Aemathien

Aemathien

 

IX, 38

 

2131-2132

 

L'entree de Blaye par Rochelle et l'Anglois,

Passera outre le grand Aemathien

Non loing d'Agen attendra le Gaulois,

Secours Narbonne deceu par entretien.

 

IX, 64

 

2150-2151

 

L'Aemathion passer montz Pyrenees,

En Mars Narbon ne fera resistance,

Par mer et terre fera si grand menee,

Cap. n'ayant terre seure pour demeurance.

 

IX, 93

 

2172

 

Les ennemis du fort bien eslongnez,

Par chariots conduict le bastion,

Par sur les murs de Bourges esgrongnez,

Quand Hercules battra l'Haemathion.

 

X, 7

 

2182-2183

 

Le grand conflit qu'on appreste a Nancy,

L'Aemathien dira tout je soubmetz,

L'isle Britanne par vin, sel, en solcy,

Hem. mi deux Phi. long temps ne tiendra Metz.

 

X, 58

 

2219-2220

 

Au temps du dueil que le selin monarque

Guerroyera le jeune Aemathien:

Gaule bransler, perecliter la barque,

Tenter Phossens au Ponant entretien.

 

"felin" ou "selin" selon les Ă©ditions, dans le contexte on choisit "selin".

 

Aemathie

 

Stace donne indiffĂ©remment au poème de Lucain le nom de Pharsale ou de Philippes. Outre la fameuse ville de Philippes sur les confins de la Thrace, il y en avait donc encore une dans la Thessalie près de Pharsale ; et la bataille oĂą PompĂ©e fut vaincu par CĂ©sar est aussi souvent dĂ©signĂ©e dans les auteurs grecs et latins par le nom de Philippes que par celui de Pharsale. Il n'est pas plus difficile de prouver que les deux Philippes Ă©taient dans la MacĂ©doine, autrement appelĂ©e Émathie. Ce pays, comme beaucoup d'autres, a Ă©prouvĂ© plusieurs changemens, tant pour son nom que pour son Ă©tendue : il fut d'abord appelĂ© PĂ©onie, ensuite Émathie, et enfin MacĂ©doine. L'Émathie ou la PĂ©onie proprement dite, n'Ă©tait qu'une petite partie de ce qu'on nomma ensuite la MacĂ©doine ; mais par la suite des temps le nom d'Émathie fut donnĂ© Ă  toute la MacĂ©doine, et ces deux mots signifièrent la mĂŞme chose. Les prosateurs employaient le mot Macedonia, et les poètes, par une raison facile Ă  deviner, celui d'Emathia. Il s'agit maintenant de montrer que les deux Philippes Ă©taient dans cette province. Depuis qu'elle fut devenue tributaire des Romains, elle s'Ă©tendait Ă  l'orient jusqu'au Nessus, et par consĂ©quent renfermait Philippes de Thrace ; au sud, elle comprenait toute la Thessalie, et par la mĂŞme raison Philippes, voisine de Pharsale (Notes Livre I de GĂ©orgiques) (Virgile: Oeuvres complètes, traduit par Jacques Delille, 1812 - books.google.fr).

 

Blaye

 

Les hostilitĂ©s commencèrent en 1337 et Blaye se trouvant avec toute l'Aquitaine sous la domination anglaise, fut durement Ă©prouvĂ©e par la guerre. Les troupes françaises, commandĂ©es par le comte de Foix, assiĂ©gèrent Blaye dès la fin de 1337. Les Blayais, enfermĂ©s dans leur ville, rĂ©sistaient aux assauts mais souffraient d'une cruelle famine. Jehan Froissart, l'un de nos plus cĂ©lèbres chroniqueurs du XIVe siècle, raconte ce siège en termes savoureux dans sa Chronique de France, d'Angleterre, d'Ecosse et d'Espagne. Usant d'un stratagème qui rappelle la ruse des Grecs utilisant le fameux cheval pour pĂ©nĂ©trer dans la ville de Troie, les Français, dĂ©guisĂ©s en marchands, se prĂ©sentèrent devant la place avec deux cents mulets et chevaux, chargĂ©s de vivres. [...] Les assiĂ©gĂ©s, affamĂ©s et confiants, ouvrirent leurs portes, mais deux mille hommes, embusquĂ©s dans un vallon, surgirent : la bataille fut meurtrière et les Français entrèrent dans la ville. Cependant, les Anglais prĂ©paraient leur revanche car la perte de Blaye, Ă  cause de sa situation privilĂ©giĂ©e sur l'estuaire, les ennuyait beaucoup. Sous la conduite de Robert d'Artois, ils dĂ©cidèrent, en grand secret, de la reprendre. Une nuit, profitant de la marĂ©e haute qui les amena au pied mĂŞme des murailles, ils donnèrent l'assaut : la surprise fut telle que la ville se rendit aisĂ©ment. Ainsi se termina, en fĂ©vrier 1338, le siège de Blaye, commencĂ© trois mois plus tĂ´t et fertile en tragiques incidents. Les Ă©vĂŞques de Saintes et de Poitiers obtinrent une trĂŞve d'une annĂ©e. Le 20 octobre 1341, la prĂ©vĂ´tĂ© de la châtellenie et baillie de Blaye est donnĂ©e Ă  Bertrand de Montferrand. En 1345, Blaye avait Ă©tĂ© reprise par les Français puisque les Anglais l'assiĂ©geaient Ă  nouveau. C'est le comte Derby, cousin du roi d'Angleterre qui dirigeait le siège ; la forteresse rĂ©sistait et la mauvaise saison gĂŞnait toutes les opĂ©rations. Les Anglais dĂ©cidèrent d'abandonner la ville et revinrent Ă  Bordeaux. Blaye resta donc aux mains des Français sept ans encore puisque c'est seulement le 11 septembre 1352 que la ville fut rendue Ă  Edouard III. Les tribulations de Blaye continuent et, le 5 avril 1356, malgrĂ© l'opposition de ses habitants, le prince de Galles Ă©change la ville contre Blanquefort, appartenant au seigneur de Mussidan : Auger de Montaut Etant donnĂ© l'attachement des Blayais Ă  la couronne d'Angleterre, il s'engage Ă  reprendre Blaye dès qu'il aura trouvĂ© une autre localitĂ© convenable Ă  donner au sire de Mussidan. Cette reprise tarde, aussi les habitants de Blaye prĂ©sentent-ils une requĂŞte sur la propriĂ©tĂ© du château et refusent d'accepter la suzerainetĂ© du sire de Mussidan. Pour calmer leur impatience, le prince de Galles confirme leurs privilèges et les autorise Ă  transporter leurs marchandises dans les pays soumis Ă  l'Angleterre, en payant les pĂ©ages et droits accoutumĂ©s. Cependant, Philippe VI de Valois venait de mourir ; son fils, Jean le Bon, qui lui avait succĂ©dĂ©, rouvrit aussitĂ´t les hostilitĂ©s contre l'Angleterre. La fougue des Français ne suffit pas Ă  corriger leur indiscipline et la campagne se termina par un le 19 septembre 1356. [...] Blaye vit passer dans ses murs le royal captif. Bordeaux fit fĂŞte aux princes et l'on fut plein d'Ă©gards pour l'illustre prisonnier. L'annĂ©e suivante, Jean le Bon fut emmenĂ© Ă  Londres. Une paix fut conclue Ă  BrĂ©tigny, en 1360, selon laquelle le roi d'Angleterre obtenait en toute souverainetĂ© Calais, le Poitou, la Saintonge, le Limousin, le PĂ©rigord et la Guyenne bien entendu ; par contre, il renonçait Ă  ses prĂ©tentions Ă  la couronne de France. Le Prince Noir, en rĂ©compense de ses hauts faits, devint prince de Guyenne le 19 juillet 1362. Il Ă©tablit Ă  Bordeaux une cour fastueuse oĂą, le 15 juillet 1363, la ville de Blaye envoya trois de ses notables pour rendre hommage au prince, au nom de leur citĂ©. Ce sont les procureurs Gombaud Fausilh, Pierre Fullatz et Pierre Rossel qui eurent cet honneur. La paix de BrĂ©tigny fit pendant quelques trop courtes annĂ©es cesser les violences, mais n'apporta pas Ă  la France le repos espĂ©rĂ© et la guerre se ralluma bientĂ´t en Guyenne. Le nouveau roi, saisi des plaintes des seigneurs d'Aquitaine contre l'Ă©tablissement d'impĂ´ts toujours plus Ă©levĂ©s par le Prince Noir, cita ce dernier devant le Parlement de Paris et lui envoya deux messagers. Le prince les reçut sans amĂ©nitĂ© et la lutte repris. La victoire changea de camp et, malgrĂ© sa haute valeur, le Prince Noir se vit contraint d'abandonner l'Aquitaine Ă  son frère, le duc de Lancastre. Il quitta Bordeaux en janvier 1371 pour ne plus jamais y revenir (Paulette Birolleau-Brissac, Histoire de Blaye, 1968 - books.google.fr).

 

Clé militaire de la défense de l'Aquitaine, Blaye est, durant la Guerre de Cent ans,  plusieurs fois prise et reprise par les belligérants. Elle finit par être définitivement conquise par les Français en 1452, après un siège mené par les troupes levées par le futur Louis XI. La prise de Blaye ouvrit la porte de l'Aquitaine aux troupes françaises, victorieuses l'année suivante à Castillon (www.blaye.fr).

 

Durant le Moyen Âge, la seigneurie de Blaye est confiée à une famille, les Rudel, dont le représentant le plus fameux est Jaufré Rudel, troubadour à qui son amour pour la princesse de Tripoli inspira des poèmes célèbres (fr.wikipedia.org - Blaye).

 

La forteresse devenue place royale en 1317, lorsque les héritiers du dernier Rudel la vendirent à Edouard II (Rôles gascons, Edouard II. 5 nov. 1316, ordre d'empêcher Rudel de vendre son château à d'autres qu'au roi-duc; 22 nov. 1317. nomination d'un châtelain de Blaye), se trouvait en mauvais état en 1325, lorsque le châtelain Arnaud Calhau s'y installa («Quant je y entrai, je ne trouvai an quoi je pousse mettre ma teste que non pleust sur moi, ni nulle meson ou je pousse aler qe touz les planches ne fussent ars», dans P. Chaplais, The War of Saint-Sardos, n° 140. Blaye avait en outre été la base militaire principale des Anglais au cours de leur lutte contre Philippe le Bel, dont les troupes occupèrent Bordeaux de 1294 à 1302. Des travaux d'embellissement n'ont donc pu avoir lieu après cette date de 1294, car il semble bien que c'est l'impécuniosité qui a contraint Geoffroi Rudel, puis ses héritiers à vendre leur fief (Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde, Volumes 11 à 13, 1964 - books.google.fr).

 

Le seigneur de Blaye le plus fameux, dans les siècles qui suivront, sera le comte Roland le preux, neveu de Charlemagne, dont la chanson éponyme nous apprend qu'il est enterré à Blaye, dans la basilique Saint-Romain (fr.wikipedia.orrg - Blaye).

 

Vicomte de Nabonne

 

AussitĂ´t que Charles IV fut parvenu Ă  la Couronne, le Pape Jean XXII le pressa d'envoyer du secours aux Rois d'Armenie & de Chypre contre les InfidĂ©les ; Charles IV y consentit, & nomma dès-lors Amauri [Aimeri VI] Comte de Narbonne, pour commander ce secours (L'art de verifier les dates des faits historiques, des chartes, des chroniques, et autres anciens monumens, 1750 - books.google.fr).

 

Nous avons dit que la guerre qui s'éleva en 1324 entre les rois de France et d'Angleterre fut un des motifs qui poussa le premier à abandonner le dessein qu'il avoit formé, d'envoyer le vicomte de Narbonne à la tête d'un puissant secours à la Terre-sainte. Le seigneur de Montpezat en Agenois, donna lieu à cette guerre. Il avoit construit une nouvelle bastide ou ville : les gens du roi prétendant que c'étoit dans le domaine de France, tandis qu'il soutenoit lui-même que c'étoit dans celui du roi d'Angleterre, ils la firent adjuger au roi, par arrêt du parlement, et y mirent garnison. Ce seigneur, aidé du sénéchal du roi d'Angleterre, la reprit, et fit passer la garnison Françoise par le fil de l'épée. Le roi demanda réparation de cet attentat au roi d'Angleterre, qui fit semblant de vouloir le satisfaire, et se mit néantmoins en état de défense. Le roi las d'attendre cette satisfaction, envoya en Aquitaine Charles comte de Valois son oncle, à la tête d'une armée, avec l'autorité de son lieutenant dans les parties de la Languedoc (In partibus Occitanis)

 

Le comte de Valois assiège La Réole avec succès. Une trêve est convenue jusqu'à Pâques 1325 (Joseph Vaissète, Claude de Vic, Alexandre Du Mège, Histoire générale du Languedoc avec des notes et les pièces justificatives: De 1304 à 1385, Tome 7, 1844 - books.google.fr).

 

Une autre vicomte de Narbonne, Aimeri IX (1324 - 1388) interviendrait dans le quatrain IX, 64. Prisonnier à Poitiers en 1356, il l'ai encore à Montauban en 1366 (Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Tome 37, 1863 - books.google.fr).

 

La chevauchée du Prince noir en 1355 est un raid dévastateur conduit de Bordeaux au Languedoc pendant les mois d'octobre à décembre 1355 par Édouard de Woodstock - plus connu sous le nom de Prince noir -, prince de Galles et fils aîné du roi d'Angleterre Édouard III.

 

Le 8 novembre, l'armée atteint «la mer de Grèce» en arrivant à Narbonne (alors une ville de 30 000 habitants, qui comme Carcassonne est constituée d'une cité fortifiée et d'un bourg) où le vicomte Aimery de Narbonne et 500 hommes d'armes lui opposent toute la nuit et la journée du 9 une résistance si farouche que le prince n'insiste pas et se retire le 10 (fr.wikipedia.org - Chevauchée du Prince noir (1355)).

 

L'un des chevaliers anglais, John de Wyngfield, s'Ă©merveille d'ĂŞtre parvenu si loin en huit semaines: La ville de Narbonne... est un peu moindre de Londres, et est sur la mer de GrĂŞce, et n'y a de la dite ville Ă  la haute mer de GrĂŞce que onze petites lieues. Et il y a port de mer et arrivaille, dont l'eau vient Ă  Narbonne (Jean Favier, La Guerre de Cent Ans, 2014 - books.google.fr).

 

C'est ce vicomte de Narbonne qui s'oppose ici au Prince noir, et le quatrain IX, 64 ne parlerait pas de la ville de Narbonne mais de son vicomte qui a été défait avec le sénéchal de Toulouse le 14 août 1366 devant Montauban par Perducas d'Albret allié des Anglais. C'est bien au début du printemps 1367 que le Prince noir entâme la campagne espagnole, et le vicomte de Narbonne ne résistera pas à Narbonne en 1356 (Pierre Andoque, Histoire Dv Langvedoc, Avec L'Estat Des Provinces Voisines, 1648 - books.google.fr).

 

On remarque que d'Albret s'appelle Perducas ou Perdicas, prénom grec qui est à rapprocher d'Aemathien.

 

Perdiccas Ier de Macédoine est le fondateur de la dynastie des Argéades (VIIIe siècle av. J.-C.). Perdiccas II de Macédoine († 413 av. J.-C.) est le descendant du premier. Perdiccas III de Macédoine est l'oncle d'Alexandre le Grand (mort en 359 av. J.-C.) (fr.wikipedia.org - Argéades).

 

A cela s'ajoute la "mer de Grèce" de John de Wyngfield.

 

Narbonne désignerait donc plus le comte de Narbonne que la ville elle-même.

 

Guerre de Saint-Sardos

 

La guerre de Saint-Sardos, dans l'Agenais, est un conflit militaire qui oppose la France et l'Angleterre dans le duché d'Aquitaine.

 

L'Ă©pouse du roi Edouard II Isabelle et ses partisans exilĂ©s accostent en Angleterre en septembre 1326. MalgrĂ© leurs maigres effectifs, les rebelles sont rejoints par la plupart des barons d'Angleterre, qui ne tolèrent plus le règne despotique d'Édouard et son favori. Le roi et Hugues le Despenser sont capturĂ©s peu après : Despenser est immĂ©diatement exĂ©cutĂ©, le roi est dĂ©posĂ© par le Parlement et le jeune prince Édouard monte sur le trĂ´ne sous le nom d'Édouard III en janvier 1327. Le jeune roi se dĂ©pĂŞche de signer un nouveau traitĂ© le 31 mars 1327 avec Charles IV : celui-ci laisse aux Anglais la plupart de leurs possessions en Aquitaine, Ă  l'exception de l'Agenais. Cette «clause agenaise» suscite le mĂ©contentement des barons anglais et est l'un des motifs du dĂ©clenchement de la guerre de Cent Ans en 1337 (fr.wikipedia.org - Guerre de Saint-Sardos).

 

Le milieu du XIVe siècle et les combats de la Guerre de Cent ans annoncent une période plus troublée. Le Centre-Ouest du royaume est une zone de combats dès le début de la guerre et les Rochelais manifestent une totale fidélité au roi de France. Ce n'est donc qu'avec beaucoup de réticence et seulement contre la promesse du maintien des libertés et privilèges par le roi Edouard III que la ville accepte d'être cédée à l'Angleterre, comme le prévoit le traité de Brétigny (1360). L'occupation anglaise ne dure que douze ans, les Rochelais supportant mal cette domination et l'administration de la région par le Prince Noir, fils du roi d'Angleterre Edouard III. En 1372, l'Aunis et la Saintonge sont reconquises par Du Guesclin et rattachées au royaume de France, les Rochelais chassent la garnison anglaise de la ville et se rallient au roi Charles V. Désormais, la ville reste au sein du domaine royal (J.-C. Volkmann, La Rochelle, 2003 - books.google.fr).

 

Le 4 Mai 1368, Charles V détachait définitivement Amanieu VIII d'Albret de l'alliance anglaise, en lui faisant épouser sa belle-sœur Marguerite de Bourbon. Evidemment, ceci valut au Sire d'Albret de copieuses compensations ! En représailles, dès 1369, Le IIè Corps d'Armée du Prince Noir alla ravager et incendier les vicomtés de Dax et de Tartas. En revanche, Bernard d'Albret, seigneur de SainteBazeille, prit Marmande et Agen, en Février 1370, pour le compte du roi de France. En Juillet, le duc d'Anjou, appuyé par le Sire d'Albret, le vicomte d'Armagnac et le comte de Narbonne passait à l'attaque, marchait sur Agen et avançait jusqu'à Bazas. Mais en 1371, les Anglais repoussaient les Français. Guitard d'Albret, fils d'Amanieu VII, était encore anglais en 1372. Quant à Arnaud-Amanieu VIII d'Albret, il gagna de substantiels profits avec la France. Mais dès 1372, il s'abstenait de toute hostilité contre les Anglais. Le 7 Janvier 1373, il faisait alliance avec son voisin le comte d'Armagnac, Jean II d'Armagnac. Et en Décembre de cette même année 1373, à Toulouse, il partait avec le duc d'Anjou, Du Guesclin et Jean II d'Armagnac à la conquête de la Gascogne (Julien Lesbats, Labrit, Le Sen, Vert: Recherches historiques, 1977 - books.google.fr).

 

Pyrénées

 

Le Prince Noir ne participa qu’à trois grandes batailles, mais des batailles qui marquèrent l’histoire : CrĂ©cy aux cĂ´tĂ©s de son père, Poitiers durant laquelle fut fait prisonnier Jean II, et Najera avec la capture de Du Guesclin. Malade après la campagne d’Espagne, le Prince Noir se retira en Angleterre en 1371 pour y mourir en 1376 (cirrhose, malaria, dysenterie ?) quelques mois avant son père. Son gisant est toujours visible dans la cathĂ©drale de Canterbury (www.wukali.com).

 

Il y avait alors sur le trône de Castille un roi si méchant et d'une tyrannie si abominable, qu'on l'a nommé Pierre le Cruel. Pierre le Cruel avait un frère : Henri de Transtamare. Or, ces deux frères se détestaient et ressentaient l'un pour l'autre une haine telle, qu'il est heureusement très-rare d'en voir entre frères. Donc, Henri de Transtamare, voulant détrôner son frère et ne se sentant pas assez fort pour agir seul, vint demander du secours à Charles V, qui lui offrit avec empressement les Grandes Compagnies. Du Guesclin, prisonnier des Anglais, fut libéré par Charles V qui paya une forte rançon, et envoyé en Espagne à la tête des Grandes Compagnies. Pierre le Cruel fut chassé de son trône, et, se voyant abandonné, vint implorer aide et protection près du prince Noir alors en Guyenne. Le prince Noir, sachant que du Guesclin et quelques troupes françaises combattaient avec Henri de Transtamare, trouva là un prétexte pour se mesurer de nouveau avec ses plus grands ennemis, et consentit à aller soutenir Pierre le Cruel, à la condition que celui-ci lui céderait une province d'Espagne et une forte somme d'argent, afin de payer les services des Anglais et des Gascons qui l'accompagneraient. Ce qui vous paraîtra peut-être assez curieux, c'est que le prince de Galles engagea aussi parmi ses troupes un assez grand nombre de soldats faisant partie des Grandes Compagnies conduites par du Guesclin en Espagne, et revenant en ce moment en France; de sorte que la plupart de ceux qui avaient aidé à détrôner. Pierre le Cruel, aidèrent à détrôner également Henri de Transtamare. Enfin, le 3 avril 1367, une bataille s'engagea à Navarette (Espagne) entre Pierre le Cruel et le prince de Galles d'une part, et Henri de Transtamare et du Guesclin de l'autre. Cette fois encore, du Guesclin, sachant par la bataille d'Auray, ce qu'il en coûtait d'attaquer le premier, était bien résolu à attendre son ennemi de pied ferme ; mais Henri de Transtamare ne voulut point écouter les conseils de du Guesclin. Il se jeta donc avec impétuosité au milieu de l'armée du prince Noir, et les archers anglais se mirent alors à lancer une telle quantité de flèches, que les Espagnols s'enfuirent de tous côtés. Une fois les troupes de du Guesclin en désarroi, il fut impossible de les rallier, et le combat tourna tout à l'avantage de Pierre le Cruel et du prince Noir. Sept à huit mille hommes de l'armée d'Henri périrent, plusieurs grands seigneurs furent mis à mort par Pierre le Cruel, et du Guesclin tomba pour la seconde fois prisonnier entre les mains des Anglais. Quant à Henri, il parvint à s'échapper. Le prince Noir rétablit Pierre le Cruel sur le trône de Castille, puis attendit les récompenses promises. Il eut beau attendre, Pierre, aussi déloyal que cruel, ne donna rien. Enfin, lassé de rester en Espagne, où le climat et les maladies ruinaient son armée, et où lui-même venait d'être atteint d'une grave maladie qui devait le conduire au tombeau, le prince de Galles retourna en Guyenne. Pierre le Cruel ne jouit pas longtemps de sa victoire ; sa tyrannie ne faisant que croître depuis son retour, ses sujets se révoltèrent de nouveau contre lui, et, en 1369, rappelèrent Henri de Transtamare. Le prince de Galles permit à du Guesclin de se racheter par une forte rançon, et celui-ci se joignit encore à Henri pour combattre Pierre le Cruel. Quant à Pierre, on le détestait tellement qu'il ne trouva personne pour s'allier avec lui, excepté des Juifs et des Maures. Pour la troisième fois, les deux frères marchèrent l'un contre l'autre. Du Guesclin avait donné ordre aux aux siens de n'épargner personne, et on lui obéit fidèlement : on fit un véritable massacre de tous ces infidèles; mais ce qu'il y a de plus affreux, c'est la manière dont se termina le combat. Les deux frères s'étant rencontrés, se jetèrent l'un sur l'autre, et, tout en se roulant par terre, cherchèrent à se déchirer, jusqu'à ce qu'enfin Henri de Transtamare enfonça un poignard dans la gorge de Pierre. Cet épouvantable meurtre mit fin à la guerre d'Espagne, et Henri resta tranquille possesseur du trône de Castille (Madame Delphin Balleyguier, Charles V, La semaine des enfants, 1866 - books.google.fr).

 

"terre seure", "cap."

 

Il y a dans la Chanson de Roland, il est vrai, cette terre certeine (v. 856) par où passent les Sarrasins pour aller de Saragosse à Roncevaux. On y a vu la Cerdagne, ce qui est bien invraisemblable (que fait-on de la Maladetta ?). D'après le Willame, il s'agit plutôt de la «terre sûre», terrain de circulation des troupes (Robert Lafont, La Geste de Roland: L'épopée de la frontière, Tome 1, 1991 - books.google.fr).

 

La mention d'une «Terre Certaine» dans la chanson de Roland (Oxford, v. 856, on a "La tere entor e les vals e les munz" BNF) et les termes de «sarataniyyin» ou «sirtaniyyun» dans des sources musulmanes du XIe siècle, s'appliqueraient, selon Fatás, aux Cerretani, ce qui irait dans le sens de son interprétation de Strabon et de Pline et donc prouverait la présence de Cerretani dans les Pyrénées occidentales ; voir G. Fatás, «Los Pirineos a través de los geógrafos griegos y romanos» (Christian Rico, Pyrénées romaines: Essai sur un pays de frontière (iiie siècle av. J.-C. - ive siècle ap. J.-C.), 2018 - books.google.fr, Theodor Müller, La chanson de Roland, 1878 - books.google.fr).

 

Henri Monin découvrit, en 1832, un poème nommé «La chanson de Roland» dans la Bibliothèque du roi. Francisque Michel donne une première édition du texte en 1837 qui était fondée sur un autre manuscrit conservé à la bibliothèque d'Oxford en Angleterre17. Ensuite, d'autres manuscrits sont découverts à Venise, à Versailles, à Lyon et à Cambridge (fr.wikipedia.org - Chanson de Roland).

 

On trouve "terre certeine" dans la paraphrase du Roland furieux de l'Arioste de Jean de Boyssières publiée à Lyon chez Thibaud Ancelin (1580), au chant X (L'Arioste Françoes de Jean de Boessieres, Tome 1, 1580 - books.google.fr).

 

Le poète auvergnat intègre à son ouvrage les traductions antérieures de Mellin de Saint-Gelais, Jean-Antoine de Baïf et Guillaume Belliard, se contentant de translater en français ce qui ne l’avait pas encore été. Rendant à César ce qui appartient à César, l’imprimé fait apparaître en marge les noms de ces premiers traducteurs (Claire Sicard, Jean de Boyssières reprend la traduction de l’Arioste par Mellin (1580), 2016 - demelermellin.hypotheses.org).

 

Le texte de l'Arioste se situe carrĂ©ment dans l'imaginaire et le prodigieux : voyage dans la Lune, aux Enfers et au Paradis oĂą Astolphe rencontre l'apĂ´tre Jean accompagnĂ© d'Énoch et d'Élie, chevauchĂ©e de l'Hippogriffe, etc. (fr.wikipedia.org - Orlando furioso).

 

Pendant près de trente ans, l’Arioste retouche ce long poème de 46 chants. L’entreprise en effet est de taille : c’est une succession d’aventures mirifiques, de rencontres, d’affrontements fatals, d’enchantements. Les jeux courtois et les combats de chevalerie se mĂŞlent dans les dĂ©cors imaginaires de forĂŞts et palais enchantĂ©s. Les  histoires s’enchaĂ®nent, pleines de digressions et transportent le lecteur de Cathay en Afrique, d’Ecosse en Egypte, des PyrĂ©nĂ©es Ă  Paris, de Montauban Ă  Marseille ! (amisdesmusees-clermont.fr).

 

Au chant X, Birène abandonne la comtesse de Flandre Olympie sur un rocher. C'est elle qui parle de sa "terre certeine" (Flandre ou Hollande)

 

Bernart Sarrieu (Note sur l'étymologie du mot Catalogne, Revue Catalane, 1910, pp. 378-379) suppose Capitalonia «contrée qui fait tête, pointe», reproduisant l'image qu'offre Extremadure «bout, extrémité du pays» (Revue de linguistique romane, 1925 - books.google.fr).

 

El lugar de la batalla en la Canción de Roldan, la leyenda de Otger Cataló y el nombre de Cataluña (RFE XXXVIII, 1954, p. 287, donde hemos explicado el nombre de Cataluña < capitan (e) um + -onia (cp. Vasconia, Aragonia, etc.). Todavía en América, durante la dominación espafiola, llamaron capitanía a una "extensa demarcación territorial gobernada con relath'a independencia del virreinato a que perteneda" (Dice. Ac., 16e ed., p. 246) (E. von Richthofen, Notas sobre temas epico-medievales, Boletín de filología, Volumes 1 à 11, 1911 - books.google.fr).

 

Cela reporte à un débat tardif du XXème siècle. Rien ne dit que la Chanson de Roland ne fût pas connue avant le XIXème siècle par des chercheurs de manuscrits rares et que l'hypothèse d'une Capitalonia ne fût pas dans l'esprit d'étymologistes des siècles passés.

 

La fonction des espaces s'était modifiée en Europe occidentale à l'échelle de deux millénaires. La vallée de l'Ebre avait cessé définitivement d'être Frontière, lieu d'aventure pionnière comme militaire, culturelle comme religieuse. L'affrontement de la Chrétienté et de l'Islam, de l'Espagne des royaumes avec ce qui restait d'al-Andalus ne se ferait plus qu'au-delà du Guadalquivir. En attendant que les rois catholiques, - Castille et Aragon enfin réunis - prissent Grenade l'année où pour Ferdinand, Colomb découvrait le Nouveau Monde. Le glacis européen entre Lyon et Méditerranée, Loire et Pyrénées avait cessé d'être le lieu où se heurtaient les deux grands mouvements des peuples et des pouvoirs : celui qui part du Sud cl fait de Toulouse une capitale à l'échelle continentale, celui qui bat de ses cavalcades la plaine du Nord et trouve à Paris son relais. Il y aura encore de grandes luttes entre Ouest et Est, Capétiens cl Bourguignons, entre Ouest et plus-Ouest, Paris et Londres. Le domaine que Blanche de Castille et Louis IX commencent à dessiner, ce «pré carré» qui deviendra «hexagone», y pensa périr. Mais il se sauva et transforma ainsi cette «Occitanie absente», ce projet esquissé à Millau en 1204 en une marche de son impériale intervention. Le Bordeaux fastueux des ducs de Gascogne et du Prince Noir, Marseille centre d'un monde pour les Grecs, pour les Catalans et pour Raimond VI y débarquant, deviendront des embarcadères pour colonies plus lointaines, américaines, africaines et asiatiques. Cette perspective transséculaire part de l'interrogation de Guilhem de Tudèle [La chanson de la croisade contre les Albigeois] avant la bataille de Muret [en 1213 qui voit la défaite de Pierre d'Aragon face à Simon de Montfort]. Elle se dessine déjà dans l'œuvre de son continuateur [peut-être Peire Cardenal] (Robert Lafont, La Geste de Roland: Espaces, textes, pouvoirs, Tome 2, 1991 - books.google.fr).

 

Edouard III

 

On ne saurait affirmer que l'Angleterre du XIVe siècle était une nation au sens de l'appartenance géographique, et cela à cause des possessions territoriales du roi d'Angleterre de l'autre côté de la Manche - la Guyenne et le comté de Ponthieu. possessions sont l'une des causes fondamentales du déclenchement de la guerre de Cent Ans. Pour beaucoup, Édouard III a voulu recréer le vaste empire des Plantagenêts qui s'étendait, à l'époque de Henri II, de l'Écosse aux Pyrénées. Tout au long de la durée de vie de cet empire, qu'il ait été à son apogée ou réduit à une peau de chagrin, il semble bien que le bras de mer situé entre les deux côtes, française et anglaise, ait davantage fait figure de pont ou bien de voie d'accès d'une côte à l'autre que de barrière (Catherine Royer-Hemet, Prédication et propagande au temps d'Edouard III Plantagenêt, 2014 - books.google.fr).

 

Aemathien et Edouard III

 

Après Brisebarre vint Jean de le Mote qui composa en 1340 le Parfait du Paon, poème d'environ 3,900 vers, pour faire suite au Restor. Il était lui aussi du nord de la France, comme le prouve la forme "de le Mote"), assurée par l'acrostiche qui termine son œuvre. Ce Jean de le Mote eut en son temps une certaine célébrité. Il est l'auteur du Régres de Guillaume comte de Hainaut (Guillaume Ier, mort en 1337), poème maniéré et pédantesque composé en 1359 pour la reine Philippe, femme d'Edouard III. L'intérêt presque unique de cette fade composition consiste dans les allusions aux romans en vogue que l'auteur y a semées. L'une de ces allusions (vv. 3106 et suiv.) se rapporte à l'histoire d'Alexandre et de Porus telle qu'on peut la lire dans les Vœux du Paon (aul Meyer (1840-1917), Alexandre le Grand dans la littérature française du moyen âge, 1886 - archive.org).

 

Edouard III possédait en effet une bibliothèque de manuscrits.

 

This latter collection also included a French translation of the Secreta secretorum, a treatise on statecraft purportedly written by Aristotle for Alexander the Great. Walter Milemete dedicated to the young Edward III a Latin commentary on the Secreta that made quite pointed reference to the political failures of his father (W. Mark Ormrod, Edward III, 2012 - books.google.fr).

 

Alexandre est Ă  la mode et on le verra Ă  la cour de Bourgogne.

 

Mais le rapprochement entre MacĂ©doine et les princes anglais le plus signifiant se trouve dans Shakespeare :

 

Le personnage de Fluellen (Llewellyn) parle ainsi dans la pièce de Shakespeare Henry V Ă©crite en 1599, comparant ce roi, nĂ© Ă  Monmouth Ă  la frontière du Pays de Galles et de l'Angleterre, avec Alexandre de MacĂ©doine (Monmouth et MacĂ©doine ayant dĂ©jĂ  mĂŞme initiale) :

 

I think, it is in Macedon, where Alexander is porn. I tell you, captain, If you look in the maps of the 'orld, I warrant, you shall find, in the comparisons between Macedon and Monmouth, that the situations, look you, is both alike. There is a river in Macedon, and there is also moreover a river at Monmouth. It is called Wye at Monmouth, but it is out of my prains, what is the name of the other river; but 'tis all one,' tis so like as my fingers is to my fingers, and there is salmons in both. If you mark Alexander's life well Harry of Monmouth's life is come after it indifferent well, for there is figures in all things. Alexander, God knows, and you know, in his rages and his furies and his wraths and his cholers and his moods and his displeasures and his indignations, and also being a little intoxicates in his prains, did in his ales and his angers, look you, kill his best friend, Cleitus (William Shakespeare, King Henry V, 1992 - books.google.fr, Œuvres complètes de W. Shakespeare, La patrie : Henry V. Henry VI (1ère partie), traduit par Francois Victor Hugo, 1873 - books.google.fr).

 

Bourges : Hercule dans le Berry

 

Il existe plusieurs AEmathien (ou AEmathion) dont un Ethiopien :

 

EMATHION : roi d'Ethiopie. Hercule, en remontant le Nil, étant venu jusqu'en Ethiopie, Emathion lui déclara la guerre; mais il fut mis à mort par ce héros (François Sabbathier, Dictionnaire pour l'intelligence des auteurs classiques, grecs et latins, tant sacrés que profanes, 1773 - books.google.fr, Giglio Gregorio Giraldi, Herculis vita, 1539 - books.google.fr).

 

Quoique l'Eglise de Saint Denis semble ĂŞtre dediĂ©e Ă  la sepulture des Rois & de leur famille Royale, si est-ce que plusieurs d'entr'eux, pour dignement reconnoĂ®tre les services de quelques-uns des plus zelez & genereux Officiers de leur Couronne, les ont par privilege particulier voulu gratifier de cette glorieuse & signalĂ©e marque d'honneur, d'avoir aprĂ©s leur mort des MausolĂ©es parmi les leurs. Mais ce qui, Ă  mon avis, est fort remarquable & avantageux Ă  la memoire de ces illustres personnes, c'est que depuis plus de dix siĂ©cles qu'il y a que les Rois ont commencĂ© Ă  se faire inhumer en ladite Eglise de S.Denis, il ne s'en trouve que dix, Ă  qui ils ont voulu faire part de cet honneur funebre. [...] Bertrand du Guesclin, Comte de Longueville, Connectable de France, lequel ie puis âpres tous les Historiens, dire auoir estĂ© le Mars des Bretons, l'Hercule des François; vn Caualier fans reproche, vn General d'ArmĂ©e accomply de tout point, inuiolable en sa parole, hardy Ă  entreprendre, vigilant, actif & infatigable Ă  poursuiure ses entreprises, judicieux, prudent, & aduisĂ© en sa conduite : heureux en ses succez, & tousjours victorieux, mesme âpres sa mort, arriuĂ©e trop tost de, plusieurs siecles pour la France, l'an 1380. Ă  la prise de Chastel neuf de Randon : d'ou son corps fut transportĂ© en l'Eglise de S. Denys, pour estre mis en vn sepulchre, que le Roy Charles V son Maistre fit Ă©riger aupres du sien pour tĂ©moigner Ă  la postentĂ© l'estime qu'il faisoit de cet HĂ©ros incomparable (Pierre de Bats, Inventaire ou dĂ©nombrement, tant des corps saints et tombeaux des roys en l'Eglise de S. Denys, 1659 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain IX, 24 - Duguesclin et les huîtres - 2121.

 

Et comme un malheur ne vient jamais seul dit-on, la peste Noire de 1348, et le terrible incendie de Bourges en 1353 éprouvent beaucoup les populations de cette région. A peine remises de ces accidents, le Prince Noir, fils du roi d'Angleterre Edouard III envahit le Berry. Revenant d'Aquitaine, il arrive devant Bourges en 1356. Il n'arrive pas à s'emparer de la ville où il avait réussi un instant à prendre pied.  Ce succès des Berruyers sera longtemps commémoré par la croix de Moult-joie qui sera élevée à proximité de la porte d'Auron. Elle a malheureusement disparu depuis. Le Prince Noir se venge de cet échec en ravageant la Champagne berrichonne avant d'amorcer vers le Sud un mouvement de retraite qui aboutira à la bataille de Poitiers. Arrêtée par le traité de Brétigny en 1360, la guerre reprend sous le règne de Charles V. Cette deuxième phase présente des caractères bien différents. Les Anglais tentent une nouvelle offensive dans le Bas-Berry et sont délogés de Sainte Sévère en 1372 après un siège dramatique mené par Du Guesclin en personne (Pierre Duranton, Le Berry au Moyen Âge: le roi, la noblesse et le clergé, 2006 - books.google.fr).

 

Du Guesclin, rentré en France, avait alors rejoint les ducs de Berri et de Bourbon au siège de Limoges, après sa campagne avec le duc d'Anjou. Les Français entrent à Limoges le 24 août 1370, le Prince Noir reprend la ville le 19 septembre et la saccage avant de l'abandonner.

 

Ce fut le dernier exploit du prince Noir en France : il fut bientĂ´t obligĂ©. par sa santĂ©, de retourner en Angleterre. [...] En 1371, la guerre fut peu active; mais, en 1372, le duc de Berry et Duguesclin enlevèrent plusieurs places du Poitou: Montmorillon, Chauvigny, Lussac, Moncontour. Les Anglais, pĂ©nĂ©trant de force Ă  Niort, pillèrent la ville ; mais, rejetĂ©s sur la Charente, ils furent battus Ă  Soubise, et, après ce combat, Saint-Jean-d'AngĂ©ly, AngoulĂŞme, Taillebourg, Saintes se rendirent; les châteaux de Benaon, de Marans, de Surgères, de Fontenay furent enlevĂ©s. Le Poitou presque tout entier revint Ă  la France. En 1373, Duguesclin ouvrit la campagne en prenant les châteaux de ChizĂ©, de Niort, de Lusignan (Adolphe Vuitry, Etudes sur le rĂ©gime financier de la France avant la RĂ©volution de 1789: nouvelle sĂ©rie 1285 - 1380, 1883 - books.google.fr).

 

En 1375, Édouard III ne conservait plus sur le continent que trois places, Calais, Bordeaux et Bayonne, plus quelques petits châteaux ou des bourgs sans importance.

 

"chariots", "Bourges", "murs esgrognunz" : "Borja"

 

"bastion" : en espagnol "fort" (Vicente Salvá y Pérez, Nouveau dictionnaire espagnol-français et français-espagnol, Tome 1, 1870 - books.google.fr).

 

ESGRIGNER, faire des grignes ou des gringues. Roland frappe Durandal de toutes ses forces contre un rocher l'acier grince, mais ne se brise ni ne s'esgrigne (Roland, III, 875). La forme esgrugner paraît l'origine d'égruger plutôt que l'exgrummicare, latin imaginaire de Ménage (François Génin, Récréations philologiques ou Recueil de notes pour servir à l'histoire des mots de la langue française, Tome 1, 1856 - books.google.fr).

 

La rédaction d'un manuscrit de la seconde moitié du XIIe siècle transcrit le texte de la première moitié concernant le livre biblique des rois.

 

Esgruned, brisé, en ruines. Participe passé de esgrunier ou esgrugner. On dit aussi, dans le même sens, esgrunier. Etymologie incertaine. Ce terme se trouve dans le passage où Elie fait tuer les prêtres de Baal (Charles Aubertin, Choix de textes de l'ancien français du Xe au XVIe siècle, 1902 - archive.org).

 

Dans sa chanson, Jean Cuvelier (XIVe siècle) nomme la ville de Borja en Aragon "Bourges". Il s'agit toujours de Duguesclin mais cette fois dans les années 1360 en Espagne au service de Henri de Trastamare en guerre contre Pierre IV (Jean-Claude Faucon, La chanson de Bertrand Du Guesclin de Cuvelier, Tome 1, 1990 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Johannes Cuvelier).

 

Or, écoutez, seigneurs et chevaliers, et je vous parlerai de Bertrand et de la Blanche compagnie; il n'y avait dans l'armée chevalier ni écuyer qui ne portât la croix blanche, et pour ce, l'appelait-on la Blanche compagnie. Quand Bertrand et les siens partirent d'Aragon, ils furent bien pourvus à leur discrétion; on menait planté de vivres, à chariots et à bêtes de somme, en leur armée. [...] La Blanche compagnie se va bien remuant; ils ont tant cheminé, les vaillants chevaliers, qu'ils voient Magalon et son puissant châtel; de là jusqu'à la ville, ils ne s'arrêtent pas. Bertrand se logea devant la ville. Les Anglais et les Bretons s'ordonnèrent et prirent leurs rangs; là furent le maréchal d'Andrehem et Hugh Calverly, Guillaume Huet et son frère Josse, Guillaume Boitel et maints chevaliers; il y eut de hautes sonneries de trompettes et de cors. L'assaut commença, qui fut grand et long. [...] La ville fut conquise au commencement de la nuit.

 

Chacun jura Dieu que la ville de Borja serait assaillie. Lors ils s'ordonnèrent; chacun s'avisa bien pour attaquer la ville; et de çà et de là, il n'y eut petit ni grand, qui ne s'apprêtât. L'assaut commença un mardi matin et dura jusqu'à la nuit. Les arbalétriers et les archers tirèrent, et les valets remplissaient les fossés. Ceux du dedans défendaient la ville, jetant pierres et cailloux sur nos gens, qui dévalaient dans les fossés. Nos compagnons dépeçaient les grands murs à piques, à houes et à maints leviers pesants; quelques-uns attachaient aux murs les échelles de cordes et montaient en haut vaillamment. [...] Adonc l'assaut recommença si fort que nul clerc ne vous le dirait. Sergents et écuyers montèrent sur le mur. Ces arbalétriers entrèrent par force; ils firent abaisser le pont devant une porte ouverte. Il y vint des Espagnols qui se prirent à appeler : "Seigneurs, dirent-ils, nous nous rendons tous et à votre discrétion."

 

Ils assiégèrent le bon châtel et firent juger et mettre à mort les Juifs; plusieurs Sarrasins furent décapités; mais ils ne voulurent toucher ni frapper les chrétiens; tout leur fut pardonné par Henri; il donna à Bertrand la ville et le comté qui étaient fort prisés. Les nobles guerriers séjournèrent là; ceux qui avaient été blessés furent pansés. [...] Ils allèrent à Briviesca pour assiéger la ville, une forte ville, comme je l'ai ouï témoigner, entourée d'un double mur qui fut grand et fier (Jean Cuvelier, La vie du vaillant Bertrand du Guesclin d'après la chanson de geste et la chronique en prose contemporaine, traduit par E. Dufaux de la Jonchère, 1885 - books.google.fr).

 

Lorraine : Nancy, Metz, Saulcy

 

Après son séjour à Paris, Thiébaut II accompagna le roi de France à Lyon pour assister au couronnement du pape Clément V, le 14 novembre 1305. Peu après son retour, le duc de Lorraine convoqua à Colombey-les-Belles, en août 1306, les états de Lorraine. Le but de cette réunion était de préciser les règles de succession dans le cas où un duc mourrait sans laisser d'héritier direct de sexe masculin. A la demande du duc, les états décidèrent que «selon l'usage traditionnel lorrain», si le fils d'un duc mourait avant son père, ses enfants, aussi bien les garçons que les filles, lui succéderaient à l'exclusion de leurs oncles : c'était une confirmation du droit des femmes à hériter de la couronne de Lorraine, et de la priorité des héritiers directs, quel que soit leur sexe, par rapport aux branches collatérales. On se plaçait à l'opposé de la loi salique qui était la règle en France et dont l'application en 1328 devait aboutir à la Guerre de Cent Ans (Henry Bogdan, La Lorraine des ducs, 2013 - books.google.fr).

 

Le roi d’Angleterre n’était roi que dans une partie des îles anglo-normandes, pour toutes ses possessions sur le continent, il devait prêter hommage au roi de France qui n’eut de cesse durant l’Histoire de sanctionner tout manquement (souvent inventé) à ce serment de vassalité. Toute la politique des rois d’Angleterre fut de s’affranchir de ce serment. Et le problème de la succession de Charles IV, le dernier capétien «direct», le refus de reconnaître la validité de la loi salique (inventée de toute pièce par les légistes français), permirent en plus aux rois d’Angleterre de revendiquer la couronne de France (www.wukali.com).

 

Jean Ier de Lorraine, nĂ© en fĂ©vrier 1346, mort Ă  Paris le 23 septembre 1390, fut duc de Lorraine de 1346 Ă  1390. Il Ă©tait fils du duc Raoul, qui règne Ă  partir de 1328, combat avec les Français contres les Anglais et meurt Ă  CrĂ©cy en 1346, et de Marie de Châtillon. Il aida le roi de France, combattit Ă  la bataille de Poitiers le 19 septembre 1356, aida le dauphin Charles Ă  mater la rĂ©volte des Parisiens, et assista Ă  son sacre le 19 mai 1364 Ă  Reims. Il partit Ă©galement en Bretagne aider son oncle Charles de Blois Ă  combattre le comte de Montfort, mais la guerre se termina par la bataille d'Auray, le 29 septembre 1364 : Charles de Blois fut tuĂ©, et Jean Ier et Bertrand Du Guesclin sont faits prisonniers. Dans les annĂ©es qui suivirent, il aida Charles V, puis Charles VI Ă  reconquĂ©rir les provinces perdues par le traitĂ© de BrĂ©tigny. Mais, Ă  la fin de son règne, il prit ses distances avec la cour de France, d'abord parce qu'il devait lutter contre les grandes compagnies qui pillaient, entre autres, son duchĂ©, et d'autre part parce que les officiers royaux, en rĂ©glant des litiges entre le duc et la noblesse lorraine, tentaient de renforcer l'influence du roi, et il se rapprocha de Philippe II le Hardi, duc de Bourgogne. Il mourut Ă  Paris le 22 septembre 1390 (fr.wikipedia.org - Jean Ier de Lorraine).

 

Le duc de Lorraine déclare la guerre à la cité de Metz, à la suite de circonstances mal définies au début de 1371. Suivant leur habitude, les Messins prennent à leur service plusieurs chefs de bande, qui ravagent les environs de Neufchâteau, s'emparent de plusieurs forteresses et commettent de gros dégâts. Jean vient mettre le siège devant Metz avec une armée relativement importante. En retour des services qu'il a rendus à Philippe le Hardi, il s'est assuré du concours de Guy de Pontailler, maréchal de Bourgogne et de Jacquemin son frère qui, dès le 28 octobre 1371 se font remarquer par leurs exploits. Les hostilités cessent au cours de l'automne et une trève est conclue entre tous ces adversaires ; elle est valable jusqu'à la prochaine Pentecôte (Georges Poull, La maison ducale de Lorraine devenue la maison impériale et royale d'Autriche, de Hongrie et de Bohême, 1991 - books.google.fr).

 

En 1375, les Messins paient des bandes armées appelées les "grands bretons" qui se rendent en Autriche pour éviter qu'ils ne pillent la ville et ses alentours. Metz offre aussi du vin.

 

La guerre des grands Bretons contre ceux de Metz 1375.

 

En cette année par grand surprise,

Ainsi qu'en l'Ă©criture est mise,

Vinrent gendarmes et piétons,

Qu'on appelloit les grands Bretons.

Quinze jours furent aux Villages

Dessus nos terres Ă  grands dommages:

On les nommoit en si grand somme,

Qu'on les estimoit cent mil hommes.

 

Afin d'Ă©viter bien des peines,

Les Seigneurs vers les Capitaines

Furent porter un pot de vin

De trente-quatre mil florins.

 

Lors ils entrerent en l'Evêché,

Où l'Evêque en fut bien fâché,

Et de gros dons leur fit donner,

Afin de les faire en aller

Ceux de Metz tout allentour,

Brûlerent les Villages et les Bourgs,

Et chacun sauvoit tout son bien,

Afin qu'ils ne trouvassent rien.

Car s'ils avoient quelque chose trouvé,

Ils n'auroient pas encore décampé:

Et faute de trouver pour vivre,

Il falut leur chemin poursuivre.

On dit souvent qu'amour est doux,

Et qu'avec argent on fait tout:

Mais tant fussent-ils grands et puissans,

Déchassez furent par argent (Jean le Châtelain, Les Croniques de la noble ville et cité de Metz: Réimprimées pour la première fois, et précédées de notes bibliographiques par M. F.-M. Chabert, 1855 - books.google.fr).

 

"solcy" peut vouloir dire "Saulcy", nom d'une île de Metz ou de villages dans la Lorraine : Saulcy-sur-Meurthe, Le Saulcy. "En Saulcy" est aussi un lieu-dit de Ronceux, à Neufchâteau (Vosges).

 

Sans être nulle, l’influence humaine sur les dates de vendanges reste très modeste à cette époque. Cela tient à deux caractéristiques essentielles de la guerre à la fin du Moyen Âge. D’une part, s’ils sont parfois spectaculaires et localement dramatiques, les conflits restent limités dans l’espace et renvoient davantage au motif de la razzia que d’une politique de la terre brûlée. D’autre part, le poids économique de la viticulture motive les acteurs locaux à favoriser, lorsque la vendange approche, la paix ou la trêve à tout prix, une pratique courante dans l’Oberrhein. Celle-ci est également bien attestée dans le Pays messin.Les «grands bretons», bande armée d’Enguerrand de Coucy, qui traversèrent la région vers la fin août et le mois de septembre 1375, rançonnèrent à la fois la  cité et l’évêque en menaçant de ruiner le pays et notamment de «fronder (arracher) tous les raisins qui estoient au sappe (seps)». Les «citains» acceptèrent de payer la somme astronomique de 35000 francs et l’évêque 16000 francs pour se débarasser de ces routiers (curé de Saint-Eucaire, 1422). [...]

 

A Metz, le sel était vendu à la Saunerie, près de la Seille, et le vin à la Tappe, située place Saint-Sauveur. [...] Si les Messins persistaient à occuper et aménager les rives de la Moselle et de la Seille, c’est tout simplement parce que rien ne pouvait vraiment remplacer la force hydraulique. Hormis le quartier d’Outre-Moselle, les îles du petit et du Grand Saulcy, ou encore de Chambière, ne furent jamais utilisées pour autre chose que pour l’agriculture et le paturage du bétail, comme le montre le «Vray pourtrait de la ville de Metz», par G. Braun, qui date de la fin du XVIe siècle (Laurent Litzenburger, La vulnérabilité urbaine : Metz et son climat à la fin du Moyen-Âge, 2011 - hal.univ-lorraine.fr).

 

Le trésor de Philippe VI était vide. Ce prince mit alors un impôt sur le sel et Edouard l'appela par dérision l'auleur de la loi salique (Biographie universelle (Michaud) ancienne et moderne, Volume 33, 1854 - books.google.fr).

 

couci-couça représente une altération de couci-couci sous l'infl. de comme ci comme ça. couci-couci empr. à l'ital. così così «à peu près», attesté dep. début XVIes. (Machiavel ds Batt.), redoublement de così «ainsi, comme cela», issu par contraction du lat. vulg. eccum sic (cf. ainsi) (www.cnrtl.fr).

 

Interjection

 

Hémi, élément initial de composés : c'est le grec équivalent littéral du latin semi, demi, en français mi.

 

Le latin a aussi "hem" et "phi" (ou "phy", "fi") comme interjections (Gaffiot).

 

Fi : XIIe siècle. Onomatopée. Ca 1178 (Renart, éd. M. Roques, 870); 1er quart XIIIe s. fi de (Reclus de Molliens, Carité, 222, 6 ds T.-L.). Vieilli. Sert à exprimer le mépris, la répugnance, le dégoût qu'inspire une personne ou une chose. Fi ! le traître ! Fi de ses flatteries ! Fi donc ! exclamation exprimant l'indignation et l'incrédulité. Accepter cette offre ? Fi donc ! Auj. S'emploie surtout dans la locution verbale Faire fi de, mépriser, dédaigner (www.cnrtl.fr).

 

L'interjection n'a pas Ă©tĂ© distinguĂ©e de l'adverbe par les Grecs, parce que, comme lui, elle se joint aux verbes; mais les grammairiens latins l'ont reconnue comme partie du discours, parce qu'elle semble avoir par elle-mĂŞme, sans le secours d'aucun verbe, la signification d'un mouvement de l'âme (Priscien, XV, 7, p. G35, Ă©dit. Krehl). Rien donc d'Ă©tonnant que Dubois, dès le commencement du XVIe siècle, s'en soit occupĂ©, et que, dans un chapitre spĂ©cial, il ait fait remarquer la diffĂ©rence entre ouĂ®ch, prononcĂ© lentement pour exprimer le froid, et ouĂ®ch, prononcĂ© rapidement pour rendre la chaleur; et il finit ce chapitre en disant que les Français ont un nombre infini d'interjections, qui se trouvent dans les chansons populaires. Meigret n'a pas omis non plus cette question : après une longue dĂ©finition, juste au fond, il cite et classe quelques interjections, signale «l'emploi simultanĂ© de plusieurs d'entre elles pour un mĂŞme cas, et aussi d'une mĂŞme interjection dans des cas diffĂ©rents.» Selon Garnier, c'est moins un mot qu'un son informe destinĂ© Ă  marquer un sentiment de l'âme. Pillot et Ramus n'en disent rien. Henri Estienne seul entre dans quelques dĂ©tails et nous fait connaĂ®tre les interjections les plus usitĂ©es : hei ou hĂ©, hau, hai, phiphi, hĂ©las, hoĂ©! "oĂŻ moi" des Grecs a fait chez nous hoĂ©; "ai" est devenu en latin vĹ“, gwai dans la langue d'oĂŻl, guai en italien et en espagnol. Mais le XVIe siècle n'a pas soupçonnĂ© une autre classe d'interjections, tout aussi frĂ©quentes et empruntĂ©es Ă  d'autres parties du discours : "age", allons ! — "epieikĂ´s", benigne, très-bien ! - "eĂŻen", esto, soit. Du reste, ce sont plutĂ´t des locutions elliptiques que des interjections (Arthur Loiseau, Étude historique et philologique sur Jean Pillot et sur les doctrines grammaticales du XVIe siècle, 1866 - books.google.fr).

 

Selon Robert Etienne (Traicté de la gramaire françoise, 1557), Phiphi sert quand nous rejectons, ou détestons quelque chose (Courrier de Vaugelas: journal semimensuel consacré à la propagation universelle de la langue française, 1868 - books.google.fr, Robert Estienne, Gallicae grammatices libellus, latine conscriptus in gratiam peregrinorum, qui eam linguam addiscere cupiunt, 1560 - books.google.fr).

 

Les interjections pourront donc être distinguées en fonction des significations respectives qui leur sont attribuées. Les exemples que l'on trouve chez Donat se transforment ainsi en véritables catalogues de cris. Ceux-ci ont été en quelque sorte identifiés (vraisemblablement à partir des emplois habituels du langage courant, mais aussi de textes littéraires) pourvus d'une graphie reconnaissable et d'une valeur spécifique qui en font des mots appartenant de plein droit au langage articulé. On ne saurait les confondre, par conséquent, avec les autres formes prises par des exclamations voisines. Voici, par exemple, la liste des interjections (latines) attribuée à Cominianus (IVe siècle) par plusieurs grammairiens postérieurs qui la lui empruntent (dont Charisius, qui accompagne chaque interjection d'une citation tirée d'un écrivain afin d'en illustrer le sens). Je synthétise : on dit «echo quand on manifeste un signe d'approbation, trit et pop quand on est frappé de stupeur, but quand on sonne dans une corne, ei, atai, attat et atate quand on a peur, mu, cucurru et eni quand on invective, euax quand on est content, o quand on est étonné, em quand on menace, en et oche quand on montre quelque chose, mutmut quand on blâme quelqu'un avec des paroles mordantes, sputro, fufe et phi quand on manifeste du dédain, euchoe pour appeler, au quand on jure, hem quand on adresse une réprimande, ath quand on déploie un effort, butabuta quand on examine quelque chose avec attention, pape et eu quand on est admiratif, pro quand on se plaint ou qu'on est étonné, uaha est le rire des Romains, pathe quand on souffre, tux et pax pour remercier, heu quand on se plaint, ua quand on exprime un souhait, o quand on loue et atateht quand on fuit». On comprend dès lors que saint Augustin, alors qu'il jugeait difficile de traduire les interjections, pouvait néanmoins suggérer que racha, donné tel quel dans le texte biblique, avait comme équivalent latin hem (Commentaire sur le Sermon sur la montagne, évangile de Matthieu, V, 22) (Christine Bellanger, Haro ! Noël ! Oyé !: Pratiques du cri au Moyen Âge, 2019 - books.google.fr).

 

Pour se rapprocher de Metz, notons le traité de l'Aquitain Smaragdus qui vivait au IXe siècle et était abbé de Saint Mihiel, au sud-ouest de Metz.

 

En 1375, Saint Mihiel fut mis en état de défense par le duc de Bar, Robert, contre les routiers "Bretons" (Victor Servais, Annales historiques du Barrois de 1352 à 1411, ou histoire politique, civile, militaire et ecclésiastique du duché de Bar, 1865 - books.google.fr).

 

Smaragde de Saint-Mihiel écrivit au début du IXe siècle un commentaire de Donat qui justifiait la «grammaire chrétienne». A propos de l'interjection, il énumère tous les moyens, et pas seulement les moyens verbaux, qui servent à manifester les affectus interioris hominis, l'interjection étant l'un de ces moyens, parmi treize autres (233, 6-15) (Vivien Law, La grammaire latine durant le haut moyen âge, Histoire des idées linguistique: Le développement de la grammaire occidentale, 1989 - books.google.fr).

 

Sans ses Collectiones, il cite au sujet de Mathieu V, saint Augustin et aussi saint Jérôme pour lequel "racha" est à rattacher à reka qui, en hébreu, veut dire "vide" et pourrait se rendre en grec par kenos (Zmaragdi Abbatis Viri Sanctimonia Et Doctrina Clarissimi (Qvi Vixit Anno Domini D.CCCC.LXX.) Collectiones in Evangelia Et Epistolas, 1536 - books.google.fr).

 

Coucy

 

Le cri d'armes se définit comme «un mot ou [un] groupe de mots que l'on hurlait dans la mêlée des batailles et des tournois, afin d'encourager ou de rassembler les chevaliers combattant sous la même bannière». Il peut s'agir du nom de famille, d'une allusion aux armoiries, d'une invocation, d'une exhortation (« Place à la bannière » pour les Coucy), d'un cri de défi, etc. Le cri d'armes est lié au fief et appartient au chef d'armes. Les puînés le transforment (Michel Pastoureau, Traité d'héraldique, 1997) (Christine Bellanger, Haro ! Noël ! Oyé !: Pratiques du cri au Moyen Âge, 2019 - books.google.fr).

 

Les Coucy eurent plusieurs cris de guerre : Notre-Dame au seigneur de Coucy ! Coucy à la merveille ! Place à la bannière ! (Paul Roger, La noblesse de France aux croisades, 1845 - books.google.fr).

 

couci-couci : moitié bien, moitié mal.

 

Enguerrand VII de Coucy (1340 – 18 février 1397), seigneur de Coucy, est fils d'Enguerrand VI et de Catherine d'Autriche. Il n'a que sept ans lorsque son père meurt à la bataille de Crécy en 1346. Dix ans plus tard, en 1356, Enguerrand VII est présent à la bataille de Poitiers, qui voit le désastre du roi de France Jean II le Bon. Caution à la rançon de Jean II, retenu prisonnier par le Prince noir, à Londres, il fait la connaissance du roi Édouard III d'Angleterre qui, conquis par la prestance du jeune homme, lui accorde la main de sa fille Isabelle (1332-1382), avec les comtés de Soissons, Albemarle et Bedford, et lui rend sa liberté. Emmené en captivité en Bithynie, après la défaite des croisés à Nicopolis en 1396, il y décède de ses blessures l'année suivante. Enguerrand VII, dernier héritier mâle de la branche aînée de cette nouvelle maison, n'eut que des filles. L'une d'elle Marie épousa Henri de Bar, seigneur de Marle. Veuf, il se remarie en 1386 avec Isabelle de Lorraine, fille du duc Jean Ier de Lorraine (fr.wikipedia.org - Enguerrand VII de Coucy, Bibliotheque militaire, historique et politique, Tome 2, 1760 - books.google.fr).

 

Selon Froissart (Livre IV, chap. L), Enguerrand VII prĂ©fĂ©rait le cris de guerre : Notre-Dame au seigneur de Coucy ! (Queux de Saint-Hilaire, Ĺ’uvres complètes de Eustache Deschamps, Tome 9 : Le miroir de mariage, 1878

 

Aimi, exclamation de douleur, souvent employée dans la littérature du moyen âge. On écrivait aussi hai mi, hémi, emi (Kristoffer Nyrop, Grammaire historique de la langue française, Tome 4, 1908 - books.google.fr).

 

Dans Li roumans dou chastelain de Couci qui semble connu de l'inventaire des livres de Charles V de 1373, on trouve "hĂ©mi" : Hemi! ou arai je fiance? (Coucy, v. 5678.) s'Ă©crie la dame de Fayel, qui se croit sacrifiĂ©e Ă  une rivale (L'histoire du châtelain de Coucy et de la dame de Fayel, Crapelet, 1829 - books.google.fr, François GĂ©nin, Des variations du langage français depuis le XIIe siècle: ou Recherche des principes qui devraient rĂ©gler l'orthographie et la prononciation, 1845 - books.google.fr).

 

Il faut observer que cet adjectif, depuis longtemps passé à l'état d'interjection, n'était pas primitivement immobile. Une femme s'écriait, hé, lasse ! comme en latin me lassam ! Dans hélas, l'interjection est hé, comme dans hémi : «Hémi, où arai-je recours ?» (R. de Couçy). Hei mihi, - hei lassum (Francois Genin, Lexique compare de la langue de Molière et des écrivains du 17. siecle, 1846 - books.google.fr).

 

Droit de cri

 

C'est, en effet, à leur droit de haute juridiction que les Treize doivent de jouer le premier rôle en matière législative. Dès les premières années du XIIIe siècle, ils ont été investis, dans les limites du territoire urbain, du droit de ban et de cri qui accompagne les attributions judiciaires. Ce droit les met en mesure de réglementer les matières intéressant la police de la cité dont ils ont la garde, le droit de règlement en vue de la police et de la paix. De même, le pouvoir de promulguer les atours qui est le droit d'ordonner l'application d'un texte législatif dérive de cette puissance de contraindre que les Treize ont acquise en même temps que la juridiction criminelle. C'est pourquoi les Treize assurent la promulgation de la quasi-totalité des atours rendus au cours du XIIIe siècle. Es sont presque toujours assistés dans cette fonction par le maître-échevin. Ancien fonctionnaire judiciaire de l'évêque, puis, à partir de la fin du XIIe siècle, représentant de l'«université» des bourgeois, ses attributions judiciaires consistent dans le pouvoir de dire le droit, verbum dicere. Il paraît de bonne heure en tête des chartes municipales où il figure toujours en premier lieu. Dès l'apparition des Treize, il est, on le sait, associé très étroitement avec ces magistrats. Son droit de promulguer les atours dérive très probablement de ses relations avec les Treize. C'est pourquoi il est de règle, au XIIIe siècle, que les atours soient promulgués à la fois au nom du maître-échevin et des Treize (Pierre Mendel, Les atours de la ville de Metz, Etude sur la législation municipale de Metz au moyen age, Jahrbuch, Volume 42, 1933 - books.google.fr).

 

Les "citains" qui payèrent le départ des Bretons sont les citadins de la ville de Metz.

 

Paraiges, maître-échevin, Treize jurés, Septeries diverses : la communauté des citains de Metz acquit au long du XIIIe siècle une force singulière qui la conduisit à engager des pourparlers avec le duc et les comtes, voire avec l'empereur (Metz, une capitale médiévale, Mondes de l'Ouest et villes du monde: regards sur les sociétés médiévales : mélanges en l'honneur d'André Chédeville, 1998 - books.google.fr).

 

"Phi" : Mille

 

Phi : Signe numérique des Grecs, valant 500 avec l'accent supérieur placé à droite et 500000 avec l'accent inférieur placé à gauche (Larousse trois volumes en couleurs, Tome 3 : No-Z, 1966 - books.google.fr).

 

Selon Augustin Calmet, il y avait 1300 cavaliers Bretons dans la région de Metz en 1371, mais la date de leur première arrivée là varie puisqu'elle est fixée en 1363, date à laquelle Calmet place le paiement de la rançon. Il ne semble pas parler des Bretons en 1375 avec Coucy  (Augustin Calmet, Histoire ecclesiastique et civile de Lorraine etc, Tome 2, 1728 - books.google.fr).

 

En 1375, selon le même auteur, près de 1100 personnes, prises de frénésie, se démènent par les rues de Metz. En 1418, la chorée gagne Strasbourg [cf. Jean Teulé, Entrez dans la danse, 2018] Si l'on demande à ces malheureux quelles pensées les obsèdent durant leurs crises, ils répondent qu'ils croient piétiner dans une nier de sang et que, au fond du ciel entr'ouvert sur leur tête, ils aperçoivent Dieu, la Vierge et les saints (Raoul Rosières, La légende de Jeanne d'Arc, Revue politique et littéraire: revue bleue, 1877 - books.google.fr).

 

Phi est aussi le début de Philippe, nom du père d'Alexandre le Grand, de Philippes nom d'une ville près de laquelle se trouve Pharsale. La bataille de la Pharsale ou de Philippes est appelée Emathia acies par Lucain (8, 531) (Gaffiot).

 

Jeune Aemathien

 

Henri V d'Angleterre, né le 16 septembre 1386 à Monmouth dans la principauté de Galles et décédé le 31 août 1422 au château de Vincennes (France), duc de Cornouailles et de Lancastre, est roi d'Angleterre de 1413 à 1422. Il est le second monarque issu de la maison de Lancastre qui a succédé aux Plantagenêt.

 

La violence d'Henri V s'était annoncée de bonne heure dans les emportemens de sa folle jeunesse; puis la rage du plaisir s'était tournée en rage d'ambition et de guerre. Son père vivait encore qu'il enleva la couronne de son chevet; le mourant lui arrêta la main. À la suite de la mort de son père en 1413, Henri prend les rênes du pays. Dès qu'il l'eut sur la tête, cette couronne, il voulut encore y mettre celle de France. Les deux partis, les Bourguignons et les Armagnacs, étaient également discrédités, la France ruinée, désarmée, sous un roi fou, lorsqu'on apprit que les Anglais recommençaient la guerre, et que le jeune Henri V était débarqué à Harfleur. La campagne de 1415, avec sa brillante conclusion à la bataille d'Azincourt (25 octobre 1415). Les Français sont paralysés par des conflits entre les Bourguignons et les Armagnacs. Henri joue habilement de ces dissensions pour les monter les uns contre les autres, sans relâcher son effort de guerre. Après six mois de négociations, Henri est reconnu par le traité de Troyes comme héritier et régent de France, et, le 2 juin 1420, se marie avec Catherine de Valois, fille de Charles VI le Fou, roi de France, et d'Isabeau de Bavière. Le siège de Dreux en juillet puis les rigueurs du siège hivernal de Meaux détériorent sa santé, et il meurt de dysenterie à Vincennes le 31 août 1422, deux mois avant son beau-père Charles VI, manquant ainsi la possibilité d'être couronné roi de France (fr.wikipedia.org - Henri V (roi d'Angleterre), Jules Michelet, Précis de l'histoire de France, jusqu'à la Révolution française, 1833 - books.google.fr).

 

La barque gauloise branlante

 

Du quatrain IX, 38 au X, 58, il y a 120 quatrains ce qui fait 88 ans. Ajoutés à 1325, fin de la "guerre de Saint Sardos" correspondant au quatrain IX, 38, on obtient 1413 qui est la date de la mort d'Henri IV, roi d'Angleterre, qui ferait de Henri V le "jeune Aemathien".

 

Il est possible que le selin monarque soit donc Charles VI, roi de France fou (selin : lunatique, du grec "selene" la lune), qui règne de 1385 à 1422. Cf. quatrain VI, 27. Sous son règne, le pays est divisé entre Armagnacs et Bourguignons, et le roi n'est plus maître de son destin.

 

Les autres quatrains de la série se situent dans l'espace de 1324-1413 mais ne respectent pas proportionnellement l'échelle de temps ainsi définie.

 

"Ponant", "Phossens"

 

M. Henri croit y trouver l'explication du nom de Tour des PhocĂ©ens. Dans la chronique, on lit la tourre d'Alphons : le nom d'Alphonse altĂ©rĂ©, Phossan aurait donnĂ© lieu Ă  la croyance que les PhocĂ©ens avaient construit ce vieux monument. C'est très-probable, quoique la version donnĂ©e par M. de la Londe nous paraisse plus plausible, Ă  savoir, que le mot Phossens ou Phossan est le qualificatif provençal des comtes de la maison de Phos ou Fos, seigneurs du littoral depuis Marseille jusqu'Ă  Hyères (D. Rossi, Etude archĂ©ologique sur la cathĂ©drale de Toulon, Revue de Marseille et de Provence, Volume 7, 1861 - books.google.fr).

 

M. Sue (Histoire de la marine française sous Louis XIV) fait dire par Cornille Bart : "Je ne dis rien des galères du Levant, car elles ne peuvent naviguer dehors la MĂ©diterranĂ©e." Ce propos est, Ă©tonnant de la part d'un vieux marinier qui Ă©tait contemporain des Ă©vĂ©nements de la Rochelle, et n'avait guère pu oublier que le roi de France avait, en 1621, fait venir, de Marseille en Ponant, dix galères qui, en septembre 1622, se rangèrent sous les ordres de M. le duc de Guise, et combattiĹ“nt avec les soixante-quinze vaisseaux de Sa MajestĂ© la flotte des Rochellois, laquelle avait une petite galère de quatorze bancs par bande (vingt-huit avirons, maniĂ©e par quatre-vingt-qnatre hommes). Cornille Bart devait se rappeler, comme tous les marins de son temps, que le coursier de cette galère hugnenote se nommait le Chasse-Biron (Fournier, pag. 339). Pendant les trois siècles qui prĂ©cĂ©dèrent le dix-septième, les galères figurèrent souvent dans les armĂ©es navales de l'ocĂ©an; et, en 1698, six galères servaient encore en Ponant, comme on le voit dans la Liste gĂ©nĂ©rale des galères du roy, au 1er janvier 1698. qui se trouve dans I'AbrĂ©gĂ© de la marine du roy pour cette annĂ©e. Dans le prĂ©ambule de l'Ă©dit de Charles IX, donnĂ© Ă  Amboise, le 6 avril 1562, ne lit-on pas cette phrase : «Nostre vouloir et intention a toujours estĂ© et est, qu'en pouruoyant nostre dit cousin dudit estat de capitaine-gĂ©nĂ©ral des galères, il fust aussi nostre lieutenant-gĂ©nĂ©ral des gallères estans tant en la mer du Leuant que du Ponant ?» En 1337, Philippe de Valois ne traitait-il pas avec Ayton d'0ria pour l'armement de vint galères gĂ©noises qui devaient servir le roi de France dans sa guerre contre Édouard III ? L'armĂ©e navale, commandĂ©e par Montmorency et d'Harcourt, en 1295, pour Philippe le Bel contre Édouard Ier, n'Ă©tait-elle pas composĂ©e en grande partie de galères ? Éric XII ne s'engageait-il pas Ă  fournir Ă  Philippe deux cents galères norvĂ©giennes ? (A. Jal, ArchĂ©ologie navale, Tome 1, 1840 - books.google.fr).

 

La Rochelle, dont les habitants restèrent longtemps attachés au parti anglais, et Bordeaux, qui était déjà au XIIIe siècle le siège d'un gros commerce d'exportation de vins, souffrirent moins des guerres entre l'Angleterre et la France. Marseille resta en dehors de la lutte, mais subit aussi des désastres sous la domination des comtes de Provence. Elle fut pillée par Alphonse V d'Aragon en 1423 (Léon Béquet, Répertoire du droit administratif, Volume 14, 1897 - books.google.fr).

 

Aemathien - entretien

 

Deux quatrains de cette série ont cette rime.

 

Le poète John Milton (1608 - 1674) appelle Alexandre le Grand "the great Emathion conqueror" (ou Emathian) qui respecte le tombeau de Pindare alors qu'il rase la ville de Thèbes, dans un sonnet (VIII : When the assault was intended to the city) écrit à l'occasion du siège de Brentford en 1642 par le roi Charles Ier, localité du Grand Londres au confluent de la Tamise et de la rivière Brent, situé à une douzaine de kilomètres au sud-ouest du centre de Londres (Henry John Todd, Paradise Regain'd. A Poem, in Four Books. To which is Added Samson Agonistes: and Poems Upon Several Occasions of John Milton, 1752 - books.google.fr, en.wikipedia.org - Battle of Brentford (1642)).

 

Finally, the inducement which Milton holds out to his correspondent should be considered. If his house is spared Milton's pen shall be at the disposal of the gentleman, whether he be a captain, a colonel, or a knight-at-arms. He boasts of being a writer of international reputation, and as one good turn deserves another he offers a quid pro quo in the shape of a magnificent advertisement. He was thirty-four years of age at the time. Whatever the rank of the officer, Milton is prepared to compare him to Alexander the Great. His own talents are modestly classified with those of Pindar and Sophocles (Geoffrey Howard, Milton : More horrible revelations, The New Witness, Volume 17, 1921 - books.google.fr).

 

L'Emathion d'Ovide est un vieillard qui meurt dĂ©capitĂ© au cours de la guerre que PhinĂ©us, oncle d'Andromède, mène contre PersĂ©e (MĂ©tamorphoses, Livre V, PersĂ©e). Charles Ier est mort dĂ©capitĂ© le 30 janvier 1649, devant son palais de Whitehall, près de Westminster. Notons que c’est Chromis qui coupe la tĂŞte d’Emathion : Chromis/Cromwell.

 

Aemathien désignerait généralement un membre d'une famille royale britannique.

 

Le présage nostradamique 38 (avril 1559) mentionne "sang mathien". "mathien" pourrait être une aphérèse d'Aemathien, ainsi "sang mathien" pourrait confirmer cette lecteur d'Aemathien

 

Roy salue Victeur, Imperateur.

La foy faulsée, le royal fait congnu.

Sang Mathien, Roy fait superateur.

La gent superbe, humble, par pleurs venu. (Jean-Aimé de Chavigny, Vincent Sève, Les Vrayes Centuries et Propheties De Maistre Michel Nostradamus, 1650 - books.google.fr).

 

Il ne faut pas confondre Jean-Aimé de Chavigny avec le disciple de Nostradamus Jean de Chevigny (Pierre Béhar, Les langues occultes de la Renaissance: essai sur la crise intellectuelle de l'Europe au XVIe siècle, 1996 - books.google.fr).

 

Le 2 avril 1559, les Anglais rendent Calais, qu'ils détenaient depuis 1348, à la France pour 8 ans. La ville avait été prise par le duc de Guise l'année précédente.

 

Maurice de Laporte, en 1571 dans ses Epithètes, qualifient les "Anglois" de "superbes" : "Anglois. Blonds, outrecuidez, ennemis des françois, archers, mutins, coués, belliqueus, anglo-saxons, superbes, rouges, furieus, hardis, audacieus" (Maurice Laporte, Les épithètes, 1571 - books.google.fr, Jacques Halbronn, Petite contre encyclopédie nostradamus, 2004 - nostredame.chez-alice.fr).

 

Puisque le recensement des pièces sert ainsi la lecture de chacune, rappelons d'abord les poètes de la prise de Calais déjà répertoriés par D. J. Hartley : Jean de Amelin, Rémy Belleau, George Buchanan, Nicolas Chesneau, Louis des Masures, Jean Dorat, Joachim du Bellay, Léger du Chesne, G. du Mayne, Jacques du Plessis, Antoine Fauquel, Pierre Galland, Pierre Girinot, François Habert, Michel de L'Hospital (dont la pièce latine est adaptée en français par Jean-Antoine de Baïf), Hubert Meurier, Jean Seve, Adrien Turnèbe, et deux anonymes. Tous ces auteurs imprimer dès 1558 un poème sur la récente victoire. Ajoutons quelques retardataires, non moins enthousiastes : Olivier de Magny publie en 1559 son ode «Sur la prise de Calays», «La Prinse & Reduction de Calais», chanson descriptive à la manière de la fameuse «Bataille» de Janequin, paraît en 1559 dans le Quatorsiesme livre, contenant xvij. chansons nouvelles à quatres parties en deux volumes, composées de plusieurs autheurs : mis en musique par Guillaume Costeley, le texte en est anonyme, mais la liberté de la versification, bien éloignée des usages des poètes de l'époque, suggère qu'il pourrait être l'œuvre du musicien lui-même (voir ces vers en appendice). Claude de Buttet attend la parution des Premier et second livre des Vers qui accompagnent son Amalthée (Paris, 1561) pour faire imprimer son ode «Sur la perte de Saint Quentin et les victoires de François de Lorraine, duc de Guise à Calais et Thionville». Enfin, on se souvient que Guillaume Du Bartas, plus de vingt ans après l'événement, voulant suggérer aux lecteurs de sa Seconde Semaine «quelles cruelles peines / Bourreloient nos parens» chassés du Paradis terrestre, rappelle en douze vers, à titre de comparaison, «les larmes / Des Anglois, qui veincus par les françoises armes / Quittoient leur cher Calais» (Jean Vignes, Le Poète et la guerre (autour de la prise de Calais, 1558), Cité des hommes, cité de Dieu: travaux sur la littérature de la Renaissance en l'honneur de Daniel Ménager, 2003 - books.google.fr).

 

Entretien : Ca 1450 «personne avec laquelle on converse» (Myst. Vieil Testament, Ă©d. J. de Rothschild, IX, 5352), emploi isolĂ©; 1481 «échange de paroles» (Coquillart, Droits nouveaux, Ă©d. M. J. Freeman, 668); 1578 «action de maintenir quelque chose en Ă©tat» (Pont. de Tyard, Sec. curieux, fo 95 vods Gdf. Compl.); 1611 «ce qui est nĂ©cessaire Ă  l'entretien d'une personne» (Cotgrave). DĂ©verbal de entretenir. Un synonyme vieilli : entretènement (Bauffremont, 1585), action d'entretenir quelqu'un, de tenir en bon Ă©tat quelque chose (www.cnrtl.fr).

 

Believed to have entertained Asclepius in his own home, Sophocles was himself worshipped after death as a traditional "hero" under the title of Dexion, "the Entertainer". A shrine was set up in his honour, and according to the Life and the testimony of other writers, the Athenians offered annual sacrifices there. Philostratus states that he was credited with the power of lulling storms. Another legend invests him with the confidence of Heaven. When a golden crown, or - in Cicero's account of the affair - a golden bowl had been stolen from the temple of Heracles, the house where it was hidden was revealed to the poet in a dream by the god himself. A tale was current after his death that the Athenians had been unable to bury him in his ancestral tomb outside the city because Athens was under blockade by the Spartans. The god Dionysus accordingly twice appeared to Lysander, the Spartan commander-in-chief, and without disclosing the identity of the deceased ordered him to permit the burial. On questioning certain Athenian fugitives and learning that the dead man was Sophocles, Lysander sent heralds to the city to consent to the obsequies. We are irresistibly reminded of "the great Emathian conqueror", who on a later and more famous day needed no divine prompting to "bid spare the house of Pindarus, when temple and tower/Went to the ground : And the repeated air/Of sad Electra's poet had the power/To save the Athenian walls from ruin bare" (Francis Joseph Henry Letters, The Life and Work of Sophocles, 1953 - books.google.fr, Jacques Jouanna, Sophocle, 2007 - books.google.fr).

 

En anglais "entertain" : recevoir, faire accueil (entre autres); "entertainer" : celui qui donne Ă  manger (entre autres) ; "entertainment" : rĂ©ception, accueil (entre autres) (Abel Boyer, Dictionnaire royal françois-anglois et anglois-françois, etc. (The Royal Dictionary, English and French, and French and English.), 1780 - books.google.fr).

 

Henry John Todd parle au sujet de ce poème d'Euripide, auteur d'une autre Electre. Il cite Plutarque qui raconte qu'un certain Phocéen (cf. "Phossens") aurait chanté des vers d'Euripide qui aurait attendri Lysandre sur le sort de la ville d'Athène promise à la destruction.

 

Sophocle est un poète tragique grec (Ajax, Antigone, Electre, OEdipe roi, les Trachiniennes, Philoctète, Oedipe à Colone, Les Limiers). Il naquit à Colone, dème très voisin d'Athènes, en 497 ou 495 avant notre ère (71e olympiade). Il mourut en 405 (93e olympiade), à la veille de la prise de la Cité par Lysandre (404) (www.cosmovisions.com).

 

Les poètes inspirent aux conquérants un respect particulier qui ne se diffuse pas forcément sur les autres membres de leur communauté.

 

Aemathien - Prince de Galles

 

Édouard II était roi lors de la guerre de Saint-Sardos (1324-1325). Il est le premier des héritiers présomptifs de la couronne d'Angleterre qui ait porté le titre de prince de Galles. Il fut fait prince de Galles en 1301 à Lincoln. Son père le lui donna en mémoire de la conquête qu'il avait faite du pays de Galles (1283). Il avait pensé que cette qualification serait agréable aux Gallois, avec lesquels il fallait user de tant de ménagements (Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, Tome II, 1856 - books.google.fr, Encyclopédie Grolier, Tome 4, 1947 - books.google.fr).

 

Il eut pour successeur Edouard III, son fils.

 

Le surnom de Prince Noir - Princi Negue en gascon - donnée à Edouard (15 juin 1330, Woodstock – 8 juin 1376, Westminster), fils d'Edouard III serait dû à la couleur de son armure, mais il n'était pas utilisé par ses contemporains. Il n'apparaît qu'en 1568 dans Chronicle of England de Richard Grafton. De son vivant, on utilisait plus généralement ses titres pour le désigner, soit «prince de Galles» et, entre 1362 et 1372, «prince d'Aquitaine». On le nommait également selon son lieu de naissance : Édouard de Woodstock (fr.wikipedia.org - Edouard de Woodstock).

 

Henri V d'Angleterre est représenté debout en jeune prince de Galles (depuis 1399, à 13 ans), antérieurement à son couronnement dans une miniature dans le manuscrit Arundel 38, fo 37 (vers 1411-1413) de la British Library, Londres (fr.wikipedia.org - Henri V (roi d'Angleterre)).

 

Henri V est comparé à Alexandre le Grand (ou le Gros) par le capitaine Fluellen dans la pièce de Shakespeare : Monmouth, patrie du roi, serait dans la même situation au Pays de Galles que la ville de naissance d'Alexandre en Macédoine; il y a une rivière à saumon dans les deux pays etc. (Shakespeare, Henri V, traduit par Pierre Le Tourneur, 1781 - books.google.fr).

 

L'épisode honteux de l'asssassinat des serviteurs par les Français, suivi du massacre atroce des otages ordonné par le roi anglais, relie l'histoire d'Azincourt à celle de la longue chaîne de guerres sanglantes, de meurtres justifiés par la seule ambition de tyrans, que Fluellen associe au premier parmi les grands, Alexandre. [...] Dans Henri V, Shakespeare amalgame les figures d'Henri V et d'Édouard III, les deux batailles de Crécy et d'Azincourt, d'Édouard et d'Henri, d'Henri de Monmouth et d'Alexandre de Macédoine, d'Henri et d'Essex, d'Essex et de César. En somme, cette pagaille, cette confusion sans nom est le propre de despotes éclairés ou non, qui utilisent la même phraséologie pour endormir la vigilance du peuple, le leurrer en lui racontant des «histoires» (Florence Krésine, Le nombre et l'innombrable dans le théâtre de Shakespeare: histoires et tragédies, 2017 - books.google.fr).

 

Charles Ier enfant était moins estimé que son frère aîné Henri-Frédéric, qu'il adorait et essayait d'imiter. En 1605, Charles fut fait duc d'York comme cela est la coutume pour le second fils du monarque. Mais Henri mourut soudainement d'une fièvre typhoïde, à l'âge de 18 ans en 1612, deux semaines avant le 12e anniversaire de Charles. Ce dernier devint alors prince héritier, et reçut automatiquement plusieurs titres, dont ceux de ducs de Rothesay et de Cornouailles. Quatre ans plus tard, en novembre 1616, il devint prince de Galles, et comte de Chester (fr.wikipedia.org - Charles Ier (roi d'Angleterre)).

 

Si Alexandre est présenté comme l'héritier naturel de Philippe de Macédoine, sa position d'héritier n'est pas aussi assurée (Philippe Guilhaume, Alexandre le grand, 1993 - books.google.fr).

 

In Macedonian monarchy at this time, however, there was no formal position as chief wife (in fact, no title for royal women of any sort) nor was there anything like the institutionalized role of Prince of Wales for the king’s presumed heir. Thus, though Alexander and his mother became dominant at court, their situation was, by definition, uncertain and both were highly vulnerable to changes in court factions or in Philip’s preferences (Elizabeth D. Carney, Alexander and his “Terrible Mother”, Alexander the Great: A New History, 2011 - erenow.net).

 

Grand-Duc du Ponant

 

La cour de Bourgogne put admirer pendant quelques mois la pseudo-ambassade orientale que Philippe le Bon reçut, le 28 mai 1461, à Saint-Omer. Amenés en Europe par l'imposteur Lodovico da Bologna, prétendu patriarche d'Antioche, les ambassadeurs de Perse, de Trébizonde, d'Arménie, de Géorgie et de Mésopotamie restèrent dans les Pays-Bas jusqu'au mois d'août; puis ils accompagnèrent le duc à Paris au sacre de Louis XI. Ils avaient apporté à la cour bourguignonne le titre jusqu'alors inconnu de «Grand-duc du Ponant» dont Philippe le Bon était salué dans le Levant. Avec l'exotisme de la Palestine et de la Turquie, ceux des Canaries et des Indes étaient représentés à la Bibliothèque de Bourgogne. (Danielle Gallet-Guerne, Vasque de Lucène et la cyropédie à la cour de Bourgogne, 1470, 1974 - books.google.fr).

 

La pratique du surnom donnĂ© au prince tend Ă  s’intensifier et Ă  se diversifier dans l’historiographie des derniers siècles mĂ©diĂ©vaux. Les indiciaires bourguignons aiment Ă  gloser le nom de leur commanditaire ducal, consonnes et voyelles qui forment comme l’alphabet des vertus. George Chastelain (1415-1475), premier d’entre eux, prĂ©fère inventer pour la postĂ©ritĂ© des surnoms qui constitueront le prince en figure littĂ©raire. [...] L’Orient est convoquĂ© pour parer le duc d’un second surnom, dont le prestige efface cette fois la puissance capĂ©tienne et le lignage - surnom naturellement inventĂ© de toute pièce par Chastelain lui-mĂŞme : «les sarrazines voix» qui «clament [Philippe] le grand-duc du Ponant» (Estelle Doudet, Le surnom du prince : la construction de la mĂ©moire historique par un RhĂ©toriqueur, Questes N° 2, 2002 - journals.openedition.org).

 

Il faudrait alors croire que Charles - que l'on n'a jamais appelĂ© grand-duc du Ponant - se soit laissĂ© gagner par la prophĂ©tie du second Charlemagne (dont il portait le prĂ©nom) : ĂŞtre l'empereur d'Occident, rĂ©former l'Église et partir Ă  la conquĂŞte de la Terre sainte, via Constantinople, en dĂ©truisant les Infidèles  (Jacques Paviot, Les Ducs de Bourgogne, la croisade et l'Orient: fin XIVe siècle-XVe siècle, 2003 - books.google.fr).

 

Accointances entre Philippe le Bon et Alphonse le Magnanime

 

Jean Ier roi de Portugal s'appliqua Ă  maintenir une union Ă©troite avec l'Angleterre. Il eut quelques doutes sur la fermetĂ© du duc de Lancastre, lorsqu'il maria sa fille D. Catarina qui reprĂ©sentait les droits de sa mère au trĂ´ne de Castille Ă  l'hĂ©ritier des Trastamare, don Henrique. Sans doute l'Anglais espĂ©rait-il rompre par ce moyen leur alliance avec la France. Pour renforcer les liens, le roi de Portugal envoya l'infant D. Dinis, fils de D. InĂŞs de Castro, en ambassade auprès de Richard II, et le traitĂ© anglo-portugais fut ratifiĂ© une seconde fois en 1388. Pour assurer la sĂ©curitĂ© du Portugal face au danger castillan, il s'employa Ă  renouveler l'alliance de revers avec l'Aragon. En 1428, il maria son fils aĂ®nĂ© et hĂ©ritier D. Duarte avec D. Leonor d'Aragon. L'annĂ©e suivante, il complĂ©ta cet encerclement de la Castille par le mariage de son fils puĂ®nĂ©, D. Pedro, duc de CoĂŻmbre, avec Isabelle d'Urgel. En 1430, il renoua enfin avec la Bourgogne par le mariage de sa fille, D. Isabel, avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon : elle fut la mère de Charles le TĂ©mĂ©raire. Les circonstances favorisèrent une reprise des relations entre le Portugal et la Bourgogne. Le duc Jean sans Peur avait fomentĂ© l'assassinat du duc d'OrlĂ©ans, le 23 novembre 1407, et dĂ©clenchĂ© la guerre civile en France. Il avait besoin d'hommes d'armes et il espĂ©rait en trouver au Portugal. Ce fut sans doute pour nĂ©gocier un enrĂ´lement qu'Ă  deux reprises, en 1410 et en 1415, l'infant D. Duarte envoya son Ă©cuyer Diego de Oliveira en mission en Bourgogne. Le 10 septembre 1419, l'assassinat de Jean sans Peur Ă  Montereau par les Armagnacs, fit basculer son fils, Philippe le Bon, dans le camp anglais. Plus rien ne s'opposait dĂ©sormais Ă  un rapprochement plus durable entre la maison d'Avis et la seconde maison capĂ©tienne de Bourgogne. A cet effet, une alliance matrimoniale serait la bienvenue et Jean Ier serait trop heureux de donner sa fille Isabelle en mariage au duc de Bourgogne, veuf de sa première femme, Michelle de France. Au dĂ©but de l'annĂ©e 1423, Jean Ier et son fils D. Duarte envoyèrent des lettres Ă  Philippe le Bon pour lui proposer l'infante. Pour mieux le convaincre, le roi de Portugal lui fit prĂ©sent de quatre beaux chevaux. Plusieurs ambassades portugaises suivirent sans que le «grand-duc d'Occident» daignât y rĂ©pondre. Quel Ă©tait pour lui l'intĂ©rĂŞt de cette alliance ? Valait-elle la peine de souiller son sang en le mĂŞlant Ă  celui d'une maison entachĂ©e de bâtardise et d'avoir usurpĂ© sa couronne ? Il lui infligea un camouflet en convolant en deuxièmes noces avec une autre princesse de la maison de France, Blanche d'Artois. Les Portugais ne se dĂ©couragèrent pas : ils revinrent Ă  la charge dès la mort de cette dernière, le 17 septembre 1425. A l'occasion de son tour d'Europe, l'infant D. Pedro vint en personne plaider la cause de sa sĹ“ur. Il ne rĂ©ussit mĂŞme pas Ă  rencontrer le duc de Bourgogne. Celui-ci ne voulait dĂ©cidĂ©ment pas de la Portugaise. Peut-ĂŞtre craignait-il qu'un tel mariage ne l'impliquât davantage dans l'alliance anglaise, alors qu'il songeait Ă  une rĂ©conciliation avec le roi de France, chef de sa maison. Le duc de Bourgogne infligea un nouveau camouflet Ă  Jean Ier lorsque, le 1er juillet 1427, une ambassade quitta la Flandre pour l'Aragon, afin de traiter de son troisième mariage avec D. Leonor, sĹ“ur du roi Alphonse V. Elle revint bredouille, car cette dernière Ă©tait depuis un mois accordĂ©e Ă  l'hĂ©ritier de Portugal, D. Duarte. Les Portugais ne furent pas mĂ©contents du bon tour jouĂ© Ă  l'orgueilleux duc de Bourgogne. Philippe le Bon n'avait dĂ©sormais plus guère le choix, car sur le marchĂ© des princesses de sang royal, l'infante Isabelle, dĂ©jĂ  âgĂ©e de trente ans, Ă©tait la seule disponible. Il se dĂ©cida enfin Ă  envoyer une ambassade officielle, dans laquelle se trouvait le peintre Jan Van Eyck, qu'il avait chargĂ© de faire le portrait de l'infante. Le mariage par procuration eut lieu Ă  Lisbonne, le 25 juillet 1429. La nef de la nouvelle duchesse de Bourgogne, conduite par son jeune frère, l'infant D. Fernando, entra dans le port de l'Écluse le jour de NoĂ«l 1429. Dans sa suite, la duchesse Isabelle emmena des Portugais, dont beaucoup restèrent au service des ducs de Bourgogne. D'autres vinrent les rejoindre tout au long du XVe siècle (Jean-François Labourdette, Histoire du Portugal, 2000 - books.google.fr).

 

En 1425, après la mort de Bonne d'Artois, c'est toutefois en Aragon que Philippe le Bon choisit d'envoyer une ambassade, pour demander au roi Alphonse V la main de sa sĹ“ur ElĂ©onore. Le compte des dĂ©penses fut tenu par le marchand gĂ©nois Oliviero Maruffo (Olivier Marouffle) que l'on retrouvera deux ans après dans l'hĂ´tel d'Isabelle de Portugal comme maĂ®tre de la chambre aux deniers ; de mĂŞme Lourdin de Saligny, le chef de l'ambassade, deviendra son chevalier d'honneur. Les nĂ©gociations n'aboutirent pas, ElĂ©onore Ă©tant dĂ©jĂ  promise au frère d'Isabelle, futur roi de Portugal, Edouard (Monique SommĂ©, Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne: une femme au pouvoir au XVe siècle, 1998 - books.google.fr).

 

Jean Wauquelin, au service de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, de 1445 à 1452 pour qui il traduit et compose divers ouvrages, produit, en 1448, une Histoire d'Alexandre pour Jean de Bourgogne, comte d'Étampes et seigneur de Dourdan (1415-1491) : Le livre des conquestes et faitz d'Alexandre (ms. B); Le histore du bon roy Alixandre (ms. D, inc.); Les faicts et les conquestes d'Alexandre le Grand (éd. Hériché-Pradeau). C'est le récit de la légende d'Alexandre le Grand s'inspirant principalement du roman de Lambert le Tort et d'Alexandre de Paris, des Voeux du paon de Jacques de Longuyon et de la Vengeance de Jean le Nevelon (www.arlima.net).

 

Les Anglais, quels que fussent leurs succès militaires, n'auraient pu ainsi poursuivre Charles VII dans ses derniers retranchements sans l'autorisation du grand-duc d'Occident. Philippe le Bon, de par sa situation géographique, se trouvait être l'arbitre de la paix et de la guerre; mais, de par cette même situation géographique, il était condamné à osciller entre deux rivaux dont l'un était officiellement son allié et «son souverain seigneur». Duc de Bourgogne ou des «bons vins», comme il aimait à s'appeler lui-même, il aurait eu intérêt à profiter des circonstances pour se saisir de Lyon et s'ouvrir cette magnifique voie du Rhône qui l'aurait conduit jusqu'à la Méditerranée.

 

Peut-être est-ce d'accord avec lui qu'Alphonse le Magnanime, roi d'Aragon et de Sicile, compétiteur de Louis III d'Anjou pour le royaume de Naples, fit une descente en Provence (novembre 1423). Somme toute, en dépit de la question irritante de Naples, l'Aragon usa de ménagements envers Yolande, mère des princes d'Anjou, bellemère de Charles VII, tandis que Jean, frère d'Alphonse et roi de Navarre, prêtait serment au roi d'Angleterre pour le fief de Nemours (1425). Ces deux princes appartenaient à la branche de Castille qui avait remplacé à Saragosse (1412) la maison de Barcelone, récemment éteinte quant aux mâles et représentée seulement par Yolande, fille de Jean Ier.

 

Mais, comte de Flandre, parent et héritier immédiat ou prochain des possesseurs de Namur, du Luxembourg, du Brabant, du Hainaut, de la Hollande, c'est vers l'Escaut, la Meuse et le Rhin que ses regards se reportaient sans cesse. Sur le Rhône, il eût été conquérant; sur le Rhin, il était héritier. Ce dernier rôle était plus dans ses aptitudes et ses tendances. Il n'avait pas d'ailleurs à inaugurer une nouvelle politique, mais simplement à suivre celle que lui avait tracée son aïeul Philippe le Hardi (Abbé Pierre-Émile de La Balle, Jeanne d'Arc et la pays d'Évreux, 1893 - books.google.fr).

 

1423 : Pindare, Sophocle et saint Louis de Toulouse

 

Ce sont 3.000 manuscrits grecs au total qu'Aurispa aurait apportĂ©s en Italie : Homère, Eschyle, Sophocle, Apollonios, et beaucoup d'autres. Dans une lettre datĂ©e d'aoĂ»t 1424, l'auteur prĂ©tend, lors de son second voyage (1421-1423), avoir ramenĂ© Ă  Venise les Catharmes d’EmpĂ©docle, parmi de nombreux livres grecs : «...caetera omnia Venetias mecum adduxi; nam gentilium auctorum volumina Venetiis habeo ducenta triginta octo, ex quibus aliqua tibi quae rarissimo inveniri soient nominatim dicam; nam nec omnia memoriae [?] habeo et, si maxime recordarer, longum esset omnia dinumerare. Argonautica Orphei et eiusdem auctoris tria alia opuscula et hymnos ; Callimachum ; quamplurimas Pindari Odas ; Laudes deorum Homeri, non parvum opus; Oppianum De venatu, item De naturis piscium, sed id rarum non est; Phocylidem; "Katharmous Empedokleous" ; Aristarchum Super Iliade in duobus voluminibus, opus quoddam spatiosum et pretiosissimum...» (Olivier Primavesi, Lecteurs antiques et byzantins d'EmpĂ©docle, : de ZĂ©non Ă  TzĂ©tzès, Qu'est-ce que la philosophie prĂ©socratique ?, 2002 - books.google.fr).

 

Renouvelant sa manœuvre de 1421, Alphonse V sut jouer en 1443 de Félix V (et du concile de Bâle) contre Eugène IV pour obtenir de ce pape, encore fort discuté, l'investiture du royaume de Naples et de Sicile retirée à René d'Anjou qui fut ainsi dépossessionné dans les formes après l'avoir été dans le faits. On notera que le concile de Constance se sépara officiellement en 1418 et qu'Alphonse d'Aragon ne fut adopté qu'en 1421 par la reine Jeanne de Naples. Celui-ci joua donc son atout (Benoit XIII) non pas au (apud) Concile de Constance mais dans le prolongement de celui-ci. Il est vrai qu'il l'avait déjà sorti de sa manche en 1418 s'agissant du partage des bénéfices de Sicile et de Sardaigne. [...]

 

Le principal enjeu de cette seconde partie, gagnée en 1427 par abandon de l'avant-dernier atout que constituait Benoît XIII (le dernier devant être Félix V en 1443), avec le concordat qui reconnaît au roi le contrôle des élections épiscopales, fut, outre un dédommagement de 150.000 florins, la précieuse autorisation de conserver à Valence les reliques de Saint Louis d'Anjou dérobée en 1423 à Marseille (Jacques Ferrier, Michel Feuillas, Abrégé de l'histoire de Provence de Nicolas Claude Fabri de Peiresc, 1982 - books.google.fr, Henri Bresc, Un Monde Mediterraneen, 1986 - books.google.fr).

 

Alphonse V pilla Marseille, qui appartenait au duc d'Anjou, en faisant respecter les églises et les femmes (Charles Dezobry, Théodore Bachelet, Dictionnaire général de biographie et d'histoire, de mythologie, de géographie ancienne et moderne comparée, Tome 1, 1876 - books.google.fr).

 

Tenter du latin temptare tendre la main, palper, sonder, essayer mais aussi attaquer (Gaffiot).

 

A Sophocle héroïsé répond Louis d'Anjou, évêque de Toulouse, canonisé.

 

Typologie

 

Pour le quatrain IX, 38, avec la date pivot de 1324, le report de 2132 donne 516. Pour le X, 58, le report de 2220 sur 1413 ou 1423 donne 606 ou 626.

 

En 516, Sigismond, fils de Gondebaud, lui succède sur le trône de Burgondie. Ce qui relie au "grand-duc du Ponant", le duc de Bourgogne.

 

On peut rappeler comment, Ă  la mort de Gondiac qui laisse quatre fils en 473, Godegisèle et Gondebaud se liguent contre l'unique hĂ©ritier du trĂ´ne, le roi ChilpĂ©ric (le père de notre reine Clotilde) et comment Gondebaud tue ChilpĂ©ric de ses propres mains ; son fils Sigismond, Ă  l'instigation de sa seconde Ă©pouse, tue en 522 son propre fils Segeric nĂ© d'un premier mariage ; en 523, trois des fils de Clovis se liguent contre les Burgondes et s'emparent de Sigismond que Clodomir fait pĂ©rir en compagnie de toute sa famille en les jetant au fond d'un puits, spectacle auquel est obligĂ©e d'assister l'impuissante Clotilde qui voit ainsi mourir son cousin germain ; Godomar, le nouveau roi des Burgondes, frère de Sigismond, vainc les Francs Ă  Vezeronce en 524 ; Clodomir est tuĂ© au cours de cette bataille et nous connaissons tous la fin tragique des fils de Clodomir tuĂ©s par leurs oncles sous les yeux de leur grand-mère Clotilde ; en 534, d'Autun marque la fin du royaume burgonde. Comment ne pas voir un souvenir de ces Ă©vĂ©nements, qui ont profondĂ©ment dĂ» marquer la mĂ©moire collective, dans la sourde lutte Ă  l'intĂ©rieur du lignage qu'ont menĂ©e contre Basin, son frère, son beau-frère et sa deuxième Ă©pouse ? Le deuxième royaume de Bourgogne a Ă©tĂ© marquĂ© par des conflits comparables. Gasselin est peut-ĂŞtre un souvenir de Gontran qui a maintenu la paix après l'invasion de la Bourgogne par les Lombards en 571. Mais les annĂ©es 610-612 voient Ă  nouveau une lutte entre deux frères ThĂ©odebert et Thierry, lequel rĂ©ussit Ă  battre son frère et le fait assassiner ; des troubles Ă©clatent aussitĂ´t en Bourgogne en 615 et en 617, le roi des Francs, Clotaire II, fait tuer les chefs rebelles. L'annĂ©e 674 voit une rĂ©volte des Grands de Bourgogne contre le maire du palais, EbroĂŻn, qui fait mettre Ă  mort l'Ă©vĂŞque d'Autun, saint LĂ©ger, en lui faisant couper la tĂŞte après lui avoir crevĂ© les yeux, arrachĂ© les lèvres et sectionnĂ© la langue. Cette accumulation d'horreurs est quand mĂŞme Ă©tonnante et on ne peut s'empĂŞcher Ă  la mettre en parallèle avec la chanson d'Auberi qui est peut-ĂŞtre la plus violente des chansons de geste (Muriel Ott, Auberi, un Bourguignon exilĂ© dans la chanson d'Auberi le Bourgoin, L'Ă©popĂ©e mĂ©diĂ©vale et la Bourgogne, 2006 - books.google.fr).

 

Gondebaud prend Narbonne en 509, pendant les guerres que Francs et Burgondes mènent contre les Wisigoths et les Ostrogoths (fr.wikipedia.org - Gondebaud).

 

Les Neustriens et les Austrasiens qui, en 584, par exemple, possédaient chacun une partie de l'Aquitaine, ont successivement perdu leurs droits au profit des autres copartageants, les Burgondes, seuls maîtres de l'Aquitaine de 612 à 628, et encore de 630 à 638 (Alfred Leroux, Le Massif central: histoire d'une région de la France, Tome 1, 1898 - books.google.fr).

 

Le duché de Bourgogne est l'un des héritiers de l'ancienne Burgondie mérovingienne, qui ressurgit à l'occasion des nombreux partages carolingiens. Au fil des guerres on voit apparaître et coexister les royaumes de Bourgogne, le duché et le comté.

 

Les Robertiens disputent le duché de Bourgogne à la famille du roi Raoul dès 936. Hugues le Grand (943-956) obtient du roi de France Louis IV le duché de Bourgogne puis ses fils Otton (956-965) et Henri (965-1002), frères d'Hugues Capet, lui succèdent. Le duché est ensuite tenu par Robert le Pieux, fils d'Hugues Capet, qui l'octroie à son deuxième fils Henri en 1016, puis, après l'accession de ce dernier au trône de France, à son troisième fils Robert, dont les descendants constituent jusqu'en 1361 la branche cadette des Capétiens (Première maison capétienne de Bourgogne). De 1363 à 1482, ce sont d'autres Capétiens, une branche cadette des Valois, qui tiennent le duché. En 1361, le duc Philippe de Rouvres meurt sans héritier. Le roi de France Jean II le Bon récupère le duché et l'octroie à son fils Philippe le Hardi en apanage qui en prend officiellement possession le 2 juin 13644. Celui-ci, grâce aux manœuvres diplomatiques de son frère, le roi Charles V, reçoit le comté de Flandre par son mariage avec Marguerite III de Flandre.

 

Charles le Téméraire veut reconstituer l'ancienne Lotharingie en reliant tous les domaines néerlandais (les pays "de par-deçà", ou "Pays-Bas") aux domaines bourguignons (les pays "de par-delà") grâce à l'annexion de la Champagne, la Lorraine et l'Alsace. Il cherche à s’entendre avec l’empereur en vue d’obtenir une éventuelle couronne. Le duc Sigismond d'Autriche de Habsbourg lui apporte son aide en 1469 en lui vendant ses terres d'Alsace et en face le pays de Brisgau sur la rive allemande du Rhin. Mais les Bourguignons sont mal perçus dans la région et s’attirent l’hostilité des Suisses qui les battent à Grandson et Morat. Charles Le Téméraire meurt au siège de Nancy en 1477. À la suite du mariage de Marie de Bourgogne avec Maximilien Ier de Habsbourg pour contrer le roi de France, le titre de duc de Bourgogne et le duché sont divisés en deux. Le roi Louis XI devient duc de Bourgogne avec la Bourgogne, et les Habsbourgs d'Autriche et d'Espagne deviennent duc de Bourgogne avec les Pays-Bas bourguignons (actuel Benelux) et la Franche-Comté (fr.wikipedia.org - Duché de Bourgogne).

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