Capitole IX, 9 2110 Quand lampe ardente de feu inextinguible, Sera trouvée au temple des Vestales : Enfant trouvé, feu, eau passant par crible Nisme eau périr, Tholose
cheoir les hales. En Languedoc Le temple des Vestales a été située
en Languedoc à Saint Michel de Lanès (Aude) dans les interprétations des
quatrains II, 17 et V, 66. Les Enfants trouvés sont une institution fondée par
Vincent de Paul en 1638, date de naissance de Louis XIV, qui atteint sa
majorité en 1651 : cf. quatrains II,
7 - 1636 et III, 42 - 1735 (Le siècle de Louis XIV). Pierre Jean Fabre (cf.
quatrain V, 66) fut médecin de Louis XIII. Le 5 juillet 1622, Louis XIII, venant de Toulouse,
s'arrête à Castelnaudary où, étant souffrant, il reste quelques jours. Il est
soigné par les trois médecins de Castelnaudary, parmi lesquels Fabre. Par la
suite, Fabre fut appelé à la Cour et devint médecin particulier du roi, auquel
il dédia son premier ouvrage, le Palladium Spagyricum,
imprimé à Toulouse en 1624 LAMPE PERPETUELLE, ou LAMPE INEXTINGUIBLE : quelques modernes ont imaginé que les anciens avoient de telles lampes qu'ils enfermoient dans les tombeaux, & que leur lumiere duroit toujours, parce qu'on mettoit dans ces lampes une huile qui ne se consumoit point. Entre les exemples qu'ils ont cités pour appuyer cette erreur, le plus fameux est celui du sépulchre de Tullia, fille de Cicéron, découvert sous le pontificat de Paul III, en 1540. Lorsqu'on enterroit vive une vestale qui avoit enfreint son vœu de chasteté, on mettoit dans son tombeau une grande lampe qui brûloit jusqu'à ce que l'huile fût consumée (Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Tome 19, 1777 - books.google.fr). Le début du livre de Samuel se prêtait admirablement à la manipulation. Le prêtre Eli, voyant Anne, frappée de stérilité, remuer ses lèvres en silence et croyant qu'elle était ivre alors qu'ellle priait Jehova pour avoir un enfant, la rabroua, puis détrompé, lui prédit la naissance. "Et Yahwé se souvint d'elle. Anne conçut et mit au monde un fils qu'elle nomma Samuel" (I Samuel, I,1-22). Le parallélisme est parfait, et la reine de France se l'appliqua (Jean Meyer, La naissance de Louis XIV, 1989 - books.google.fr). On retrouve bientôt le tout jeune Samuel au temple de Silo où il a été placé comme desservant. Il repose dans le temple au milieu de la nuit, alors que brille seulement la lampe perpétuelle du sanctuaire (Philippe Lefebvre, Lumières dans la nuit, Le symbolisme de la lumière au moyen âge: de la spéculation à la réalité, 2004 - books.google.fr). Par le moyen de la semence vniuerselle & mercure du monde, duquel la vigne est composée, vous auez moyen d'extraire de la vigne toutes ses vertus & proprietez, tant de son bois, de sa fueille, de son fruit, que du vin, & de son tartre, de toutes lesquelles choses vous pouuez tirer quantité de medicaments de differentes vertus, entr'autres des fueilles de vigne, lors qu'elles sont rouges & qu'elles tombent d'elle mesme, se tire vn extraict si astringent, qu'il n'y a remede plus excellent en la Nature, pour la cure des dissenteries & flux de ventre, voire mesme cette poudre des fueilles de vigne seichees à lente chaleur dans vn four est miraculeuse pour cet effet, mellée parmy du cotignac en quantité d'vne dragme; & auec l'eau de vie & vin-aigre qui se tire du mesme mercure du monde, comme vous auez veu dans le second liure de la presente œuure, vous pouuez tirer vn sel fixe & volatil du tartre du vin, qui cuit & fixe à perfection, est la medecine parfaite pour guerir le vin de tous ces vices & impuretez, en metant certaine quantité de cette Medecine dans les tonneaux & vaisseaux où le vin gasté & corrompu est contenu. Les Lampes ardantes de l'antiquité qui brusloient perpetuellement sans s'esteindre, se faisoient & composoient par le moyen de cette eau ardante fixée auec son sel, & vnie auec luy inseparablement par le moyen du feu (Pierre Jean Fabre, L'Abregé des Secrets Chymiques, 1636 - books.google.fr). En ce temps-là le Frère Fiacre, Augustin déchaussé, priait ardemment pour obtenir à la Reine Anne d'Autriche un héritier du trône de France. Le 3 novembre 1637, la Sainte Vierge lui apparut et lui donna l'assurance que la Reine de France aurait un fils, à condition qu'elle ferait faire trois neuvaines dont l'une à N.-D. de Grâce de Cotignac; et pour preuve de la vérité de l'apparition, elle lui dit qu'il la reconnaîtrait dans le tableau placé au-dessus de l'autel de N.-D. de Grâce. Le Frère Fiacre ne connaissait nullement Cotignac; on écrivit donc dans cette ville pour savoir s'il y avait une image de la Sainte Vierge semblable à l'apparition que le Frère disait avoir vue, et sur la réponse affirmative, le Roi et la Reine l'envoyèrent, avec son sous-prieur faire la neuvaine demandée. Il s'y rendit, reconnut la Vierge qui lui était apparue, et s'acquitta de sa neuvaine. Quand il revint à Paris, la grossesse d'Anne d'Autriche était assurée, et le 5 septembre 1638, elle mettait au mon'de Louis XIV. Après la mort de Louis XIII, Anne d'Autriche fit représenter son fils à genoux, offrant sa couronne et son sceptre à la Sainte Vierge; le frère Fiacre porta le tableau à Cotignac. Louis XIV visita en personne Notre-Dame de Grâce le 21 février 1660 (Edmond Letierce, Le Sacré-Coeur et la visitation de Sainte-Marie, 1890 - books.google.fr). La cour de retour de Bayonne où se fit le mariage espagnol de Louis XIV, passera par Toulouse,
Villefranche (27 décembre 1659), Castelnaudary (29 décembre), Carcassonne (30
décembre), Béziers, Montpellier, Lunel, Nîmes (9 janvier)... (Mémoires du
Marquis de Monglat, Tome III) Lauragais, pays de Cocagne Ce fut entre 1460 et 1562 que se situa l’âge d'or du
pastel en Lauragais. Les feuilles de pastel cultivé, donnaient des teintures
d'un bleu indélébile. Le meilleur produit provenait du Lauragais. Au milieu du
XVIe siècle, l'économie du pastel se trouva aux prises de trois ennemis dont
les coups se révélèrent mortels. Le premier ennemi fut l'épisode de la guerre
de Religions. Les impôts et les péages assénèrent un second coup à la culture
du pastel. Enfin le troisième, danger mortel celui-ci, fut l'indigo, de
l'Indigotier qui poussait en Asie et aux Antilles. Beaucoup moins cher que le
pastel du Lauragais, son pouvoir colorant était nettement supérieur. Le déclin
du pastel fut rapide. Dès 1618 le député de Toulouse
aux État signala que "l'usage du pastel s'en va tout à fait ruiné". Toulouse a eu la bonne fortune aux XVe - XVIe siècles
d'avoir le quasi-monopole du commerce du pastel. Celui-ci, cultivé en
Lauragais, trouvait à Toulouse le marché qui lui était convenable. Or le pastel
était un produit d'exportation lointaine. C'est dire que la capitale du
Languedoc avait dès ce moment la puissance de rayonnement économique qui devait
assurer sa fortune. Si l'on observe d'autre part, que la ville à cette époque,
continuant sa glorieuse tradition architecturale, s'est peuplée d'hôtels
particuliers qui lui font encore aujourd'hui une magnifique beauté, on ne peut
douter de la solidité et de l'ampleur de sa richesse. Les somptueuses demeures
des Parlementaires, des Capitouls, des marchands attestent l'opulence d'une
bourgeoisie qui volontiers prenait la robe, mais dont la fortune venait de la
boutique. Les rues mercantiles spécialisées, la vieille halle de pierre où se faisaient une bonne part des
transactions sur les produits régionaux : le pastel, les grains, les cuirs,
ont été vraiment à cette époque le coeur de la cité.
C'est sur le commerce qu'elle a fondé son prestige, même le plus désintéressé d'apparence  Au début des années 1560, l'effondrement du marché du pastel et le déclenchement des guerres de Religion mettent brutalement fin au "siècle d'or" de l'histoire toulousaine (Toulouse, parcelles de mémoire: 2000 ans d'histoire urbaine au regard de 8 siècles d'archives municipales : exposition, 5 décembre 2005-6 mars 2006, 2005 - books.google.fr). Les troubles allumés un peu partout en France par des traités précaires trouvent leur écho à Toulouse où exactions et procès se succèdent jusqu'au mois de mai 1562, la violence explosant alors en combats de rues dans une sinistre atmosphère de guerre civile. Fortifiés autour du Capitole et dans son quartier qu'ils ont pris, les huguenots abattent au canon la flèche des Jacobins, saccagent couvents et églises qui se trouvent à leur portée, tandis que les catholiques, "en aussy grande liberté de de conscience que les huguenots mesmes" allument dans le quartier de la place Saint-Georges, un gigantesque brasier de deux cents maisons. On tuait encore en janvier 1589 - un mois après la Saint-Barthélemy 150 protestants ont été massacrés - le premier président Jean Duranti faisant les frais du fanatisme aveugle des Ligueurs, et ce, malgré les venues successives et conciliatrices de Charles IX (1565) et de Catherine de Médicis (1578) (Pierre Coulaud, Henri Rozès, Toulouse, Haute-Garonne (31), 1972 - books.google.fr). Le retournement de la conjoncture et les troubles
politiques et religieux provoquent l'abandon de projets importants, comme celui
de reconstruire le palais du parlement sur les plans de Bachelier, et plusieurs
interruptions du chantier du pont Neuf. Le
rétablissement de la paix civile en 1596 ne ramène pas la prospérité
d'autrefois. Victime de graves crises de subsistances, de dramatiques
épidémies de peste et de l'alourdissement massif de la fiscalité royale, Toulouse connaît jusqu'Ã
la fin du règne de Louis XIV une longue période de déclin économique et de
stagnation, voire de recul démographique Jusqu'à la Révolution, en effet, sa population diminuée
et appauvrie par les épidémies et les disettes, son commerce stagnant
- le pastel ne se vend plus - ses moeurs
changées, Toulouse sombre dans la morosité et la torpeur économique, malgré la
dotation par Colbert de deux manufactures d'Etat, poudres (1667) et tabacs
(1674) et la fondation en 1703 de sa Chambre de Commerce Avec l'annexion du Roussillon à la France par le Traité
des Pyrénées en 1659, l'histoire militaire de la région audoise prenait fin
pour une longue période. Sous le règne personnel de Louis XIV, l'autorité
royale, devenue très forte, s'imposa aussi bien aux états qu'aux villes. Et le
Languedoc bénéficia largement des réformes économiques entreprises par Colbert
: à partir de 1666 commencèrent les travaux du Canal de Languedoc, et vers la
même époque s'établit le système des manufactures privilégiées qui assurèrent Ã
la région audoise un extraordinaire développement de l'industrie textile Isatis tinctoria fut plusieurs
fois baptisée : guesde, herbe du Lauragais ou de
saint Philippe, ververs, bleu de Perse... Les
Égyptiens l'utilisaient comme baume cicatrisant, les Grecs s'en servaient pour
soigner la jaunisse et les verrues. Au Moyen Age, elle servit de colorant pour
les vêtements des simples (blouses de paysan) comme pour ceux des grands (manteau
azur du souverain). La plante aux cent vertus exigeait un travail long et pénible
avant de devenir pastel. Il fallait sécher les feuilles, les réduire en
bouillie, recouvrir la pulpe d'ail pilé et fabriquer des cocagnes. Ces petites
pelotes gluantes étaient alors mises à sécher, leurs coques étant par la suite
brisées puis remouillées à l'eau et à l'urine. Ce liquide devait ensuite
macérer pendant quatre mois tout en étant remué régulièrement. Finalement,
après séchage et concassage, l'agranat était emballé
dans des sacs de toile et expédié, à Toulouse et ailleurs. La plante a fait la
fortune d'une région tout entière en teintant d'un bleu unique les étoffes
jusqu'au XVIe siècle, terrible date où l'indigo débarqua de l'Orient pour lui
faire ombrage. Tombé dans l'oubli jusqu'au XIXe, le pastel fait un retour fulgurant
grâce, entre autres, à l'École de chimie de Toulouse. On songe d'ores et déjà Ã
utiliser à nouveau cette plante magique en pharmacie comme en cosmétologie.
L'or bleu refleurira-t-il en pays de Cocagne ? Le pastel agranat. - La plupart
du temps les grossistes achetaient le pastel sous la forme agranat,
c'est-à -dire pétri en boules. Cette présentation avait pour but de rendre le
pastel facilement transportable. La feuille, sitôt récoltée, allait à un des
moulins spéciaux disséminés dans la campagne et y était broyée. On laissait
égoutter un peu la pulpe, et quand elle devenait assez ferme, on la formait en
« balles » avec la main, sur une planche. Les boules obtenues, appelées «
coques » ou « cocagnes » dans le Midi, avaient un diamètre de 15 centimètres
environ. On les faisait sécher à l'air pendant une ou deux semaines et, une
fois durcies, les coques, ensachées, se prêtaient facilement au transport. Mais
le pastel agranat n'était pas industriellement
utilisable. Centralisé chez des spécialistes, il subissait une deuxième
préparation qui lui donnait toutes ses qualités tinctoriales, par fermentation.
Les coques étaient écrasées, on mêlait d'eau cette poudre, puis on laissait
agir les bactéries pendant neuf semaines environ; il fallait agiter cette
bouillie fétide, pour égaliser la fermentation, et surtout ajouter de l'eau dès
que la température devenait excessive. L'opération passait pour très délicate,
nécessitant une attention soutenue et un subtil jugement. On obtenait en définitive un mastic noir, qui était séché, passé au
crible et mis en barils marqués. Il avait fallu neuf parts de feuilles pour
donner une part de pastel en poudre industrielle. Le terme agranat
ne désignerait donc qu'un artifice de transport. Au lieu d'agranatum,
M. Fagniez propose de lire agravatum,
ce qu'il explique par «pastel vieux», et donc de meilleure qualité. Il avait
certainement des raisons particulières pour adopter cette lecture dans le
document qu'il a publié. Mais l'étendre à tous les textes languedociens
mènerait aux plus vastes conséquences, car cela supposerait que le Midi
exportait toujours du pastel fermenté. En effet, seul le pastel ayant subi une
préparation intégrale, et apte à l'utilisation immédiate, avait le pouvoir de
se «bonifier», grâce à quelques ferments subsistants. Or, toutes les études
faites jusqu'à présent, si fragmentaires soient-elles, tendent à montrer que le
Languedoc exportait une grande part de son pastel en cocagne, et que les pays
usagers, notamment l'Angleterre, le faisaient fermenter chez eux. C'est encore
un nouveau retard technique par rapport à la Thuringe, qui vendait toujours son pastel préparé A son château de Saint-Michel, début mai 1579, Pierre de Cheverry «général des finances du roi en la province de
Languedoc et généralité de Toulouse», recevait Catherine de Médicis, lors de
son voyage de conciliation en France en 1578-1579. Le pastel fit la fortune de
trois Basques de Bayonne, les frères Cheverry (Etcheverry) : le premier, commerçant à Rouen; le second, Jacmot (Jacques), mêlé à la bourgeoisie bayonnaise; le
troisième, Jean, né à Bayonne, épousa une fille Lancefoc,
d'où deux enfants, deux filles : l'une épousa Pierre d'Assézat
en personne ! Jean Cheverry commerçait jusqu'à Burgos
ou la Zélande, et tout particulièrement avec Saint-Sébastien, Pampelune ou
Saragosse. Il acheta une propriété à Anglet, vendit ses biens en Normandie, fut
capitoul en 1535-1536 et mourut en 1555. C'est le père de Pierre dont le fils,
Charles de Cheverry, chevalier et baron de
Saint-Michel de Lanes, est trésorier et président du
Bureau des finances en Languedoc Les Cheverry se ruinèrent en procès, si bien que la seigneurie de Saint Michel fut vendue en 1678 à Bernard de Rieux (Jean Ramière de Fortanier, Les droits seigneuriaux dans la sénéchaussée et comté de Lauragais (1553-1789): Étude juridique et historique, 1981 - books.google.fr). La finalité éliminera encore l'âge d'or, fréquent dans la littérature de l'antiquité ou de la
Renaissance. Ce modèle relève en effet d'une pensée théologique, il est nostalgie d'un temps d'avant la
décadence et la chute, d'un âge de communion avec la nature et les dieux, mais
son existence dépend de l'observance de la loi fixée par la divinité : la faute
d'Eve ou de Pandore ["don de tout" : cf. quatrain II, 17] le fait
irrémédiablement disparaître, puisqu'il s'agissait d'un monde donné Ã
l'homme et non édifié par lui. Comme l'explique C.-G. Jung, sa tendance est en
fait régressive : il est l'extrapolation du retour au sein maternel, loin
des frustrations et des impuissances de l'âge adulte. Etiologique, il explique,
sur le plan du mythe, le malheur présent de la condition humaine, alors que
l'utopie, positive. regarde vers l'avenir; il est rêve
de bonheur individuel, quand l'utopie propose l'organisation d'une société
heureuse fondée sur la perfection institutionnelle. En bonne logique, l'utopie
ne peut apparaître qu'après la perte de l'âge d'or, puisqu'elle en constitue un
substitut humain, représentation d'une félicité obtenue malgré la chute et
volonté de modifier le cours de l'histoire. Les mêmes motifs excluront le pays
de Cocagne, procédant d'un identique réflexe compensatoire, mythe consolateur
du paysan affamé. Ici encore, nous sommes loin de la construction utopique. Cocagne
détruit les refoulements, affranchit de toutes les censures, satisfait une
jouissance individualiste et anarchique dans un pays sans lois ni gouvernement
et surtout, quand l'utopie se donne pour une histoire parallèle, alternative,
Cocagne se situe, à la manière du conte de fées, dans une métahistoire
impossible. Comme dans l'âge d'or, l'abondance est offerte sans participation
humaine, elle est un donné, non une conquête. Cocagne est peut-être l'idéal du
«serf surchargé de besogne», mais ce n'est pas pour autant une «utopie
populaire» : la différence n'est pas dans une question de niveau ou de classe,
mais dans l'intention constructive. Cocagne
et âge d'or supposent un monde tout fait, un cadeau à l'homme, alors que
l'utopie représente un monde à bâtir sans intervention extérieure. En quoi
elle se distinguera aussi du millénarisme, attente d'un royaume dans
l'édification duquel la volonté humaine n'a point de
part; l'utopie n'est pas la Terre promise. Des raisons semblables excluront
enfin l'Arcadie, Cocagne courtois et élitiste, cadre pastoral et champêtre qui
est rejet de la cité et de l'organisation sociale, repli et renoncement:
L'Astrée d'Honoré d'Urfé fait l'apologie d'une noblesse de cour et constitue l'évasion
bucolique d'une génération lasse des troubles et des guerres Toulouse En 1651, la
muraille du Logis de la Halle s'écroula, mais on attendit pour la faire
reconstruire, de connaître les intentions des commissaires de l'œuvre du pont, qui
devaient prendre une partie de la Halle pour l'édification des maisons de la
place du Pont ; en 1659, en effet, une partie fut démolie, et, en 1662, le
buste d'Henri IV et ses trophées furent transportés sur la façade de la maison
joignant le pont. En 1680, la réédification de la Halle n'était pas encore
terminée Nîmes La question de l'eau était cruciale et la population
vivait au rythme des excès du climat méditerranéen, aux prises avec
l'alternance éprouvante des sécheresses et des inondations, des crues et des
étiages de la source vauclusienne et de la nappe phréatique. La ville avait
beau revendiquer l'héritage antique et compter le pont du Gard dans ses
merveilles touristiques, le réseau d'adduction d'eau romain était oublié depuis
bien longtemps et elle n'avait même pas idée au XVIIe siècle de l'existence du
bassin d'arrivée des canalisations antiques. Par contre, son sol était truffé
de points d'eau. De nombreuses maisons disposaient d'un ou plusieurs puits
particuliers creusés au milieu de la cour ou du jardin ou bien ménagés
directement dans la cuisine ou la boutique pour les habitants des
rez-de-chaussée, les autres s'approvisionnant au puits commun cerné par les
pièces d'habitation. Avec le partage de l'entrée, le droit de puisage ou le simple
droit de passage pour accéder au puits resté indivis constituait la servitude
majeure pesant sur la propriété des immeubles. [...] Désarmés devant la promiscuité et la pollution du centre,
les Nîmois vivaient les faubourgs comme une bouffée d'oxygène. Ils avaient pris
l'habitude de sortir des murs pour aller prendre le frais du côté des jardins
les soirs de printemps, sans parler des nuits caniculaires de l'été, où ils
guettaient le moindre souffle. Les consuls résolurent de suivre l'inclination
de la communauté et d'aménager le lieu préféré de la sociabilité urbaine. Le
1er avril 1643, le conseil décidait de nettoyer et de transformer le plan situé
devant la porte de la Couronne. [...] Le résultat fut si concluant que les
consuls décidèrent d'étendre les plantations aux parages de toutes les autres
portes. Cette extension à l'ensemble de la périphérie urbaine est importante, dans
la mesure où c'est le seul moment, cours de l'époque moderne, où la
municipalité donne le sentiment d'avoir une vision globale de la ville et de son
aménagement. [...] Les environs de la Fontaine firent l'objet d'un traitement
spécial. Au sortir de la porte de la Bouquerie, se
rejoignaient deux allées d'ormes. L'une bordait le chemin qui conduisait à la source
et une muraille devait le protéger des eaux, qui coulaient des biefs des
moulins, l'autre partait en direction de la porte de la Madeleine, où l'on
rejoignait le couvent des Récollets par «une belle avenue de plusieurs allées
d'ormes». Comme l'auteur des Délices de la France, la population tomba sous le
charme et trouva dans ses parages un autre lieu de promenade. «C'est un plaisir
de voir le grand nombre des messieurs et des dames qu'il y a au-devant de leur
porte le soir pour prendre le frais sous ces agréables ormeaux, qui forment un
des plus agréables lieux de la ville et il n'est rien de si charmant que
d'entendre les belles voix qui y charment les oreilles.» La population fréquentait aussi la Fontaine, mais celle-ci avait un
pouvoir ambigu, attractif et répulsif à la fois. La baignade se terminait
souvent en noyade, si bien qu'au XVIIIe siècle la municipalité dut
intervenir pour l'interdire. La source était responsable de terribles
inondations et le mystère de son origine ne faisait qu'aggraver le trouble.
Au-delà de l'aspect bucolique, salutaire ou menaçant, la Fontaine renvoyait
l'écho rassurant de la grandeur romaine Après La Grava sul camin, chef d'œuvre du
roman réaliste, Jean Boudou change de registre et se
renouvelle d'une manière inattendue. Dans La
Santa Estèla del centenari (1960), un homme qui nous rappelle Boudou revoit, après une longue absence, la ville de Rodez,
où un fou, enfermé à l'hôpital, lui confie des cahiers couverts d'écriture. Le
roman sera la transcription de de ces cahiers. Le prétendu auteur - le fou de
l'hôpital - Ambrôsi Lorei,
est un jeune facteur rural de l'Aveyron, qui, dans ses heures de loisir,
compose des vers en patois. Il rencontre Enric Molin, qui lui propose d'aller assister à la Sainte-Estelle
d'Avignon commémorant (on est en 1954) le Centenaire du Félibrige. Après toute
une série de déboires, y compris la perte du seul exemplaire de ses poésies, Ambrôsi est pris en charge par un vieillard («lo vièlh»), qui l'amène d'abord Ã
Nîmes, où Ambrôsi est témoin d'une scène curieuse -
un homme se noie dans une fontaine - puis à Saint-Ferréol, village abandonné
dans le Rouergue. Là , Ambrôsi tombe amoureux d'une
jeune fille - domestique du Vieux - et ils font l'amour. Le lendemain ils se
réveillent dans l'affolement et la consternation. Le Vieux, ingénieur de génie,
les a transformés en robots mi-métalliques mi-humains - aujourd'hui on dirait des «cyborgs» - afin
qu'en tant qu'espèce nouvelle et supérieure, ils se reproduisent et dominent la
planète pour et au nom des des occitanophones.
Ambrôsi et Joseta se
rebellent. Ambrôsi tue la jeune fille par accident,
et le Vieux administre une sorte d'électrochoc au jeune facteur-poète, qui, au
réveil, se découvre être le noyé rescapé de la fontaine de Nîmes. On l'enferme
dans la maison d'aliénés. Ce récit tout à fait La Fontaine, &
le Temple de Diane, ou de Vesta, qui est au dehors de la ville, est ruiné;
& il n'y reste plus rien que quelques marques fort
augustes de ce qu'il a été. On remarque qu'il y avoit
deux rangées de colonnes des deux côtés, d'un ouvrage trés-magnifique.
On a voulu dire que la Fontaine, qui est
auprés de cét Edifice, servoit autrefois pour purifier les Vestales, & que
ce n'est pas une source, mais des eaux conduites par artifice pour l'usage que
nous venons de dire, de quoy je me mets fort peu en peine Nombreux sont les
personnages qui, au XVIIe siècle, ont visité Nîmes; mais rares sont ceux qui y
ont étudié autre chose que les reliquats de la civilisation romaine. Qu'ils
soient érudits ou profanes, lettrés ou ignorants, ils ne semblent avoir des
yeux que pour la ville antique ; ils se pâment d'admiration devant les
monuments qu'elle conserve ; ils se complaisent à décrire les Arènes, la Maison
Carrée, etc., etc., et tout entiers aux souvenirs du passé qu'ils ressuscitent,
ils ne font, à la ville moderne, pas même l'aumône d'un seul mot. [...] Envisagés dans leur ensemble et comparés à ce qu'ils
étaient à la fin de du XVIe siècle, les corps de métiers ont subi des
changements divers et éprouvé des modifications plus ou moins radicales. Avec
les années, les uns ont disparu pour faire place à des créations nouvelles,
tandis que d'autres, se confinant dans certaines de leurs attributions, ont
donné naissance à de nouveaux corps d'état. Par suite de l'accroissement de la population,
accroissement démontré par le relevé des baptêmes, le nombre des artisans s'est
notablement accru, mais d'une façon inégale, c'est-à -dire que, suivant les
circonstances, il y a eu augmentation pour certaines catégories et diminution
marquée pour d'autres. [...] Les corps de métiers plus ou moins récemment établis
sont, par ordre d'ancienneté, les horologers (sic),
qui vendent et réparent les montres, qui construisent et entretiennent les
horloges du Palais et de Hôtel-de-Ville ; les lapidaires, qui vendent des pierres
précieuses ; les cruveliers
(sic), qui fabriquent les cribles et vendent des parchemins ; les romaniers qui confectionnent les balances et les romaines d'où
vient leur nom, et enfin les tapissiers qui, depuis 1650, sont chargés
d'ajuster les tours de lit, de revêtir les chaises de cuir, de droguet ou
d'autres étoffes, et d'appliquer sur les murs de certaines salles les
tapisseries de cuir doré d'Auvergne, d'Aubusson et de Felletin. N'oublions pas
les faiseurs de chaises, dont l'industrie va prospérant de jour en jour. A s'en
référer aux inventaires, les escabeaux et escabelles ont disparu des maisons
particulières, et ce n'est guère qu'à la maison de ville que les représentants
des quatre classes continuent à s'asseoir sur des bancs de noyer Partout on travaillait le bois, mais surtout à Toulouse,
qui avait ses tourneurs, Ã Montpellier, Ã Nimes
(Statuts des tonneliers-broquiers-barraliers
de Montpellier, 1603-1610 (Arch. dép. Hérault, C. 2684). - Cruveliers (fabricants de cribles) et chaisiers à Nimes,
Puech, op. cit., 1885, p. 178), et dans la région cévenole, où les
tonneliers et les barraliers fabriquaient, avec le
bois de châtaignier, les cercles de barriques et les vaisseaux vinaires de toute espèce "eau périr" : Aigues Mortes ? Considérons "eau périr" comme synonyme de Aigues (aquae, eaux) Mortes (péries). En 1608, selon la légende, Vincent de Paul accosta en barque à Aigues Mortes après s'être échappé de ses geoliers d'Afrique du Nord où il avait servi un alchimiste. Roger de Nagu, marquis de Varennes (en Beaujolais), vécut jusqu'en 1658; il avait obtenu le gouvernement d'Aigues-Mortes. Cette ville faisait partie du Languedoc, dont Gaston d'Orléans avait le gouvernement général, et ce prince aurait voulu y ajouter le gouvernement particulier d'Aigues-Mortes, qui lui avait été promis. Dans un passage de ses lettres, qui a été retranché, Mazarin insistait sur l'importance de ce gouvernement. "On m'a tousjours asseuré, écrivait-il à Le Tellier, que le marquis de Varennes ne tiroit pas moins de quarante mille livres de son gouvernement." (Adolphe Chéruel, Lettres du Cardinal Mazarin pendant son ministère: Janvier 1648 - Décembre 1650, Tome 3, 1883 - books.google.fr). Roger de Nagu succédait à son père François, mort en 1637, à Aigues Mortes (Émile Salomon, Les châteaux historiques du Lyonnais et du Beaujolais, 1952 - books.google.fr). En 1622, Louis XIII fait son entrée à Aigues-Mortes, y met garnison, donne le gouvernement à François de Nagu, marquis de Varennes, et les protestants ne connaîtront plus la tour de Constance que comme le lieu de leur détention (Charles Frossard, La tour de Constance, Bulletin historique et littéraire, 1875 - books.google.fr). Cf. quatrain IX, 20 au sujet de "Varennes" qui pourrait être celui du Beaujolais. "Enfant
trouvé", "feu" et "crible" Pas plus que la Flaminica la
matrone ne peut être considérée comme une prêtresse du feu ; on ne peut donc
expliquer le flammeum comme un voile de consécration
au service du foyer sacré. La preuve en est que les Vestales qui, elles, sont,
sans doute possible, les desservantes d'un culte du
feu public, ne portent pas le flammeum. Il faut donc
chercher ailleurs la raison pour laquelle la Flaminica
et la uirgo nubens sont enveloppées dans le voile de flamme. Une autre
direction s'offre à nous : on sait que, dans un grand nombre de
civilisations, le feu passe pour avoir un pouvoir fécondant. G. Bachelard a
bien montré cette sexualisation du feu dans les mythes et l'inconscient
collectif. Pour M. Eliade, la signification sexuelle du feu est liée à la
première technique utilisée pour l'obtenir : le frottement en va-et-vient,
qui est à l'image de l'acte sexuel. G. Durand, qui développe la même idée,
souligne que beaucoup de légendes traduisent cette sexualisation du feu en
situant son origine dans la queue d'un animal Festus rapporte une autre
manière d'allumer ce feu. Quand le feu sacré est
éteint, dit-il, les vestales percent une table avec un vilebrequin, jusqu'à ce
que le mouvement y produise du feu. Une vestale le reçoit dans un crible
d'airain et le porte dans le temple. Elles se servaient d'un crible d'airain,
parce qu'étant percé de plusieurs trous, il servait à entretenir ce feu par
l'action de l'air. Au reste, Plutarque et Festus
peuvent tous deux dire vrai, en rapportant les deux manières à des temps différens; car l'invention des miroirs ardeus
est due à Archimede, qui florissoit
environ 500 ans après Numa. Auparavant, les Vestales se servoient
vraisemblablement de la manière rapportée par Festus;
mais depuis Archimède, elles se servirent de ses miroirs comme d'un moyen plus
noble de rallumer le feu sacré À Rome, la mythologie, ou plutôt l'histoire, - car Rome a
tendance à transformer ses mythes en anecdotes pseudo-historiques -, offre des
exemples significatifs du pouvoir fécondant attribué au feu. Frazer avait déjÃ
rassemblé un certain nombre de légendes ayant trait à des naissances miraculeuses
qui, toutes, étaient l'œuvre du feu divin. Il y a d'abord la version moins
connue des origines de Rome qui attribue la naissance de Romulus et Rémus à un génie phallique apparu dans le foyer du roi Tarchetios : le roi ayant ordonné, sur la foi d'un
oracle, que sa fille s'unisse au feu divin, dont devait naître un héros au
destin exceptionnel, la princesse envoie sa suivante à sa place et c'est
celle-ci qui met au monde les jumeaux dans la prison où le roi, furieux, fait
enfermer les deux complices. C'est un
prodige analogue qui, selon la tradition, serait à l'origine de la naissance du
roi Servius Tullius : la servante Ocrisia,
alors qu'elle portait les offrandes rituelles au foyer du palais royal, aurait
vu dans les flammes une apparition semblable ; sur le conseil de la reine Tanaquil, experte dans l'interprétation des prodiges, le
roi Tarquin aurait alors ordonné à Ocrisia de revêtir
l'habit nuptial pour s'unir au génie du feu ; c'est ainsi que serait né le
futur roi de Rome. Le héros fondateur de Prèneste,
Caeculus, passe lui aussi, pour être un fils du feu :
la légende veut que sa mère ait été une vierge fécondée par une étincelle du
foyer auprès duquel elle était assise. Abandonné par elle, il aurait été
ensuite découvert par d'autres jeunes filles, auprès d'un feu dont la fumée lui
aurait abîmé les yeux, d'où son nom : Caeculus est un
diminutif de caecus. On a visiblement affaire à une
synthèse de deux versions différentes d'un mythe unique : l'enfant trouvé auprès d'un feu par des jeunes filles est une variante
édulcorée du thème du feu fécondant miraculeusement une vierge. On voit que
Rome était familière avec cette mythologie du feu fécondant Alors que Servius Tullius était
enfant, une flamme parut sur sa tête. Tanaquil y vit
le présage de la dignité royale et conseilla à son époux de lui donner la même
éducation qu'à leurs propres fils. Devenu grand, Servius Tullius
épousa la fille de Tarquin l'Ancien "eau" et "crible" Les Vestales devaient non seulement tenir la flamme
perpétuelle, mais tenir toujours prête pour les res divinae l'eau, pure de la souillure des tuyaux, qu'elles
allaient puiser e fontibus et amnibus,
aux Camènes et au fleuve le plus proche : le
Tibre. Le prétendu miracle de la Vestale
Tuccia (Tucia, Tutia) qui, accusée d'inceste, pour prouver sa virginité,
rapporta l'eau du Tibre dans un crible, semble témoigner d'une ancienne ordalie
des Vestales par le Tibre Puiser ou porter de
l'eau dans un crible, étoit un proverbe usité chez
les Grecs pour marquer une chose impossible L'événement est situé par Pline en 518 anno Urbis soit en 236 avant
notre ère, sous la République. Clélie Les Vestales ont apparemment été popularisées par
l'Astrée, car dans la religion mixte du Forez du Ve siècle les vierges druides
avoisinent les vierges vestales : le roman de d'Urfé contient en effet 43
occurrences de «vestale(s)», sur un total de 86 pour la période 1600-1670 (dont
13 chez Coëffeteau, Histoire romaine). C'est sans
doute par référence à l'Astrée qu'il faut comprendre les vers de Dorise dans le Clitandre de
Corneille, tragi-comédie pastorale: «Souffrez que pour pleurer mes actions
brutales, / Je fasse ma retraite avecque les
Vestales» (vv. 1569-1570). Le sens figuré apparaît le
plus nettement chez les satiriques, dans un contexte misogyne et anti-pastoral:
ainsi, chez d'Esternod, en 1619: «Cependant cette
putain sale / Faisait de sa vierge vestale»; chez Du Lorens, en 1646: «Je
supporte aisément que cette putain sale / Soit la sainte n'y touche et fasse la
vestale». Le mot «vestale(s)» n'est
guère attesté pour les années 1650-1670: quatre occurrences seulement, dont
celle que contient Britannicus. Mais ce chiffre ne tient pas compte de la Clélie de Mlle de Scudéry, où les Vestales sont fréquemment
mentionnées, sans d'ailleurs être simplement identifiées à des religieuses
chrétiennes, comme le montre le passage cité en exergue Cf. quatrain I, 86 qui selon Pierre Brind'Amour
concerne Clélie, et selon ce site typologiquement
Marie de Médicis ("Royne"). L’Etrusque Porsenna était venu assiégé
Rome pour rétablir Tarquin, qui s’en était vu fermé les portes, alors qu’il
était allé combattre les Ardéates. Clélie fut remise en otage avec d’autres jeunes femmes, par
les Romains, au chef étrusque pour qu’il lève le siège. Trahissant la confiance
de leurs gardes, Clélie et ses compagnes s’enfuirent
alors qu’elles se baignaient dans le Tibre. Clélie se
serait procurée un cheval pour traverser le fleuve.
Elles furent poursuivies sans succès. Si vous aviez vu
Rome comme je l'ai vue, répliqua Racilia, vous auriez
bien plus de sujet de parler comme vous faites ; car du temps que j'étais
jeune, toutes les femmes étaient aussi réservées que des vestales ; on ne les
voyait presque qu'aux temples et aux fêtes publiques; les mariages se faisaient
plutôt par l'intérêt des familles, que par la connaissance des personnes ;
et l'amour de la gloire occupait si fort le cœur des hommes, qu'ils ne
songeaient à autre chose. Mais depuis la
mort de la vertueuse Tanaquil, et le renversement de
Servius Tullus, la plupart des Romaines ne sont plus
de véritables Romaines; et les femmes vivent presque ici comme elles font
ailleurs Si on admet que les figures de Lucrèce et Clélie ont un rapport avec les mêmes représentations
divines qui se reflètent à travers Tanaquil et Tullia, on ne peut manquer d'être frappé par le fait que
Lucrèce et Clélie offrent une image symétrique. À Tanaquil, posée comme épouse de Tarquin l'Ancien et
protectrice du jeune Servius, d'aspect par conséquent plus matronal,
répond Lucrèce, tandis que la fougueuse Tullia,
d'allure plus juvénile et liée au cheval par son côté de «dame au char», aurait
plutôt son correspondant dans Clélie. Par là les deux personnages féminins dont la geste encadre
le récit de l'expulsion des rois et de l'établissement du nouveau régime
républicain reprendraient, d'une manière positive cette fois, ce qu'avaient
représenté, dans le processus de dégradation du regnum
aboutissant à la tyrannie du Superbe, Tanaquil puis Tullia. Autrement dit le souvenir des déesses tutélaires de
la monarchie, avec ce qu'elles impliquaient d'insupportable pour un régime qui
n'admettait pas qu'un individu prétende s'élever au-dessus des autres cives et
bénéficier d'une protection personnelle de la divinité, contre lesquelles la
République naissante réagissait violemment, non seulement aurait subsisté Ã
travers des figures, ambiguës ou franchement honnies, comme Tanaquil
et Tullia, mais aurait poussé à leur opposer les
contreparties positives que sont Lucrèce et Clélie. Finalement,
la place, inattendue, donnée, à ce moment de l'histoire de la cité, à des
figures de héros féminins serait, elle aussi, le reflet de l'importance
qu'avaient eue les représentations religieuses des souverains de la fin de la période royale Dans le contexte de la Fronde, contemporaine du
Commonwealth (République), cela peut avoir un sens. Apparu aux alentours de 1650, le roman précieux a pour
sujet de prédilection le sentiment, son analyse et son discours. Il est
caractérisé par l'importance qu'il accorde à l'intériorité, par le raffinement
dans l'analyse des sentiments, par son vocabulaire élevé et son style baroque. Clélie, histoire romaine est un roman de Madeleine de
Scudéry, publié en 10 volumes in-8°, de 1654 à 1660. Ce roman est un excellent
exemple du roman précieux, sous-genre du roman français du XVIIe siècle,
engendré par le courant de la préciosité. Comme beaucoup de romans et nouvelles
de Madeleine de Scudéry, Clélie offre «une
représentation romanesque de la société précieuse et galante» dépeignant ses
idéaux mondains, mais également «sa conception de l’art de vivre en société et
de l’art d’aimer.» C’est dans Clélie que se trouve la
carte de Tendre, «représentation topographique et allégorique de la conduite et
de la pratique amoureuse.» Comme l'écrit Tallemant des
Réaux, Madeleine de Scudéry «étoit persuadée de
Sarrasin [sic] et croyoit mal à propos qu'il feroit beaucoup pour elle». Secrétaire du prince Armand de
Conti, le poète avait, en effet, l'occasion, s'il le voulait, de protéger son
admiratrice, qui s'est toujours plainte de sa misère. Tallemant
ajoute qu'«il avoit esté
dix ans sans la voir» et «y retourna, quand il vint icy
negocier pour le mariage de son maistre».
Sarasin revint de Guyenne à Paris à l'automne 1653, on l'appelle alors
Polyandre et il prit part à «la journée des madrigaux», le 20 décembre 1653.
Faut-il croire que de 1643 à 1653 il ne vit jamais Sapho ? Cela paraît exagéré.
Ce n'est qu'en 1651 que Conti entraîna Sarasin dans le midi, et le poète et la
romancière demeurèrent certainement liés durant toutes
ces années, puisqu'elle lui adressa en décembre 1650 les derniers tomes de Cyrus Armand de Conti,
gouverneur du Languedoc à partir de 1650, est le prototype de ces puissants
«rentiers» du XVIIe siècle mûrissant. Il vit du fisc, de la dîme, et de la
rente; du triple revenu de ses pensions, de ses terres et de ses abbayes M. le Maréchal de
Roquelaure a un portrait en pied de Mme de Scudery
représentée en Vestale, entretenant le feu sacré avec ce mot Fovebo, gravé au bas de l'Autel qui soûtient
ce feu, pour marquer qu'elle entretiendra toûjours
avec soin une aimable liaison & commerce avec plusieurs illustres amis qu'elle avoit En cherchant l'acrostiche du quatrain QSEP, on tombe sur
internet sur Quintus Septiminius Florens
Tertullianus soit Tetullien
qui dans son Apologétique fait une allusion à la vestale Tuscia
(Tuccia) avec les mots latins : "et aquam cribro gestatam" Tertullien insère dans une liste rapide des miracles
païens «et l'eau portée dans un crible et le navire déplacé avec une ceinture»,
petits divertissements dont la valeur dérisoire apparaît dès qu'ils sont mis en
regard des vrais miracles, ceux du dieu unique Typologie Depuis la date pivot de 1651, le report de 2110 donne
1192. Capitole De 1190 à 1204, les capitouls acquièrent à frais communs
des terrains contigus à la muraille romaine délimités par la rue de
Saint-Quentin et la rue de la Porterie (place du Capitole), la rue des Imagiers
(rue de la Pomme), la rue de Villeneuve (rue Lafayette). Ils devaient arrondir
leur enclos initial en achetant en 1284 la maison de Jean de Galhac, en 1306 celle de la dame Obria,
en 1369 la tour de Pons Guitard, en 1534 la maison de
Bertrand Bastier, en 1568 l'hôtel de l'apothicaire
Jean Bayle. A cet emplacement qui ne
remontait qu'à la fin du XIIe siècle fut maintenu le nom de Capitole, confirmé
par les textes de 1292 et de 1388. Dérivait-il du Capitole romain, dont
l'église du Taur marque la place, ou de l'assemblée (capitol) des consuls qui aurait désigné, et l'édifice et les
magistrats municipaux (los senhors de capitol) ? Le terme de capitole gravé sur le marbre ou
inscrit dans les Annales, n'est que du style soutenu. Clercs, syndics ou
trésoriers écrivent : palais communal (palacio
communal), maison communale (maison communal) et plus tard hôtel de ville Nîmes, comme Narbonne et Toulouse, avait un Capitole. Le
nom de Saint-Etienne-de-Capdeuil, Sanctus-Stéphanus-de-Capitolio, que
portait une chapelle voisine de la Maison-Carrée, semblerait indiquer que le
Capitole était voisin de ce dernier Monument La dénomination de
domus quadrata (Maison
carré) ne me semble pas de beaucoup antérieure à la parution de l'ouvrage de Poldo d'Albenas (1560) : sur le
plan cavalier que cet auteur nous donne de la ville de Nimes,
l'édifice porte encore le nom de «Capitole», qu'il eut durant le moyen âge
; et sur la première planche qu'il consacre au monument on peut lire ce titre :
«Le Capitole, dict la Maison Carree».
Il précise d'ailleurs lui-même que le «vulgaire l'appelle Capitole, ou bien Capdueil, qui en langaige du païs vaut autant, que Capitole». D'autres
témoignages nous font connaître la persistance, jusqu'au début du siècle
suivant, de ce nom médiéval ou mieux encore l'existence simultanée des deux
noms de «Capitole» et de «Maison Carrée». Ces différents textes permettent, je
crois, de fixer vers le milieu du XVIe siècle l'apparition du terme «Maison
Carrée» qui ne supplanta définitivement celui de «Capitole» qu'une centaine d'années plus tard Du côté languedocien également, la phase consulaire est
décisive dans la fortification des villes.Â
Le comte de Toulouse, Raymond V le 15 septembre 1194 accorda aux
habitants de Nîmes le droit construire un rempart et un fossé, notamment autour
des arènes. Ainsi furent unifiés les deux espaces urbains contrôlés
respectivement par le consulat de Nîmes et le consulat des chevaliers. La ville
faisait désormais de l’ordre de 30 hectares Même avant la construction de l'enceinte régulière et
continue de 1193, les habitants de Nimes ayaient songé à clore certains points plus ouverts ou plus
exposés que d'autres. Le Murus Novus
(début du XIème siècle) avait été élevé pour protéger la Maison-Carrée (Sala de
Capitolio). Il était situé sur l'emplacement de la façade
du théâtre actuel, et devait s'étendre de la Porte de la Bouquerie
à la Porte de la Magdeleine (Germer-Durand) Vestales et Capitole Le sonnet 32 des Antiquités de Rome de Joachim du Bellay s'inspire de l'ode XXX du livre III des Odes d'Horace
dont voici le texte très célèbre :«J'ai
achevé un monument plus durable que le bronze
[«Exegi monumentum aere perennius»], plus
haut que la décrépitude des royales pyramides, et que ne sauraient détruire ni
la pluie rongeuse, ni l'Aquilon emporté, ni la chaîne innombrable des ans, ni la
fuite des âges Je ne mourrai pas tout entier [«Nonomnis
moriar»], et
une bonne partie de mon être sera soustraite à Libitine
[déesse des funérailles] ; sans cesse
je grandirai, toujours jeune par la louange de la postérité, tant que le
pontife, avec la vierge silencieuse [la Vestale qui accompagne le Pontife], montera au Capitole. On dira que, né au
pays où résonne l'impétueux Aufide, où Daunus, mal
pourvu d'eau, régna sur des peuples rustiques, devenu un maître d'humble que j'étais,
j'ai le premier annexé le chant d'Eolie aux cadences italiennes. Prends un
orgueil que justifient mes mérites, Melpomène, et viens, de bon gré, ceindre ma
chevelure du laurier delphique». On reconnaît facilement dans la «vierge silencieuse» une
vestale, peut-être la grande vestale. Dans le contexte de cette ode,
l'évocation de la montée au Capitole du pontife et de la vestale doit être
comprise comme un fait régulier, répétitif, conçu par le poète comme symbole de
la pérennité de la Ville. Le commentaire du scholiaste Pseudo-Acre confirme cette
interprétation240 ; celui- ci indique explicitement, en passant au pluriel, ce
qui d'ailleurs est peut-être significatif du fait que plusieurs vestales
participaient à cette cérémonie, que ces prêtresses sur le point de sacrifier
avaient l'habitude de monter, silencieuses, au Capitole Politien (Miscellaneorum centuriae primae, Florence, 1489,
fin du chap. 100) attira l'attention sur la présence de cet adjectif tacita : pourquoi la Vestale, accompagnant le pontife dans
son ascension rituelle du Capitole, est-elle silencieuse. Porphyrion
n'explique pas vraiment tacita. Ps-Acron (aut uerecunda,
aut pro sacrificio tacenre) ne convainc pas Politien, qui tente une
explication (« Tacitam Virginem
intellexit quasi claram sacerdoti nobilitate...», parce
que l'expression été rapprochée du silentia lunae virgilien qui
retient surtout son attention. Glareanus, dans ses Annotationes qui suivent son éd. (1536, 1553),
observe avec raison que Polilien contredit le Ps.-Acr., mais sans rien apporter de plus. [...] Nous avons
consulté une quarantaine d'éd. commentées, depuis les
incunables. Landin 1482 sq. et
Locher 1498 reprennent quasi textuellement Porph. et Ps-Acr. ; bien
des commentateurs par la suite (de Cruquius 1578 et Torrentius 1608 Ã Nisbet et Rudd 2004) expliquent le silence de la Vestale par la
solennité de l'ascension du Capitole ; le P. Sanadon
1756, commentateur prolixe, ne consacre que quatre lignes : seul le
«Grand-Prêtre» parle ; quelques-uns, comme Bentley, n'expliquent pas tacita qui, fait assez rare, n'a pas suscité de
conjectures. Lambin 1561 ne commente pas tacita,
mais, en 1568, termine son explication du rôle des Vestales : «Sed cur tacitam virginem
dixit ?» Trois réponses possibles (avec textes parallèles mais sans référence Ã
Politien): ce sont des secrets; les femmes romaines doivent se taire, surtout Ã
propos des choses sacrées ; les Vestales étaient astreintes au silence Habitants de l'Apulie septentrionale, où leur
civilisation avait vu le jour au premier âge du fer (IXe- VIIIe siècles), les Dauniens tiraient leur origine des Iapyges. Les Iapyges
étaient arrivés en Italie à partir du Bronze récent (XIIIe-XIIe siècles),
surtout durant le Bronze final (XIe-Xe siècles). Divers mouvements de
populations dans la péninsule balkanique les avaient amenés à traverser
l'Adriatique pour s'établir sur de nouvelles terres. Leur pénétration y fut
lente et progressive. Ils s'assimilèrent aux populations qui occupaient les
lieux : des groupes subapenniniques, descendants des
pasteurs apenniniques nomades, qui, dans le courant du Bronze récent, s'étaient sédentarisés On disoit l'Apulie Daunienne, Apulia Daunia ; ou les Apuliens Dauniens,
Apuli Daunii. Cette contrée
fut ainsi nommée de Daunus, qui, selon Festus , étoit un personnage illustre de la nation Illyrienne.
Obligé de quitter sa patrie, pour quelque sédition domestique, il vint
s'emparer du pays auquel il donna son nom. Tzetzès
dit que Daunus regnoit sur
les Dauniens, lorsque Diomede
aborda en Italie. Il lui fit épouser sa fille. [...] La Daunie
étoit au nord-ouest de la Peucétie.
Elle étoit bornée au nord & à l'orient par la mer
Adriatique ; par le Biserno, les Samnites & les Hirpins au couchant; & enfin, au midi par le Cervaro, qui la séparoit en
partie des Peucétiens. Pline, qui fournit ces limites , dit néanmoins peu après qu'elle commençoit au fleuve Aufide,
& renfermoit la Salapie
dans la Daunie L'indication précise de Strabon et d'Appien, et la
ressemblance du nom de Iapodes ou Iapydes
avec celui de Iapyges rendent très vraisemblable que la race proprement dite
des Iapodes ait été illyrienne Hécatée ne différencie pas le nom des Iapodes
ou Iapydes de l'Illyrie septentrionale des Iapyges
d'Italie Ces procédés de peinture corporelle paraissent avoir été
en grand usage dans l'Antiquité. Les Iapodes
d'Apulie, au dire de Strabon (VII, 5, 4), se tatouaient comme leurs parents,
les Illyriens et les Thraces. [...] Horace accole au nom de Circe
l'épithète vitrea, et ce mot évoque l'idée d'une
teinture à la guède. [...] On peut considérer Circe
comme synthétisant dans l'Odyssée les magiciennes barbares. Dès lors, les
femmes de Grande- Bretagne et vitrea Circe nous resteraient comme les témoins attardés de vieux
mystères oubliés, dans lesquels la peinture corporelle en bleu noir jouait un rôle de premier ordre Dans les scholies à Lycophron la scène de
l'ensevelissement est déplacée dans l'espace. La mésaventure des Etoliens se
déroule en Daunie, donc dans une région dont Brindes
ne fait pas partie. Et cet épisode s'inscrit dans la légende, connue depuis Mimnerme au VIIe s., mettant en rapport Diomède et le
souverain local Daunos et aboutissant - autre exemple
de perfidie barbare - au meurtre du premier par le second. Le héros aurait en
effet voué à la stérilité cette terre tant qu'elle ne serait pas cultivée par
des Etoliens de sa race. Et c'est pour tourner cette malédiction qu'intervient dans
cette version l'enterrement des Grecs : les Dauniens
auraient été proposer l'héritage de leur chef aux
Etoliens, mais ceux d'entre eux qui se seraient laissé tenter par ces promesses
fallacieuses auraient été, une fois sur place, enterrés vivants. [...] La comparaison entre la pratique romaine bien connue et
ce qu'il nous a paru possible de supposer à partir de la tradition sur Diomède
en Apulie n'est pas seulement d'ordre rhétorique. On ne peut manquer d'être
frappé par les analogies entre ce que l'on sait des faits romains, au moins
tels que les présentent certaines sources, et ce qui nous a semblé devoir être la
forme originale de la tradition apulienne. Les gens de Brindes, d'après Justin,
auraient enterré des Grecs afin de respecter la lettre d'un oracle qui
promettait à ces Hellènes la possession perpétuelle du sol de leur cité. Or les
événements de Rome de 228 sont justifiés d'une manière tout à fait analogue
dans le passage de Dion Cassius et dans le texte de Zonaras,
qui s'en inspire certainement directement. Là également un oracle aurait
affirmé que la ville devait être prise par des ennemis, Grecs et Gaulois en l'occurence, et ce serait, à en croire les deux historiens
grecs, afin de trouver une interprétation tout à leur avantage de cet arrêt du
destin que les Romains auraient procédé aux ensevelissements du Forum Boarium. Il paraît bien difficile de considérer comme
fortuite une telle coïncidence... [...] En ce qui, concerne le lien entre le faute des vestales
et la mise à mort des Gaulois et des Grecs, il n'est clair qu'à propos des
événements de 114, dont l'existence même est sujette à caution. Il paraît
dangereux de partir de là pour tirer une explication valable aussi bien pour
les événements de 228 et 216. Car si en 216 on recourt à ce rite après la
découverte du stuprum des vestales, c'est, il faut le
souligner avec C. Bémont, à l'occasion d'une «crise prodigiale» qui dépasse de beaucoup cette faute, dont cette
dernière ne constitue que l'un des aspects même si c'est le plus marquant. Le stuprum n'est finalement que l'occasion de la consultation
des Livres, occasion préparée par toute la série des défaites et des phénomènes
alarmants. C'est en dernier ressort ce contexte, essentiellement militaire, qui
fait, exceptionnellement, considérer ce stuprum comme
un pro- digium; ce qu'il n'a jamais été auparavant,
puisque jamais, jusque-là , faute de Vestale n'avait provoqué le recours aux Libri. Quant aux événements de 228, la liaison avec le
crime de Tuccia, vraisemblablement antérieur de deux
ans, est bien douteux. Il est de bien meilleure méthode de s'en tenir au
témoignage des textes, tous concordant sur ce point, et de penser que c'est
l'imminence du péril gaulois (qu'il soit exprimé ou non par l'«oracle» dont
parlent Dion et Zonaras) et uniquement cela qui a
provoqué l'ensevelissement (par le biais, chez Plutarque, de la consultation
des Livres). Nulle part il n'est fait allusion à la faute de Tuccia. Il vaut mieux ne pas l'introduire dans l'affaire et
lui garder son aspect exclusivement militaire. [...] Ce qui était légende dans la Pouille
vers 330 apparaît sous les traits d'une triste réalité au Forum Boarium en 228, en 216 et peut-être en 114. A en croire
Pline la coutume d'enterrer vivants des êtres humains se serait même prolongée beaucoup plus tard, jusqu'à son époque Sous Numa Pompilius, le crime
d'inceste était puni de mort : la vestale était lapidée et ensevelie avec son
complice sous les pierres. Tarquin l'ancien les condamna à être ensevelies
vivantes dans une fosse D'après la
tradition, Capitolium n'était pas le plus ancien nom
de la colline : il ne remonterait pas plus haut que l'époque du dernier
Tarquin. Selon Varron : L'un de ces montes a été dit «Capitolin» parce que, Ã
ce qu'on rapporte, les travaux de fondation du temple de Jupiter avaient mis Ã
jour une tête d'homme. Auparavant, la
hauteur s'appelait mons Tarpeius,
du nom de Tarpéia, la vierge vestale tuée par les
armes des Sabins et ensevelie sur la colline. Il reste un souvenir de son
nom : aujourd'hui encore un rocher du Capitole est appelé Tarpeium
saxum, et Plutarque : Tarpéia
ayant été ensevelie à cet endroit, la colline fut appelée Tarpéienne, jusqu'au
moment où, le roi Tarquin ayant consacré ce lieu à Jupiter, les restes de Tarpéia furent transportés ailleurs, et son nom oublié, si
ce n'est qu'on appelle aujourd'hui encore «Tarpéienne» une roche du Capitole
d'où l'on précipitait les criminels. Désireux de résoudre le problème
onomastique qu'ils avaient eux-mêmes soulevé en rattachant le terme Capitolium au dernier des Tarquins,
les érudits romains se devaient de retrouver l'«ancien» nom de la colline. Or
il se faisait d'une part que les légendes mettaient en scène une Tarpéia qui, pour avoir livré le Capitole à l'ennemi sabin,
y avait trouvé la mort, et d'autre part qu'un éperon de la même colline portait
à l'époque historique le nom de saxum Tarpeium : c'était «la roche Tarpéienne», d'où l'on
précipitait dans le vide certains criminels. Le Capitole apparaissait donc
comme «la colline de Tarpéia» : la jeune fille y
avait vécu en compagnie de son père;
elle en avait trahi la citadelle ; elle y avait péri ; elle y avait été
enterrée, et son nom était resté attaché à l'un des rochers. En un mot les
érudits donnèrent à l'ensemble de la hauteur le nom qui apparaissait lié au
Capitole dans une légende et dans un toponyme Selon Plutarque, Tarpéia est une des quatre premières vestales. Chez le
poète Simylos, également cité par Plutarque, Tarpéia ne livre pas le Capitole aux Sabins, mais aux Celtes Pétrarque La Vestale Tuccia est célébrée
dans les Trionfî de Pétrarque. Le Triomphe de la Chasteté est pour Pétrarque un moyen de
célébrer Laure et l'amour pur qui le lie à elle Pièce allégorique en vers qui
s'inscrit dans le genre de la «psychomachie», l'œuvre présente la vaine attaque
d'Amour qui a tenté de réduire Laure à sa merci, mais qui est vaincu par elle
et traîné en triomphe. Pétrarque rétablit ici la tradition antique du cortège
triomphal. Mais son érudition sert ici sa démarche poétique : il ne saurait
s'agir d'une reconstitution rigoureuse à l'antique. Car à la suite de la
Chasteté, défilent des femmes uniquement, toutes également connues pour leurs
chastes exploits, et relevant aussi bien des traditions païennes que des récits
bibliques. Parmi elles, la vestale Tuccia a droit Ã
la plus plus longue évocation. Les auteurs chrétiens chercheront à discréditer les
Vestales et leurs miracles (cf. Tertullien). D'abord utilisée comme réfèrent mythique précisément
identifié, à l'intérieur de collèges de figures féminines antiques, toutes
hautement représentatives d'un exemplum virtutis et
le plus souvent en rapport avec un projet matrimonial ou un contexte conjugal, Tuccia progressivement va assumer une signification Ã
portée plus générale : symbolisant la Pudeur, voire la Chasteté |