Le Songe de Scipion et Persée IX, 84 2165-2166 Roy exposé parfaira l'hecatombe ; Apres avoir trouvé son origine, Torrent ouvrir de marbre & plomb la
tombe, D'un grand Romain d'enseigne Medusine. Persée, enfant
exposé et roi de Tirynthe On retrouve souvent une exposition dans les légendes des héros de la mythologie grecque, Pâris fut exposé sur le mont Ida, Edipe sur le Cithéron, Moïse livré aux flots etc. C'est l'analyse de certaines séquences de la vie de Persée que je vous propose après quelques détours. On retrouve en effet, ce même thème dans de nombreux contes populaires du monde entier où l'enfant est abandonné, vendu à un étranger, mis au four à la naissance d'un frère cadet... Il faut souligner également l'intérêt des ethnologues pour la description des très nombreux rituels d'exposition, par exemple en Grèce mais aussi en Kabylie et chez certaines ethnies d'Afrique Noire. Dans la mythologie grecque classique, on distingue au moins deux situations paradigmatiques où l'enfant est deux-fois-né : 1) Le transfert du foetus du ventre maternel dans le corps maternelle, tel l'avalement par Zeus de Métis enceinte d'Athéna. On sait qu'Athéna naîtra de la tête de Zeus après un coup de hache donné par Héphaïstos. Quant à Dionysos, alors que sa mère Sémélé est enceinte de 6 mois, elle est foudroyée par Zeus qui, pour sauver son enfant va le coudre dans sa cuisse. Cest une variante de l'exposition mythologique. Nous allons ici nous attarder sur le deuxième paradigme : 2) Après la naissance, on éloigne l'enfant et on le soumet à un milieu hostile. Prenons la légende de Persée et sortons en quelques éléments importants pour notre propos. Persée enfant deux-fois-né, est le fils de Zeus et de Danaé fille d'Acrisios, le roi d'Argos. L'oracle prédit à Acrisios que sa fille aurait un fils qui le tuerait. Acrisios prit peur et pour empêcher l'accomplissement de l'oracle enferma sa fille avec sa nourrice dans une chambre en bronze creusée sous terre. Zeus alors se transforma en pluie d'or, entra par une fente du toit et séduit la jeune fille. De là naquit Persée. Il grandit quelques mois dans cette chambre, mais un jour Acrisios entendit des cris d'enfant ; il comprit alors que sa ruse avait été déjouée. Il mit l'enfant et sa mère dans un coffre en bois, sur les vagues pour qu'ils périssent. Dans ce mythe, l'enfant est accompagné de sa mère ; c'est un cas très particulier, en général, l'enfant est exposé seul ce qui accroit sa vulnérabilité (Marie Rose Moro, D'où vient ces enfants si étranges ?, L'Enfant exposé, Volume 12 de Nouvelle revue d'ethnopsychiatrie, 1989 - books.google.fr). La variante suivant laquelle Danaé est enfermée dans une tour plutôt que dans une chambre souterraine remonte à Horace, suivi par Ovide. Xénophon rapporte dans sa Cyropédie que Cyrus II descend de lui (fr.wikipedia.org - Persée). La Cyropédie est traduite au XVème siècle par Vasco de Lucène pour Charles le Téméraire : cf. quatrain IX, 81 - Saint Omer et la mort de Charles le Téméraire - 2163. Après avoir tué Méduse et délivré Andromède, Persée rentre à Argos avec sa mère Danaè et son épouse. A son approche, le vieux roi Acrisios, craignant de voir enfin l'oracle s'accomplir, s'enfuit chez les Pélasges de Thessalie; mais la destinée annoncée par les dieux l'atteindra dans sa retraite. Aux jeux funèbres célébrés par le roi de Larissa en l'honneur de son père, Acrisios se trouva, sans le savoir, en face de Persée qui, à la lutte du pentathle, lança involontairement son disque à la tête de son aïeul. Acrisios mourut sur le coup. Persée, rougissant d'avoir à recueillir l'héritage de celui qu'il avait tué, ne voulut pas rentrer à Argos. Il se rendit à Tirynthe auprès du fils de Prætos, Mégapenthès, et échangea avec lui son royaume. Mégapenthès devint roi des Argiens. Persée régna sur Tirynthe et sur Mycènes; il fut l'ancêtre de la famille des Perséides, d'où sortira Hercule (Paul Decharme, Mythologie de la Grèce antique, 1886 - books.google.fr). "hécatombe" Les Hyperboréens, dont le nom se lisait déjà dans Hésiode et dans les Epigones d'Homère, sont un peuple mythique qu'on supposait demeurer par delà le Borée, c'est-à -dire au nord de l'Hémus et des monts de la Thrace, où le vent glacial du septentrion était censé prendre naissance. Les Grecs primitifs, qui n'avaient pas franchi ces chaînes de montagnes, les prenaient pour les limites de leur monde, et ils avaient imaginé que derrière cette haute muraille était une autre terre que ne désolait jamais le Borée ou l'Aquilon, et qu'habitait le peuple du monde antédiluvien. Ecoutons Pindare : «Les Muses ne sont point étrangères aux mœurs des Hyperboréens : partout retentissent chez eux la voix des jeunes filles qui dansent en chœur, les lyres bruyantes et les sons éclatants de la flûte. Les cheveux ceints de lauriers d'or, ils se livrent gaiement aux délices de la table. Ni la maladie, ni la débile vieillesse n'approchent de cette race sainte. Ils ne connaissent point les fatigues et les combats, et vivent à l'abri des coups de la juste et sévère Némésis.» C'est l'âge d'or d'Hésiode transporté dans les temps postdiluviens et vers le nord de la Grèce. Dans le même hymne, Pindare dit encore : « Ni par mer, ni par terre vous ne trouverez la route merveilleuse des contrées où les Hyperboréens vivent dans des fêtes continuelles. Persée seul y pénétra jadis ; il entra dans leurs demeures, et assista à ces magnifiques hécatombes d'ânes qu'ils immolent à Apollon. Ce Dieu prend un extrême plaisir à leurs fêtes, à leurs acclamations de joie, et sourit en voyant ces animaux vigoureux bondir et se débattre sous la main du sacrificateur. » Ces hécatombes d'ânes sont fort extraordinaires. L'âne doit être ici un animal typhonien, ahrimanien, le symbole du dieu du mal qui fait sans cesse la guerre au soleil, à la lumière, à la santé, à la vie. Apollon se plaît à voir ses adorateurs s'associer à ses combats et lui égorger par centaines les représentants symboliques d'un dieu plein de force qui se débat en vain sous le fer qui l'immole. Mais cette lutte d'un Apollon=Ormuzd et d'un Satan anonyme est une intuition étrangère à la religion des Grecs d'Homère et de Pindare. Il y a là quelques débris des croyances primitives. Ce qui est plus étrange encore, c'est que, d'après une inscription grecque, à Délos on offrait à Apollon des sacrifices d'ânes (Frédéric de Rougemont, Le peuple primitif: Sa réligion, son histoire et sa civilisation, Seconde partie, Tome 3, 1857 - books.google.fr). L'âne est l'animal typhonien par excellence. Typhon était «devenu en Egypte à basse époque, un démon et l'incarnation du mal». L'âne dit encore Plutarque «portait la peine de sa ressemblance avec Typhon tant à cause de sa stupidité que de sa lubricité que de sa couleur» (âne roux comme Typhon lui-même) (Sandra Sichet, La magie en Afrique du Nord sous l'Empire Romain, Tome 2, 2002 - books.google.fr). Pour Typhon, auteur des tremblements de terre, cf. IX, 83. Le Triomphe des
Vertus chrétiennes, suite de huit tapisseries de Bruxelles du XVIe siècle :
Scipion et Méduse En mai 1959, la Société Nationale du Crédit à l'Industrie, sur faire démolir son immeuble du Boulevard de Waterloo, confiait à nos Musées Royaux d'Art et d'Histoire le dépôt temporaire d'une suite de huit tapisseries bruxelloises de l'époque de la renaissance, qu'elle avait acquise à Londres en l953. L'occasion s'offrait donc pour nous, tout-à -fait inattendue, non seulement de la présenter dans nos galeries d'exposition, mais aussi de l'examiner et de la faire connaître. Cette tenture complète en huit pièces tissées de laine et de soie, est consacrée au Triomphe des Vertus chrétiennes théologales et cardinales. Elle semble avoir été ignorée des historiens de la tapisserie jusqu'à sa vente chez Christie le 10 décembre 1953. Le catalogue de vente nous apprend qu'elle appartenait alors à une «Lady» et provenait de la collection de Sir Percy French, ancien Ambassadeur de Grande-Bretagne à St. Pétersbourg. L'interprétation du sujet traité – glorification des Vertus sous la forme spectaculaire d'un cortège triomphal renouant avec les «triomphes» des empereurs et des généraux de la Rome antique - est singulièrement caractéristique de l'idéal humaniste et italianisant auquel obéit l'art flamand dès la première moitié du XVIe siècle. Chacune des jeunes femmes incarnant les Vertus trône sur un char de parade avec la majesté d'une déesse de l'Olympe. Des personnages l'escortent ou lui rendent hommage, des épisodes se déroulent autour d'elle, figures significatives ou faits édifiants empruntés aussi bien à la mythologie antique, à la Bible, à l'histoire ou à la philosophie. Des attributs des emblèmes, des animaux symboliques, contribuent à souligner les caractères distinctifs de chaque vertu personnifiée et à corser au goût du temps le contenu idéologique de ces «triomphes» chrétiens. […] Reine des vertus cardinales, la Justice trône en souveraine, la couronne au front, sur un char se dirigeant vers la gauche. D'une main elle tient la balance symbolique du jugement équitable avec laquelle elle pèse les bonnes et les mauvaises raisons des hommes , et en même temps elle brandit une épée , attribut de son pouvoir exécutif qui est de châtier les coupables et d'assurer par la menace le respect des sentences . Son nom IVSTIA (Justitia) se lit sur la lame du glaive. [...] Parce qu'elle conçut son fils Isaac contre toute attente, par la volonté de Dieu, Sara , femme d'Abraham, est une figure bien connue de la Vierge Marie. D'autre part, le patriarche Joseph, fils de Jacob, dont la vie entière annonce les principaux faits de la vie du Sauveur, est considéré comme la huitième figure du Christ. Leur commune présence à la tête du char de la Justice a donc une signification très haute. Elle est une allusion non seulement à la justice mais à la miséricorde divine, non seulement au Souverain Juge des hommes, mais aussi à la céleste avocate qui intercède auprès de lui pour le pardon des pécheurs. Les deux licornes que chevauchent Joseph et Sara contribuent à renforcer ce parallélisme typologique. Symbole de la chasteté, le licorne est la monture qui convient entre toutes à la représentante de la Vierge des vierges. Figure du Christ incarné, elle aide à reconnaître l'image du Sauveur dans le patriarche Joseph qui fait corps avec elle. Sous les licornes qui le piétinent, un souverain couronné, renversé sur le sol, est sur le point d'être broyé par les roues du char triomphal. Il s'agit évidemment de la figure d'un vice vaincu par la Justice. D'habitude celle-ci foule aux pieds son plus grand ennemi Néron, personnification de l'iniquité. Sans doute en est-il de même ici, bien que le nom du cruel empereur soit très altéré et devenu NARIS. A l'antiquité romaine d'autres emprunts encore sont faits. Tout d'abord la figure du guerrier dénommé SCIPIO qui semble courir au combat à l'avant du char, la lance à la main, le bouclier à tête de méduse au bras. Scipion l'Africain, le glorieux capitaine qui mit fin à la seconde guerre punique et obtint le triomphe, compte au nombre des hommes illustres de tous les temps que la renaissance associe volontiers aux figures des Vertus, même s'ils sont loin d'être irréprochables. Il est en quelque sorte ici l'incarnation de la force invincible et triomphante de la Justice (M. Calberg, Le Triomphe des Vertus chrétiennes : Suite de huit tapisseries de Bruxelles du XVIe siècle, Revue belge d'archéologie et d'histoire de l'art, 1960 - books.google.fr). "torrent" : Torrentius Ode IX, Livre V : Io Triumphe, nec
Jugurthino parem Bello reportasti ducem, Neque Africano, cui
super Carthaginem Virtus sepulchrum condidit. (Divin Triomphe, vous n'avez jamais ramené un si grand Capitaine, ni Marius aprés la défaite de Jugurtha, ni Scipion aprés la guerre d'Afrique, quoy que la superbe Carthage soit le glorieux monument de ses grands exploits). CUI SUPER CARTHAGINEM VIRTUS SEPULCHRUM CONDIDIT : Les Interpretes ont trouvé ce passage fort difficile, & il l'est effectivement ; car on ne sait point de quel Scipion Horace a voulu parler. Torrentius & le vieux Commentateur pretendent que c'est du grand Scipion, & Lambin veut que ce soit de Scipio Æmilianus qui ruina Carthage, & qui estoit le petit fils adoptif du premier. La dernière opinion paroît d'abord la plus plausible; car il semble qu'il y ait plus de raison de dire, que Carthage détruite est le monument de la gloire du dernier Scipion , qu'il n'y en a de dire que Carthage debout est le monument de la gloire du premier ; cependant je croy que l'on doit suivre l'avis de Torrentius qui a fort bien veu qu'Horace a eu égard icy à une circonstance fort remarquable de l'Histoire du grand Scipion, qui aprés avoir défait Annibal, & soumis Carthage, ne trouva que de l'ingratitude dans sa patrie, & fut obligé d'aller finir ses jours à Linternum, où il fut enterré par la femme fans éclat & sans bruit. Horace dit donc que le courage & les grandes actions du vieux Scipion lui avoient élevé dans Carthage un tombeau plus magnifique, & plus durable que n'auroit été celui que les Romains lui auroient dressé, s'ils avoient été moins injustes (Horace, OEuvres, Tome 5, traduit par Dacier, 1691 - books.google.fr). L'Horace de Laevinus Torrentius ou Liévin Vanderbeke (1525-1595), le savant prélat belge, parut en 1602 (Anvers). Il fut évêque d'Anvers en 1587, archevêque de Malines en 1594 et mourut à Bruxelles. Le commentaire de Torrentius est très estimé. Cf. II, 33 - Mécanique - 1655-1656. William Percy Dans un mémoire envoyé au cardinal Cajetan en 1596, William Percy signe : «D. Guilielmus Perseus, aliquando alumnus seminarii Duaceni, postea S. Theologia doctor Parisiensis, qui nunc propter tumultus in Gallis versatur in Belgio» : Perseus (Persée) alumnus au séminaire de Douai, docteur en théologie de Paris (Léon van der Essen, Armand Louant, Correspondence D'Ottavio Mirto Frangipani, Premier Nonce de Flandre (1596-1606), Analecta Vaticano-Belgica: Nonciature de Bruxelles, Volume 3, 1956 - books.google.fr). Dr.
William Percy (Pearse or Persens) was ordained priest at Douai in 1578, and
afterwards resided chiefly in Paris or Brussels. He, with Dr. Stapleton, was
requested by Cardinal Sebastian Cajetan,Â
Protector of England, to advise the Nuncio at Brussels regarding English
affairs in 1598 (Thomas
Graves, The Archpriest Controversy, Volume 2, The Camden Miscellany, Volume 58,
1898 - books.google.fr). Torrentius était en correspondance avec William Percy (lettre du 22 mai 1587) : il "le remercie de lui avoir envoyé le texte de la thèse qu'il a défendue à Paris ; souhaite le voir rentrer en Angleterre pour y enseigner ; en attendant, lui offre ses services" (Marie Delcourt, Jean Hoyoux, Laevinus Torrentius Correspondance II, 1953 - books.google.fr). Tombeau des
Scipions Plutarque parle de l'opinion de ceux qui plaçoient le tombeau de Scipion auprès de Rome; mais ils confondoient évidemment le tombeau des Scipions et le tombeau de Scipion. Tite-Live affirme que celui-ci étoit à Literne, qu'il étoit surmonté d'une statue, laquelle fut abattue par une tempête, et que lui, Tite-Live, avoit vu cette statue. On saviot d'ailleurs par Sénèque, Cicéron et Pline, que l'autre tombeau, c'est-à -dire celui des Scipions, avoit existé en effet à une des portes de Rome. Il a été découvert sous Pie VI; on en a transporté les inscriptions au musée du Vatican : parmi les noms des membres de la famille des Scipions trouvés dans le monument, celui de l'Africain manque (François-René vicomte de Chateaubriand, Voyage en Italie, 1833 - books.google.fr). Admis dans l'amitié de Scipion l'Africain, le poète Ennius l'accompagna dans ses campagnes, et le héros ordonna par son testament d'ensevelir le poète dans le tombeau des Scipions (Émile Lefranc, Histoire élémentaire et critique de la littérature: Littérature latine, 1838 - books.google.fr). Si on a trouvé un buste d'Ennius, qui chanta les victoires de Scipion l'Africain, dans le tombeau des Scipions à Rome il n'y fut pas enterré (Antoine Nibby, Itineraire de Roma et de ses environs, 1860 - books.google.fr). "plomb" Le plomb fait partie des éléments que l'on trouve dans les tombes romaines. On a découvert à Marseille des tombeaux romains en briques, en plomb, et des monolithes extraits sur les lieux mêmes, quelques ossuaires en plomb et en verre, le tout contenant des ustensiles, lacrymatoires, lampes, colliers, armes et monnaies (Michel Clerc, Massalia: Histoire de Marseille dans l'antiquité, des origines à la fin de l'Empire romain d'Occident (476 après J.-C.), Tome 2, 1999 - books.google.fr, Annuaire encyclopédique: politique - économie sociale - statistique - administration - sciences - littérature-beaux-arts - agriculture - commerce - industrie, Volume 5, 1868 - books.google.fr). Ennius, Scipion et
Ronsard (1584) Un sonnet de Ronsard de 1578 à Henri III lui rappellera que «la Muse d'Homere heureusement fertile, / [...] des Rois de son temps les honneurs escrivoit» (Lm. XVII, 338, son. II, v. 11-12) et qu'à cette fin Scipion «se servoit» d'Ennius, Auguste de Virgile (ibid., v. 13-14). L'épopée antique, dès l'origine, est ainsi vue comme un genre de cour. [...] L'immortalité réciproque que se confèrent le héros et son poète est aussi un lieu commun de la littérature emblématique : chez Alciat (emblème Ex arduis perpetuum nomen); chez Gilles Corrozet (embl. 19, «Noblesse de science», de l'Hecatongraphie, éd. A. Adams, Genève, Droz, 1997). Elle est célébrée également par la poésie funéraire, autour du tombeau commun d'Ennius et de Scipion (voir A. Fleges, «Je ravie le mort, tombeaux littéraires en France à la Renaissance», in Le tombeau poétique en France /La Licorne, XXIX, 1994], p. 83 et n. 56). L'édition collective des Œuvres complètes de Ronsard de 1584 sacralisera post mortem cette collaboration du poète et du prince en insérant, à la suite de La Franciade, les vers échangés entre Ronsard et Charles IX (édition Laumonier (Lm) XVIII, 62) – parus d'abord dans Les Poëmes de 1578 (t. XVII, 377). Leur relation atteignait ainsi à la perfection de celle qui avait uni le poète de l'Enéide avec son empereur (ibid., 47, v. 30-32), suivant le modèle idéal transmis par les Vitae Vergilinae (Denis Bjaï, La Franciade sur le métier: Ronsard et la pratique du poème héroïque, 2001 - books.google.fr). Dès lors, faut-il s'étonner de constater que, dans l'édition «royale» de 1584, au portrait de Ronsard se voit associé celui d'Henri III ? Bien que ce portrait soit absent de l'édition de 1578, la présence du roi, elle, se fait sentir partout (François Rouget, Ronsard et la poétique du monument, Ronsard: figure de la variété : en mémoire d'Isidore Silver, 2002 - books.google.fr). Le Songe et Persée Charles Langhe (mort en 1573 ou 1574), que Lævinus Torrentius, son parent, son compagnon d'étude, son ami, & son confrère, fit enterrer dans l'ancien choeur de l'église cathédrale, où l'on voit son Epitaphe a composé divers Commentaires, entre autres celui qu'il a publié sur les Offices de Cicéron, sur l'Amitié, sur la Vieillesse, sur le Songe de Scipion, etc.(Le grand dictionaire historique, Tome 5, 1740 - books.google.fr). Discutons maintenant la valeur des deux mots constellations et étoiles, que Paulus ne différencie pas. Ce n'est cependant pas ici une seule et même chose désignée sous deux noms divers, comme glaive et épée. On nomme étoiles des corps lumineux et isolés, tels que les cinq planètes et d'autres corps errants qui tracent dans l'espace leur marche solitaire; et l'on appelle constellations des groupes d'étoiles fixes, désignés sous des noms particuliers, comme le Bélier, le Taureau, Andromède, Persée, la Couronne, et tant d'autres êtres de formes diverses, introduits au ciel par l'antiquité. Les Grecs ont également distingué les astres des constellations; chez eux, un astre est une étoile, et l'assemblage de plusieurs étoiles est une constellation (Macrobe, Commentaire au Songe de Scipion, Livre I - remacle.org). Macrobe choisit comme exemples de catastérismes deux constellations zodiacales (le Bélier et le Taureau) et trois constellations boréales (Andromède, Persée et la Couronne), qui, hormis la Couronne, sont proches dans le ciel. Le Bélier est celui qui transporta Phrixos et Hellé, et dont la toison d'or fit l'objet de la quête des Argonautes (Hygin, Astr. II, 20 ; Ov. F. III, 875). Le Taureau passe soit pour l'animal ravisseur d’Europe, soit pour la vache lo (Hygin, Astr. II, 21). Andromède (Hygin, Astr. II, 11 ; Aviénus, Arat. 459-69) et Persée (Hygin, Astr. II, 12 ; Vitr., IX, 4, 2), constellations voisines mais distinctes, relèvent de la même célèbre légende. La Couronne est la Couronne boréale, dans laquelle les mythologues voyaient la couronne nuptiale d’Ariane (Catul., 66, 60-61 ; Vitr. , IX, 4, 5 ; Hygin, Astr. II , 5 ; Ov., Met. VIII, 179). Il existe bien aussi la Couronne australe, composée d'étoiles faibles groupées aux pieds du Sagittaire, mais aucune légende particulière ne lui est associée, et ce n'est certainement pas à elle que pense Macrobe (Mireille Armisen-Marchetti, Commentaire au Songe de Scipion par Macrobe, Livre. 1, 2001 - books.google.fr). Cicéron suppose que Scipion l'Emilien eut un songe, pendant lequel Scipion l'Africain l'enleva au ciel, et lui fit voir le bonheur destiné aux hommes de bien (Les Martyrs, Oeuvres complètes de Chateaubriand: augmentées d'un essai sur la vie et les ouvrages de l'auteur, Volume 6, 1852 - books.google.fr). Jamais on ne vit un aussi grand homme que Paul Emile produire un fils destiné à devenir son égal en gloire et en vertu. Tel fut pourtant Scipion Emilien; fils du vainqueur du roi de Macédoine Persée, à qui la destruction de Carthage valut depuis le surnom d'Africain. Très jeune encore, il passa par adoption dans la famille du premier Scipion l'Africain, dont il devint le petit-fils (Alphonse de Beauchamp, Biographie des jeunes gens, 1823 - books.google.fr). Tyrannicide La scission devient effective dès janvier 1579 par l'Union d'Arras et l'Union d'Utrecht. Toutefois, Guillaume d'Orange ne se résigne pas à celle-ci. C'est alors que, fait rarissime dans l'histoire des relations internationales, Philippe II décide de le faire assassiner et offre une récompense énorme à qui exécutera son vœu. En mai 1581, les états généraux des Provinces-Unies du nord proclament la déchéance du roi d'Espagne ! En guise de riposte, le 15 mai 1582, le valet d'un banquier d'Anvers tire au pistolet sur Guillaume d'Orange. L'attentat échoue et l'assassin est aussitôt mis en pièces par la foule. Le 10 juillet 1584, c'est au tour d'un menuisier de Dôle, Balthazar Gerard, de tenter sa chance. Ce catholique fanatique réussit à s'introduire dans l'entourage de Guillaume d'Orange et tue ce dernier d'un coup de pistolet dans sa résidence du Prinsenhof, à Delft. L'assassin est exécuté mais sa famille grassement indemnisée par le roi d'Espagne (www.herodote.net - Le libérateur des Pays Bas). En 1582, lorsque le Basque Juan Jauréguy tenta d'assassiner à Anvers Guillaume d'Orange, Torrentius, vicaire-général du prince-évêque de Liège, écrivit à la louange du meurtrier un poème qui n'a pas été conservé. Deux ans plus tard, lorsqu'à Delft Balthasard Gérard fit le même attentat et cette fois avec succès, Torrentius écrivit un nouveau poème, où il reprit probablement les thèmes du premier, ce qui expliquerait qu'il n'a laissé subsister que le second dans l'édition complète des Poemata Sacra de 1594. Grande fut sa complaisance envers cet écrit dont il parla beaucoup et dont il envoya copie à ses amis. [...] Tout le monde, à cette époque, admettait le meurtre politique. Grégoire XIII fit célébrer un Te Deum après la St-Barthélemy. [...] Montaigne, lui aussi, fait l'éloge de Balthasard Gérard et c'est au chapitre de la Vertu (II, 29). Lui si parfaitement libre de tout fanatisme politique et religieux, lui qui n'avait aucune raison d'aimer Philippe II ni de souhaiter du mal à Guillaume d'Orange, il parle de Gérard avec une admiration dont il dit les raisons : que l'échec de Jauréguy, loin de le détourner, l'«échauffa» ; qu'il agit sans aucun espoir d'échapper à la mort ; qu'il l'affronta avec un calme parfait : «Quand on lui prononça son horrible sentence : J'y étais préparé, dit-il ; je vous étonnerai de ma patience.» [...] Lorsque Torrentius devint, en 1587, évêque d'Anvers, il eut à liquider une des séquelles de l'affaire Jauréguy (Marie Delcourt, Laevinus Torrentius et le tyrannicide. In: Revue belge de philologie et d'histoire, tome 30, fasc. 1-2, 1952 - www.persee.fr). Cf. quatrain IX, 82 - Le siège d'Anvers - 2163-2164. Le palimpseste découvert par le jésuite Angelo Mai en 1818, se terminant par quelques pages du livre V, il ne nous reste de la première partie du livre VI, que des fragments brefs, difficiles à ordonner, à part quelques-uns qui, se rapportant à l'actualité, ont précédé plus ou moins immédiatement le Songe de Scipion. Ce récit couronne le dialogue, en le terminant. Il nous a été conservé dans les manuscrits de Macrobe. Une lettre de Cicéron à Atticus nous apprend qu'il s'agissait encore, dans ce livre, du rector rei publicae (Att. 7, 3, 2 ; Budé V, p. 54). Quelques citations font allusion aux séditions, aux discordes civiles, thème qui reportait à la situation de la république évoquée au début par Lélius : in una re publica, duo senatus et duo paene populi (1, 19, 31-32) et à celle dans laquelle vivent Cicéron et ses lecteurs. Il nous fait comprendre que le portrait du rector, dans ce livre, est celui de l'optimus ciuis tel qu'il doit être dans un état de crise politique. Il nous fait comprendre que le portrait du rector, dans ce livre, est celui de l'optimus ciuis tel qu'il doit être dans un état de crise politique. En outre, par l'exemple de Scipion Nasica, considéré comme un tyrannicide, pour avoir tué Tib. Gracchus, par celui de Scipion, à qui l'Africain, dans le Songe, prédit que, dans les troubles suscités par les projets des Gracques, il sera appelé, par le peuple entier, à prendre en mains les affaires publiques, en tant que dictateur, il est certain que le terme de rector rei publicae est envisagé ici non comme un collectif, désignant une «espèce d'homme», mais comme le titre d'un chef unique, réclamé en raison du danger public, et dont la fonction a été prévue par les ancêtres qui ont organisé l'État romain (cf. 1, 40, 63). Plus que jamais il doit posséder la prudentia, tota prudentia, «prévoir», «être d'une perspicacité sans défaut». Scipion, le premier jour du débat, avait déjà souligné la nécessité de cette vertu, dans de telles circonstances, en disant qu'elle appartenait à un citoyen vraiment grand et à un homme presque divin (1, 29, 45). La tâche qu'il lui est demandé d'accomplir exige une préparation : il doit avoir les armes nécessaires pour maîtriser les mouvements qui menacent la stabilité de l'État. C'est ce que répondait Cicéron, dans le préambule du livre I, à la prétention du sage de ne vouloir se mêler aux affaires publiques que lorsque les circonstances l'exigeraient (1, 6, 11). Le rector ne s'appuiera pas alors sur le nombre des citoyens, mais sur la qualité, selon le principe de la constitution servienne : ne plurimum ualeant plurimi. Scipion semble avoir exposé les causes des discordes civiles. Elles sont morales viennent des âmes des citoyens, qui ne maîtrisent pas leurs appétits, leurs passions ; celles-ci les poussent à la démesure et au crime (Esther Bréguet, La république de Cicéron, Volume 1, Livre 1, 1991 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - De Republica). Typologie Le report de 2165 sur 1584 (assassinat de Guillaume d'Orange) donne 1003. La faveur extrême en laquelle le Commentaire au Songe de Scipion était tenu au Xe siècle nous est attestée par un témoin illustre, par Gerbert, qui devint pape sous le nom de Sylvestre II. Né vers 930 à Aurillac, Gerbert fut initié aux études dans un monastère de sa ville natale ; il acheva de s'instruire en Espagne, près du savant Hatton, évêque de Vich, puis il entra dans l'ordre des Bénédictins ; après s'être attaché à l'empereur Othon Ier, il revint en France, où Hugues Capet lui confia l'éducation de son fils Robert et l'éleva à l'archevêché de Reims (991) ; depuis 972, Gerbert tenait école en cette ville et prenait, en ses lettres, le titre Scolasticus remensis. Gerbert devint ensuite archevêque de Ravenne (997) et, enfin, pape (999). Il mourut en l'an 1003. Gerbert était, assurément, très soucieux de sciences mathématiques et astronomiques. Dans sa correspondance, il traite de l'Arithmétique, de la Géométrie, de la Musique, des horloges, de la sphère solide propre à l'étude des mouvements célestes. Il a composé un traité sur la Géométrie, et on lui attribue, sans preuve suffisante d'ailleurs, un écrit sur l'astrolabe. Entre autres auteurs, il connaissait Macrobe et, dans sa Géométrie, se reconnaissent des fragments tirés du Commentaire au Songe de Scipion. Le scolastique Adalbold, clerc de l'église de Liège, puis évêque d'Utrecht, écrit à Silvestre II une lettre au sujet de questions géométriques que suggère la lecture de Macrobe. Le Commentaire au Songe de Scipion est donc, dès la seconde moitié du Xe siècle, d'usage courant auprès des écolâtres latins. La faveur en laquelle les Scolastiques tenaient cet ouvrage ne fit assurément que croître au cours du XIe siècle. Les esprits curieux de science profane lisaient avidement cette compilation où se trouvaient réunies des opinions empruntées aux divers sages de l’Antiquité, et plus ou moins fidèlement rapportées. Cette ardeur à s'enquérir de l’avis des philosophes païens n'était pas sans inquiéter gravement les chrétiens soucieux d'orthodoxie et sévères à l'égard des opinions hérétiques (Pierre Duhem, Le système du monde: histoire des doctrines cosmologiques de Platon à Copernic, Tome 3, 1915 - books.google.fr). Adalbold II of Utrecht (died 27 November 1026)
was a bishop of Utrecht (1010–1026). He was born in 975 probably in the Low
Countries, and received his education partly from Notker of Liège. He became a
canon of Laubach, and apparently was a teacher there. Henry II, Holy Roman
Emperor, who had a great regard for him, invited him to the court, and
nominated him as Bishop of Utrecht in 1010, and he is regarded as the principal
founder of the territorial possessions of the diocese, especially by the
acquisition in 1024 and 1026 of the counties of Drente and Teisterbant. Adalbold
is mentioned as an author. A biography of Henry II, Vita Heinrici II imperatoris, has been ascribed to him; but the
evidence for attributing this to him is not decisive. He wrote a mathematical treatise
on establishing the volume of a sphere, Libellus de ratione inveniendi
crassitudinem sphaerae, which he dedicated to Pope Sylvester II, who was himself
a noted mathematician (en.wikipedia.org - Adalbold II of Utrecht). Dans l'année 996, à Magdebourg, parut l'horloge du célèbre Gerbert; cet ouvrage fut regardé comme ayant été fait avec le diable. Il est plus probable qu'il s'agissait d'une clepsydre (horloge à eau), qui sut, suivant Vitruve, inventée par un nommé Ctésibius, mécanicien célèbre, qui vivait en Egypte vers l'an 124 avant Jésus-Christ. D'autres prétendent que Platon l'introduisit d'Egypte en Grèce, d'où Scipion Nasica l'importa à Rome en -158 et la mit à l’ombre dans la basilique Aemilia et Fulvia (Victor Barbier, La Savoie industrielle, Tome 2, 1875 - books.google.fr). |