Bataille de l'Ecluse IX, 79 2161-2162 Le chef de classe par fraude stratageme, Fera timides sortir de leurs galeres, Sortis meurtris chefs renieux de cresme, Puis par l'embusche luy rendront le saleres. Bataille de
l'Ecluse Ce qui frappe Ă
première vue quand on lit les divers récits de la bataille de l'Écluse, c'est
la grande supériorité des Anglais sur les Français au point de vue de la
tactique navale. Le roi Édouard et ses lieutenants prennent grand soin,
avant d'attaquer, de faire inspecter les lignes ennemies; puis ils ordonnent
leurs vaisseaux, «mettant les plus forts devant, les archers aux extrémités des
lignes, et entre deux nefs d'archers une de gens d'armes». En outre ils forment
sur le côté un corps de réserve composé d'archers pour soutenir et secourir ceux
qui en auraient besoin. Ces dispositions prises, la flotte anglaise s'avance
sur la flotte française. Dès le lever du soleil, les Français, les voiles
carguées, ont réuni en un seul leurs quatre corps de batailles, et ont joint
les uns aux autres tous leurs bâtiments au moyen de cordes et de chaînes de
fer; ils ont placé en avant leurs grandes nefs garnies d'archers génois. Ces
nefs forment comme un véritable mur d'enceinte; les châteaux de proue figurent
les tours, et les châteaux d'amont, au sommet des mâts, s'élèvent comme de
véritables donjons dont les défenseurs s'apprêtent à lancer sur les assaillants
les pierres dont les barques sont pleines. La flotte française présente un
front impénétrable. On a dit que si les Français furent vaincus dans cette
journée, cela tint à leurs mauvaises dispositions autant qu'à l'infériorité de
leurs troupes. On a reproché aux amiraux français de s'être ancrés dans une
anse resserrée où il devait leur être impossible de déployer leurs navires.
Nous croyons que ce reproche n'est qu'à moitié juste. Si, en effet, les
Français avaient conservé cet ordre de bataille que nous venons d'indiquer,
jamais la flotte anglaise n'aurait réussi à forcer le passage. Nous allons
tâcher d'expliquer comment, à la suite d'une manœuvre habilement combinée, les
Anglais parvinrent Ă faire rompre d'elles-mĂŞmes les lignes françaises, et Ă
isoler ainsi les navires ennemis, qu'ils attaquèrent les uns après les autres.
Tant que les navires français restèrent joints les uns aux autres, les marins
d'un bord passaient sur le bord voisin au moyen de ponts ; s'ils avaient été
attaqués dans cette position, ils auraient pu se porter secours réciproquement.
C'est donc, selon nous, pour désunir les
bâtiments français et non pour gagner l'avantage du vent, du soleil et du flot,
que les Anglais exécutèrent un mouvement de retraite (stratagème qui avait si
bien réussi à Guillaume de Normandie à la bataille d'Hastings). - «Tunc Anglici, perpendentes navigium
francigenarum fore cum cathenis ferreis in una acie adeo colligatum quod non
potuit penetrari retro paululum navigarunt. Francigenae vero, per hoc decepti,
suum navigium dissolverunt, et Anglicos ut credebant fugientes insequi
nitebantur.» (Roberti de Avesbury historia, p. 54). - Barbevaire avait
proposĂ© un plan de bataille tout diffĂ©rent de celui des amiraux français; Ă
l'approche de la flotte anglaise, n'ayant pu obtenir qu'on prît position en
pleine mer, il se retira avec le corps qu'il commandait. Seules les Chroniques
de Saint-Denys et la chronique des quatre premiers Valois rapportent ce fait de
la retraite de Barbevaire. Dans un des mss. de
Froissard, il est dit que Barbevaire se sauva Ă la fin de la bataille; telle
est croyons-nous la vérité. Nous voyons, en effet, que, le 12 janvier 1341,
Philippe VI fit don à P. Barbevaire de 100 l. t., «à condition de faire venir de Gênes en
nostre dit royaume sa femme et ses enfants pour y faire perpétuelle résidence».
Or il est bien évident que le roi n'aurait pas fait ce présent à Barbevaire si
celui-ci avait pris la fuite à l'Écluse. Un des Actes normands jette un nouveau
jour sur cette question; nous lisons dans un compte du bailliage de Caen : «pour lettres envoiées à touz les justiciers
demouranz sur les pors de la mer, pour faire prendre et arrester tous les
Génevois de la galiée Barbevaire pour la traison qu'il li avoient faite, si
comme le bailli de Caux tesmoignoit, VI s. VI d.» D'après cet extrait on
peut supposer que ce fut Barbevaire qui fut abandonné par ses soldats à la
bataille de l'Écluse. — «La bataille commence : archers et arbalétriers
décochent leurs flèches, bideaux lancent leurs dards; les défenseurs des
châteaux d'amont font pleuvoir sur les assaillants des grêles de pierres.» Puis
on jette les grappins et on en vient Ă l'abordage. AussitĂ´t qu'un navire est
pris, le vainqueur foule aux pieds l'étendard du vaincu et arbore immédiatement
le pavillon national. Robert d'Avesbury et Walsingham rapportent que les
Français aimèrent mieux, se voyant vaincus, se précipiter dans la mer que de
périr sous les coups des Anglais. Ce fait, qui rappelle l'histoire d'un nigaud
célèbre, ne nous paraît pas très-vraisemblable; aussi tâcherons-nous de
l'expliquer autrement que ne l'ont fait les susdits historiens. Il suffit pour
cela de citer la phrase suivante de W. Hemingford : Depositis armis suis qui intus erant scaphas intrabant, sed antequam
terram tangere possent, naviculae nimis oneratœ, submersis circa II milibus
hominum, profundum maris perierunt. Cette bataille ne nous donne pas grands
renseignements sur l'état de développement où en était alors arrivée la
tactique navale, parce qu'elle se livra dans une anse resserrée où les
commandants de flottes ne pouvaient faire exécuter ces évolutions qui
constituent réellement la science de la mer. Il y a bien eu, sous Philippe VI,
deux batailles livrées en haute mer, mais les Français n'y ont pris aucune
part. Cette bataille de l'Écluse ne nous prĂ©sente que des luttes d'homme Ă
homme, et, comme dit Jal, des siéges de citadelles par d'autres citadelles. On
doit se demander alors comment les Français furent vaincus, bien qu'ils eussent
montré un très-grand courage. Trois causes, selon nous,amenèrent
la défaite des Français. La première fut que les soudoyers qui combattaient sur
la flotte française étaient, comme soldats, bien inférieurs aux hommes d'armes
et aux archers anglais. «Si avint que
Beuchet, qui estoit un des souverains, ne voult recevoir gentil gent aveques
soy pour ce qu'il vouloient avoir trop grans gages; mais retint povres
poissonniers et mariniers, pour ce qu'il en avoit grant marchié; et de tieux
gens fist-il l'armée.» Certes une armée navale composée uniquement de
marins eût été préférable dans le cas d'une bataille en pleine mer ou d'une
expédition sur les côtes ennemies; mais à l'Écluse ce ne fut, nous l'avons vu,
qu'une lutte d'homme à homme qu'une suite de sièges de citadelles par d'autres
citadelles. Or aux arbalétriers génois le roi Édouard opposait ses archers qui
avaient décoché trois flèches avant que leurs ennemis ne leur eussent envoyé un
carreau; car, comme dit Froissart, «vous
saves que archier de l'arc Ă main sont trop plus isniel que ne soient
arbalestriers»; aux braves mais inexpérimentés mariniers normands et
picards était opposée la fleur de la noblesse anglaise. Cependant les Français résistaient avec énergie et le sort de la
bataille était encore indécis lorsque les Flamands accoururent de tous les
ports environnants au secours des Anglais. Alors se produisit ce fait que l'on
a vu se renouveler dans toutes les batailles de l'antiquité et des temps
modernes : surpris par une attaque Ă laquelle ils ne s'attendaient pas, les
Français pris de vertige ne songèrent plus qu'à la fuite. Les historiens
anglais se sont bien gardés de nous montrer les Flamands accourant à la
rescousse des Anglais; mais le rôle important joué dans cette journée par ces
auxiliaires nous est attesté par le témoignage des chroniqueurs flamands et
français. Telle fut une des causes de la défaite des Français. Le père Fournier
y ajoute deux autres causes: la première, que le flux de la mer survenant avec
orage, les galères françaises demeurèrent inutiles; la deuxième, que les
Anglais, ayant fait semblant de reculer du côté du midi, gagnèrent le vent aux
nôtres. Mais le père Fournier semble ignorer que les galères de la flotte
française ne prirent point part à la bataille. Quant à la seconde cause de
l'avantage du vent, nous ne pouvons l'admettre, puisque nous avons essayé de
prouver que les Anglais ne reculèrent que pour briser la ligne de bataille de
la flotte française. La réussite de ce
stratagème nous paraît être la troisième cause de la victoire des Anglais.
Il en résulta, nous l'avons dit, que les bâtiments français se trouvèrent
isolés et ne purent se secourir mutuellement; comme ils n'avaient pas la
ressource de se déployer dans cette anse resserrée, leur nombre ne leur servait
de rien, attaqués comme ils l'étaient les uns après les autres. Les
chroniqueurs sont encore loin de s'accorder sur le nombre des Français tuĂ©s Ă
l'Écluse; les évaluations varient de 10000 à 40000 hommes (Ch.
Dufourmantelle, La marine militaire en France au commencement de la guerre de cent
ans, 1878 - books.google.fr, fr.wikipedia.org
- Bataille de L'Ecluse (1340)). "chef renieux du cresme" Celui qui renie le sacre de Philippe VI est Edouard III
d'Angleterre qui revendique la couronne de France, provoquant la guerre de Cent
ans, sous l'influence de Robert d'Artois. Édouard III, à bord du Thomas, fait preuve d'un
sang-froid qui force l'admiration de ses troupes et les galvanise au plus haut
point (Jean-Marc
Soyez, Quand les Anglais vendangeaient l'Aquitaine: d'AliĂ©nor d'Aquitaine Ă
Jeanne d'Arc, 2004 - books.google.fr). Après l'abordage, les combats furieux se font sur les
ponts. Quiéret et Béhuchet parviennent à investir le bateau d'Édouard, La Thomas, et à blesser ce dernier à la cuisse. Mais
les chefs français sont faits prisonniers. Immédiatement Quiéret est décapité
et BĂ©huchet pendu (fr.wikipedia.org
- Bataille de L'Ecluse (1340)). Il y a deux "chef" dans le quatrain. On pense Ă
la décapitation de Jean Baptiste (cf. le "chef de l'an" du quatrain
X, 91) dont la fête tombe au 24 juin, jour de la bataille de l'Ecluse. "salere" : sel et salique Salière : n. f, réfection (v. 1225) de salere (déb. XIIIe s.) en concurrence avec le masculin saler attesté isolément (XIIe s.), est issu du latin salarius «par où l'on transporte le sel», et nom masculin «marchand de salaisons», dérivé du latin sal (Alain Rey, Dictionnaire Historique de la langue française, 2011 - books.google.fr). Le sel a toujours été en France d'une grande abondance et
d'une qualité supérieure. Cependant, quand les finances étaient ordinaires,
c'est-Ă -dire qu'elles ne consistaient que dans le domaine qui faisait alors
tout le revenu de nos rois, le commerce du sel Ă©tait libre, et cette substance
n'était point imposée. Mais, quand les aliénations du domaine et les besoins
d'une civilisation qui se développait, obligèrent la royauté à recourir aux
finances extraordinaires, Philippe le Bel le premier mit un impĂ´t sur le sel.
Créé pour un temps, il ne tarda pas à devenir permanent, et déjà , sous Philippe
VI, cet impôt était levé régulièrement et les greniers à sel établis partout.
On connaĂ®t le spirituel mot d'Edouard III Ă propos de l'ardeur de ce prince Ă
augmenter les droits sur le sel. Les proportions immenses qu'ils avaient prises
sous les Valois s'accrurent encore sous les Bourbons, et Richelieu, qui
appelait l'impĂ´t du sel les Indes du roi de France, calculait que la couronne
ne lui Ă©tait pas moins redevable que l'Espagne aux mines du Potose, du Chili et
du reste de l'Amérique. Philippe de Valois
ayant établi des greniers pour y faire vendre le sel à son profit «dont il
acquit l'indignation et la malgrâce des grands comme des petits et de tout le
peuple,» à cette occasion Édouard III appela Philippe VI l'auteur de la loi
salique, par allusion à l'avantage que Valois avait tiré de la véritable loi
salique, qui lui fit obtenir le trĂ´ne Ă l'exclusion des descendants de la
branche féminine. (Voyez Bailly, Hist. financ. de la France, t. I, p. 100.) (Félix
Joubleau, Études sur Colbert: ou Exposition du système d'économie politique
suivi en France de 1661 Ă 1683, Tome 1, 1856 - books.google.fr). Si la loi salique
n'est pas encore mentionnĂ©e dans les textes en 1328, "vers 1340, la voilĂ
précisément évoquée, sans toutefois être nommée - «cette constitution faite
longtemps avant Charlemagne et gardée par tous les rois depuis icelui temps» - dans la traduction française des Échecs
moralisés de Jacques de Cessoles, effectuée par Jean du Vignay pour le compte
du futur Jean le Bon (Laurent
Theis, Le trĂ´ne de France interdit aux femmes, La VĂ©ritable Histoire des
femmes: De l'Antiquité à nos jours, 2019 - books.google.fr - books.google.fr). "embusche" : embuscade La guerre de Cent Ans ne fut pas une guerre de batailles
rangées, ce fut une guerre de coups de main, de sièges et d'embuscades (fr.wikipedia.org
- Liste des sièges de la guerre de Cent Ans). Les premières phases de la «Guerre de Cent ans», qui
s'étaient déroulées dans le nord du royaume, furent suivies, sous le règne de
Jean II le Bon («le brave», en termes de chevalerie), de combats illustres ou
sournois, en Touraine ou dans les provinces voisines. Le milieu du XIVe siècle
fut d'abord lourdement marqué par le fléau de la "peste noire" que
les chroniqueurs d'Ile-de-France rapportent surtout aux années 1348 et 1349 :
«Celui qui aujourd'hui était en bonne santé, demain était mort et porté en
terre. Les malades avaient tout Ă coup des grosseurs sous les aisselles et dans
l'aîne... c'était un signe infaillible de mort... Ledit fléau, à ce que l'on
dit, commença chez les mécréants, puis vint en Italie ; traversant les monts,
il atteignit Avignon où il frappa quelques cardinaux et décima leur entourage.
Puis peu à peu, à travers l'Espagne et la Vasconie, il arriva en France»
(chronique latine de Jean de Venette). L'épidémie succéda, en Touraine, à une
période de graves inondations (1346), puis de disette (1347-1348). Elle venait
du Poitou, dont les pèlerins espéraient obtenir de saint Martin leur guérison ;
elle causa des ravages, notamment en l'année 1351. Les chroniques tourangelles
n'en donnent aucun récit ; tout au plus sait-on, par la «Chronique abrégée de Saint-Aubin d'Angers», que la
Touraine fut moins éprouvée qu'ailleurs : In provincia Turonensi mitius se
habuit quam alibi communiter. Et voici, de la mĂŞme source, les formes du mal
dans notre région : «Les uns crachaient le sang, d'autres avaient sur le corps
des taches rouges et noirâtres à l'instar du peigne marin ou du
poisson-tourterelle, et parmi eux nul n'en réchappait ; d'autres avaient abcès
ou tumeur Ă l'aine ou sous l'aisselle, et quelques-uns d'entre eux pouvaient
s'en sortir» (éd. P. Marchegay et E. Mabille, 1869). Après les bonnes récoltes
de 1352, l'épidémie sembla disparue pendant une dizaine d'années. Mais un
retour du fléau se produisit après le printemps froid et neigeux de 1362. [...]
Le dauphin Jean, créé comte de Poitou depuis le début de
1344, avait reçu pour mission de contenir les Anglo-Gascons qui avaient franchi
la Charente en direction du nord. Mais il fut rappelé en Picardie par Philippe
VI aux prises avec la «descente» d'Edouard III d'Angleterre. Sans arriver Ă
temps pour éviter le désastre de Crécy, le dauphin laissait le Poitou et le sud
de la Touraine à la merci des Anglo-Gascons qui commencèrent alors de
fructueuses «chevauchées» de pillage. D'entrée de jeu, Henri de Lancastre,
Comte de Derby, réussit à s'emparer de Poitiers qui fut mis à sac pendant dix
jours ; après quoi, Derby rejoignit Bordeaux avec le butin. «Il devint
brutalement évident qu'il n'est plus possible de compter pour la défense sur
les armées du roi, comme on l'a fait jusque là ... Aussi partout les bourgeois
mirent-ils leurs villes en état de défense, décidés désormais à se protéger
eux-mêmes» (R. Favreau, 1976). On
assiste donc, dès lors, à deux séries de faits importants : la guerre
d'embuscades et la réparation des remparts des villes et des châteaux-forts
(Pierre
Leveel, Histoire de Touraine et d'Indre-et-Loire, 1988 - books.google.fr). Lien avec le
quatrain précédent La traduction de
Jean de Vignai est la plus connue et la plus répandue des traductions de
Jacques de Voragine .
Elle fut commandée à l'auteur par sa protectrice Jeanne de Bourgogne, épouse du
roi Philippe VI. Le ms. M, dont nous donnons le texte,
est daté de 1348, ce qui permet de situer le travail du traducteur probablement
dans le deuxième quart du XIVe s. Cette traduction présente la particularité de
faire précéder la plupart des vies, dont celle de Pélagie, d'un bref prologue consistant souvent dans une explication
du nom du saint par l'Ă©tymologie (Pierre
Petitmengin, Pélagie la pénitente: La survie dans les littératures européennes,
Tome 2, 1981 - books.google.fr). Jean du Vignay Ă©tait de l'Ordre de Saint Jacques du Haut
Pas : cf. quatrain VIII, 21 et VIII, 23, sur la loi salique qui est en
cause dans les motifs de la guerre de Cent ans. Ci commence la vie
sainte Pelagienne. Pelagienne estoit la premiere de la cité d'Antyoche, et
estoit plaine de richesces en toutes choses. Ele estoit tres bele de cors,
noble d'abit, vaine et variable de courage, et non caste du corps (Pierre
Petitmengin, Pélagie la pénitente: La survie dans les littératures européennes,
Tome 2, 1981 - books.google.fr, jonas.irht.cnrs.fr). Dans l'édition de Batailler, l'étymologie est présente en
introduction de la vie de la sainte : Pelagienne est dicte de pelagus qui vault
autant adire comme mer. Car ainsi
come la mer habunde de toutes eaues elle habunda en la mer de ce monde de
toutes richesses et delices. Elle fut mer d'iniquite et fleuve de péchés. Mais
ette le plungea Ă la mer de larmes et se laua au fleuve de baptesme (Jacques
de Voragine, Légende dorée. Ed. Jean Batallier, traduit par Jean de Vignay,
1476 - books.google.fr). Le De re militari de Végèce constituait un
'objet de traduction' fort goûté au Moyen Age. Jean de Meun s'y met le
premier (1284) : nous le rencontrons uniquement sous navigation, qui est sans
aucun doute un latinisme. Quelques années plus tard (1290), Priorat ne fait au
fond que mettre en vers le texte de son prédecesseur, et il n'a probablement
pas eu sous les yeux l'original latin; nous retrouvons chez lui navigation,
plus quelques mots français: accrocher, avaler, [espierarre / spirace 'barque
de pirates' < Ă©pier'], joindre, [naigement 'navigation'], naigier, [nef],
noitonier et tormante. La traduction de
Jean de Vignay (2. quart du 14e siècle) nous offre antainne / anteinne, qui en
principe peut provenir de l'original (antenna) (Jan
Fennis, Trésor du langage des galères: Dictionnaire exhaustif, 2011 -
books.google.fr). Jean de Vignay ou du Vignai (1282 ou 1285 - après 1350)
auteur d'une Apparition de Maître Jean de
Meun, suit les traces de son modèle littéraire en commettant une traduction
de Végèce vers 1320. Cette traduction semble avoir été un exercice de jeunesse,
peut-être commandé par Jeanne de Bourgogne, épouse de Philippe VI, pour
laquelle il travaillait ordinairement. Jean de Vignay Ă©tait un religieux
hospitalier de l'ordre de Saint-Jacques du Haut-Pas et c'est ainsi que le
montrent les miniatures de présentation du XIVe siècle. Probablement d'origine
normande, car il dédia sa traduction du Jeu
des Échecs au duc de Normandie, en se présentant comme vostre petit
religieus entre les autres de vostre seigneurie, et parce qu'il déclare avoir vécu
au Molai-Bacon. Pas moins de douze traductions lui sont lui sont attribuées
dont l'une est perdue, l'Alexandre qui date de 1341. Certains commentateurs
modernes l'ont jugé comme un traducteur laborieux et un écrivain médiocre, mais
force est de constater le succès de ses traductions. La plus célèbre fut Li Livres Flave Vegece de la chose de
Chevalerie. Jean de Vignay reproduisit des passages entiers de la
traduction de Jean de Meun et raccourcit à l'occasion le texte de Végèce, en
particulier le livre II. En dépit de ces défauts, Christine de Pisan a emprunté des morceaux considérables de la
traduction de Jean de Vignay pour composer son Livre des fais d'armes et de Chevalerie. [...] La ville de Turin possède une traduction anonyme de
Végèce connue par ce seul manuscrit, copié au XVe siècle. En plus du Vegesse de lart militayre, le manuscrit
contient les Ordonnances du bon roy
Philippes de France des cerimonies de gaige de bataille en duel plus des
empereurs, roys, ducz, datées de 1306. La traduction est proche de Jean de
Meun qui n'est pas cité dans l'explicit contrairement à l'usage. La principale
modification par rapport à Jean de Meun tient à la répartition des chapitres en
cinq livres au lieu de quatre. La version modifiée de Turin a séparé les
chapitres concernant la poliorcétique et ceux traitant de la guerre navale. Le livre V porte d'ailleurs le titre : Cy commence le ve livre et sont les
commandemens des batailles qui sont faictes par mer et par eaue (Philippe
Richardot, Végèce et la culture militaire au Moyen Age: Ve-XVe siècles, 1998 -
books.google.fr). Végèce, lib. V, cap. 14: «On se sert dans un combat naval, non-seulement de toutes les espèces
d'armes employées dans une bataille sur terre, mais encore de machines et
d'instruments usités dans l'attaque et la défense des places fortes. Rien n'est
si cruel qu'un combat sur mer, où les hommes périssent dans les flammes et dans
les eaux. La première précaution doit être de munir les combattants d'armes
défensives, d'armures, de cuirasses, avec des casques et des jambières. On leur
donne encore des boucliers plus forts pour résister aux coups de pierres et
plus larges à cause des faux, des crocs et des autres espèces d'armes navales.»
(G.
Lefèvre, Rapport de fouilles à Landen, Bulletin de l'Institut archéologique
liégeoise, Volumes 19 à 20, 1886 - books.google.fr). Typologie Le report de 2162 sur la date pivot 1340 donne 518. La petite église de Saint-Paul fut, d'abord, suivantles
chroniques du pays, un monastère fondé,
en 518, par Jocondius et Pélagie, père et mère de saint Yrieix (Aradius) (Charles-Nicolas
Allou, Description des monuments des différents âges observés dans a
Haute-Vienne, avec un précis des annales de ce pays, 1821 - books.google.fr). Au point de vue du droit féodal, il semble que Philippe
de Valois fut l'usuparteur; pour les fiefs ordinaires, on pouvait, par une
disposition testamentaire, renoncer Ă la loi salique et instituer des filles
héritières. La Guyenne, la Normandie, le Ponthieu, Montreuil, étaient venus au
roi d'Angleterre par des femmes; les comtés de Toulouse, de Provence, étaient
tombés entre les mains des femmes. Philippe
de Valois , qui s'arma de la loi salique contre
Edouard III, soutint en - Bretagne contre Montfort les droits d'une femme, de
Jeanne , qui épousa Charles de Blois. Les prétentions d'Édouard
d'Angleterre étaient cependant invalidées par cette considération que, dans son
système, les trois derniers rois de France étaient des usurpateurs, en tant au
moins que les descendants mâles de leurs
filles avaient plus de droits que lui-mĂŞme (Auguste
Laugel, La France politique et sociale, 1877 - books.google.fr). L'héritage du défunt duc de Bretagne n'était rien moins
que les deux Bretagne (la Bretagne française et la Bretagne bretonnante ou
celtique) et la vicomté de Limoges (Georges
Bordonove, Jean II Le Bon, 1980 - books.google.fr). Les mentions de Francs régis par la loi Salique se prolongent
fort longtemps, et au delĂ certainement de l'Ă©poque oĂą on a coutume de dire que
la territorialité des lois a complètement succédé à la personnalité. Dans notre
France la loi Salique est encore mentionnée en 987 dans le cartulaire de
Saint-Père de Chartres; le concile de Limoges de l'an 1031 l'invoque"
aussi ; mais ce sont dès lors des références vagues (Paul
Viollet, Histoire du droit civil français: accompagnée de notions de droit
canonique et d'indications bibliographiques, 1893 - books.google.fr). Par le traité de
Brétigny de 1360, le Château de Limoges est cédé au roi d'Angleterre, et Michel Bize, maître particulier du Prince
Noir, y frappe toute la série des monnaies franco-anglaises (L.
Royer, La monnaie de Limoges, Bulletin de la Societe d'etudes scientifiques du
Limousin et de sa Section de radiesthesie, Numéros 97 à 144, 1904 -
books.google.fr). Cf. quatrain suivant IX, 80 ("Bize & Luc")
qui aurait aussi un rapport avec la chevauchée du Prince Noir en Languedoc. |