L'Islam encerclé

L'Islam encerclé

 

IX, 43

 

2135-2136

 

Proche à descendre l'armée Crucigère,

Sera guettée par les Ismaélites,

De tous côtés battus par nef Ravière,

Prompt assaillis de dix galères élites.

 

"nef ravier"

 

RAVIER. adj. Ce mot est synonyme avec Ardent, qui est plus souvent employé. (Voyez Ardent).

 

ARDENT. adj. Griping. Un vaisseau est nommé ardent, lorsque habituellement, dans les routes obliques, il tend sans cesse à venir au vent, c'est-à-dire, à tourner sa proue vers l'origine du vent. Si cette tendance, lorsqu'elle est modérée, est généralement désirée dans un bâtiment quelconque pour faciliter certains mouvemens de rotation qu'il faut produire fréquemment, elle devient un défaut gênant et dangereux, lorsqu'elle est portée à un trop haut degré (Charles Romme, Dictionnaire de la marine françoise, avec figures, 1813 - books.google.fr).

 

Le terme est attesté en 1773 (Albert Dauzat, Le Français moderne, Tome 26, 1958 - books.google.fr, Jacques Bourdé de Villehuet, Manuel des marins ou explication des termes de marine, Tome 1, 1773 - books.google.fr).

 

On pense alors Ă  un encerclement naval.

 

"Isamélites"

 

ISMAÉLITES, peuples descendants d'Ismaël. ISMAELIENS, les assassins, peuples de la Syrie et de la Perse qui alloient assassiner les ennemis de leur maître, le Vieux de la Montagne (Dictionnaire étymologique de la langue françoise, Tome 1 : A - K, 1829 - books.google.fr).

 

Un caractère dépréciatif et franchement hostile s'attache dans la tradition rabbinique aux Arabes, nommés couramment Ismaélites (René Dagorn, La geste d'Ismaël d'après l'onomastique et la tradition arabes, 1981 - books.google.fr).

 

Les Arabes, descendant d'Ismaël, conquirent l'Egypte au VIIe siècle, malgré la reprise d'Alexandrie en 645 par les Byzantins (fr.wikipedia.org - Conquête musulmane de l'Egypte).

 

Cf. typologie du quatrain précédent IX, 42.

 

Damiette

 

Les huit mois d’hivernage à Chypre avaient permis au sultan Malik al-Salih Ayyoub de se préparer à l’invasion, mais il se trouve au mois de mai à Damas, ne sachant pas si le débarquement doit se faire en Égypte ou en Syrie. Gravement malade, il rentre en Égypte et confie l’armée à l’émir Fakhr al-Dîn Ibn al-Sheikh qu’il envoie à Damiette pour s’opposer au débarquement. Le 5 juin 1249, les croisés débarquent sous les charges successives des soldats musulmans, et réussissent à mettre le pied sur le rivage, puis à repousser l’armée ayyoubide. Plusieurs émirs sont tués et Fakhr al-Din décide d’abandonner la plage. Il se replie sur Damiette, mais n’ose pas y rester et se réfugie à Ashmûn-Tannâh, plus au sud. Pris de panique, les habitants de Damiette évacuent leur ville pour fuir dans le delta du Nil. Avec prudence car ils craignent un piège, le 6 juin, les croisés peuvent entrer dans Damiette, et s’en emparer (fr.wikipedia.org - Septième croisade).

 

Mansourah

 

L’armée prend le chemin du Caire le 20 novembre 1249. L’émir Fakhr al-Dîn organise de nombreuses escarmouches pour harceler les croisés. Le 7 décembre 1249, six cents cavaliers musulmans attaquent les Francs entre Fâriskûr (en) et Sharimsâh. Ils sont repoussés, mais malgré l’interdiction de saint Louis de se lancer à la poursuite des soldats qui battent en retraite, les empliers voulant venger l’un des leurs le font et tuent la moitié des assaillants. Le 21 décembre, l’armée arrive à proximité de Mansourahier et installe un camp, régulièrement attaqué par les musulmans. Pour attaquer la ville, il faut franchir un bras du Nil, le Bahr al-Saghîr, mais Fakhr al-Dîn tient fermement l’autre rive. Ayant appris d’un déserteur bédouin l’existence d’un gué à Salamûn, quelques kilomètres en aval, saint Louis et son armée traversent le Bahr al-Saghîr le 8 février 1250. Le comte d’Artois est l’un des premiers à mettre le pied sur l’autre rive et, malgré les conseils de prudence des Templiers, se met à charger le camp musulman, suivi par les Templiers qui ne peuvent l’abandonner. Le camp est investi, Fakhr al-Dîn tué et l’armée en déroute (fr.wikipedia.org - Septième croisade).

 

Mais le comte d'Artois voulu poursuivre les Sarrasins sans attendre le gros de l'armée commandée par le roi. L'avant-garde pénétra dans la forteresse de la Mansourah et s'y laissa massacrer par ses défenseurs massés sur les murs et les terrasses. Quand le roi puis les arbalétriers arrivèrent, ils ne purent percer le corps de cavalerie égyptienne qui s'était reformé et secourir le comte d'Artois. La bataille se soldait par une demi-victoire. Les croisés avaient pris pied sur l'autre rive, mais la Mansourah barrait toujours la route du Caire et les pertes des Chrétiens étaient très importantes. Le roi établit donc face à la forteresse un second camp, relié au premier par un pont. Bientôt la maladie et la disette s'installèrent dans l'armée, faisant de nombreuses victimes. Le sultan avait en effet réussi à faire tirer sur la terre des galères jusqu'au bras du Nil situé entre Damiette et la Mansourah. Il avait ainsi réussi à intercepter les bateaux chrétiens qui assuraient le ravitaillement de l'armée. Dans ces conditions le roi décida la retraite. Il fit passer toute l'armée dans le premier camp, toujours commandé par le duc de Bourgogne et sans doute par Olivier de Termes, et l'armée se mit en route vers Damiette dans la nuit du 5 au 6 avril. Mais les Chrétiens furent bientôt suivis par les Égyptiens qui avaient traversé le fleuve par le pont laissé par les Chrétiens. L'arrière-garde dans laquelle se trouvait le roi, malade, fut encerclée près de Sharamsah puis faite prisonnière. L'avant-garde et le reste de l'armée continua sur Damiette mais fut aussi encerclée et écrasée près de Fariskur, non loin de Damiette. Seuls quelques bateaux et une partie de l'avant-garde réussirent à échapper à l'encerclement. Parmi eux se trouvaient le duc de Bourgogne et Olivier de Termes qui rejoignirent Damiette, annoncèrent la nouvelle du désastre et prirent commandement de la garnison. Le sultan fit massacrer tous les prisonniers malades, embarquer sur ses galères les nobles dont il pouvait espérer une rançon, et expédia le reste des prisonniers en esclavage au Caire. Il négocia avec saint Louis la libération des croisés contre une énorme rançon (400000 livres) et la restitution de Damiette (Gauthier Langlois, Olivier de Termes : le cathare et le croisé, vers 1200-1274, 2001 - books.google.fr).

 

"dix galères"

 

Comme nous pouvons le constater dans les œuvres d'un auteur favorable à la croisade, Marino Sanudo Torsello (1270-1343), l'arrêt des activités commerciales avec l'Égypte tenait une place importante dans ces plans. Marino Sanudo soutenait qu'un boycott commercial de l'Égypte devait être appuyé par une force de dix galères, qui patrouillerait en Méditerranée et qui bloquerait les bateaux allant à Alexandrie. Il ajoutait que l'interruption des échanges commerciaux et diplomatiques entre Byzance et l'Égypte faciliterait la soumission de l'Égypte (Buket Kitapçi Bayri, Deux logothètes et un empereur, Le saint, le moine et le paysan: Mélanges d'histoire byzantine offerts à Michel Kaplan, 2019 - books.google.fr).

 

Dans une rubique des délibérations du Consilium sapientum ou du Grand Conseil, du 7 juillet 1285, est commandé l'Armement de dix galères pour la surveillance maritime. Le capitaine de ces dix galères observera les conditions de la trêve conclue avec le basileus; si la trêve n'est pas faite, il poursuivra les opérations de guerre contre les Byzantins. Luna, f. 159 (Cessi, III, 113) (F. Thieret, Documents et recherches sur l'économie des pays byzantins, islamiques et slaves et leurs relations commerciales au Moyen Âge, Tome 8 : 1160–1363 (1966), 2020 - books.google.fr).

 

Encerclement géopolitique : l'Islam encerclé, les Francs en Égypte, les Mongols en Perse

 

Les Francs devaient se maintenir Ă  Damiette de novembre 1219 Ă  septembre 1221. 1219-1221 ! C'Ă©tait prĂ©cisĂ©ment l'Ă©poque oĂą le conquĂ©rant mongol Gengiskhan Ă©tait en train de dĂ©truire l'autre grand empire musulman , celui des shĂĄhs de Khwârizm, alors maĂ®tre de la Transoxiane et des trois quarts de l'Iran. de l'Irtish Ă  l'automne de 1219, Gengis-khan s'empare en fĂ©vrier 1220 de Bukhara oĂą le Ta'rĂ®kh-i Jahan kushai lui fait prononcer dans la grande mosquĂ©e un discours terrifiant pour l'Islam : «Je suis le flĂ©au de Dieu, Dieu m'a lancĂ© sur vos tĂŞtes !» En mars il fait capituler Samarqand. Le shah de Khwarizm Muhammed, en fuite envahisseurs... AffolĂ©, le khalife de Baghdad, al-Nasir, implorait le sultan Malik al-Ashraf, celui des trois frères aiyubides qui rĂ©gnait Ă  KhilĂĄt et dans la Jazira. Il le suppliait d'accourir Ă  son secours, de sauver le Saint-Siège abbaside et tout l'Islam iranien d'une destruction inĂ©vitable. Au lieu de se dĂ©tourner, comme ils le firent, vers le Caucase et la Russie mĂ©ridionale, les escadrons mongols pouvaient en effet Ă  tout instant descendre sur Mossoul et Baghdad. Mais al-Ashraf se trouvait appelĂ© par des soucis plus impĂ©rieux encore. Il dut abandonner le khalife Ă  ses angoisses pour courir lui-mĂŞme en Égypte sauver son frère al-Kâmil de l'invasion de Jean de Brienne. Notons que l'avance des Mongols de Gengis-khan qui terrifiait les Aiyubides n'Ă©tait pas inconnue des Francs. Ils avaient appris les foudroyants progrès de ce conquĂ©rant tartare qui se qualifiait lui-mĂŞme, prĂ©tendait l'opinion musulmane, de flĂ©au de Dieu et qui, de fait, Ă©tait vraiment l'Attila de la civilisation islamique, le «RĂ©prouvé» et le «Maudit» des chroniqueurs arabes (RenĂ© Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de JĂ©rusalem, Tome 3, 1934 - books.google.fr).

 

Acrostiche : PSDP, pseudopus

 

Pseudopus apodus, unique représentant du genre Pseudopus, est une espèce de sauriens de la famille des Anguidae. Cette espèce est appelée en français Orvet des Balkans ou Orvet géant des Balkans (fr.wikipedia.org - Pseudopus apodus, Sensory - Mammals and reptiles, 1755 - books.google.fr).

 

Robert Ier comte d'Artois, né en septembre 1216, tué le 8 février 1250, à Mansourah, est le Second fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, il eut en apanage, par le testament de son père, le pays d'Artois, qui en 1237 fut érigé en sa faveur en comté. Il conseilla, au lieu d'ailer faire le siége d'Alexandrie, de marcher droit sur le Caire, disant que «qui voulait occire le serpent, il lui fallait premier écraser la tête». Cette opinion hardie prévalut (Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours,Tome 42 : Ren-Sai, 1863 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2135 sur la date pivot 1250 donne 365.

 

Un officier de la garde des Empereurs de Constantinople, Ammianus Marcellinus, connu sous le nom francisĂ© d'Ammien Marcellin, nous donna, dans un traitĂ© d'histoire Ă©crit après sa retraite survenue en 365, une description des “Arabes scĂ©nites”, c'est-Ă -dire vivant sous la tente, qu'il avait bien connus. Il les dĂ©signe indistinctement sous le nom d'Arabes, ou de Sarrasins - gens de l'Est - dont il dit qu'il vaut mieux n'avoir “ni l'amitiĂ©, ni l'hostilité” (XIV, 4). Il les dĂ©crit comme des pillards invĂ©tĂ©rĂ©s, “dĂ©vastant tout ce qu'ils pouvaient trouver, semblables Ă  des oiseaux de proie” et il ajoute : “tous sont pareillement guerriers, ils se dĂ©placent Ă  l'aide de chevaux rapides et de maigres chameaux dans des directions opposĂ©es, aussi bien en temps de paix qu'en temps de guerre" (Robert Laffitte, C'Ă©tait l'AlgĂ©rie, 1993 - books.google.fr).

 

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