Le Valentinois et le mariage savoyard de
Louis XI IX, 27 2123-2124 De bois la garde, vent clos rond pont sera, Haut le reçu frappera le Dauphin, Le vieux teccon
bois unis passera, Passant plus outre du Duc le droit confin. "rond pont" : Rompon Il y a un Rompont à Champlemy dans la Nièvre. Les registres paroissiaux et des archives particulières
de Romponcelle (Belgique) mentionnent une famille Rompon, Rempont Rampont, Ronpon, etc., possédant
des biens précisément au bande Romponcel au XVIe siècle,
vu que la tradition a gardé un vague souvenir de plusieurs petits hameaux
disparus dans ces parages et qu'à la limite méridionale du territoire de Lacuisine - lequel faisait partie de la paroisse de Jamoigne - coule un ruisseau dit du Rondpont
(lu rouché du Ranpan), nous
croyons que Romponcel est le diminutif de Rompont ou Rampon, nom d'un hameau anéanti depuis longtemps
(sûrement avant le XIIIe siècle) et duquel nom la famille Rompent ou Rampont a emprunté le sien Cette petite commune du canton de La Voulte
fut successivement dénommée Rompone (en 898, Charta Vêtus et 976, Cartulaire De Cluny) puis Ronpons, Ronponis (1516) et
Rampon-le-Vieulx (enquête des paroisses, 1573). Au
féodal Rompon était une ancienne terre des comtes de
Poitiers-Valentinois, qui dépendait au XVIIIe siècle des Rohan-Soubise. Les
ruines de l'ancienne abbaye de Saint-Pierre-de-Rompon,
fondée au Xème siècle, qui dépendait directement de celle de Cluny, que tout le
monde appelle affectueusement «l'abbaye aux chèvres», se dressent dans un lieu
désert, sur un promontoire dominant la vallée du Rhône, d'où la vue porte
jusqu'aux contreforts du Vercors. [...] Au point de vue religieux, l'église
dédiée à saint Pierre était mentionnée comme un bien de l'église de Viviers dès
898 dans un diplôme donné par Rudolphe III. Donation
confirmée en 977, mais en faveur de l'abbaye de Cluny, stipulant deux églises
sur la montagne de Rompon, les églises étant celles
de Saint-Pierre et de Sainte-Marie. En 1112, l'évêque de Viviers donnait au prieur de Rompon huit paroisses :
Sainte-Marie Madeleine du Pouzin, Saint-Étienne du
Lac et six paroisses du mandement de Saint-Alban. L'ancienne église ruinée fut
remplacée, en 1628, par une nouvelle Une autre puissante famille établit encore un pont entre
Vivarais et Royaume de Bourgogne de rive gauche : les Clérieux.
En effet, outre leurs domaines sis sur la rive gauche du Rhône, ils sont
implantés en Vivarais dans la moyenne vallée de l'Eyrieux
et sur la façade rhodanienne du Bas-Vivarais où ils fondent dans les années 970
le prieuré clunisien de Rompon Dès la fin du XIIe siècle, une conjoncture économique
difficile (les revenus baissent), la voracité de la puissante famille des
Poitiers, comte de Valentinois (qui, par achats successifs est devenu le
suzerain du monastère) et la mauvaise gestion des prieurs, amènent la décadence
matérielle de Rompon. C'est au XVIe siècle, pendant
les guerres de religion, que le prieuré est définitivement ruiné et laissé Ã
l'abandon ; en effet à cause de sa situation géographique, dominant le Rhône Ã
l'est et Le Pouzin au sud (place forte huguenote de
grande valeur stratégique), les bâtiments eurent beaucoup à souffrir La Garde est un lieu-dit de la commune. Reste "vent
clos" indéterminé. Peut être pour
"enclos", comme enclos monastique. On trouve encore Lagarde aux Fonts
du Pouzin, juste au sud de Rompon,
qui était un lieu d'assemblées de huguenots au XVIIIème siècle La charte de fondation du couvent des chèvres en 977, qui
se trouve aujourd'hui sur la commune du Pouzin,
décrit les limites du territoire donné aux moines et l'exposition au vent d'une
de ces limites : Ces biens ont pour frontières et pour limites : à l'est,
le fleuve appelé Rhône ; à l'ouest, la rivière appelée Chambaud ;
au nord, la rivière appelée Montelier ; de
l'autre côté, au vent, le cours d'eau dit Ouvèze.
Tout ce qui se trouve inclus, à l'intérieur de ces frontières et qui
m'appartient légalement, je le donne tout entier et intégralement à cette
maison de Dieu "Duc" Le 19 février 1416, l'empereur Sigismond Ier érige le
comté de Savoie en duché de Savoie, lui offrant une autonomie politique sans
précédent Si le "Duc" est celui de Savoie, le quatrain se
situerait après 1416. Valentinois C'est un pays de France (Valentinus
ager), dans le Dauphiné. Il est borné au nord par le
Viennois, au midi par le Tricastinois, au levant par
le Diois, & au couchant par le Rhône, qui le sépare du Languedoc, comme l'Isere le sépare du Viennois. Les peuples du Valentinois
sont nommés par Pline Segovellauni, par Ptolémée Segalauni, & dans la notice de l'empire Segaulauni. On ignore les noms des premiers comtes de
Valentinois ; on sait seulement que vers la fin du XIIe siècle, Raymond, comte
de Toulouse, donna le Diois & le Valentinois à Aymar de Poitiers. Par un acte, signé à Paris, le lundi 11 août 1404, par
les évêques de Noyon et de Meaux, au nom du roi de France , Pierre de L'Isle et
Pierre Chabert, écuyers, pour le comte, et Jean de Poitiers, évêque de Valence
et de Die, comme représentant de Charles de Poitiers, évêque de Châlons, Louis et Philippe de Poitiers, chevaliers, ses
frères, tous fils de Charles, seigneur de Saint-Vallier, oncle du comte de
Valentinois et son compétiteur, à la mort d'Aimar VI
, Louis II donnait ou plutôt vendait au Roi-Dauphin les comtés de Valentinois
et Diois moyennant la somme une fois payée de cent mille écus d'or, une rente
annuelle de six cents florins et la jouissance viagère de la terre d'Upie pour sa femme Cécile de Beaufort. Au sire de
Saint-Vallier, son oncle, il réservait tous les châteaux, terres et seigneuries
d'au-delà le Rhône, la baronnie de Clérieu et la nu-propriété des terres de Châteauneuf-de-Mazenc, Lène et Savasse, dont l'usufruit appartenait à la comtesse
douairière Elips de Beaufort. A quoi le Roi-Dauphin ajoutait pour le prix de son
acquiescement à cette transaction vingt mille francs d'or. (Voy.
dans DUCHESNE, p. 72 et suiv. des preuves, le texte
complet de ce traité. - ANSELME, II, 196.) Charles de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier, oncle de Louis
II, était mort vers la fin de l'année 1409, satisfait, paraît-il, de la part
qui lui avait été faite dans la succession de son neveu ; mais il n'en était
pas de même de ses fils, qui, loin de se tenir pour liés par le traité de 1404,
n'attendaient, au contraire, qu'une occasion favorable pour renouveler leurs
prétentions, auxquelles la mort de la comtesse de Valentinois donnait encore
plus de prise. Ils attendirent ainsi quelques années, jusqu'à ce que,
désespérant d'arriver à leurs fins par d'autres voies, ils résolurent de faire
appel à la violence. Pour cela, le 16 août 1416, ils prirent d'assaut le
château de Grane qu'habitait le vieux comte avec ses
filles naturelles et quelques familiers, contraignirent celui-ci de souscrire
un nouveau traité par lequel, à défaut d'hoirs mâles légitimes, il instituait
le seigneur de Saint-Vallier son héritier universel, et, pour donner plus
d'autorité à cet acte, ils en firent demander la ratification aux notables
assemblés à Crest, le 24 du même mois, ce que ces derniers refusèrent. Délivré de ses cousins, le vieux comte, qui gardait un
amer souvenir des violences exercées sur sa personne, chercha par tous les
moyens possibles à les frustrer de sa succession, et d'abord il contracta un
second mariage avec Guillemette de Gruères. Cette
union ayant été stérile, il aliéna bon nombre de terres, et finalement, par un
testament du 22 juin 1419, il légua ses états au Dauphin Charles (VII) de
France, lui imposant, entre autres conditions, celle de verser entre les mains
de ses exécuteurs testamentaires la somme de 50,000 écus d'or, pour l'acquit de
ses dettes et legs, et surtout de ne jamais traiter avec le seigneur de
Saint-Vallier, son cousin, sous peine de forclusion, substituant alors au
Dauphin le comte de Savoie. Le 4 juillet suivant, Louis II mourut au château de
Bays, et le lendemain il fut enterré dans l'église
des Cordeliers de Crest. (Voy. CHoRIER,
Hist. gén.,
II, 410. - DU CHESNE, 62. - GUY ALLARD, Dict., II ,
725. - RocHAs, Biographie du Dauphiné, II, 263-64. - Archives
départementales et communales.) A peine Louis II reposait-il dans le caveau de ses
ancêtres, que le Dauphin Charles, son légataire, incapable, par suite de la
pénurie du trésor royal, de satisfaire aux conditions de paiement énoncées dans
le testament du comte de Valentinois, s'empressa, malgré la défense qui lui en
était faite, de traiter avec Louis de Saint-Vallier, relativement à ses
prétentions sur l'héritage de son cousin (26 juillet 1419). Mais aussitôt le
duc de Savoie, se prévalant de la clause testamentaire qui le substituait au
Dauphin, en cas d'inexécution de certaines conditions, dont les principales
étaient le paiement de 50,000 écus d'or et l'engagement de ne jamais traiter
avec le seigneur de Saint-Vallier, déclara solennellement, le 22 août 1422,
qu'il acceptait avec toutes ses charges l'héritage des comtes de Valentinois,
et incontinent fit prendre possession des comtés en litige par Humbert de
Seyssel, qui confirma les droits et priviléges de
plusieurs communautés. Accablé par le nombre de ses ennemis, le Dauphin, qui ne
disposait que de précaires ressources, jugea prudent en cette circonstance de
se désister en faveur du seigneur de Saint-Vallier, qui lui prêta quarante
mille écus vieux. Ce dernier prit alors le titre de comte de Valentinois et
Diois, se fit reconnaître en divers lieux, mais, se ravisant peu après, fît,
conjointement avec son frère Jean, évêque de Valence , un nouveau traité (4 mai
1423), par lequel il rétrocédait au Dauphin tous ses droits sur le Valentinois
et le Diois, moyennant une rente annuelle de 7000 florins, outre les terres,
châteaux et seigneuries qui lui étaient attribués dans le traité du 11 août
1404. Quant au duc de Savoie, ayant fait alliance avec la
prince d'Orange, il envahit le Dauphiné, alors gouverné par Raoul de Gaucourt, qui illustra sa défense par la prise du château
d'Anthon. Les choses trainèrent en longueur; enfin,
par un dernier traité conclu à Bayonne, le 3 avril 1445, Amédée VIII renonça Ã
ses prétentions sur le Valentinois, ainsi qu'à une somme de 3000 ducats qui lui
était due, et le roi de France, en échange, se départit de l'hommage que lui
devait le duc de Savoie, Ã cause du Faucigny et des autres pays que lui avait
cédés le Dauphin en 1354. (Voy. CHoRIER,
Hist. gén.,
If, 419 et suiv., et Hist. abrégée, II, 40, 43, 48,
50, 51. - GUY ALLARD, Dict., II, 274, 722. - DUcHEsNE,
67 et suiv.,
Preuves, 75 et suiv) Quelques années après, en 1499, Louis XII l'érigea en
duché pour le donner à César Borgia, fils du pape Alexandre VI On portait le titre de dauphin en France depuis le
rattachement du Dauphiné en 1349, attribué au futur Charles V, fils de Jean II
le Bon. Dès que le dauphin Louis eut fait avec le duc de Savoie
le traité de 1446, il voulut se faire reconnaître comme seigneur des fiefs
situés en Vivarais. Ses vassaux lui en rendirent hommage, comme il résulte de
nombreux actes des années 1446 à 1454. Le changement survenu en 1422 plaçait
les terres valentinoises de la rive droite du Rhône dans une situation assez
bizarre. Comme fief delphinal, elles étaient régies
par des officiers delphinaux et ressortissaient
à la Chambre des comptes et au Parlement de Grenoble; d’autre part, à raison de
la suzeraineté du roi de France, elles étaient justiciables en appel du sénéchal
de Beaucaire et du Parlement de Toulouse. Les deux parlements étaient donc
naturellement en litige, et l’autorité royale avait de la peine à tenir la
balance de façon à ne mécontenter personne. [...] Les hommages et les dénombrements se continuent à la
chambre des comptes de Grenoble pendant les deux siècles suivants. Le dernier
hommage est de l‘année 1683 pour le prieuré de St-Pierre-de-Rompon Si l'on rapproche la mention du règne de Philippe Auguste
dans un acte de donation en 1202 de la terre de Champ-Rond par Aimar II de Poitiers au prieur de
Rompon Guillaume de l'hommage du seigneur de Tournon
au même Philippe-Auguste, il semble bien que toute la portion du Valentinois
située sur la rive droite du Rhône ait été considérée dès lors comme partie
intégrante de la monarchie capétienne. On distinguera bientôt le Valentinois Ã
la part de l'empire et le Valentinois à la part du royaume Le prieuré de Rompon dans la première moitié du XVème siècle Vers 1380-1386 la dégradation se généralise, le siècle
s'achève sur une impression de marasme et le suivant offre une grande
uniformité, tout au plus note-t-on une brève amélioration vers 1440-1460, moins
sensible en Provence que dans le nord de la province. Partout les effectifs
diminuent, Rompon frôle la catastrophe avec deux
occupants en 1388 et six en 1443 Dans le priorat de Rompon
(1408), il y a cinq moines dont le service divin est parfait, exception faite
pour le sacristain qui s'acquitte au plus mal de sa tâche, ne demeurant pas sur
place mais vagabonde de ci de là ; dans l'église, il pleut en plusieurs en droits. [...] En 1410, il y a neuf moines. [...] En
1457, le prieur de Rompon est Antoine de Vissac "bois" M. Jean Vallery-Radot fait une
communication intitulée note sur deux mosaïques de payement romanes de l'église
de Cruas (Ardèche) commémorant les consécrations de 1095 et 1098. «L'église de
Cruas date des XIe et XIIe siècles. De ses deux mosaïques de pavement, il ne
reste que celle de l'abside. L'autre, qui se trouvait dans la croisée du
transept, a été détruite au XVIIIe siècle, mais auparavant son inscription
tronquée avait été publiée par les auteurs du Voyage littéraire de deux
religieux bénédictins (Paris, 1717, Ire partie, p. 297). Au milieu de la
mosaïque de l'abside s'érigent deux arbres stylisés dont le tronc est figuré
par une suite de petits triangles superposés. De part et d'autre de ces arbres
désignés par les mots ficus et lignum, se tiennent
debout, de face, à gauche, Élie tenant un tau, Ã
droite Énoch tenant une flèche, identifiés par les inscriptions helias, henoc. Une main bénissante qui apparaît par deux fois - la main divine -
touche leur front. Comme l'a montré M. André Grabar,
ce n'est pas Énoch, petit-fils d'Adam qui figure sur cette mosaïque, mais
l'autre Enoch qui fut le père de Mathusalem. Comme Élie, il fut enlevé vivant
au ciel. C'est en raison de ce commun destin qu'ils sont réunis l'un et l'autre
sur la mosaïque de Cruas, dont la composition iconographique les associe en
même temps et très clairement au thème du péché originel et de la rédemption.
En effet, le figuier (ficus) est l'arbre de la science du bien et du mal du
paradis terrestre dont Adam et Ève ont mangé le fruit, cause du péché originel,
et c'est du bois (lignum) de cet arbre qu'aurait été
faite la croix du Golgotha, instrument de la Rédemption. Il ne faut donc pas
confondre, comme on pourrait être tenté de le faire, le rôle tenu par Élie et
Énoch dans la mosaïque de Cruas avec celui que les illustrateurs de
l'Apocalypse leur assignent parfois, notamment dans le Beatus
de la cathédrale de Gérone, qui date de 975, où ils sont les «deux témoins»
mentionnés dans le texte de saint Jean (Apoc. XI,
3-8) et reconnaissables aux attributs qui les accompagnent, les deux oliviers
et les deux candélabres. La date de 1095 de la mosaïque détruite était celle de
la dédicace de l'église par le pape Urbain II. L'inscription de la mosaïque de
l'abside est tronquée, mais on y lit la date de 1098 qui concernait
vraisemblablement la consécration d'un autel. Ces deux dates sont à retenir
pour fixer la chronologie de l'église alors en construction et qui ne sera
terminée qu'au XIIe siècle.» Cruas est au sud de Rompon à 25
km. L'abbaye de Rompon dépendait de celle de Cluny, Vagnas de Cruas. Au bord du Rhône encore, à Tournon mourait le dauphin
fils de François Ier en 1536, après avoir bu un verre d'eau à Lyon (Île Barbe)
suite à une partie de paume. Tecon Le «técon» est un fort coin de
fer qui maintient solidement en place toutes les pièces de la mortaise partie
de l'araire (charrue pour labourer) de certaines régions Le tecon est encore un saumon
quand il est petit. On appelait le mail, au quatorzième siècle, «tecon», nom donné à la balle que l'on poussait à l'aide de
la crosse ou du maillet Le jeu de billard, d'origine orientale, a été introduit
en Europe vers l'époque des croisades; il se répandit en France surtout pendant
le règne de Louis XI et devint tout a fait à la mode
sous celui de Louis XIV En France, le jeu était pratiqué au début à même le sol,
comme une variété de croquet avec des arceaux, pratiqué par la noblesse, la
bourgeoisie et le peuple : le billard de terre. Le jeu se transforme sous Louis
XI, fervent amateur de billard de terre, le roi qui mit fin à la Guerre de Cent
Ans en signant le traité de Picquigny avec Edouard IV d'Angleterre en 1475. Le monarque, sans doute fatigué par la guerre, a mal au
dos et ne peut plus se baisser. Le premier modèle de table connu est attribué
au maître ébéniste Henri de Vigne qui l’aurait conçu et réalisé en 1469 sur
commande du roi Louis XI pour sa résidence du château de la Bastille. Ses
dimensions étaient de huit pieds de long et quatre de large, il pesait 618
livres. Quatre aulnes de drap d’Elbeuf recouvraient une dalle de pierre Billard de terre, aujourd'hui croquet, jeu déjà mentionné
dans un texte de 1399 (Du Cange, billart) : "il avoit le dit jour joué aux billes." Ce jeu, très en
faveur au XVIe s., s'est perpétué jusqu'à nos jours La choule, chole variante de
soule est à la fois la boule et le jeu où l'on pouvait utiliser une crosse,
crosse étant encore le nom d'un autre jeu comparable Ces "vieux" jeux sont à l'origine du croquet,
du mail, du pale mail (palamaglio
italien que Catherine de Médicis apporta en France). Il y a aussi la paume en
vogue au XVIème siècle Ainsi que l'a fort bien fait observer Siméon Luce dans
ses Recherches sur la guerre de Cent ans, "la soûle ou choule,
le plus populaire des jeux de force ou d'exercice au moyen âge, comme les dés étaient
le plus usuel des jeux de hasard, avait de vieille date de trop profondes
racines dans presque toutes les parties du royaume, particulièrement dans les
campagnes, pour que l'ordonnance de Charles V pût la détruire" Le 3 avril 1369, Charles V interdit presque tous les jeux
d'exercice ou de hasard, en particulier les dés, les tables ou les dames, la
paume, les quilles, le palet, les billes et la soule ; par contre il recommande
de s'exercer au tir de l'arc et de l'arbalète. On jouait à la soule au pied ou à la crosse en poussant
une boule ou éteuf Merlin joue à la soule avec une crosse dans le Merlin en
prose. Au cours du jeu, il est pris à partie par un concurrent qui le traite
d'enfant sans père après que Merlin l'a frappé aux jambes avec sa crosse Le jeu de boules pourrait être une métaphore des
intrigues de Louis XI "passera" Passe, terme de l'ancien jeu de mail (jeu de boules).
Petit fer rond en forme d'arc, sous lequel doit passer la boule. Le terme prend
ici au figuré, le sens de situation avantageuse, position favorable Le mot passe (v. 1368) désigne à l'origine un passage, et
plus particulièrement le but dans l'ancien jeu de javelines (v. 1383), puis
dans les anciens 47 jeux de mail et de billard, l'arceau par lequel la boule
doit passer (v. 1606). D'où être en passe, en bonne passe, assez proche de la
passe pour pouvoir mettre la bille dedans. Ce serait là l'origine de la locution
être en passe de + infinitif 'être en position favorable pour' Ces jeux, essentiellement campagnards, étaient
particulièrement violents au point que bon nombre de lettres de rémission du
Moyen Âge et de la Renaissance signalent le décès de joueurs des suites d'une
partie de soule. À partir du XVe jusqu'au XIXe siècle, les autorités politiques
et religieuses multiplièrent les réglementations et les interdictions en sorte
que ce jeu disparut à la fin du siècle dernier. Quelques communes (Tricot dans
la Somme, Charmes-sur-Rhône en Ardèche) maintiennent de nos jours une soule ou
une surle annuelle Le tecon vers 1440 Une lettre de 1446 a trait a un
divertissement peu connu : « Le premier dimanche de Karesme,
ledit suppliant lors demourant au lieu desquines daze, ou comté de
Comminges, jouoit audit lieu... où estoit acoustumé jouer au jeu appele le jeu de tecon contre feu
Raymond Deliot... lequel Deliot
commençant ledit jeu, dist audit suppliant, par telz motz ou semblables : bernard, que tu ne passes le tecon
parmy les passes en trois cops de là où il est. A quoy ledit suppliant respondit
que il feroit et furent d'accord entre eux de jouer
pour certaine chose. Et lors ledit suppliant print le
mail et le tecon pour commencer de jouer et failli Ã
passer de trois cops les deux à passer par dedans les dictes passes, et le
tiers y passa, et gaigna la cause ». Le partenaire
fut mécontent d'avoir perdu et la partie s'acheva dans une bagarre à coups de
mail. Dans une autre lettre, un enfant de quatorze ans joue à ce passe-temps, Ã
Montesquieu TOQUON, tou., tecon, s. m., jeu de mail,
instrument avec lequel on pousse la boule : Le suppliant jouait avec Pierre le
Sort au jeu e (cran, autrement dit bole. (1447, Lett. de remission, Duc., Tudalus.) Lesquelx compaignons se admonesterent le touquon lequel Gaillart... tenoit en sa main ung petit maillet
de bois de quoy il frappoit
la bille (1455) Toutes les références de l'article "Tudatus" (qui signifie malleus,
maillet) du Glossarium de Du Cange (1610-1688)
augmenté par Pierre Carpentier, se rapportent au jeu de tacon, touquon, toquon, tecon, thencon ("ludus tudicularis") et sont
datées de la période contemporaine de Louis XI "Tudes" : marteau,
"tudito" : pousser, choquer (Gaffiot). Le chuque est encore une autre variante pratiquée Ã
Toulouse (texte de 1416 produit par Du
Cange) Autre jeu, la boulle de chalendas.
Chaque jour des fêtes de Chalandes (calendes) avaient
également ses jeux particuliers ; d'où vient le nom de Lin-Jean ou Nin-Jean
(Saint-Jean) donné par les enfants à une espèce de jeu aux amandes, usité
seulement aux fètes de Noël. [...] On donne dans le
Dauphiné, les noms de chalandier, de chalenda, de chalandou, etc.,
suivant les divers dialectes vulgaires du pays, à la bûche mise au feu le jour
de Noël, et qui doit être le plus gros morceau de bois du bûcher. Dans le
Valentinois, on arrose cette bûche d'un verre de vin avant d'y mettre le feu J'ai lu dans les chroniques de Monstrelet le récit d'un
tournoi donné en Belgique lors d'une entrevue de Louis XI avec le duc de
Bourgogne. Le chroniqueur y fait le récit d'un jeu qui avait bien des
similitudes avec le polo moderne. Quatre chevaliers dans chaque camp luttaient
d'adresse pour pousser avec leurs lances une boule dans le camp adverse "frappera" Toquon, ou tecon
est à rapprocher de toquer (toucher) : frapper (bas latin et italien toccare : remarquer les deux "c" comme le "teccon" du quatrain). Le but du jeu de la crosse (bazik
kamm) est de conduire une boule de bois vers le trou
de l'équipe adverse, à grands coups de bâtons recourbés (= baz
kamm). Attention à ne pas recevoir de plein fouet
cette boule projetée dans tous les sens ; ou un malencontreux coup de bâton ! Si c'est "Haut" qui reçoit, on peut penser que
c'est le dauphin qui frappe dans une inversion des membres de la phrase. Qui frappe la boule, la bille, la soule, la choule... Selon Gaguin (1433-34 - 1501),
le dauphin Louis aurait frappé Agnès Sorel ("Haut" ? haute dame), la
favorite de son père Charles VII, ce qui l'aurait obligé de fuir en Dauphiné "bois uni" Le Dauphiné avait été démembré du royaume à la mort de
Louis le Bègue par la révolte et l'usurpation de Boson (génitif latin Bosonis : "bois unis" ? très vieille histoire) Le Vivarais où se trouve Rompon,
faisait partie du royaume de Bourgogne que s'était taillé ce Boson, beau-frère
de Charles le Chauve Il y a le bois de Boson près de l'abbaye de Mazan (Ardèche), que se serait
approprié le roi de Bourgogne. Frapper à tout
rompre Rompon viendrait du latin
"rumpare" qui signifie rompre, fracasser,
par allusion à la rivière Ouvèze qui vient se jeter
sur le rocher sur lequel est situé le hameau principal "Les Fonts-du-Pouzin" Soule en Savoie En Savoie je trouve fixés à l'après-midi de Pâques et
surtout au lundi de Pâques plusieurs jeux dont la description détaillée nous
entraînerait trop loin. A Albertville, par exemple, on joue au conston ; il consiste à lancer le plus loin possible un dé
à six faces qui sert de but. Chaque joueur, muni d'un bâton pointu des deux
bouts, le jette aussi près que possible du but et celui qui en est le plus loin
marque avec des entailles sur son bâton autant de points qu'il y en a sur la
face supérieure du dé. Parfois, c'est un petit bâton fiché en terre qui sert de
but. Un jeu analogue nommé conichon, se joue dans le
Haut-Faucigny. Mon ami Claudius Servettaz a bien
voulu l'étudier pour moi, il y a une quinzaine d'années, de village en village.
De nos jours, il ne se joue plus qu'à Sallanches et au Fayet d'une part, à Sixt de l'autre. Ici, le «dé» est un cube de bois appelé
dame. Au jeu de jet s'ajoute un jeu d'imitation. Ce qui nous intéresse ici est
qu'Ã Sallanches et au Fayet on n'y jouait qu'une fois par an, le dimanche de
Pâques, et que toute la population mâle, sans exception aucune, sans
distinction de situation sociale, de fortune ni d'âge, mais les enfants exclus,
devait y participer Soule en Ardèche :
la surle Sœur de la soûle bretonne et auvergnate, la surle à Charmes se jouait primitivement avec une pierre
plate, le leu (de l'occitan lec) et par la suite avec
une boule en bois, ce qui entraînait un jeu brutal. Aussi, on a remplacé ce
fardeau par une balle ovale en cuir, pesant moins d'un kilo, bourrée de
chiffon, de sciure ou de son, dont la forme rappelle le soleil tant désiré. On
a planté, la nuit précédente, au bas du village, deux arbres «sacrés»
matérialisés par deux chênes verts ou deux grosses branches, représentation de
la vie qui n'en finit pas, et à chacun d'eux, on a suspendu une balle. Le
dimanche venu, la population va chercher le maire qui, ceint de son écharpe,
insigne de son autorité, offre le bras aux deux premières nouvelles-mariées de
l'année. Un des chênes verts a quitté sa place et est solennellement porté au
pré au son d'un air martial joué par la fanfare locale. La balle est alors
descendue par le maire qui la jette en criant «Surle»,
lancer qui sera renouvelé par les jeunes novias. Il
s'ensuit une mêlée homérique un peu comparable à celle du rugby, où le camp des
maris, goûtant pleinement à la vie et ayant peur qu'elle leur échappe, court
après la boule, image de cette vie, pour ne pas la perdre, et dispute la balle
au camp adverse des célibataires, qui voudrait bien prendre la part de ce
plaisir qu'il n'a pas encore savouré et la ravir aux hommes mariés. Celui qui
parvient le premier à s'en saisir, court à l'Embroye
la «faire boire» et la rapporte triomphalement au maire, tandis que
l'assistance reprend en chœur le chant de La Surle.
Autant de nôvis, autant d'engagements, de trempettes
et de « canons » de vin. Le lendemain, la fête continue avec les maris
«cornards» conduits cette fois par le premier adjoint. Le second arbre va
rejoindre l'autre au «Pré de la Surle». Tout se passe
pratiquement comme la veille et se termine le soir par un grand bal masqué
populaire Un acte du notaire Avenet, de
Valence (1503 à 1511), dont nous devons la communication à l’obligeance de M.
Lacroix, le savant archiviste de la Drôme, nous fait connaître une transaction
de 1440, d’où il résulte que les surles n’étaient pas inconnues sur la rive gauche du Rhône.
Il y a, dit l’acte, trois classes d’habitants à Valence, les bourgeois, les
artisans et les manouvriers. La première a ses cérémonies propres indépendantes
de celles des deux autres classes. Celles des artisans et des cultivateurs nous
révèlent des violences et des actes repréhensibles
qui accusent des mœurs barbares et peu de police. Des arbitres, nommés par les
artisans et les manouvriers des quartiers de la Rivière (basse ville), de la
porte Tourdéon et de la porte St-Félix, prononcèrent
la sentence suivante : «Les classes des artisans et des manouvriers, comme
celle des bourgeois, auront chacune leur surle et larnage ou charivari particulier, à moins d’une invitation
spéciale contraire. Les conseillers de la ville connaîtront de la taxe Ã
imposer au nouveau marié. Il n’y aura plus de larnages
honteux. On cessera aussi, pour les premières noces, de pousser violemment les
époux vers le Rhône, ou vers les maisons mal famées, pour avoir une rançon, car
cette rançon sera payée librement en déterminée par les conseillers de la
ville.» [...] Il y avait alors, comme on le voit, deux usages distincts : le
charivari (charivaricum) ou lainage (in larnacum), et la surle (surlam) tendant tous à rançonner des nouveaux mariés. Le
charivari parait avoir été plus spécialement affecté aux secondes noces et la surle aux premières Charmes est au nord de Rompon,
à 25 km. La symbolique des
jeux de soule Le champ sémantique dominant de la soule/choule en Picardie s'inscrit dans celui de la violence et
de la puissance; choler c'est tourmenter, bousculer. [...] La choule telle qu'elle est encore jouée à Tricot constitue un
rituel de renouvellement de la vie. La communauté du village est rassemblée,
non pas autour d'un chamane comme en Sibérie, mais autour d'acteurs que la
population investit en quelque sorte de la fonction de procurer fertilité,
fécondité, convivialité, chance et de faire en sorte que l'avenir ne soit pas
compromis. L'accès des jeunes hommes à l'âge matrimonial s'y inscrit. [...] Le
jeu rituel permet d'infléchir l'équilibre sociologique et la prospérité économique
par un double jeu : la reproduction de la communauté, tant celle des hommes que
celle de l'environnement nourricier d'un pays à vocation agricole, et la
restauration d'une forme de sociabilité homogène par le jeu de tous. La choule «opère au niveau individuel comme au niveau
collectif [en permettant de mettre] en scène pour chacun l'idéal de virilité
qui lui vaut d'être intégré à sa communauté, et constitue pour celle-ci le lien
par excellence où s'expriment son intégrité et son identité collective» (Hamayon, 1995, p. 81) "confin" En latin classique, confinium
possède déjà le sens de "limite commune à des champs, à des
territoires". Celui-ci est conservé tout le long du Moyen Age, mais s'y
ajoutent les sens de "territoire" au VI° s.,
"finage" au VIII° s., "région frontière" au DX° s. En mfr.,
confins "partie d'un territoire limitrophe" (XV° s.) Les états limitrophes sont tenus de fixer en commun leurs
frontières, et de les indiquer aussi clairement que possible. L'obligation de
régulariser les frontières résulte du devoir qu'ont les états de vivre en paix
les uns à côté des autres. Chacun d'eux a le droit de gouverner jusqu'à sa
frontière, et chacun d'eux est tenu de ne pas empiéter sur le territoire
voisin. Ils ont donc tous deux le droit et l'obligation de déterminer en commun
la limite qui les sépare et leur est commune. On peut appliquer ici par
analogie le judicium finium regundarum des Romains, en tenant compte de la
différence qui existe entre la nature privée de la propriété et la nature
publique du territoire. Pour indiquer les frontières, on pose des bornes ou des
poteaux, creuse des fossés, bâtit des murs, place des bouées flottantes, etc. Le recueil des Agrimensores ou
ingénieurs romains chargés du cadastre, le Digeste, les codes Théodosien (pour le judicium finium regundarum, au livre II, tit.
XXVI) et Justinien fournissent des matériaux abondants qui, mis en œuvre par
une main habile, peuvent éclaircir plusieurs questions encore assez obscures
sur le droit agraire, l’impôt territorial, l’immunité, la répartition de la
propriété foncière, son évaluation et sa limitation. Nous en ferons usage plus
tard, et nous nous bornerons ici à ce qui concerne le cadastre On peut se référer pour le code Théodosien au quatrain I, 80 - Les Condés en Bourgogne -
1616-1617, sachant que les Burgondes ont occupé la Savoie actuelle à partir
du règne de Théodose II, dont le code en question porte le nom. 393. Lettres de
Louis Dauphin qui ordonne au conseil delphinal et Ã
la chambre des comptes de commettre deux personnes notables pour régler les
limites d'entre le Dauphiné et la Savoie, etc - C.
D. A Chinon, le 3 avr. av. Pâq. 1445/6. Le premier auteur qui ait essayé de mettre un peu d'ordre
dans les relations européennes, et de réduire la fréquence et les excès de la
compétition militaire, et qui est, à juste titre, considéré dans cette démarche
comme le fondateur du droit international public moderne, dégageant le jus gentium du vieux jus naturelle, né de la «raison
naturelle», professé par les jurisconsultes romains à la suite du fameux Gaïus, puis fondé sur le christianisme, depuis le XIIIe
siècle, et saint Thomas d'Aquin, à la partie de la Somme Théologique consacrée
aux lois, le premier donc, Hugo Grotius (Hugues Cornets de Groot),
né à Delft en 1583, mort en 1645 au service de la Suède, connu surtout par son
célèbre De jure belli ac pacis
paru en 1625, dont l'autorité a été immense, se tenant sur les sommets des
grands principes de souveraineté et d'égalité, n'est jamais descendu au niveau
du détail concret, par la proposition de règles convenables en pratique. Sur
cette question de la frontière, Hugo Grotius n'a donc rien apporté de positif
au sens que les juristes donnent à cette épithète A la suite de toutes les révolutions qui ont agité
l'Orient et l'Occident, au milieu du barbarisme et de l'ignorance du moyen-âge,
il n'est pas étonnant qu'on ait perdu le texte des commentaires de Gaius; tel a
été le sort de la plupart des travaux des jurisconsultes romains, et si nous ne
possédions pas les Pandectes, nous pourrions bien dire que le droit romain nous
serait à peu près inconnu. Les manuscrits contenant les Institutes de Gaius ont
été détruits ou perdus. Aussi n'a-t-on connu les Institutes de Gaius, jusqu'au
commencement de ce siècle, que par l'abrégé du bréviaire d'Alaric. Ce résumé
des Institutes de Gaius a été édité pour la première fois par Sichardus, ensuite par Almaricus Bouchardus (Lovean, 1570.
in-12") ; en 1600, par Hieronimus Haloander, Ã Venise, et plus tard, par Schulting
dans sa Jurisprudentia antejustiniana.
[...] On ne peut donc pas admettre que le texte original des Institutes de
Gaius ait été connu à la fin du moyen-âge : c'est Niebuhr
qui, le premier, à découvert, en 1816, un manuscrit des Institutes de Gaius Trouvant ses terres d'élection dans la France
septentrionale, de la Bretagne à l'Artois, elle oppose deux communautés, une
paroisse contre une autre, les célibataires aux hommes mariés, et «apparaît
comme le jeu collectif par excellence des campagnes» (Mehl,
op. cit.,p.75). Qu'elle
soit faite de bois, de cuir, qu'il s'agisse d'une boule ou d'un ballon, la
soule doit être transportée à un point convenu d'avance, l'espace de jeu étant
circonscrit par le finage des villages engagés. Tous les moyens sont permis
pour s'en emparer et la conserver; au contraire des exercices corporels nobles,
le jeu n'est affecté par aucune règle l'inscrivant dans le processus de
réduction de la violence. Les archives judiciaires indiquent d'ailleurs que
blessures et même décès de participants ponctuent souvent des rencontres de
soule qui mettent en en jeu l'honneur d'un groupe masculin ou font rejouer les
conflits ayant opposé des communautés villageoises (Merdrignac, 2002, p.227).
Comme d'autres divertissements populaires, la soule offre donc l'occasion d'un
débordement pulsionnel dans lequel le joueur échappe aux limitations de l'usage
de la violence imposées par l'Église et le roi. Elle est un temps de
bouleversement de l'ordre établi et d'ivresse qui la rapproche des charivaris
ou des réjouissances sans frein du carnaval que les institutions ecclésiales et
royales cherchent, depuis le XVIe siècle, à policer voire à supprimer Le mariage
savoyard du dauphin Louis À la fin de l'année 1446, ayant conspiré contre Agnès
Sorel et Pierre II de Brézé, il fut chassé de la cour et se réfugia dans son
gouvernement, en Dauphiné, d'abord à Romans-sur-Isère, puis à Grenoble où il
fit son entrée le 12 août 1447. C'est probablement à cette époque qu'il
rencontra un jeune noble dauphinois, Imbert de Batarnay,
qu'il attacha à son service et dont il allait faire, parvenu sur le trône, l'un
de ses chambellans et conseillers les plus écoutés. Installé à Grenoble place
Saint-André dans l'hôtel de la Trésorerie, spécialement aménagé, il fait son
apprentissage de roi pendant neuf ans. Peu à peu, sous son administration
rigoureuse, le Dauphiné devient un État nettement distinct de la France. Il
réforme la fiscalité, attira à Grenoble des artisans étrangers et des banquiers
juifs maltraités par Humbert II et fonde en 1452 une université à Valence, confirmée
par le pape Pie II en 1459. Il transforme en 1453 le vieux Conseil delphinal en Parlement du Dauphiné, le troisième du royaume
après ceux de Paris et Toulouse, faisant passer la cité au statut de capitale
provinciale. Louis charge même son conseiller Mathieu Thomassin d'établir les
bases juridiques de sa souveraineté, par un volumineux bréviaire des anciens
droits, honneurs et prérogatives du Dauphiné, intitulé Registre delphinal, achevé en 1456. Louis continua à entretenir avec
le roi son père des relations apparemment excellentes en lui écrivant des
lettres pleines de respect. Malgré ce dévouement, le dauphin poursuivit une
politique personnelle en nourrissant l'ambition de constituer un vaste fief sur
les deux versants des Alpes. Dans ce but, il signa un traité d'assistance avec
le duc Louis Ier de Savoie, et forma le projet d'épouser sa fille Charlotte de
Savoie, âgée de 6 ans seulement. Il en avertit son père qui dépêcha un
émissaire en Savoie afin d'exprimer au duc sa surprise et son courroux. Mais
des envoyés du dauphin Louis interceptèrent le cavalier et, sous prétexte de
lui faire escorte, ralentirent sa marche autant qu'ils le purent. Enfin arrivé
à destination le 8 mars 1451, ce fut pour voir les époux vêtus de velours
cramoisi, franchir le seuil de la chapelle du château de Chambéry. Le 9 mars
1451, Louis épousa Charlotte de Savoie, fille du duc Louis Ier de Savoie,
somptueusement dotée de 200 000 écus, dont 12 000 comptant. Néanmoins, Louis
rencontra par la suite des difficultés pour entrer en possession de toute la
dot. Parallèlement au mariage, Louis et le duc de Savoie avaient signé une
alliance exclusive Il s'agit plutôt d'obtenir, par un mariage, l'appui d'un
puissant beau-père. Le dauphin dirige ses regards du côté de la Savoie, dont il
attend un bon voisinage et une aide financière ; son souverain, le duc
Louis, lui propose sa fille Charlotte. Elle n'est pas encore nubile, mais mieux
vaut, selon l'usage du temps, en disposer sur-le-champ. Dès 1449, le dauphin et
le duc forment une alliance orale, Ã la fois militaire et matrimoniale ;
Charlotte doit apporter la dot fastueuse de quatre cent mille écus. Encore
faut-il obtenir l'assentiment de Charles VII. Le dauphin lui adresse une
ambassade pour la forme. Malgré les réticences du roi, qui a d'autres ambitions
pour son fils, Louis fait la sourde oreille, et épouse sa princesse Typologie On obtient l'année 768 par report de 2124 depuis la date
pivot de 1446. Après la guerre d'Aquitaine dont l'issue favorable
affermissait les droits de sa famille et donnait l'unité à son royaume, Pépin-le-Bref pouvait enfin mourir. Atteint
d'une fièvre violente, au retour d'une expédition, il se fil transporter près
du tombeau de saint Martin de Tours, et de là dans l'abbaye de Saint-Denis.
Comme il sentait sa fin prochaine, il appela auprès de lui ses nobles, ainsi
que les évêques et les simples prêtres, et après avoir, du consentement de
l'assemblée, partagé également ses États entre ses deux fils, il mourut le 24 septembre 768. Selon la
volonté du dernier roi, confirmée par l'assentiment national, Charles devait
partager avec son frère Carloman l'héritage des États paternels. Toutefois,
dans une nouvelle assemblée de leudes, le partage fait au lit de mort de Pépin
se trouva modifié, et, par suite, Charles alla se faire couronner à Noyon,
comme roi de Neustrie et d'Aquitaine, tandis que Carloman recevait à Soissons la couronné d’Austrasie et de Bourgogne.
La discorde, dont la division des États avait tant de fois donné le signal, ne
tarda pas à éclater entre les deux frères, surtout quand le soulèvement de
l'Aquitaine, dont ils s'étaient partagé les dépouilles, réclama leur mutuelle
intervention. A la voix de Hunald, qui était sorti de son couvent pour venger
l'humiliation de son pays et le meurtre de son fils, les habitants de cette
province venaient encore une fois de courir aux armes. Pour comprimer cette
révolte, Charles se mit seul en marche vers le Midi, car son frère Carloman refusa
de l'accompagner. Bientôt le vieux duc des Aquitains, écrasé par des forces
supérieures, fut contraint de se réfugier en Gascogne et delà en Italie, où sa
haine, survivant à l'âge et aux malheurs, devait susciter de nouveaux obstacles
aux Francs, ses ennemis. Cependant, la mort prématurée de Carloman avait réuni
tous les Etats de Pépin sous la domination de Charles, dont l'ambition n'avait
pas craint de dépouiller ses neveux de la succession paternelle Tout ce qui est compris aujourd'hui dans la province de
Languedoc fut partagé entre ces deux princes, que la Septimanie & le Vivarais échurent a
Carloman, & que Charles regna sur le
Toulousain, l'Albigeois, le Gévaudan & le Velai Précisément ce partage est tel que Charles qui a un
croissant septentrional, de la Bavière aux Pyrénées, et Carloman qui a une sorte de boule centrale et méridionale (avec Souabe,
Metz, Reims et Paris et les routes du Rhône et d'Italie) ont chacun un morceau
d'Aquitaine à peine soumise : Charles a Tours et Poitiers, Carloman s'avance
jusqu'Ã Toulouse Il est vrai qu'il existe des monuments fort anciens qui
nous représentent le grand empereur ceint d'une couronne ornée de fleurons
semblables à ceux portés par les autres souverains de sa race, et qu'une
sculpture à Fulde nous offre l'image de son frère Carloman, vers l'âge de 14 ans, tenant dans la main droite le sceptre
au célèbre fleuron et de la gauche un
globe orné, au centre, de la croix grecque Les effets symboliques du jeu de la choule
à Tricot ne sont pas explicitement déterminés mais il est évident que nous
sommes en présence d'un jeu doublé d'un
rituel qui vise à la protection de la communauté villageoise, à la fécondité et
la fertilité des hommes et de la terre, avec un phénomène adjacent qui est
un rite de passage pour les individus mâles de la communauté. [...] Le jeu a lieu au moment où la terre a
besoin de se réveiller. C'est la fin de l'hiver, Mardi gras se situe entre
le 7 février et le 15 mars, les semailles d'automne ont besoin de soleil pour
prendre vie. La terre doit être prête à recevoir les semailles de printemps.
Dans certains villages, on a dit que le jeu bien mené donnerait une bonne
récolte On réutilise fréquemment des sarcophages de marbre
antiques pour y inhumer les souverains carolingiens. Le fait n'était cependant
pas entièrement nouveau ; on en connaît de nombreux exemples à l'époque
mérovingienne, comme le sarcophage de marbre dans lequel l'évêque Bernoin mit au IXe siècle les restes de saint Andéol à Bourg-Saint-Andéol. Cependant l'originalité de
l'époque carolingienne est d'avoir étendu cette mesure à un grand nombre de
souverains. Le premier exemple serait celui de Carloman, frère de Charlemagne,
qui fut enterré dans un sarcophage de marbre décoré d'une scène de combat de
bêtes féroces, qui a aujourd'hui disparu L'appartenance de Bourg-Saint-Andéol au Tricastin est
d'ailleurs un fait durable, dans la mesure où, au Xe siècle, le lieu est encore
localisé in comitatu Tricastinense
14 alors même que, depuis le IXe siècle, il relève de la parroechia
de Viviers selon le Martyrologe d'Adon. Nous avons manifestement un exemple de coterritorialité dont on peut déterminer la chronologie
relative: dans le cas présent, c'est le diocèse qui introduit une nouvelle
territorialité et qui, d'une certaine manière, perturbe une organisation plus
ancienne de l'espace administratif. En outre, la répartition des sites
fortifiés de hauteur d'initiative publique tend à révéler le même effet limite
que celui perçu dans la Dotatio sur la zone
incriminée. Ces ouvrages imposants, tous actifs pendant le Ve siècle, se
situent très nettement à la périphérie du Vivarais haut-médiéval, parfois même
dans ses ultimes avancées. C'est le cas avec les sites fortifiés de
Saint-Saturnin et Château-Porcher mais aussi avec celui de Rompon
qui est un des sites les plus importants de la moyenne vallée du Rhône,
comparable par ses dimensions à l'oppidum de Saint-Blaise. Leur répartition
évoque indéniablement un effet limite et, plus encore peut-être, un effet
frontière. C'est le cas à Rompon et l'analyse reste Ã
faire pour les sites plus méridionaux. L'ensemble de ces éléments tendent par
conséquent à changer notre vision du Vivarais. D'une manière générale, il
semble que l'étendue du Vivarais haut-médiéval, au nord et au sud, soit
beaucoup moins généreuse que celle du diocèse, même si la Dotatio
révèle aussi de possibles enclaves méridionales pendant le haut Moyen Âge |