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De Néron à Commode en passant par Trajan IX, 17 2116 Le tiers premier pis que ne fit Néron, Vuidez vaillant que sang humain respandre ! Rédifier fera le forneron Siècle d'or mort, nouveau Roy, grand
esclandre ! "pis que Néron" : Martial et Juvénal Martial,
VII, 34 : «Quid Nerone pejus ? Quid thermis melius Neronianis ?» : «Rien
de pis que Néron, mais rien de meilleur que ses Thermes.» Martial était l'ami de Primus Antonius, général qui aida
Vespasien à accéder à l'empire et à battre Vitellius dont un des généraux était Fabius Valens (le latin "valens" a donné le français "vaillant") (cf. IV, 92).
Valens finit sa vie captif des Flaviens et exécuté à Urbino, on exhibe sa tête aux dernières unités de Vitellius comme preuve de sa défaite.
Vitellius remplaçait Othon qui mit à mort Galba qui, lui-même, avait liquidé Néron (Année des quatre empereurs : juin 68 - décembre 69). Sous la république, bien que, suivant Plaute, les avocats
peu scrupuleux fussent déjà en assez grand nombre, le déclassement des
positions sociales n'en était probablement pas encore arrivé à ce point que le
premier venu pût prendre la toge et plaider. Particulièrement à l'époque où
brillaient Cicéron, Hortensius et autres grands
orateurs, une sorte de pudeur et de respect humain devait faire obstacle Ã
l'intrusion des indignes. Mais par la suite cette barrière morale ne les arrêta
plus. Ils la brisèrent; on ne se fit plus admettre au barreau, on y fit
irruption de toutes parts: «Nunc, refractis pudoris et reverentiae claustris,
écrivait Pline le jeune, omnia patent omnibus; nec induit cuntur, sed irrumpunt.»
On y voyait entrer jusqu'à des hommes que leur ancien métier semblait devoir en
exclure à tout jamais. Ce scandale n'échappa point à l'attention de Martial,
qui en fit le sujet de deux de ses épigrammes. L'une est adressée à un
ex-boulanger qui s'était fait avocat. Elle débute ainsi : "Pistor qui fueras
diu, Cipere, / Nunc causas
agis" (VIII, 16) En 96, Domitien fut assassiné. La position de Martial, qui
avait couvert de flatteries ce cruel empereur, devenait très difficile. Il
tenta d'abord de se concilier la sympathie des nouveaux maîtres du monde, Nerva
puis Trajan, un Espagnol, qui lui succéda dès janvier 1998. Il dédia donc Ã
Nerva un florilège d'épigrammes extraites des livres X et XI (cf. XII, 4 et
11), et fit son éloge (X, 72). Mais un nouveau climat moral, plus austère,
s'était installé. Martial était trop compromis. Il ne pouvait pas trouver bon
accueil, et comprit du reste que le temps de l'adulation était terminé (X, 72,
où il invite la Flatterie personnifiée à se rendre désormais chez les Parthes).
Cette situation nouvelle accrut chez lui le dégoût de Rome et la nostalgie de
sa patrie (X, 37 et 96; on a des traces de cette nostalgie auparavant, cf. I,
49 et IV, 55). Il décida en 98 de rentrer chez lui, et chargea un certain Flavus, qui partait pour Bilbilis,
de lui trouver là -bas une maison à un prix modéré (X, 104; ses parents étaient
morts depuis au moins 89, cf. V, 34). Il vendit sa propriété de Nomentum (X, 92), et Pline le Jeune lui paya les frais du
voyage (Pline, Lettres III, 21), non sans doute que Martial ne pût les
acquitter lui-même, mais à titre de cadeau. De retour dans sa patrie après
trente-quatre ans d'absence (cf. X, 103 et 104), il eut cette fois de la chance
: une riche veuve, Marcella, qui vraisemblablement admirait ses vers (rien
n'indique qu'elle ait été sa maîtresse ou soit devenue sa femme), lui offrit
une propriété (XII, 31). Il fut aussi aidé par son ami Terentius
Priscus (XII, 3). Foin désormais des obligations du
client (XII, 18) ! Cependant peu à peu s'insinua en lui une sorte de tristesse
et d'ennui qu'évoque la préface au livre XII. Les avantages du repos et de la
tranquillité ne compensaient pas les petitesses de la vie provinciale.
Paradoxalement, la retraite idéalisée qui devait lui permettre d'écrire le
stérilisa. En fait, il ne pouvait se déshabituer de Rome. Il vécut ainsi quatre
ou cinq apparemment sans beaucoup écrire. Peut-être envisagea-t-il de retourner à Rome. Sa mort est annoncée par
Pline le Jeune dans une lettre datée d'environ 103 (Lettres III, 21). On
associe toujours Martial à l'époque de Domitien : c'est partiellement une
simplification. Il est né sous Caligula, est arrivé à Rome sous Néron, a
adressé son Liber de spectaculis
à Titus, a quitté la capitale sous Trajan. Il est vrai néanmoins que la partie
principale de sa production date du règne de Domitien Nous voudrions risquer une hypothèse au sujet de l'épigramme XXVIII du Liber de spectaculis. Au vers 11, selon les éditeurs, Martial aurait appelé Néron diri Neronis ou duri Neronis, mais les adjectifs ne sont que des conjectures. Le florilège de Vienne, bon manuscrit daté du début du IXe siècle, et le Parisinus Lat 8071 (IXe - Xe s.) portent tigri taceantur stagna Neronis. Pourquoi ne pas conserver la leçon tigri, moyennant l'addition d'un s à la fin du mot (tigris... Neronis) et comprendre : «qu'il ne soit plus parlé de l'étang de Néron le tigre» ? Quoi qu'il en soit, on se rappellera que Martial, dans une épigramme du septième livre dans laquelle il s'efforçait de ne pas froisser la susceptibilité de Domitien, s'était demandé ce qu'il y a de pire que Néron, à l'aide d'une interrogation rhétorique (Quid Nerone peius ?) dont la réponse était évidemment «rien» ou «personne» (7, 34, 4). Nous avons vu que la satire du turbot faisait très probablement figure de riposte aux flatteries que Stace avait adressées à Domitien dans son De bello Germanico. N'y aurait-il pas, dès lors, une autre allusion, à l'intention de Martial cette fois, la riposte disant en substance : «Oui, il y a pire que Néron, et c'est Domitien» ? Et, si la correction de tigri en tigris, dans l'épigramme du Livre des Spectacles, était tout à fait sûre, on pourrait ajouter : «Et le tigre n'est pas le premier, mais le second». Cette dernière mise au point s'imposait, car, pour autant que le jugement formulé plus tard par Tertullien ne reflétât pas seulement une tradition chrétienne mais aussi païenne et remontant à l'époque de Juvénal, il est possible que certains, en matière de cruauté, aient décerné la palme à Néron plutôt qu'au dernier Flavien. En tout cas, nous sommes d'autant plus enclin à voir dans les vers sur le tyrannique «Néron chauve» une réplique de Juvénal à son ami, le poète de Bilbilis, que ce dernier, dans une épigramme du livre XI, donc de peu postérieure à la mort de Domitien, appelle l'empereur défunt Nero, et cela par trois fois en l'espace de quatre vers. Il semble donc que Juvenal, contredisant ceux qui mettaient les deux empereurs à égalité en matière de cruauté et de perversité, ou même jugeaient le cas du flavien moins grave que celui du julio-claudien, leur rétorque ceci : Domitien n'est ni moins ni aussi cruel et débauché que Néron, il l'est beaucoup plus encore. On observera, à ce propos, que, dans la huitième satire, il porte sur la «tyrannie si brutale et si cruelle» de Néron un jugement d'une grande sévérité (v. 211-230). Outre celui de ses crimes, Néron encourait le reproche, particulièrement grave à ses yeux, de s'être «prostitué sur des trétaux étrangers». Et pourtant, si notre analyse des vers 37-38 de la satire du turbot est fondée, la comparaison avec Domitien tourne au désavantage de ce dernier. Cet acharnement du poète à vouer à l'opprobre suprême la mémoire du «Néron chauve» n'est peut-être pas sans rapport avec la question de l'exil. Mais cela est une autre histoire. Qu'il nous suffise d'avoir attiré l'attention sur la vigueur satirique et sur la signification morale, politique et idéologique d'un sobriquet, à la création duquel le souvenir de l'abondante chevelure léonine du beau conquérant macédonien ne fut probablement pas étranger. On sait que la fureur du tigre passait pour constante, et sa soif pour insatiable. Dans sa description des causes de la guerre civile, Lucain montre un César galvanisant ses soldats en présentant Pompée comme un nouveau Sylla et en le comparant à ces tigres féroces qui «jamais n'ont abandonné leur fureur, même quand, dans les forêts d'Hyrcanie, ils se dirigent vers les repaires de leur mère en se repaissant du sang épais des troupeaux égorgés». La cruauté de Domitien, gratuite et insatiable, fait donc de cet empereur un véritable tigre. Déplorant la décadence des mœurs au début de son poème sur la guerre civile, Eumolpe évoque ce tigre qu'on va chercher bien loin pour les jeux de l'amphithéâtre ut bibat humanum populo plaudente cruorem (PÉTRONE, Sat., CXIX, vers 17-18) (Carl Deroux, De la calvitie de Domitien à la chevelure d'Alexandre : propositions sur Juvénal, Sat., IV, 37-38, Collection Latomus, Volumes 209-210, 1990 - books.google.fr). Cf. le quatrain du Chaulveron IX, 76 - Batailles de Bédriac. "tiers" et "Siècle d'or" des
Antonins Les partisans enthousiastes de Néron vantaient son règne
comme un retour à l'Âge d'or; les monnaies de Commode ont pour légende «Âge d'or de Commode» Des neuf empereurs qui, soit par descendance directe, soit par respect pour la mémoire de Flavius Vespasien, s'appelèrent Flavii, Le premier régna de l'an 69 à l'an 79; Le deuxième, Titus, de l'an 79 à l'an 81; Le troisième, Domitien, de l'an 81 à l'an 96; Le quatrième, Nerva, de l'an 96 à l'an 98; Le cinquième, Trajan, de l'an 98 à l'an 117; Le sixième, Adrien, de l'an 117 à l'an 138; Le septième, Antonin Pius, de l'an 138 à l'an 161; Le huitième, Marc Aurèle, de l'an 161 à l'an 180; Le neuvième, Commode, de l'an 180 à l'an 192. Domitien serait le "premier" à être pire que Néron parmi les Flaviens, le suivant serait Commode. Il n'est pas d'autre période historique qui présente une semblable succession de grands princes. Deux monstres, Domitien et Commode, interrompent et ferment cette série; tous deux, élevés à l'ombre du trône, succédèrent à leur père; tous les autres furent revêtus du pouvoir souverain, soit par droit d'adoption, soit par droit d'élection (Tullio Dandolo, Rome et les papes: 753 avant J. C.-999 après J. C, Tome 1, 1868 - books.google.fr). Seul le régime instauré par Nerva et Trajan présente tous les signes concordants d'un véritable «siècle d'or» voulu par les destins. Tacite n'ayant pas fait l'histoire de ces règnes (il a exprimé l'intention de l'écrire un jour, mais est mort avant de pouvoir réaliser ce projet), il ne nous a pas donné le détail des signes qui manifestaient, à ses yeux, le caractère providentiel de l'avènement des Antonins. Il n'y a pas de doute, cependant, que, pour lui, la nouvelle dynastie était providentielle (nous connaissons quelques-uns de ces signes par Pline et Dion Cassius : Trajan est adopté par Nerva dans le temple de Jupiter à la faveur d'un prodige - une inspiration subite - et Trajan est appelé «optimus», ce qui est le nom du Jupiter du Capitole). Avec l'avènement des Antonins, en effet, les promesses du principat d'Auguste - telles qu'Auguste les exprime dans ses Res gesta, mais sans que cet être oblique ait pu ou voulu les tenir - semblent enfin se réaliser. «Aujourd'hui enfin nous revient la vie» (Vie d' Agricola, III, 1). Le régime inauguré par Nerva et Trajan a, le premier, «uni deux choses autrefois incompatibles, le principat et la liberté.» Les Antonins vont, comme Galba l'avait dit à Pison, «commander à des hommes qui ne peuvent souffrir ni une totale servitude ni une totale liberté» (Histoires, I, XVI, 9). Donc le Prince sera un rector qui chapeautera les institutions républicaines sans les supprimer (cf. le texte d'Annales, III, XXVIII, cité ci-dessus), comme si Tacite distinguait bien le problème du pouvoir au sein de l'appareil d'État - ce pouvoir doit être autocratique - et celui du pouvoir de l'État sur la société - ce pouvoir doit respecter les valeurs «civiques». Dans le même discours qu'il prête à Galba lors de l'adoption de Pison - discours qui exprime sans doute, dans l'esprit de l'écrivain, la doctrine de Nerva adoptant Trajan (Histoires, I, XV-XVI) - Tacite affirme un point très important de l'idéologie du nouveau principat : la succession se fera par adoption, et non par hérédité au sein d'une gens (car c'est ce qui a perdu les Julio-Claudiens). «L'adoption découvrira chaque fois le meilleur. Car être engendré et né de parents princiers est dû au hasard, et l'on ne s'enquiert pas plus avant; mais le jugement, pour adopter, est libre et, si l'on veut choisir, le choix est éclairé par l'accord de tous.» (Histoires, I, XVI) (Philippe Nemo, Histoire des idées politiques dans l'Antiquité et au Moyen Âge, 1998 - books.google.fr). Le siècle des Antonins, période de paix (du moins jusque sous Marc Aurèle) et de prospérité, passe habituellement pour le siècle d'or de l'Empire romain. Et les empereurs de la dynastie antonine, à l'exception de son dernier représentant, Commode, jouissent d'une image favorable. Parmi eux, Trajan incarne tout particulièrement le modèle du prince idéal, lui à qui le Sénat avait accordé le cognomen d'optimus. Cette mise en valeur de Trajan commence avec le Panégyrique de Pline, un texte qui a eu apparemment une grande influence dans l'Antiquité tardive, même si nous n'en avons que peu de traces. Il a en effet été placé en tête du corpus des douze panégyriques, anthologie constituée sous sa forme définitive à la fin du ive siècle (les onze discours s'échelonnent de 289 à 389), évidemment à titre de modèle illustre. Comme l'a montré G. Zecchini, la tradition sénatoriale, qui commence avec Cassius Dion, est constante dans l'exaltation de Trajan. Du côté des chrétiens, Tertullien dans l'Apologétique admet que Trajan n'a pas été un persécuteur comme Néron et Domitien, et il l'associe à Vespasien, Hadrien, Antonin le Pieux, Lucius Verus dans la liste des empereurs qui n'ont pas appliqué les lois contre les chrétiens. Mais il souligne aussi le caractère illogique de sa réponse à Pline. Julien, dans les Césars, fait une présentation critique de Trajan (dénonçant son goût pour les plaisirs homosexuels, sa tendance à s'enivrer, sa paresse, sa gloriole), qui est conforme au caractère satirique de l'œuvre. Trajan figure cependant parmi les bons empereurs avec Auguste et Marc-Aurèle et on lui reconnaît la qualité de clémence (Etienne Wolff, L'image de Trajan dans l'Antiquité tardive et jusqu'au début du VIIIe siècle, Mémoires de Trajan, mémoires d'Hadrien, 2020 - books.google.fr). On peut remonter au siècle de Nostradamus pour trouver
l'expression "siècle doré" pour qualifier le siècle de Marc Aurèle,
père de Commode : « de sorte qu'il fist, disent les
historiens, de fort gens de bien de ceux qui ne valoient
rien, & ceux qui estoint bons, il les fist encores meilleurs, chacun ne
s'estudiant qu'à innocence de débonnaireté, pour rebastir un autre siecle doré :
comme de faict ce siecle
fut ainsi appelé, à raison de tant de vertus & hommes vertueux, qui s'y
firent paroistre & remarquer à bon escient »
On frappa sous Auguste une quantité prodigieuse de monnoies d'or, d'argent & de cuivre. Les Empereurs suivans en battirent, les uns plus, les autres moins, jusqu'à Vespasien & ses successeurs, qui en frapperent une grande quantité; mais surtout ces cinq bons Empereurs, qui font comme le siecle d'or de la Monarchie Romaine, Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin & M. Aurele. Du temps de Commode, qui dégenera de la vertu de son pere, on frappa aussi beaucoup de monnoies de tout métal (Bernard de Montfaucon, L'Antiquité expliquée et représentée en figures, Tome 3, 1724 - books.google.fr). "pis que Néron" Mais ce ne sont pas seulement Néron et Domitien, c'est
aussi Trajan que les légendes chrétiennes ont mis au nombre des persécuteurs de
la foi La persécution de Trajan aurait duré de 97 à 116. Il
parait que ce prince ne publia pas de nouveaux édits contre les chrétiens, car
ni Tertullien, ni S. Méliton ne le mettent au nombre des persécuteurs. Il fit
seulement connaître son aversion pour eux en diverses circonstances, et en
particulier dans une réponse fort connue à Pline le Jeune, dans laquelle il
approuve la conduite de ce proconsul de Bithynie, qui, tout en rendant hommage
à l'innocence des fidèles, envoyait néanmoins au supplice ceux qui refusaient
d'apostasier. Il n'en fallait pas davantage pour exciter contre eux la fureur
des peuples et des magistrats. On pourrait encore voir une des causes de la
persécution de Trajan dans l'aversion qu'il professait pour les corporations
connues à Rome sous les noms de collegia, corpora, sodalitia. Il put
envisager comme telles les assemblées des chrétiens, et les redouter d'autant
plus qu'elles étaient secrètes. C'est sous Trajan que souffrirent S. Siméon de
Jérusalem, S. Ignace d'Antioche, et probablement Ste Domitille, nièce de
Flavius Cleniens. Cette persécution sévit
particulièrement en Syrie et en Bithynie. Mais Eusèbe semble affirmer que bien
qu'elle ait été fort violente en beaucoup d'endroits elle ne fut cependant pas
universelle. Grotius pense néanmoins (Ap. Ittig. Hist. eccl. sec. n. p. 279) qu'elle fit couler plus de sang chrétien que
celles de Néron et de Domitien, parce qu'elle fut plus générale. Un fait isolé
prouve surtout la violence de cette persécution : c'est le rapport adressé Ã
Trajan par Tiberianus, gouverneur de la Palestine,
dans lequel il se plaignait de la triste besogne dont il était chargé, lassé
d'envoyer les chrétiens à la mort, bien plus que ceux-ci ne l'étaient d'y
courir "Réédifier
fera le forneron" Forneron : Fourniron,
garçon boulanger. Fornax, fornel,
fournaise, four, fourneau, furnas, en bas breton, forn En ancien français, le forneron
était synonyme de garçon boulanger. Le terme est dérivé du latin furnus, qui signifie «four (à pain)». Au Moyen Âge et en
zone rurale, le fournier était l'agent seigneurial chargé d'effectuer la
cuisson du pain, à une époque où l'organisation féodale s'attribuait le
monopole de la construction des moulins et des fours banaux et obligeait les
paysans à les utiliser moyennant une redevance. Outre la cuisson du pain,
qu'il réalisait devant ses clients, le fournier était également chargé d'entretenir le four, de disposer du
combustible nécessaire et d'organiser l'ordre des fournées. Son domaine d'expertise
consistait donc à garantir la meilleure cuisson possible aux produits apportés.
Enfin, il devait assurer la gestion des redevances. À l'instar du meunier,
l'exploitant du moulin à blé, le fournier était pour cette raison très
impopulaire et véhiculait l'image d'un parasite qui, par ses prélèvements,
privait les familles d'une part indispensable de leurs moyens de subsistance.
La légitimité de sa fonction, coûteuse et mal vue, était régulièrement remise
en cause par la communauté villageoise. En effet, la construction d'un four ne
nécessitait pas, à la différence de celle du moulin, de lourds investissements
ni d'une grande technicité, elle était à la portée de la plupart des villages.
La fin du régime féodal n'a pas mis un terme à la présence du fournier dans les
campagnes, celui-ci, ayant parfois racheté le four à son seigneur afin de
l'exploiter à son compte. En ville, les fourniers étaient des vendeurs à la
criée qui incitaient les particuliers à apporter leur pâte quand le four était
chaud. Ils disparurent à la fin du XIIIe siècle, lorsque fut accordé aux talemeliers-boulangers le droit de construire leur propre
four. Cependant, que ce soit en zone rurale ou en zone urbaine, la fonction de
fournier est antérieure à celle de boulanger On retrouve l'intérêt de Nostradamus pour le blé et le
pain dans le quatrain VIII, 71. Entouré, au début du Ier siècle,
d'un mépris qui éclate dans la manière dont Antoine dénigrait, aux dires de
Suétone, l'ascendance maternelle d'Auguste, le métier de patron boulanger
enrichissait cependant son homme. Le luxueux tombeau d'Eurysacès,
daté de la fin de la période républicaine ou du début de l'Empire, qui dresse
sur la via Casilina, près de la porte Majeure, sa
masse imposante couronnée d'une frise sculptée glorifiant le métier, en est
bien la preuve. Devenus plus nombreux, les boulangers s'organisèrent sous forme
corporative et Trajan, afin sans doute d'encourager le métier, eut recours Ã
une politique comparable à celle que Claude avait appliquée aux naviculaires.
Ceux d'entre les boulangers de Rome qui pratiquaient le métier depuis trois ans
et panifiaient au minimum 100 modii par jour
obtinrent, s'ils étaient latins, le jus Quiriti.
Trajan, soucieux selon Aurelius Victor de renforcer la corporation des
boulangers, concéda également aux pistores de Rome,
l'exemption de tutelle que, de leur côté, les boulangers d'Ostie réclamèrent en
vain à l'époque de Septime Sévère et de Caracalla. Cet avantage ne devait
s'appliquer qu'aux membres de la corporation exerçant eux-mêmes le métier - une
condition semblable avait été mise par Anto- nin le pieux à la jouissance de Vimmunitas
a muneribus publias par les naviculai-
res73 - et ne concernait que les patrons des boulangeries panifiant au minimum
100 modii par jour. Seule donc une certaine catégorie
de pistores se trouvait ainsi privilégiée et prenait,
de ce fait, un caractère officiel. Les rapports qu'elle entretenait avec
l'administration impériale la rapprochaient du groupe des navicularii
qui annonam Urbis serviunt et des mercatores frumentarii qui annonam Urbis adjuvant. Les avantages concédés supposaient
vraisemblablement comme contrepartie de la part des boulangers l'engagement de
respecter une certaine qualité, un certain prix et de fournir à la Ville une
quantité donnée de pain. La surveillance de l'exécution de ces contrats
s'exerçait, semble-t-il, par l'entremise des contrascriptores
pistorum, esclaves impériaux. C'est au préfet de
l'annone Sulpicius Similis que Trajan avait fait
savoir sa décision de privilégier certains boulangers et, à cette époque, comme
plus tard au début du IIIe siècle, c'est le bureau de la préfecture de l'annone
qui devait délivrer les documents certifiant que le boulanger remplissait bien
les conditions nécessaires à la jouissance des avantages accordés. L'offîcium de l'annone possédait en effet les listes des
boulangeries officielles et sans doute aussi l'état des quantités panifiées par
chacune d'entre elles. Le préfet de l'annone exerçait une sorte de tutelle sur
les boulangers officiels. Aussi, lorsqu'au milieu du IIe siècle le corpus pistorum de Rome décida de dresser une inscription en
l'honneur d'Antonin le pieux, cette dédicace fut-elle
érigée sous la responsabilité du préfet de l'annone, L. Valerius
Proculus, qui apparaît comme l'intermédiaire obligé
entre le corpus et le pouvoir impérial. D'étroits rapports s'instaurèrent entre
les pistores et les autres corporations travaillant
pour le compte de l'annone; il leur arriva parfois de se donner les mêmes
patrons Sous le nom de Pistor Jupiter
avait, dans le Capitale, un autel que l'on éleva après que Rome eut été
délivrée des Gaulois. Jupiter, dans la légende rapportée par Ovide, est supplié
par Mars, Vénus, Vesta et Quirinus, de sauver les Romains vivement pressés par
les Gaulois. D'après les conseils du dieu, Vesta fait préparer des pains avec
tout ce que l'on conservait de farine, et les Romains jetèrent ces pains dans
le camp des Gaulois, qui, perdant l'espoir de prendre la place par famine,
abandonnèrent le siège. C'est encore aux ides, dans le mois de juin, que
l'autel de Pistor fut consacré. Aucun auteur ne parle
de cette dédicace, mais les faits dont Ovide a composé sa légende trouvent leur
confirmation ailleurs. Florus et Dion Cassius mentionnent le fait des pains lancés
dans le camp gaulois. Servius atteste que les défenseurs de la citadelle
élevèrent dans le Capitole un autel à Jupiter Soter
en souvenir de leur détresse et de leur délivrance. Enfin une inscription
trouvée à Rome devant l'église de San Lorenzo in Lucina permet de rattacher
ensemble les deux récits de Servius et d'Ovide puisqu'elle contient un vœu
formé en l'honneur de Jupiter Conservateur par la confrérie des boulangers (siliginiarii pistores) pour le
rétablissement de la santé d'Auguste. Il n'y a plus à douter que Jupiter
Sauveur, invoqué par les boulangers, n'ait pu avoir aussi le surnom de Pistor et un autel dans le Capitole, dont la consécration
peut très-bien se rapporter au siège de Rome par les Gaulois A gauche, vers le sud-est, entre l'ancienne porte Trigemina et la porte d'Ostie, l'œil de la mémoire découvre le vaste port Navalia, Emporium, creusé par les Romains et entouré de superbes portiques, où venaient aborder les vaisseaux chargés d'apporter à Rome les productions et les dépouilles du monde. Aux mêmes lieux il aperçoit encore l'arsenal de la marine et les greniers publics, ainsi que le Forum pistorium, établi peut-être depuis que Domitien eut formé un collége de boulangers (Sextus Aurelius, in Trajan) (Jean-Joseph Gaume, Les trois Rome: Journal d'un voyage en Italie, Tome 2, 1854 - books.google.fr). A Rome, Trajan acheva les forums commencés par Domitien, et beaucoup d'autres ouvrages qu'il embellit et décora d'ornements au-dessus de toute magnificence. Par une prévoyance admirable, et afin d'entretenir à Rome une perpétuelle abondance, il établit et consolida le collége des boulangers (Sextus Aurelius Victor, Origines du peuple romain, 1846 - books.google.fr). Pistores chrétiens Ainsi, dans Minucius Félix, le
chrétien Octavius est appelé par Caecilius
: Homo Plautinœ prosapiœ et
pistorum prœcipuus (Octav. éd. Cellar. p. 12). Le pistor « garçon boulanger » était aussi
déconsidéré chez les anciens que le savetier, cerdo,
mot dont l'étymologie est le mot grec pour gain. Le comique Plaute s'était vu
contraint par la misère à exercer le premier de ces deux métiers (A. Gell. Noct. att. III, 3). De là , la périphrase Plautinae prosapiœ, ajoutée
ci-dessus à la qualité de pistor. Cette périphrase,
appliquée aux chrétiens, ne se trouve pas seulement chez Minucius
; elle est aussi notée par saint Jérôme : Hunc dialecticum urbis vestrœ et Plaulinse familiae columen (Ep. L., 1, ad Domnionem). V. encore le même saint Jérôme [Ep. XLVIII, 17,
ad Pammachium) Plaute, en latin Titus Maccius Plautus, né vers 254 av. J.-C. à Sarsina
dans l'ancienne Ombrie, maintenant située en Émilie-Romagne est mort en 184 av.
J.-C. à Rome. "édifier" signifie aussi en terme chrétien "affermir la foi de qqn". "rédifier" affermirait la foi du "boulanger" chrétien une nouvelle fois. Commode "esclandre" apparaît
chez Jean de Meung en 1265 et vient du latin "scandalum" (scandale). Les empereurs romains sont parfois qualifiés de "rex romanorum", en
particulier Commode (traduction de Suidas, Caesarum Vitae, par Hermann Witekind
en 1557) Dans L'Histoire
Auguste (Lampride, Comm.
19, 2), Commode est déclaré par le Sénat «plus cruel que Domitien, plus
souillé que Néron», «saeuior Domitiano, impurior Nerone» Lucius-AElius-Aurelius-Antoninus Commodus), empereur
romain, fils de Marc-Aurèle, est, par sa mère Faustine, arrière-petit-fils de
Trajan, né le 51 août 161. Dès son enfance, il annonça les inclinations les
plus perverses. A peine âgé de 12 ans, il ordonna de jeter dans une fournaise
ardente un esclave qui lui avait préparé un bain trop chaud ; son pédagogue
pour lui faire croire que cet ordre barbare avait été exécuté, substitua Ã
l'esclave une peau de mouton toute fraîche dont il prit l'odeur pour celle de
sa victime. En mars 180, quelques jours après la mort de son père, il fut
proclamé empereur ; alors il reproduisit Néron et presque pis que Néron, car il
ne dissimula pas, comme lui, au commencement de son règne ; il sembla ne vivre
que pour se montrer insatiable de sang et de voluptés ; ayant un jour rencontré
un homme d'une corpulence extraordinaire, il le coupa en deux pour prouver sa
force et son adresse, et pour jouir de l'atroce plaisir de voir ses entrailles
tomber par terre ; il y avait en lui du Néron et du Caligula, c'est-à -dire
cruauté et démence. Dans une de ses orgies, il fit servir sur un immense plat
deux bossus engloutis sous la moutarde; il assommait de sa massue des hommes
contrefaits qu'il se faisait amener; dans ses jeux contre les gladiateurs, il
en tua plus de mille. Non moins lascif que cruel, il abusa de ses sœurs et
destina à ses débauches trois cents jeunes filles et autant de garçons. Enfin Martia, une de ses concubines, sachant qu'il avait signé
l'arrêt de sa mort pour un avis qu'elle lui avait donné, lui présenta un
breuvage empoisonné au sortir du bain, et comme on le vit vomir après s'être
assoupi et qu'on craignait que le poison ne fit pas
son effet, on l'étrangla dans sa 51e année, l'an 192 de l'ère chrétienne Acrostiche : LVRS, Lurs PROH DOLOR AEMY BERE.... PRAE ILLIRICS QVI IMPER. MAGISTRATVS SICARIOS INSECVTVS IVSTE SEMPER FVERT POST ADMINIST. AEGYPT. DVM IN GALL. CVM LIBER IVSSV IMP.CON.... PROFICISCERE..... R A SICCARIS ET IVDÆIS PERVICACISS. NEFANDVM FASCINS IN VICO C. PETRONII AD RIPAM DRVENTIÆ PVGIONI CONFOSSVS HIC SITVS EST S. L. H. P. M. R. D. O. M. V. F. Petrosium, Peyruis, sept feux, en la Viguerie de Forcalquier. Ce village auoit nom anciennement Vicus C. Petronij, comme nous verrons en l'inscription suiuante. Et de ce nom Petronius font venus ceux de Petrosium && de Peyruis, tous dériués du nom de Petra, qui veut dire pierre. Et puisque C. Petronius Arbiter, grand Poëte & Orateur, fauory de Nero Claudius estoit Prouençal, au témoignage de tous les Historiens, il y a de l'apparence qu'il estoit natif de ce lieu, & que l'vn des deux a donné le nom à l'autre, ou le village au Poëte, ou le Poëte au village. Voyés ce qui sera dit de C. Petronius en la vie de Nero Claudius. Quant à l'inscription sur vne pierre, où il est fait mention de ce lieu sous le nom de Vicus C. Petronij, elle fut trouuée sur le bord de la riuiere de Durance, aupres de ce village enuiron l'an 1560. par Pierre Berenguier Medecin, & enuoyée au sieur Solery qui la rapporte cin fon manufcrit des antiquités de Prouence. C'est ainsi qu'elle dit, y ayant quelques lettres effacées. Ce meurtre dont il est fait mention dans cette inscription, arriua au quatriéme Gecle, dautant que la Prefecture de l'Esclauonie ou Illyrie, ne fut établie que par Constantin le grand, qui du Prefet du Pretoire de Rome en fit quatre, vn pour l'Orient, l'autre pour l'Illyrie, le troifiéme pour l'Italie & l'Affrique, & le quatriéme pour les Gaules, les Espagnes, & l'Angleterre. Et puisque cet AEMY &c. auoit esté Prefet de l'Illyrie, cecy n'est arrivé que dans, ou vn peu apres le regne du grand Constantin: d'icy l'on collige qu'il y auoit en temps des Juifs en Prouence, & quelle estoit en ce temps leur humeur (Honoré Bouché, La chorographie ou description de Prouence et l'histoire chronologique du mesme pays, Tome premier, 1664 - books.google.fr). Les communes du ressort de la justice de paix du lieu sont, Peyruis, Angès, la Brillanne, Ganagobie et Lurs. Lactance-Placide accuse T. Pétrone d'avoir dérobé au troisième livre de la Thébaïde cet hémistiche fameux que nous y lisons encore aujourd'hui : Primus in orbe deos fecit timor. Or, ce fut sous Trajan que mourut Stace: son prétendu plagiaire lui est nécessairement postérieur (J. N. M. Deguerle, La Guerre Civile, poëme. Traduction libre de Pétrone, ornée du texte latin, et suivie de recherches sceptiques tant sur la satyre de Pétrone que sur son auteur, 1799 - books.google.fr). Lactantius Placidus (francisé en Lactance Placide) est un grammairien, scoliaste et mythographe latin du Bas-Empire, ayant probablement vécu au Ve ou au VIe siècle apr. J.-C. Il est l'auteur d'un commentaire à la Thébaïde de Stace, peut-être d'un autre sur l'Achilléide, et de Narrationes fabularum Ovidianarum (fr.wikipedia.org - Lactantius Placidus). Quelle que soit l'époque où l'on situe son ouvrage, Pétrone apparaît comme très postérieur au siècle d'or de la littérature latine, de la fin de la République au début de l'Empire. On a voulu voir en Ovide celui par qui le mauvais goût s'insinua à Rome; Sénèque et Lucain sont communément considérés comme les meilleurs (ou plutôt les pires) représentants d'un style ampoulé, surchargé, maniéré, prêtant forme à des pensées artificielles et contournées. En eux tout est contraire au meilleur goût qui fleurissait du temps d'Auguste. Que dire de l'écriture de Pétrone ! On ne s'attend pas à ce que les tenants de la Tulliana oratio s'en fassent les défenseurs. Quant à l'«ordure» qui en marque bien des passages, c'est elle qui disqualifie l'ouvrage, et peut-être est-ce là la raison pour laquelle il est exclu des textes publiés Ad usum Delphini dans le dernier quart du XVIIe siècle, à l'initiative du célèbre érudit Huet et du duc de Montausier, pour l'éducation du fils de Louis XIV mais aussi pour rendre accessibles à un vaste public d'hommes du monde les textes importants de la littérature latine. Manifestement, Pétrone n'en fait pas parties ! On ne s'étonnera donc pas de voir, au tournant du XVII et du XVIIIe siècle, un critique s'exclamer : On n'a pas même jugé à propos de toucher à ces endroits, où Pétrone décrit les débauches de Néron; ils sont si sales, qu'il est difficile de les lire sans se corrompre l'esprit, ou du moins sans se salir l'imagination. (Lettres de Monsieur de ***, Avertissement). Pétrone est très régulièrement étudié depuis l'editio princeps de 1482. Citons pour mémoire l'édition de Sambuc (Vienne, 1564), celle que fait paraître à Lyon Jean de Tournes (1575), celles de P. Pithou (Paris, 1577), de Jean Dousa (Leyde, 1585), de Melchior Goldast de Heiminsfeld (Francfort, 1610), de Bourdelot (Paris, 1618), de Théodore de Juges (Genève, 1629), les extraits publiés par M. Hadrianides chez Blaeu (Amsterdam, 1669), sans compter les publications de Nodot, dans les années mêmes qui précèdent le Dictionnaire historique et critique. Réflexions sur la poétique de ce temps et sur les ouvrages des poètes anciens et modernes, éd. E.T. Dubois, Genève, 1970, p. 10; 1ère éd., 1675. (Catherine Volpilhac-Auger L'image de Pétrone dans la littérature française du XVIIe au XIXe siècle, Vérité et littérature au XVIIIe siècle, 2001 - books.google.fr). La partie nommée le «festin chez Trimalcion» n'a été découverte, dans sa version complète, qu'en 1650, grâce à un manuscrit retrouvé à Trau en Dalmatie (actuelle Trogir, en Croatie), conservé depuis 2011 à la Bibliothèque nationale de France (fr.wikipedia.org - Satyricon). Quant au lieu de la scène, il ne peut pas être fixé avec certitude : des diverses hypothèses qui ont été formulées (Cumes, Pouzzoles, Naples, Misène, Terracine, etc.), nous retiendrons et cela seul importe qu'il s'agit d'une colonie romaine, dans l'Italie méridionale, probablement en Campanie (Paul Perrochat, Pétrone: Le festin de Trimalcion, commentaire exégétique et critique, 1952 - books.google.fr). M. Ignarra, antiquaire italien très-savant, dans son bel ouvrage sur le Palestre de Naples, a démontré rigoureusement ce qu'Adrien de Valois avait plutôt deviné que prouvé. Il résulte de ses laborieuses recherches que la Satire de Pétrone ne peut appartenir qu'au siècle des Antonins, et que par conséquent l'auteur n'est point le Pétrone de Tacite et n'a point voulu faire l'histoire secrète de Néron, qu'elle a dû être écrite à Naples où se donna le repas de Trimalcion, qu'elle offre le tableau des mœurs des Napolitains, qu'elle n'a pu être composée avant la fin du règne de Commode, puisque Naples y est appelé colonie et que Naples ne devint colonie que sous ce prince, qu'enfin elle ne peut être du temps de Néron, puisqu'il y est parlé du mathématicien Sérapion, qui vécut sous Antonin Caracalla (Jean François Boissonade, Critique grecque, critique latine, curiosités philologiques, biographies, Tome 1, 1863 - books.google.fr). Le banquet de Trimalcion se passe dans les environs de Naples, mais Pouzzoles fut une colonie romaine (maritime) dès -194. J. Bourdelot (éd. de 1618), qui place Pétrone sous les Antonins (138-180) en s'appuyant sur le passage de Macrobe où Pétrone semble, dit-il, considéré comme un contemporain d'Apulée. (Albert-Christian Collignon, Étude sur Pétrone: la critique littéraire, 1892 - books.google.fr). Typologie Le report de 2116 sur les dates pivots 96 et 180 donne -1924 et -1756. -1926 : mort d'Abraham; et -1754 : naissance d'Amram, père de Moïse (Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1743, Tome 1, 1744 - books.google.fr). Comme Moïse ne fait pas de différence entre la sœur et la demi-sœur (selon sa loi, Abraham n'aurait pas pu épouser Sarah, qui était sa demi-sœur), il s'ensuit qu'en tout cas son père Amram, selon sa propre loi, n'aurait pas pu épouser sa tante Yokébed, sa mère de Moïse (Alexandre Weil, Les cinq livres (mosaïstes) de Moïse : Traduits textuellement sur l'hébreu avec commentaires et étymologies, Tome 2, 1890 - books.google.fr). Après les exemples bibliques habituels (Ruben le patriarche, Amnon qui viola sa sœur Tamar et fut tué par Absalon) et quelques exemples antiques connus (Caligula, Antonin, Commode - qui commirent l'inceste avec leur sœur -, Néron, qui coucha avec sa mère), Thomas Beard en rapporte plusieurs autres (Richard Marienstras, Inceste et relations sociales dans "Dommage qu'elle soit une putain" de John Ford, Travail théâtral, Numéros 30-33, 1978 - books.google.fr). Tacite et Suétone rapportent que Claude et Agrippine ne trouvèrent quasiment pas d'imitateurs, et plusieurs cas d'unions, légitimes ou non, entre patruus et nièce sont présentés dans les sources littéraires comme constituant des incestes, à commencer par les relations de Domitien avec la fille de son frère Titus (Philippe Moreau, Incestus et prohibitae nuptiae. L’inceste à Rome, 2021 - books.google.fr). |