Catalogne, Navarre et Dauphiné IX, 10 2110-2111 Moyne moynesse d'enfant
mort exposé, Mourir par ourse, & rauy
par verrier, Par Fois & Pamyes
le camp sera posé Contre Tholose Carcas dresser forrier. Abbaye de
Bonnevaux L’abbaye Cistercienne De Bonnevaux (Villeneuve de Marc)
en Dauphiné est la septième fondation de l’abbaye de Cîteaux (1098) en Côte
d’Or. Elle fut fondée en 1117 sous l’autorité d’Étienne Harding, abbé général
de l’ordre cistercien et à la demande de Gui de Bourgogne, ar-chevêque
de Vienne (pape Calixte II de 1119 à 1124, date de sa mort).Dès 1119, année de
sa consécration et jusqu’à la fin du XIIe siècle, l’abbaye de Bonnevaux fondera
plus d’une dizaine de monastères d’hommes mais également de femmes. Pour les
abbayes masculines, on peut citer : Mazan enÂ
Ardèche (1119), Tamié en Savoie (1132), Léoncel
dans la DrĂ´me (1138), Valcroissant dans la DrĂ´me
(1165-1170), Valmagne dans l’Hérault (1155), etc.(Ulmet transférée au XIIIe à Sylveréal, Valbenoîte, Montpeyroux). Les abbayes célèbres de Sénanque, de Silvanès et du Thoronet sont filles de Mazan
fille de Bonnevaux. Pour les abbayes féminines, on connaît, entre autres :
Laval-Bénite à St Pierre de Bressieux, Bonnecombe à St Paul d’Izeaux,
les Ayes à Crolles et un monastère à St Just de
Claix, toutes sont situées dans l’Isère. Aidée par les grandes familles
seigneuriales du Dauphiné et des Dauphins eux-mêmes, l’abbaye fut dotée très
tôt de nombreux biens fonciers (étangs, forêts, pâturages, vignes, terres et
granges). Également, l’industrie du moment prendra une place non négligeable
dans son développement commercial (moulins, tuileries, verreries, etc...). Ses
domaines s’étendront des plaines de l’Ain au Nord de la Drôme et des montagnes
de Chartreuse à la Vallée du Rhône. Composée essentiellement de feuillus (chênes, hêtres,
charmilles, bouleaux, châtaigniers, charmes, merisiers), la Forêt de Bonnevaux
fait partie d’un massif de 8500 hectares. Les moines l’exploitèrent pour leurs
besoins personnels, notamment pour les charpentes des granges Ă 3 nefs, pour
leurs scieries et pour alimenter les fours des tuileries et des verreries. Au
18ème siècle, la forêt fut mise en coupe réglée de 25 ans. Une partie était
réservée par le Ministère de la Marine pour la construction navale. A ce jour,
elle est en grande partie privée. Elle renferme une quantité de gros gibiers :
chevreuils, sangliers ; mais Ă©galement des blaireaux, des renards, des fouines,
des Ă©cureuils, des chats sauvages, etc.... Les oiseaux ne manquent pas tout comme
les fleurs, les champignons et diverses autres plantes. On dit que Louis XI,
alors Dauphin, venait souvent y chasser. Les verreries apparaissent dès la fin du XVe siècle avec
l’arrivée à Bonnevaux d’un abbé en provenance de Chambaran
où elles existaient déjà . Il amène avec lui un maitre verrier, Jean de Chambaran qui s’installe dans la maison forte de Cazeneuve. Les verreries se développent dans la région de Lieudieu : Crépet, Morfandière (château Avril), Chambaran
puis Cholley construite plus récemment (fin XVIIe
siècle) et qu’on peut toujours voir. L'implantation des verreries n’était jamais due au
hasard. Les maîtres verriers cherchaient toujours à être au plus près des
principales matières premières: 1.Le bois, principalement le Hêtre, pour
l’alimentation des fours. Lors-que la coupe de bois
est terminée, on n’hésite pas à reconstruire la verrerie ailleurs plutôt que de
faire venir le combustible. 2.La silice est plus
facile à déplacer, mais n’est jamais bien éloignée du site. 3.L’eau
pour le lavage du sable et des cendres, une source ou une rivière se trouve
toujours à proximité. 4.La fougère se trouve en
abondance dans nos forêts. La chaux : la présence de four est souvent signalée
dans le voisinage. Au Sud, Ă Arzay, se situe
l’ancienne Verrerie de Chatagnier Bruyère. C’est ici
que Jean de Chambaran fonda le premier Ă©tablissement
verrier sur une terre appartenant aux religieux de Bonnevaux en 1473. Les
descendants du maître verrier s’y fixèrent pendant plusieurs décennies, avant
de céder leur place en 1693 à Jean Baptiste de Marin, issu d'une famille de
verriers venant d’Italie. En 1744, il sera construit sur cet emplacement une
maison et une halle. On ne sait pas si ce nouvel établissement a fonctionné. La
maison est toujours visible et comporte des éléments architecturaux en
réemploi. Malheureusement, la halle s’est effondrée en 1964 (tourisme-bievrevalloire.com,
fr.wikipedia.org -
Abbaye de Bonnevaux). Méraut de Grolée, Abbé Commandataire de l'Abbaye de Bonnevaux en 1473, est le
frère puîné de Charles Ier du nom. Chevalier, Conseiller, Chambellan du Roi, Seigneur de Viriville, Châteauvillain, Brotel
& de Chapeau-Cornu, il se trouva, avec son frère Philibert, aux joûtes du Roi de Sicile, se rendit utile au Roi Charles
VII, qui le fit son Chambellan, par Brevet de 1441, Conseiller &
Gentilhomme de sa Chambre, le 12 Décembre 1442. Après la mort de ce Prince,
Louis XI, son successeur, le fit aussi son Conseiller & Chambellan. Il
testa le 27 Octobre 1481, & voulut être enterré dans le tombeau de son
père. Il avoit épousé, le 16 Octobre 1433, Marguerite
de Poitiers, fille de Louis, Seigneur de Saint-Vallier, & de Polixène Roux, en présence de ses parens
& amis; elle se remaria à Frédéric de Luxembourg, Comte de Connersan, & testa le 3 Juillet 1482 (François-Alexandre
Aubert de La Chesnaye-Desbois, M. Badier, Dictionnaire de la noblesse, Tome 9,
1866 - books.google.fr). La graisse des
enfants La graisse humaine était considérée comme dotée de
propriétés particulières susceptibles d'aider à l'accomplissement de diverses
opérations magiques. D'autre part, les graisses en général étaient
effectivement utilisées en thérapeutique et dans d'autres domaines, et
faisaient l'objet d'un commerce. Il n'est donc pas très étonnant qu'il ait
existé des rumeurs de trafic de graisse humaine destinée à des usages plus ou
moins magiques. Le bourreau parfois vendait de la graisse de pendu (10), ou
fabriquait lui-mĂŞme des onguents Ă base de cette substance quand il ne vendait pas
des cadavres aux chirurgiens. Dans ces conditions, pourquoi nos loups-garous bas-dauphinois ne s'attaqueraient-ils pas aux
gens afin de leur prendre leur graisse, que ce soit pour en faire des remèdes ou
pour les besoins magico-religieux des curés («Ils s'attaquaient aux gens pour
procurer de la graisse de chrétien aux curés, qui en avaient besoin, en plus du
pain et du vin, pour célébrer la messe»). Dans les quatre
documents bas-dauphinois suivants, la graisse humaine prélevée par le
loup-garou est destinée à une utilisation particulière, tout à fait en accord
avec la tonalité anti-seigneuriale de la région. - En 1747, les
paroissiens de Primarette étaient persuadés, au point
d'aller s'en plaindre à l'archevêque, que leur curé donnait permission aux loups-garous de faire la chasse aux enfants «pour fournir
aux verreries». Certes, le mot de graisse n'est pas prononcé, mais la
croyance est de toute évidence la même que dans les deux documents suivants. - A Lieudieu au XIXe siècle, il
subsistait de la verrerie dite de Chambarand, «le
souvenir, perpétué par la tradition des loups-garous
(en patois : libérous) qui parcouraient en tous sens les
communautés et paroisses voisines pour y racler la partie la plus charnue des
chrétiens et y trouver la graisse indispensable, croyait-on, à la bonne
fabrication du verre de Chambarand.» - Un document oral recueilli en 1980 Ă
Pommier-de-Beaurepaire affirme que les loups-garous
enlevaient les enfants jusque dans les maisons, et d'autre part que les verriers de l'ancienne verrerie de Pisieu «faisaient des verres avec la graisse des enfants.
La verrerie de Char, qu'ils appelaient... Le comte de la Verrerie s'Ă©tait
retiré du côté de Dijon. Ça date au moins de 1800.» - Or, dès 1673, un
document mentionnait le rapt d'un enfant par un «loup-garou» à proximité d'une
verrerie (la Verrière-Féron à Ste-Anne d'Estrablin). Ainsi, sur moins de vingt kilomètres mais, disons, sur
trois siècles, court la croyance que les seigneurs faisaient enlever des gens,
des enfants, par les loups-garous, pour leur prendre la
graisse nécessaire à la fabrication du verre. Les trois
documents qui parlent de loups-garous preneurs de
graisse humaine au profit des verreries proviennent de localités situées dans
la forĂŞt de Bonnevaux (Pisieu, Lieudieu),
ou à proximité immédiate de celle-ci (Primarette).
L'abbaye cistercienne de Bonnevaux, fondée au XIIe siècle, possédait des biens
dans tout le Viennois, et en particulier la forêt dite de Bonnevaux  où les moines, en 1473, autorisèrent un
verrier (noble Jean de Chambaran) Ă construire une
verrerie (2°). Cette fabrique porta dès lors divers noms selon les
localisations successives qu elle occupa : verrerie
de Crépet, de Morfon-dière,
de Chalagne-Bruère, et aussi de Chambaran
(ce qui peut provoquer une confusion avec les verreries de la forĂŞt de Chambaran, proche mais distincte de la forĂŞt de Bonnevaux).
Au tout début du XIXe siècle, elle employait une vingtaine d'ouvriers et
fabriquait 80 à 90000 pièces de verrerie par an. Elle cessa son activité dans
le courant du XIXe siècle. A Primarette au XVIIIe
siècle, existaient deux verreries tenues par des nobles. Nous allons nous
arrĂŞter sur deux points qui peuvent ĂŞtre en rapport avec nos loups-garous : le statut social des verriers, et les
conflits avec les communautés paysannes à propos de la consommation de bois.
Avant la Révolution, la verrerie était l'un des rares métiers manuels «non dérogeants» : un noble pouvait l'exercer (qu'il se contente
de posséder ou de diriger la fabrique, ou bien qu'il manie la canne), tout en
conservant sa qualité de noble, avec tous les privilèges fiscaux qui en
découlaient. Ce lien entre verrerie et noblesse est attesté très tôt en
Dauphiné, peut-être dès le XIVe siècle, en tout cas au XVe : outre noble Jean
de Chambaran cité plus haut, on peut mentionner noble
Pierre de Revel, père de deux gentilshommes verriers en 1443, pour l'autre
verrerie, celle de la forĂŞt de Chambaran. En 1575, un
arrêt du Parlement de Dauphiné confirma le caractère non dérogeant du métier de
verrier. Quant à notre verrerie de la forêt de Bonnevaux, «elle
fut constamment dirigée par des familles appartenant à la noblesse, comme les
de Chambaran, de Montquin,
de Guison, de Chambeuil, de
Marin du Gas, de Rivoire, qui n'ont pas cru ternir
l'éclat de leur blason en devenant chaufourniers». De simples ouvriers y
portent au XVIIIe siècle des noms nobles, comme les de Chambeuil,
et de Rivoire. Toute cette gentilhommerie verrière portait blason, chapeau
brodé sur la tête, l'épée au côté, et s'il faut en croire des sources
indirectes, ne se mêlent guère aux populations, cultivant sa différence, son
argot de métier, et la chanson paillarde... Pour ajouter à leur singularité au
milieu des campagnes bas-dauphinoises, nombre d'entre eux Ă©taient d'origine
italienne. A la méfiance que pouvaient éprouver les paysans envers les verriers
s'ajoutaient des raisons de conflits beaucoup plus
concrètes. Pour chauffer leurs fours, ils consommaient en effet de très importantes
quantités de bois. En 1724, la verrerie
de la forêt de Bonnevaux aurait été accusée par l'administration des Eaux et
forêts de «gaspiller les bois de la forêt», ce dont le propriétaire se défendit
en arguant qu'il ne brûlait que du bois blanc, à raison de 5 à 600 toises par
an. Si l'on se réfère, pour comparaison, aux verreries de la forêt de Chambaran, distantes d'une vingtaine de kilomètres et sur
lesquelles nous sommes beaucoup mieux documentés grâce au travail de R. Moyroud, nous voyons que les conflits et les procès entre
les verriers et les communautés paysannes environnantes pour la jouissance des
bois s'égrènent de siècle en siècle, du XIVe au XIXe... Un dernier mot sur le curé pour mettre en lumière
l'ambiguïté de son rôle dans ce contexte. Lorsqu'il bénit des croix
protectrices contre les loups-garous à proximité
d'une verrerie, c'est vraisemblablement Ă la demande de ses paroissiens,
lesquels croient que loup-garou et verrerie ont partie liée. Il cautionne en
quelque sorte leur croyance. Mais lorsqu'à l'inverse il bénit le feu et la
maison du verrier attirant la bienveillance divine sur les activités de ce
dernier, ne risque-t-il pas de renforcer le soupçon qu'il est son complice ? Même si les loups-garous
bas-dauphinois possèdent de toute évidence une étroite parenté avec leurs
cousins montagnards, la tonalité de la croyance est ici assez différente. Ses
deux caractéristiques essentielles sont les suivantes : - une coloration «politique» : le loup-garou est au
service du seigneur et du curé, dont il contribue à maintenir la domination ; - une coloration «rationalisante» :
le loup-garou est un homme déguisé, et non métamorphosé, même s'il conserve
certains aspects surnaturels. La croyance selon
laquelle le loup-garou est commandité par le clergé est fréquente en
Bas-Dauphiné, et jusque dans la Drôme. Certains documents qui seraient peu
compréhensibles isolés, s'éclairent les uns les autres : «les loups-garous
allaient derrière les autels des églises enveloppés d'une peau d'ours», «le
loup-garou se logeait à la cure». D'autres sont plus explicites. A
Aix-en-Diois, les loups-garous étaient des «sortes
d'hommes masqués commandés par le clergé qui venaient effrayer les gens pour
les ramener à la religion» ; même chose aux Avenières ; à Marcollin, celui qui sautait par-dessus le mur du cimetière
avoue lors de sa capture, «c'est les curés qui me payent pour faire une
croyance comme ça». A Ratières, enveloppé dans sa peau de veau et armé d'un
coutelas, il circule la nuit et fait un mauvais parti Ă ceux qu'il rencontre.
Aussi, le curé annonce-t-il, à la messe du dimanche, les nuits où il vaut mieux
ne pas sortir de chez soi, manifestant ainsi qu'il en sait long sur la
question... Le diable persuade les sorciers de «ravir des petits
enfants pour d'iceux extraire la gresse et en faire
un consommé [bouillon réduit] pour mêler dans ses onguents» : Jean de Nynauld, De la lycanthropie, p. 80. Voir aussi MIGNE,
Dictionnaire des sciences occultes, et J. COLLIN DE Plancy,
Dictionnaire infernal, p. 308 : «On assure que le diable se sert de graisse humaine
pour ses maléfices. Les sorcières se frottent de cette graisse pour aller au
sabbat par la cheminée». L'onguent des sorciers, thème inépuisable, n'est pas
obligatoirement composé de graisse humaine, mais les «graisses inconnues», a
priori suspectes, sont citées par Bodin (Démonomanie des sorciers..., p. 190,
223 v°) ; celle du dauphin ou du serpent permet de provoquer des apparitions affrayantes (Secrets merveilleux [...] du Petit Albert
[...], op. cit., p. 294). L'onguent (nommé graisse chez Boguet) sert aussi
à faire mourir le bétail et les gens, et même à se transformer en loup ou
autres animaux : Henri BOGUET, Discours exécrable des sorciers [1602],
Paris, Le Sycomore, 1980, pp. 73, 130-131 ; ELLENBERGER, «Le monde
fantastique...», p. 17. Citons aussi les «engraisseurs de peste» signalés en
1592 à Annecy et soupçonnés en 1630 de «faire de la graisse pestilentielle et
engraisser partout où ils pouvaient afin de mettre la peste» (J. DUFFRESNE,
Histoires et légendes de Savoie, 2e série, 1934, p. 124), ou le «graisseur»
dont fait état, lors d'une épidémie de peste à Paris le Journal de Jean Héroard sur l'enfance et la jeunesse de Louis XIII, 1. 1,
Paris, 1868, pp. 200-201 (Charles
Joisten, Robert Chanaud, Alice Joisten, Les loups-garous en Savoie et Dauphiné.
In: Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d'ethnologie, n°1-4/1992 -
www.persee.fr). Laissons parler l'Abbé Chuzel, qui, dans son «Histoire de
l'Abbaye de Bonnevaux», nous donne d'utiles précisions : «L'Abbé Méraud de Grolée, Abbé de Bonnevaux vers 1467, était le
quatrième enfant d'Humbert de Grolée, seigneur de Viriville
et de Chateauvillain, gouverneur et sénéchal de Lyon, maréchal du Dauphiné. Le 6 mai 1473, l'Abbé Méraud
de Grolée, saisissant l'occasion de tirer profit de tous les bois morts de
l'immense forĂŞt de Bonnevaux, accorde Ă Jean de Chambarand
l'autorisation d'établir une verrerie et de prendre le bois nécessaire au four. Cette verrerie
fonctionna jusqu'au début du XIXe siècle, constamment dirigée par des nobles
pauvres qui prendront le titre de "maîtres-verriers" (André
Noraz, Jean-Jacques Rousseau, sa vie à Maubec en Dauphiné: janvier 1769-avril
1770, 1979 - books.google.fr). "ours" La transformation
de l'homme en loup-garou se réalise principalement en revêtant une peau
d'animal. Cet acte détermine la métamorphose, à moins qu'il ne soit
considéré comme un déguisement. Tout le corpus va osciller entre ces deux pôles
opposés de la croyance : pôle où le surnaturel est admis, pôle où il ne
joue plus qu'un rôle atténué, voire nul. De ces diverses conceptions découle
l'apparence qu'aura le loup-garou : celle d'un animal ou celle d'un humain
déguisé. Pour tous les documents parlant de la peau de loup, on
peut constater qu'il s'agit de pays de montagne (une seule attestation
bas-dauphinoise se rencontre). En Bas-Dauphiné, où la notion de déguisement
prédomine, on ne trouve qu'exceptionnellement mentionné l'aspect de loup ou de
«chien barbet». La peau d'ours est également citée assez souvent, en
Haute-Savoie, en Savoie et en Isère. En Haute-Savoie on ne rencontre donc
qu'une seule mention de la peau d'ours, et on peut noter une certaine ambiguïté
dans la croyance qui se rattache à ce document précis puisqu'il dit que les
hommes qui se revêtent de cette «peau d'ours ensorcelée» se nomment leu sorci, et «courent comme des loups». Les autres documents
se répartissent en deux zones bien distinctes : - la moyenne Maurienne, pour laquelle on connaît déjà un document du XVIe siècle faisant état de la métamorphose en ours (et en loups) de «ceux de la Synagogue» ; - le Bas-Dauphiné
; l'informateur de Septème nous dit que, parmi les
«peaux de mauvaises bêtes» que l'on peut utiliser pour devenir loup-garou, «il
paraît que c'était la peau d'ours la plus sauvage» (Charles
Joisten, Robert Chanaud, Alice Joisten, Les loups-garous en Savoie et Dauphiné.
In: Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d'ethnologie, n°1-4/1992 -
www.persee.fr). La révolution
catalane Au mois de décembre 1460, à Lérida, Don Carlos, prince de
Viane, avait été arrêté par ordre de son père Jean
II, qui était roi de Navarre, du chef de sa première femme,  Blanche, héritière de ce pays, et roi d'Aragon
par suite du décès de son frère Alphonse. Le prince de Viane,
exposé à la haine de sa marâtre Jeanne Henriquez, qui
voulait assurer à son fils Ferdinand la succession du roi Jean, était entré en
lutte avec son père; il lui réclamait la couronne de Navarre et pactisait avec
les Catalans, soulevés pour revendiquer leur autonomie. La guerre civile avait
éclaté dans le Nord de l'Espagne et avait eu son contre-coup
dans le Midi de la France. Gaston IV,
comte de Foix, qui avait épousé Eléonore, la seconde fille du roi Jean II, prit
fait et cause pour son beau-père, dans l'espérance de lui succéder sur le trône
de Navarre. Cependant les droits d'Eléonore étaient primés par ceux de sa soeur aînée Blanche, femme séparée d'Henri IV, roi de
Castille; c'était un obstacle momentané à l'ambition de Gaston. Le Dauphin
Louis, en opposition avec son père Charles VII, s'était déclaré en faveur du
prince deViane, dont la situation présentait quelque
analogie avec la sienne. Le prince de Viane, aussitĂ´t
après sa libération, s'appuya sur les États de Catalogne, comprenant que bientôt
il aurait encore à se défendre contre son père et sa marâtre; il avait donc besoin
de trouver aide et protection auprès de ses alliés de France. Le 22 juillet
1461, le Dauphin succéda à son père Charles VII; son intention n'était pas de
rompre les relations qu'il avait nouées précédemment en Catalogne. Dès le mois
d'août, don Carlos envoya un ambassadeur au nouveau roi pour lui proposer un
traité; les instructions portaient que Louis XI serait prié d'intervenir auprès
de Jean d'Aragon, afin de le forcer Ă restituer la Navarre Ă son fils. Le comte
de Foix devait être écarté et même mis au ban du royaume. Le malheureux don Carlos ne devait pas avoir occasion
d'Ă©prouver ce que valaient les promesses et les marques d'affection faites par
son cousin; il succomba, le 23 septembre 1461, Ă la veille de rouvrir les
hostilités contre son père. En apprenant la mort de son allié, Louis XI ne
manqua pas de donner des marques de son affliction. Ce furent les conseillers
de la ville de Barcelone qu'il prit comme confidents de ses regrets et de ses
projets. Cette manifestation de sympathie lui offrit une occasion dont il
s'empressa de profiter pour avoir un prétexte d'intervenir dans le pays. La
missive qu'il Ă©crivit le 13 octobre 1461 n'est pas tout entière consacrĂ©e Ă
l'expression de sentiments douloureux; après l'éloge du défunt, qu'il considère
comme un saint faisant des miracles, le roi en arrive aux questions pratiques.
En effet, il y a des intérêts laissés en souffrance dont il convient de se
préoccuper. Craignant d'en écrire trop long, il expédie deux agents chargés de
faire connaître verbalement ses intentions, Aymard de Poisieu, bailli de Viennois, et le
notaire Jean de Reilhac; "Ă iceuix,
dit-il, vueillez adjouster foy et créance en tout ce qu'ilz
vous diront de par nous." Louis XI ne perd pas de vue les affaires de Catalogne. La
succession du prince de Viane échoit à sa soeur Blanche et non à Éléonore la cadette. Blanche s'était
montrée favorable à la cause de son frère, ce qui lui avait valu d'être
emprisonnée en même temps que lui par ordre de leur père et maintenue en
captivité. Les États de Catalogne se préoccupent de la situation et, au lieu de
se soumettre au roi Jean, ils comptent lui opposer sa fille aînée ; aussi
cherchent-ils les moyens de la délivrer. Le but de Louis XI était de maintenir le royaume de
Navarre sous l'influence de la France. Les États de Catalogne voulaient que la
succession du prince de Viane revint
Ă Blanche. S'ils arrivaient Ă leurs fins, il pouvait advenir que la princesse
se mariât sans tenir compte des vues de Louis XI. L'enlever à son père pour la
remettre aux Catalans, c'Ă©tait Ă©viter un danger pour tomber dans un autre.
L'astucieux monarque trouva le moyen de parer à ce double inconvénient, sans se
soucier davantage des promesses faites à la députation de Catalogne. Il n'hésite
pas Ă se rapprocher de Jean d'Aragon; au mois de mai 1462 il a une entrevue Ă
Sauveterre, avec ce prince, et renouvelle le traité d'alliance, précédemment
conclu par Charles VII; il promet, moyennant le paiement de deux cent mille
écus d'or, de lui fournir 700 lances pour réduire les rebelles. Quelques mois
auparavant, il avait mariĂ© sa soeur Madeleine Ă
Gaston, fils du comte de Foix. Pour se rendre de plus en plus favorable ce
feudataire, qui avait ménagé la rencontre, il lui fit remettre par le roi Jean
la princesse Blanche. C'était le reconnaître comme héritier de Navarre ; le
comte n'eut rien de plus pressé que de faire enfermer sa belle-soeur
à Orthez, où elle mourut misérablement en 1464. L'insurrection prenant des
proportions de plus en plus fortes en Catalogne, Louis XI est invité par son allié
à tenir sa parole. S'il était disposé à envoyer le secours promis, il désirait
prĂ©alablement recevoirla somme nĂ©cessaire Ă
l'entretien des troupes. Jean, n'ayant pas d'argent à donner, est obligé
d'engager le Roussillon et la Cerdagne, que les Français s'empressent d'envahir
(FĂ©lix
Pasquier, Lettres de Louis XI relatives a sa
politique en Catalogne, de de 1461 Ă 1473, 1895 - bibnum.enc.sorbonne.fr, fr.wikipedia.org -
Guerre civile catalane). Pour mettre à profit l'alliance française, qu'il
n'entendait pas laisser stérile, et de plus en plus pressé par les Catalans, il
demanda à Louis XI le secours qui lui avait été promis, et, dès le mois de juin
1462, celui-ci chargeait Gaston IV d'organiser l'armée qui allait franchir les
Pyrénées. M. Calmette, après une critique minutieuse des documents, la fait
monter au chiffre de 10,000 combattants, assez considérable pour ce temps. Elle
traversa le Roussillon et, après y avoir occupé diverses places : Salses,
Rivesaltes, le Boulou et autres, elle laissa de côté
Perpignan, qui lui aurait opposé une trop longue résistance; puis elle
franchit, presque sans difficulté, les cols de Perthus et de Panissas et déboucha en Catalogne. Gaston IV marchait sur
Gérone où les Catalans tenaient la reine d'Aragon étroitement bloquée ; le 23
juillet, ils levaient le siège de la place, et Barcelone était bientôt après
assiégée à son tour ; mais l'armée française n'était pas assez nombreuse pour
s'emparer d'une ville fortifiée et défendue par 60,000 hommes. Au bout de
quelques semaines, elle dut se retirer, le 3 octobre. Gaston IV sauva son
honneur par la prise de quelques petites places : Villafranca
del Panades, Tamarit del Mar, surtout par celle de Tarragone; après quoi il
ramena ses troupes Ă Saragosse et conclut Ă Belchite,
le 13 janvier 1463, une trêve de dix jours qui mit, en réalité de ce côté, fin
aux opérations militaires. Le roi de Castille, l'allié héréditaire du roi de
France, auquel dona Blanca avait cédé ses droits au trône de Navarre et que les
Catalans avaient reconnu pour leur seigneur, avait envoyé des troupes à leur
secours; elles se seraient trouvées aux prises avec les Français, si Louis XI,
toujours plus heureux de faire œuvre de diplomate que de tirer l'épée, n'avait
offert sa médiation. Il désirait empêcher que la Castille, pour faire
contrepoids à l'alliance franco-aragonaise, ne s'unît à l'Angleterre. La
sentence arbitrale, offerte par lui, fut rendue à Bayonne le 23 avril 1463. La France conserve la Cerdagne et le Roussillon conquises, jusqu'en 1493, Charles VIII les remettant à l'Espagne pour obtenir sa neutralité dans les guerres d'Italie. Les Catalans abandonnés par Louis XI reconnaître pour
seigneur, à la fin de 1463, don Pedro, beau-frère d'Alfonse V de Portugal. Mais
ce prince, d'abord bien accueilli, se. sentit bientĂ´t
enveloppé «d'une atmosphère de défiance et de mécontentement;» il essuya de
nombreux revers et mourut de chagrin, le 29 juin 1466; il n'avait pas régné
trois ans. Les Catalans, qui ne pouvaient encore se résigner à accepter
l'autorité de Jean II, offrirent la succession de D. Pedro à René d'Anjou, roi
de Sicile, descendant, par sa mère Yolande, de Jean Ier d'Aragon. René était,
en outre, comte de Provence, c'est-Ă -dire seigneur d'un pays avec lequel les Catalans
avaient de grandes relations commerciales. Son fils Jean, comte de Calabre,
était un prince valeureux qui promettait d'être un défenseur énergique des
droits du principát; de plus, il aurait pour
auxiliaire, on pouvait l'espérer, le roi de France, à ce moment très bien
disposé pour la maison d'Anjou. Une ambassade catalane, reçue à Angers le 27
septembre 1466, offrit la couronne au roi René, qui l'accepta; il réussit même
Ă obtenir de Louis XI une promesse de concours. En retour, Jean de Calabre, fils
de René, et chargé par celui-ci de le représenter comme prince primogenit auprès des Catalans, acceptait de s'intituler
lieutenant général pour le roi de France dans le comté de Roussillon et de
Cerdagne, ce qui Ă©quivalait, de la part du nouveau souverain des Catalans, Ă
une reconnaissance des droits du roi de France sur ces provinces. Mais le
successeur de D. Pedro ne devait pas ĂŞtre plus heureux ni gouverner plus
longtemps que lui. Très populaire auprès de ses nouveaux sujets, il fut très
mal soutenu par Louis XI, menacé lui-même par une coalition que Jean II avait
largement contribué à nouer. Le concours promis à Jean de Calabre fut donc
presque exclusivement diplomatique, et le duc n'avait obtenu que des succès
insignifiants, quand il disparut, soudainement emporté par une attaque
d'apoplexie, le 16 décembre 1470, et regretté de tout le peuple catalan. Ainsi,
ce dernier était ramené à son point de départ. Ce traité de Perpignan fait dans
sa carrière diplomatique un fâcheux pendant au traité d'Arras qui mit fin, le
23 décembre 1482, à la guerre de la succession bourguignonne, et, dans un cas
comme dans l'autre, Louis XI manqua le but qu'il s'était proposé par suite de
ses procédés équivoques et absolument dépourvus de franchise (Joseph
Vaesen, Joseph Calmette. Louis XI et la révolution catalane (1464-1473). In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1903, tome 64 - www.persee.fr). Nous pouvons distinguer trois périodes dans l'histoire
des finances toulousaines sous Louis XI. Jusqu'en 1463 subsiste le mode de
perception du règne de Charles VII. Cette période est de courte durée; Louis
XI, en effet, médite tout de suite des remaniements financiers. C'est
précisément de Toulouse, le 13 juin 1463, qu'il arrête le remplacement de la
taille par des taxes sur les denrĂ©es. C'Ă©tait substituer l'impĂ´t indirect Ă
l'impôt direct. La réforme est d'ailleurs nécessaire; les tailles étant
imposées inégalement, des maisons soumises à une trop grande estime sont
abandonnées1. Mais voici que les impositions nouvelles qui augmentent le prix
des objets sont impopulaires. Pourtant les États consentent à tolérer le
système ; le roi recevra un abonnement annuel de 186.000 livres pour la taille et
l'équivalent aux aides. Ce compromis échoue. Dès l'année suivante, les États du
Puy demandent et obtiennent le rétablissement du régime des tailles; en effet,
le peuple se plaint des abus des fermiers, «les marchans
estranges... n'osent plus venir.» Un sinistre
inattendu a empêché Toulouse de faire, avec le reste du Languedoc, l'expérience
du régime esquissé. Le 7 mai 1463
débute un incendie formidable qui détruit en une douzaine de jours environ les
trois quarts de la ville. Louis XI arrive le 26 mai. Voyant la ville
ruinée, dépeuplée, il redoute une terrible crise économique. Il accorde alors
une exemption de tailles pour cent ans, à cause «des mortalités, des inundations des eaues et accidens de feu et mesmement du grant et orrible accident de feu
qui nagueres est advenu». Ainsi la ville ne sera pas
abandonnée et les maisons brûlées seront réédifiées, Louis XI pousse même la
magnificence jusqu'Ă donner quittance aux Toulousains de leur portion de
tailles des années 1453-1454 et 1455. Les sommes dues comme le déclarent les
capitouls ont été remises à Otto Castellan, à son frère Vanny
et au serviteur de ce dernier, François Bruny. Or
lesdits receveurs se sont absentés du royaume. Et les auditeurs réclament des
comptes aux capitouls qui n'ont aucun argent. Généreusement Louis XI ajoute foi
à ces déclarations et laisse échapper l'occasion d'exiger plus d'argent de sa
bonne ville. Cette situation privilégiée de Toulouse ne pouvait être de longue
durée, le reste du Languedoc devant payer la quote-part de la taille dont la
ville est déchargée (Marcelle
Bonnafous, Toulouse et Louis XI (Suite et fin.). In: Annales du Midi : revue
archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 39,
N°155-156, 1927 - www.persee.fr). Aymar de Poisieu Il n'est guère question de la famille de Poisieu avant le XVe siècle. Elle fut mise en réputation
par Aymar de Poisieu,
surnommĂ© Capdorat, c'est-Ă -dire tĂŞte dorĂ©e, Ă
cause de la couleur de ses cheveux, qui partagea les exploits et la gloire de
son frère d'armes, Lahire, dans les sanglantes
campagnes de Charles VII contre les Anglais. Recherché par le Dauphin, depuis
Louis XI, il devint un de ses intimes confidents, et lorsque ce prince résolut
d'épouser Charlotte de Savoie, sans se préoccuper de l'agrément du roi son
père, il donna ses pouvoirs Ă Yves de Scepeaux et Ă
Aymar de Poisieu, pour aller en Savoie conclure cette
alliance. La faveur dont il jouissait ne fut pas, comme nous l'avons déjà dit,
étrangère à l'élévation sur le siége de Vienne, de
son frère Antoine de Poisieu. Louis XI, parvenu au
trĂ´ne, choisit Aymar pour l'un des quatre capitaines des seize mille
francs-archers dont il ordonna la levée dans son royaume. Les lettres royaux
données à cette occasion nous apprennent que messire Aymar de Poisieu, dit Capdorat, était en
mĂŞme temps conseiller et maitre-d'hĂ´tel du roi, et
bailli de Mantes. On ignore si Capdorat laissa des
enfants, mais, outre Antoine, archevĂŞque de Vienne, et Jean, qui forma la branche
de Poisieu-Passage, il paraît qu'il avait encore un
frère du nom de Georges, écuyer du roi Louis XI (Auguste
Allmer, A. de Terrebasse, Inscriptions antiques & du moyen âge de Vienne en
Dauphiné, Volumes 5 à 6, 1875 - books.google.fr). Créatures du dauphin Louis II (futur Louis XI), Jean de
Poitiers (1447-1453), Antoine de Poisieu (1454-1473)
et Guy de Poisieu (1473-1480) appartiennent Ă sa
clientèle locale. En 1473, Antoine de Poisieu profita
de la faveur dont il jouissait auprès de Louis XI pour se démettre de son
archevêché en faveur de Guy, son neveu. Il se retira alors dans l'abbaye de
St-Pierre ; il fit bâtir dans l'église de ce monastère (1476) une chapelle
dédiée à la sainte vierge, qu'il orna de deux statues d'argent et de plusieurs
joyaux précieux. Il mourut le 28 octobre 1495 (Adolphe
Rochas, Biographie Du Dauphiné, Tome 2, 1860 - books.google.fr). Jean de Chambaran et Varacieux 1445-1454. - Informations, procès-verbaux et rôles de
tailles pour la révision des feux dans le bailliage du Viennois et Valentinois :
Les officiers et les prud'hommes de Varacieu
déclarent de même que Jean de Chambaran fils, bâtard d'Arthaud de Chambaran,
était verrier et que son père, aussi verrier, était quand il vivait porté
aux rĂ´les des tailles dudit lieu de Varacieu (Inventaire-sommaire
des archives départementales antérieures à 1790: Isère, Volume 2, 1868 -
books.google.fr). D’une famille de
verriers, Jean de Chambaran, fils de Hugues, se
trouve compris, avec Geoffroy, Claude & Antoine de Chambaran,
dans une révision des feux de Varacieux, en 1474 (Gustave
de Rivoire de La Bâtie, Armorial du Dauphiné, 1867 - books.google.fr). Varacieux est située au sud-est, sur les contreforts du
plateau des Chambarans, près de Vinay et de
Saint-Marcellin. Le «vieux château» est une ancienne maison forte des Dauphins (fr.wikipedia.org - Varacieux). Joseph Vacher est accusé d'avoir éventré une fillette de
9 ans, Olympe Buisson, le 29 septembre 1890, Ă Varacieux (cf. Le Juge et
l'Assassin) jour de la Saint Michel. C'est le premier meurtre qui lui est
imputé (Régis
Descott, Vacher l'Ă©ventreur: Collection "Ceci n'est pas un fait
divers", 2016 - books.google.fr). Le 2 octobre, se trouvant en garni chez un logeur du nom Piaso, 26 rue Grolée à Lyon, Vacher se vantait de s'être
trouvé à Varacieux le soir du crime (André
Seveyrat, Lyon criminel, 1974 - books.google.fr). Joseph Vacher a été arrêté presque par hasard. Pour
attentat Ă la pudeur. Une bricole. Rien, quoi, par rapport Ă ce qui avait
précédé cette petite erreur de comportement et dont le juge d'instruction de
Tournon (Ardèche) a eu l'intuition : il était en présence de l'assassin
recherché depuis plusieurs années. Appelé "le tueur de bergers",
"le Jack l'Éventreur du Sud-Est", il allait bientôt avouer 12 crimes.
On lui en imputera 18 autres, commis d'octobre 1890 au 4 août 1897, date de son
arrestation (www.lejdd.fr). Cf. quatrain I, 22 - Gilles Garnier - 1573-1574, pour le
rapport entre saint Michel, saint Luc et loups garous. La maison de Varassieu,
Varacieux ou mieux Veracieu, était très puissante,
elle existait dès 1111. Ancienne possession des Dauphins du Viennois, Varacieux
fut cédé le Ier Octobre 1314 à Aymar de Bressieu dont
la fille du dernier descendant épousa Guillaume de Grolée en 1375; Ils eurent
un fils Aymar qui hĂ©rita en 1404 et vendit ce château et les terres en 1456 Ă
Amédée de Beauvoir seigneur de Villeneuve de Marc; Antoinette de Beauvoir, dame
de Varacieux, fille d'Amédée, épousa en 1460 Sibond de Virieu qui prit le nom de Virieu-Beauvoir, ses biens sont confisqués par le Roi Louis
XI, par manquement «pour avoir abandonné le parti du roi étant dauphin
lorsqu'il se retira en Flandre». Le 14 janvier 1522, François de Virieu-Beauvoir, fils de Sibond
et d'Antoinette vendit le château et le tènement de Varacieux à Louis Albi qui
le revendit vers 1530 Ă Philippe de la Tour, seigneur de Vatilieu,
ce dernier avait épousé Louise de Sassenage mais leur fils mourut sans enfant.
Le château passa ensuite à Guillaume de Gotefrey, seigneur
du Mollard à Saint-Marcellin, qui ayant épousé Marguerite de la Porte de l'Arthaudière, eut une fille unique, laquelle épousa Gabriel
de Maugiron seigneur de la Tivelière,
cette famille gardera ce domaine jusqu'en 1682 dont Claude de Maugiron fut nommé maréchal de Camp en 1643, son frère
Louis lui succéda épousa en 1645 Louise de Barjac, une de ses filles épousa en
1667 Louis de Fassion seigneur de Sainte-Jay, leur
fils Augustin en 1700 Ă©pousa Madeleine D'Algoult. Varacieux passa au marquis du Menon. A la
Révolution, il fut chassé, et la propriété fut vendue à Claude Ferouillat, leur fils André épousa Louise Férouillat sa cousine germaine, mais n'eut pas d'enfant, il
fit don du château à Régis Férouillat, oncle de Louis
maire de Saint-Marcellin (jctruffet.com,
Michelle
Berger, Histoire des communes de l'Isère, Tome 3 : Arrondissement de Grenoble,
1988 - books.google.fr). On constate, par exemple, que l'archevĂŞque de Lyon de
1163 à 1166 Dreux de Beauvoir, comme sa famille, était très lié à l'abbaye
cistercienne de Bonnevaux, situĂ©e Ă cĂ´tĂ© de Beauvoir. Dès 1117, l'abbaye Ă
peine fondée, Siboud de Beauvoir, le père de Dreux,
avait figuré parmi les arbitres chargés de régler un différend entre Bonnevaux,
Saint-Pierre de Vienne et Saint-Julien-du-DĂ©sert; et Ă peine Ă©lu, en avril
1164, Dreux se rendit Ă Bonnevaux pour faire Ă l'abbaye donation de plusieurs
biens, en dédommageant ses neveux, ses cousins et l'abbaye de Saint-Pierre de
Vienne qui avaient des prétentions sur ceux-ci. Or, comme tous les frères de
leur ordre, les moines de Bonnevaux étaient fidèles à Alexandre III (Bruno
Galland, Deux archevêchés entre la France et l'empire, 1994 - books.google.fr). La terre du Roure, située dans le pays de Gévaudan, Diocèse de
Mende, Ă©tait une des sept baronies de tour qui
entraient aux états généraux de Languedoc. Elle fut érigée en comté par lettres
patentes du roi Henri IV, du mois de janvier 1608, enregistré au parlement de
Toulouse. Le nom le plus ancien de cette
maison est Beauvoir, Sgr de Bonnevaux, qui possède la
terre du Roure depuis 1263, Guillaume de Beauvoir,
chevalier, originaire du Dauphiné, passa le Rhône, s'établit en Gévaudan, où il
épousa vers le milieu du XIIIe siècle Gertrude, dame du Roure,
dont un des auteurs, Raoul du Roure, fut nommé par le
roi saint Louis en 1250 haut bailli de GĂ©vaudan. C'est Ă Guillaume de Beauvoir
du Roure que remonte la filiation de cette maison
prouvée par une suite non interrompue d'actes notariés, et par la possession
constante de la terre du Roure. Guillaume de
Beauvoir, chevalier, Sgr du Roure,
Bane, etc., Ă©pouse Urbaine de Grimoard,
arrière-petite-nièce du pape Urbain V, qui transmit son nom et les biens de sa
maison à la postérité de son mari. Guillaume testa en 1499 (Louis
de La Roque, Armorial de la noblesse de Languedoc, Généralité de Montpellier,
Tome 1, 1860 - books.google.fr). "fourier" : fourrier Officier de la suite d'un prince chargé d'assurer vivres
et logement de la Cour en déplacement. Sous-officier chargé de la distribution
des vivres et des équipements, du campement et du couchage des troupes. 1. Ca 1135 forier «soldat qui
va au fourrage, au pillage» (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 2285); 2. a)
ca 1280 fourier «officier de la cour chargé d'assurer
le logement» (Ph. de Beaumanoir, Jehan et Blonde, éd. H. Suchier,
5193); b) 1452 milit. fourrier
(G. Chastellain, Chron.,
Ă©d. Kervyn de Lettenhove,
t. II, p. 323, 11); 3. 1268 forrier «avant coureur» (Cristal et Clarie,
éd. H. Breuer, 5341); av. 1514 fém. fourrière (J. Lemaire de Belges,
Illustrations de Gaule et singularités de Troie, p. 206-207). Dér. de fuerre « fourrage »; suff. -ier*. Fréq. abs.
littér. : 108 (www.cnrtl.fr). Dans les usages de la milice romaine, les fonctions des menseurs avaient quelque analogie avec celles des
Fourriers. Végèce (390, A) donne également idée des Fourriers sous la
qualification de librarius, mot que Jabro (1777, G) et quelques auteurs traduisent par détailleur ou sergent de détail. Végèce dit : Librarii, ab eo quod in libros reserant rationes, ad milites pertinentes; teneurs de livres, parce
qu'ils y inscrivent les distributrions et les
prestations allouées au soldat. Sous la seconde race, et peut-être plus
anciennement, les Fourriers ou fodrarii, qui
agissaient par l'ordre des personnages puissants, étaient chargés de lever
l'impôt nommé fodrum, fourrage, et de le répartir
pour la subsistance de la cavalerie. L'emploi de ces préposés participait ainsi
de celui de percepteur des contributions, de trésorier et d'intendant d''armée.
Charlemagne, examinant l'administration de Louis d'Aquitaine, son fils,
approuva et imita l'abolition de l'impĂ´t fodrum, qui
Ă©tait une source de vexations. Charles donna de sa cassette une paye destinĂ©e Ă
nourrir dorénavant les chevaux de sa cavalerie. M. Monteil rapporte qu'au quinzième siècle, dans les troupes où il
commençait à s'établir quelque discipline, le Fourrier, dans les cas de route, aprés avoir marqué à la craie le domicile, tenait état des
noms des militaires qu'il y plaçait, et en donnait le relevé aux officiers
pour qu'ils allassent s'informer si aucune plainte ne s'Ă©levait, et pour qu'ils
pussent surveiller particulièrement ceux qu'ils suspectaient. Nous avons peine
à croire à tant de régularité : c'était peut-être écrit en quelque loi,
mais ce n'était pas dans les mœurs. Les édits de Henri
III ajoutaient Ă la surveillance et aux fonctions des Fourriers l'obligation de
tenir un rôle des goujats. Depuis ce régne, ils
marquaient, en campagne, les logements à la craie jaune. Lorsque Choiseul créa
l'emploi de nos Fourriers, il les chargea, dans l'intérieur des corps, des
subsistances, distributions, logement, campement et propreté du quartier et du
camp. Ils en mesuraient le terrain au moyen du pas de camp. [...] En conformité des règlements en vigueur (début du XIXème
siècle), l'administration des Fourriers consiste principalement en ce qui suit :
à l'instant de l'arrivée dans une garnison, le Fourrier reconnaît, avec le caporal
d'escouade qui prend possession d'une chambre, l'Ă©tat des fournitures d'effets
de casernement ; il établit le tableau détaillé de ces effets et remet aux
caporaux les clefs des chambres ; le
Fourrier dresse les écritures de la comptabilité de la compagnie, sauf
celles que le sergent-major tient lui-mĂŞme ; il enregistre les entrĂ©es Ă
l'hôpital, les mutations, les congédiés, soit sur le livre de compagnie, soit
sur toute autre feuille où ils doivent être mentionnés ; il assiste à toutes
les distributions d'effets d'uniforme et à toutes les distributions générales ;
il sait, au moyen d'un bordereau, ce qu'il doit toucher aux magasins de l'Etat,
et il distribue Ă la compagnie les objets qui lui reviennent ; il tient au
courant les livrets individuels ; il
dresse les feuilles de prĂŞt de la compagnie, les Ă©tats d'habillement,
d'armement, d'équipement, et les feuilles de journées qui ont remplacé les
feuilles de subsistance ; le Fourrier a surtout dans ses attributions les
détails du casernement de la compagnie ; il tient les états et enregistre tout
ce qui y a rapport ; dresse les affiches tant intérieures qu'extérieures des
chambrées ; il présente, le premier de chaque mois, à la signature du capitaine
et de l'officier de casernement le cahier oĂą cet enregistrement est tenu ; le
Fourrier vérifie, tous les trois mois, les états de situation des effets
d'uniforme de la compagnie, et il rend compte du résultat de cette vérification
à l'officier d'habillement ; en cas de départ, et la veille du jour où la
compagnie quitte la caserne, le Fourrier fait la remise des fournitures de
couchage au lieu et à l'heure que lui désigne le porte-drapeau ; il reçoit des
caporaux d'escouade les ballots de leur compagnie, et il les remet au
vaguemestre (Général
Bardin, Dictionnaire de l'armée de terre, ou Recherches historiques sur l'art
et les usages militaires des anciens et des modernes, 1849 - books.google.fr). A Lyon, autrefois,
"le fourrier de la ville était chargé des logements que Lyon était tenu de
fournir aux personnes considérables, de passage dans cette cité, par ordre du
roi ou Ă d'autres titres. Il faisait la police des marchands forains et des
Ă©trangers" (Jean
Baptiste Monfalcon, Histoire monumentale de la ville de Lyon, Tome 1, 1866 -
books.google.fr). A Bordeaux, autrefois, "le Fourrier de la Ville marque les logis, quand il est question de
loger quelque grand Prince & sa suite, encores
que la Ville par Priuilege expres
est exempte de toute sorte de logement ; & quand le Roy mesme
est en Ville ledict Fourrier assiste tousjours auec le Mareschal de logis du Roy par priuilege
exprés. Il assisté aux processions comme les autres officiers
(Gabriel
de Lurbe, Chronique bourdeloise composée cy-devant en latin, 1619 -
books.google.fr). La politique
espagnole de Louis XI a de profondes répercussions sur le Midi de la France.
Nous avons tout naturellement à constater d'abord la participation matérielle
de Toulouse aux expéditions françaises en Espagne et, d'autre part, l'état
d'esprit qui résulte de cette exploitation militaire ou du contre-coup
des événements. Au printemps de 1462, Louis XI s'était engagé à aider Jean II
d'Aragon à se rendre maître de la Catalogne rebelle. C'est à Gaston IV de Foix,
gendre du roi d'Aragon, qu'incombe le soin et la direction de la campagne
militaire. [...] Gaston IV avait accompagné Louis XI à Sauveterre, Bayonne
et Ă Bordeaux, oĂą nous trouvons le roi Ă la date du 18 mai. C'est de Bordeaux
que Gaston, chargé du commandement en chef de l'armée de Catalogne en qualité
de lieutenant général, prit congé de son souverain pour aller lever sur ses
terres ses propres gens d'armes. Le 15 juin, il était à Orthez. Là , il reçut un
secrétaire de Jean II, nommé Jean Villa, dépêché le 10, de Balaguer, par son
maître, afin de faire part au comte du péril que courait la reine d'Aragon, en
raison de l'offensive prise par les Catalans. [...] Le 23 mai 1462, le comte quitte Louis XI Ă Bordeaux et se
rend dans la capitale du Languedoc, accompagné du secrétaire de Jean II, Villa.
Le roi de France a promis d'envoyer outre monts 700 lances avec archers et
artillerie, avant le mois de juillet suivant. Toulouse est le centre des préparatifs. Les principaux capitaines s'y
portent et dépêchent leurs troupes vers Narbonne, où l'armée de 10.000
hommes doit se concentrer. [...] A Toulouse l'attendaient déjà les capitaines désignés par
le roi de France pour l'expédition, tandis que le rendez-vous assigné aux
troupes Ă©tait Narbonne. ArrivĂ© Ă
Toulouse, Gaston tenait, le 23, une confĂ©rence avec les capitaines destinĂ©s Ă
servir sous ses ordres; le lendemain 24, une nouvelle conférence était tenue et
le départ immédiat de Toulouse était décidé. Le vendredi 25, on était à Mazères. Le 28, Gaston IV se disposait à se rendre à une chapelle
des environs, consacrée à la Vierge; mais, vers midi, un courrier lui remit une
lettre de Charles d'Oms, l'informant qu'Ă Perpignan
«il n'en pouvait plus», et le pressant de hâter sa marche. Sentant que le temps
était précieux, le comte décida de
prendre le jour mĂŞme la route de Carcassonne, oĂą il arriva de nuit; le 29,
il était A Narbonne. Quelques délais étaient nécessaires pour préparer l'entrée
en campagne. Le comte de Foix Ă©crivit donc Ă la reine d'Aragon de tenir encore
une quintaine de jours, afin de lui donner le temps d'arriver. A Narbonne, en
effet, devait s'opérer la concentration de l'armée d'invasion. Le moment est
donc venu de rechercher quelle Ă©tait la composition de l'armĂ©e destinĂ©e Ă
opérer en Catalogne, en exécution du traité de Bayonne. [...] De Bayonne, Louis XI, accompagné par Gaston de Foix, se
rend à Toulouse par Lescar, Pau, Tarbes, Saint-Gaudens et Muret. L'entrée
solennelle du souverain a lieu le 26 mai. Il ne s'agit pas d'une visite tout Ă
fait désintéressée : Louis XI attend Gaston de Foix qui part pour un voyage
circulaire dans ses états; il faut amasser les subsides nécessaires au
dĂ©veloppement de la politique espagnole. Si Toulouse n'avait pas Ă©tĂ© Ă
demi-ruinĂ©e par un incendie rĂ©cent, c'est sans doute elle qui aurait Ă©tĂ© mise Ă
contribution. Le 9 juin seulement, Gaston IV rentre dans la ville pour assister
à la Fête-Dieu. Dès que Toulouse est relevée de ses cendres, elle doit
recommencer Ă subvenir aux besoins de la politique royale en Espagne. Le 2
octobre 1465, le comte de Foix exige 4.000 livres. L'emprunt ne peut être levé.
Le 4 octobre le Parlement réitère l'ordre. Le 9 les capitouls se déclarent
impuissants Ă obtenir un tel sacrifice d'une ville appauvrie. Mais cette
impuissance financière n'exclut pas les levées de troupes : en 1466, la noblesse
de Toulouse doit marcher avec celle de la province pour secourir René d'Anjou
que soutient Louis XI contre Jean II. En 1468, ce sont 300 hommes que le
sénéchal doit amener au comte de Candale, vice-roi de
Roussillon. En 1470, Geoffroy de Chabannes convoque ban et arrière-ban et lève
des subsides qu'il envoie Ă Tanguy du Chastel, Ă©galement en Roussillon. A la
suite d'un siège de trois mois devant Lectoure en 1472, l'armée du roi va
mettre le siège devant Perpignan. Malgré les 500.000 réaux que Jean II d'Aragon
verse à Louis XI, Toulouse fournit pour ce siège non seulement «munitions de
bouche et de guerre» mais encore «gros emprunts de deniers que le roy y fit». Si nous en croyons ces plaintes et l'état
matériel de la ville durant ces quelques années, Toulouse est extrêmement affaiblie par tant de saignées. La guerre de Roussillon, sanglante et
dispendieuse dure jusqu'au 10 mars 1475 (Marcelle
Bonnafous, Toulouse et Louis XI (Suite et fin.). In: Annales du Midi : revue
archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 39,
N°155-156, 1927 - www.persee.fr, Joseph
Calmette, Louis XI, Jean II et la révolution catalane 1461-1473, 1977 -
books.google.fr). Gaston lui-mĂŞme ne pouvait approuver la cession
d'Estella, faite au détriment de sa femme Léonor, qui se considérait comme
reine de Navarre. Louis XI voulut apaiser Gaston, devenu son proche parent
depuis le mariage de son fils avec Madeleine de France; il lui abandonna
d'abord les vicomtés de Soule et de Mauléon pour arrondir le Béarn (24 mai
1463). Peu de jours après, se trouvant à Muret, prés
de Toulouse, il remplaça cette cession par celle de la sénéchaussée de
Carcassonne, cession qui devait être perpétuelle, si dans deux ans Louis XI
n'avait pas donné à Gaston la mérindade d'Estella, ou
les comtés de Roussillon et de Cerdagne, ainsi que les vicomtés de Mauléon et
de Soule, à moins encore qu'il ne rachetât ces domaines moyennant 376,181 écus
d'or. Les premières conditions étaient propres à enivrer le comte de
Foix-Béarn, qui voyait compléter sa puissance territoriale dans les Pyrénées,
de manière à posséder la chaine tout entière, depuis Bayonne jusqu'à Collioure
; mais la seconde réserve de Louis amoindrissait singulièrement les
conséquences de cette espèce d'amorce : en rachetant Mauléon et le Soule, Louis
XI prenait pied dans la Navarre ; en évitant de céder le Roussillon à Léonor,
il se préparait à réunir ce comté à ses domaines de Languedoc (Justin
Édouard M. Cénac-Moncaut, Histoire des peuples et des états pyrénéens, Tome 3,
1873 - books.google.fr). Malade depuis 1471, Gaston IV de Foix teste Ă Roncevaux
le 21 juillet 147 et y meurt peu après (fr.wikipedia.org
- Gaston IV de Foix-BĂ©arn). Acrostiche : MMPC, "me empecĂ©" ou l'aliĂ©nation amĂ©ricaine Il est loin d'ĂŞtre acquis que la graisse entrait vĂ©ritablement dans la composition des Ă©maux et du verre anciens. Tout au plus, les Ă©mailleurs se servaient-ils de lampes Ă graisse de cheval ; on peut ajouter qu'un procĂ©dĂ© de trempage du verre inventĂ© au XIXe s. utilisait un bain composĂ© de matières grasses, notamment de graisse Ă©purĂ©e. En fait, il paraĂ®t bien avĂ©rĂ© que la graisse n'intervenait nullement dans la fabrication du verre ancien. L'hypothèse technologique, il faut se rendre Ă l'Ă©vidence, semble bien ĂŞtre un leurre. Nous en aurons confirmation en nous transportant très loin du Bas-DauphinĂ©, dans les pays andins oĂą sĂ©vit un personnage que l'on appelle pishtako, au PĂ©rou, likichiri ou kharisiri en Bolivie, et qui prĂ©sente un certain nombre de traits qui le rapprochent de façon Ă©tonnante de notre loup-garou bas-dauphinois. Loin de nous rappeler simplement les nombreuses rumeurs contemporaines qui naissent rĂ©gulièrement en AmĂ©rique latine (notamment sur le trafic d'organes), le pishtako possède une vĂ©ritable profondeur historique : toujours bien vivant Ă notre Ă©poque, il est en effet connu depuis le XVIe siècle. En 1987, le bruit se rĂ©pandit Ă Ayacucho (PĂ©rou) que des Ă©gorgeurs, ayant envahi la ville sur ordre du prĂ©sident de la RĂ©publique, tuaient les paisibles citadins afin de prĂ©lever leur graisse, laquelle servait Ă payer la dette extĂ©rieure du pays au mĂŞme titre que la cocaĂŻne. ExtrĂŞmement malfaisant, le pishtako n'est cependant qu'un simple ĂŞtre humain dĂ©nuĂ© de pouvoirs surnaturels. Il assassine les Indiens (toujours afin de prendre leur graisse) gĂ©nĂ©ralement la nuit, dans les lieux isolĂ©s, confins, limites et autres zones liĂ©es Ă l'extĂ©rioritĂ© de la communautĂ©. En effet, il s'agit toujours d'un «autre », espagnol autrefois, gringo aujourd'hui, prĂŞtre, moine ou tout au moins d'un personnage qui se met en marge du groupe par son activitĂ© au service des dominants. En effet, il ne travaille pas pour son compte, mais pour un commanditaire, qui peut ĂŞtre le gouvernement, l'ingĂ©nieur des Ponts-et-ChaussĂ©es, le propriĂ©taire d'une mine, etc. Autrefois, il Ă©tait protĂ©gĂ© par les ecclĂ©siastiques. Quant Ă la graisse humaine ainsi prĂ©levĂ©e, elle est destinĂ©e Ă la fabrication des mĂ©dicaments, Ă l'amĂ©lioration des alliages mĂ©talliques, au graissage des avions («aceite de christianos para los aviones»), ou des ordinateurs, ou Ă tout autre usage technologique au profit des blancs. Mais ce qui retient particulièrement notre attention, c'est qu'Ă l'Ă©poque coloniale, on disait que cette graisse humaine favorisait la fonte des cloches, dont la sonoritĂ© Ă©tait d'autant plus belle que la voix des personnes ainsi sacrifiĂ©es Ă©tait agrĂ©able. Le rapprochement de deux croyances aussi proches par leur forme qu'Ă©loignĂ©es dans l'espace amène plusieurs remarques. D'une part, un emprunt pur et simple paraĂ®t exclu. En revanche, une origine historique commune peut ĂŞtre supposĂ©e avec quelque vraisemblance, vu la similitude du noyau des deux croyances, trop prĂ©cise pour ĂŞtre le fruit de la gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e dans les deux cas (un prĂ©dateur de graisse humaine, fournisseur d'une industrie de transformation). Mais cette origine doit-elle ĂŞtre recherchĂ©e en AmĂ©rique ou en Europe, voilĂ ce qu'on ne saurait prĂ©ciser... Ce qui est certain, c'est que ce noyau a trouvĂ© dans les Andes et en Bas-DauphinĂ© deux terrains propices Ă sa germination. Enfin, le fait que la graisse humaine soit mise en relation tantĂ´t avec la verrerie, tantĂ´t avec la fonderie (et encore avec la pharmacie, l'aĂ©ronautique et l'informatique) renforce l'idĂ©e qu'il n'est pas nĂ©cessaire de postuler un emploi technologique de la graisse pour expliquer le dĂ©veloppement de la croyance. La graisse humaine aurait favorisĂ© la rĂ©ussite de certaines opĂ©rations magiques ou mystĂ©rieuses, en l'occurrence certains arts du feu (Charles Joisten, Robert Chanaud, Alice Joisten, Les loups-garous en Savoie et DauphinĂ©. In: Le Monde alpin et rhodanien. Revue rĂ©gionale d'ethnologie, n°1-4/1992 - www.persee.fr). Selon un texte autographe recopiĂ© par son fils et Las casas, Christophe Colomb, futur dĂ©couvreur de l'AmĂ©rique, après d'autres en fait, aurait naviguĂ© en 1472-1473, pour RenĂ© d'Anjou, alors en guerre contre Alphonse d'Aragon, pour les couronnes de Naples et de Catalogne (Michel Lequenne, Christophe Colomb contre ses mythes, 2002 - books.google.fr). En una epĂstola dirigida al Rey CatĂłlico dice ColĂłn: "de muy pequeña hedad entrĂ© en la mar" y en otra añade: "empecĂ© a navegar de edad de 14 años" (Alfonso Enseñat de Villalonga, La vida de Cristoforo Colonne: una biografĂa documentada : los años oscuros: 1446-1484 : la teorĂa genovista a revisiĂłn, 1999 - books.google.fr). L'Inca Garcilaso de la Vega Ă©tait le fils de Sebastian Garcilaso de la Vega et d'une indienne, Chimpu Uqllu, fille de l'Inca Huayna Capac, qui ne furent jamais mariĂ©s. Son nom de baptĂŞme est Gomez Suares de Figueroa et il se fera appelĂ© Garcilosa de Vega après qu'il se sera installĂ© en Espagne en 1560, auprès de son oncle Alonso de Vargas, Ă la mort de son père. Son père Ă©tait le neveu du poète espagnol Garcilaso (Garci Lasso) de la vega (JosĂ© Antonio Mazzotti, Incan Insights: El Inca Garcilaso's Hints to Andean Readers, traduit par Barbara M. Corbett, 2008 - books.google.fr, es.wikipedia.org - Inca Garcilaso de la Vega, es.wikipedia.org - Garcilaso de la Vega). El pishtaco y nakaq son degolladores de seres humanos. De su remota existencia dan cuenta los cronistas CristĂłbal de Molina, el cusqueño, Garcilaso de la Vega, Guamán Poma (Marcos E. Yauri Montero, Laberintos de la memoria: reinterpretaciĂłn de relatos orales y mitos andinos, 2006 - books.google.fr). Garcilaso de la Vega ne semble pourtant pas avoir Ă©crit sur le pishtaco. Ce que Carmen Bernand dĂ©voile ici, c’est l’autre richesse, impressionnante, de cette Ĺ“uvre composĂ©e en Europe, par ses emprunts Ă l’hĂ©ritage chrĂ©tien, juif et maure qui habitait l’Andalousie du XVIème siècle. C’est en dĂ©couvrant ses goĂ»ts littĂ©raires au travers des ouvrages de sa bibliothèque que l’on perçoit Garcilaso de la Vega comme un homme Ă©rudit et tĂ©mĂ©raire. En effet, ses faits d’armes lors des Ă©vĂ©nements des Alpujarras ont fait de lui un capitaine mais l’ont surtout dĂ©finitivement brouillĂ© avec la guerre sous toutes ses formes. Face Ă l’Inquisition rigide et violente, face aussi Ă la perception dĂ©prĂ©ciative que les Espagnols ont des Indiens, sa rĂ©bellion se fait alors au moyen des livres, dont il posssède un certain nombre qui sont interdits par l’Index tridentin, et de la plume. Parmi les auteurs proscrits, Garcilaso de la Vega choisit de traduire du toscan l’ouvrage de Juda Abravanel, dit LĂ©on l’HĂ©breu, intitulĂ© Dialogues sur l’Amour et mettant en scène Philon, le philosophe alexandrin, et Sophia, la sagesse. Or, « au fur et Ă mesure que Garcilaso pĂ©nĂ©trait la pensĂ©e de l’HĂ©breu, le passĂ© des incas s’éclairait » (p. 179). L’historien juif Flavius Josèphe est Ă©galement une source d’inspiration pour Garcilaso de la Vega qui retrouve une part de lui-mĂŞme dans le parcours de cet auteur, nĂ© en l’an 37. « Ainsi, Josèphe et les philosophes alexandrins incarnaient la synthèse de traditions apparemment inconciliables et permettaient Ă Garcilaso de surmonter la dualitĂ© de son hĂ©ritage incasique et espagnol » (p. 230). Car il est l’incarnation du mĂ©tis, condition ambiguĂ«, tiraillĂ© entre l’Espagne, nation de conquĂ©rants rayonnante au XVIème siècle sur presque tous les points du globe, et les Incas, peuple magnifique, conquĂ©rant Ă©galement, dĂ©sormais dĂ©chu et dominĂ© par les premiers. Mais Garcilaso, sous la plume de Carmen Bernand, devient le plus authentique des mĂ©tis : celui qui ne renie aucune des deux traditions dont il est issu. Et c’est en puisant dans les plus anciennes des traditions et mythologies du Vieux Monde (la grecque et l’hĂ©braĂŻque) qu’il parvient Ă Ă©difier ce monument littĂ©raire que sont les Commentaires royaux sur le PĂ©rou des Incas. (Aude Argouse, Carmen Bernand : Un Inca platonicien. Garcilaso de la Vega (1539-1616) (2006), 2006 - journals.openedition.org). Les images du loup-garou sont nombreuses et diverses; je ne retiendrai ici que ce qui rapproche le lycanthrope du fou. L'association est faite, entre autres, dans les Otia Imperialia de Gervais de Tilbury; l'auteur raconte l'histoire de Rimbaud de Pinet, un soldat, qui est devenu garou sous l'effet d'une aliĂ©nation mentale : "mentis alienatione in lupum versus". Cette histoire, donnĂ©e pour vraie, montre qu'un rapport Ă©tait fait entre garouage et folie. De fait, l'un et l'autre se caractĂ©risent par une violence sauvage et incontrolĂ©e; c'est, dans Amadas et Ydoine, le sens premier de la comparaison entre le hĂ©ros et un loup-garou puisque le jeune homme, sous l'emprise de la dĂ©mence vient de mordre le messager, geste inhumain et bestial, autant qu'antichevaleresque. Puis Amadas poursuit le messager, l'errance Ă©tant aussi un trait commun au garou et au fou; l'un et l'autre divaguent en forĂŞt, espace de la sauvagerie, loin du monde civilisĂ© (Huguette Legros, La folie dans la littĂ©rature mĂ©diĂ©vale: Étude des reprĂ©sentations de la folie dans la littĂ©rature des XIIe, XIIIe et XIVe siècles, 2019 - books.google.fr). Au XVIe siècle, le mot «error» doit ses diffĂ©rentes significations Ă une confusion entre iter (dĂ©rivĂ© d'iterare) et error (dĂ©rivĂ© d'errare) : l'«error» que chante l'Ă©criture de la mĂ©lancolie est Ă la fois une errance spatiale, concrète, et une errance figurĂ©e qui entraĂ®ne le sujet loin de la vĂ©ritĂ©. La mĂŞme ambivalence apparaĂ®t dans l'italien errore - qui dĂ©signe Ă la fois un dĂ©placement spatial et l'«allontanamento della volontĂ dal bene, dal Busto, dall'onesto» - et dans le français «errer». En accord avec cette ambiguĂŻtĂ© sĂ©mantique, l'«error» dĂ©crit par Garcilaso dĂ©signe une errance multiple. [...] Une tradition multiple associe la mĂ©lancolie Ă l'errance de l'esprit. Dans les textes mĂ©dicaux, la mĂ©lancolie est Ă©voquĂ©e en termes d'aliĂ©nation. Certains sonnets de Garcilaso dĂ©veloppent un riche lexique de l'aliĂ©nation : Todo me empecĂ©, el seso y la locura (Sonnet XXXVI). En accord avec la culture nĂ©oplatonicienne qui imprègne l'Ă©criture de garcilaso, l'exil que dĂ©plore le moi est aussi exil de l'âme dans le corps. La pesanteur et la graveza omniprĂ©sentes dans l'Ă©criture garcilasienne peuvent faire l'objet d'une lecture nĂ©oplatonicienne: elles incarnent aussi le «poids » du corps, qui prive le sujet de ses possibilitĂ©s d'Ă©lĂ©vation (Christine Orobitg, Garcilaso et la mĂ©lancolie, 2020 - books.google.fr). Les anciens nĂ©o-platoniciens avaient forgĂ© une chaĂ®ne des ĂŞtres aux anneaux innombrables, fortement agencĂ©s et disposĂ©s dans un ordre parfait, s'Ă©levant de la crĂ©ature la plus abjecte jusqu'Ă la majestĂ© divine. A en croire les «Cambridge Platonists», les anges, les diables, les âmes en perdition et les spectres sont dotĂ©s d'un corps subtil formĂ© d'air condensĂ©. Jadis le monde qui nous environne Ă©tait peuplĂ© de toutes sortes d'ĂŞtres merveilleux : loups-garous anoures, vampires assoiffĂ©s de sang, pauvres âmes gĂ©missantes, diables tentateurs, anges gardiens bienfaisants et sorcières chevauchant des manches Ă balai hantaient la terre et les airs (Louis Vax, Splendeur et dĂ©clin du merveilleux philosophique, Du Banal au Merveilleux, Les cahiers de Fontenay, 1989 - books.google.fr). Selon une conception platonicienne, la lycanthropie serait un degrĂ© extrĂŞme oĂą l'âme serait soumise aux pulsions violentes de la chair. Typologie Le report de 2111 sur la date pivot 1473 donne 835. Selon Adrien de Valois, historien du XVIIe siècle, qui
Ă©crit en latin la Notitia Galliarum
en 1675, la ville Stramiacum, où se tint l'assemblée
générale de l'empire carolingien convioquée par Louis
le Pieux rétabli pour la seconde fois sur son trône, serait Crémieu en Dauphiné
(Nord Isère) (Roland
Delachenal, Petite Histoire de Crémieu : une petite ville du Dauphiné, 2020 -
books.google.fr). Ou à Tramoye en Bresse (M. Bernard, Cartulaire de l'Abbaye de Savigny suivi du petit cartulaire de l'Abbaye d'Ainy: Cartulaire d'Ainay, tables, etc, Partie 2, 1853 - books.google.fr). Dans cette assemblée se régla le sort de la marche
d'Espagne, Septimanie et Provence (LĂ©once
Auzias, L'Aquitaine carolingienne (778-987), 2020 - books.google.fr). Bérenger de Toulouse, surnommé le Sage (né vers 790-mort
en 835), est un noble carolingien qui mena une importante carrière au service
de l'empereur Louis le Pieux et de son fils, le roi d'Aquitaine PĂ©pin Ier. Il
fut principalement actif dans le sud de l'empire, entre l'Aquitaine, la
Septimanie et la Marche d'Espagne, et fut comte de Toulouse de 814 Ă 835, puis de
Barcelone, de GĂ©rone, et d'Ampurias de 832 Ă 835. En juin 835, l'empereur convoque BĂ©renger et Bernard Ă
une assemblée à Crémieu, afin de régler définitivement le partage des comtés de
la Septimanie et de la Marche d'Espagne. Mais pendant le voyage, BĂ©renger meurt
de façon inattendue et tous ses comtés passent entre les mains de Bernard, fils
de Guillaume de Gellone, cousin de l'empereur
Charlemagne. Bernard de Septimanie (né en 7951 ou 804 - mort entre janvier et
juin 844 Ă Toulouse), est comte d'Autun (v.826-832), duc puis marquis de
Septimanie (828-832, 835-844), comte de Barcelone (827-832, 836-844) et comte
de Toulouse (835-844) (fr.wikipedia.org
- Bérenger de Toulouse). Vers 835, "le comte de Navarre, Eneko Arista, prit le titre de roi et commença à entamer la Castille et l'Aragon, que le comte de Barcelone attaquait d'un autre côté. Le royaume de Navarre (ou royaume des Basques) est donc né d'une alliance entre les musulmans et les chrétiens qui ont désobéi à l'autorité religieuse pour défendre leur indépendance. Eneko Arista était fils d'Íñigo Jiménez Arista (†781), comte de Bigorre, issu de la famille de Castelbajac, et hérita de territoires qui s'étendaient de Pampelune jusqu'aux hautes vallées des Pyrénées, de l'Irati (royaume de Navarre), au val d'Hecho (Aragon)" (fr.wikipedia.org - Eneko Arista). Le château de Poizieu se trouve à Chozeau, commune à 5 km au sud-ouest de Crémieu. Aymar de Poisieu (Capdorat) acheta le château de Pusignan à 18 km de Crémieu en 1450 est peut-être lié à Chozeau. Il y a plusieurs Poisieu dans la région dont un dans le Valromey (Ain). On retrouve la noblesse dauphinoise qui accompagne Charles VIII dans ses guerres d'Italie : Sibeu et Etienne de Poisieu, Gabriel et Antoine de Grolée, Jacques de Cize de Chambaran participèrent à la bataille de Fornoue en 1494. |