Liège et Charles le Téméraire

Liège et Charles le Téméraire

 

IX, 96

 

2174-2175

 

Dans cité entrer exercit desniee,

Duc entrera par persuasion,

Aux foibles portes clam armee amenee,

Mettront feu, mort, de sang effusion.

 

Charles le Téméraire et Liège

 

Né en 1433, fils héritier du duc de Bourgogne Philippe le Bon, Charles entre définitivement sur la scène politique lorsque, en avril 1465, il est nommé par son père lieutenant général. Jusqu'à la mort de Philippe, il exercera une fonction essentiellement militaire, en menant les armées bourguignonnes dans la guerre du Bien Public (1465) et les expéditions punitives envers Liège et Dinant (1465-1466). La guerre du Bien Public trouve son origine dans le conflit entre le roi de France Louis XI et ses grands féodaux (Armagnac, Berry, Bourbon...), rassemblés en une Ligue, qui reprochent au roi de France son injustice, de trop nombreux, pillages et des impôts excessifs. Charles, pour sa part, est principalement mû par sa volonté de récupérer les villes de la Somme. La guerre aboutira à la bataille indécise de Montlhéry (16 juillet 1465), puis à un traité favorable au duc (Conflans, 5 octobre 1465). Sitôt rentré de la guerre, ce dernier mènera une action répressive contre les villes de Liège et de Dinant, rebelles à l'évêque Louis de Bourbon, cousin du comte de Charolais. La première se soumet au traité de SaintTrond (22 décembre 1465), la seconde se rend le 25 août 1466 et est mise à sac le 26. Le 15 juin 1467, le duc Philippe le Bon décède et son fils Charles lui succède. Les hostilités reprennent avec le roi de France à propos des villes de la Somme dès l'été 1468, bien qu'aucune bataille ne soit menée, et se concluent par l'entrevue et le traité de Péronne (14 octobre 1468). En échange de l'hommage au roi de France, Charles s'assure un dédommagement financier, la possession des villes de la Somme, l'exécution des traités d'Arras (20 septembre 1435) et de Conflans, ainsi que la suppression des appels Parallèlement à ces événements, le duc mène une nouvelle action répressive contre la principauté de Liège, à nouveau rebelle. Après avoir écrasé les armées liégeoises à la bataille de Brustem (28 octobre 1467), soumission progressive du pays, qui s'achève par la prise et la mise à sac de la ville de Liège le 30 octobre 1468 (Quentin Verreycken, «Pour nous servir en l'armée»: Le gouvernement et le pardon des gens de guerre sous Charles le Téméraire, duc de Bourgogne (1467-1477), 2017 - books.google.fr).

 

"persuasion"

 

Les Liégois s'imaginerent que ce jour-là étant un Dimanche le Duc ne voudroit pas donner l'assaut; & sur cette persuasion, ils ne laissérent dans leurs retranchemens ni corps de gardes, ni sentinelles. Les Bourguignons tout prêts à donner, n'eurent pas plutôt entendu le signal de trois coups de canon, qu'ils coururent à l'attaque; comme ils ne trouvérent personne qui leur résistât, ils entrérent dans la Ville, criant tuë, tuë. Ce bruit fit fortir les Bourgeois de leurs maisons pour s'enfuir dans Cornines. les Eglises, & au-delà de la Meuse qui passe au travers de la Ville (G. Daniel, Histoire de France, depuis l'etablissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome 1, 1720 - books.google.fr).

 

"feu"

 

On ne tua pas dans cette premiere fougue plus de deux cens personnes; mais les Eglises, excepté Saint Lambert, furent pillées, quelques ordres que le Duc de Bourgogne eût donnez pour l'empêcher. Beaucoup de ceux qui s'y étoient réfugiez furent jettez dans la Meuse. Il en périt bien plus dans les bois par la faim & par le froid, qui étoit alors extrême. Les maisons de la Ville furent abandonnées au soldat, qui après y avoir pris tout ce qu'il en put emporter, y mit le feu par le commandement du Duc. Les Eglises & les maisons des Chanoines & des Prêtres jusqu'au nombre de trois cens furent conservées; le reste fut réduit en cendres (G. Daniel, Histoire de France, depuis l'etablissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome 1, 1720 - books.google.fr).

 

"foibles portes"

 

Il semblait d'ailleurs que Liège ne dût opposer qu'une bien faible résistance. Après la guerre de l'année précédente, ses portes avaient été arrachées, ses murailles rasées (Amédée Gouët, Histoire nationale de France d'après les documents originaux, Tome 5, 1868 - books.google.fr).

 

Acrostiche : D DAM, Damme

 

Dam ou Damme : commune de Flandre, à proximité de Bruges, occupée par les Gantois révoltés en 1385. Dans l'église Notre-Dame, mariage le 2 juillet 1468 de Charles le Téméraire etde Marguerite d'York

 

Damme devait servir à l'accomplissement d'un grand fait de l'histoire de la fin du règne des Ducs de Bourgogne. Dans le réfectoire de la maison du Bailli de cette ville fut célébré, le 3 juillet 1468, entre 5 et 6 heures du matin, par l'évêque de Salisbury, le mariage de Charles le-Téméraire avec Marguerite d'York, qui, accompagnée de son frère, Edouard IV, avait fait voile à Margate le 1er juillet. Ils débarquerent à l'Écluse, ou le duc leur rendit en secret une visite, et ou les fiançailles eurent lieu. Le 2 juillet, Marguerite arriva à Damme, d'où les nouveaux mariés firent leur joyeuse entrée à Bruges (Jean-Pierre Soisson, Charles le Téméraire, 2014 - books.google.fr, L. Quarré-Reybourbon, Blankenberghe et ses environs, Bulletin de la Société de géographie de Lille, 1887 - books.google.fr, Victor Doublet de Villers, Dictionnaire national belge, 1869 - books.google.fr).

 

Les criques de Damme et d'Aardenburg qui continuait à être un port, s'envasaient notablement. C'est ainsi qu'en 1470, la flotte bourguignone de Charles-le-Téméraire, rassemblée dans le port de Damme, y était échouée à marée basse. [...] Dans le but de porter remède à un état de choses menaçant pour Bruges, Charles le Téméraire consulta les trois états du comté de Flandre sur le moyen d'obvier aux envasements successifs de son port. Plusieurs projets furent étudiés. On décida la construction d'un canal direct de Damme à l'Écluse qui reçut le nom de Souteraert (canal salé). En 1482, on le continua jusque vers la mer par l'ouverture du polder de Zwartegal, ce qui indique que déjà la navigation par le Zwyn offrait des difficultés (H. Wauwermans, Etude sur l'hydrographie de la Flandre septentrionale, Bulletin de la Société royale de géographie d'Anvers, Volume 2, 1878 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2175 sur la date pivot 1468 donne 761.

 

L'histoire ne nous dit rien des progrès de Liége sous les trois premiers successeurs de saint Hubert, à savoir Floribert (727-746), Fulcaire (746-761) et Agilfride (761-784). Ce fut sous l'épiscopat d'Agilfride que Charlemagne vint célébrer à Liége les fêtes de Pâques (en 770); c'est à ce même évêque que Charlemagne, après sa campagne d'Italie, en 774, confia la garde d'un illustre prisonnier de guerre, Didier, roi des Lombards. Ces deux faits prouvent à tout le moins que Liége n'avait pas décliné depuis saint Hubert (O. J. Thimister, Histoire de l'église collégiale de Saint Paul: actuellement Cathédrale de Liége, 1890 - books.google.fr).

 

Fulcaire XXXIe évêque de Liége (en comptant ceux de Tongres), est probablement le Folericus Tungrensis dont il est question dans une lettre du pape Zacharie, citée par Fisen d'après une notice sur saint Bonitace. Il aurait eu pour père, dit-on, un comte de Louvain; cela ne se discute pas. Ce qui est établi, c'est qu'il succéda en 746 à saint Floribert et qu'il mourut en 761. L'historien prémentionné fait remarquer que Fulcaire fut le premier prélat liégeois qui n'obtint pas les honneurs de la canonisation (Biographie nationale, Volume 7, Koninklijke Academie voor Wetenschappen, Letteren en Schone Kunsten van België, 1880 - books.google.fr).

 

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