D’un bûcher la peste

D’un bûcher la peste

 

IX, 11

 

2111-2112

 

Le juste Ă  tort Ă  mort l'on viendra mettre

Publiquement, & du milieu estaint :

Si grande peste en ce lieu viendra naistre,

Que les jugeans fuyr seront contraints.

 

Un bûcher en 1529

 

Mais plus cuidoit on estaindre ce feu, et plus fort s'alumoit (Jean Gerson) (stella.atilf.fr).

 

À l'inverse, les martyres ont pu bouleverser des assistants dans un tout autre sens ils suscitent parfois des vocations chez les spectateurs, voire les prêtres ou les bourreaux. Félix Flatter, jeune étudiant bâlois en médecine, est venu étudier à Montpellier, de 1552 à 1557. Fin octobre 1552, il assiste au brûlement de Bibles et d'autres livres, imprimés «par les nôtres» (il est protestant) ; en mai 1553, il écoute le témoignage de deux autres étudiants bâlois fraîchement arrivés et qui viennent de voir les « cinq de Lyon » monter sur le bûcher. Le 6 janvier 1554, il assiste au brûlement de Guillaume d'Alençon, ancien prêtre montalbanais, qui avait rapporté des livres de Genève entassés à ses pieds, ils sont brûlés avec lui. L'homme, déjà dégradé de son état sacerdotal, doit être porté tant il est affaibli ; mais il chante des psaumes, s'assied sur le bûcher, retire et plie soigneusement ses vêtements, et exhorte à ne pas faiblir deux autres condamnés qui l'entourent et que la peur terrasse, un tondeur de draps (qui a une botte de paille attachée sur le dos) et un jeune homme de bonne famille. Immédiatement après le supplice éclate un violent tonnerre «Je l'ai entendu de mes oreilles, et bien d'autres avec moi», note Platter, qui ne craint pas de parler de Wonder (merveille). Le martyre comme imitation de la Passion du Christ. Les réformés seraient-ils à l'affût de signes venus de Dieu ? Crespin et Bèze notent, après la mort de Louis de Berquin, et à partir d'une date fausse... :

 

«La nuit suivante (qui fut la veille de saint Martin), les blés gelèrent en France, dont s'ensuivit famine et peste en plusieurs endroits. Tandis que Satan jouait ses tragédies à Paris, Dieu besognait quasi par tout le royaume, vérifiant ce qui a été très bien dit par un ancien, à savoir que le sang des martyrs sert de fumier à la vigne du Seigneur, pour la faire tant plus fructifier» (Patrick Cabanel, Histoire des protestants en France: XVIe-XXIe siècle, 2012 - books.google.fr).

 

Louis de Berquin, né vers 1490 à Vieux-Berquin et brulé le 16 avril 1529 à Paris, est un avocat, fonctionnaire, linguiste et réformateur religieux français. Le Parlement le condamna à être brûlé avec ses livres et ordonna l’exécution place Maubert, le jour même, «en grande diligence afin qu’il ne fût secouru du roi ni de Madame la régente qui étaient alors à Blois», dit le Journal d'un bourgeois de Paris (fr.wikipedia.org - Louis de Berquin, fr.wikipedia.org - Vieux-Berquin).

 

Place Maubert

 

On y pendit, le 19 septembre 1528, un jeune homme de vingt ans, un domestique, accusĂ© d'avoir, avec un complice pendu au mĂŞme endroit huit jours avant, assassinĂ© son maĂ®tre. Il y avait une demi-heure que l'exĂ©cution Ă©tait terminĂ©e victime pour aller jeter son corps dans le charnier de Montfaucon, que, mal pendu, le jeune homme vivait encore. Il s'apprĂŞtait Ă  l'achever d'un coup de poignard lorsque des femmes du quartier, qui assistaient Ă  cette scène, l'en empĂŞchèrent en criant Ă  tue-tĂŞte qu'il y avait lĂ  un miracle. Le jeune domestique profita vite de l'occasion. Il s'empressa de dire qu'au moment oĂą il allait ĂŞtre jetĂ© dans le vide, il avait Ă  nouveau implorĂ© Notre-Dame de la Recouvrance honorĂ©e dans le des Carmes voisin, et que, sitĂ´t mort, il avait constatĂ© qu'on le ressuscitait... On le transporta dans ce couvent, on le coucha dans un bon lit et on le soigna si bien que, deux jours après, il ne se ressentait plus de sa pendaison. Mais un sergent Ă©tait restĂ© en faction près de lui. L'enquĂŞte, reprise, dĂ©montra d'ailleurs l'innocence du jeune homme, ce qui justifiait le miracle. En fait, c'Ă©tait la femme de son maĂ®tre qui avait tuĂ© ce dernier. Quelques huguenots ne manquèrent pas de se gausser de cette histoire, disant que la Vierge n'avait fait les choses qu'Ă  demi puisqu'elle n'avait pas ressuscitĂ© aussi le premier domestique, tout aussi innocent que le second. Les autres exĂ©cutions furent bien plus tragiques. Elles eurent surtout pour but de rĂ©primer ce que Louise de Savoie, rĂ©gente pendant la captivitĂ© de son fils François Ier, appelait ceste malheureuse et damnĂ©e secte et hĂ©rĂ©sie de Luther qu'il falloit empescher de pulluler en ledict royaume... Aussi verra-t-on place Maubert les supplices ci-après : 1526 : Guillaume Hubert, licenciĂ© ès lois, Ă©tranglĂ© et brĂ»lĂ© après avoir eu la langue percĂ©e ; 1529, Louis Berquin, pendu et brĂ»lĂ© avec ses livres ; 1533, Alexandre d'Evreux, pendu et brĂ»lĂ© ; Laurent de la Croix, religieux jacobin, et Jean Pointet, chirurgien, brĂ»lĂ©s Ă  petit feu ; 1540, Claude Lepeintre, orfèvre, brĂ»lĂ© vif après avoir eu la langue coupĂ©e ; 1546, Etienne Dolet, Ă©tranglĂ© et brĂ»lĂ©; 1557, Philippe de Luns, la dame de Graveron (23 ans), l'avocat Gravelle et Nicolas Clinet, brĂ»lĂ©s vifs ; 1560, le libraire Martin Lhomme, brĂ»lĂ© ; et quatre jours après, le commerçant Robert Dehors, pendu pour avoir montrĂ© quelque compassion lors du passage du funèbre cortège du prĂ©cĂ©dent... Tant de protestants furent suppliciĂ©s sur cette place qu'elle devint un temps un lieu de saintetĂ© pour ceux qu'illuminait la foi nouvelle.  Ces atrocitĂ©s finirent mĂŞme par Ă©mouvoir le pape : «Adverty de l'exĂ©crable et horrible justice que le Roy François Ier faisoit en son royaume sur les luthĂ©riens, Paul III luy manda qu'il pensoit bien qu'il le fist en bonne part, nĂ©anmoins que Dieu, le crĂ©ateur, a usĂ© de plus de misĂ©ricorde que de rigoureuse justice, et que c'Ă©tait une cruelle mort de faire brusler vif un homme ; donc, le requĂ©roit de vouloir apaiser sa fureur et rigueur de justice, en leur faisant grâce et pardon». Les plans de Paris de 1607 et 1608 montrent la place Maubert avec une potence : celui de 1609 en montre deux. On y pendait encore au milieu du XVIIIe siècle, puisqu'un nommĂ© François Masson, qui avait volĂ© les vases sacrĂ©s et les ornements de l'Ă©glise des Bernardins, fut pendu au gibet de la place Maubert le 12 juin 1752 (Jacques Hillairet, Gibets, piloris et cachots du vieux Paris, 1956 - books.google.fr).

 

Au milieu

 

Dolet condamné, la sentence a été exécutée à Paris e 3 août 1546, au milieu de la place Maubert : il était âgé d'environ trente-sept ans (Paul Jammes, Le bucher bibliographique, 1968 - books.google.fr).

 

Un seul, ThĂ©odore de Bèze, encore jeune et jetant sa gourme libĂ©rale, osa pleurer Dolet et, au lendemain mĂŞme du supplice, rĂ©habiliter la victime dans une ode apologĂ©tique : «A la vue de Dolet brĂ»lant au milieu du bĂ»cher, il y eut un gĂ©missement dans le chĹ“ur des Muses, ce chĹ“ur dont Dolet s'Ă©tait longtemps entourĂ©. Et de toutes les sĹ“urs d'Aonie, il n'y en eut pas une, naĂŻade, dryade ou nĂ©rĂ©ide, qui, soit avec ses larmes, soit avec l'onde puisĂ©e Ă  la fontaine de PĂ©gase, n'essayât d'Ă©teindre ces flammes si cruelles. Et Ă  peine rĂ©duit en cendres, Dolet enveloppĂ© d'une pluie de larmes, pouvait paraĂ®tre avoir Ă©chappĂ© Ă  la mort, lorsque le Père des dieux tonna sĂ©vèrement du haut du ciel, comme importunĂ© par l'effort des neuf SĹ“urs : Cessez, dit-il, d'envier son nouvel hĂ´te au ciel ; le ciel ! c'est ainsi que mon Hercule l'a gagnĂ©.» Le bĂ»cher de la place Maubert se dressa bientĂ´t pour Pierre Chapot, Dauphinois (Arthur Heulhard, Rabelais: ses voyages en Italie, son exil Ă  Metz, 1891 - books.google.fr).

 

Une peste Ă  Paris: 1531-1533

 

L'épidémie de 1531 fut une des plus graves de toutes celles qui affligèrent la capitale, si l'on en juge par les mesures administratives qui furent prises, dit le docteur Chereau.

 

C'est Ă  l'occasion de l'Ă©pidĂ©mie de peste de 1531 Ă  1533 que fut criĂ©e et publiĂ©e Ă  son de trompe l'ordonnance que M. LĂ©on Willem rĂ©imprime aujourd'hui, et qui a Ă©tĂ© l'occasion de cette notice. Elle fut une des plus graves de toutes celles qui affligèrent la capitale, si l'on en juge par les mesures administratives qui furent prises. Dans ce siècle, la thĂ©orie de la nature contagieuse des maladies dites pestilentielles règne dans toute sa plĂ©nitude. On s'imagine que le mauvais gĂ©nie peut se transmettre, non-seulement par la cohabitation avec un malade, mais encore par les vĂŞtements, les meubles, les ustensiles qui lui ont servi ; il y a mĂŞme tels tissus qui sont regardĂ©s comme particulièrement susceptibles de servir de refuge au mauvais air : les lainages, les fourrures ont surtout cette propriĂ©tĂ©, qu'ils doivent sans doute au relâchement des fils qui les composent, au moelleux de leur trame, Ă  leurs nombreuses lacunes, dans lesquelles le virus doit trouver un abri assurĂ©. De lĂ  les mesures prises par le Parlement, et l'ordonnance en question : les maisons infectĂ©es auront aux fenĂŞtres et Ă  la principale porte, une croix de bois, afin que chacun puisse savoir oĂą est le danger et ne pas s'y exposer. Toute personne qui aura Ă©tĂ© malade, tout membre de sa famille, tout habitant mĂŞme de la maison habitĂ©e par ce malade, ne pourront circuler dans la ville, sans avoir Ă  la main une baguette ou un bâton de couleur blanche. DĂ©fense absolue de faire entrer dans Paris ou dans les faubourgs, ni lits, ni couvertures, courte-pointes, draps de laine, serges, rideaux, «ne autres biens oĂą la peste peult retenir;» la mĂŞme dĂ©fense s'applique aux objets Ă  transporter d'une maison infectĂ©e dans une autre. Les fripiers, les priseurs, les couturiers, les revendeurs, etc., ne pourront mĂŞme plus continuer leurs mĂ©tiers, relativement Ă  ces tissus, «oĂą la peste et mauvais air se peult retenir.» Le Parisien n'aura plus le loisir d'aller aux Ă©tuves; les propriĂ©taires de ces derniers Ă©tablissements s'abstiendront jusqu'au prochain jour de NoĂ«l, c'est-Ă -dire pendant près de cinq mois, de chauffer les dites Ă©tuves ; on craignait Ă©videmment le rapprochement entre les gens sains et les gens contaminĂ©s. Tout marraut, tout mendiant sera impitoyablement rejetĂ© de l'intĂ©rieur des Ă©glises. Les ladres ou lĂ©preux, habitants de Paris, se retireront en leurs maladières. Les chirurgiens et barbiers seront tenus de ne point jeter dans la partie de la Seine comprise dans l'enceinte de Paris, le sang des saignĂ©es qu'ils auront pratiquĂ©es, mais de le porter au-delĂ  de cette enceinte, au-dessous de l'Ă©corcherie aux chevaux.Ces mĂŞmes chirurgiens, s'ils ont Ă©tĂ© convaincus d'avoir saignĂ© des lĂ©preux, devront s'abstenir de pratiquer leur mĂ©tier pendant un temps dĂ©terminĂ© par la justice. Les - mĂŞmes prohibitions s'appliquent aux marĂ©chaux qui recevront dans un vase le sang provenant de la saignĂ©e des chevaux, et qui iront jeter ce sang aux voiries, hors la ville et les faubourgs. On leur dĂ©fend aussi d'entretenir leurs forges avec du charbon de terre ; on s'imagine que les vapeurs bitumineuses rĂ©pandues par ce combustible, alors nouveau, peuvent aider le flĂ©au dans ses manifestations. Excellente mesure : le pavĂ© devant les maisons, sera rĂ©parĂ© s'il est mauvais ; soir et matin, «mesmement dedans le ruisseau,» on arrosera ; on empĂŞchera l'engorgement des Ă©gouts, on laissera l'eau du ciel tomber en toute libertĂ©, sans balayer ni nettoyer durant cette pluie ; dĂ©fense de jeter par les fenĂŞtres quoi que ce soit en fait d'ordures, d'eaux ; de garder longtemps dans les maisons les urines et les eaux mĂ©nagères. DorĂ©navant, et Ă  l'avenir, dĂ©fense est faite de vider dans la rue les ordures des maisons ; on les mettra dans des paniers, le long des maisons, oĂą elles seront prises de suite par des charretiers pour ĂŞtre jetĂ©es en dehors de la ville. Ces charretiers sont appelĂ©s Ă  une grande diligence dans le dĂ©barras de ces ordures ; la planche qui ferme le derrière de leurs tombereaux, devra ĂŞtre aussi haute que celle de devant, afin que les immondices ne puissent tomber sur la voie publique. DĂ©fense est faite aux bouchers, charcutiers, rĂ´tisseurs, vendeurs de volailles, etc., d'entretenir chez eux, dans la ville de Paris, des co- chons, des pigeons, des poules, etc. Les propriĂ©taires de maisons seront tenus de faire creuser immĂ©diatement des latrines dans leurs propriĂ©tĂ©s ; les vidangeurs ne pourront vider ces fosses qu'après en avoir demandĂ© l'autorisation Ă  qui de droit. Est expressĂ©ment dĂ©fendu l'Ă©talage des draps aux fenĂŞtres donnant sur la rue. Les examinateurs-commissaires au Châtelet, les quarteniers, les dizainiers, les cinquanteniers, sont chargĂ©s, chacun en ce qui le concerne, de l'exĂ©cution de ces diffĂ©rents points. Tel est le rĂ©sumĂ© succinct de l'ordonnance du 26 aoĂ»t 1531. Mais ce dont ne parle pas ce curieux document c'est la crĂ©ation des PrĂ©vĂ´ts de la santĂ©, lesquels, aidĂ©s d'un certain nombre d'archers, devaient s'enquĂ©rir des maisons infectĂ©es, sĂ©parer promptement les malades d'avec les personnes saines, veiller Ă  l'exĂ©cution des règlements sanitaires. Ils devaient se tenir habituellement, afin qu'on pĂ»t toujours les trouver, au cimetière de Saint-Gervais ou Ă  celui de Saint-SĂ©verin. Ils se rendaient matin et soir chez les commissaires, et plusieurs fois dans la journĂ©e, chez les quarteniers, dizainiers, mĂ©decins, barbiers, chirurgiens, apothicaires de chaque quartier, afin d'apprendre d'eux les noms et demeures des citoyens frappĂ©s. Ces derniers, ils les confiaient aussitĂ´t aux barbiers ou aux chirurgiens nommĂ©s par la police, ou les faisaient porter Ă  l'HĂ´tel-Dieu. Les prĂ©vĂ´ts de la santĂ© avaient encore le soin de marquer d'une croix blanche les maisons abritant des pestifĂ©rĂ©s, et de veiller Ă  ce que les domestiques de ces mĂŞmes maisons ne sortissent qu'avec une verge blanche Ă  la main. Les peines portĂ©es contre ceux qui eussent osĂ© effacer ces croix blanches marquĂ©es par les prĂ©vĂ´ts de la santĂ©, Ă©taient extrĂŞmement sĂ©vères : les dĂ©linquants avaient le poing coupĂ©. Enfin, ces officiers sanitaires, leurs aides et archers, ne marchaient dans les rues que portant une casaque d'Ă©toffe noire avec une croix blanche. A cette occasion, nous rappellerons que dans la peste qui ravagea Marseille en 1720, on prit une mesure encore plus extravagante. Nous donnons ici le fac-simile d'une curieuse gravure du temps reprĂ©sentant le costume que portaient les mĂ©decins chargĂ©s de soigner les pestifĂ©rĂ©s : robe en maroquin du Levant, parce que cette Ă©toffe, par son odeuret son poil, est la pluscapable de rĂ©sister au venin pestilentiel; la tĂŞte est complĂ©tement fourrĂ©e dans un capuchon fait du mĂŞme maroquin ; ce capuchon est percĂ©, au niveau des yeux, d'ouvertures pour permettre la vue, mais ces ouvertures sont soigneusement bouchĂ©es par un cristal. Le nez, en forme de bec, Ă©tait rempli de parfums et de matières balsamiques. Mais, ce que le Parlement fĂ®t de mieux dans l'Ă©pidĂ©mie de 1531-1534, ce fut de s'adresser Ă  la FacultĂ© de mĂ©decine, et de lui demander aide, secours et conseils. Le 8 septembre 1533, les Parisiens Ă©pouvantĂ©s par le flĂ©au qui rĂ©pandait de tous cĂ´tĂ©s la terreur et la mort, furent un peu rassurĂ©s en lisant dans tous les carrefours l'arrĂŞt suiVant : «...Et au surplus, ordonne, ladite chambre (le Parlement), que la FacultĂ© de mĂ©decine dĂ©putera quatre mĂ©decins, docteurs rĂ©gens en icelle, de qualitĂ© tant en thĂ©orie que practique, pour visiter et mĂ©dicamenter les malades de peste en cette ville et faubourgs de Paris. Et pour ce faire, auront, chascun d'eulx, trois cens livres parisis pour ceste prĂ©sente oeuure. Et il leur sera aduancĂ© un quartier. Aussi, ordonne, icelle chambre, que les dits quatre mĂ©decins qui seront esleus et commis Ă  ce que dit est, pendant le temps dessus dit et quarante jours après, s'abstiendront de voir et visiter et mĂ©dicamenter autres personnes que pestifĂ©rĂ©es, sur peine de punition corporelle, priuation de leurs offices, et amende arbitrale.» Le collĂ©ge des chirurgiens fut aussi appelĂ© Ă  prouver son zèle et son ardeur Ă  venir au secours des malheureux pestifĂ©rĂ©s. Il dut Ă©lire deux chirurgiens pour visiter, panser, et mĂ©dicamenter les malades; leurs gages furent, pour chacun, de 120 livres parisis. Enfin les barbiers fournirent aussi deux compagnons, qui devaient ĂŞtre payĂ©s Ă  raison de 80 livres. Nous ne devons pas oublier les noms des quatre mĂ©decins que la FacultĂ© choisit pour obĂ©ir aux ordres du Parlement, et qui n'hĂ©sitèrent pas Ă  accepter le mandat, quoique avec les idĂ©es contagionistes exagĂ©rĂ©es de l'Ă©poque, c'Ă©tait, pensait-on, courir presque sĂ»rement Ă  la mort. Honneur donc Ă  Pierre Royer, Jacques Fournier, Jean Guido, Pierre Collier ! Ce n'est pas sans raison que la FacultĂ© les baptisa de suite de ces titres : Medici Parabolani, du grec IIapá6oXoç, tĂ©mĂ©raire, audacieux, rappelant ainsi le courage civique que montrèrent les dignes enfants de nos Ă©coles de Paris. Toutes ces mesures, si sages en apparence, et marquĂ©es au coin d'une si grande sollicitude pour le salut public, engendraient pourtant, d'effroyables dĂ©sordres. Ambroise ParĂ© nous a laissĂ© un tableau navrant des misères de toutes sortes dans ces temps de calamitĂ©s publiques, oĂą le malheureux pestifĂ©rĂ©, traquĂ© comme une bĂŞte venimeuse, Ă©tait arrachĂ© Ă  son foyer domestique, sĂ©questrĂ© dans des lieux infects, et souvent victime des voleurs et des assassins. Ecoutons l'illustre chirurgien : « ... Outre plus, les plus opulens, mesmes les magistrats et autres, qui ont quelque auctoritĂ© au gouvernement de la chose publicque, s'absentent ordinairement des premiers, et se retirent ailleurs, de sorte que la justice n'est plus administrĂ©e, n'y estant personne Ă  qui on la puisse requĂ©rir; et lors, tout s'en va Ă  confusion, qui est un mal des plus grands qui sçauroient advenir Ă  une rĂ©publique quand la justice dĂ©faut. Et a donc, les mĂ©chants ameinent bien une autre peste; car ils entrent ès maisons, et y pillent le plus et desrobent Ă  leur aise impunĂ©ment, et couppent le plus souvent la gorge aux malades, voire aux sains mesmes, afin de n'estre cogneus et accusĂ©s après. En ceste ville de Paris, se sont trouvĂ©s des gens, qui avec l'aide de tels maistres, ayant fait entendre Ă  leur ennemy qu'il avoit la peste, sans avoir mal quelconque, et le jour qu'il devoit parler de son procès, ou faire quelque acte eĂą sa prĂ©sence Ă©toit requise, l'ont fait ravir et emporter Ă  l'Hostel-Dieu, par la force de ces galands, quelque rĂ©sistance qu'il pĂ»t faire, estant plusieurs contre un; et si de fortune il imploroit l'aide et misĂ©ricorde du peuple qui le voyoit, les larrons et meurtriers l'empeschoient et crioient encore plus fort que luy, afin qu'il ne fust entendu; ou bien, ils donnoient Ă  entendre que le mal l'avoit rendu furieux et dĂ©moniaque, pour faire fuyr chacun d'auprès, et, ce pendant, avoir moyen de le poulser audit Hostel-Dieu et le faire lier et coucher avec les pestifĂ©rĂ©s. Et quelques jours après mouroit, tant de dĂ©plaisir que de l'air infectĂ©, ayant estĂ© sa mort auparavant vendue et achaptĂ©e Ă  beaux deniers contants. Ceste maladie rend l'homme si misĂ©rable que si tost qu'il est soupçonnĂ©, sa maison (qui luy estoit le plus seur et le plus libre) luy sert d'une cruelle prison ; car on l'enferme dedans sans qu'il puisse sortir, ny que personne y soit admise pour le secourir. Si, ce pendant, quelqu'un de ceux qui sont ainsi resserrĂ©s et enfermĂ©s se meurt, il faut que les autres qui sont lĂ  dedans voyent quelquefois durant long temps cet horrible spectacle de corps remplis de vermine et pourriture, avec une grande puanteur charongneuse, qui fait renforcer l'infection et vĂ©nĂ©nositĂ© de l'air, qui puis après fait redoubler la peste, et est souvent cause de la mort de tous ceux qui sont en la maison. Et si on se retire aux champs, la mesme crainte et horreur y est.Tout est closet fermĂ© aux villes, villages et bourgades, voire les maisons propres sont closes Ă  leurs maistres, tellement que souvent on est contraint de faire quelque logette aux champs, arrière de toute conversation et cognoissance. Et qui plus est, n'a-t-on pas veu ès dites loges, que le père et la mère estans griefvement malades, et ne pouvans aider Ă  leur enfant, l'ont veu suffoquer et manger aux mouches guespes, et la mère cuidant le secourir, se lever, puis tomber morte entre l'enfant et le mary ! Plus on est recogneu des vassaux, subjects, ou serviteurs qu'on ait, chascun tourne le dos, et personne n'y oseroit aller; mesme le père abandonne l'enfant et l'enfant le père; le mary la femme, et la femme le mary; le frère la sĹ“ur, et la sĹ“ur le frère ; voire, ceux que vous pensez les plus intimes et fĂ©ales amys, en ce temps vous abandonnent pour l'horreur et danger de ceste maladie. Et s'il y a quelqun meu de pitiĂ© et charitĂ© chrestienne, ou par la consanguinitĂ©, se veut advancer pour secourir et visiter un malade, il n'aura après parent ny amy qui le vueille frĂ©quenter ny approcher. Qu'ainsi soit on a veu, l'orsqu'on apercevoit seulement ès rues les mĂ©decins, chirurgiens et barbiers, esleus pour panser les malades, chascun couroit après eux Ă  coups de pierres pour les tuer comme chiens enragĂ©s, disant qu'il falloit qu'ils n'allassent que de nuict, de peur d'infecter les sains. » (Achille Chereau, Les ordonnances faictes et publiĂ©es Ă  son de trompe par les carrefours de ceste ville de Paris pour Ă©viter le dangier de peste 1531: prĂ©cĂ©dĂ©es d'une Ă©tude sur les Ă©pidemies parisiennes, 1873 - books.google.fr).

 

La criminelle Louise de Savoie meurt en 1531 de cette peste Ă  Grez sur Loing (cf. quatrain II, 14).

 

Les juges

 

On a mêlé, en 1529, le nom de Budé à la condamnation du seigneur de Berquin, ami d'Érasme, à la peine du feu pour crime d'hérésie, sentence qui fut exécutée. Budé, s'il fut un de ses juges (ce que l'arrêt non retrouvé aux archives judiciaires pourrait seul prouver), fut au contraire le constant défenseur de ce savant et courageux gentilhomme en 1523 et en 1526: il ne tint pas à lui qu'il n'échappât à cette exécution déplorable. Aussi jamais le parti protestant n'en a fait un reproche à la mémoire de Budé, qui fut le constant protecteur des gens de lettres. Ceux-ci, surtout les hellénistes, étaient vivement attaqués par les fanatiques de cette époque, comme propagateurs de l'hérésie de Luther et de celle que Calvin méditait en France, et qu'il réalisa bientôt à Genève (Nouvelle biographie générale, Tomes 7 à 8, 1855 - books.google.fr).

 

Berquin avait eu deux sincères amis dans ces circonstances douloureuses : d'abord la princesse Marguerite, qui fit tous ses efforts pour le sauver. «Je vous fais pour la fin une très humble requête, écrivait-elle encore au roi son frère à la veille du supplice du gentilhomme hérétique, c'est qu'il vous plaise avoir pitié du pauvre Berquin...». En second lieu, Guillaume Budé, que nous venons de voir intervenir si activement auprès de son ami pour obtenir de lui une rétractation. Notons en passant que Budé avait été parmi les six juges que le roi avait désignés lui-même, et il est incontestable que le prince l'avait mis là pour atténuer la rigueur de la procédure, et pour amener plus facilement un retour de Berquin à sa à sa foi première. C'est à cela que tendirent tous les efforts de Budé; car fervent catholique comme il l'était, il cherchait à sauver un ami, et non point à protéger un hérétique (Eugène de Budé, Vie de Guillaume Budé: Fondateur du Collège de France (1467-1540), 1884 - books.google.fr).

 

Les dix-huit années qui s'étendent de 1522 à 1540, date de la mort de Guillaume Budé, sont les moins connues de sa vie. Il y exerce ses charges de maître des requêtes et de maître de la Librairie du Roi. Mais, de plus en plus atteint par une grave maladie qui l'accablait depuis plusieurs années, son activité se trouvait diminuée. Des recueils de correspondance, qui nous instruisent essentiellement sur son activité, le dernier fut publié en 1531. Cependant, il travaillait toujours à l'établissement d'un collège de lecteurs royaux, futur Collège de France. Il fut obtenu en mars 1530. Ce fut le dernier grand fait de sa vie. Guillaume Budé mourait le 21 août 1540. Le 23 août, le Parlement de Paris était informé de son trépas et inhumation. Il avait fait un testament dans lequel il témoignait vouloir mourir en bon chrétien. Il demandait à recevoir le sacrement de l'Eucharistie. Il affirmait sa foi en la miséricorde de Dieu et sa confiance en l'intercession de la Vierge, de saint Paul et de sainte Madeleine (Roland Mousnier, Le conseil du roi: de Louis XII à la Révolution, 1970 - books.google.fr).

 

En  1519-1520, on voit Budé s'installer à Marly, en pleine campagne, pour écrire son De Contemptu rerum fortuitarum (1520) et pour s'éloigner de la peste qui sévit à Paris (Robert Aulotte, Amyot et Plutarque: la tradition des moralia au XVIe siècle, 1965 - books.google.fr, Claude Loutsch, Myriam Melchior, Humanistica Luxemburgensia: la Bombarda de Barthélemy Latomus [et] les Opuscula de Conrad Vecerius, 2009 - books.google.fr).

 

Outre son hôtel de la rue Saint-Martin, Budé possédait deux maisons de campagne, situées l'une à Marly-la-Ville (Marlianum prœdium), l'autre à Saint-Maur (Sammauriana villa). Ces demeures joignaient, paraît-il, l'utile à l'agréable : élégantes dans leur construction, elles étaient entourées de jardins fertiles. Le propriétaire, enchanté de ses habitations, écrivait à Erasme en badinant qu'elles pouvaient entrer en parallèle avec celles de Lucullus (Eugène de Budé, Vie de Guillaume Budé: Fondateur du Collège de France (1467-1540) (1884), 2020 - books.google.fr).

 

Lors de la peste de 1531, Budé, s'il avait déjà été malade, se trouvait probablement dans une de ses maisons, comme en 1519-1520.

 

Typologie

 

Le report de 2112 sur la date pivot 1529 donne 946.

 

Mal, Mal des Ardents, Feu sacré, Mal d'enfer : nom donné à une affection épidémique, que l'on croit de nature érysipélateuse, dans laquelle les malheureux qui en étaient frappés sentaient leurs membres dévorés par un feu intérieur, supplice qui se terminait par la mort. Signalé déjà par Flodoard en 945, cet horrible fléau reparut à la suite de plusieurs années de famine en 1043, puis en 1053, en 1060, 1061, 1063. Enfin, en 1129, dit Mézerai, elle enleva à Paris 14,000 personnes, et ne cessa, suivant Félibien et Lobineau, que grâce à l'intercession de Ste Geneviève, dont la châsse fut transportée processionnellement dans les rues; le pape Innocent II vint à Paris, et c'est à cette occasion que fut bâtie l'église de Ste-Geneviève-des-Ardents, vis-à-vis Notre-Dame. Déjà les religieux de l'ordre de St-Antoine avaient été spécialement chargés de loger et de soigner les pauvres affligés de cette maladie (Augustin Privat-Deschanel, Dictionnaire général des sciencies théoriques et appliquées, Tome 2, 1877 - books.google.fr).

 

C'est dans la chronique de Frodoart pour l'année 945 que l'on trouve la première description authentique d'une épidémie de feu sacré, épidémie observée à Paris. Voici le passage de Frodoart:

 

Anno 945 in pago Parisiensi nec non per divisos circumquâque pagos diversa membra ignis plagâ pervaduntur quæque sensim exusta consumebantur, donec tandem mors finiret supplicia ; quorum quidem nonnulli sanctorum ista potentes evasere tormenta, plures tamen Parisinâ in ecclesiâ sanctæ Dei genitricis Mariæ sanati sunt; adeo quotquot illo pervenire potuerint asserant ab hac peste salvati ; quos Hugo quoque dux stipendiis aluit quotidianis. Horumdum quidam vellent ad propria redire, extincto refervescunt incendio, regressique ad ecclesiam liberantur (Frodoart, chron. ad ann. 945).

 

Sauval (AntiquitĂ©s de Paris, liv. X) signale l'apparition du feu sacrĂ© Ă  Paris en 945 et reproduit presque complĂ©tement la description de Frodoart : «QuantitĂ© de monde, tant Ă  Paris qu'aux environs, pĂ©rit d'une maladie appelĂ©e le feu sacrĂ© ou les ardens. Ce mal les brĂ»lait petit Ă  petit et enfin les consumait sans qu'on y pĂ»t remĂ©dier. Pour Ă©viter ce mal ou en guĂ©rir, ceux de Paris quittaient la ville pour prendre l'air des champs et ceux de la campagne se rĂ©fugiaient dans Paris. Hugues le Grand fit alors Ă©clater sa charitĂ© en nourrissant tous les pauvres malades, quoique parfois il s'en trouvât plus de six cents. Comme tous les remèdes ne servaient de rien, on eut recours Ă  la Vierge dans l'Ă©glise Notre-Dame qui dans cette occasion servit longtemps d'hĂ´pital.»

 

A cette époque Hugues comte de Paris faisait la guerre à Louis d'Outremer, et les Normands, remontant la Seine, avaient plusieurs fois pillé et saccagé le territoire de Paris (Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, Tome 2, 1878 - books.google.fr).

 

Les premières épidémies d'ergotisme éclatèrent à Xanten en 857, puis à Paris en 945 sous le nom de «peste de feu». En 1090, une autre de ces épidémies se déclara dans le Dauphiné. A la suite d'une guérison miraculeuse attribuée à Saint Antoine l'ordre des Antonins fut créé par quelques gentilshommes et se consacra aux victimes du feu sacré appelé désormais «feu de Saint Antoine». Les épidémies se succédèrent pendant plusieurs siècles. En 1581, une forme convulsive s'accompagnant de délire et de troubles mentaux frappa la ville de Lümbourg en Allemagne. Cette forme prit le nom de «mal des ardents» ou «mal de Saint André», et les perturbations mentales invitèrent rapidement à parler de possession à son endroit, justifiant par-là l'exorcisme et le bûcher. Les causes du feu sacré furent abordées vers la fin du XVIIe siècle, à l'occasion d'une épidémie gangréneuse en Sologne en 1670. Pour la première fois, on met en cause l'ergot de seigle dans l'apparition de la «gangrène des Solognots». Le pain de seigle préparé avec des grains ergotés est tenu pour responsable par des médecins et des chirurgiens de la région (Jean Dugarin, Patrice Nominé, Toxicomanie : historique et classifications, Histoire, économie et société, Volume 7, 1988 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain précédent IX, 10 - Catalogne, Navarre et Dauphiné - 2110-2111.

 

Depuis la dĂ©faite de Siagrius qui fut le dernier Romain Ă  commander en Gaule, jusqu'Ă  Hugues Capet, prince gaulois, bien que les Allemands prĂ©tendent le contraire, et mĂŞme Angevin de naissance, qui arracha l'empire au mains des Francs, il y a 496 ans, le nombre parfait. De Pharamond jusqu'Ă  Hugues Capet on en trouve 567, c'est-Ă -dire le carrĂ© de neuf multipliĂ© par sept ; de Pharamond Ă  la dĂ©fection de Hugues le Grand et des princes envers le roi Louis IV et Ă  la captivitĂ© de celui-ci il y a 512 ans, cube parfait : de lĂ  jusqu'Ă  l'autre dĂ©fection, celle de Charles de Bourbon envers François Ier et Ă  la captivitĂ© de celui-ci, il y a le carrĂ© de deux fois douze, c'est-Ă -dire 576 ; on en compte autant depuis Hugues Capet jusqu'Ă  cette funeste guerre de religion qui fit couler rĂ©cemment le sang de nos concitoyens. Et il n'y en a ni plus ni moins depuis la captivitĂ© du duc Charles de Lorraine (que Capet Ă©carta de la lĂ©gitime succession au trĂ´ne en l'enfermant dans un cachot Ă  OrlĂ©ans) 8 x 8 x 8 = 512, jusqu'Ă  ce Charles de Lorraine qui, Ă©tant parvenu Ă  la puissance royale, enferma Ă  son tour dans les cachots  d'OrlĂ©ans les descendants de Capet : dans l'une et l'autre circonstance OrlĂ©ans n'en fut pas moins funeste Ă  la famille de Lorraine (Jean Bodin, La mĂ©thode de l'histoire, traduit par Pierre Mesnard, 1941 - books.google.fr).

 

La place Maubert est peu étendue, de forme irrégulière, entourée de maisons où la population est entassée à quatre ou cinq étages, située au bas de la rue de la Montagne. Piganiol et le Maire font dériver ce nom de maître Albert Groot (mot allemand qui signifie grand). C'était un dominicain fameux, disent-ils, qui, ne trouvant pas de salle assez vaste pour son auditoire, prit le parti de ses lecons sur la place publique. De là cette place prit le nom de Maitre-Albert et par contraction de Malbert et Maubert. L'abbé Leboeuf et l'abbé Ladvocat, bibliothécaire de la Sorbonne, croient que le nom de cette place vient d'un évêque de Paris nommé Madelbert. Jaillot combat cette opinion et il pense d'après divers titres qu'il cite que ce nom de Maubert est dû à Aubert qui fut le second abbé de Sainte-Geneviève. Le terrain de cette place était dans la censive de l'abbaye, et ce fut l'abbé Aubert qui permit d’y bâtir des étaux de boucher. La Montagne-Sainte-Geneviève commence à la place Maubert et finit au Carré-Sainte-Geneviève. Elle porte ce nom depuis le quatorzième siècle. On la nommait auparavant rue de Sainte-Geneviève. Plus tard on l'appela quelquefois rue des Boucheries, à cause de celles qu'on y avait établies dès le douzième siècle. On donne le nom de Carré-Sainte-Geneviève au petit espace de terrain qui se trouve devant Saint-Étienne et l'emplacement de l'ancienne église de Sainte-Geneviève. Quant à la place du même nom, elle s'est formée aux dépens de plusieurs maisons qui ont été abattues (J. De Marles, Paris Ancien Et Moderne ou Histoire de France, 1838 - books.google.fr).

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