Pascal II et Evariste

Pascal II et Evariste

 

IX, 31

 

2126-2127

 

Le tremblement de terre à Mortara,

Cassich sainct George à demy perfondrez,

Paix assoupie, la guerre esveillera,

Dans temple à Parques abysmes enfondrez.

 

"tremblement de terre"

 

Nous rejoindrons maintenant la route d'Alessandria qui se greffe, à S. Martino Siccomario, sur celle de Tortona et plus loin, sur celle de Mortara. Nous passons à SANNAZZARO DEI BURGONDI dont l'église du xv® est à trois nefs avec de grosses colonnes aux chapiteaux cubiques et aux arcades en plein cintre et nous arrivons à LOMELLO qui conserve des édifices du haut moyen âge tout à fait remarquables. Selon la tradition, c'est à Lomello que Théodolinde aurait célébré son mariage avec Agilulfe en 590 et aurait été prisonnière de sa fille Gundeberge, épouse d'Arioalde. La ville a conservé des restes de ses anciennes murailles, en partie lombardes. Le château, aujourd'hui hôtel de ville, a été reconstruit en 1157 et en 1381 par Gian Galeazzo Visconti et saccagé en 1407 par Facino Cane. Il est assez défiguré, mais la tour de pont-levis précédée des anciens fossés a encore une belle allure, la cour a conservé en partie ses arcades, et deux salles ont des fresques du XVIe siècle. La via Castrovecchio nous conduit au Baptistère de S. Giovanni ad Fontes, construction en briques du Ve siècle, refaite dans ses parties supérieures au VIIIe. Il comprend quatre niches aux angles et il est surmonté d'une coupole octogonale. On voit, à l'intérieur, des restes de la vasque hexagonale pour le baptême par immersion. A côté, l'église S. Maria Maggiore, également en briques, est une importante construction élevée à la fin du Xe siècle par l'architecte bénédictin Bruningo de Breme et altérée au cours des siècles. Un tremblement de terre a jeté bas en 1117 les trois premières travées de la nef et le clocher qui a été reconstruit dans l'angle de la façade. Celle-ci a l'aspect d'une ruine bien qu'elle soit encore percée dans le haut de ses baies primitives. Les trois piliers de gauche sont restés debout. Le flanc gauche a ses arcatures et ses petites fenêtres, et si l'abside gauche a disparu, celle de droite semble bien être du xe, tandis que l'abside centrale est du XIIe siècle. L'intérieur est à trois nefs. Celle du centre, très large, est couverte en charpente et a reçu au XIe une série d'arcs diaphragmes transversaux percés de chaque côté de fenêtres géminées. Les piliers et les chapiteaux sont intéressants et l'abside est ornée de hautes arcatures en brique. Près de trois mètres au-dessous du pavé de l'abside actuelle, on a mis au jour en 1944 la structure absidiale de l'église épiscopale paléochrétienne contemporaine du baptistère. Elle est transformée en une pseudo-crypte. De forme semi-circulaire, elle est décorée de neuf arcatures aveugles en légère saillie reposant sur des piliers auxquels sont adossées des colonnes engagées en briques comme toute la construction. Elle était éclairée par des petites fenêtres carrées ou en plein cintre. Les deux monuments se trouvaient à l'intérieur du château-refuge élevé au Xe siècle pour la défense contre les invasions. Plus loin, au début de la via Cavour, l'église S. Michele, élevée aux XIIe - XIIIe siècles, est romane (Georges Pillement, L'Italie inconnue: Nord, 1962 - www.google.fr/books/edition).

 

San Giorgio di Lomellina se trouve juste au nord de Lomello. Cassich pour Cascina (plusieurs localités de ce nom dans les environs) ?

 

Selon la chanson de geste éponyme, la tombe d'Amis et d'Amile se trouveraient à Mortara. Ils furent tués par Ogier le Danois poursuivi par Charlemagne qui était en guerre contre Didier roi des Lombards (Gustave Vapereau, Dictionnaire universal des littératures, Tome 1, 1876 - www.google.fr/books/edition).

 

La bataille de Mortara, le 21 mars 1849, fait suite à celle de Novare du 23, dans le cadre des guerres entre Piémont et Autriche pour la suprématie en Italie (fr.wikipedia.org - Bataille de Novare (1849)).

 

Il existe un Mortara en Sicile près de Catane et de l’Etna, victime d'un tremblement de terre en 1865 (Alexis Perrey, Note sur les tremblements de terre, 1871 - www.google.fr/books/edition).

 

Réveil

 

Quand les factions politiques des gibelins et des guelfes, employant à la fois, comme une machine de guerre, les haines de familles et de quartiers et la mortelle rancune des misérables contre la bourgeoisie, eurent mis le feu à toute l'Italie centrale, les poètes et les historiens n'eurent aucune peine à découvrir, dans l'état social de leur pays, ces deux élémens inconciliables: la dureté de cÅ“ur des grands et l'envie des petits, «Ta ville, dit un damné à Dante, est si pleine d'envie, que voilà le sac qui déborde.» – «Les faibles, écrit Compagni, étaient trop opprimés par les forts,» Villani dira même, à propos des incendies qui ravagèrent Florence vers la fin du XII° siècle: «Nos bourgeois étaient trop gras et vivaient dans le repos et l'orgueil.» Mais Florence devançait dès lors les autres villes par la sûreté de sa logique révolutionnaire tout autant que par sa civilisation. Partout ailleurs, aux premiers temps des communes, si, pour employer un mot tragique de Dante, « on en vient au sang,» ce n'est point encore par la simple guerre sociale. Le mécontentement des nobles ou des bourgeois, dont le régime municipal étouffe la liberté personnelle, et la colère des popolani, pour qui se ferment les cadres des classes privilégiées, se manifestent plutôt par le malaise religieux, parfois même par la révolte de l'hérésie. La préoccupation des choses divines était trop forte alors pour qu'on n'attendît pas de Dieu lui-même le remède au mal qui tourmentait les âmes et qu'on ne demandât pas à une religion meilleure le salut de la vie terrestre. Et comme, dans cette période de renouvellement social, l'église demeurait toujours, entre les seigneurs féodaux dont la puissance déclinait et les communes grandissantes, un symbole auguste d'immuable autorité, c'est contre l'église que se tournèrent les consciences. L'Italie chercha donc anxieusement, dans une foi plus libre et une charité plus tendre, la liberté et la pitié que lui refusaient les institutions politiques. En moins d'un siècle et demi, sans aucune méthode doctrinale et avec un réel trouble d'esprit, elle essaya, sans se satisfaire jamais, plusieurs réformes religieuses. Elle commença, vers 1050, par la pataria lombarde, tentative purement schismatique, populaire et monacale d'inspiration ; elle visait non pas l'église de Rome, mais l'église simoniaque de Milan et le formidable archevêque ambrosien, qui, à la tête de ses armées et presque toujours couvert par le bouclier de l'empire, apparut parfois comme le véritable pape de l'Italie supérieure. Anselme de Lucques, le futur Alexandre II, Hildebrand, Pierre Damien, encouragèrent ce singulier mouvement, qui partit des ruelles sordides de Milan, des échoppes de revendeurs et de chiffonniers : «ramassis de personnes viles, écrit dédaigneusement Muratori, sédition d'abjects artisans.» Mais, pendant quelques jours, une chrétienté enthousiaste, qui croyait revenir par la guerre civile à la pureté apostolique, entraînée à l'émeute par les prédicateurs de carrefour, bouleversa la commune tout aristocratique de Milan, suspendit le culte et les sacremens, brûla de la même torche les deux cathédrales et les palais des nobles. Il fallut une bataille féodale pour briser la révolte de ces mystiques en guenilles.

 

Mais qu'importait, ce jour-là, que le gonfalon bénit par la main même de Grégoire VII fût tombé dans le sang des martyrs ? La pataria lombarde, qui n'avait été qu'une révolution locale, se fondit en une hérésie qui, de proche en proche, gagna toute l'Italie jusqu'en vue des murs de Rome. La secte asiatique et slave des cathares avait traversé la péninsule avant d'entrer dans la France albigeoise. Elle était déjà maitresse d'Orvieto en 1125 ; on la trouve à Florence en 1117 et 1150 ; à Milan, en 1166; à Vérone, en 1184. Puis, dans la seconde moitié du XIIe siècle, la communauté des vaudois, des pauvres parfaits de Lyon, s'établissait en Lombardie. A la fin du siècle, on comptait encore en Italie un certain nombre d'arnaldistes, qui voulaient seulement perpétuer dans le christianisme, et en face du Saint-Siège, la tradition démocratique d'Arnauld de Brescia. Les chroniqueurs et les théologiens du moyen âge ont appelé indistinctement patarins la foule de ces dissidens qui protestèrent jusqu'aux temps d'Innocent III et de Frédéric II contre les dogmes et la morale de l'église romaine. Ces hérésies étaient cependant bien différentes les unes des autres. Tandis que les purs arnaldistes se bornaient à réduire l'église séculière à une mission toute spirituelle, le catharisme, empreint de doctrines manichéennes, ne gardait plus de la foi chrétienne que l'évangile de saint Jean, quelques sacremens profondément altérés, tels que le baptême par l'imposition des mains et la théorie prédominante du Saint-Esprit. Les vaudois, dont le fondateur Pierre Valdo, précurseur hérésiarque de saint François, s'était volontairement dépouillé de ses richesses, afin d'être pauvre parmi les pauvres, n'avaient qu’une théologie fort médiocre, mais leur bonté d'âme et leur simplicité étaient admirables : communauté de petites gens qui s'appelaient eux-mêmes les humiliés et que méprisaient fort les bourgeois et les seigneurs, tantôt ils osaient prêcher sur les places publiques et forcer la porte des églises, tantôt ils fuyaient dans les montagnes et dans les bois; aux jours de la persécution, leurs chefs allaient à travers les villages et les villes pour consoler les frères : véritables protées, dit un document de 1180, qui, chaque matin, changeaient de costume, pèlerins, barbiers, cordonniers, pénitens, laboureurs, selon la nécessité. Ils professaient le paupérisme, moins sévèrement, il est vrai, que les vaudois français. Les cathares occupaient les grandes communes et comptaient dans leurs rangs des barons, des bourgeois, des magistrats. Ceux d'entre eux qui n'aspiraient point à la dignité de parfaits aimaient la richesse et recherchaient la puissance.

 

Mais tous, pauvres lombards, cathares, patarins, ils réglaient leur conscience d'après les mêmes maximes essentielles. Ils répétaient sans cesse qu'il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, à un bon laïque qu'à un mauvais clerc, que le laïque est égal au prêtre pour toutes les œuvres mystiques; ils échappaient ainsi à l'église, à la confession et retrouvaient la liberté de la religion individuelle. D'autre part, de l'aveu même des inquisiteurs romains, ils étaient revenus à la fraternité évangélique; ils tendaient la main aux pauvres, aux infirmes, aux prisonniers, aux exilés, aux orphelins; ils fondaient des hospices pour les voyageurs et les malades, ouvraient des écoles gratuites, entretenaient leurs étudians à l'Université de Paris, portaient même leurs bienfaits aux orthodoxes. L'égalité chrétienne semblait ainsi retrouvée par les dissidens du christianisme et les ennemis de l'église (Emile Gebhart, L'apostolat de saint François d'Assise, Revue des deux mondes, Volume 287, 1886 - books.google.fr).

 

Entre la fin du Xe et le milieu du XIIe siècle, l'Italie a eu, dans la chrétienté latine, la réputation de constituer le berceau et le réceptacle de toutes les hérésies. La première qu'ait alors connue l'Occident ne fut-elle pas, s'il faut en croire le moine clunisien Raoul Glaber, celle de Vilgard, un clerc de Ravenne qui aurait été arrêté et jugé vers 970 pour avoir affirmé la supériorité des poètes de l'Antique classique par rapport à la domine chrétienne. Ses croyances auraient connu une large diffusion dans la péninsule et jusqu'en Espagne en passant par la Sardaigne. Le même chroniqueur attribue d'ailleurs à une femme venue d'Italie, «remplie du Diable», la responsabilité de l'hérésie qui fut démasquée à Orléans en 1022 et qui s'était enracinée principalement parmi les chanoines du chapitre cathédral. Ces accusations sont corroborées par le fait que le maitre à penser des hérétiques qui furent arrêtés et jugés à Anas, en 1025, par l'évêque Gérard Ier était un certain Gandolfo, originaire de «Lombardie», c'est-à-dire de l'Italie du Nord, selon le vocabulaire du temps. De plus, en 1028, l'archevêque de Milan Aribert découvrit dans le castrum de Monforte, près d'Asti, un conventicule déviant qui poussait au plus haut degré la fuite du monde, ainsi que le rejet de la matière et des institutions ecclésiastiques. Transférés à Milan, ses membres y furent finalement massacrés sur l'ordre de la justice locale, à l'insu du prélat. Ces manifestations de l'hérésie sont les premières à être signalées depuis la fin de l'Antiquité. [...] On peut cas y voir l'expression d'un réveil précoce de la vie culturelle et des préoccupations spirituelles au sein de couches de plus en plus larges de la population, tant urbaine que rurale (André Vauchez, Les Hérétiques au Moyen Âge, Suppôts de Satan ou chrétiens dissidents ? 2014 - www.google.fr/books/edition).

 

La plupart des mouvements se caractérisent par un réveil de la «vita apostolica», faite de pauvreté ascétique et de prédication évangélique, dans une société urbaine et commerçante (Lyon, Milan, Assise...) dans laquelle les valeurs féodales sont dépassées. Il s'agit d'une spiritualité foncièrement laïque, impliquant, entre autres, une nouvelle théologie des états de vie, dont le mariage, même si elle finit souvent par engendrer de nouveaux ordres religieux (Bibliographie : Movimenti spirituali laicali del Medioevo - Tra ortodossia ed eresia de Elio Peretto, Revue d'histoire ecclésiastique, Tome 82, Numéro 2, 1987 - www.google.fr/books/edition).

 

La guerre de Milan contre Côme (1117-1127)

 

L'histoire même de la Pataria marque l'évolution interne de Milan, profitant l'affaiblissement de la situation de l'archevêque pour des raisons morales, religieuses et politiques, les habitants laïcs de la ville ont développé une organisation commune que l'on sent poindre depuis 1080 et que l'organisation même du parti patarin a montré très possible. Cette organisation est dirigée par des nobles et les monnayeurs et les principaux commerçants n'y jouent qu'un rôle secondaire. Et, dès les premières manifestations de son activité, elle apparaît comme tournée vers l'expansion économique de Milan que va de pair avec son expansion politique et religieuse : les efforts de domination religieuse sur Lodi, clef de la route de l'est, qui aboutissent à la guerre contre celle-ci et à sa destruction, l'ont déjà prouvé ; c'est maintenant sa voisine du nord, Côme, à laquelle Milan cherche à s'imposer.

 

Milan, centre de la plaine du Pô, risque constamment que ses communications avec toutes les directions du monde soient coupées ; elles sont, en effet, menacées, au sud, par Pavie, ennemie fondamentale, qui tient le passage principal vers l'Apennin et vers Gênes où Milan cherche déjà un débouché sur la mer, utilisant les droits et possessions de son église (un quartier) & à l'est, par Lodi et par Crémone qui lui barrent la route de l'Adriatique ; à l'ouest par Novare dont les possessions dans les vallées alpines lus coupent le passage au nord par Côme qui avec Bellinzona, Lugano, la vallée de la Mera, tient la route du Soptiner et du Lukmanier dont les Milanais possèdent en vain les trois vallées suisses appartenant à leur église qui se trouvent au delà, au pied des cols. Or Côme, en pleine expansion, réagit contre l'hégémonie établie par les Milanais sur la zone frontière du Seprio, d'où est originaire l'archevêque Giordano da Clivio, et de la région de Lecco. Et sur côme l'arohevêque n'avait pas d'autorité car Côme, depuis le schisme des Trois Chapitres, était suffragants d'Aquilée. Le siège épiscopal de Côme est vacant : En 1096, élection canonique de Guido Grimaldi, nomination par l'empereur de Landolfo da Carcano, originaire du Seprio. Les habitants de la ville tiennent pour Guido, ceux du contado pour Landolfo. Théoriquement, Milan soumise au Pape doit prendre le parti de Guido, mais les intérêts des féodaux et ceux des marchands la poussent à soutenir Landolfo. Profitant de la faiblesse du pape Gélase II, réfugié en France, l'archevêque décide l'assemblée des cives et des milites à soutenir Landolfo par les armes. Une première attaque échoue sous les murs de Côme ; mais Milan voit grossir le nombre de ses alliés, la plupart des grands nobles, les villes de Lombardie, l'évêque de Coire, et la mort de l'archevêque n'arrête pas la guerre ; le prétexte religieux de l'intervention recouvrait des buts économiques et politiques, et la longue résistance de Côme remporte des succès pendant sept ans, donne la mesure de sa puissance. Après le terrible hiver 1125-1126, les Milanais construisirent sous les murs de Côme un château, auprès duquel ils établirent un marché, et ils convièrent à s'y rendre les marchands qui fréquentaient Côme jusque-là. La destruction de Côme, le 27 août 1127, pendant de celle de Lodi, symbolisait la puissance de Milan et sa volonté de dominer la route des Alpes comme celle du Pô (Yves Renouard, Les villes d'Italie de la fin du Xe siècle au début du XIVe siècle, 1961 - books.google.fr).

 

Tremblement de terre

 

Le 12e siècle déjà remarquable, par les querelles qui s'étoient élevées entre l'Empire et l'Église, le fut encore par les malheurs de cette espèce. Les tremblemens de terre commencèrent à se faire sentir, le 3 Janvier 1117, et durèrent presque sans interruption pendant 40 jours. Les villes les plus florissantes de l'Allemagne et de l'Italie furent renversées. La terre s'entr'ouvrit en plusieurs endroits... des villages entiers furent engloutis... des rivières disparurent... des montagnes s'écroulèrent, entr'autres une partie des Alpes dans l'Évéché de Trente. Les campagnes y sont encore aujourd'hui couvertes de rochers, d'une grosseur peu commune (Bridel, Discours chrétien composé à l'occasion des désastres du canton de Schweitz: prononcé à Basle le onze Janvier 1807, 1807 - books.google.fr).

 

Pâques 1117

 

Lorsque, au printemps de l'année 1116, l'empereur, briguant l'héritage de la comtesse Mathilde légué au Saint-Siège, redescend en Italie, Pascal II renouvelle la condamnation du privilège abusif de 1111 et quitte Rome afin d'échapper à la force germanique. Au jour de Pâques 1117, voulant ceindre la couronne impériale en la basilique de l'Apôtre Pierre, Henri V ne trouve , pour accomplir cette fonction - acte liturgique usuel pour un empereur déjà couronné – qu'un prélat en mission officieuse  Maurice Bourdin, archevêque de Braga. Quelques mois plus tard, Pascal II étant mort peu après son retour dans la Ville (14 janvier 1118), son successeur Gélase II ayant fui à l'entrée subreptice de Henri V (1er-2 mars), Maurice Bourdin accepte la tiare que lui offre l'empereur (8 mars). L'intronisation de l'antipape Grégoire VIII renoue le schisme impérial (Raymonde Foreville, Histoire des conciles œcuméniques : Latran I, II, III, et Latran IV, 1965 - www.google.fr/books/edition).

 

"abymes" : métaphore ?

 

Benoit XIII établit la fête de Pape Grégoire VII, mais même fit insérer pour cette fête, dans le Bréviaire romain, un office qui fit beaucoup de bruit en France, parce qu'on y canonisait la conduite de Grégoire VII à l'égard du roi Henri IV. Il résista, dit ce Pape, "avec intrépidité aux efforts impies de l'empereur Henri, et ce prince étant tombé dans le profond abime des maux, il le priva de la communion des fidèles et de son royaume, et il déchargea les peuples qui lui étaient soumis de la fidélité qu'ils lui avaient jurée" (Charles-François Chevé, Dictionnaire des papes, ou Histoire complète de tous les souverains pontifes depuis saint-Pierre jusqu'à Pie IX, 1857 - books.google.fr).

 

Il s'agit ici du père d'Henri V qui "tomba dans le même travers".

 

C'est Grégoire VII qui inspire et qui gouverne l'histoire jusqu'au traité de 1122 qui mit fin à la querelle des investitures, sous l'empereur Henri V. La lutte avec la maison de Souabe continue la lutte avec la maison de Franconie ; le conflit, après 1085, est plus ardent, la bataille plus acharnée, mais la pensée, la tactique et la volonté de Grégoire VII inspirent la conduite de ses successeurs, dominent les événements, règlent le destin de la papauté et de l'empire. [...] On a vu à quel degré d'avilissement était tombée la papauté tiraillée entre les empereurs de Germanie et la noblesse italienne. C'est de cet abime que Grégoire VII retira l'Eglise du Christ et le souverain pontificat (Karl Joseph von Hefele, Histoire des conciles d'après les documents originaux, Volume 5, Numéro 1, 1973 - books.google.fr).

 

Pape en 1117

 

Pascal II, né Raniero de Bieda vers 1050 à Santa Sofia et mort le 21 janvier 1118 à Rome, est un religieux bénédictin italien du Moyen Âge, qui fut le 160e pape de l’Église catholique du 13 août 1099 au 21 janvier 1118, succédant à Urbain II (fr.wikipedia.org - Pascal II).

 

Typologie

 

Le report de 2127 sur la date pivot 1117 donne 107.

 

Le Liber Pontificalis s'exprime ainsi sur l'avènement du nouveau Pape : «Évariste, né en Grèce, d'un père juif, nommé Juda, de la cité de Bethléem, siégea treize ans, six mois et deux jours, sous les règnes de Domitien, de Nerva et de Trajan, depuis le consulat de Valens et Veter (96), jusqu'à celui de Gallus et Bradua (108). Ce pontife partagea entre les prêtres les titres de la ville de Rome. Il établit par une constitution sept diacres qui devaient assister l'évêque, et lui servir de témoins authentiques. En trois ordinations célébrées au mois de décembre, il promut six prêtres, deux diacres et cinq évêques destinés à diverses Églises. Évariste reçut la couronne du martyre. Il fut enseveli près du corps du bienheureux Pierre, au Vatican, le 6 des calendes de novembre (25 octobre 108). Le siège épiscopal demeura vacant dix-neuf jours.» Le sommaire du Liber Pontificalis offre d'intéressants détails. Le père d'Évariste était un juif, né dans la cité de Bethléem. Appartenait-il, lui aussi, à la famille royale de David, comme ceux que Domitien voulut interroger ? On pourrait le conjecturer avec assez de vraisemblance. Quand le nom d'Évariste fut enregistré, pour la première fois, au catalogue des ordinations épiscopales de l'Église romaine, soit après sa consécration par saint Anaclet, soit après son avènement au souverain pontificat, les descendants des anciens rois de Juda étaient recherchés, par ordre de l'empereur, et menacés de mort. Il est donc fort naturel de présumer que le notarius, chargé de la rédaction des diptyques sacrés, évita soigneusement d'inscrire une mention trop explicite, qui eût désigné saint Évariste à la persécution. Les Romains idolâtres ignoraient les hautes destinées prédites par les prophètes à la modeste cité de Bethléem, bourgade, ruinée par Vespasien (Histoire générale de l'Église depuis la Création jusqu'à nos jours, Tome 6, 1865 - books.google.fr).

 

Saint Evariste, un des premiers papes qui régna de 100 à 109, était Bethléemite. Au moment de l'arrivée des Croisés, les Bethléemites invitèrent Godefroy de Bouillon à prendre possession de leur ville ; deux ans après, dans la nuit de Noël, Baudoin Ier, y fut couronné roi. Sur la demande de Baudoin, le Pape Pascal II, érigea Bethléem en évêché Latin, en 1110. Anselin  en fut le premier évêque et Anselme le deuxième (1128-1143). Bethléem était entourée de murailles et de tours, mais au cours des guerres et des invasions, elles furent détruites et actuellement il n'en reste plus rien. Bethléem, qui n'était qu'une humble bourgade à la naissance de N. S., acquit une renommée qui lui donna de l'extension par les nombreux couvents qui vinrent s'y établir. Sa population augmenta à mesure et aujourd'hui, Bethléem est une petite ville de 8.000 habitants environ, mais je précise, orientale (Marguerite M. Simacourbe, Croisière en Terre Sainte, 1961 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LC PD, Luc, pridie

 

Tancrède, petit-fils de Robert Guiscard (cfr. quatrain précédent IX, 30) fait une reconnaissance à Bethléem avant de revenir à Jérusalem le 7 juin 1099. Le siège de Jérusalem commence le 13 (Raoul de Caen, ch. 111 (Historiens des croisades : historiens occidentaux, III, 683) : "Tancredus pernox castra movet, antelucanus socios praevenit, Hierusalem pervenit, muros circumvenit ; veniens tamen, Bethlehem ab hostibus liberat, quae obsessa ad eum pridie clamaverat per legatum")  (Heinrich Hagenmeyer, Chronologie de la première croisade, 1094-1100, Tome 4, 1973 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - Tancrède de Hauteville).

 

Dans l'évangile de Luc (abrégé en Lc), la naissance à Bethléem de Jésus est mentionnée.

 

Pour la ville natale de Jésus, les historiens hésitent entre le berceau familial de Nazareth, où il passera toute sa jeunesse, le village de Capharnaüm qui apparaît dans les évangiles comme le centre de sa mission, voire la bourgade de Chorazeïn. Le témoignage de Luc et Matthieu sur la ville natale de Bethléem en Judée est contesté car ces deux auteurs évangéliques l'ont probablement choisie pour des raisons théologiques, Bethléem étant la ville du roi David de la lignée duquel le Messie attendu par les juifs doit descendre, selon la prophétie de Michée (fr.wikipedia.org - Nativité).

 

Vain débat, Jésus trou du cul n’a jamais existé.

nostradamus-centuries@laposte.net