Henri le Lion et Alexandre III

Henri le Lion et Alexandre III

 

IX, 94

 

2172-2173

 

Foibles galeres feront unis ensemble,

Ennemis faux le plus fort en rampart :

Foibles affaillis Vratislave tremble,

Lubecq & Mysne tiendront barbare part.

 

"Lubecq & Mysne tiendront barbare part"

 

On peut interpréter ce vers comme la prise de possession de territoires "barbares" (sous entendu "païens") par des forces "non barbares", c'est-à-dire chrétiennes.

 

L'est du Holstein fut peuplé par les Slaves dès le VIIe siècle. Une agglomération slave appelée Liubice («aimée»), capitale des Abodrites, peuple païen cible d'une croisade à partir de 1147. C'est à cette date que Helmold von Bosau évoque l'existence des fortifications constituées d'un talus de bois et de terre de la ville refondée par le comte Adolphe II de Schauenburg et Holstein qui devint la première ville portuaire allemande sur la mer Baltique. Le château fort de Lubeck devint impérial de 1181 à 1189, puis jusqu'en 1192 il appartint à nouveau au duché de Saxe (fr.wikipedia.org - Lübeck).

 

La Misnie est une région de Saxe.

 

La marche de Misnie ou le margraviat de Misnie (en allemand : Markgrafschaft MeiĂźen) Ă©tait un État mĂ©diĂ©val du Saint-Empire romain germanique, qui se trouvait dans la rĂ©gion de l’actuel land allemand de Saxe. La marche fondĂ©e fut Ă©tablie par l'empereur Otton Ier vers l'an 965 de la dislocation de la marca Geronis («la Marche de Gero») siutĂ©e au-delĂ  de l'Elbe et la Saale Ă  l'est du duchĂ© de Saxe. Le nom marche de Misnie se rĂ©fère au château de Misni (Meissen), appelĂ© d'après d'un ruisseau voisin (la Meisa). Selon la historiographie du XIXe au XXe siècle, ce nom dĂ©signait une grande marche qui Ă©tait crĂ©Ă©e Ă  partir de 965, gouvernĂ©e par des margraves au nom de l'empereur Otton Ier. SituĂ©e Ă  l’est de Mersebourg et Marche de Zeitz, son territoire s'Ă©tendait le long de l'Elbe, traversant les territoires slaves (sorabes) jusqu'aux monts mĂ©tallifères et Ă  la frontière de BohĂŞme au sud-est. Au nord elle bordĂ©e Ă  la marche de Lusace (la marche de l'Est saxonne). Lors de l'arrivĂ©e du margrave Conrad Ier, dit le Pieux ou le Grand en 1123, la dynastie des Wettin prend dĂ©finitivement le gouvernement en Misnie. Sous le règne de ses successeurs Othon II le Riche (1156–1190) et Thierry l'ExilĂ© (1210–1221) la marche fut dĂ©veloppĂ©e et Ă©tend ses limites. Lorsque la maison d'Ascanie dans le duchĂ© de Saxe-Wittemberg s'Ă©teint en 1423, le margrave FrĂ©dĂ©ric le Belliqueux devient prince-Ă©lecteur et comte palatin de Saxe. Finalement, le margraviat entre dans l'Ă©lectorat de Saxe et perd son statut de principautĂ© autonome (fr.wikipedia.org - Marche de Misnie).

 

On peut supposer, que, si on donne une date événementielle au quatrain, celle-ci se situe entre 1147 et 1423.

 

"galères"

 

Vers la fin du pontificat d'Adrien IV, l'accord s'était rompu entre le saint-siége et l'empire, lorsque la mort de ce pontife (1159) envenima la querelle et fit éclater un schisme. La majorité des cardinaux ayant élu, sous le nom d'Alexandre III, le cardinal Rolando Bandinelli qui, à la diète de Besançon avait défendu si énergiquement les droits du saint-siége, le parti impérialiste lui opposa Victor III. Frédéric, qui venait alors de détruire la ville de Crème, se flatta de terminer le schisme et convoqua de sa propre autorité un concile à Pavie, où il somma les deux pontifes de comparaître pour lui soumettre leurs droits respectifs. Victor III, qui sentait l'illégitimité de son élection, vint la faire confirmer par ce prétendu concile, tandis qu'Alexandre, fort de son droit, refusa de comparaitre, se réfugia en France et convoqua le concile de Tours qui excommunia l'empereur et les adhérents de l'antipape (1160). Ainsi Frédéric renouvelait la querelle du sacerdoce et de l'empire; il venait se heurter contre la puissance qui avait brisé Henri IV et humilié Henri V.

 

Tandis que FrĂ©dĂ©ric s'avançait sur Rome, la rĂ©sistance s’organisait sur ses derrières; quatre villes en donnaient le signal : VĂ©rone, Vicence, Padoue, TrĂ©vise, s'engageaient par serment Ă  mettre un frein au despotisme impĂ©rial, et les VĂ©nitiens, sortant de leur neutralitĂ©, envoyaient leurs troupes chasser tous les officiers impĂ©riaux de la Marche vĂ©ronaise. FrĂ©dĂ©ric espĂ©ra par sa prĂ©sence arrĂŞter le mouvement, et il marcha contre VĂ©rone avec les milices de Pavie, de Novare, de CrĂ©mone, de Lodi et de CĂ´me; mais cette armĂ©e, quoique formĂ©e par des peuples qui lui avaient toujours Ă©tĂ© fideles, lui montra, par sa mollesse, qu'elle le suivait Ă  regret. EffrayĂ© de son attitude, il quitta son camp et regagna l'Allemagne (1164) (Henri Chevallier, Histoire du Moyen-âge, Tome 2, 1859 - books.google.fr).

 

Cependant le pape Alexandre III résolut de retourner en Italie après avoir fait un séjour de plus de trois ans en France. Il célébra à Sens la fête de Pâques de l'an 1165, puis il alla à Paris & à Bourges, & arriva au Puy d'où il écrivit au roi, le 30 de juin; il partit ensuite pour Montpellier, où il fit un assez long séjour, en attendant le temps de s'embarquer, parce qu'il vouloit faire le voyage par mer. Durant 5 cet intervalle, l'empereur Frédéric fit tout son possible, soit par présens, soit par promesses, pour engager Guillaume, seigneur de Montpellier, à s'assurer de la personne d'Alexandre & à le lui remettre entre les mains. Mais ce seigneur, ayant horreur d'une telle proposition, la rejeta avec indignation & crut au contraire qu'il étoit de son devoir de faire toute sorte d'accueil au pontife.

 

Alexandre étoit déjà arrivé à Montpellier le 21 de juillet de l'an 1165; il y donna alors deux bulles, l'une en faveur de l'abbaye de Calers, au diocèse de Toulouse, & l'autre pour celle de Bonnefont, au diocèse de Comminges. La dernière de ces bulles, dans laquelle le pape se sert du calcul pisan dans la date, est souscrite par douze cardinaux qui étoient à sa suite. Pendant son séjour à Montpellier il donna commission, le 1er d'août, aux évêques de Rodez & de Cahors pour terminer le différend qui s'étoit élevé entre l'église d'Albi & l'abbaye d'Aurillac au sujet de l'église de Vieux. Six jours après, il écrivit au roi, &, le dimanche 8 de ce mois, il sacra archevêque de Lyon Guichard, abbé de Pontigni. Enfin il écrivit de Montpellier, le 19 d'août, diverses lettres entre autres deux en faveur de Guinard ou Gérard, comte de Roussillon.

 

Le pape Alexandre, ayant tout disposé pour son départ, se rendit le 22 du mois d'août de l'an 1165, au grau de Mauguio ou de Melgueil, lieu situé à deux lieues de Montpellier, sur l'étang de Maguelonne qui communique avec la mer, & non pas à l'embouchure du Rhône, comme un historien moderne l'a avancé (Fleury). Il écrivit de là une nouvelle lettre au roi Louis le Jeune, & alla le même jour par bateau dans l'île de Maguelonne, où les cardinaux s'embarquèrent sur un vaisseau des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui devoit porter à la Terre-Sainte divers chevaliers, lesquels y alloient en pèlerinage. Ce vaisseau ayant mis à la voile jeta l'ancre dès qu'il fut un peu éloigné de l'île de Maguelonne, pour attendre le pape qui devoit s'y embarquer. Le pontife s'étoit mis pour cela sur une galère de Narbonne avec quelques cardinaux qui étoient restés auprès de lui, & il se préparoit à passer dans le vaisseau, quand on vit paroître plusieurs galères de la république de Pise, qui s'étoient tenues cachées jusqu'alors & que l'empereur Frédéric avoit envoyées pour lui dresser des embûches & tâcher de se saisir de sa personne. Alexandre, s'étant aperçu du piége, revint sur ses pas & retourna aussitôt à Maguelonne. La flotte pisane s'approcha cependant du vaisseau où étoient les cardinaux; mais voyant que le pape n'y étoit pas, elle passa outre; le vaisseau craignant de recevoir quelque insulte de la part des Pisans, & étant hors d'état de leur résister, prit le large & fit voile vers la Sicile. Ainsi le pape fut obligé d'attendre encore quelques jours à Maguelonne pour plus grande sûreté. Il se rembarqua enfin dans le port de cette île sur un petit vaisseau qui le conduisit heureusement à Messine. Après son retour en Italie, il confirma, à Anagni, le 25 d'août de l'année suivante, les priviléges qu'Arnaud, archevêque de Narbonne, avoit accordés aux chevaliers du Temple, du conseil & du consentement des hommes illustres de bonne mémoire, Alphonse, comte de Toulouse, Hugues, comte de Rodez, Roger, vicomte de Béziers, & de plusieurs autres nobles du pays (Claude Devic, Histoire générale de Languedoc: avec des notes et les pièces justificatives, Tome 6, 1879 - books.google.fr).

 

Les Romains rappelèrent Alexandre III, et le pontife débarqua à Ostie, porté par les galères du roi de Sicile, qui, comprenant que ses véritables intérêts lui commandaient de faire cause commune avec le pape et les villes libres, lui prèta une armée pour chasser l'antipape des États pontificaux (1165). (Henri Chevallier, Histoire du Moyen-âge, Tome 2, 1859 - books.google.fr).

 

"Ennemis faux"

 

On doit rapporter à la victoire de Henri ce que dit Sigebert, que «le Pape Hildebrand prédit, comme l'ayant appris par révélation, que dans cette même année (1080) un faux Roi mourroit. Sa prédiction (ajoute Sigebert) fut vérifiée; mais il se trompa dans l'application; puisqu'il entendoit par ce faux Roi l'Empereur Henri (IV); & que cependant ce Prince ayant livré bataille aux Saxons, le faux Roi Rodolphe fut tué dans le combat, avec un grand nombre de seigneurs Saxons». Cette narration de Sigebert s'accorde avec les discours & les décrets de Grégoire. Dans la suite Alexandre III, après avoir déposé l'Empereur Frédéric I, lui défendit aussi, à l'exemple de Grégoire VII, «d'avoir à l'avenir aucune force dans les combats, de remporter la victoire sur aucun chrétien, & de jouir, en quelque endroit qu'il fût, du repos & de la paix, jusqu'à ce qu'il eût fait de dignes fruits de pénitence» (Oeuvres de Jacques-Bénigne Bossuet, Tome 1, 1772 - books.google.fr).

 

"rempart"

 

En 1166, Alexandre III dépense les 60.000 florins légués par le roi de Sicile à la réfection des remparts et des portes de la cité léonine (Augustin Fliche, Le premier Concile du Latran à l'avènement d'Innocent III: (1123-1198), 1953 - books.google.fr).

 

La force

 

Le puissant FrĂ©dĂ©ric Barberousse, qui Ă©tait obĂ©i des rives du Doubs ou du RhĂ´ne jusqu'aux confins de la Hongrie, et des frontières du Danemarck Ă  celles du royaume des Deux-Siciles, ne pouvait concevoir, dans son orgueil, que des bourgeois, des artisans, dans les villes de Lombardie, se hasardassent Ă  disputer son autoritĂ©, et Ă  opposer ce qu'ils osaient nommer leurs libertĂ©s ou leurs privilĂ©ges, Ă  la prĂ©rogative impĂ©riale : il considĂ©ra les dĂ©fenseurs de leurs droits comme des rebelles; il voulut les soumettre; il força les citĂ©s qu'il dĂ©sirait puuir, Ă  former pour leur dĂ©fense l'illustre ligue lombarde pendant vingt- deux ans, il la combattit; il appela d'Allemagne en Italie sept armĂ©es formidables, formant ensemble un demimillion d'hommes. Il lui en aurait fallu bien moins pour conquĂ©rir la France, jusqu'Ă  l'OcĂ©an occidental; mais il Ă©choua contre l'hĂ©roĂŻsme de la libertĂ©; et le patriotisme des bourgeois arrĂŞta celui que la valeur de la chevalerie n'avait pu vaincre (Jean-Charles-LĂ©onard Simonde de Sismondi, Histoire des Français, Tome 3, 1846 - books.google.fr).

 

"barbare part"

 

Au Xe siècle, après les victoires de Henri Ier, d'Otton le Grand et de ses deux illustres lieutenants. Hermann Billung et le margrave Gero, la suprématie germanique est reconnue entre l'Elbe et l'Oder; mais, en 983, une révolte générale des Wendes enlève aux Allemands presque toutes leurs conquêtes récentes, sauf le pays des Sorabes de la Misnie et de la Lusace, et arrête pour deux siècles l'œuvre de colonisation et de conquête. C'est au XIIe siècle seulement qu'elle est reprise et menée à bonne fin, grâce aux efforts du margrave de la Nordmark Albert l'Ours, du duc de Saxe Henri le Lion, de l'archevêque Wichmann de Magdebourg, de l'évêque Otton de Bamberg; après la Misnie, la Lusace et le Brandebourg, ce sont le Holstein, le Mecklenbourg, la Poméranie, la Silésie, qui sont rattachés définitivement à l'Allemagne (Henri Lichtenberger, Histoire de la langue allemande, 1895 - books.google.fr).

 

A la diète de Francfort (mars 1147), où saint Bernard était venu prêcher la croix,des croisés saxons émirent l'idée que leurs voisins et ennemis héréditaires étaient un objet de croisade plus intéressant que les musulmans de Syrie. Sur l'avis du roi, Bernard se saisit de l'idée, et prit sur lui de dévier sur les Slaves, avec les mêmes indulgences que pour le voyage d'outre-mer, une partie de la croisade allemande. Le mot d'ordre était de «détruire ou de convertir ces peuples». Deux expéditions allemandes s'organisèrent, l'une au Sud, sous Albert l'Ours et le marquis de Misnie, l'autre au Nord, sous Henri le Lion et Adolphe de Schauenburg, avec l'aide des Danois. Les Polonais de leur côté, attaquèrent la Pomeranie, cependant à demi chrétienne déjà, mais qui les séparait de la mer. Nulle part on n'obtint de résultats sérieux. Les croisés se retirèrent, sur une vague promesse de conversion, qui naturellement ne fut pas tenue (Édouard Jordan, L'Allemagne et l'Italie aux XIIe et XIIIe siècles, 1939 - books.google.fr).

 

Vers la fin de ses jours, Albert surnommé l'ours et le Bel, margrave de Brandebourg, entreprit de signaler sa valeur à la terre sainte. Il partit, au mois de février 1158, pour cette croisade, d'où il revint l'année suivante. Le duc Henri le Lion ayant déclaré la guerre, en 1164, aux Pomeraniens, Albert lui prêta main forte. Mais bientôt la jalousie les divisa. Ils tournèrent leurs armes l'un contre l'autre, et ne les mirent bas qu'en 1168, lorsque l'empereur fut de retour de son expédition d'Italie (Jean Chrétien Ferdinand Hoefer, Nouvelle biographie générale, Tome 1, 1857 - books.google.fr).

 

Galères sur le Danube

 

Le nom de Bratislava date de 1919; auparavant la ville portait le nom de Pozun en slovaque, tchèque, polonais et croate, Pozsony en hongrois et Pressburg ou Preßburg en allemand (francisé en Presbourg, avec la variante slovaque Presporok).

 

Bratislava est la capitale de la Slovaquie indépendante depuis 1993, située dans le Sud-Ouest du pays, à proximité des frontières avec l'Autriche, la Hongrie et la Tchéquie d'une part et de la capitale autrichienne, Vienne, d'autre part (fr.wikipedia.org - Bratislava).

 

Le départ de l'empereur Frédéric Ier pour la Terre Sainte eut lieu de Haguenau le 15 avril 1189, le samedi après Pâques. L'évêque de Bâle s'y était rendu avec son métropolitain et se joignit au cortége impérial. L'armée des croisés, réunie à Ratisbonne au commencement de mai, descendit le Danube et se réunit à Vienne à d'autres divisions qui avaient pris les devants par d'autres chemins. A Presbourg, sur les frontières de la Hongrie, les croisés se rassemblèrent pour la seconde fois. A Gran, le roi Béla III reçut l'empereur et sa suite avec la plus grande magnificence le 4 juin. De là l'armée s'avança vers le sud, divisée en quatre corps. Elle atteignit Philippopolis le 25 août, Andrinople le 22 novembre. Pendant l'hiver, les croisés campèrent entre Philadelphie et Constantinople. Le transport des troupes sur les côtes d'Asie se fit à la fin de mars 1190. La défaite de l'armée du sultan d'Iconium et la prise de cette ville firent bien augurer de l'avenir (7 mai 1190); mais au passage du Selef, l'empereur, n'écoutant que son ardeur et malgré ses soixante-dix ans, voulut traverser le fleuve à la nage, il se noya et périt dans les flots (10 juin 1190) (Louis Vautrey, Histoire des évêques de Bâle, Tome 1, 1884 - books.google.fr).

 

Frédéric Barberousse après avoir terminé les différends de quelques Princes, & Villes de l'Empire, fait couronner Roi le Prince HENRI, son Fils ainé, & tenu une Diète générale à Nuremberg, s'embarqua sur le Danube à Ratisbonne où il avoit fait assembler ses Troupes; c'étoit vers la fin d'Avril. Il descendit à Vienne, où LEOPOLD, Duc d'Autriche, qui avoit aussi pris la Croix à Maïence, l'attendoit. Ils continuèrent leur voïage ensemble, jusqu'à Bude, où BELLA, Roi de Hongrie, qui étoit convenu ayec l'Archevêque de Maience du mariage de sa Fille avec Frédéric, Duc de Suabe, second Fils de l'Empereur, & de fournir tous les vivres nécessaires à son Armée, ne manqua pas de recevoir magnifiquement ce grand Prince, & de lui tenir la parole, touchant les provisions, à fort juste prix. Quoi que le Roi de Hongrie n'eût point encore pris la Croix pour passer personnellement dans la Terre-Sainte, il n'en étoit pas moins zélé, pour contribuer au soulagement de ses Habitans. Il avoit même fait une trève de deux ans avec la République de Venise, afin de n'être pas détourné de cette sainte entreprise; & il traitoit aussi très-favorablement tous les Croisés, qui passoient sur ses terres. L'Empereur ne fit pas un long séjour à Bude. Après avoir ratifié le mariage de son Fils, avec la Fille du Roi Bella, qui l'accompagna jusqu'à Belgrade, il entra dans la Bulgarie, dont le passage lui fut aussi fächeux, que celui de la Hongrie lui avoit été agréable, par les embuches continuelles que lui tendoient les Barbares, qui habitoient cette Province. Comme son Armée étoit nombreuse & florissante, il surmonta aisément toutes les difficultés, & les oppositions, qu'il trouva dans la Thrace, par la malice des Grecs (Dominicus Jauna, Histoire générale des Roïaumes de Chypre, de Jérusalem, d'Arménie, et d'Égypte, comprenant les croisades, et les faits, les plus mémorables, de l'empire Ottoman, etc, Tome 1, 1785 - books.google.fr).

 

Gran (Esztergom, Ostrihom, Strigoniun) était alors plus fort que Bude, plus riche que Wardein, plus considérable que Presbourg. Cité de défense et de commerce, c'était aussi la capitale du luxe et des plaisirs. Ce qu'avait été Avignon au temps des papes, Gran le fut au temps des croisades, quand son vaste port était encombré de galères pavoisées et d'embarcations de tout genre, sur lesquelles flottaient les pavillons de toute la chrétienté. La plupart des vaisseaux marchands passaient l'hiver dans cet entrepót central du commerce entre l’Orient et l'Occident. Le long du Danube s'étendaient de vastes magasins où s'entassaient les armes, les soieries, les draps, les fourrures, les épices (Victor Tissot, La Hongrie de l'Adriatique au Danube : impressions de voyage, 1883 - books.google.fr).

 

"galères", "faux" : la ruse de Conrad de Montferrat à Tyr

 

Les galères sont des bâtiments longs et à fond plat pouvant naviguer en l'absence de vent, glissant rapidement sur l'eau mais extrêmement fragilisés par la moindre forte mer (Alain Blondy, Le monde méditerranéen, 15.000 ans d'histoire, 2018 - books.google.fr).

 

L'étude de l'état maritime des principautés latines de Terre-Sainte me semble devoir trouver ici sa place. Pour les constructions navales, outre les bois qu'ils trouvaient dans les forêts du littoral syrien et du royaume de la Petite-Arménie, notamment aux environs de Salef, les Francs en tiraient encore une assez grande partie d'Europe, ainsi que les ouvriers spécialement employés à ces travaux, car, nous savons qu'en 1180, les galères musulmanes amenèrent à Alexandrie plusieurs navires chargés de bois de construction, capturés non loin d'Acre, et soixante-dix charpentiers de marine trouvés à bord.

 

En 1188, pendant le siège de Tyr par Salah-ed-din, le marquis de Montferrat fit construire dans l'arsenal de cette ville des navires à fonds plats, nommés barbotes, qui, par suite de leur faible tirant d'eau, pouvaient naviguer assez près des côtes pour échapper facilement aux galères musulmanes. Ces bâtiments étaient généralement revêtus de fer, à la façon de nos navires blindés. Les Francs s'en servirent au siège de Damiette et Marino Sanuto les décrit de façon à ne nous laisser aucune incertitude à ce sujet.

 

La charge d'amiral ne paraît pas avoir existé dans le royaume de Jérusalem, et ce n'est qu'à la fin du treizième siècle qu'on la voit apparaître parmi les grands officiers du royaume de Chypre. Il serait bien difficile de dire quelle était, au douzième siècle, l'organisation de la marine des rois de Jérusalem. Nous savons seulement qu'ils possédaient des arsenaux à Acre et à Tyr, les deux ports les plus importants du royaume, et qu'ils entretenaient un certain nombre de navires de combat. Dès l'origine, le principe de la protection aux naufragés fut inscrit dans la législation des colonies latines, et tous les princes de Syrie et d'Arménie le reconnurent dans leurs traités avec les diverses puissances maritimes. Chaque principauté paraît avoir eu sa marine particulière, car, en 1188, nous voyons le comte de Tripoli faisant armer ses galères, au nombre de dix, pour secourir et ravitailler Tyr, assiégé par Salah-ed-din (Emmanuel Guillaume Rey, Les colonies franques de Syrie aux XIIme et XIIIme siècles, 1883 - books.google.fr).

 

"faux" ou "faulx" désigne le bois de hêtre qui servait à la fabrication des rames des galères autrefois.

 

Barras: «Les rames se font de bois de hêtre, qu'on appelle faux en Dauphiné, fayard en Languedoc et en Provence» (Jan Fennis, Trésor du langage des galères, 2011 - books.google.fr).

 

Les rames de galères se taillaient en hêtre ou fayard, qui combine les qualités de résistance et flexibilité. Le rémolat réal, charpentier qui façonne la «palamente» ou l'ensemble des avirons de galère, choisissait son bois dans les forêts du Dauphiné, du Lyonnais, du Languedoc, de Lorraine, et quelquefois, des Pyrénées. Les rames sont fendues sur place, un seul tronc, selon son diamètre donnant 2 à 4 ébauches que les rémolats désignent sous le nom d'estelle. On prenait la précaution élémentaire de laisser suffisamment sécher les ébauches avant de les mettre en oeuvre... Avec la section d'estelle qui se trouve la plus proche de la racine, donc la plus dense, le rémolat réal fera le «genouil» ou le «fiol» , autrement dit le côté qu'empoignent les rameurs, tandis qu'avec l'autre extrémité, prise à la cime de l'arbre, il façonnera la pale ou pelle (Neptunia, Volumes 161 à 168, 1986 - books.google.fr).

 

Après qu'il se fut emparé de la ville sainte, Saladin poursuivit avec ardeur le cours de ses victoires. La fatale défaite de Tibériade, la captivité du roi et surtout la chute de la capitale du royaume, avaient jeté dans les colonies chrétiennes une consternation profonde. [...] Saladin parut avec son armée sous les remparts de Tyr. Mais il fit d'inutiles efforts pour s'en emparer. D'ailleurs, il avait hâte de se rendre maître de Jérusalem. Il leva donc le siége et alla planter son camp autour de la capitale du royaume. Mais, le 8 décembre 1187, après qu'il eut soumis la ville sainte, il reparut devant Tyr avec une armée nombreuse. Cette fois la résistance des assiégés ne fut pas moins opiniâtre. Conrad de Montferrat avait fait creuser autour de la place un fossé large et profond; il avait fait mettre les fortifications en état de résister aux assauts des musulmans; enfin, la garnison comptait dans ses rangs les débris des Templiers et des chevaliers de Saint-Jean et la plupart des guerriers chrétiens qui avaient survécu aux sanglantes défaites sous lesquelles la croix avait succombé. Aussi Saladin trouvat-il une défense à laquelle il ne s'attendait pas. En vain il multiplia ses assauts avec un incroyable acharnement. En vain Saladin conduisit sous les murs de la ville et menaça d'exposer aux traits des assiégés le vieux Guillaume de Montferrat, qui avait été fait prisonnier à la bataille de Tibériade (Hattin). Rien ne put ébranler l'héroïque Conrad, qui communiquait son ardeur aux plus timides et répondait à chaque assaut par une sortie meurtrière. Saladin, voyant qu'il ne fléchissait pas, fit venir de Ptolémaïs une flotte de dix galères pour serrer également la ville du côté de la mer. Les chrétiens n'avaient que deux vaisseaux à opposer aux forces navales des infidèles. Mais la ruse vint à leur secours. Ils surent attirer dans le port cinq galères ennemies, qu'ils surprirent et dont ils se servirent pour chasser les autres. Pendant que cet événement frappait de terreur les ennemis, le vaillant Conrad opéra une vigoureuse sortie, tua plus de mille musulmans et rentra triomphant dans la ville. Désespéré de n'avoir pu se rendre maître de cette place, Saladin se retira avec son armée le 1er janvier 1188 (André Van Hasselt, Les Belges aux Croisades, Tome 1, 1846 - books.google.fr).

 

La ruse de Conrad (cf. "faux") permit la capture de quelques galères sarrasines :

 

La flotte égyptienne envoya douze galères devant Tyr : Conrad en attira cinq dans le port, puis releva la chaîne qui le barrait et s'en empara : à forces égales désormais, il envoya ses sept galées contre les musulmanes, dont cinq furent jetées à la côte et deux s'enfuirent à Beyrouth. Bien que la tempête eût empêché l'arrivée des renforts envoyés par Raymond III de Tripoli (dix galées portant des chevaliers et du ravitaillement), Saladin, après son échec sur mer (30 décembre 1187) leva dans la nuit du 1er janvier le siège, qui avait duré deux mois (Jean Richard, Le royaume latin de Jérusalem, 1953 - books.google.fr).

 

Guillaume V de Montferrat et ses fils combattent avec l'empereur Frédéric Ier Barberousse dans la longue lutte contre la Ligue lombarde. Après la capitulation de l'empereur avec le traité de Venise en 1177, Guillaume doit régler seul le problème des villes rebelles. En 1183, avec le couronnement de son petit-fils mineur Baudouin V de Jérusalem, Guillaume, ayant au moins la soixantaine, confie le gouvernement de Montferrat à ses fils Conrad et Boniface et part en Terre sainte (fr.wikipedia.org - Guillaume V de Montferrat).

 

De la famille de Conrad, Guillaume VII marquis de Montferrat est mort enfermé dans une cage de fer en 1292 à Alexandrie en Piémont : cf. le quatrain suivant IX, 95.

 

"Vratislave tremble"

 

Vratislav de Mecklembourg (également connu sous le nom de Wertislaw), exécuté en mai/juin 1164, fut coseigneur du Mecklembourg à Werle de 1160 à 1163.

 

Pribislav et Vratislav/Wertislaw les deux fils de Niklot lui succèdent après sa mort en 1160. En 1163, les deux princes deviennent menaçants et Henri le Lion organise une nouvelle campagne contre les Abodrites. Elle est brève et s'achève par le siège et la prise de Werle capitale des «Circipanien» où réside Vratislav et sa famille et la capture du prince et de son épouse qui sont envoyés comme prisonniers en Saxe. Pribislav demande et obtient une trêve. Henri le Lion nomme alors des gouverneurs: Lubemar un transfuge slave à Werle, et les saxons: Gunzelin von Hagen à Schwerin (1164-1167), Ludolf von Peine à Malchow, Henri von Schathen à Mecklembourg et un autre Ludolf, bailli au Brunswick à Quetzin.

 

En juillet 1163, Pribislav reprend le combat aidé par ses voisins orientaux les princes de Poméranie. Une citadelle saxonne est assiégée et les colons flamands implantés sur ses terres massacrés. Henri le Lion s'allie alors au roi Valdemar Ier de Danemark et à Albert l'Ours margrave de Brandebourg. Il passe à l'attaque en mai/juin 1164 mais avant il veut faire un exemple et fait pendre Vratislav en place publique à Malchow.

 

Pribislav est vaincu le 1er juillet lors de la bataille de Verschen ou Adolphe II de Holstein est tué. Valdemar Ier du Danemark s'empare de Rügen et les slaves se soumettent. Le Mecklembourg est incorporé au duché de Saxe. Boguslaw de Stettin et Casimir de Demmin se soumettent à Henri le Lion. Dès 1166 Henri le Lion rend le territoire des Adobrites à Pribislaw Ier dont il veut se faire un allié contre les ambitions d'Albert l'Ours. Pribislaw se convertit au christianisme en 1167 et il est promu Prince d'Empire par Frédéric Ier Barberousse en 1170.

 

De son épouse de nom inconnu Vratislav laisse un fils Niklot ou Nicolas qui dès 1179 s'oppose aux fils et successeurs de Pribislav Ier (fr.wikipedia.org - Vratislav de Mecklembourg).

 

Encore un autre Vratislave

 

Vratislave est la forme française du nom de la ville de Breslau en Silésie (Wroclaw) (Pierre Delbrun, Le grand apparat françois, avec le latin recueilli de Ciceron, et des principaux autheurs de la langue latine, 1679 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Wroclaw).

 

Il y a eu un tremblement de terre à Breslau en 1259, 31 janvier (Pierre Alexandre, Les séismes en Europe occidentale de 394 à 1259: nouveau catalogue critique, 1990 - books.google.fr, Mitteilungen der Erdbeben-Kommission der Kaiserlichen Akademie der Wissenschaften in Wien, Volumes 1 à 10, 1901 - books.google.fr).

 

Breslau avait été assiégée en 1241 par les Mongols qui allèrent jusqu'en Allemagne (Jahres-Bericht der Schlesischen Gesellschaft für Vaterländische Cultur, Volumes 67 à 68, 1890 - books.google.fr).

 

Anno 1260. haben die Tartern wieder in Pohlen biß an Cracau und Oppeln ume her gestreiffet und alles verheeret (Johann David Köhler, Schlesische Kern-Chronicke, 1711 - books.google.fr).

 

ALBERT Ier, dit LE GRAND, succéda, l'an 1252, à son pere Otton : il renouvella ses prétentions sur le Comté de Stade, qui avoit appartenu à Henri le Lion. Dès 1251 Albert mena du secours à Ottocare, Roi de Boheme, contre Béla IV, Roi de Hongrie, qu'il fit prisonnier. L'an 1258, pendant qu'Albert assiégeoit Affebourg, Gérard, Archevêque de Mayence, & Conrad, Comte d'Eberstein, firent une irruption dans les Etats; mais le Duc les fit prisonniers, & condamna à mort le Comte, comme perturbateur du repos public. L'an 1259, il secourut la ville de Lubeck contre Jean, Comte de Holstein, prit sous sa protection la ville de Hamélen, & lui confirma ses privileges en 1261 (L'art de vérifier les dates, 1770 - books.google.fr).

 

En 1259, Albert I, Duc de Brunswik, se jetta sur la Thuringe dans le tems que Henri étoit en Bohéme. Mais Rodolphe Schenk, l'un des Nobles de Misnie, duquel les troupes de Brunswik avoient ravagé les terres, ramassa en diligence un grand nombre de ses compatriotes, attaqua les gens du Duc qu'il défit en 1261, & fit le Duc lui-même prisonnier, qui au bout d'un an & demi ne fut relâché qu'à de dures conditions (LE GRAND DICTIONAIRE HISTORIQUE, Tome 4, 1740 - books.google.fr).

 

L'union entre Hambourg, Lubeck et Brunswick se cimenta plus particulièrement. Jusqu'à cette époque, on a vu l'existence de Hambourg liée avec celle de ses archevêques et de ses comtes, on va bientôt la voir plus indépendante, la ville livrée tout entière à son commerce, sa prospérité se développer progressivement; on verra aussi les rapports qu'elle a eus avec la ligue hanséatique comme un de ses principaux membres (L'art de vérifier les dates, 1829 - books.google.fr).

 

Sous la direction de Jean III Doukas Vatatzès, une politique plus énergique est poursuivie. En 1225, la marine nicéenne occupe les îles de Lesbos, Chios, Samos et Icariah. Cependant, cette marine ne dispose pas de la puissance de celle de Venise qui garde la mainmise sur le trafic méditerranéen. Ainsi, en tentant le blocus de Constantinople en 1235, la marine nicéenne est défaite par une petite force vénitienne et lors d’une tentative similaire en 1241, les Nicéens sont de nouveau mis en déroute. Durant la décennie 1230, les Nicéens soutiennent une rébellion locale en Crète contre Venise qui n’est que partiellement couronnée de succès, et suivie du départ forcé des dernières troupes nicéennes de l’île en 1236. Conscient de la faiblesse de sa marine, en mars 1261, l’empereur byzantin Michel VIII Paléologue signe le traité de Nymphaeon avec les Génois qui combattent la marine vénitienne. Aux termes de ce traité, les Génois s’engagent à fournir des navires pour aider Michel VIII à prendre Constantinople en échange de privilèges commerciaux.

 

Après la reprise de Constantinople quelques mois plus tard, Michel VIII peut désormais reconstituer sa propre flotte. Au début des années 1260, la marine byzantine reste faible, faiblesse mise en évidence par la défaite d’une petite escadre byzantino-génoise de quarante-huit navires contre une escadre vénitienne plus petite en 1263. Toutefois, profitant de la guerre vénéto-génoise en 1270, les efforts de Michel VIII aboutissent à la construction d’une marine forte de 80 navires dont les équipages sont composés de mercenaires latins servant sous les couleurs impériales (fr.wikipedia.org - Marine byzantine).

 

Miche VIII fonde la dynastie des Paléologue de Byzance. Un de leus descendants, Théodore, héritera du marquisat de Montferrat.

 

Guillaume VII enfermé dans une cage de fer termina ses jours au mois de février 1292. Avec Jean Ier, son fils, s'éteignit en 1305 l'ancienne maison de Montferrat, issue d'Aléran. Le margraviat échut alors à Théodore Paléologue, fils de l'empereur Andronic II et de Yolande, sœur du dernier margrave. Théodore devint la souche de la seconde maison de Montferrat (Maximilian Samson Friedrich Schöll, Cours d'histoire des états européens depuis le bouleversement de l'Empire romain d'Occident jusqu'en 1789, Volumes 5 à 6, 1830 - books.google.fr).

 

Henri le Lion

 

Henri le Lion (en allemand : Heinrich der Löwe), né vers 1129/1131 et mort le 6 août 1195 à Brunswick en Saxe, est un prince de la dynastie des Welf (dits traditionnellement «Guelfes» en français) qui fut duc de Saxe (sous le nom de Henri III) à partir de 1142 et duc de Bavière (sous le nom de Henri XII) à partir de 1156 jusqu'en 1180 (fr.wikipedia.org - Henri le Lion).

 

Henri-le-Lion, au lieu d'aider l'empereur Ă  recouvrer l'Italie, se croise avec ses chevaliers saxons pour aller se battre dans la Palestine. Henri-le-Lion, trouvant une trève Ă©tablie en Asie, s'en retourne par l'Égypte. Le soudan voulut Ă©tonner l'Europe par sa magnificence et par sa gĂ©nĂ©rositĂ© : il accabla de prĂ©sens le duc de Saxe et de Bavière; et entre autres il lui donne quinze cents chevaux arabes (Oeuvres complètes de Voltaire, Tome 5, 1817 - books.google.fr).

 

Une «croisade» contre les slaves occidentaux («Wendes») est entreprise par Henri le Lion, conjointement avec le duc Conrad Ier de Zähringen et avec le soutien de l'abbé Bernard de Clairvaux. Leurs forces ont envahi le territoire des païens Abodrites au nord-est de la Saxe, toutefois, la campagne s'arrête en raison d'un alliance militaire que le prince slave Niklot avait conclu avec le comte Adolphe II de Holstein. En 1148/1149, Henri le Lion épousait la fille de Conrad de Zähringen, Clémence; trois enfants sont nés de leur mariage, dont seulement Gertrude a survécu, la future épouse du duc Frédéric IV de Souabe.

 

En 1160, avec l'aide du burgrave Gosselin de Hagen, l'ancêtre des comtes de Schwerin, il conquit les châteaux des Abodrites à Kutin, à Malchow et à Mecklenburg. Niklot est tué à sa résidence de Werle (près de Kassow), ses fils Pribislav et Vratislav ont pris la fuite. Le moine Bernon évangélisa le pays. Toutefois en 1167 la plus grande partie doit être restituée à Pribislav, le fils de Niklot, qui devient seigneur de Mecklembourg et un vassal du duc de Saxe. Henri lui-même ne conserve que le château de Schwerin qu'il fit reconstruire. Henri le Lion fut un prince colonisateur qui entre 1160 et 1170 installe des Flamands, des Hollandais, des Westphaliens et des Bas-saxons en Mecklembourg et en Holstein oriental. Cette «Saxe coloniale» était une expansion directe des domaines ducaux et non de l'Empire. Henri est le fondateur de Munich (1157/58 München) et Lübeck (1159) et de bien d'autres villes fondées ou développées comme Brunswick, Lunebourg et Stade (fr.wikipedia.org - Henri le Lion).

 

Alexandre III et Henri le Lion

 

Les intrigues d'Alexandre III auront influĂ© plus fortement sur l'esprit de Henri le Lion. Il est très-vraisemblable que ce Pape l'avoit engagĂ© jusques Ă  un certain point dans ses intĂ©rĂŞts. Les Guelfes avoient toujours tĂ©moignĂ© un dĂ©vouement particulier Ă  l'Eglise. Ils avoient toujours marquĂ© dans les guerres d'Italie un foin particulier de mĂ©nager les Papes, Rome, & les Etats qui relevoient d'eux. L'Histoire nous apprend qu'Alexandre III, ayant envoyĂ© des DĂ©putĂ©s Ă  FrĂ©dĂ©ric pour lui faire part de son Ă©lection, ce Prince entra dans une si grande colère qu'il les eĂ»t fait pendre, si le Duc Henri & son oncle ne s'y fussent opposĂ©s. D'autres traits confirment que notre Duc ne pensoit point sur le compte de ce Pape, ce que FrĂ©dĂ©ric ordonnoit Ă  l'Empire d'en penser. Peut-ĂŞtre mĂŞme Henri alla-t-il jusqu'Ă  se soumettre Ă  lui, Ă  l'imitation de presque tous les autres Princes de l'Europe; &, dans cette supposition, il aura regardĂ© en secret FrĂ©dĂ©ric comme un excommuniĂ© auquel il ne devoit plus aucune obĂ©issance. Est-il mĂŞme sans vraisemblance que le Pape Alexandre ait fait espĂ©rer la restitution des Etats de la Maison de Mathilde, s'il Ă©toit une fois rĂ©tabli sur le SiĂ©ge de Brunswick, Rome & si son parti triomphoit en Italie ? Le dessein d'Alexandre n'Ă©toit pas sans doute de laisser alors ces Etats Ă  l'Empereur son mortel ennemi, ni Ă  aucun Prince de sa Maison, de cette Maison des Gibelins ou de Souabe, qui s'Ă©toit dĂ©clarĂ©e si ouvertement contre le Saint-SiĂ©ge & dans les projets de vengeance qui l'occupoient, que pouvoit-il faire de mieux que de soulever contre elle la Maison des Guelfes en renouvelant les anciennes haines, & en jetant cette pomme de discorde entre des rivaux dĂ©jĂ  secrètement irritĂ©s l'un contre l'autre ? Ajoutez Ă  tout cela, que le principal lien qui avoit uni longtemps les intĂ©rĂŞts de ces deux Princes, ne subsistoit plus. FrĂ©dĂ©ric avoit pu flatter quelque temps le Lion d'une lueur d'espĂ©rance que le trĂ´ne de l'Empire appartiendroit Ă  lui ou Ă  sa postĂ©ritĂ©. Il lui avoit d'abord fait entendre qu'il le lui destinoit immĂ©diatement après lui & après son cousin-germain FrĂ©dĂ©ric, Duc de Souabe, fils du dernier Empereur Conrard III. Mais ce Duc FrĂ©dĂ©ric Ă©tant mort en 1166, loin que Henri s'en vit plus près de ce trĂ´ne si dĂ©sirĂ©, il perdit toute espĂ©rance d'y placer jamais ou lui-mĂŞme ou ses enfans. En effet, l'Empereur ne tarda Ă  faire Ă©lire Roi des Romains son fils Henri, quoiqu'en bas âge, enlevant ainsi une seconde fois aux Guelfes & cette couronne dont ils avoient tant de fois Ă©tĂ© les soutiens, & l'espoir consolant de l'obtenir un jour. Quoiqu'après des offenses aussi graves, & une rupture aussi dĂ©clarĂ©e, la haine que les deux Princes venoient de fe vouer dĂ» ĂŞtre sans doute portĂ©e Ă  son comble, elle ne produisit d'abord la Maison de Brunswick aucun effet confidĂ©rable. Les circonstances les suspendoient nĂ©cessairement. FrĂ©dĂ©ric de retour en Italie, y Ă©toit retenu par une guerre malheureuse, pendant que de son cĂ´tĂ© le Duc s'Ă©loignant du lieu de la confĂ©rence, & ne faisant que traverser la Baviere, se rendoit Ă  l'autre extrĂ©mitĂ© de l'Empire, dans son duchĂ© de Saxe. Il en trouva les frontieres envahies par ses ennemis, Ulric, EvĂŞque de Halberstadt, & Bernard d'Ascanie, fils du Margrave Albert l'Ours. Mais les succès passagers de ces Princes furent suivis d'un cruel revers. Le Lion marcha Ă  eux, les mit en fuite, les poursuivit dans leurs Etats, ravagea surtout ceux de Bernard, & y porta le fer & le feu. La ville d'Aschersleben fut consumĂ©e dans cette expĂ©dition avec les monasteres & ses Ă©glises nouveau grief contre le Duc, surtout aux yeux d'un ClergĂ© dĂ©jĂ  prĂ©venu contre lui. Aini ce qui n'Ă©toit qu'un effet assez ordinaire de la fĂ©rocitĂ© des mĹ“urs de ce siecle, & de l'indiscipline du soldat, fut reprĂ©sentĂ© comme une profanation prĂ©mĂ©ditĂ©e, & la preuve de la plus audacieuse impiĂ©tĂ©. L'Empereur sembloit avoir perdu avec l'appui de Henri les faveurs de la fortune. Il n'essuyoit plus que des revers en Italie, & n'ayant, pour ainsi dire, plus que le choix des humiliations, il se vit enfin rĂ©duit Ă  se soumettre Ă  celle qui lui parut la moins accablante. Il fit demander la paix au Pape, & l'obtint après d'assez longues nĂ©gociations. C'est cette paix qui fit cesser le long schisme de l'Eglise, donna un nouveau degrĂ© de soliditĂ© Ă  l'indĂ©pendance de la plupart des Etats d'Italie, & montra Ă  l'Europe le spectacle d'un Empereur prosternĂ© devant le Pape Ă  la vue de tout un peuple, lui baisant les pieds, lui tenant l'Ă©trier, & conduisant son cheval par la bride (Histoire Universelle, Tome 112, 1788 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain X, 5 - Des Orteils - 2107-2108.

 

Henri le Lion, Misnie et LĂĽbeck

 

On sait qu'avec la Saxe, les deux Henri (Le Superbe et le Lion) possédaient la Bavière. De 1137 à 1154, la politique impériale tint ces deux duchés séparés, mais Frédéric ler les rendit à Henri le Lion; seulement, le margraviat de Branibor, déjà indépendant depuis 1142, fut confirmé dans son indépendance; mais après la félonie de Henri, lors de la campagne de Legnano (1177), l'empereur Frédéric le mit au ban de l'Empire (1180), et l'énorme duché de Saxe fut dépecé en une foule de fiefs les archevêchés de Magdebourg et de Brême, les évêchés de Minden, Verden, Paderborn, Munster, Hildesheim, Halberstadt, Mersebourg, Naumbourg s'en détachèrent et devinrent Etats immédiats; il en fut de même pour le comté palatin de Saxe, la Misnie, la Thuringe, le pays de Mecklembourg (que cependant Henri le Lion regardait comme sa propriété particulière), le duché de Poméranie, le duché de Westphalie (qui passa aux archevêques de Cologne), l'Eichsfeld (dont s'empara celui de Mayence); Lubeck, ancienne capitale de la Saxe, devint ville impériale (Dictionnaire universel et classique d'histoire et de géographie, Tome 4, 1854 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2172 sur la date pivot 1164 donne 156.

 

Début de la prédication du phrygien Montan. Le mouvement atteint son apogée en Asie en 172. Il est condamné comme hérésie par l’Église chrétienne. Le pape Pie Ier serait mort l'année précédente (fr.wikipedia.org - Année 156).

 

Hermas, le frère du pape Pie Ier (158-167), est aussi accusé de montanisme. Certains passages un peu étranges de son Pasteur ne doivent pas faire oublier que, de son temps, les montanistes n'étaient point encore condamnés à Rome (Johann Adam Möhler, Pius Bonifacius Gams, Histoire de l'Eglise, Tome 1, traduit par Pierre Bélet, 1868 - books.google.fr).

 

A son origine, le concept de rationabilitas signifie, chez Tertullien, la conformité d'un usage avec les recommandations de Jésus-Christ ou d'un Apôtre, de sorte que la lex rationis n'est autre chose que la lex fidei. Devenu montaniste, le polémiste soutient que la soutient que la rationabilité d'une ordonnance résulte de sa conformité avec l'ensemble de la discipline chrétienne. Pour rattacher ainsi la ratio à la vie surnaturelle, Tertullien explique qu'elle est un des premiers attributs divins, qu'elle se manifeste dans la création, que l'homme en possède une étincelle et doit y conformer sa vie. Chez saint Augustin, la ratio signifie ce qui n'est ni contre la foi, ni contre les bonnes mœurs et concourt à exhorter à une vie meilleure. D'après saint Grégoire le Grand, elle est ce qui ne renferme rien contre la foi catholique. Repris par saint Isidore de Séville, saint Grégoire VII, Geoffroi de Vendôme et Hildebert de Tours, le terme passe dans les collections d'Yves de Chartres et de Gratien, où il revêt un sens plus juridique. Quand Alexandre III emprunte à son tour la même expression, il lui donne une signification techniquement canonique; la ratio canonica s'identifie chez lui avec l'esprit authentiquement chrétien qui doit animer le droit, la discipline et les institutions ecclésiastiques (Germain Lesage, La Ratio canonica selon Alexandre III, Proceedings of the Fourth International Congress of Medieval Canon Law, Toronto, 21-25, August, 1972, 1976 - books.google.fr).

 

Acrostiche : FEFL, fefellit

 

fefellit : Son esperance l'a trompé "Sua eum spes fefellit" (Fallo, fefelli, falsum : [cf. "faux" au vers 2]) (François Pomey, Le petit dictionaire royal françois latin, 1679 - books.google.fr).

 

Fefellit doctrina fidei, acutissimum Tertullianum, fefellit eruditissimum Apollinarem, fefellit, Sanctissimum Cyprianum, fefellit sapientissimum Firmilianum, fefellit doctissimos Millenarios, Tertullianum, Victorinum, quomodo ergo firmabit Idiotas ? quomodo res obfcura videntibus, erit cecis manifesta ? quomodo cadunt peritissimi, & firmi ftant imperiti ? Quomodo retĂ  ducet cæcos, quæ traxit in devia oculatos ? Paradoxa sunt ista, & paradoxa paradoxis cumulata, ut videant clarè talpæ, & cĹ“cutiant Aquile, fit evidens Idiotis doctrina, & doctissimis prorsĂąs ignota (Giovanni Bernardo Pozzolo, Rationale romani pontificis, gemmis seu libris duodecim distinctum, Tome 1, 1716 - books.google.fr).

 

Bientôt la fortune se joua de Néron, abusé par sa propre crédulité et par les promesses du Carthaginois Césellius Bassus. Cet homme, d’une imagination mal réglée, avait pris pour un oracle infaillible l’illusion d’un songe. Il vient à Rome, achète une audience du prince, lui expose "qu’il a découvert dans son champ un souterrain d’une profondeur immense, renfermant une grande quantité d’or non monnayé, dont les masses brutes annonçaient la plus antique origine. [...] Nul doute, au reste, que ce ne fût la Phénicienne Didon qui, après sa fuite de Tyr et la fondation de Carthage, avait caché ces richesses, de peur qu’un peuple naissant ne fût amolli par trop d’opulence, ou que les rois numides, déjà ses ennemis, ne fussent entraînés par la soif de l’or à s’armer contre elle." Néron, sans examiner quelle foi méritait fauteur de ce récit ou le récit même, et sans charger personne d’aller reconnaître si on lui annonçait la vérité, accrédite le premier cette nouvelle, et envoie chercher une proie qu’il croit déjà tenir. Afin d’accélérer le voyage, il donne des galères avec des équipages choisis. (Tacite, Les Annales, traduit Jean-Louis Burnouf, 1859 - fr.wikisource.org).

 

Ce qui le poussait à cette fureur de dépenser, c'était, outre sa confiance en son pouvoir, l'espérance, subitement conçue, d'un trésor immense et caché, qu'un chevalier romain assurait devoir se trouver dans de vastes cavernes, en Afrique, où la reine Didon l'avait jadis apporté en fuyant de Tyr, et d'où l'on pouvait le tirer presque sans peine. Mais, trompé dans cette espérance (Verum ut spes fefellit), appauvri, épuisé, dénué de ressources, au point d'ajourner la paye des soldats et les pensions des vétérans, il eut recours aux rapines et aux fausses accusations (Caius Suetonius Tranquillus, Les douze césars, traduit par Th. Ch. E. Baudement, 1845 - books.google.fr).

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