Les mercenaires

Les mercenaires

 

IX, 13

 

2113

 

Les exilez autour de la Soulogne,

Conduits de nuit pour marcher Ă  Lauxois :

Deux de Modene truculent de Bologne,

Mis descouverts par feu de Burançois.

 

Truculentus vir : Balthazar Baroncelli d'OffĂ®da

 

Eugène IV, Ă  prĂ©sent, tenait tĂŞte Ă  ses ennemis aussi bien sur les champs de bataille de l'Italie que dans le champ clos du concile de BĂ le. Mais ce caractère forcĂ©ment belliqueux de son règne n'Ă©tait pas sans entraĂ®ner des abus qui jetaient un jour fâcheux sur son gouvernement et fournissaient un aliment nouveau Ă  la critique de ses adversaires. Je ne parle pas seulement des aliĂ©nations de terres de l'Eglise nĂ©cessitĂ©es par le besoin de se gagner des partisans ou de se procurer des ressources. Outre l'abandon fait Ă  Sforza, sous forme de vicariat, d'une province entière, la Marche d'AncĂ´ne, et de nombreuses villes, telles que Todi, Gualdo et Gorneto, je citerai une place importante, Borgo San Sepolcro, remise aux mains des Florentins, Lugo, vendu au marquis d'EstĂ©, etc. Ceux qui crĂ©aient au pape le plus d'embarras Ă©taient aussi ceux qui jugeaient le plus sĂ©vèrement ces expĂ©dients, qu'ils contribuaient eux-mĂŞmes Ă  rendre nĂ©cessaires : ils s'en servaient pour dĂ©montrer que le patrimoine de l'Eglise Ă©tait devenu la proie d'un administrateur incapable. Bien plus compromettante pour l'honneur d'Eugène IV Ă©tait l’excessive confiance qu'il tĂ©moignait Ă  des soudards, dont il Ă©tait forcĂ© de priser les services, mais dont il eĂ»t dĂ» suspecter au moins le caractère. Balthazar Baroncelli d'OffĂ®da, par exemple, lui avait, en des jours difficiles, sauvĂ© le Château-Saint-Ange, et, par reconnaissance, le jour de NoĂ«l 1434, devant lui et devant toute sa cour, le pape l'avait fait armer chevalier, lui attribuant, soi-disant pour l'indemniser des frais de la cĂ©rĂ©monie, une pension de 25 florins d'or par mois et lui adressant un bref louangeur, dans lequel il dĂ©clarait que son agrĂ©gation Ă  la chevalerie n'Ă©tait pas moins flatteuse pour l'ordre que pour lui-mĂŞme. Ne pouvait-il s'en tenir lĂ  ? Etait-il nĂ©cessaire de faire Ă  l'heureux condottiere une situation telle que les cardinaux eux-mĂŞmes, dit-on, baissaient pavillon devant lui ? Fallait-il le nommer, pour six mois, sĂ©nateur de Rome ? Fallait-il, en le nommant, lui confĂ©rer des pouvoirs judiciaires extraordinaires, et lui laisser toute latitude pour exercer la rĂ©pression au grĂ© de sa fantaisie, en violation des statuts ou usages contraires " ? OffĂ®da mĂ©ritait-il ensuite d'ĂŞtre investi, pour le mĂŞme laps de temps et avec les mĂŞmes pouvoirs arbitraires, de la charge dĂ©licate de podestat de Bologne  titre, d'ailleurs, qu'il semble avoir presque dĂ©daignĂ©, puisqu'il se faisait appeler «Monseigneur», et non, suivant l'usage, «Messire le Podestat» ? C'est au lendemain du rĂ©tablissement de l'autoritĂ© pontificale en Romagne qu'Eugène confia cette dernière charge Ă  Balthazar d'OfĂŻida. Il nommait gouverneur, en mĂŞme temps, Daniel de Rampi, son trĂ©sorier, Ă©vĂŞque de Concordia, et il donnait l'office des Bollette Ă  Gaspard de Todi : redoutable triumvirat, dont les prouesses devinrent bientĂ´t fameuses. Antoine de Bentivoglio, l'un des chefs de parti bolonais, depuis longtemps exilĂ© de sa patrie -, Ă©tait rĂ©cemment rentrĂ© au service du pape' et s'Ă©tait distinguĂ© notamment par une tentative hardie qui, si elle eĂ»t rĂ©ussi, eĂ»t rendu Eugène, trois mois plus tĂ´t, maĂ®tre de la capitale de la Romagne. Bentivoglio avait donc lieu de compter sur la faveur des nouveaux gouvernants, et c'est plein de confiance, muni d'ailleurs de la permission du pape, qu'il reparut dans Bologne, le 4 dĂ©cembre 1435, avec beaucoup de ses partisans, entre autres, son ami Thomas de Zambeccari. La ville leur fĂ®t fĂŞte ; les magistrats municipaux les accueillirent avec honneur. Quelques jours après, plusieurs citoyens eurent ordre de dĂ©poser leurs armes au Palais du podestat ; mais la plupart appartenaient Ă  une faction rivale, celle des Canedoli : la prĂ©caution ne pouvait encore donner ombrage aux Bentivogli. Le lendemain fut criĂ©e la dĂ©fense de porter aucune arme, de jour ou de nuit, ni dans la rue, ni chez soi, sous peine d'amende et de cinq traits de corde. Puis, le 21 dĂ©cembre, comme pour une montre, la garnison prit les armes. Antoine de Bentivoglio ne paraissait guère alarmĂ© de ces mesures, car, le 23 ou le 24 dĂ©cembre au matin, il se rendit, comme d'habitude, Ă  la messe du gouverneur. A la sortie de la chapelle, les gens d'OffĂ®da l'arrĂŞtèrent. L'affaire ne traĂ®na pas. Un bâillon sur la bouche, on lui fĂ®t traverser la place ; parvenu dans la cour du Palais du podestat, on lui trancha la tĂŞte. Pendant ce temps, OffĂ®da mandait Thomas de Zambeccari : dès que celui-ci fut arrivĂ©, on le bâillonna, on le pendit. Tous deux moururent sans confession. Huit hommes de la confrĂ©rie de la Mort emportèrent les corps immĂ©diatement, sur l'ordre d'Offida, et allèrent les enterrer dans un cimetière du voisinage. Dans cette exĂ©cution, disons plutĂ´t dans ce double assassinat,  on a vainement cherchĂ© Ă  prouver la complicitĂ© d'Eugène. Le pape rĂ©sidait encore, Ă  ce moment, Ă  Florence. Qu'il y ait, le 21 dĂ©cembre, fait arrĂŞter le frère de Thomas de Zambeccari, l'abbĂ© BarthĂ©lĂ©my, cela pourrait s'expliquer par un avis alarmant qu'OffĂ®da lui aurait envoyĂ©, quelques jours d'avance, au sujet des desseins qu'il prĂŞtait aux Bentivogli : il les fĂ®t, en effet, condamner, après coup, comme coupables d'avoir complotĂ© de livrer Bologne au duc de Milan. Cela ne prouve pas qu'Eugène IV ait cru Ă  la trahison, ni surtout qu'il ait ordonnĂ© le meurtre sans jugement. Il ne devait retirer de cette barbarie aucun avantage, loin de lĂ ! car sa rĂ©putation et son autoritĂ© en pâtirent. Il venait de promettre aux Bolonais de se rendre incessamment dans leur ville : cette suppression de deux de leurs concitoyens les plus notables Ă©tait un singulier cadeau de bienvenue. D'ailleurs, Eugène se contenta, quand il quitta Florence, de faire transfĂ©rer en la citadelle de Narni l'abbĂ© de Zambeccari qui fut mĂŞme Ă©largi dans la suite 4, et, Ă  Bologne, le pape n'intervint, Ă  ma connaissance, que pour ordonner la mise en libertĂ© du chancelier d'Antoine de Bentivoglio, un certain Chora d'Ascoli, Ă©galement condamnĂ© Ă  mort par ordre de Balthazar d'Offida. Il n'en est pas moins vrai qu'aucun des auteurs de l'odieux attentat de dĂ©cembre 143o ne fut puni, qu'aucun mĂŞme ne paraĂ®t avoir perdu la confiance d'Eugène IV. Offida, bien que nommĂ© seulement pour six mois, jouissait encore du titre de podestat de Bologne Ă  la fin de l'Ă©tĂ© de 1436. Il dirigeait alors, avec le capitaine des troupes pontificales, Pietro Giampaolo Orsini, diverses opĂ©rations militaires en Romagne, oĂą François Sforza se trouvait Ă©galement en force. Est-ce jalousie, dĂ©sir de supplanter le possesseur de la Marche, ambition de rendre au pape les provinces occupĂ©es par le puissant condottiere ? Offida complota, dit-on, avec Piccinino la mort de François Sforza, la destruction de son armĂ©e. Sforza fut averti Ă  temps : c'est lui qui, au contraire, surprit l'armĂ©e des papalins (16 septembre 1436). Il n'en voulait qu'Ă  Offida, qui d'abord, lui Ă©chappant, rĂ©ussit Ă  se cacher dans le bourg de Budrio. En menaçant les habitants, Sforza se le fit livrer : on le trouva, paraĂ®t-il, sous un lit et dĂ©guisĂ© en femme. Si j'en crois un rĂ©cit inĂ©dit, Sforza lui fit mettre une chaĂ®ne au cou : l'orgueilleux podestat passait ses journĂ©es, comme un chien, Ă©tendu sous les tables oĂą mangeaient les valets ; la nuit, attachĂ© Ă  un pieu, il dormait sur la paille. On l'emmena Ă  Gotignola, puis en la forteresse de Fermo. La torture lui fit avouer tout ce que l'on voulut, et il Ă©crivit de lĂ  une lettre lâche et rĂ©pugnante oĂą, pour avoir la vie sauve, il dĂ©nonce Ă  Sforza les prĂ©tendues perfidies d'Eugène IV : c'est le pape qui tramait avec des agents milanais la perte de Sforza, c'est le pape qui avait forcĂ© la main Ă  Offida ; prĂ©cĂ©demment Ă  Florence, puis Ă  Osimo, le souverain pontife avait dĂ©jĂ  cherchĂ© Ă  faire assassiner le comte, etc. (26 octobre). Eugène IV, qui, dès le 13 octobre, avait pourvu au remplacement d'Offida Cependant, quelques mois plus tard, Eugène envoya son capitaine Pietro Giampaolo Orsini occuper la citadelle de Budrio (18 mars 1437). Le lendemain, les habitants vinrent en nombre rĂ©clamer des indemnitĂ©s. Pour se dĂ©gager, Orsini fonça sur eux, en tua une trentaine, en blessa bien deux cents ; la place fut mise Ă  sac. On ne manqua pas de dire, dans la suite, que c'Ă©tait une vengeance exercĂ©e par ordre d'Eugène IV contre ceux qui avaient livrĂ© Ă  Sforza Balthazar d'OffĂ®da. En tout cas, en apprenant le sac de Budrio, Sforza envoya Ă  Fermo l'ordre de pendre son prisonnier. [...]

 

On ne saurait considérer comme une preuve l'affirmation du docteur Nicolas Senti de Raimondi, dans la thèse qu'il soutint, à Bologne, le 8 août 1439 : Offida, «truculentus vir», aurait perpétré le meurtre par ordre d'Eugène IV, «jussu ipsius» (Bibl. Angélique de Rome, ms. 90, 3" foliotage, fol. 4 r°) (Noël Valois, La crise religieuse du XVe siècle : le pape et le consile (141/8-1450), Tome II, 1909 - www.radioregina.info, www.offida.info).

 

truculent : du latin  « truculentus Â», violent (Gaffiot).

 

Burançais

 

1481, 29 juillet, Vente du lieu de Burançais, à Épineu-le-Séguin, faite, pour le prix de 54 écus d'or, par Louis Rossigneul, éc., sgr de la Bernerie, aud. Epineu-le-Séguin à Raoul Sallin, prêtre, curé d'Amné-en-Champagne, Présents : Jeannin le Bouétoux, éc. ; Mrs Guillaume du Couyer, prêtre, et Etienne Sallin. [...]

 

1523, 13 juin. Acte par lequel noble Jean Possard, sgr de la Sionnière, et d'Anne Le Vayer, sa femme, et Pierre Possard, leur fils aĂ®nĂ© et principal hĂ©ritier, paroissiens d'Argenton ; noble Etienne Le Vayer, sr de Gandouin, demeurant Ă  BallĂ©e, et Mr Jean Regnart, demeurant Ă  la Cropte, vendent Ă  Mr François de GuĂ©rin, ch., sgr de Poisieux, capitaine de Saint-Malo, Mr Jean GuĂ©rin, prĂŞtre, achetant et stipulant pour lui : la maison de Burançais ; le lieu de Chantepie ; le lieu de la Maison-Neuve, avec les bois taillis des TrĂ©es, le tout situĂ© paroisses de Saulges et d'ÂŁpineu-le-SĂ©guin, et la rente de 60 l. t. assise sur le lieu de la Sionnière. Lad. vente faite pour le prix de 2.200 l t. PrĂ©sents : noble Julien de Pennart, sr de la Goyardière, et Jean Chasserais, praticien en cour laie (Julien ChappĂ©e, Louis J. Denis, Archives du Cogner, 1907 - archive.org).

 

Epineu-le-Séguin est contiguë à Saulges, au sud-est.

 

Saint Cénéré et saint Cénéric étaient frères, et, suivant le témoignage de divers auteurs ecclésiastiques, ils naquirent en Italie, à Spolète. ils partirent pour Rome. Là, libres de tout soin des choses temporelles, ils demeurèrent longtemps inconnus, persévérant dans la contemplation des choses célestes, et plus semblables dans leur manière de vivre, à des Anges qu'à des hommes. Leur sainteté ne tarda pas à éclater aux yeux de tous. Le Souverain Pontife les ayant appelés auprès de lui, leur conféra l'ordre du diaconat, et malgré toute leur résistance, il les éleva aux honneurs du cardinalat. Craignant ce qui arrive trop souvent, que sous les apparences de la religion, la vaine gloire du monde ne les détournât de ce qu'ils s'étaient proposé dès leur enfance, ils quittèrent Rome, et se dirigeant vers les Gaules, sous le règne du roi Clotaire, ils arrivèrent à Saulges, aujourd'hui bourg du département de la Mayenne. Saint Cénéré y fut honoré dès le Ve siècle : un autel lui était dédié, et l'on célébrait en son honneur un office solennel avec messe. Les noms de ces deux Saints sont altérés en France, ou du moins dans le diocèse du Mans. Les vrais noms de ces deux saints frères sont Sérène et Sérénic. Hors du diocèse du Mans, on les honore le 7 mai (Jacques-Albin-Simon Collin de Plancy, Grande vie des saints, Tome 14, 1874 - books.google.fr).

 

Spolète

 

L'histoire de l'Italie est, pendant le Grand Schisme, un chaos inextricable où les intrigues, les trahisons, les dévouements, les traités et les ruptures s'accumulent et se croisent à l'infini. Le pape Martin V, en qui finit le grand schisme, trouve Rome et Bénévent entre les mains de Ladislas, roi de Naples, ennemi déclaré du Saint-Siége; le nord et le centre des états de l'Eglise sont complètement indépendants des papes; les villes et les seigneurs s'appuient sur les diplômes de souveraineté et d'autonomie que leur a vendus le pape Boniface IX, 1390; Martin prend à sa solde Francesco Sforza, condottiere milanais, qui soumet Spolète, Pérouse, Assise, Bologne, etc.; c'est ensuite Malatesta et Montefeltro qui vendent leurs services aux pontifes contre les soulèvements sans cesse renaissants et alimentés par les condottiere eux-mêmes, qui changent de parti selon leurs intérêts, se créent des souverainetés rivales, se réconcilient avec l'Eglise pour rompre et se vendre incessamment (Henri Métivier, Précis historique de la formation des Etats du St.-Siége, 1860 - books.google.fr).

 

Tout en jouant les mercenaires pour la papauté, comme son père Giacomo Attendolo qu'il accompagne et auquel il succède à la tête de ses troupes, ou les Visconti, Francesco Sforza tente de se tailler un État en Italie centrale (Andrea Martignoni, Magnificus dominus. Art, pouvoir et culture. Italie centrale, fin du Moyen Age, 2013 - humanisme.hypotheses.org, it.wikipedia.org - Francesco Sforza, fr.wikipedia.org - Giacomo Attendolo).

 

A la faveur de ces discordes, les Aragonais, comme on le suppose, firent des progrès rapides. Solidement établis à Gaëte, dont ils fortifiaient les remparts, ils tentaient dans l'intérieur du pays des expéditions souvent heureuses. La guerre se généralisait : les villes, les seigneurs, les prélats prenaient parti, qui pour René, qui pour Alphonse. L'abbé du Mont-Cassin, qui comptait parmi les plus puissants, et qui était alors un Napolitain, Pirrus Thomacelli, fut un des plus ardents à se jeter dans la lutte. Chargé de garder pour le Saint-Siège la citadelle de Spolète, il s'en empara pour son compte et se déclara ouvertement l'allié des Espagnols. Eugène IV fut forcé de prendre contre lui les mesures les plus énergiques : privé du gouvernement et de l'administration de son monastère, qui restèrent confiés au prieur, Pirrus fut, par la suite, enfermé au château Saint-Ange, et c'est pourquoi le registre des actes abbatiaux, conservé dans les riches archives du Mont-Cassin, est resté en blanc à partir de 1437 jusqu'à la nomination de son successeur. Cela n'empêcha pas, du reste, le roi d'Aragon d'envahir et de dévaster les domaines de la célèbre abbaye, et de faire pendant plusieurs années la sourde oreille à toutes les réclamations des moines (Albert Lecoy de la Marche, Le roi René, sa vie, son administration, ses travaux artistiques et litteraires, Tome 1, 1875 - books.google.fr).

 

"feu"

 

faé sáovéj, feu sauvage (Saint-Céneré), gale ; à Saint-Céneré, il y a une fontaine dont les eaux, dit la légende, préviennent ou guérissent le feu sauvage ; à la Dorée on dit faé sèk ; pour le guérir, on va, à jeun, trouver le sorcier avant le lever du soleil. Ce sorcier tourne le doigt trois fois autour de l'endroit malade en marmottant des prières; au bout de trois séances matinales, le feu sec est guéri (Georges Dottin, Glossaire des Parlers du Bas-Maine, 1899 - books.google.fr, www.patrimoine.paysdelaloire.fr).

 

La gale et Francesco Sforza

 

L'Epître aux Pisons a peut-être été appelée par Horace lui-même Art poétique. En tout cas, cette désignation, qui se trouve dans tous les manuscrits, est déjà employée par Quintilien (VIII, 3). Elle est placée d'ordinaire dans les manuscrits après le livre IV des Odes, quelquefois après le livre II des Épîtres; c'est là qu'elle a été mise dans les éditions imprimées depuis Henri Estienne. On pense généralement qu'elle n'a pas fait partie primitivement du livre II des Epitres et que peut-être elle a été publiée seulement après la mort de l'auteur. C'est vraisemblablement son dernier ouvrage. Quintilien le nomme Liber de arte poetica et, dans les manuscrits, le titre est Horatii ad Pisones de Arte poetica ou de Arte poetica ad Pisones. Les deux Pisons étaient les fils de Lucius Pison, qui, suivant le scholiaste, était poète et Urbis custos; Tacite fait de lui grand éloge (Ann., VI, 10); il vante la sage indépendance de son caractère et surtout l'habileté qu'il déploya dans les fonctions de præfectus Urbis. D'après ce passage, L. Pison mourut pontife en 786 de Rome (32 ap. J.-C.), dans sa 80e année. Il serait donc né en 706 de Rome (48 av. J.-C.), et il serait difficile d'admettre que ses fils aient pu être les juvenes patre digni (vers 24) avant 746 (8 av. J.-C.) au plus tôt. Mais, comme ce même L. Calpurnius Pison fut consul en l'an 739 (15) et qu'il n'aurait eu alors que trente-trois ans, on a supposé une erreur dans le texte de Tacite. D'après cette supposition, il serait mort non à quatre-vingts ans, mais à quatre-vingt-dix ans, et aurait été consul à l'âge légal dans sa quarante-troisième année. Même en admettant cette hypothèse, l'Art poétique ne peut guère avoir été adressé à ses fils avant l'année 740 et l'a été vraisemblablement plus tard, c'est-à-dire vers la fin de la vie d'Horace (A. Waltz, Oeuvres d'Horace, 1895 - books.google.fr).

 

Le chemin de fer de Plaisance à Bologne suit la direction de la Voie Emilienne, ancienne route militaire, ainsi nommée du consul M. Emilius Lepidus qui la construisit en l'an 187 av. J.-C. Elle conduisait de Plaisance à Parme, Reggio, Modène, Bologne, Forli et Rimini (Ariminum) sur la mer Adriatique, où elle rejoignait la Voie Flaminienne, construite à la même époque par l'autre consul, C. Flaminius Nepos, à travers l'Ombrie et l'Etrurie jusqu'à Rome. Une foule de traces de ces intéressantes constructions sont encore parfaitement conservées, vu qu'en Italie la plupart des routes modernes suivent la direction de celles qu'y construisirent les Romains (Karl Baedeker, L'Italie septentrionale jusqu'à Nice, Gênes et Bologne : Manuel du voyageur, 1863 - books.google.fr).

 

Pour la voie Flaminia voir le quatrain III, 21 - Les deux maisons de Properce - 1720 où il est question de sirène.

 

Si un peintre attachait un cou de cheval à une tête humaine, et revêtait de plumes variées des membres pris çà et là, de façon qu’un beau torse de femme se terminât en noir poisson, pourriez-vous, amis, ne point rire, admis à un tel spectacle ? Croyez, Pisons, qu’il serait semblable à ce tableau, le livre qui retracerait de vaines images, telles que des songes de malade, où ni les pieds, ni la tête ne se rapporteraient à une figure unique.

 

Sans doute le droit d’oser a toujours été commun aux peintres et aux poètes; nous le savons, et, ce droit, nous le réclamons et l’accordons tour à tour; mais non, cependant, au point d’unir la colère à la tranquillité, d’accoupler les serpents et les oiseaux, les agneaux et les tigres. A des commencements pompeux, et qui promettent de grandes choses, Sont cousus un ou deux lambeaux de pourpre qui resplendissent de loin : le bois sacré et l’autel de Diana, un cours d’eau qui serpente à travers de belles campagnes, ou le fleuve Rhenus, ou le pluvieux arc-en-ciel; mais, actuellement, ce n’en est pas le lieu. Il est possible que tu saches rendre un cyprès; mais qu’importe à qui t’a donné de l’argent pour être peint nageant désespéré hors de sa nef brisée ? Une amphore est commencée; pourquoi une cruche sort-elle de la roue qui tourne ? (Oeuvres de Horace, Volumes 1 à 2, traduit par Charles-Marie Leconte de Lisle, 1873 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain IX, 12 : le "bois sacré et l'autel de Diane" peut faire référence à Némi (de "nemus" : bois, forêt).

 

On a recherché si un poëme digne de louange était dû à la nature ou à l’art. Pour moi, je ne vois point ce que peut l’étude sans une riche veine, ou, d’autre part, un génie inculte. L’un et l’autre doivent s’entr’aider et conspirer de concert. Celui qui tente d’atteindre dans sa course la borne désirée a beaucoup fait et enduré, étant enfant; il a sué et grelotté; il s’est abstenu de Vénus et du vin. Le joueur de flûte qui dispute le prix Pythique a d’abord étudié et craint sous un maître. Il ne suffit pas de dire : — Je fais des poëmes admirables. Qui reste le dernier ait la gale ! J’aurais honte d’être laissé en arrière et d’avouer que je ne sais pas ce que je n’ai point appris (Oeuvres de Horace, Volumes 1 à 2, traduit par Charles-Marie Leconte de Lisle, 1873 - books.google.fr).

 

Ici apparaît la gale.

 

Dans un commentaire italien du passage de cette épître sur la gale, le mot "sforza" (effort) est employé pour gloser sur "Celui qui tente d’atteindre dans sa course la borne désirée a beaucoup fait et enduré" : Qui studet optatam cursu contingere metam Multa tulit fecitque puer; sudavit et alsit (L'Opere Quinto Horacio Flaco, 1573 - books.google.fr).

 

On retrouve Flavio Biondo de l'interprétation du quatrain IX, 12 - Diane de Poitiers - 2112-2113, qui décrit la ville de Plaisance, patrie de Lucius Piso, et que Francesco Sfoeza assiégea en 1447.

 

Scribit etiam Livius XXI fuisse apud Placentiara emporium ope magna munitum, et valde firmatum praesidio, quod Hannibal expugnare neguivit. Id emporium fuerat a Romanis bello Gallico munitum, inde locum frequentaverant accolae, mixte undique ex finitimis populis, quos proelio superatos Hannibal crudelisseme diripuit. Ornata fuit Placentia T. Tinca oratore Placentino, (358H)  sicut Cicero in Bruto dicit, dicacissimo. Idemque Cicero pro Murena dicit patrem L. Pisonis eius qui fuit C. Iulii Caesaris socer, fuisse Placentinum, et bello Marsico faciendis armis praefuisse. Et diu post habuit Gregorium X pontificem Romanum, qui Lugdunense Concilium celebravit. Isque pontifex celeberrimus post multa gloriose in ecclesia dei gesta, Arretii obiit et sepultus est, ubi saepe miraculis coruscavit. Scribitque Plinius, cum Vespasiani imperatoris edicto census Italiae haberetur, virum unum Placentiae repertum fuisse, qui XXX centumque vixisset annos. Eaque civitas ad annum XLIX supra ducentesimum et millesimum Palavicinis nobilibus subiecta fuit, cum numguam prius cuique alteri subdita fuisset, qui non Italiae omnis, eut saltem Longobardiae totius dominium obtineret Casus veto guos postea per aetatem nostram pertulit horrendos referre infinitum fuerit. Sed salis superque sit nunc clariores breviter explicare. Post modem Ioannis Galeatii Vicecomitis, qui fuit primus Mediolani dux intra duos annos Placentia octies praedae exposita fuit, ad eamque tunc devenit calamitatem, ut nos ipsam perlustraverimus totem omni mortalium, praeterquam unius publici hospitatoris habitatione destitutam, et ad annum postea plus minus XL Philippe duce Mediolanensium tertio vita functo, cum populus Mediolanensis se liberum esse parum fortunato (359A) consilio quaesivisset, Placenciaque Venetis se dedisset, in eam Mediolanensium arma verterunt. Franciscusque Sfortia, Mediolanensis populi ductor exercitus, illam durissima messit obsidione (Biondo Flavio's "Italia illustrata", Tome 1, traduit par Catherine J. Castner, 2005 - books.google.fr).

 

Spolète se trouve sur la voie Flaminia cf. encore le quatrain III, 21 - Les deux maisons de Properce - 1720.

 

Il fallut de bonne heure et par la suite organiser un rĂ©seau de communications pour faciliter les Ă©changes. Hors de Rome, le rĂ©seau des routes s'est Ă©tendu progressivement : entre 450 et 400, on voit remplacer les pistes par les uiae Latina, Gabina, Salaria, Norbana (jusqu'Ă  Capoue), Flaminia (jusqu'Ă  Narni), Cassia et Claudia en Étrurie; en 350, la uia Latina atteint l'Algide et poursuit jusqu'Ă  la vallĂ©e du Liris, Ă  Cales et Capoue ; en 312 Appius Claudius remet en Ă©tat le parcours jusqu'Ă  Capoue et lui donne son nom ; en 303, est commencĂ©e la uia Valeriana de Rome au lac Fucin, Carsioli et Albe ; en 299, la uia Flaminia est reprise vers Narni par Ocriculum ; en 290-289, on relève les accotements de la uia Appia, poussĂ©e en 270-225 jusqu'Ă  Tarente-Brindisi ; en 240 on prolonge la uia Flaminia jusqu'Ă  Spolète et en 299 jusqu'Ă  Fanum Fortunae ; en 210, on entreprend la uia Valeria en Sicile ; en 187, on travaille Ă  la m'a Aemilia (Ariminum-Bononia-Placentia) ; en 177, la uia Aurelia joint Rome Ă  Luna et Modène Ă  AquilĂ©e; de 154 Ă  125 s'achève la uia Cassia d'Arretium Ă  Florentium et Pisae Viennent ensuite la uia Postumia (GĂŞnes-Plaisance-CrĂ©mone AquilĂ©e), la uia Aemilia Ă©tendue de Plaisance Ă  Dertona, en 148 la uia Flaminia prolongĂ©e le long de l'Adriatique vers AquilĂ©e et Brindisi, la uia Egnatia de Dyrrachium-Apollonia-Thessalonica-Hebrus (première route entreprise hors d'Italie), la uia Popillia refaite sur l'ancien parcours Capoue-Messine ; on Ă©tablit en 129 la uia Domitia du RhĂ´ne aux PyrĂ©nĂ©es, la uia Gabrina entre Salone et Adretium, en 117 la uia Caecilia de Rome Ă  Hadria, en 109 la uia Aemilia de Luna Ă  GĂŞnes ; en 100, le parcours GĂŞnes-Dertona est relevĂ©, les uiae Aurelia et Cassia, Domitia et Egnatia sont remises en Ă©tat ; en 77, la route du Genèvre, d'Arles-Valence-Vienne Ă  Turin, est lancĂ©e par PompĂ©e, en 57 la route de Martigny Ă  Genève reprise par CĂ©sar, en 46-44 la uia Augusta commencĂ©e Ă  Valencia. Les Romains s'inspirent des mĂ©thodes des Italiens du Nord pour l'Ă©tablissement de l'assiette et du pavement, des Étrusques pour les fossĂ©s, l'Ă©coulement des eaux, le tracĂ© des gorges de guidage des roues, des Grecs pour la fixation du lithostrate, des Italiens du Sud pour l'Ă©pandage de la pouzzolane sur une ou deux couches de gravier (Raymond Bloch, Jean Cousin, Rome et son destin, 1960 - books.google.fr).

 

En Sologne, c'est saint Caprais qui guérit de la gale, il est surnommé le bon saint Perli. A Presly, canton de La Chapelle-d'Angillon (Cher), le patron de l'église est saint Caprais (Bernard Edeine, La Sologne; contribution aux études d'ethnologie métropolitaine, Tome 2, 1974 - books.google.fr).

 

L'huile de Sainte Catherine, près de Modène, est pour la 1ère fois appelĂ©e pĂ©trolĂ©on ; elle guĂ©rit de la gale, des ulcères, des coliques, de l'Ă©pilepsie . Partout en Europe, on connaĂ®t et on recueille le liquide issu des "fontaines de poix" (Thierry Martin, Les États-Unis, le pĂ©trole et la guerre: comment comprendre les Ă©vĂ©nements du 11 septembre 2001, 2002 - books.google.fr).

 

Un grand nombre d'auteurs des XVe, XVIe et XVIIe siècles, dit M. Fournel, ont indiqué le même remède. On peut citer notamment François Arioste, qui guérit des hommes et des animaux de la gale avec le pétrole qu'il avait découvert, en 1460, au mont Zibio, dans le duché de Modène. [...]

 

Pline (Histoire naturelle, liv. XXXV, chap. 15), parlant du pétrole d'Agrigente que l'on nommait alors huile de Sicile dit : "On s'en sert pour les lampes au lieu d'huile ; on l'emploie

aussi pour la gale des bĂŞtes de somme" (Journal de chimie medicale, de pharmacie, de toxicologie, Volume 5, 1839 - books.google.fr).

 

Les Bolonois vantent la salubrité du climat : la gale, qu'on attribue au trop fréquent usage des viandes salées, y est fort commune (Description historique et géographique de l'Italie en forme de dictionnaire, 1776 - books.google.fr).

 

Feu sauvage (cf. "truculent") : ergotisme

 

Ignis convient aux affections provoquant des douleurs cuisantes semblables Ă  des brĂ»lures. Il convient aussi Ă  celles dont les lĂ©sions apparentes, noires ou rouges, Ă©voquent les unes l'image d'un rĂ©sidu de combustion, les autres celles d'une flamme dĂ©vorante. Des maladies connues encore aujourd'hui sous le nom de charbon ou sous celui d'anthrax appartiennent Ă  la première de ces deux catĂ©gories. De mĂŞme les Ă©pidĂ©mies qu'Ă  la suite de Sigebert de Gembloux, les chroniqueurs du XIe au XIIIe siècle appelleront ignis sacer, Ă©pidĂ©mies que beaucoup plus tard on identifiera avec l'ergotisme gangrĂ©neux. Les mĂ©decins de la fin du Moyen Age et de la Renaissance dĂ©signeront par ce nom bien d'autres gangrènes. D'autre part c'est Ă  une flamme que sont assimilĂ©s les Ă©rythèmes, notamment l'Ă©rysipèle. Celse sĂ©parait du feu sacrĂ© l'Ă©rysipèle qu'il cite sous son nom grec "erusipelas", tandis qu'aux confins de l'AntiquitĂ© et du Moyen Age, vers l'an 400, Theodorus Priscianus rendra par ignis sacer le mot "erusipelas" rencontrĂ© dans Hippocrate et qu'un demi-siècle après, Cassius Felix constatera la synonymie des deux termes: Ignis sacer.... a Grecis erysipelas uocatur. L'Ă©quation "erusipelas" = ignis sacer bĂ©nĂ©ficiera longtemps de la faveur des traducteurs; au XIXe siècle elle sera encore admise. Si ignis se justifie aisĂ©ment, ce n'est point le cas de sacer et on appliquerait volontiers Ă  sacer ignis ce qu'Hippocrate, au dĂ©but du "Peri tès ierès nousou", disait de l'Ă©pilepsie, maladie qui n'a «rien de plus divin ni de sacrĂ© que les autres  la nature et la source en Ă©tant la mĂŞme que pour les autres maladies». Isidore de SĂ©ville, au chapitre 8 du livre IV des Etymologies, se plait a voir dans sacer ignis une antiphrase: Erisipela est quem Latini sacrum ignem appellant, id est execrandum per antiphrasim. IngĂ©nieux, mais peu convaincant. Au contraire l'Ă©pithete acer sied bien a un mal tel que l'Ă©rysipèle qui fait Ă©prouver des douleurs mordicantes; or c'est prĂ©cisement le sens d'Ă©rysipele que revĂŞt ignis acer. Peut-ĂŞtre n'est-il pas indiffĂ©rent de rappeler que le VIIe livre des ĂŠpidĂ©mies, attribuĂ©es Ă  Hippocrate bien que d'une Ă©poque postĂ©rieure, cite le cas d'un hydropique chez qui, Ă  la face interne de la cuisse, s'Ă©tait montrĂ©e une rougeur livide, ce que LittrĂ© traduit par «engorgement comme Ă©rysipĂ©lateux», conformĂ©ment Ă  l'interprĂ©tation de Galien dans son ExĂ©gèse de la langue hippocratique : "puros agrion", ignis agrestis, erysipelatis. Paul Richter qui, soit dit en passant, voit dans ce texte une allusion, non Ă  l'Ă©rysipèle mais au charbon, se demande si l'inadvertance d'un copiste, lisant "pur agrion" (feu agreste) Ă  la place de "pur agion" (feu sacrĂ©) n'est pas Ă  l'origine du latin ignis sacer. Faute de textes l'hypothèse est invĂ©rifiable, comme il le reconnaĂ®t lui-mĂŞme. Il en Ă©met une autre, pour nous d'un intĂ©rĂŞt plus immĂ©diat et d'autant plus sĂ©duisante qu'en français «feu sauvage», en allemand «wild feuer», en anglais «wild fire» sont des noms de d'Ă©rysipèle. Ignis persicus, synonyme d'ignis sacer, qu'on trouve souvent sous la plume des mĂ©decins du Moyen Age, après que leur science fut devenue tributaire des Arabes, ne serait-il pas dĂ» Ă©galement Ă  un lapsus calami ? «Nar farsijje» (feu persique), aurait remplacĂ© «nar barijje» (feu sauvage) qui nous eĂ»t ramenĂ© Ă  "pur agrion". J'ai soumis le cas Ă  Melle d'Alverny, Conservateur-adjoint au DĂ©partement des manuscrits de la Bibliothèque Nationale. Son avis autorisĂ© est que l'aspect tout diffĂ©rent de «farsijje» et de «barijje» dans l'Ă©criture arabe rend tout Ă  fait improbable l'erreur de transcription suspectĂ©e par Richter. Il n'y a pas lieu non plus de s'arrĂŞter a la ressemblance, qui a grande chance d'ĂŞtre fortuite, entre "agrion" d'une part, acer et plus encore ager de l'autre. Ce qui pourrait importer davantage, c'est qu'Ă©loignĂ©s au dĂ©part, sur le terrain de la sĂ©mantique, l'adjectif grec et le latin finissent par s'y rejoindre, en revĂŞtant l'un et l'autre par extension le sens de «rude», de «violent», de «sauvage». Est-ce Ă  dire qu'ignis sacer ne soit qu'une latinisation de "pur agrion" ? Une traduction des ÉpidĂ©mies, d’une Ă©poque voisine de celle oĂą l'on commence Ă  constater l'apparition du terme nous Ă©clairerait utilement Ă  cet Ă©gard. Malheureusement il n'en existe pas de telle. La plus ancienne, du XIIIe siècle, dit-on, reprĂ©sentĂ©e par plusieurs manuscrits et recueillie dans les Ă©ditions de l'Articella Ă  partir de 1483, est rĂ©duite au livre VI. Du livre VII, dont il s'agit prĂ©sentement, Diels ne cite aucune traduction antĂ©rieure Ă  celle de Manens Leontius, par laquelle s'ouvre le manuscrit Plut. 73. 12 de la Laurentienne; dĂ©diĂ©e au pape LĂ©on X, elle appartient au XVIe siècle. Au surplus n'oublions pas que l'exemple de "pur agrion" fourni par les ÉpidĂ©mies reste unique. Suffit-il Ă  expliquer l'expansion d'ignis acer ? Sur les voies par lesquelles ignis acer s'est introduit dans la langue mĂ©dicale, on est rĂ©duit Ă  des conjectures. Sur la place que cette expression y a effectivement occupĂ©e, il ne peut y avoir aucun doute

 

Recettes «ad ignem salvatge» aux f. 35, 74 v°, 82 ve du manuscrit lat. 11228 de la Bibliothèque Nationale, du XIVe siècle. «Sauvage» dérive de silvaticus. A rapprocher d'ignis silvester (Acta sanctorum Februarii, II, p. 765) et de focus silvester, non donné en Normandie a la miliaire.

 

«Barachien» parait dans la traduction d'Avicenne par Gérard de Crémone (1114 - 1187) (1. VI, den III, tr. I, c. I, de apostematibus). Ce mot est-il a rapprocher de « barijje» ? Melle d'Alverny s'étant reportée au texte arabe, a trouvé a sa place « taraqiya» mot qu'elle suppose dérivé du grec. Peut-être de "tarachôdes" (turbulent) (Ernest Wickersheimer, Ignis sacer, ignis acer, ignis ager, Actes VIIIe congrès de l'histoire des sciences, 1958 - books.google.fr).

 

Les personnalités qui se sont rendues en pèlerinage à Saint-Antoine l'Abbaye en Dauphiné sont nombreuses : on compte parmi celles-ci le roi de Sicile et Comte de Provence, Jacques d'Aragon, le Duc de Bourgogne, le roi Sigismond, Charles IV, Martin V de retour du concile de Constance, Philippe de Chantemillan, femme laïque de Vienne réputée sainte, l'empereur Maximilien au XVIe siècle, les ducs de Milan, de Jean Galéas Visconti jusqu'à Francesco Sforza. Louis XI fit deux donations importantes au sanctuaire en 1475 et 1482, la seconde au profit d'une chapelle Notre-Dame des Grâces. En 1477, le pèlerinage était classé en tête des richesses pouvant être exploitées par le Dauphin (sanctuaires.aibl.fr, Elisabetta Filippini, Potere politico e Ordini religiosi, Monasticum regnumr, 2015 - books.google.fr).

 

L’Ospedale Maggiore, ou Magna Domus Hospitalis (Ca’Grande) a été fondé en 1456 par Francesco Sforza et sa femme Bianca Maria Visconti, et construit par Filarete, de 1456 à 1495. Aujourd’hui siège de l’université (Jean Hiernard, Les voyages de Seyfried Rybisch, étudiant silésien : Itinéraire (1548-1554), 2017 - books.openedition.org).

 

Le complexe de San Antonio Abate de Milan a été construit après 1272 par les moines Antoniens de Vienne, qui y prennent soin des malades du feu sacré. Quand Francesco Sforza décide de réunir tous les hôpitaux de la ville dans le  "Ca Grande'(L'Hôpital Majeur), le couvent perd sa fonction et est donné à la puissante famille de Trivulzio, qui le garde de 1452 jusque dans la seconde moitié du XVIe siècle. Une nouvelle période commence en 1577, lorsqu'il est confié à l'ordre de Clercs Réguliers Théatins (boowiki.info).

 

Cf. quatrain IX, 10 - Catalogne, Navarre et Dauphiné - 2110-2111.

 

"Deux de Modène" : les Este et Francesco Sforza

 

Avec Nicolas III (1383-1441) la puissance de la maison s'affirme - après une période de co-régence florentino-vénéto-bolonaise qui confirme ses droits sur le marquisat - à travers la constitution d'un état qui consolide ses acquis. Lui succèdent deux de ses fils naturels, Lionel (en Italie Leonello ou Lionello 1441-1450), politicien habile et homme de culture, puis Borso (1450-1471), qui confirment tous deux la politique de rayonnement inaugurée par leur père. En 1452 Borso obtient en outre, de l'empereur Frédéric III, les titres de duc de Modène et Reggio et de comte de Rovigo. Enfin, en 1471, il est fait duc de Ferrare par le pape Paul II

 

Le nouveau seigneur est entouré d'un conseil composé d'anciens conseillers de Nicolas III, qui assure la continuité de la politique du défunt, caractérisée par l'équidistance entre ses puissants et ambitieux voisins : Venise, en quête d'une extension vers la terre ferme et Milan, aux visées expansionnistes pointées sur la Romagne. Cette position médiane devient plus difficile à tenir à partir de 1443, quand le pape Eugène IV, déclarant la guerre à Milan (alors gouvernée par Francesco Sforza), ressuscite les tensions sous-jacentes entre Milan et Venise. La Maison D'Este mise alors un temps sur Alphonse d'Aragon, roi de Naples depuis 1442. Un mariage entre Lionel et Marie d'Aragon (fille naturelle d'Alphonse) est ainsi célébré en 1444 et la famille D'Este se retrouve bientôt à servir d'intermédiaire entre Naples et Milan, jusqu'au déclenchement d'une nouvelle guerre entre Milan et Venise, alliée à Florence (1445-1446). Lionel parvient, malgré les appels insistants des belligérants à prendre parti, à conserver une certaine neutralité, ce qui permet à Ferrare d'héberger les pourparlers de paix engagés, en 1447, par le nouveau pape Nicolas V et par Florence, initiative suspendue par la mort, le 13 août 1447, de Filippo Maria Visconti. Alors que le pouvoir des Visconti se délite, Ferrare participe au dépeçage des dépouilles, s'octroyant Castelnuovo Scrivia et Copiano, tout en favorisant l'ascension de Francesco Sforza et le retour à la paix entre voisins, essentielle au développement de Ferrare (fr.wikipedia.org - Maison d'Este).

 

En Sologne

 

La guerre, du temps de la Pucelle, avait Ă©tĂ© une lutte nationale, une guerre sainte. Cette lutte conservait le mĂŞme but, mais non les mĂŞmes moyens, ni le mĂŞme rayonnement moral. La guerre traĂ®nait avec elle, sans compensation, son cortège d'atrocitĂ©s, non plus modĂ©rĂ©es, mais exaspĂ©rĂ©es. D'aiguĂ«, la barbarie militaire devenait chronique. Un chef de bandits Ă©trangers occupait la place de Jeanne Darc. A la tĂŞte de ses huit Ă  dix mille routiers, il Ă©tait l'arbitre de la situation. Le 6 mars 1434, le concile de Bâle dĂ©libĂ©rait pour rĂ©tablir la paix au sein de la chrĂ©tientĂ© : Rodrigo de Villa-Andrando Ă©crivit aux pères assemblĂ©s, pour leur offrir la protection de ses services (Auguste Vallet de Viriville, Histoire de Charles VII, roi de France, et de son epoque, 1403-1461: livre II, 1863 - books.google.fr).

 

Les Écossais étaient «logez. par tout le païs de Sauloigne» en 1430, 1432 et 1435, alors que des gens d'armes «couraient» aux environs de Contres et qu'une garnison était établie à Montrichard; le 25 mai 1437, les «Roddigoys» s'apprêtaient à passer le Cher et à venir loger en Sologne, où ils demeurèrent probablement jusqu'au mois de juillet de la même année. Afin de limiter le pillage, le duc d'Orléans avait dû interdire aux habitants, dès 1434, de se livrer au commerce avec les gens d'armes, mais on trouvera trace des méfaits de ces derniers jusqu'en 1441 dans les registres d'audiences du (Isabelle Guérin, La vie rurale en Sologne aux XIVe et XVe siècles, 1960 - books.google.fr).

 

Dans les provinces du centre on distingua les hommes de Rodrigo de Villandro par le nom de Rodigois, qui équivaut à ce que serait celui de Rodrigais dans la langue actuelle (Jules-Étienne Quicherat, Rodrigue de Villadrando: l'un des combattants pour l'indépendance française au 15e siècle, 1879 - books.google.fr).

 

En 1437, «l'empereur des pillards de France,» selon l'expression de Lefèvre de Saint-Rémy, est en Touraine. A la fin de cette même année, il concerte avec Pardiac et le bâtard de Bourbon une irruption en Bourgogne. Puis il part pour le Quercy, afin d'y rejoindre les partisans qui y guerroient contre les Anglais. Bien qu'à cette époque il serve régulièrement le roi de France, il n'en continue pas moins «ses prouesses de bandit,» ainsi qu'en témoigne un acte de rémission signé de Charles VII, et dans lequel sont d'écrits les maléfices de ses gens (Aperçu historique sur les raids, Journal des sciences militaires, Volume 5, France - Ministre de la Guerre, 1883 - books.google.fr).

 

Auxois

 

En 1432, des pourparlers franco-bourguignons se déroulèrent à Dijon, Auxerre et Semur-en-Auxois. La mort d'Anne de Bourgogne, épouse de Bedford, qui avait toujours essayé de maintenir la concorde entre son mari et son frère, aggrava encore les choses. Le rapprochement franco-bourguignon fut, en revanche, facilité par la disgrâce, en juin 1433, de Georges de la Trémoïlle, dont Philippe le Bon se défiait. Le camp de la réconciliation reprenait le dessus. Il était mené par Yolande d'Anjou, par Charles du Maine, son fils, par le connétable de Richemont, rentré en grâce, par le comte de Clermont, qui devint, en janvier 1434, à la mort de son père, le duc de Bourbon, Charles Ier (André Leguai, La guerre de Cent ans, 1974 - books.google.fr).

 

En Auxois, la noblesse locale fait alliance avec les Écorcheurs : elle festoie et joue aux dés avec eux (Ferdinand Lot, L'art militaire et les armées au moyen âge en Europe et dans le Proche Orient, Tome 2, 1946 - books.google.fr).

 

En 1433, Pierre de Bauffremont, maréchal de Bourgogne, opérait alors du côté de Chatillon-sur-Seine. Il reprit d'assaut la forteresse du Bois, la fit démolir, puis, le 16 février, étant à Chatillon, il manda aux seigneurs de Ruffey & de Plancy, qui se trouvaient à Montbard, de venir le rejoindre avec leurs compagnies. Les bandes de Forte-Epice, après leur pointe sur Vèzelay, étaient revenues dans l'Auxerrois. Au mois de mai, ces routiers tentèrent un coup de main sur Auxerre et sur Noyers ; ils furent repoussés. Pierre de Bauffremont envoya encore des gens d'armes et de trait dans ces deux villes, et fit ravitailler Auxerre. Dans le même mois de mai, Rodrigue de Villandrando menaçait les frontières du Charollais et du Maconnais. Le seigneur de Charny écrivit à plusieurs nobles de ces pays de se trouver en armes, le 15 mai, à Labergement-le-Duc, près Seurre, puis, après les montres passées, s'opposer aux bandes de Rodrigue. Cette levée de gens d'armes empêcha Villandrando d'exécuter ses desseins surle Charollais ; il se dirigea du côté des bailliages d'Auxois et de la Montagne. Informé de cette marche, Pierre de Bauffremont réunit cinq cents hommes d'armes et de trait; avec ces gens, le maréchal de Bourgogne tint tète aux pillards. Les troupes du nouveau duc de Bourbon occupaient toujours le château de la Roche de Solutré. On réunit une assemblée à Moulins-Engilbert pour traiter de l'évacuation de cette forteresse. Charles, comte de Nevers, et Jean, comte de Réthel, présidèrent la réunion, dans laquelle on arrêta seulement une trêve entre les ducs de Bourgogne et de Bourbon. Les conférences ne donnant aucune solution et aboutissant simplement à des trêves, Philippe le Bon résolut de reprendre les places que les Armagnacs tenaient encore dans ses pays. Il quitta la Flandre, et, dès son arrivée au duché, fit investir Avallon ; Forte-Epice en était maître depuis le 30 novembre précédent. Il avait mis en coupe réglée l'Auxois, le Tonnerois, le comté de Nevers (Jean Louis Bazin, La Bourgogne de la mort du duc Philippe le Hardi au traité d'Arras, 1404-1435, Mémoires de l'académie des sciences, lettres et arts d'Arras, Volumes 21 à 22, 1897 - books.google.fr).

 

Cf. le quatrain I, 22 - Gilles Garnier - 1573-1574 pour trouver la famille Bauffremont au XVIe siècle.

 

La province jouit d'une grande tranquillité pendant plusieurs années; mais des fléaux d'une autre espèce l'affligèrent sur la fin de 1437. Une famine considérable se fit sentir dans tout le royaume. L'auteur du Journal de Paris, sous Charles VI et Charles VII, en a fait mention. La Bourgogne n'en fut pas exempte; les annales des Carmes de Semur-en-Auxois en parlent aussi et ajoutent que la peste s'y joignant emporta beaucoup de monde. Pour comble de calamité, on eut prodigieusement à souffrir des désordres que causaient les brigands et gens sans aveu qui choisissaient ces temps malheureux où la contagion empêchait les gens de la campagne de communiquer les uns avec les autres, pour voler et piller impunément (Francois Vincent Verdot, Mémoire historique sur la ville de Semur-en-Auxois de Gaspard Pontus marquis de Thyard, 1893 - books.google.fr).

 

Ecorcheurs ou Roddrigoys ?

 

Charles du Maine

 

Charles IV d'Anjou, né le 14 octobre 1414 à Montils-lès-Tours, mort le 10 avril 1472 à Neuvy-le-Roi, comte du Maine de 1434 à 1472, de Guise de 1444 à 1472, fils de Louis II d'Anjou et de Yolande d'Aragon, était un prince du sang français (arrière-petit-fils du roi de France Jean II) qui fut notamment le favori de son beau-frère Charles VII de 1433 à 1445. Il épouse d'abord Cambella Ruffo († 1433), fille de Carlo Ruffo, comte de Montalto, et de Ceccarella Sanseverino. Ils ont un fils, Jean Louis Marin né en 1433, mort jeune (fr.wikipedia.org - Charles IV du Maine).

 

La première épouse (1418) de Francesco Sforza est la comtesse de Montalto, Polissena Ruffo de Calabria, veuve de Jacques de Mailly - et soeur de Cambella (ou Cobella), toutes deux dernières héritières des Ruffo de Montalto -, qui lui donne une fille, Antonia Polissena Sforza (morte jeune peut-être empoisonnée). La seconde épouse de Francesco Sforza est Maria Caldora mais le mariage est annulé par le pape Martin V. Sa troisième épouse est Blanche Marie Visconti (1425-1468) (fr.wikipedia.org - Francesco Sforza).

 

A la fin du XIVe siècle, il y a trois branches principales: 1) Les Ruffo Comtes de Catanzaro, représentés surtout par Niccolo, marquis de Crotone, branche aînée; 2) Les Ruffo Comtes de Montalto, parents du Roi Charles III; 3) Les Ruffo Comtes de Sinopoli, qui se subdiviseront en plusieurs branches par la suite et sont les ancêtres des Ruffo des Temps Modernes et de ceux qui se sont installés en Provence (Lamanon, Beauvezet, branches éteintes aujourd'hui, et les Ruffo de Bonneval encore existants au XXIe siècle).

 

Montgrand décrit Cobella III comme étant «une femme aussi virile que terrible». Papon assure qu'«elle joignait à la méchanceté la plus noire tout l'orgueil d'une naissance illustre». Ferrante della Mara dit qu’elle est «de nature si méchante qu’elle n’aimait et n’était aimée de personne». Par contre, on dit qu'elle était une femme belle, cultivée autant qu'on pouvait l'être à cette époque. Elle a épousé Giovanni Antonio Marzano, Duc de Sessa, dont elle a un fils, Marino. [...]

 

Cobella III qui s'est emparée de tout le crédit auprès de la reine du Sénéchal Cartacciolo, qu'elle fait éliminer, décide de favoriser son accession au trône. Elle obtient de Jeanne II qu'elle annule les dispositions en faveur de Louis III en choisissant à nouveau Alfonse pour héritier. Le sort du Royaume est entièrement entre les mains de Cobella III ! Alfonse lui manifeste sa reconnaissance en lui promettant d'autres fiefs et, pour son fils Marino Marzano, Prince de Rossano, la main de sa fille naturelle Éléonore. Puis le Roi a avec elle une vive altercation. Le mariage n'eut pas lieu. Alors Cobella III réagit en prenant à nouveau le parti du successeur évincé, Louis d'Anjou. La Reine qui n'en était pas à une volte-face près, suivit son avis... Peu après, Cobella III va épouser le propre frère de Louis III d'Anjou, Charles d'Anjou Comte du Maine. Par cet illustre mariage, elle entre dans la Famille royale, ayant pour beaux-frères le Roi Louis III de Naples, le Roi Charles VII de France et le futur Roi de Naples René le Bon. Ce mariage eut lieu en 1434 comme en témoigne la généalogie de la branche royale d’Anjou, issue de celle des Valois. Louis III meurt prématurément en 1434, au château de Cosenza, en Calabre, à l'âge de 31 ans. Le Roi stipulait dans son testament que la fille de René d'Anjou, son frère, fut unie en mariage au fils de Cobella III qualifiée «sa belle-sœur», et il nomme celle-ci ainsi que son époux Charles Comte du Maine, comme ses exécuteurs testamentaires. Les archives Ruffo de Bonneval - La Fare contiennent plusieurs copies authentifiées du testament de Louis III. L'original est conservé aux Archives des Bouches du Rhône, Série B, Cour des Comptes n°168 folio 99 bis. De nombreux auteurs en font mention: Chazet, Moneri, Nostradamus, de Limiers, Montgrand, Imhoff... (www.ruffodecalabre.be).

 

Francesco Sforza n'a pas été précisément le beau-frère de Charles du Maine, puisque Polissena Ruffo est morte en 1420.

 

Charles VII, dans un conseil nombreux qu'il tint, érigea la baronnie de Laval en comté, relevant nûment du roi, par lettres qui furent vérifiées au parlement le 17 mai 1431. L'érection de Laval en comté prenant son indépendance sur le comté du Maine, n'avait pas été vue avec plaisir par Charles d'Anjou, comte du Maine. Le comte de Laval eut à lutter pour se mettre en possession des droits et des prérogatives qui ressortaient de la concession royale. Charles d'Anjou, comte du Maine, pour conserver l'hommage et la supériorité sur la seigneurie de Laval, s'opposa à cette érection, disant, que le roi n'avait pu faire de son vassal un comte en pareille dignité que lui.

 

Le Maine couvre approximativement 10000 km2 et compte 800000 habitants, appelés Mainiots et Mainiotes. En dehors de la capitale historique, Le Mans, les principales villes sont Laval, Sablé-sur-Sarthe, Mayenne, Mamers et La Ferté-Bernard (fr.wikipedia.org - Comté du Maine, fr.wikipedia.org - Maine (province)).

 

Saulge, ermitage de saint Céneré, se trouve dans le Maine, doyenné de Brullon, et dépendait de l'évêché du Mans (Topographie des Saints, 1707 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LCDM ou 1650 Ă  l'envers

 

Il est presque incroyable que, malgré les progrès de tout genre que la médecine fait de nos jours, une maladie aussi répandue que la gale soit néanmoins si peu connue. Effectivement, malgré les nombreux ouvrages que l'on a écrits sur ce sujet depuis plusieurs siècles, la cause en est tout aussi ignorée que le traitement en est ridicule. Sans vouloir m'occuper ici de l'historique de la gale ,je mentionnerai seulement en peu de mots quelques écrits à moitié oubliés et que nous possédons depuis longtemps sur cette matière; plusieurs sont d'un grand intérêt et viennent à l'appui de ma manière de voir, surtout en ce qui concerne la découverte du ciron de la gale. Dans les anciens temps, on n'avait qu'une idée confuse et indistincte de la gale; on comprenait sous ce nom diverses maladies cutanées accompagnées de prurit. Ebn Zohr (Avenzoar, 1179) appelle vésicules les efflorescences de la gale, il est le premier qui mentione de petits animalcules qu'il a décrits et qu'il compare aux poux (pediculi sive pedicilli, en arabe Asoabat); ils rampent et se cachent sous la peau des mains et des pieds, et y font naître des pustules remplies d'eau. Depuis ce temps, jusqu'au 17e siècle, on ne fait nulle part mention du ciron de la gale, mais on confond cette maladie avec plusieurs autres maladies de la peau. Selon Galen, Sylvius et Helmontius. il faut en chercher la cause dans un vice des humeurs ou dans une âcroté et dans une fermentation particulière du sang ; ces diverses opinions se conservèrent malheureusement jusqu'à nos jours. Malgré ces idées, lu connaissance de l'existence du sarcopte ne fut pas perdue entièrement, car à défaut des médecins et des naturalistes, ce furent de simples paysans qui, dans plusieurs contrées de l'Italie et de l'Allemagne, exercèrent leur adresse, à extraire de la peau des galeux avec une petite aiguille ces animalcules qu'on appelait Sàùren. Moufet nous en donne la preuve dans un passage de son ouvrage qui a paru à Londres en 1634, dans lequel il dit que les cirons sont de très petites bêtes que l'on trouve dans de vieux fromages ou dans la peau humaine; le bas peuple qui a le talent de les extraire et de les faire entièrement disparaître s'est ainsi acquis le nom de Saùren graben. Moufet est le premier qui, dans l'ouvrage ci-dessus mentionné, ait exactement décrit la place où se trouve le sarcopte scabiei, ainsi que les canaux ou sillons qu'il se creuse, de même que les efflorescences qui s'en suivent, d'où il résulte qu'il a non-seulement bien connu la gale, mais qu'il a aussi possédé l'adresse d'extraire les cirons ou sarcoptes.

 

Dans une lettre que Hauptman, médecin de Leipsig, écrivit en 1650 à Ath. Kircher, jésuite romain, il fait aussi mention des cirons ou acari (en allemand Bictliesen) qu'il avait extraits lui-même, examinés ensuite au microscope et dessinés bien que très-imparfaitement. Plusieurs écrivains mentionnent aussi les cirons de la gale, ainsi Storch 1651, Haffenreffer d'Ulm 1660, Dan. Ludovici 1678, Morgagni et Ettmuller 1692, etc. Mais Bonomo 1683, et H. Cestoni furent les premiers qui prouvèrent par leur description des cirons et de la gale, qu'ils avaient tous les deux bien connu cette maladie. On dit que ce fut le premier, ou selon d'autres, Isaac Colonello, qui, à l'aide d'un microscope, observa un sarcopte déposant son œuf. Quoique Lanzoni 1692, et Mad 1702, en traduisant et publiant la lettre de Bonomo à Redi au sujet de la gale, de même que Linné en 1766, de Geer en 1778, aient beaucoup contribué à la connaissance de cette maladie, tant par la description que par le dessin du ciron, cependant c'est Nickman qui, en 1796, s'est acquis le plus grand mérite en décrivant le premier, d'une manière aussi claire que vraie, les causes, la nature et le mode de propagation de la gale (Dr Hebka, De la gale, traduit par le Dr Joris, Annales des maladies de la peau et de la syphilis, Volume I, 1844 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Francesco Redi).

 

La peste, de provenance mĂ©ridionale, sĂ©vit principalement sur le nord de la France, mais n'Ă©pargna pas l'ouest; de 1628 Ă  1650, elle exerça ses ravages d'une façon presque continue. [...] En 1650 sĂ©vit une autre maladie ; les rĂ©coltes avaient Ă©tĂ© insuffisantes, surtout en 1648 et 49 : le blĂ© et le seigle altĂ©rĂ©s; l'ergotisme, connu aussi sous le nom de feu sacrĂ©, de feu de Saint-Antoine, fit de nombreuses victimes dans les basses classes; la Sologne fut très Ă©prouvĂ©e (Bibliographie : "La misère au temps de la Fronde" de Alphonse Feillet, Annales d'hygiène publique et de mĂ©decine lĂ©gale, 2e sĂ©rie, Tome XVII, 1862 - books.google.fr).

 

Mercenaires

 

La "Peste Noire", marque le dĂ©but atroce d'une phase morbide, longue de trois siècles. Toutefois, si violente qu'elle soit, si persistante aussi, la peste obĂ©it aux règles mĂŞmes de toutes les Ă©pidĂ©mies : certes des trous bĂ©ants se creusent dans la population, mais, le flĂ©au passĂ©, la vie reprend ses droits, les blessures se cicatrisent, veufs et veuves se remarient en hâte ("les hommes et les femmes qui restaient se marièrent Ă  l'envi", raconte Jean de Venette)" et il y a, de façon rĂ©gulière, recrudescence des naissances. Ă€ Givry, en Bourgogne, 15 mariages d'ordinaire, bon an mal an ; 86 en 1349. Toutefois, aux mĂ©faits de la peste s'ajoutent les destructions d'une guerre insistante, obstinĂ©e. Évidemment, la guerre dite de Cent Ans n'a rien Ă  voir avec le modèle des conflits modernes. Il faut dire "cent ans d'hostilitĂ©s", mais non une guerre de cent ans. Les conflits, autant sociaux et anarchiques que politiques, sont intermittents, coupĂ©s de trĂŞves, de nĂ©gociations. En moyenne, une annĂ©e de guerre sur cinq. Cependant, les campagnes sont dĂ©vastĂ©es, ou par le pillage des troupes qui, toutes, vivent sur le pays, ou par les destructions tactiques qui visent Ă  priver l'adversaire de ravitaillement.

 

Au terme de ce calvaire, la population française est terriblement amoindrie. Si, en 1328, le royaume comptait de 20 à 22 millions d'habitants, acceptons qu'en 1450, il en compte au plus 10 à 12, chiffre supérieur, probablement, à ce qu'il était à l'époque de Charlemagne. Mais quel recul ! Ce reflux de 1350 à 1450 - dates l'une et l'autre approximatives, «grosses», comme l'on dit - ne concerne pas seulement la France. Vous avez sûrement remarqué, en parcourant les excellentes histoires générales dont nom disposons, ou en lisant les lignes qui précèdent, que les explications sur l'essor, comme sur le repli, mettent en cause l'Europe dans toute son étendue. L'histoire de la France est largement induite par cet enveloppement. La guerre de Cent Ans, qui s'installe de préférence dans notre espace, ne nous est pas - comment dire ? - personnelle. C'est une épidémie qui a envahi le continent, qui y végète, y bourgeonne à l'aise, y étale ses forces partout les mêmes, ou peu s'en faut. Partout des groupes armés pillent sans vergogne, n'obéissant qu'à leur capitaine, à leur condottiere. "Celui-ci peut se mettre plutôt au service d'un prince que d'un autre, mais c'est pure affaire de solde. Jean Chandos, Robert Knowles, John Falstaff sont aux côtés des Anglais, Du Guesclin, Gressart et Cervolle servent le Valois, Hawkwood travaille pour le pape de Rome, Colleone pour Venise, Campobasso et Villandrando pour n'importe qui, François Sforza pour lui seul" (Albert Grenier, Aux origines de l'économie rurale : la conquête du sol français, in : Annales d'histoire économique et sociale, 1930) (Fernand Braudel, L’Identité de la France (Tome 2) - Les hommes et les choses, 1990 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2113 sur la date pivot 1437 donne 761 et sur 1434 755.

 

En 747, Carloman se retire dans un monastère et Pépin libère Griffon, leur demi-frère puîné, qui se réfugie en Saxe, puis en Bavière chez son oncle Odilon. À la mort de ce dernier, Griffon devient duc de Bavière, au détriment de Tassilon, le fils d'Odilon âgé de sept ans. Pépin, frère d'Hiltrude, la mère de Tassilon, rétablit son neveu dans ses droits et, voulant éviter la guerre, donne à Griffon Le Mans et plusieurs comtés neustriens dont peut-être le comté de Paris. Dès que Pépin entreprend de renverser Childéric III, le dernier mérovingien, pour monter sur le trône, Griffon reprend la lutte contre Pépin. Il refuse à Pépin l'accès au Maine et s'allie avec les Bretons et avec Waïfre, duc d'Aquitaine. Au bout de deux ans de combat, Griffon, contraint de quitter l'ouest du royaume, décide de se rendre en Italie afin de se joindre au roi des Lombards Aistolf, le plus puissant adversaire de son frère. Mais en traversant les Alpes, Griffon trouve la mort en 753, tué par des hommes de Pépin à Saint-Jean-de-Maurienne en Savoie (fr.wikipedia.org - Griffon (carolingien)).

 

En 755 : Expédition des Francs contre les Lombards. L'armée franque passe les Alpes et se présente devant Pavie. Fin juin : Aistolf doit signer le premier traité de Pavie avec Pépin. L’exarchat de Ravenne, la Pentapole et la Corse (754-756) sont confiés à l’Église (donation de Pépin) (fr.wikipedia.org - 755).

 

1er mai 1761 : PĂ©pin le Bref tient son champ de mai Ă  DĂĽren et congĂ©die son armĂ©e. Les troupes de WaĂŻfre d’Aquitaine, conduites par le comte de Bourges Humbert et le comte d'Auvergne Blandin envahissent la Bourgogne au dĂ©but de l'annĂ©e et ravagent le pays depuis Autun jusqu'Ă  Châlons-en-Champagne. PĂ©pin rappelle ses forces Ă  l'annonce de l'attaque de WaĂŻfre. PĂ©pin le Bref passe la Loire, marche sur l'Auvergne, abat des châteaux de Bourbon et de Chantelle puis s’empare de la citadelle de Clermont qui est incendiĂ©e1. Ses troupes dĂ©vastent le Bourbonnais, l'Auvergne et le Limousin (fr.wikipedia.org - 761).

 

Pépin le Bref reprend d'abord les expéditions contre les Bavarois. Mais les deux grandes guerres de son règne sont celles qu'il fait aux Lombards en 754 et 756, aux Aquitains de 759 à 768. Les deux campagnes de Lombardie se terminent toutes deux sous les murs de Pavie, limite extrême que puisse atteindre l'armée franque pour revenir dans le délai normal de trois mois. Dans la première campagne, les Lombards attendent les Francs près de Suse mais ne leur opposent qu'une résistance dérisoire et prennent la fuite. Les Francs ravagent et pillent toute la plaine depuis les Alpes jusqu'à Pavie. En 759, Pépin envahit la Septimanie où les Arabes ne lui opposent que peu de résistance et qu'il garde définitivement. Il pourra désormais attaquer l'Aquitaine par le Nord-Ouest et par le Sud-Est. Cette conquête de l'Aquitaine sur le duc Waifer, le héros de la Légende des siècles, est la grande oeuvre du règne : le Midi de la France est encore une fois réuni par la force aux pays du Nord. [...]

 

Pépin est éminemment remarquable parce qu'il représente la fusion de l'énergie barbare, commune à toute la France austrasienne, et de l'esprit romain puisé dans une éducation très complète. S'il a fait ses premières armes sous Charles Martel, il a été élevé et instruit au monastère de Saint-Denis. Il garde pour le combat l'armée exclusivement franque de son père, où la proportion des scares à la solde du roi a fortement augmenté au détriment des contingents qu'on peut déjà appeler féodaux. Ces troupes mercenaires, sans rien enlever à l'armée de sa vigueur barbare, sont un élément nécessaire pour la guerre méthodique que veut faire Pépin, guerre de conquête et d'occupation définitive et non plus de pillage. Pépin aura sous la main des guerriers de condition modeste, ne dépendant que de lui, ne réclamant pas le retour prochain sur leurs domaines, et il y puisera les garnisons permanentes qu'il laissera dans les villes conquises. [...]

 

Nous trouvons encore, sous Louis le Débonnaire, des troupes à la solde de l'empereur : des garnisons permanentes sont placées dans les forteresses des Alpes pour interdire à Lothaire de quitter l'Italie. La machine administrative organisée par Pépin et Charlemagne fonctionne toujours et assure à l'empire des ressources suffisantes pour solder des mercenaires. Mais, à peine Louis le Débonnaire est-il mort, que les finances et l'armée se désorganisent à la fois (Histoire de la nation française, Tome 7, 1925 - gallica.bnf.fr).

 

Céneré

 

Dom Jean Mabillon, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, publie en 1669 les Acta Sanctorum Ordinis s. Benedicti Sœculum secundum quod est a Christo nato septimum. Les pages 572 à 578 de cet ouvrage constituent la Vita S. Serenici Confessoris in Pago Oximensi scripta ab auctore anongmo ante Sœculum IX ex. Ms. eod. Abbatiue sancti Martini Sagiensis. Deux chartistes, Mme Lise Dubief, conservateur au Département des Manuscrits de la Bibliothèque Nationale, et Mlle Merlin, devenue depuis Mme Chazelas, m'ont aidé à prendre connaissance de ce texte et à le confronter avec le Ms. 12. Nous avons trouvé le texte imprimé absolument conforme au texte manuscrit, ce qui tendrait à prouver que Mabillon l'a utilisé. Pourtant le Ms. d'Alençon est généralement tenu pour provenir de Saint-Evroult et non de Saint-Martin de Sées. Dans son préambule, Mabillon déclare avoir choisi de publier comme Vie de saint Céneri le Ms. de Saint-Martin de Sées, procuré à lui par le curé de Saint-Céneri-le-Gérei de 1649 à 1692, et non celui de Saint-Maurice d'Angers, plus complet en ce qui concerne saint Céneré. En tout cas, Mabillon fait suivre la Vie de saint Céneri d'une Vie de saint Céneré qui ne commence qu'à l'époque de la séparation des deux frères. On peut penser que ce nouveau récit n'est qu'une copie littérale du Ms. d'Angers. J'ai indiqué plus haut les raisons de critique interne qui m'empêchent de souscrire à l'opinion de Mabillon selon laquelle la Vie de saint Céneri qu'il publie aurait été rédigée «avant le IXe siècle» mais me font donner comme époque de sa rédaction la fin du IXe siècle ou le début du Xe (H. Pastoureau, Histoire de Saint-Céneri-le-Gérei, Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne, 1965 - books.google.fr).

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