L’or potable

L’or potable

 

IX, 12

 

2112-2113

 

Le tant d'argent de Diane & Mercure

Les simulachres au lac seront trouvez:

Le singulier cherchant argille neufve

Luy & les siens d'or seront abbreuvez.

 

Le lac de Némi : Miroir de Diane

 

Trois présomptueux - Alberti au XVe siècle, De Marchi au XVIe et Fusconi dans les années 1900 - tentèrent de repêcher l'épave ; ils ne parvinrent qu'à briser, avec leurs crochets monstrueux, mais impuissants, les cabines luxueuses, les colonnettes de marbre, les mosaïques, les émaux, les pavés de terre cuite. (Les Annales politiques et littéraires, Volume 93, 1929 - books.google.fr).

 

Le Miroir de Diane est l'un des deux courts métrages de Yervant Gianikian et Angela Ricchi Lucci. [...] Construit à partir d'images d'archives ralenties, remontées, parfois travaillées à la couleur, ce film envoûtant décrit une quête humaine démesurée apposée à une légende. Dans les années 1920, Mussolini décide de faire assécher le lac Nemi, près de Rome. Celui-ci contient les épaves de deux navires de conquête de Caligula perdus au premier siècle. Selon quelques écrits qui reprennent la mythologie, le lac serait le miroir de Diane, il annoncerait les catastrophes, les renversements d'alliances, la violence. Mais que voyons-nous ? Des hommes au travail. Méconnaissables, identiques à des milliers d'autres, ils s'acharnent à vider le lac que Gianikian et Lucci, eux, montrent sous plusieurs perspectives, à plusieurs moments du jour, différemment coloré, mystérieux. Toutes les couleurs, tous les temps, et donc toutes les formes mènent au film devenu, dans un étrange double effet, la mémoire de l'autre mémoire, réelle et fallacieuse, d'un lieu : plans sur les fouilles, les bateaux découverts, les coups de pelle, les statues repêchées, remplacés une fois le travail réalisé, grâce au montage, par la confirmation et la remise en cause simultanées du mythe que l'endroit est supposé porter. Le film se termine avec Mussolini paradant en Afrique, comme s'il tentait de reprendre à son compte l'esprit de conquête de Caligula et de renaître de ses cendres pourtant déjà disposées autour de ces bateaux, par une correpondance secrète qui nous est révélée (Cahiers du cinéma, Numéros 537 à 541, 1999 - books.google.fr).

 

C'est l'époque où Biondo de Forli fonde la science archéologique et s'applique à découvrir les traces des choses antiques sous les ruines entassées. Appelé à Rome par le cardinal Prosper Colonna cardinal-diacre de Saint-Georges-au-Vélabre, - titre prédestiné qu'avait occupé, à l'époque où peignait Giotto, un autre érudit ami des arts le cardinal Stefaneschi, - Biondo écrit les premières pages de sa «Roma instaurata». Sous les auspices de celui qu'il appelle «summus nostri sæculi Maecenas», il entreprend de retrouver, dans le lac de Némi, la galère de bronze de l'empereur Tibère qui s'y était jadis engloutie et réussit à extraire quelques débris d'une galère ancienne, qui donnent lieu à de longues et doctes discussions (G. Peytavi-Faugères, Les grandes leçons de Rome, La Revue mondiale, Volume 148, 1922 - books.google.fr).

 

Flavio Biondo (en latin Flavius Blondus), (né en 1392 ou 1388 à Forlì, Émilie-Romagne - mort en 1463) était un historien, archéologue et humaniste de la Renaissance italienne. Il fut le premier à utiliser l'expression «Moyen Âge» et fut aussi un pionnier de l'archéologie. On lui doit la découverte à Milan de la copie unique du dialogue de Cicéron : Brutus, de claris oratoribus, dont ses copies furent diffusées dans toute l’Italie. Il fut secrétaire des papes Eugène IV, Nicolas V, Calixte III et Pie II, et composa sur les antiquités de Rome et de l’Italie des ouvrages extrêmement remarquables pour leur époque, et qui ont été longtemps considérées comme des références (fr.wikipedia.org - Flavio Biondo).

 

Prosper Colonna conviait toute l'aristocratie romaine à venir chez lui, sur les bords du joli lac de Nemi, «le miroir de Diane», assister au renflouement du yacht de l'empereur Tibère. L'opération réussit, au moins à moitié et, nous dit un des assistants Flavio Biondo, fit grand honneur à l'architecte-poète Leone-Battista Alberti, ainsi qu'au savant cardinal (Émile Roy, Études sur le théâtre français du XIVe et du XVe siècle: La comédie sans titre, 1902 - books.google.fr).

 

En 1446, Leon Battista Alberti se mit en tête de relever enfin les navires. Il fit construire un radeau fait de tonneaux et laissa filer dans l'eau des cordes munies de crochets. La tentative échoua, mais il ramena quelques pièces éparses, dont des éléments d'une statue monumentale (fr.wikipedia.org - Navires de Nemi).

 

Leon Battista Alberti, né en 1404 à Gênes et mort en 1472 à Rome, est l'un des grands humanistes polymathes du Quattrocento : philosophe, peintre, mathématicien, architecte, théoricien des arts, de cryptographie et de la linguistique (fr.wikipedia.org - Leon Battista Alberti).

 

Or fondu et céramique

 

On connaît au moins trois Romains qui subirent le supplice de l'or fondu : Aquilius (par le roi du Pont Mithridate VI en -88 à Pergame), Crassus (par Suréna général du roi parthe Orodès II en -57 après la bataille de Carrhes/Harran), et Valérien (par le roi parthe Chapour Ier en 260 après la bataille d'Edesse).

 

Forli devait posséder des ateliers de poterie dès le XIVe siècle, car Passeri cite un acte daté de 1396 dans lequel intervient un certain Pedrinus Ioannis a bocalibus de Forlieio olim et num : habitator Pensauri (Pierre Jean des poteries, jadis à Forli, maintenant à Pesaro). De plus, l’existence d’une fabrique de fayences peintes à Forli nous est révélée par Piccolpasso, et confirmée par deux pièces de la collection n° G. 92 et G. 93, et qui portent au revers le nom de cette ville. Le voisinage de Faenza a exercé une grande influence sur le genre adopté par cette fabrique, qui semble n’en être qu‘une annexe.

 

G. 93. Coupe. Vers 1550 : Crassus prisonnier des Parthes. Crassus est assis à droite et lié sur un banc de pierre sur lequel est écrit : AVRVM SITIS. / AVRVM BIBIS. Un homme lui verse de l‘or fondu dans la bouche. A gauche, un roi appuyé sur une colonne tronquée ordonne le supplice; deux suivants; fond de paysage avec des monuments et une ville. Derrière le Crassus les armes "d’argent à la bande d'azur accompagnée de deux quinte feuilles d‘or, en chef et en pointe". Dessin large, accentué, figures longues; ton peu intense, la couleur est semée de bulles. Emploi du noir brillant dans les ombres de l’architecture. Revers blanc granulé, décore d’une zone d’ornements bleus lapis en fleurs vermiculées. Au centre, un cartouche où est écrit en capitales FATA IN FORLI (Alfred Darcel, Notice des fayences peintes italiennes, hispano-moresque et françaises et des terres cuites émaillées italiennes, 1864 - books.google.fr).

 

Dans la collection de Campana, puis au Louvre et enfin à Sèvres (fr.wikipedia.org - Collection Campana, art.rmngp.fr, Cahiers de la céramique du verre et des arts du feu, Numéros 51 à 53, 1972 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LLLL ou quatre ailes

 

Dans la tour Château-Renault, on trouve les emblèmes de Louise de Savoie sculptés sur le plafond à caisson, représentant le bouquet de trois lys réduit à une tige passant dans une couronne entre deux ailes ou liée par une cordelière à noeuds de Savoie avec quatre ailes placées en sautoir. Cet emblème se retrouve dans la salle du Roi, au premier étage de l'aile François Ier de part et d'autre de la cheminée (Pascal Brioist, Louise de Savoie (1476-1531), 2018 - books.google.fr).

 

"Le tant", l'étang (le lac), l'étain

 

Au quatrain précédent IX, 11 on a "estaint" pour éteindre mais pourquoi pas pour indiquer un "tain" à la place de "tant". "tant d'argent" peut être en relation avec le monnayage (tantum argentum) mais on peut voir un "tain d'argent" en référence au miroir et donc au "Miroir de Diane", le lac de Nemi.

 

Les dictionnaires latins admettent, à côté de stagnum «eau stagnante, étang», un autre stagnum (moins correctement stannum) qui désigne deux substances métalliques, l'étain et le plomb d'oeuvre, c'est-à-dire un alliage de plomb et d'argent. Ce second vocable soulève une triple difficulté : la distinction de ses deux sens dans les textes ; leur rapport entre eux -, leur lien avec le premier stagnum, «étang». En fait, il s'agit d'un problème métallurgique, sur lequel les techniques anciennes d'étamage et d'argenture jettent quelque lumière. La descendance romane et germanique de stagnum présuppose le sens d'étain, mais celui-ci n'est attesté sans équivoque possible que dans les contextes, relativement tardifs, où stagnum traduit le grec "kassiteros".

 

Stagnare peut signifier «recouvrir d'une nappe stagnante». Nous sommes tout près du sens d'«étamer, recouvrir d'une couche protectrice». Ce passage est facile de «recouvrir d'une nappe liquide stagnante» à «recouvrir d'une couche de métal fondu», car le procédé d'étamage le plus simple consiste, comme on l'a vu, à tremper l'objet de cuivre dans un bain d'étain fondu qui se fige sur le cuivre. Le changement sémantique est perceptible dans un autre passage du même Justin (XXXVII, 2, 6) : (Mithridate) antidota saepius bibit et ita se aduersus insidias ... remediis stagnauit. (Il but assez souvent des antidotes et ainsi il se blinda contre les pièges au moyen de remèdes). Ce sens de «préserver, immuniser» se retrouve dans des contextes médicaux plus tardifs. Holder y voit une image reprise aux techniques d'étamage. Et, de fait, on est très proche des gloses qui rendent stagno par "ganô" «étamer». Par conséquent, et malgré la date relative des attestations, il n'est pas téméraire de suggérer l'hypothèse suivante : le verbe stagnare, dérivé de stagnum «étang» et signifiant «être recouvert d'une nappe stagnante» puis «recouvrir d'une nappe stagnante», convenait particulièrement bien à la première forme d'étamage, l'immersion dans un bain d'étain fondu qui dépose à la surface de l'objet une couche de métal qui se fige. Le bain lui- même reçut le mot de stagnum dans la langue des artisans. Il ne désigne le plomb d'œuvre que dans le cadre restreint d'un transfert de techniques (Robert Halleux, De Stagnum «étang» à Stagnum «étain». Contribution à l'histoire de l'étamage et de l'argenture. In: L'antiquité classique, Tome 46, fasc. 2, 1977 - www.persee.fr).

 

On remarque que le Mithridate mithridatisé est celui qui supplicia Aquilius.

 

Louise de Savoie

 

Le quatrain précédent IX, 11 est mis en rapport avec les années 1529 - 1531.

 

En 1531, Francesco De Marchi aurait tenté sa chance au lac de Nemi avec l'une des premières expériences de cloche de plongée, sans toutefois mieux réussir que son prédécesseur. Mais il doit s'agir de Guglielmo Lorena qui était équipé d'une cloche, expérience décrit par De Marchi dans Architectura militari et commandité peut-être par lui (Claude Riffaud, La grande aventure des hommes sous la mer: Du temps d'Aristote à l'âge nucléaire, 1988 - books.google.fr).

 

Ce Maestro Guglielmo de Lorena serait en fait un Guillaume de Lorraine.

 

On aimerait d'avoir quelques renseignements sur ce Lorrain du XVIe siècle qui s'en alla fouiller le lac de Nemi; mais nulle autre histoire que je sache n'a jamais fait mention de lui. Il inspirait à l'architecte italien un respect quasi superstitieux (Mercure de France, Volume 211, 1929 - books.google.fr).

 

François De Marchi (né à Bologne en 1504, mort à L'Aquila en 1576) est un ingénieur militaire italien aujourd'hui reconnu pour avoir réalisé la première ascension officielle de la cime principale du Gran Sasso (fr.wikipedia.org - Francesco De Marchi).

 

Potier, Poitiers, poto (latin boire)

 

Poitiers se prononçaient "potier"(Albert Dauzat, Les noms de lieux, origine et évolution: villes et villages--pays--cours d'eau--montagnes--lieux-dits, 1963 - books.google.fr).

 

C'est en 1531 que meurt de la peste Louise de Savoie, mère de François Ier. Un dialogue de Jean Thénaud, qui était à son service, entre lui-même, qui se plaint de son impécuniosité, et Louise fait dire à la reine-mère qu'elle est persuadée que le poète ne voudrait jamais échanger ses trésors de connaissance avec les richesse de Jacques Coeur ou de Crassus (Jean Thenaud, Le triumphe des vertuz, Tome 2, présenté par Titia J. Schuurs-Janssen, René Ernst Victor Stuip, 1997 - books.google.fr).

 

Cristoforo Numai, dont on trouve le nom orthographié sous de multiples formes : «Numali», «Numajo», «Numalius», «Neumage», (né au XVe siècle à Forlì en Émilie-Romagne - mort le 23 mars 1528 à Ancône, dans les Marches) était un religieux italien du XVIe siècle nommé cardinal par le pape Léon X en 1517. Cristoforo Numai, né à Forlì au sein d’une riche famille, deuxième des cinq garçons de Francesco Numai et de Cassandra Ercolani - de la famille de Cesare Ercolani, «le vainqueur de Pavie») - étudia à Bologne chez les Frères mineurs (Franciscains). Puis il se rendit en France où, inscrit à La Sorbonne, il poursuivit ses études et obtint son doctorat. Ordonné, il fut le confesseur de Louise de Savoie, mère de François Ier, roi de France (et, d'après certaines sources, de la reine Claude de France, épouse de François Ier) (fr.wikipedia.org - Cristoforo Numai).

 

Diane de Poitiers, comparée à la déesse du même nom par Jodelle, fut nommée dame d'honneur de Louise de Savoie, et le resta jusqu'à la mort de la mère du roi intervenue en 1531 (septembre) comme celle de son mari (juillet). Elle passa ensuite au service d'Eléonore de Habsbourg, seconde femme de François Ier. Elle prit à son service le sculpteur et architecte Jean Goujon, luthérien, pour faire des travaux dans son château de Mauny (Jacques Dumaine, Diane de Poitiers, 1957 - books.google.fr).

 

L'or potable est une solution aqueuse qui contient de l'or, qui était préparée et consommée principalement pendant la période de la Renaissance. On trouve des traces de l'or potable dans des papyrus égyptiens. Pline l'Ancien en donne quelques recettes (Histoire naturelle, XXXIII, 84). Dissoudre de l'or dans de l'eau est extrêmement difficile, et les alchimistes du Moyen Âge rivalisaient d'ingéniosité pour pouvoir proposer la précieuse boisson à leurs protecteurs qui pouvaient payer très cher pour s'en procurer. L'or potable était bu à cette époque dans des bouillons ou dans des boissons alcoolisées, l'or étant dissous dans l'eau régale qui donnait une liqueur jaune limpide. Ce breuvage était considéré comme un remède, une sorte d'élixir de jeunesse, malgré le fait que la consommation d'or soit en réalité dangereuse pour la santé, comme le suggère le syndrome d'intoxication chronique de Diane de Poitiers. Avec les progrès de la médecine et l'analyse d'os de membres de la noblesse, on a pu identifier cette solution comme cause probable de leur mort étant donné les quantités d'or anormalement élevées trouvées dans les os (fr.wikipedia.org - Or potable).

 

Figulier - Figulus

 

Avec "Figulier", on pense aussi à Nigidius Figulus, féru d'astrologie, premier auteur en ce domaine à Rome, et néopythagoricien, contemporain de Crassus et de César, et partisan de Pompée. Il tirait son nom de Figulus, selon saint Augustin, d'une réponse à la question des destins différents des jumeaux alors qu'ils ont des horoscopes identiques, qui fait intervenir le tour du potier.

 

Une conception reconnaissait, d'après une allégorie hésiodique, dans l'oblation de grain l'union du principe de vie de l'initié avec la «puissance végétative du sol», envisagée au sens de la «personnification hermétique «des forces fécondantes.» C'est ce point de vue que considère Juvénal quand il décrit le viril colyphium d'orge, générateur de l'athlétisme romain. L'occultisme du traité nigidien «De hominis naturalibus» y voyait sans doute le rite phallique de la libération du Mal par l'effort méritoire de virginales ascèses. Aussi bien, ce n'était là qu'un substitut de la mort rituelle du myste par le sacrifice sanglant. [...] A ce substitut de la mort rituelle, il convient d'ajouter l'imitation d'une victime modelée dans l'argile, ou pétrie dans la pâte. C'est ce dernier mode qu'avait adopté Pythagore, en reconnaissance de sa découverte du carré de l'hypoténuse (Louis Legrand, Publius Nigidius Figulus Philosophe néo-pythagoricien orphique (1931), 2018 - books.google.fr).

 

Le verre et la terre

 

En considérant lme miroir, il est des artisnas qui étaient potier et verrier comme le moine Théophile sous le roi de France Henri Ier au XIème siècle (Paul Lacroix, Curiosités de l'histoire des arts, 1858 - books.google.fr).

 

Ou bien Bernard Palissy, né en 1510 peut-être à Agen, ville connue de Nostradamus qui abrita Jules Scaliger. Il meurt protestant emprisonné par la Ligue à la Bastille en 1589 (ou 1590 ?), «de faim, de froid et de mauvais traitements» (fr.wikipedia.org - Bernard Palissy).

 

L'argile est la substance que l'on employe à la construction des creusets & des fours de verrerie (Encyclopédie méthodique ou par ordre de matières: arts, métiers et mécaniques, Tome 3, 1784 - books.google.fr).

 

Supposons maintenant qu’on ait à déterminer la retraite (diminution de volume) d’un mélange de 75 parties d’argile neuve, et de 25 parties de ciment, l’argile neuve contenant 38 pour 100 d’alumine, on opérera comme il suit : les 75 parties d’argile en contiennent 28 d’alumine, et il reste 72, tant de ciment que de silice, dont le quart est 18 ; ce dernier nombre, retranché de 28, donne 10 ; c’est la quantité d’alumine qui donnera lieu à une retraite par la diminution du volume de la masse (Jean Baptiste Loysel, Essai sur l'art de la verrerie, 1800 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2113 sur la date pivot 1531 (mort de Louise de Savoie) donne 949.

 

Dans l'Occident musulman, il s'avéra nécessaire, au Xe siècle, à la cour du calife omeyyade de Cordoue, d'adapter la version orientale du texte de Dioscoride à la nomenclature hispano-arabe. Ayant reçu en cadeau de l'empereur byzantin Constantin VII Porphyrogénète une copie grecque illustrée de Dioscoride (947 ou 949), 'Abd al-Rahman III (912-961) fit entreprendre une nouvelle traduction à laquelle participèrent un moine dénommé Nicolas, venu de Constantinople (en 951) à la demande du calife, et Hasdây ibn Shaprut, médecin et  traducteur juif de Cordoue, assistés d'un groupe de savants parmi lesquels figurait le médecin et botaniste lbn Juljul (Histoire des sciences médicales, Volume 23, 1989 - books.google.fr, Nicolas Drocourt, Ambassadeurs étrangers à Constantinople : moyens de contacts, d’échanges et de connaissances partielles du monde byzantin (VIIIe-XIIe siècles), Espaces d'échanges en Méditerranée : Antiquité et Moyen Âge, 2006 - books.openedition.org).

 

Le Dr. Andres Laguna (vers 1499 - 1560), auteur probable du Voyage en Turquie, ironisait dans ses commentaires sur Dioscoride, à propos des vertus curatives de ce métal solaire : «...par sa seule vue, il engendre une incroyable allégresse, et, donné en boisson» - potable -, «il procure tant de force et de vigueur qu'il suffirait à ressusciter les morts. Avec toutes ces vertus, il n'a qu'un défaut; c'est un grand ensorceleur. Je le dis parce que tous ceux qui le manient y prennent goût au point que pour l'étreindre seulement ils risqueraient corps et âme» (cf. M. Bataillon, Erasme et l'Espagne, 1937) (Studi francesi, Numéros 7 à 9, Università di Torino. Istituto di lingua e letteratura francese, 1959 - books.google.fr).

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