement accru, enfouissement aggravé, de
l'être à l'intérieur de soi. Preuve de ce qui s'est passé en 1820
d'irréversible : de l'équation féminine de l'acte poétique - quelles que
puissent ĂŞtre d'ailleurs ses variables (Jean
Delabroy, Les Méditations ou la poésie à l'abandon, Un ange passe, Lamartine et
le féminin, 1997 - www.google.fr/books/edition). Typologie Le report de 2127 sur la date pivot 1564 donne 1001 ; 1565, 1003. A partir du Xe siècle, le terroir de Cathédra (en provençal, la Cadière) comprend, outre Bendorium (Bandol), Sanctus Syrius (Saint Cyr). Cette dernière est un hameau modeste dont le nom fait référence à Saint Cyr, fils de Sainte Julitte. Les terres appartiennent à Conrad le Magnifique, roi de Bourgogne et d’Arles, qui les offre par la suite à Guillaume 1er, Comte de Provence, pour le récompenser d’avoir chassé les Sarrazins. Celles-ci passent successivement entre les mains de Guillaume II qui en fait don à sa seconde épouse et à son frère Honoré, évêque de Marseille. En octobre 966, les moines de Saint Victor de Marseille sont les nouveaux donataires. De fait, un grand nombre de textes omettent le nom de Saint Cyr sur Mer dont l’histoire se confond avec celle de la Cadière jusqu’au 6 juillet 1825, date à laquelle les hameaux de San-Céri et des Lecques sont détachés de cette Commune par ordonnance du roi Charles X (www.saintcyrsurmer.fr). La fille de Guillaume Ier comte de Provence, Constance, se marie avec le roi Robert II de France vers l'an 1000. Constance donne néanmoins des enfants au roi, dont le futur Henri Ier, et Robert. Elle préfère Robert et veut qu'il règne, mais son époux choisit Henri pour lui succéder. À la mort du roi, elle va jusqu'à tenter de tuer Henri, mais la tentative échoue et il monte sur le trône. Robert devient quant à lui duc de Bourgogne (fr.wikipedia.org - Constance d'Arles). Guillaume Ier de Provence dit le Libérateur, né vers 955 et mort devant Avignon en 994, après le 29 août, est un noble provençal, célèbre pour avoir vaincu et chassé les Sarrazins de la Provence en 973, après la bataille de Tourtour. À la fin de sa vie Guillaume devient très pieux et restitue de nombreux biens au temporel de l'Église. Déjà en 991, à la demande de l'évêque de Fréjus, Riculf, qui implore à Arles auprès du prince la restitution des anciens domaines de l'évêché, Guillaume accède à cette pétition et lui accorde de surplus la moitié de Fréjus et le village de Puget (fr.wikipedia.org - Guillaume Ier de Provence). Le report de 2127 sur la date pivot 1829 donne 1531, date
de la mort de Louise de Savoie, mère de François Ier. C'est Lefèvre d'Etaples qui, par des petits écrits, avait
relancé ces débats auxquels beaucoup participèrent avec empressement. La
controverse de Lefèvre avec Erasme sur le Psaume 8 et ses implications
christologiques a été largement étudiée. Mais le débat dit «des trois Maries»,
pour faire bref avec l'auteur de cet ouvrage, pour avoir été abordé par les
spécialistes de Lefèvre, de Clichtove et de John Fisher, n'avait pas fait
l'objet d'un traitement particulier, en dehors d'un article, important mais bref,
d'Anselm Hufstader, («Lefevre d'Etaples and the Magdalen», Studies in the
Renaissance, 16 (1969), 31-60 ), mĂŞme si Jean-Pierre Massaut en avait aussi
traité dans Critique et Tradition à la veille de la Réforme en France, Paris,
Vrin, 1974. Ce n'est plus le cas avec le dossier exhaustif que présente Sheila
M. Porrer. Précédés d'une longue et savante Introduction de près de cent cinquante
pages, les deux publications contestées de Lefèvre sont éditées avec le texte
latin, une traduction anglaise et une annotation. Il s'agit de la Maria Magdalena, triduo Christi, et ex tribus una Maria disceptatio, publiée
à Paris en 1518 par Henri Estienne, c'est-à -dire la deuxième version des trois
parties de cet opuscule, parue sans doute au début de l'été (p. 62). Elle est
suivie de la De tribus et unica Magdalena
disceptatio secunda, fournie par le mĂŞme imprimeur Ă la date de 1519, Ă la
fin mai (p. 96). Le terme de disceptatio a été soigneusement choisi par
Lefêvre, puisque, proposant une «discussion», il ne s'enferme pas dans ses
propres conclusions, acceptant mĂŞme de changer de position sur un point mineur
entre 1518 et 1519, sur lequel pourtant Josse Clichtove l'avait défendu. Le
livre fournit des Index, une Bibliographie soigneusement classée qui permet
aisément de retrouver (pp. 491-494) la quinzaine d'ouvrages imprimés qui
alimentent le débat. Ils s'échelonnent de 1518 à 1534, donc du vivant de
Lefêvre, mais évidemment les années 1518-1523 sont les plus fournies. Du côté
des attaquants, le plus connu est John Fisher, l'Ă©vĂŞque de Rochester, avec deux
répliques en 1519, mais il faut citer aussi Marc de Grandval, un chanoine de
Saint-Victor; Noël Béda, le syndic de la Faculté de théologie de Paris, ou
Pierre Sutor (Cousturier), un chartreux. Lefèvre eut, bien sûr, des partisans
et des défenseurs, comme son disciple et collaborateur d'alors, Josse
Clichtove, ou Symphorien Champier et Cornelius Agrippa. On notera l'absence d'Erasme,
sortant à peine de sa querelle exégétique avec Lefêvre, qui affectera de tenir
les enjeux de ces disputes pour négligeables. Les Réformateurs, quant à eux,
soutiendront ensuite les conclusions de Lefêvre, sans en épouser nécessairement
toutes les démonstrations. Sheila M. Porrer s'interroge à juste titre sur les
raisons qui font qu'à ce moment précis, ces questions sont posées, en dehors du
contexte événementiel des visites royales en Provence. C'est en effet à son
retour de la Sainte-Baume, visitée dans les premiers jours de 1516, que la
reine Louise de Savoie interroge ses familiers sur les traditions autour de
Marie-Madeleine et des Saintes Maries de la mer. Certes, les relations avec les
Eglises orientales depuis le concile de Florence et la présence en Occident
d'Ă©rudits byzantins ont pu amener Ă se demander pourquoi l'Eglise latine avait
unifié en un seul personnage les femmes de l'Evangile que l'Orient maintenait
séparées (p. 46-47). On peut estimer aussi que la volonté de réformer le calendrier
liturgique a pu fournir aussi une occasion pour que le problème émerge (p. 48).
Il n'en reste pas moins que ce débat, ainsi que les autres questions posées qui
les accompagnent et s'entrecroisent les unes les autres, sont comme une sorte
de révélateur des tensions qui se font jour à l'époque, autour des problèmes
d'interprétation des Ecritures et de la Tradition, qui seront bientôt posés de
façon aiguë (Bibliographie
: Jacques Lefèvre d'Étaples and the
Three Maries Debates. Introduction, Latin Text, English Translation and
Annotation by Sheila M. Porrer, 2009,, Bibliothèque d'humanisme et Renaissance,
2009 - www.google.fr/books/edition). Des "Trois Maries", le premier débat concerne
la figure de Marie-Madeleine en qui la tradition médiévale voyait confondues la
pécheresse de Lc 7,36-39, la sœur de Marthe et la femme délivrée des sept
démons (Lc 8,2). Le second point de controverse concerne l’existence de deux demi-sœurs
de la Vierge Marie et le troisième, l’exégèse des trois jours de la Passion du
Christ (Annie
Noblesse-Rocher, Jacques Lefèvre d’Étaples and the Three Maries Debates.
Introduction, Latin Text, English Translation and Annotation by Sheila M.
Porrer, Travaux d’Humanisme et Renaissance, 451. In: Revue d'histoire et de
philosophie religieuses, Octobre-Décembre 2011 - www.persee.fr). Lazare ("laze" ?) est le frère de Marie de Béthanie. |