Amazones

Amazones

 

IX, 85

 

2165-2166

 

Passer Guienne, Languedoc et le Rosne,

D'Agen tenans de Marmande et la Reole,

D'ouurir par foy parroy, Phocen tiendra son trosne,

Conflict aupres Sainct Pol de Manseole.

 

"Phocen"

 

Le mot Phoceus désignant aussi les habitants de la Phocide en Grèce qui ont fondé la ville de Phocée en Asie mineure (Léon Heuzey, Un artiste grec en Perse, Revue politique et littéraire: revue bleue, Volume 38, 1886 - books.google.fr).

 

La Phocide est une rĂ©gion de Grèce centrale, Ă  l'ouest de la BĂ©otie, qui tire peut-ĂŞtre son nom des phoques du golfe de Corinthe, aujourd'hui disparus de la rĂ©gion. Dans l'AntiquitĂ©, la Phocide, initialement peuplĂ©e de PĂ©lasges, s'enrichit de diverses populations grecques : AchĂ©ens, Ioniens, Doriens. Elle reçoit beaucoup de visiteurs et prospère grâce Ă  la prĂ©sence de l'oracle de Delphes (fr.wikipedia.org - Phocide).

 

Les habitants de Delphes se refusaient pourtant d'ĂŞtre appelĂ©s Phocidiens (Pausanias, IV 34, 11). Les Delphiens, qui avaient deux sièges amphictioniques distincts de ceux des Phocidiens, acquirent puis dĂ©fendirent au Ve siècle leur indĂ©pendance politique vis-Ă -vis des Phocidiens ; ils eurent un monnayage indĂ©pendant de celui des Phocidiens, mĂŞme s'il apparaĂ®t qu'ils donnèrent cours lĂ©gal aux bronzes phocidiens dans la première moitiĂ© du IVe siècle (Denis Rousset, Le territoire de Delphes et la terre d'Apollon, 2002 - books.google.fr).

 

Saint Paul de Mausole

 

Il est nĂ©cessaire de situer rapidement, dans l'espace et dans le temps, ce monastère de Saint-Paul de Mausole dont l'Ă©glise existe encore Ă  Saint-RĂ©my-de-Provence, au pied du mont Gaussier, point culminant de la chaĂ®ne des Alpilles, Ă  cĂ´tĂ© de voisins illustres dont elle a gardĂ© un des noms : l'Arc et le MausolĂ©e de l'antique Glanum. On a cru parfois - et sans grandes raisons - pouvoir relier la fondation de cette Ă©glise Ă  la lĂ©gende d'un saint Paul, Ă©vĂŞque de Trois-Châteaux, dans la DrĂ´me. A la vĂ©ritĂ©, son origine se perd dans une certaine obscuritĂ© des temps. En 982, une charte de Garnier, Ă©vĂŞque d'Avignon, donne au monastère de Saint-AndrĂ© et Saint-Martin d'Andaon, sur la rive droite du RhĂ´ne (aujourd'hui Villeneuve-lès-Avignon), plusieurs Ă©glises dĂ©pendant de la mense Ă©piscopale et situĂ©es au delĂ  de la Durance dans l'ager fretensis, au pied du mont Gaussier (ad radicem montis Gausserii). Vers 1080, cette Ă©glise a changĂ© de destination ; on y trouve un chapitre de chanoines qui se mettent sous la protection de saint Paul, l'apĂ´tre des Gentils, comme en tĂ©moigne l'Ă©pitaphe de leur second prĂ©vĂ´t : Gervasius, prepositus II. sancti. Pauli. apostoli. Épitaphe soignĂ©e, bien lisible, qu'on peut voir, Ă  droite de l'entrĂ©e par le cloĂ®tre de la chapelle de Saint-Paul-de-Mausole. De temps immĂ©morial, la fĂŞte du monastère et du quartier de Saint-Paul-de-Mausole fut cĂ©lĂ©brĂ©e le 25 janvier, jour de la Conversion de saint Paul. Au XIIIe siècle, les chanoines Ă©taient autorisĂ©s par l'Ă©vĂŞque d'Avignon, Zoen Tencarari, Ă  manger ce jour-lĂ , au repas de midi, des gâteaux et du dessert... Encore aujourd'hui, le coutumier liturgique de la chapelle de Saint-Paul-de-Mausole permet de cĂ©lĂ©brer la «fĂ©rie» de la conversion de l'ApĂ´tre des Gentils le 25 janvier et de la finir par un Salut au Saint-Sacrement (Edgar Leroy, Saint Paul de Mausole, Bulletin philologique et historique (jusqu'Ă  1610) du ComitĂ© des travaux historiques et scientifiques, 1961 - books.google.fr).

 

"D'ouvrir par foy parroy" : sainte Thècle

 

Le cas de sainte Thècle protomartyre (Ie s., culte aboli en 1969 par le Vatican ; anc. fêtée le 23 septembre) est plus complexe dans la mesure où il combine persécution religieuse et tentative de viol. Selon les Actes de Paul et Thècle, un apocryphe écrit vers 160 - 190 par un chrétien orthodoxe, la sainte ayant gagné Séleucie (auj. Silifke en Turquie) s'installa à peu de distance au sud, à Meriamlik (auj. Ayatekla) dans une grotte du mont Calamon ou Rhodeon. C'est là qu'elle soignait les malades, lorsque des médecins grecs de la ville virent la réputation et leur clientèle péricliter décidèrent d'envoyer de jeunes débauchés attenter à sa virginité, croyant qu'elle avait consacré celle-ci à la déesse Artémis. Assaillie dans sa grotte, Thècle implora l'aide de Dieu. Aussitôt, une voix céleste lui indiqua une ouverture miraculeuse dans la roche, ouverture qui se referma juste après son passage. Seul un morceau de son voile resta aux mains de ses assaillants (on en montre la relique pétrifiée selon certaines versions). Depuis lors, sainte Thècle est restée vivante dans la roche et comble de ses bienfaits ceux qui viennent l'implorer dans la grotte. Là encore, on montre une source miraculeuse que la sainte aurait fait jaillir dans la grotte (J.-E. Merceron, De la grotte-refuge au château-prison, Mythologie française: bulletin de la Société de mythologie française, Numéro 208, 2002 - books.google.fr).

 

Dans le sud de la France , on trouve Sainte Thècle à Montesquieu (Tarn et Garonne) à l'est d'Agen, à Saint Bonnet de Chirac (Lozère), à Séguret (Vaucluse), à Peillon (Alpes Maritimes).

 

Phocide : phoques

 

Des variantes de la légende de sainte Thècle la font se baptiser elle-même dans une fosse remplie de monstres marins et de phoques qui l'épargnent (André-Jean Festugière, Les énigmes de sainte Thècle. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 112e année, N. 1, 1968 - www.persee.fr).

 

Apollon détrôné

 

Pour tout historien du christianisme, la ville de Séleucie du Calycadnos évoque immanquablement le nom de sainte Thècle. Cette martyre possédait, dans la cité cilicienne, un sanctuaire réputé pour les miracles de guérison qu'elle y accomplissait. Par ailleurs, Séleucie est connue des historiens de l'Antiquité en tant que siège d'un oracle d'Apollon Satpédonios

 

L'implantation, en Cilicie, d'un centre oraculaire patronné par un Apollon qualifié de Sarpédonios est attestée à trois reprises par la littérature antique. Diodore de Sicile est le premier auteur, dès le 1er siècle av. ].-C., à faire mention d'un oracle «en Cilicie, à l'endroit où existe, dit-on, un sanctuaire d'Apollon Sarpédonios». L'historien grec relate, dans un fragment conservé par Photios, la consultation accordée par cet oracle au roi de Coélé-Syrie et d'Antioche, Alexandre Balas, au milieu du IIe siècle av. J.-C., Apollon Sarpédonios lui conseilla de se méfier de l'endroit où était né l'être double; cet oracle énigmatique se révéla véridique lors de la mort du souverain à Abai, une cité d'Arabie qui avait vu naître un hermaphrodite.

 

Quelque quatre siècles plus tard, l'oracle cilicien d'Apollon Sarpédonios est toujours en activité.

 

Au vu de ces indications mythologiques et toponymiques, l'implantation de Sarpédon en Cilicie, plus particulièrement dans la région de Séleucie du Calycadnos, est évidente. Cependant, les textes relatifs au centre oraculaire cilicien attribuent l'oracle, non à Sarpédon, mais à Apollon ou à Artémis, tous deux Sarpédoniens. L'implantation du dieu de Delphes à Séleucie s'est produite au plus tard au Ier siècle av. J.C., puisque Diodore de Sicile attribue déjà l'oracle cilicien à Apollon Sarpédonios. Ce dernier a repris à son compte un oracle plus ancien patronné par une figure locale dont il a conservé le souvenir dans son épiclèse.

 

La prise de pouvoir d'Apollon remonte peut-être à la domination des Séleucides, dont le dieu de Delphes était le patron et le protecteur. De plus, l'origine lycienne ainsi que l'ascendance - fils de Zeus - communes de ces deux figures doivent être soulignées. De telles similitudes ont pu favoriser leur rapprochement dans une contrée qui constituait, par ailleurs, un centre privilégié de la mantique apollinienne. Apollon rendait des oracles à Patara, Cyanea et Sura.

 

L'association d'Artémis et d'Apollon dans l'oracle séleucien, autrefois patronné par Sarpédon, est confirmé par la numismatique.

 

La documentation littéraire païenne nous informe donc de l'implantation, en Cilicie, plus précisément à Séleucie du Calycadnos, d'un culte en l'honneur de Sarpédon, supplanté par Apollon Sarpédonios ou Artémis Sarpédonia. Plus qu'un simple culte local, les textes attestent la vocation oraculaire du sanctuaire. Or, la nature de cet oracle peut être précisée par des sources chrétiennes; plusieurs textes hagiographiques relatifs à sainte Thècle révèlent les compétences médicales attribuées à Sarpédon, et endossées par la sainte chrétienne lors de son arrivée à Séleucie. Sainte Thècle est une célèbre figure du christianisme naissant: la formidable expansion de sa renommée est perceptible dans l'enrichissement progressif de sa légende au fil des siècks. Entre les Actes apocryphes de Paul et de Thècle rédigés au plus tard à la fin du Ile siècle ap. J-C. et la Vie et les Miracles de sainte Thècle datés du Ve siècle ap. J-C., la martyre est parvenue à se dégager de l'emprise de saint Paul pour acquérir une personnalité tout à fait indépendante, mise en scène dans des épisodes distincts. Sa légende apparaît comme le résultat d'une élaboration littéraire très intense entre le IIe siècle et le ve siècle ap. J-C. L'histoire de Thècle, telle qu'elle est racontée par les manuscrits les plus récents des Actes de Paul ainsi que par la Vie de sainte Thècle, nous emmène d'Iconium, en Isaurie, où la jeune fille se convertit à l'écoute de la prédication de Paul, jusqu'à Séleucie du Calycadnos, en Cilicie Trachée, où elle accomplit de nombreux miracles de son vivant, mais également après sa mort; son tombeau devient, en effet, un lieu de pèlerinage très réputé, centre d'une véritable cité-sainte édifiée en son honneur. La Vie et les Miracles de sainte Thècle indiquent comment la martyre s'est imposée dans la cité cilicienne au détriment d'un "daimon" païen du nom de Sarpédon ou Sarpédonios. Ce récit chrétien confirme donc la présence, à Séleucie, d'un homonyme du héros lycien, qui n'est d'ailleurs pas le seul occupant païen auquel Thècle se heurte lors de son arrivée. Athéna, Aphrodite et Zeus sont également honorés par les indigènes. D'après l'auteur anonyme59 de ce double recueil hagiographique, la première initiative de Thècle consiste à évincer ces rivaux directs. Pourtant, l'un d'entre eux n'abandonne pas totalement la place et continue de jouir d'un grand crédit auprès des habitants; il s'agit précisément de Sarpédon. Bien que Thècle l'ait réduit au silence dès le premier miraclé, comme l'affirme l'auteur des Thaumata, son nom est encore cité à trois reprises dans le reste du texte.

 

Cette propagande chrétienne vise à affirmer la suprématie de la martyre sur tous ses concurrents. Thècle réussit là où médecins et démons païens avaient échoué.

 

Thècle partageait les compétences divinatoires, notamment médicales d'Apollon Sarpédonios. Mais, par sa nature de femme et de vierge, elle était plus proche d'Artémis, dont les Actes apocryphes indiquent, de plus, le pouvoir de guérison (Cécile Nissen, Un oracle médical de Sarpédon à Séleucie du Calycadnos, 2001).

 

C’est ainsi qu’à Séleucie sainte Thècle détrône Apollon Sarpédonien, qui avait lui-même succédé au héros médecin Sarpédon (Marie Delcourt, Les grands sanctuaires de la Grèce, PUF, 1947, p. 111).

 

Lien avec les quatrains précédents IX, 83 et IX, 84

 

En contraste avec ces mentions gĂ©ographiques très succinctes, la Cilicie, qu'Eschyle a nommĂ©e Ă  propos de SyennĂ©sis le preux, est encore Ă©voquĂ©e Ă  trois autres reprises. Cette province mĂ©ridionale de l'Asie Mineure est rĂ©putĂ©e servir de repaire Ă  Typhon (ou TyphĂ©e), fils de la Terre et de l'Erèbe jusqu'au jour oĂą, vaincu par Zeus, il fut obligĂ© de s'enfuir Ă  travers la mer de Sicile avant d'ĂŞtre enseveli sous l'Etna. [...] La Cilicie est encore citĂ©e, quand, dans Les Suppliantes, le choeur des femmes fugitives maudit le hĂ©raut qui veut de force les embarquer dans le bateau qui les reconduirait en Egypte : «Ah ! ah ! puisses-tu trouver une mort brutale, en errant dans la plaine liquide, poussĂ© par les vents du ciel contre les sables oĂą SarpĂ©don a son tombeau» (AndrĂ© Bernand, La carte du tragique: la gĂ©ographie dans la tragĂ©die grecque, 2008 - books.google.fr).

 

Thècle et Paul

 

Convertie Ă  Iconium par les prĂ©dications de saint Paul, Thècle refusa dès lors d'Ă©pouser celui que ses parents lui destinaient. L'apĂ´tre fut emprisonnĂ© sous l'accusation de rĂ©pandre des idĂ©es subversives et de dĂ©tourner les jeunes filles du mariage. La vierge toujours avide de le voir et de l'entendre, s'introduisit dans le cachot en donnant au geòlier ses pendants d'oreilles et son miroir d'argent. Le juge lit flageller Paul, que l'on chassa de la ville, et Thècle, accusĂ©e par sa mère elle-mĂŞme, fut condamnĂ©e au feu. Un miracle la sauva; elle s'en fut retrouver l'apĂ´tre, qui vivait retirĂ© dans un tombeau construit sur la route de DaphnĂ©; puis tous deux quittèrent Iconium pour se rendre Ă  Antioche de Pisidie. Le premier magistrat de la ville, un Syrien nommĂ© Alexandre, vit la jeune fille, s'en Ă©prit, et, sur la place publique, il osa la saisir et l'embrasser. Thècle rĂ©sista en s'Ă©criant : «Ne fais pas violence Ă  une Ă©trangère et respecte la servante de Dieu !» puis, se jetant sur le tĂ©mĂ©raire, elle lui dĂ©chira sa tunique et lui arracha sa couronne. TrainĂ©e de nouveau devant le tribunal, la sainte est condamnĂ©e aux bĂŞtes. Le jour du supplice venu, on l'expose dans le cirque avec un Ă©criteau portant ce seul mot : SACRILEGE. Un autre miracle la prĂ©serve. Le lendemain, le gouverneur envoie un strator pour la prendre de nouveau et la ramener Ă  l'amphithéâtre. On la dĂ©pouille de ses vĂŞtements, et elle paraĂ®t devant la foule avec un simple diazĂ´ma. Les lions qui devaient l'assaillir, se dĂ©vorent entre eux, et au milieu de ces bĂŞtes rugissantes, la vierge, les bras en croix, prie le Seigneur. FrappĂ© d'Ă©tonnement, le gouverneur ordonne que l'on rende Ă  la sainte ses vĂŞtements et la renvoie absoute. Quelques jours après, possĂ©dĂ©e du dĂ©sir de retrouver saint Paul, elle apprend qu'il est Ă  Myra, en Lycie. Pour se mettre en chemin sans pĂ©ril, elle relève dans la ceinture sa tunique, et, par une couture, la transforme en un vĂŞtement masculin ; puis elle va rejoindre l'apĂ´tre des Gentils (Actes de sainte Thècle) (M. Le Blant, Communication sur le texte des Actes de sainte Thècle, Revue des questions historiques, Volume 23, 1878 - books.google.fr).

 

Comme une des PĂ©lagie, Thècle s'habille en homme :: cf. quatrain IX, 78 - PĂ©lagie, Pelaya - 2161.

 

1584

 

L'attention des historiens des origines chrétiennes a été attirée en ces derniers temps sur les Actes de Thècle par la découverte et la publication de fragments assez considérables, conservés en copte, des Actes de Paul dont on constate que l'apocryphe connu sous le nom d'Actes de Thècle a fait primitivement partie. M. G. HOLZHEY discute fort judicieusement l'origine de cet extrait, et il expose avec beaucoup d'érudition la fortune de la légende au cours des siècles chrétiens : Die Thekla - Akten . Ihre Verbreitung und Beurteilung in der Kirche (Munich, Lentner, 1905, in-8°, 116 pages). On sait par Tertullien que l'auteur de ces fictions, un prêtre d'Asie, avait été d'abord convaincu de fraude et condamné par l'Église. Le roman de Thècle, séparé des Actes de Paul, n'en a pas moins fait son chemin. Détail curieux, la légende de sainte Thècle n'est entrée au bréviaire romain qu'en 1568, au martyrologe romain qu'en 1584, et cette «première martyre» qui d'ailleurs n'a pas existé, n'est pas encore admise aux litanies des saints (Revue historique, Volumes 89 à 90, 1965 - books.google.fr).

 

Marguerite de Valois

 

Marguerite de France ou Marguerite de Valois, surnommée Margot à partir du XIXe siècle, est une princesse de la branche de Valois-Angoulême de la dynastie capétienne, née le 14 mai 1553 et morte le 27 mars 1615. Elle était fille du roi Henri II et de Catherine de Médicis et la sœur des rois François II, Charles IX et Henri III. Par son mariage avec le roi Henri de Navarre, elle devient reine de Navarre en 1572, puis reine de France en 1589 lorsque son époux accède au trône de France sous le titre de Henri IV. Sur la demande de ce dernier et avec l'accord du Pape, elle se démarie en 1599 (fr.wikipedia.org - Marguerite de France (1553-1615)).

 

Après avoir rompu avec Philippe II d'Espagne, les Pays-Bas se cherchent un nouveau prince. Leur regard se porte sur François d'Anjou. En 1579, il est invité par Guillaume d'Orange à devenir le souverain des provinces des Pays-Bas. Le 29 septembre 1580, les provinces (à l'exception de la Zélande et de la Hollande) signent le traité de Plessis-lès-Tours avec François qui prend le titre de protecteur de la liberté des Pays-Bas (fr.wikipedia.org - François de France (1555-1584)).

 

Après le dĂ©part du duc d'Anjou pour les Pays Bas, la situation de Marguerite se dĂ©tĂ©riore. Responsable de cette situation, l’une de ses filles d’honneur, la jeune Françoise de Montmorency-Fosseux, dite Fosseuse, dont son mari s’est Ă©pris alors qu'elle n'a que quatorze ans, et qui est tombĂ©e enceinte. Elle ne cesse de monter Henri contre sa femme, espĂ©rant peut-ĂŞtre se faire Ă©pouser. Le roi de Navarre exige mĂŞme de son Ă©pouse qu’elle couvre sa grossesse. Mais «Dieu voulut qu’elle ne feit qu’une fille, qui encores estoit morte» (MĂ©moires). Finalement en 1582, Marguerite revient Ă  Paris. Elle n'a atteint aucun des deux objectifs qui auraient affermi sa situation. Cependant, les vraies raisons de son dĂ©part sont obscures. Sans doute veut-elle Ă©chapper Ă  une atmosphère devenue hostile, peut-ĂŞtre aussi se rapprocher de son amant Jacques de Harlay, seigneur de Champvallon, grand Ă©cuyer de son frère,, ou soutenir son frère cadet. De plus, Henri III et Catherine la pressent de rentrer, espĂ©rant ainsi attirer Navarre Ă  la cour. Mais elle est accueillie froidement, le roi la tenant pour responsable du dernier conflit. Et la situation se dĂ©grade encore. Alors qu’Henri III alterne vie dispendieuse et crises de mysticisme, Marguerite encourage les moqueries contre ses mĹ“urs et mène une vie scandaleuse - elle serait tombĂ©e enceinte de Champvallon. De plus, elle encourage Alençon Ă  poursuivre son expĂ©dition aux Pays-Bas que le roi souhaite interrompre, craignant une guerre avec l’Espagne. Finalement, en 1583, le roi chasse sa sĹ“ur de la cour, mesure sans prĂ©cĂ©dent qui fait grand bruit en Europe, d’autant plus que le dĂ©part de Marguerite s’accompagne d’humiliations : Henri III, croisant le cortège de sa sĹ“ur, l’ignore ; puis, il fait fouiller sa litière - en quĂŞte de preuves, notamment Ă  propos d’un Ă©ventuel avortement - puis, n'ayant rien trouvĂ©, il fait arrĂŞter certains de ses serviteurs qu’il interroge lui-mĂŞme. De plus, averti des rumeurs, Navarre refuse de recevoir sa femme. Il rĂ©clame Ă  un Henri III embarrassĂ©, des explications, puis des compensations. Marguerite reste pendant huit mois dans l’incertitude, entre la cour de France et celle de Navarre, attendant que les nĂ©gociations aboutissent. Elle est assignĂ©e Ă  rĂ©sidence au château de Cazeneuve Ă  PrĂ©chac. Les bellicistes protestants trouvent lĂ  le casus belli qu’ils attendaient et Navarre en profite pour s'emparer de Mont-de-Marsan, qu’Henri III accepte de lui cĂ©der pour clore l’incident (fr.wikipedia.org - Marguerite de France (1553-1615)).

 

Repoussée par son frère, qui ne Voulait donner aucunes explications n'en ayant pas de bonnes à présenter, refusée par son mari, qui exigeait à bon droit une réhabilitation éclatante après une avanie publique, sans ressources et sans appuis, elle errait sur les bords de la Loire et abritait dans les lieux témoins de ses premiers sourires des jours abreuvés par les plus poignants Soucis. Ses livres de trésorerie permettent de la suivre à travers les nombreuses stations de son exode. En quittant Palaiseau le 10 août, la reine de Navarre se rendit â Saint-Clair, de là à Ablis, à Liray, à Chartres, à Illura, à Châteaudun, à la Ferté, à Marchasnay, à Blois, à Assource, à Amboise, à Chenonceaux, au Plessis-les-Tours, à Chinon, à Champigny, à Fontevrault, à Loudun, à Vendenesse, à Dissay, à Poitiers, à Ruffec, à Vivonne, à Civray, à Villefagnon, Angoulème, Baumais, Jarnac, Châteauneuf, Barbezieux, Chasly, Coutras, Libourne, Cadillac, Saint-Macaire, la Réole, Marmande, au port Sainte-Marie, enfin Agen, où elle arrive le 7 décembre 1583 pour souper et coucher. L'anxiété, qui la dévore, se traduit en plaintes déchirantes adressées à sa mère, dont elle implore la pitié à défaut de tendresse (Leo de Saint-Poncy, Histoire de Marguerite de Valois, reine de France et de Navarre, Tome 2, 1887 - books.google.fr).

 

Huit mois après son départ, Marguerite peut enfin retrouver son mari, qui ne s’est pas pressé pour la rejoindre et lui témoigne peu d’intérêt, passionné qu’il est par sa maîtresse du moment, Corisande. Aux malheurs de Marguerite s’ajoute encore la nouvelle de la mort de François d’Alençon, en juin 1584, ce qui lui fait perdre son plus sûr allié (fr.wikipedia.org - Marguerite de France (1553-1615)).

 

La canal de Craponne et "conflict"

 

Adam de Craponne obtient le 17 août 1554 le droit de prendre l'eau dans la Durance pour la conduire jusqu'à Salon-de-Provence. Il commence les travaux la même année. Le canal part de la basse-Durance, près de La Roque-d’Anthéron, suit la vallée du côté sud pour franchir le «pertuis de Lamanon». L'eau du canal alimente les fontaines de Salon-de-Provence et fournit l'eau nécessaire à l'irrigation des sols arides de la Crau, au sud des Alpilles, avant d’atteindre l'étang de Berre en suivant un parcours très sinueux. L'eau arrive à Salon en 1559.

 

Le 3 mai 1581, les frères Ravel, anciens anniveleurs d'Adam de Craponne, obtiennent des consuls d'Arles le droit de construire un canal pour arroser la plaine de la Crau. Ils ont demandé et obtenu l'appui de Robert de Montcalm, conseiller du roi et président en sa cour du parlement d'Aix qui a consacré une partie de sa fortune pour les aider à construire dans un temps record le canal d'Arles (fr.wikipedia.org - Canal de Craponne).

 

Robert de Montcalm fut donc le grand argentier du canal de Craponne (branche d'Arles), mais il en fut aussi le protecteur et le sauveur : le dĂ©versement des eaux de fuite dans la Lagaresse colmata les canaux des vuidanges qui passaient sous le Pont de Crau, des fièvres malignes Ă©clatèrent engendrant des Ă©meutes populaires : c'est ainsi qu'en 1584 les associĂ©s du canal d'Arles furent contraints d'Ă©difier l'aqueduc du Pont de Crau pour franchir les marais du Pont de Crau et aller en toute sĂ©curitĂ© jeter la fuite du canal au  RhĂ´ne. Une nouvelle transaction du 22 AoĂ»t 1585 avalisa, Ă  l'initiative de Robert de Montcalm, le nouvel ouvrage d'une dĂ©pense considĂ©rable et d'une exĂ©cution difficile et en rĂ©partit les frais entre tous les associĂ©s Ă  l'exclusion des frères Ravel. Le 3 octobre 1585 pour tenir tĂŞte aux intrigues haineuses de Valentin de Crille et de Richard Sabatier second consul de la ville d'Arles qui poussaient la populace Ă  dĂ©molir les moulins du Pont de Crau, la  Cour du Parlement d'Aix, sur la requĂŞte du sire Robert de Montcalm et peu avant son dĂ©cès, assigna les sieurs de Crille et de Sabatier Ă  comparaitre devant sa juridiction le 4 novembre 1585 : en cette Circonstance Robert de Montcalm avait sauvĂ© le canal d'Arles de la ruine totale (Albert Waton-Chalbert, Robert de Montcalm et le financement du Canal de Craponne, Provence historique: revue trimestrielle, Volume 8, 1958 - books.google.fr).

 

Amazones

 

Le canal de Craponne et la branche d’Arles sont assez loin de Saint Paul de Mausole. Le combat ("conflict") près de Saint Paul pourrait être plutôt celui des Amazones représenté sur le mausolée des Julii.

 

Au dĂ©but du traitĂ© des Fardements, Nostradamus se dit "Sextrophaea natus Gallia" (natif de Gaule oĂą se trouve le trophĂ©e de Sextus, i.e. Saint-RĂ©my), en l'occurence le cĂ©notaphe des Julius, auquel il fait allusion au quatrain V 57. Il signe son faciebat du nom de MichaĂ«l Nostradamus Sextrophaeanus (originaire du lieu oĂą se trouve le trophĂ©e de Sextus). Le cĂ©notaphe ou mausolĂ©e des Julii, en face de Glanum, aurait Ă©tĂ© Ă©difiĂ© dans les annĂ©es 30-20 BC par les frères Sextus, Lucius et Marcus Julius en l'honneur de leur père Caius et de leur grand-père, officier de CĂ©sar. ConstituĂ© d'un socle ornĂ© de bas-reliefs reprĂ©sentant des scènes Ă©piques (de l'ouest au sud : combat d'infanterie, de cavalerie, lutte contre les Amazones, chasse au sanglier), d'un quadruple arc de triomphe aux colonnes corinthiennes (quadrifons) contenant une inscription sur la face nord, et d'une rotonde Ă  dix colonnes corinthiennes (tholos) au sommet, abritant, on le suppose, le père et le grand-père des Jules (tĂŞtes reconstituĂ©es). Il fait face Ă  un Arc de Triomphe plus tardif (Ă©difiĂ© vers 25 AD et dont la partie supĂ©rieure a Ă©tĂ© dĂ©truite), Ă©voquant la conquĂŞte de la Gaule (Patrice Guinard - Excellent & moult utile Opuscule (Analyse du TraitĂ© des Fardements et des Confitures), 2015 - cura.free.fr).

 

D'autant que Thècle fut comparée à une Amazone :

 

Saint Isidore de Damiete Ă©crivant Ă  un Monastere de filles de la ville d'Alexandrie, leur mande qu'apres l'exemple de Judith, de Susanne, de la fille de JephtĂ©, qu'elles n'ont plus d'excuse d'alleguer la foiblesse de leur nature. Ajoutez (leur dit-il) Ă  ces genereuses guerrières les premices de toutes les Martyres, cette fameuse Amazone, qui la premiere de son sexe, a erigĂ© tant de trophĂ©es Ă  la chastetĂ© victorieuse : je veux dire Thecle si celebre & si renommĂ©e de tout le monde : sa vie est comme une colonne inĂ©branlable sur la terre, qui sera un monument eternel de la vertu, & qui servant aux vierges d'un second phare pendant la nuit tenebreuse de ce siecle leur montrera le chemin quelles doivent suivre, afin de ne pas faire naufrage dans la mer orageuse des affections turbulentes de la chair, mais d'arriver Ă  ce port defirĂ© oĂą elle est si heureusement parvenuĂ« (Basile de CĂ©sarĂ©e, La vie de sainte Thècle, première martyre de son sexe, dĂ®ciple de l'apĂ´tre s. Paul, traduit par M. de La ChĂ©tardie, 1668 - books.google.fr).

 

Diodore mentionne un lien entre les Amazones et la Cilicie. Quand ces dernières faisaient la conquête de l'Asie Mineure, les Ciliciens, au lieu de leur résister, leur firent bon accueil si bien qu'ils ont depuis été connus sous le nom de «Ciliciens Eleuthero [libres]» (Adrienne Mayor, Les Amazones: Quand les femmes étaient les égales des hommes (VIIIe siècle av J.C - Ier siècle apr.J.C.), traduit par Philippe Pignarre, 2020 - books.google.fr).

 

Amazones chez les Valois

 

Au-delĂ  de la mode littĂ©raire, ou du simple jeu Ă©rudit, cette utilisation de la figure des Amazones Ă  la cour des derniers Valois relève aussi d'une symbolique politique que les tĂ©moins s'appliquaient parfois Ă  interprĂ©ter. Ainsi, lors des noces de Henri de Navarre et Marguerite de Valois, une course de bague a-t-elle lieu dans la cour du Louvre. Ce 21 aoĂ»t, le roi de Navarre et les siens sont repoussĂ©s vers un Enfer par le roi et ses frères. Ils en sortent grâce aux «suffrages d'amour», ce que l'historien MĂ©zeray ne manque pas de lire comme «l'avant-jeu d'une funeste tragĂ©die.» La course oppose en effet les hommes du parti catholique (le roi, ses deux frères, les ducs de Guise et d'Aumale) vĂŞtus en Amazones, aux hommes de la suite du roi de Navarre vĂŞtus Ă  la Turque. Comme le suggère Roy Strong, il s'agit d'abord de se livrer entre partis opposĂ©s un combat pacifique qui exprime en mĂŞme temps un attachement commun Ă  la couronne. Jacqueline Boucher y voit aussi un hommage aux dames de la cour qui assistent aux combats : il s'agit de cĂ©lĂ©brer leurs vertus mais aussi la prĂ©sence parmi elles de femmes fortes ; dont la reine mère qui se trouve aux premières loges. Peut-ĂŞtre faut-il voir aussi dans ce combat de 1572 la mĂ©taphore d'une alliance matrimoniale dans laquelle l'Ă©pouse, par sa qualitĂ© de princesse royale et son attachement Ă  la foi catholique, affirme ses prĂ©rogatives et sa grandeur, mĂŞme dans la soumission Ă  son mari ? (Sylvie Steinberg, Le mythe des Amazones, Royaume de fĂ©mynie: pouvoirs, contraintes, espaces de libertĂ© des femmes, de la Renaissance Ă  la Fronde, 1999 - books.google.fr).

 

Amazones d'Aquitaine

 

LXVII. Auant que clorre la gloire des Gots, que le destin a totalement éteinte, la raison veut, qu’on ressuscite l'illustre gloire des Amazones, puis qu'elles sont de race & nation Gothique: desquelles l'Archeuéque Iornandes dit en son histoire des Gots, qu'en leurs premieres peregrinations & conquétes, les Gots ayans laislé leurs femmes & bagage en vne prouince par eux conquise, & paffans outre & s'en éloignans, ces femmes ainsi delaissees furent affaillies par les voisins de la prouince conquise, qui en amenerent plusieurs prisonniers : mais en fin les autres femmes faisans tête & resistans auec les armes, chasserent & vainquirent ces pillards, qui les assailloient. Desquels succez leurs courages furent tellement éleuez, qu'elles éleurent pour étre leurs chefs & càpitaines les plus courageuses, qui furent Lápeta & Marpesia: sous la conduite desquelles, & de celles qui leur succederent, ces Amazones conquirent par les armes l’Armenie, Syrie Cileze, dite aujourd'hui Caramanie, la Galatie ou Gaulegrece, & toutes les villes de l'Asie, & donnerent jusques au mont Caucase: à l'entree duquel imposèrent le nom au rocher, de Marpezie l'vne de leurs chefs. Soumirent, aussi par les armes à leur domination l'Æolie & plusieurs autres païs, qu'elles reduisient en prouinces. Et apres, qu'elles eurent regné cent ans en Asie, reprindrent le chemin vers le mont Caucase.  [...]

 

LXXIII. De cette generosité des femmes des Gots, qui furent ces Amazones, restent encores des marques en l'Aquitaine; où les Wisigots ont commandé plusieurs siecles: & cette generosité de courage paroit & vient par fois, comme à reviure & se ralumer aux familles nobles, & illustres des prouinces d’Auuergne, de Limosin, de Perigord, & de la Gascogne. Nous auons veu en nos jours Madame la Maréchale de Biron en Perigord, la Damoiselle de sainte Cristie en la Gascogne pres la ville d'Auch, monter à cheual, manier les cheuaux plus addroits : dresser les plus fougueux ; aller à la chasse des grosses bétes; tirer de l'harquebuse ; & faire tous les exercices, que font les plus vigoureux & addroits gendarmes : lesquelles sont decedees n'a pas huit ans (Antoine de Lestang, Historie des Gaules et conquetes des Gaulois en Italie, Grece et Asie, 1618 - books.google.fr).

 

La Maréchale de Biron, Jeanne d'Ornezan, est la femme d'Armand de Gontaud-Biron (vers 1521 - 1592), di le boiteux, désigné maire de Bordeaux par Henri III pour s'opposer à Henri de Navarre qui était gouverneur de Guyenne et auquel il est l'un des premiers à se rallier (Histoire des maires de Bordeaux, 2008 - books.google.fr).

 

Jeanne, dame d'Ornezan et de Saint-Blancard est la fille et héritière de Bernard, seigneur d'Ornezan, lieutenant-général des galères du roi, et de Jeanne de Comminges qui avait été une des dames qui avaient accompagné Élisabeth d'Autriche, femme de Charles IX, à son entrée dans Paris (fr.wikipedia.org - Armand de Gontaut-Biron).

 

Typologie

 

Le report de 2166 sur la date pivot 1584 donne 1002.

 

Ibrahim ibn Ya'qub al Isrâîlî at-Turtûshî, soit Abraham Ben Jacob, aussi transcrit Ibn Jakub ou Ben Jakub ou Ibrahim Ibn Jaqub, est un commerçant et voyageur espagnol du Xe siècle Le compte rendu qu'il a rédigé en arabe au retour de son voyage en Europe n'a pas été conservé. Il est seulement connu par des citations dans les ouvrages d'auteurs postérieurs. Ce voyage l'a porté à Utrecht dans les Pays-Bas en passant par Dax, Bordeaux, l'Île de Noirmoutier, Saint Malo, Rouen. Il a ensuite traversé le Saint-Empire, en passant par Mayence, Fulda, et Soest en Saxe, en visitant les terres slaves jusqu'à Magdebourg, sur l'Elbe, où il rencontre Otton 1er, alors roi des Francs mais pas encore couronné empereur. Il se rend ensuite au royaume des Tchèques à Prague puis sur les bords de la Vistule en Pologne, dans la ville commerciale de Cracovie. Il entre enfin en Italie où il rencontre à nouveau Otton 1er à Rome, qui y est couronné empereur le 2 février 962. Il regagne al-Andalus en passant certainement par la Sicile (fr.wikipedia.org - Ibrahim ibn Ya'qub).

 

Étrangement, Ibràhim se fait écho d'une légende sur une ville uniquement habitée par des femmes qui rappelle l'histoire des Amazones et qui lui a été transmise par l'empereur Othon Ier lui-même, comme le rapporte al-Bakrifie, qui situe cette ville à l'occident des Borusses. C'est cependant al-Qazwini qui nous a conservé la notice la plus complète disant : «La Ville des femmes est une grande ville dans une île de la mer occidentale. Sa population est constituée de femmes sur lesquelles il n'y a aucune autorité masculine. Elles montent à cheval et vont à la guerre. Elles sont très courageuses lors des combats. Elles disposent d'esclaves qui changent de maîtresse chaque nuit. L'esclave reste avec sa maîtresse toute la nuit. Il prend place au soir et il sort anonymement quand l'aurore pointe. Si l'une d'entre elles donne naissance à un garçon, elle le tue à l'instant, mais si c'est une fille, elle la laisse [vivre]. Selon al-Turtusi la ville des femmes existe, il n'y a pas de doute.»

 

Cette ville ou île légendaire se retrouve dans la littérature occidentale médiévale. Paul Diacre (ca 720-797) dans son Histoire des Lombards après avoir relaté le combat de Lamusio - futur roi des Goths - avec une Amazone, ajoute «J'ai effectivement moi aussi entendu dire qu'un peuple de ces femmes existe encore aujourd'hui dans les profondeurs de la Germanie.» Et au XIe siècle, Adam de Brême dans son Histoire des archevêques de Hambourg cite à plusieurs reprises une terra feminarum sur le littoral de la mer Baltique, et précise : «Dans cette mer [la mer Baltique], les îles sont nombreuses, toutes remplies de Barbares, et pour cette raison, elles sont évitées par les navires. Ainsi, on rapporte qu'autour des rives de la mer Baltique, il y a des Amazones, là où on donne maintenant le nom de terra feminarum. Certains disent qu'elles conçoivent par une gorgée d'eau, d'autres rapportent qu'elles deviennent enceintes de ces commerçants qui passent par là, ou de ceux qu'elles ont comme prisonniers, ou d'autres monstres, ce qui n'est pas si étrange que cela, et nous le croyons même digne de foi.» (Jean-charles Ducene, L'Europe et les géographes arabes du Moyen Age, 2018 - books.google.fr).

 

Les Européens se sentent également bien éloignés des populations qui vivent au Nord dans les pays scandinaves, d'où leur effroi au moment des invasions du IXe siècle. Dans ces régions de l'ombre vivent des êtres assez monstrueux que certains imaginent tels les cynocéphales dont parle le moine de Corbie Ratramne vers 850. Les navigateurs doivent éviter les nombreuses îles peuplées de barbares où vivent des Amazones, des bergers magiciens qui attirent des monstres marins sur la plage. Adam de Brême reprendra toutes ces légendes, au XIe siècle. [...]

 

Gerbert d’Aurillac regarde-t-il au-delĂ  de l'Occident latin ? Dans quelques lettres, il rappelle les exploits d'Otton III chez les Slaves en employant le mot Scythie ou Sarmates : «Ce que l'on appelle dans sa langue les Wendes». Mais pour les dĂ©signer il n'utilise pas le mot de Barbares. Au contraire, lorsqu'Ă  deux reprises il parle de Barbares, c'est pour opposer, semble-t-il la culture latine Ă  la culture des gens du Nord. Dans deux lettres Ă  Raymond d'Aurillac, il Ă©crit : «Nous sommes possĂ©dĂ©s d'un grand amour pour vous, Latins et Barbares le savent, eux qui participent aux fruits de nos travaux». Dans l'autre lettre, le mot Barbare est utilisĂ© dans un sens pĂ©joratif «La sauvagerie des Barbares m'a Ă©puise». Le mot barbare n'est pas très utilisĂ© Ă  l'Ă©poque. Nous le retrouverons employĂ© dans un autre sens chez Richer (Pierre RichĂ©, Les Lumières de l'an mille, 2013 - books.google.fr).

 

Cf. IX, 74 - En Suède - 2158.

 

Cilicie, an mille

 

Complètement ravagée par les incessantes destructions causées par l'une ou l'autre partie, la Cilicie redevient donc byzantine en 965. Les musulmans ne la réoccuperont définitivement que quatre siècles plus tard, à la chute du royaume arménien. La frontière arabo-byzantine passe ainsi du Taurus cilicien à l'Amanus (Claude Mutafian, La Cilicie au carrefour des empires, Tome 1, 1988 - books.google.fr).

 

En 999, Basile II doit de nouveau abandonner le théâtre bulgare. En effet, le calife fatimide Al-Hakim bi-Amr Allah, successeur d'al-Aziz Billah, inflige une déroute au duc d'Antioche Damien Dalassène qui est tué en combattant (19 juillet 998). Le basileus a comme but de dégager Antioche, ensuite de soumettre les émirs et de s'assurer l'obéissance de ceux qui étaient les vassaux de l'Empire. Basile est à Antioche le 20 septembre, il s’empare de Césarée et de Homs (en octobre), mais échoue devant Tripoli (6-17 décembre) (fr.wikipedia.org - Basile II).

 

La nouvelle campagne victorieuse répète le scénario précédent. Après quoi Basile II entre en Ciliciel pour passer l'hiver 999-1000. L'empereur séjourne pendant six mois avec ses troupes sur le territoire de Misis et de Tarse, dans l'intention de retourner en terre musulmane. Mais Basile II modifiera ses projets. L'annonce de la mort du roi de Géorgie l'incite à sortir de Cilicie vers le nord-est et à se diriger par Malatya vers le Caucase où il ambitionne de réunir à la couronne byzantine les royaumes chrétiens géorgien et arméniens. En 1001, il signe pour ce faire une trêve de 10 ans avec le calife fatimide Hakim (Claude Mutafian, La Cilicie au carrefour des empires, Tome 1, 1988 - books.google.fr).

 

Les premiers voyageurs européens ont rapporté l'existence de guerrières chez les peuples situés au croisement de l'Eurasie. Comme les Européens connaissaient bien les mythes gréco-romains concernant les Amazones, cela justifie d'être prudent. Au XVIIe siècle, des Européens qui ont voyagé en Géorgie ont rapporté des faits qui rappellent les expériences de

Pompée en Ibérie et Albanie. Comme dans le cas de Partu Patima, ces récits ne viennent pas de l'Antiquité classique mais sont la preuve de l'existence de femmes faisant la guerre au début de l'époque moderne dans l'ancienne Colchide sur la côte de la mer Noire, le point situé le plus à l'est atteint par Jason et les Argonautes, un territoire associé aux Amazones, et l'endroit où Hypsicratia et Mithridate trouvèrent refuge chez des tribus alliées pour échapper à Pompée (Adrienne Mayor, Les Amazones: Quand les femmes étaient les égales des hommes (VIIIe siècle av J.C - Ier siècle apr.J.C.), traduit par Philippe Pignarre, 2020 - books.google.fr).

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