Louis XIV - Hercule

Louis XIV - Hercule

 

IX, 33

 

2127-2128

 

Hercules Roy de Romme et D'annemarc,

De Gaule trois Guion surnommé,

Trembler l'Italie et l'onde de Saint Marc,

Premier sur tous monarque renommé.

 

"De Gaule trois Guion..."

 

Guion : guide, conducteur, chef (Alphonse Bos, Glossaire de la langue d'oïl, (XIe-XIVe siècles), 1891 - books.google.fr).

 

"Gaule trois" peut représenter les "trois Gaules".

 

Les Trois Gaules, nom de l'ancienne Gallia Comata à l'époque romaine, couvraient la plus grande partie de la France actuelle (moins la Provence et la basse vallée du Rhône), de la Belgique, et de la Hollande, ainsi que la frange ouest de l'Allemagne et de la Suisse (Robert Bedon, Les Villes des trois Gaules: de César à Néron dans leur contexte historique, territorial et politique, 1999 - books.google.fr).

 

"annemarc" : Marcusanus

 

Trois autels consacrés à Hercule Magusan ont été découverts dans le pays de Hollande. Le premier a été trouvé à Westcappel dans l'île de Walcheren en Zélande en 1514. Le troisième à Remmel près de Bois-le-Duc, dont parle Cuper (Bibliotheque des sciences et des arts, Tome IX, seconde partie, 1768 - books.google.fr).

 

Macusanus, Magusanus ou Marcusanus :

 

Que ces limites ont esté appellez par les Gaulois, Marches, Hercules Marcusanus, d'où est pris le mot Marquis (Indice de ce qui est contenu au Traicté des Ferreoles, & d'Anshert, desquels sont descendus nos Roys de France, de la première, & seconde Lignée, composée par Maistre Iacques Cholet, 1648 - books.google.fr).

 

On pourrait penser à la "Marche d'Anne" (la Bretagne). Annemarc désigne formellement le Danemark dans d'autres quatrains (cf. VI, 41).

 

Remmel ou Rummel (M. Schuermans, Inscriptions belges à l'étranger, Bulletin des Commissions Royales d'Art et d'Archéologie, Volume 7, 1868 - books.google.fr).

 

Rummel se rapproche de la graphie "Romme" et peut avoir un rapport avec Rome (selon certaines Ă©ditions) (Hendrik van Wijn, Historische en letterkundige avondstonden, ter ophelderinge van eenige zeden der Nederlanderen, Tome 1, 1800 - books.google.fr).

 

Les Pays Bas sont le lieu d'exil des Pierre Du Moulin, Joseph Scaliger qui pourraient ĂŞtre les continuateurs des Centuries dites de Nostradamus.

 

Postume

 

Certains Auteurs aiment mieux lire Magusanus, & leur sentiment est confirmé par une Médaille de Posthume, où l'on voit distinctement la figure & le nom d'Hercules Magusanus (Histoire géneral des Province-Unies: dédiée a Monseigneur le duc d'Orléans, premier prince du sang, Tome 1, 1757 - books.google.fr, Mattheus Smallegange, Nieuwe cronyk van Zeeland, eerste deel, Tome I, 1696 - books.google.fr).

 

La seule chose qui distingue un peu Postume des autres empereurs, c'est son culte pour Hercule, dont il multiplia les figures sur les pièces de monnaie. Mais cet Hercule est le héros classique, et si Postume a fait de lui son dieu favori, c'est que dans ce siècle de luttes indéfinies contre les Barbares, un empereur devait prendre pour modèle le vainqueur de l'Hydre et de Géryon (Camille Jullian, Histoire de la Gaule, Tomes 4 à 6, 1914 - books.google.fr).

 

Marcus Cassianus Latinius Postumus ou Postume est un général gaulois qui se fit proclamer empereur en Gaule de l'été 260 à juin 269.

 

D'origine incertaine, Gaulois ou bien Batave, il est sous Valérien et Gallien gouverneur d'une province de Gaule (peut-être la Gaule belgique, mais ce n'est pas attesté), lorsque le limes rhénan fait l'objet d'une double attaque : les Alamans envahissent la Rhétie, les Francs franchissent le Rhin inférieur. L'empereur Gallien organise la défense, intervenant lui-même en Rhétie et confiant à Postume la contre-attaque sur les Francs. Gallien confie la protection du Rhin supérieur, secteur intermédiaire plus calme, à son jeune fils Salonin qui reçoit le titre de César, et qui est assisté du général Silvanus. Postume bat brillamment les Francs, ses troupes enthousiastes sont prêtes à le proclamer empereur. Gallien par précaution nomme son fils Auguste, Postume réagit : il attaque Cologne, ses troupes capturent et exécutent Salonin et Silvanus, sans que sa responsabilité soit démontrée. Il prend le titre d'empereur dans l'été 260.

 

Un accord tacite de non-agression s’établit, à l’avantage de chacun : Gallien est déchargé de la défense du Rhin, Postume contrôle sans compétiteur la Bretagne, l’Espagne et la majeure partie de la Gaule.

 

En 268 (ou 269), la fin de Postume témoigne du degré d’insubordination qui sévit dans les armées de l’Empire. Au début de l’année, Lélien se révolte à Mayence. Postume marche sur Mayence et chasse Lélien. Les soldats veulent se payer en butin en pillant Mayence. Postume refuse de livrer ainsi une cité romaine et une place forte défendant le Rhin. Une sédition massacre Postume (fr.wikipedia.org - Postume).

 

Le désordre sera partout au dehors comme au dedans, aux armées comme dans l’administration. Les calamités naturelles, - tremblements de terre, inondations, peste, - se déchaîneront sur le monde méditerranéen. L’Empire défaillant semblera un instant perdu et l’œuvre de la romanisation brusquement arrêtée dans son essor. [...] En 262, un tremblement de terre épouvantable désole l’Italie, l’Afrique et l’Orient : Au milieu de tous ces maux produits par la guerre, écrit l’auteur de la Vie de Gallien, il y eut un épouvantable tremblement de terre et des ténèbres qui durèrent plusieurs jours. On entendit aussi sortir des entrailles de la terre un mugissement semblable au bruit du tonnerre, quoiqu’il ne tonnât pas. Dans ce tremblement de terre, beaucoup de maisons furent englouties avec ceux qui les habitaient ; la frayeur seule fît mourir beaucoup de monde. Ce désastre eut des effets encore plus tristes dans les villes d’Asie. Rome fut violemment ébranlée ainsi que la Libye ; la terre s’ouvrit sur plusieurs points et de l’eau salée jaillit de ces ouvertures (Vita Gallien., V, 2-4.). Les eaux de la mer recouvrirent de nombreuses villes (Léon Homo, L'empereur Gallien et la crise de l'empire romaine au IIIème siècle, Revue Historique, CXIII, 1913 - www.mediterranee-antique.fr).

 

Hercule roi

 

Schedius (1580-1650) prétend que ces peuples adoraient les colonnes, les pilastres, les cipes des tombeaux, qu'ils regardaient, dit-il, comme autant de divinités: en quoi il reconnaît clairement l'action et l'influence du démon. Toutefois il avoue que le premier Dieu adoré des Celtes fut Tuiscon, auquel il fait succéder l'Hercule Roi des Boii, ou Allemannus appelé aussi l'Hercule Celtique, après lequel viennent,  selon lui, Irmensul ou Irmensula, dont il a été déjà fait mention; Radaguste, (Giulio Ferrario, Le costume ancien et moderne, 1827 - books.google.fr, www.deutsche-biographie.de).

 

Hercule premier

 

J'ay des Rois arrogans puny la tyrannie (Jean de Rotrou, Hercule mourant ou déifié, d'après Hercules Oetaeus attribué à Sénèque).

 

Héros sous qui tremblent les Rois (Jean-François Juvenon, sieur de la Tuillerie, Hercule) (Mr. De La Tuillerie, Hercule: tragedie, 1682 - books.google.fr).

 

En 1628, Rotrou, né en 1609 à Dreux et mort de la peste le 28 juin 1650, également à Dreux, devient le dramaturge de la troupe des « Comédiens du Roi » de l’Hôtel de Bourgogne (fr.wikipedia.org - Jean de Rotrou).

 

Fils du comédien Lafleur, de l'Hôtel de Bourgogne, et gendre de Raymond Poisson, Jean-François Juvenon dit La Tuillerie (ou La Thuillerie) débute en 1672 à l'Hôtel de Bourgogne. Spécialiste, comme son père, des rôles de rois, il a aussi joué Don Gormas (Le Cid), le rôle-titre de Polyeucte, la statue du Commandeur dans Le Festin de pierre de Thomas Corneille. Il est conservé à la réunion de 1680, ajoutant à son répertoire les rois des tragédies de Racine (Thésée, Mithridate, Agamemnon...) et de Campistron. Il fait jouer sous son nom deux tragédies (Hercule et Soliman) et trois comédies (Crispin précepteur, Crispin bel esprit et Merlin peintre) qui ne sont sans doute pas de sa plume. Nous ne savons guère plus de lui, si ce n'est qu'il était «bon joueur de paume» et «fort débauché». Il mourut subitement en 1688 (www.comedie-francaise.fr).

 

L’hôtel de Bourgogne était jusqu'au XVIe siècle la résidence des ducs de la seconde maison capétienne de Bourgogne à Paris. Il abrita l'un des principaux théâtres parisiens du XVIIe au XVIIIe siècle.

 

Le 30 août 1548, la Confrérie de la Passion et Résurrection de nostre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ, fondée par le roi Charles VI en décembre 1402, acquiert un terrain au lieu-dit l'hôtel de Bourgogne. Elle y construit la même année une salle de spectacle. Un arrêt du Parlement défend à l’hôtel de Bourgogne de jouer des pièces religieuses ; en échange, les Confrères obtiennent le monopole des représentations théâtrales profanes sur Paris, et louent leur théâtre aux troupes itinérantes ; parmi elles, les Enfants-sans-Souci et la Confrérie des sots. Le séjour des Comédiens-Italiens imposés par Catherine de Médicis en 1577 et le dynamisme des autres troupes obligent celle de l'hôtel de Bourgogne à se professionnaliser et à défendre son privilège. En 1599, les « Comédiens ordinaires du Roy » créés par Valleran Le Conte (avec notamment Gros-Guillaume et l'une des premières comédiennes françaises, Rachel Trepeau), prennent possession de la salle ; ils la partagent à partir de 1600 avec les Gelosi, première troupe italienne en résidence qui rencontre un énorme succès, suivie par plusieurs autres troupes italiennes dont celle des Comici fedeli entre 1610 et 1623.

 

La création de la troupe la troupe du théâtre du Marais en 1634 crée une concurrence directe à celle de l'Hôtel de Bourgogne. En 1642, ordre est donné par le roi de renforcer la « troupe des Grands Comédiens de l’Hôtel de Bourgogne » en y transférant 6 comédiens du Marais. Floridor, qui vient lui aussi du Marais, prend la succession de Bellerose en 1647 et fait rénover le théâtre.

 

De son vrai nom Josias de Soulas, Floridor était le fils d'un pasteur de Bois-le-Roi. Il devint catholique et acteur : catholique tiède, semble-t-il, mais acteur excellent.

 

Après avoir fait partie du régiment de Rambures (les Rambures étaient aussi protestants, de Picardie), Floridor devient comédien dans une compagnie ambulante et joue en province et (en 1635) à Londres. En 1638, il arrive à Paris et débute au Théâtre du Marais où il reste plusieurs années, créant les tragédies de Pierre Corneille.

 

En 1680, un édit de Louis XIV ordonne la fusion de la troupe avec celle du théâtre de Guénégaud, laquelle résultait déjà de la réunion en 1673 des comédiens du théâtre du Marais avec la troupe de l'Illustre Théâtre de Molière. C'est ainsi qu'est fondée une troupe unique et permanente : la Comédie-Française, sise à l'Hôtel Guénégaud (fr.wikipedia.org - Hôtel de Bourgogne (Paris), Jacques Pannier, L'acteur Floridor (Josias de Soulas), Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français (1903-2015), Vol. 88, 1939 - www.jstor.org).

 

La légende d'Hercule ne semble pas avoir autant fasciné les écrivains français au XVIIe siècle qu'au siècle précédent. A partir de 1640, aucune pièce ne lui sera consacrée en France avant 1681, date de l'Hercule de La Thuillerie, qui doit d'ailleurs autant à Rotrou qu'à Sénèque. Deux ans plus tard, Dancourt publiera sa première pièce, La Mort d'Hercule, plus fidèle à la source latine (Derek Watts, Introduction à l'édition de L'Hercule mourant, 1971 - people.exeter.ac.uk).

 

Parmi les pièces de Montfleury qui ont été jouées à l'Hôtel de Bourgogne, il y a les Bestes raisonnables de 1661 qui se passe dans l'île de Circé :

 

Un autre Hercule enfin, qui, né par un miracle dit Ulisse

 

Un peu plus tard (1674, [pendant la guerre de Hollande cf. quatrains II, 57 et II, 59]) Louis XIV allait être justement représenté en Hercule, y compris la massue, et la perruque en plus, sur l'arc de triomphe de la porte Saint-Martin. Il y avait vingt-trois ans que Louis XIII avait épousé Anne d'Autriche, restée stérile jusqu'alors, quand elle donna le jour en 1638 à celui qui devait être Louis XIV [cf quatrain II, 11]. L'événement, dont on avait eu tout le temps de désespérer, fut considéré comme un véritable miracle : les visions et les prédictions s'en étaient mêlées. L'enfant fut salué du titre de Dieudonné, par allusion à sa naissance providentielle. Ici le ton de l'auteur s'élève avec le sujet. Cette apothéose du roi, ingénieusement amenée dans la pièce, est une marque caractéristique du temps. Le Tartufe se termine également par l'éloge de Louis XIV (Victor Fournel, Les contemporains de Molière, Tome 1, 1863 - books.google.fr).

 

Contraint par la Triple Alliance de La Haye de conclure la Paix d’Aix-la-Chapelle, Louis XIV décide dès lors d’isoler les Provinces-Unies et de préparer leur invasion. Le Traité secret de Douvres de 1670 lie Charles II d’Angleterre à la France de Louis XIV. Les anciens alliés de la République se tournent ensemble contre elle. Une invasion commune est décidée, profitant à l’Angleterre par de forts subsides et par la cession, une fois la victoire acquise, des territoires zélandais de Walcheren, l’Écluse et Cadzand. L’Évêque de Cologne et celui de Münster, combattu par la France en 1666, comptent également parmi les nouveaux alliés de Louis XIV. Le 12 juin 1672, l’armée de Louis XIV passe le Rhin et envahit les Provinces-Unies. Une quarantaine de villes tombent dans les semaines qui suivent, mais le cœur de la République, la Hollande et notamment la ville d’Amsterdam, est protégé par une ligne de défense employant l’inondation comme rempart contre les troupes françaises. Le 29 juin, les États-Généraux offrent à la France une forte indemnité et la cession des pays de la généralité, au Sud des Provinces-Unies. La victoire française semble inexorable. Cependant, comptant sur le débarquement de troupes sur les côtes hollandaises pour porter le coup de grâce, Louis XIV rend tout accord impossible en exigeant le rétablissement du culte catholique dans la République. Or, les tentatives de débarquement de 1672 et 1673 échouent grâce à la marine de guerre néerlandaise, portée à son apogée sous le gouvernement de Jean de Witt. Commandée par Michiel de Ruyter, elle tient en échec la flotte anglo-française à quatre reprises. Suite aux insuccès de la marine anglaise et à l’indignation croissante soulevée par cette guerre contre des coreligionnaires, le parlement anglais refuse dès novembre 1673 d’allouer davantage d’argent à la guerre contre la République. La deuxième Paix de Westminster, signée par Charles II et Guillaume III de Nassau le 19 février 1674 met un terme à l’engagement de la Grande-Bretagne aux côtés de Louis XIV. Bien qu’ayant pris, en mai, Maëstricht – la «ville de fer» réputée imprenable – les troupes françaises évacuent le sol des Provinces-Unies à la fin de l’année 1673. La guerre acquiert une dimension européenne par la coalition anti-française qui s’est créée en août 1672, et qui réunit les Provinces-Unies, l’Empire, l’Espagne et même, dès 1678, l’Angleterre détachée de l’alliance française. Ce sont désormais la Franche-Comté (conquise en 1674) et les Pays-Bas espagnols qui servent de champs de bataille. [...]

 

La représentation de la Guerre de Hollande dans le cycle pictural conçu par Le Brun à Versailles n’a pas vocation à relater les guerres de la France sous un angle purement historique. [...] Condamnée, par sa faiblesse intrinsèque, à subir la volonté de la France de Louis XIV, l’attitude de la Hollande face à la guerre et à la paix (respectivement déclenchée et offerte par le monarque selon le discours pictural de Versailles) est résumée dans les deux peintures dans les voussures des salons de la guerre et de la paix. Dans le salon de la guerre, la personnification de la République figure une nouvelle fois impuissante, fuyant les foudres de guerre. S’abritant derrière son bouclier elle rampe sur un sol juchée de débris de la guerre. Sa main gauche tient son épée et trois flèches, symbolisant les trois seules provinces (sur les sept que compte le pays) n’ayant pas été occupées par les armées du roi, à savoir la Frise, la Hollande, et la Zélande. À l’autre extrémité de la Galerie, la figure de la Hollande, courbée, offre sur un plateau ses armes à un angelot envoyé par la France pour apporter le laurier de la paix (Andreas Nijenhuis, La Guerre de Hollande (1672–1678) et la glorification de Louis XIV à Versailles, 2006 - a.nijenhuis.free.fr).

 

Louis XIV et Postumus

 

Il faut rester au XVIIème siècle pour reconnaître un tel lien chez Jacques Audigier (1619 - 1698), historien auvergnat.

 

Jacques Audigier rappelle que l'empire romain était divisé en trois parties (Italie, Gaule et Orient) et que, depuis l'empereur Postumus Marcus Cassianus Latinius (mort en 269), l'empire des Gaules était séparé des deux autres. En outre, l'empereur d'Orient régnait sur l'ensemble de l'Empire en cas de vacances des deux autres titulaires. Cela étant fixé, le reste s'ensuivait implacablement. La liquidation par Clovis de Siagrius, dernier représentant de l'empire des Gaules, rendit ce siège vacant. L'empereur d'Orient Anastase décida par calcul politique de conférer au roi franc le titre de Consul romain et d'empereur des Gaules : "L'empereur Anastase, successeur de Léon et dans les mêmes droits que lui sur l'Occident, trouvant donc l'empire des Gaules vacant par la mort de Siagrus, en régala Clovis, dont l'amitié d'ailleurs lui paraissait nécessaire, pour en faire un rempart contre Théodoric roi des Ostrogots Anastase [décida de] s'attirer le François par des présents signalés, auxquels il joignit le Consulat d'Occident pour l'année 508 et le propre Empire des Gaules". La valeur juridique et la signification politique de l'octroi de la pourpre consulaire fut immédiatement évidente. Clovis changea aussitôt de comportement public : il arbora légitimement toutes les parures propres aux empereurs d'Orient, fit battre monnaie à son effigie, etc. L'empire des Gaules échut à Clovis par le droit de la guerre (il défait et tue Siagrius) et par la décision politique de celui qui, d'après le principe de l'unité de l'imperialis majestas, avait le droit d'en disposer en cas de vacance. Clovis est le premier qui ait joint à la légitimité séculaire des monarques francs fondée sur la conquête une nouvelle source de légitimité tirée d'une cession de souveraineté de la part des empereurs romains, double souveraineté franque et impériale qu'il transmit à ses successeurs. Le passage de l'empire des Gaules d'Anastase à Clovis se fait sous le signe d'une majestueuse continuité, teintée de millénarisme, où Postumus et Louis XIV sont reliés : C'est ainsi que la suite des Empereurs des Gaules se trouve continuée durant le cours de quinze siecles depuis Marc Posthume, qui commença de regner l'an de grace 260. jusqu'à Loüis le grand qui regne aujourd'huy glorieusement, & qui doit estre suivy, tant de son Auguste Dauphin, que des autres Monarques de sa Maison ; puis qu'elle ne doit finir avec l'Empire des Gaules, qu'à la consommation des siecles (Diego Venturino, Les déboires d’une historiographie toute monarchique. Le romanisme aux XVIIe et XVIIIe siècles, Historiographie de la France et mémoire du royaume au XVIIIe siècle: actes des Journées d'Étude des 4 et 11 février, 4 et 11 mars 2002, Collège de France, 2006 - books.google.fr, Jacques Audigier, L'origine des Francois et de leur empire, Tome 2, 1676 - books.google.fr).

 

2128

 

Si on pratique une symétrie avec comme date pivot le début de la guerre de Hollande avec 2128 on obtient 1216, date du règne de Philippe Auguste. La bataille de Bouvine se déroule en 1214. On peut pratiquer un parallèle entre ces deux périodes historiques où s'affirme une "prépondérance française" réelle ou phantasmée.

 

De manière générale, il est de coutume, dans les histoires de France et même d'Europe, d'attribuer à la bataille de Bouvines une influence capitale sur les destinées des royaumes. [...] La bataille a frappé les esprits, puisqu'elle est citée dans un large périmètre et constitue un repère durable dans des chroniques françaises et flamandes. Encore faut-il se demander si elle n'a pas cristallisé sur elle le souvenir d'une montée en puissance du roi de France qui a eu d'autres étapes et d'autres aspects qu'une bataille défensive, et ne faut-il pas négliger le fait qu'elle est venue clore de facto un cycle guerrier assez long. [...] Quoi qu'il en soit, dans les « grands récits » des histoires de nations ou d'une Europe des nations éternelles dont on se méfie aujourd'hui, le dimanche de Bouvines se prête à un effet rhétorique : Philippe Auguste est sauvé, Jean sans Terre et Otton de Brunswick sont perdus, une « prépondérance française » s'annonce dans l'Europe du XIIIe siècle (Dominique Barthélemy, La bataille de Bouvines, 2018 - books.google.fr).

 

Guillaume Le Breton, né vers 1165 dans le Léon et mort vers 1225, était un prêtre et chroniqueur breton. Il termine sa carrière comme chapelain et biographe du roi de France Philippe Auguste dont il rédige une biographie décomposée en chants La Philippide, entre 1214 et 1224 ainsi que l'éloge funèbre (fr.wikipedia.org - Guillaume Le Breton (chroniqueur)).

 

Exauce-moi, afin que je puisse marcher sur les traces de ces grands hommes, et devenir par mes chants semblable à l'un d'eux, car il ne faut pas que la brillante renommée de Philippe soit moins célébrée dans le monde, par un effet de la faiblesse de mon esprit. Voici que ma main va commencer à tracer son dixième chant, et ose aspirer à raconter à la fois un double triomphe. Quoique mon ardeur faiblisse devant la majesté du sujet, à peine pourra-t-elle attendre un second repos lorsqu'elle sera venue à la première page de son onizème chant, tant elle désire vivement arriver à la description des faits glorieux de Bouvines, où le Roi enfin trouva le terme de ses guerres et triompha définitivement de tous ses ennemis en une seule bataille ! plus je sens la beauté d'un pareil sujet, plus je me décide difficilement à l'aborder, craignant de succomber sous un tel fardeau, si ta faveur, ô Phebus, ne vient relever mon courage. Toi seul en effet, je le sais, toi seul peux pénétrer jusqu'au trône du père céleste; toi seul, descendant du haut des cieux, inspires généreusement à l'âme des poètes ce qui doit être chanté dans le monde entier (Philippide de Guillaume-le-Breton: Extraits concernant les guerres de Flandre. Texte latin et français. Avec une introduction et des notes par Octave Delepierre, 1841 - books.google.fr).

 

La galerie des glaces à Versailles illustre au mieux la politique glorieuse du roi. La guerre de Hollande occupe les deux tiers de la surface des fresques. Sans doute les symboles empruntés à l'Iconologie de César de Ripe (1594) sont parfois hermétiques, mais le choix des sujets est éloquent : entre autres, quatre prises de villes dont celle de Maëstricht (1673) et de Gand (1678), conquête de de la Franche-Comté, la Hollande ruinée et surtout l'Europe reconnaissant la prépondérance française à la paix des Pyrénées et à celle de Nimègue (Histoire militaire de la France, Volume 1, 1992 - books.google.fr).

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