Exarchat de Ravenne

Exarchat de Ravenne

 

IX, 54

 

2143-2144

 

Arrivera au port de Corsibonne,

Prés de Ravenne qui pilera la dame,

En mer profonde legat de la Vlisbonne

Sous roc cachez raviront septante ames.

 

Corsibonne est bien une ville signalée dans les Voyages d'Estienne, non loin de Ravenne. Il ne s'agit nullement d'une invention de Nostradamus (Jacques Halbronn, Le texte prophétique en France: formation et fortune, Tome 3, 1999 - books.google.fr).

 

Corsibonne = Porto Corsino, the port of Ravenna [ce port est fondée au XVIIIe siècle par le pape Clément XII] (Erika Cheethamn, Nostradamus (1973), 1986 - books.google.fr).

 

"piller" : la dame de Ravenne

 

Piller : S'emparer par la force des biens de particuliers. Par extension : Dérober, emporter le bien d'autrui. Synon. dévaliser, faire main basse sur (fam.; v. bas1I A 3 c).Tout à coup le roi apprit qu'une troupe de Français attaquait l'armée anglaise par derrière et venait de piller ses bagages (Barante, Hist. ducs Bourg.,t.4, 1821-24, p.77) (cnrtl.fr).

 

Rosemonde, reine des Lombards, était fille de Gunimond, roi des Gépides, qu’Alboin fit mourir en 572. Depuis la défaite de son père, elle vécut à la cour de son vainqueur, qui, touché de ses charmes, l’épousa et la fit couronner. Un jour qu'Alboin donnoit à Vérone une tête à ses principaux officiers, il lft servir a Rosemonde le crâne de son père, et la força de boire dans cette horrible coupe. Cette barbarie lui inspira la résolution de se défaire de son époux. Elle s’en ouvrit au premier écuyer, nommé Helmige, qui, malgré l'offre de sa main et de sa couronne, refusa long-temps d’ôter la vie à son maître. Il fut secondé par un seigneur Lombard nommé Pérédée, que Rosemonde vint à bout de gagner en employant un stratagème des plus bizarres. Elle savoit que Pérédée avoit une intrigue avec une de ses femmes du palais. Instruite de l'heure à laquelle il devoit se trouver avec elle pendant la nuit, elle prit la place de la maîtresse de Pérédée, et ne se découvrit à lui que lorsqu’il ne put doute; que sa propre sûreté dépendoit de la mort de son roi. Peu de jours après des assassins envoyés par Pérédée et introduits par la reine entrèrent dans la chambre d’Alboin et le poignardèrent dans le temps qu’il dormoit après dîner. Rosemonde s’étant saisie des trésors du roi, s’enfuit a Ravenne avec Helmige, son nouveau mari, et sa propre fille Albisvin de. Bientôt dégoûtée d’un homme qu'elle n’avoit pris que pour servir d’înstrument à sa vengeance, elle écouta aisément la passion de Longin, gouverneur romain, qui étoit devenu amoureux d’elle, et qui lui promit de Pépouser si elle trouvoit le secret de se défaire d'Helmige. Son ambition, flattée d‘être la maîtresse dans l'exarchat de Ravenne, dont le titre venoit d’être créé en faveur de Longin; lui fit chercher les moyens les plus prompts d’en venira bout. Elle prépara du poison, et le donna elle-même à Helmige, comme il sortoit du bain. L'effet trop subit de ce breuvage lui apprit le nouvel attentat de Rosemonde; il se saisit d’elle, et lui appuyant son épée sur le cœur, il la contraignit a prendre ce qui restoit. Le poison ne fit pas moins d'effet sur elle que sur Helmige, et au bout de quelques momens l’un et l’autre eurent une même fin en 573. Le gouverneur Longin envoya à Constantinople les trésors du roi d’ltalie, avec Albisvinde et Pérédée, que la crainte avoit fait sauver à Ravenne (Louis-Mayeul Chaudon, Dictionnaire universel, historique, critique et bibliographique, Tome XV (1789), 1811 - books.google.fr).

 

Flavius Longinus, d'une famille patricienne, fut envoyé par l'empereur Justin le Jeune pour remplacer Narsès dans le gouvernement de l'Italie. Ayant débarqué à Ravenne, au commencement de l'année 568, il fixa sa résidence en cette ville, pour être plus à portée de recevoir des secours de Constantinople en cas d'invasion des barbares. Il affecta de s'éloigner en tout de la conduite de son prédécesseur, prit le titre d'exarque, réservé jusqu'alors aux gouverneurs d'Afrique, supprima les anciennes charges et en créa de correspondantes avec des titres différents, éloigna des affaires publiques tous ceux qui avaient eu part à la confiance de Narsès, en un mot n'épargna rien pour étendre et affermir son autorité (1). Longin, à peine arrivé, eut à se garantir des attaques des Lombards; en conséquence, il fit fortifier Ravenne et quelques autres villes de la Vénétie, où il plaça des garnisons : mais Alboïn, chef des Lombards, traverse les Alpes, dont Longin n'avait pu faire garder les défilés, pénètre dans l'Italie, s'empare d'Aquilée, de Vicence, et de plusieurs autres places laissées à la garde de leurs habitants; il partage à ses soldats le pays qu'ils venaient de conquérir, et met à leur tête son neveu Gisulf, qui prend le titre de duc de Frioul. Longin, enfermé dans Ravenne avec quelques soldats, se bornait à garantir cette province et le duché de Rome d'une invasion. Cependant, le roi des Lombards, au milieu de ses conquêtes, tombe sous les coups d'un assassin que sa femme Rosmonde avait elle-même armé.

 

Longin s'empare donc des trésors d'Alboïn et les envoie à l'empereur, qui lui témoigna sa reconnaissance en augmentant ses revenus et son autorité. Cependant l'exarque, ne recevant point de secours de Constantinople, ne pouvait s'opposer aux Lombards, dont la puissance s'affermissait chaque jour. L'empereur Maurice le rappela en 584, et nomma en sa place Smaragde, qui avait la réputation d'être plus guerrier. Depuis cette époque l'histoire cesse de parler de Longin (Bibliographie universelle, Tome XXV, 1859 - books.google.fr).

 

Ravenne, capitale de la province et résidence de l'exarque d'Italie, avec son faubourg de Caesarea fortifié, dit-on, parle préfet Longin, et son port de Classis (Classe), surpris en 578 et pillé par le duc de Spolète Faroald, qui, pendant plusieurs années, était demeuré cantonné aux portes de Ravenne. Reprise par les Grecs en 584, Classis avait été de nouveau conquise par les Lombards en 716, mais presque immédiatement restituée par ordre de Liutprand : ce fut pour peu de temps. En 726 Liutprand vint assiéger Classis et la détruisit de fond en en comble. Peu après, Ravenne, assiégée une première fois en 726, tombait elle-même momentanément au pouvoir des Lombards. Enfin les Grecs occupaient un certain nombre de ports sur la côte de l'Adriatique. C'étaient, du sud au nord : Ad Novas, déjà détruit au neuvième siècle, mais qui existait encore au commencement du huitième (aujourd'hui Cesenatico), Cervia ou Ficocle, siège d'un évêché (Cervia au sud de l'embouchure du Savio) ; Sapis portus, l'ancienne ab Sabim de la Table de Peutinger, à l'embouchure du Savio ; tout près de Ravenne, le portus Candiani (Porto Candiano) ; sur le Pô di Primaro, le Lachernum portus (peut-être Saverna, au confluent du Pô di Primaro et du Lamone, la rivière de Faenza). Enfin aux environs de Ravenne, se trouvait Porte Lionis (près de l'île de Palazzuolo) (Charles Diehl, Etude sur l'administration byzantine dans l'exarchat de Ravenne (568 - 751), Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome, Volume 53, 1888 - books.google.fr).

 

Pas de trace de "Corsibonne" dans cette liste de ports occupés par les Grecs au VIème siècle.

 

corsibonne - corsivo - cursive

 

Les chartes dites de Ravenne sont des papyrus du VIe siècle qui offrent des beaux exemples d'écritures cursives dans la lignée des cursives de l'antiquité tardive (Françoise Vielliard, Gilles Désiré dit Gosset, Léopold Delisle, 2007 - books.google.fr).

 

Acrostiche

 

L'acrostiche du quatrain donne APES ("abeilles" en latin).

 

Le grand archevêque de Ravenne, Maximien - qui eut la chance de lier son nom à la consécration de la célèbre église de Saint-Vital - consacra aussi, une année plus tard, et plus précisément le 9 mai 549, l'imposante basilique de Saint-Apollinaire-in-Classe. La dénomination «in Classe» dérive - comme on le sait - de celle du proche oppidum Classis, créé en fonction du fameux port fondé par Octavianus Augustus pour abriter l'une des deux grandes escadres navales romaines. Et ce fut parmi les habitants de ce castrum - en majorité marins et marchands - que saint Apollinaire, le premier évêque de Ravenne, apporta d'Antioche la foi nouvelle, le réconfort de sa parole évangélisatrice. [...]

 

Dans la zone plus basse de la cavité absidale s'étend une large vallée verte fleurie, garnie de petits rochers sombres, ourlés de blanc, et égayée par une abondance d'herbes, de buissons et de plantes, parmi lesquels on reconnaît également le pin, l'arbre qui, aujourd'hui encore, caractérise le paysage des environs de Ravenne ; à ce propos nous pouvons rappeler la «foresta» (c'est-à-dire la pinède) «spessa e viva» (épaisse et vive) que Dante et Byron ont chantée. Au centre de ce paysage, caractérisé par un vert tendre, se dresse, grandiose, hiératique et solennelle, la figure de saint Apollinaire, qui par-dessus sa tunique blanche porte la chasuble sacerdotale, ornée de nombreuses abeilles d'or symbolisant l'éloquence. Le premier évèque de Ravenne est représenté les bras levés et ouverts, en orant, c'est-à-dire qu'il est en train d'adresser ses prières à Dieu pour qu'il concède la grâce céleste aux fidèles, confiés à ses soins : ceux-ci sont figurés par douze agneaux blancs qui se dirigent vers lui. C'est pour cette raison que la composition semble inspirée des derniers mots du sermon que saint Pierre Chrysologue prononça à Ravenne, dans la première moitié du ve siècle, en l'honneur de saint Apollinaire : Ecce vivit, ecce ut Bonus Pastor suo medio assistit in grege (Voici celui qui vit, voici le Bon Pasteur qui assiste le troupeau qui l'entoure) (Giuseppe Bovini, Les «sinopie» récemment découvertes sous les mosaïques de l'abside de Saint-Apollinaire-in-Classe, à Ravenne. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 118e année, N. 1, 1974 - books.google.fr).

 

Théodoric

 

Théodoric dit le Grand ou l'Amale (en latin : Flavius Theodoricus), né vers 455 et mort le 30 août 526 à Ravenne, est un roi des Ostrogoths (fr.wikipedia.org - Théodoric le Grand)

 

Quatorze ans après le couronnement d'Odoacre, Théodoric, roi des Ostrogoths, entra en Italie, avec le consentement de Zenon, empereur d'Orient, et il entreprit la conquête du royaume d'Odoacre, qu'il termina en 493, par la prise de Ravenne. Théodoric avoit passé une partie de sa jeunesse à la cour de Constantinople (Jean-Charles-Léonard Simonde de Sismondi, Histoire des républiques italiennes du moyen âge, Tome 16, 1818 - books.google.fr).

 

Ulysse - Lisbonne

 

La fondation de la ville par Ulysse ne repose en effet sur aucune donnée historique. Strabon fut le premier à répandre cette légende qui séduisit bon nombre de gens. Et au XVIIe, l'idée paraissait si ancrée dans les esprits que les Jésuites du collège de Santo Antâo de Lisbonne, principal foyer du messianisme durant la Restauration, datèrent cet événement de l'an 2874 A.C. ! L'orthographe du nom Ulyssipo, est reprise de Pline, alors que le terme Ulisseia est celui que donne Strabon (Michèle Guiraud, Ulyssipo (1640) d'Antonio de Sousa de Macedo (1606–1682), une épopée du futur, Regards sur le passé dans l'Europe des XVIe et XVIIe siècles, 1997 - books.google.fr).

 

Les néoplatoniciens chrétiens de Chartres au XIIe siècle ont donc revendiqué l’unité structurelle et interne de la nature, en délaissant ses enveloppements symboliques. Guillaume de Conches (1094-1154, Glosae super Platonem, éd. crit. et intr. d’E. Jeauneau, Paris, 1965), en particulier, exprima la nécessité d’abandonner l’interprétation fabuleuse de la nature, afin d’étudier celle-ci selon ses propres principes.

 

Pour les néoplatoniciens, la nature est animée par les dieux et les démons de manière cachée : elle revêt des formes sensibles qui l’enveloppent, la rendent énigmatique, bien que l’œil avisé du savant puisse déceler la divinité à travers les voiles. C’est dans ce contexte que l’on pouvait parler, d’une "théologie physique" positive, bien qu’elle fût subordonnée à la théologie divine. La nature était considérée comme le lieu où les dieux se manifestent aux hommes de manière symbolique, à savoir cachés ou voilés mais réellement présents dans les rites théurgiques. Dans ce cadre, on citait le dicton héraclitéen : "La nature aime à se cacher" ou l’on interprétait le récit de Calypso séduisant Ulysse comme une image de la nature (Cf. Dillon, 1976, p. 247-262 ; Hadot, 2004.) Cette conception de la nature fut transmise en particulier par Macrobius, Commentarii in Somnium Scipionis, éd. et trad. fr. par M. Armisen-Marchetti, 2 vol., Paris, 2003 I, 2, 17-19 (Cf. Caiazzo, 2003) (Platonisme latin médiéval - www.encyclopedie-humanisme.com).

 

Longin et Longin

 

«Grammairien» de niveau supérieur, Longin enseignait non seulement la littérature et la philologie, mais aussi la rhétorique et la philosophie, et il publia sur ces matières de nombreux traités, commentaires et lexiques. Il fut le maître du grand philosophe néoplatonicien Porphyre. Doté d'une érudition prodigieuse, Longin avait assimilé de très nombreux livres, et il les faisait vivre en transmettant leur contenu à ses élèves par ses cours: c'est cette attitude de générosité qu'Eunape caractérise par une belle formule, qui fut reprise par la postérité: «bibliothèque vivante» (Laurent Pernot, A l'école des anciens: professeurs, élèves et étudiants : précédé d'un entretien avec Jacqueline de Romilly, 2008 - books.google.fr).

 

L'éternité n'attire pas Ulysse ; elle ennuie fort la solitaire Calypso. Même un esprit aussi pieux que le pseudo-Longin apprenait en lisant le poète que «si nous, mortels, nous sommes infortunés, nous avons en réserve un port à l'abri des maux : la mort, mais pour les divinités, ce n'est pas leur nature, c'est leur misère qu'Homère a faite éternelle.» (Traité du sublime, IX, 7) (Emmanuel Schwartz, Dieux et mortels: les thémes homériques dans les collections de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, 2004 - books.google.fr).

 

En défendant Homère, Héraclite défend un texte fondamental, qui accompagne l'homme antique dans toute sa vie. Le traité Du sublime du pseudo-Longin, en revanche, met en avant un phénomène d'ordre principalement esthétique, même si la préoccupation éthique n'y fait pas défaut. Certains de ses aperçus montrent une lecture des textes très proche Certains de ses aperçus montrent une lecture des textes très proche de la nôtre. On comprend qu'il ait pu intéresser les poètes, mais aussi un philosophe comme Kant (E. Stead, Odyssée d'Homère, 2007 - books.google.fr).

 

C'est le traité Du Sublime attribué alors à « Longin», et que la recherche moderne a rapproché de l'œuvre de Philon par le lieu de composition (Alexandrie), la date (le Ier siècle de notre ère) et la culture (platonisme au contact du judaïsme). Le pseudo-Longin cite l'attitude silencieuse d'Ajax, apparaissant à Ulysse au cours de la Nekuyia de l'Odyssée, comme un exemple d'éloquence «sublime», projection immédiate dans un signe proféré (ici le geste joint au refus de la parole) du discours intérieur d'une grande âme  (Marc Fumaroli, L'École du silence: le sentiment des images au XVIIe siècle, 1998 - books.google.fr).

 

Syrien de naissance à ce qu'on croit, neveu du rhéteur Fronton d'Émèse qui enseigna à Athènes, il voyage dans sa jeunesse, et devient élève à l'École d'Alexandrie, où il reçoit les leçons des néoplatoniciens Ammonios Saccas et Origène. Il ouvre à Athènes une école de rhétorique et de philosophie, qui attire de nombreux disciples. Il a été avant 263 le maître de Porphyre de Tyr, qui l'appelle «le plus grand critique de notre temps». Celui-ci passa ensuite à l'école de Plotin à Rome. Longin admirait vivement Plotin, mais celui-ci disait qu'il n'était pas un «philosophe», mais un « philologue » (non pas un «ami de la sagesse», mais un «ami des discours») (fr.wikipedia.org - Longin (philosophe)).

 

Ravenne et néoplatonisme

 

Il est évident que le Macrobius qui a participé à la révision du livre du Commentaire du Songe de Scipion est un descendant de l'auteur Macrobe; il est le collaborateur d'un descendant du grand Symmaque, Aurelius Memmius Symmachus, bien connu par ailleurs : beau-père de Boèce, consul en 485 ; homme de confiance du roi Théodoric qui l'envoie en mission plusieurs fois; il tombe finalement en disgrâce et il est exécuté avec son gendre en 525 (Jacques Flamant, Macrobe et le néo-platonisme latin: à la fin du IVe siècle, 1977 - books.google.fr).

 

Vers l'an 400, Macrobe, l'auteur des Saturnales et du Commentaire du Songe de Scipion, dont le texte a été révisé à Ravenne même par Symmaque, le beau-père de Boèce, deux ouvrages où les  où les sources grecques sont abondamment exploitées, souvent, il est vrai, à travers Aulu-Gelle et ses Nuits attiques, mérite les éloges d'Avianus, l'auteur des Fables: si ce dernier lui a dédié son recueil, c'est que, dit-il, dans les deux genres, éloquence et poésie, tu surpasses les Athéniens par ta science grecque et les Romains par ta maîtrise de la langue latine. Aux yeux de ses contemporains, dont la plupart sont incapables de lire des ouvrages grecs, Macrobe passe pour un grand helléniste. Déjà, au milieu du IVe siècle, peu avant sa conversion au christianisme, Marius Victorinus, qui enseignait la rhétorique à Rome, avait traduit l’Introduction de Porphyre à l’Organon d'Aristote, et les deux premiers traités de cette collection, les Catégories et De l'interprétation. Cinquante ans plus tard, dans l'Italie du nord, Calcidius met en latin la première moitié du Timée de Platon et l'accompagne d'un commentaire de son cru pour la composition duquel il fait appel à des œuvres de philosophes grecs, comme Numénius et Porphyre. S'il n'y a rien de surprenant à ce que Marius Victorinus ait pu disposer à Rome des traités logique d'Aristote, il est plus instructif de constater le déplacement ou plutôt le développement qui se produit dans le nord de l'Italie, où Calcidius a en main non seulement le texte originel du Timée de Platon, mais aussi des commentaires grecs du IIe et du IIIe siècle (Jean Irigoin, Les textes grecs en Italie, Teoderico e i Goti tra oriente e occidente, 1995 - books.google.fr).

 

"âmes"

 

Chez Philon, la déchéance de l’âme, par le contact des choses terrestres 64, n’est pas assimilée à une prostitution : la souillure, somme toute, reste superficielle, elle réside dans le contact avec la réalité charnelle (la «fréquentation des prostituées » que sont les sensations 65), mais n’entache pas l’essence même de l’âme, qui reste tout à fait étrangère au monde d’en bas 66. Il n’y a donc pas chez l’Alexandrin trace de ce pessimisme ontologique profond propre à la gnose 67. C’est précisément l’alliance de deux traditions, la prophétique faisant de l’Égypte le lieu de la corruption et la peignant sous les couleurs les plus rudes, et la judéoalexandrine, faisant de l’Égypte le symbole du monde matériel, qui donne au texte cette coloration si particulière, sa «touche » gnostique. À l’imagerie biblique se superpose, de façon, à vrai dire, assez surprenante, celle du monde homérique 68. Deux épisodes sont successivement évoqués : le séjour d’Ulysse chez Calypso et l’enlèvement d’Hélène. Dans le premier cas, c’est l’antre de Calypso qui est assimilée au monde charnel, tandis qu’Ithaque représente le monde d’en haut. Cette assimilation se fait de façon très discrète, par l’évocation des pleurs d’Ulysse, retenu sur l’île de Calypso, désirant (je cite notre traité) revoir son village et la fumée qui s’en élève – un thème ô combien rebattu depuis :

 

Exégèse Odyssée

 

p. 136, 27-35 : «C’est pourquoi il est écrit dans le Poète qu’Ulysse était assis sur l’île, pleurant et triste, détournant son visage des paroles de Calypso et de ses tromperies, désirant voir son village et une fumée qui s’en élève. » 1, 55-59 : «elle tient captif le malheureux qui pleure, (…) ne voulant que voir monter un jour les fumées de sa terre…» ; 4, 555-558 : «je l’ai vu dans une île pleurer à chaudes larmes ; là-bas, dans son manoir, Calypso, de force, le retient. »

 

Plus que toute autre utilisation du texte homérique, c’est l’exégèse médio-et néo-platonicienne des voyages d’Ulysse qui semble avoir inspiré ici le rédacteur. En effet, le platonisme impérial a développé une exégèse, disons métaphysique, des voyages d’Ulysse, les assimilant aux errements de l’âme sur le chemin du retour à son lieu d’origine. Le thème est attesté, par exemple, chez Plotin, pour évoquer la quête spirituelle :

 

«Enfuyons-nous dans notre chère patrie (i. e. le monde incorporel), voilà le vrai conseil qu’on pourrait nous donner. Mais qu’est cette fuite ? Comment remonter ? Comme Ulysse, qui échappa, dit-on, à Circé la magicienne et à Calypso, c’est-à-dire qui ne consentit pas à rester près d’elle, malgré les plaisirs des yeux et toutes les beautés sensibles qu’il y trouvait.» (Plotin, Enn. 1, 6, 8.)

 

Mais il en existait aussi une interprétation eschatologique, attestée, il est vrai, à date plus tardive, par exemple chez le philosophe néoplatonicien Hermias :

 

«Les exégètes les plus profonds de l’Iliade et de l’Odyssée évoquent à ce propos aussi la remontée de l’âme […] ; c’est pourquoi, affirment-ils, puisque l’âme bataille pour sortir de la matière, le poète a représenté des combats, des batailles et autres (affrontements), tandis que, dans l’Odyssée, il représente Ulysse naviguant dans les parages des Sirènes, échappant à Circé, aux Cyclopes, à Calypso et à tout ce qui fait obstacle à l’élévation de l’âme et, après cela, à son retour dans sa patrie, c’està-dire l’intelligible.» (ermias, In Plat. Phaedr. schol. p. 214)

 

Dans ce texte, nous semble-t-il, se mêlent deux niveaux d’interprétation : l’un assimilant les voyages d’Ulysse à l’élévation spirituelle de l’âme dans sa quête de l’absolu, l’autre à son retour dans son milieu d’origine, après sa séparation d’avec le corps. Le rapprochement que nous venons d’établir avec l’Exégèse sur l’âme permettrait de faire remonter ce type d’exégèse en milieu platonicien au début de l’ère chrétienne.

 

 

Chez Philon d’Alexandrie, l’Égypte représente le monde matériel ou la réalité charnelle – par exemple dans le De migratione :

 

«Joseph n’a pas pris le rang de sujet, mais celui de gouverneur de toute l’Égypte, qui représente le domaine du corps» (Philon, Migr. Abrah. 20) ;

 

ou dans le De somniis :

 

«Ce qui est comparé au fleuve d’Égypte, c’est notre corps et les passions qui y sont et en proviennent.» (Philon, Somn. 2, 255. 60).

 

On trouve la même représentation dans le traité gnostique copte intitulé Pistis Sophia :

 

«Ils sont l’Égypte, puisqu’ils sont la matière.» (Pistis Sophia, 18, p. 17, l. 10),

 

ou chez les gnostiques naassènes, d’après Hippolyte :

 

«Telle est, d’après eux, la naissance spirituelle. Tel est le grand Jourdain : il coulait vers le bas et empêchait les enfants d’Israël de sortir de l’Égypte, c’est-à-dire de s’arracher au mélange d’en bas ; car l’Égypte, pour eux, c’est le corps ; Jésus (Josué) l’a fait remonter vers sa source et couler vers le haut. » (Hippolyte, Elench. 5, 7, 40-41)

 

«Descendre en Égypte», c’est donc s’abaisser dans la matière, soit que l’âme préfère les réalités matérielles aux réalités spirituelles, soit qu’elle s’incarne dans un corps humain par goût des plaisirs charnels ; et quitter l’Égypte pour la terre de ses pères, c’est suivre un itinéraire spirituel menant jusqu’à Dieu » (Philon, Abrah. 82) (Bernard Pouderon, Paysages d’âmes gnostiques : 1. L’Exégèse sur l’âme. In: Lieux, décors et paysages de l’ancien roman des origines à Byzance. Actes du 2e colloque de Tours, 24-26 octobre 2002, 2005 - www.persee.fr).

 

"Soixante et quinze âmes descendirent en a Egypte avec Jacob" (Gen. XLVI, 27). Toute chair veut dire tout homme, et soixante-quinze âmes est pour soixante-quinze hommes.

 

Saint Augustin suit en cet endroit la version des Septante, car la Vulgate porte soixante-dix âmes, et non soixante-quinze. Les Actes des Apôtres (VII, 14) sont d'accord avec les Septante (Oeuvres complètes de Saint Augustin, La Cité de Dieu, Livre XIV, chapitre IV, 1869 - books.google.fr).

 

Au sens strict, la Septante désigne d'abord la traduction grecque de la Torah, c'est-à-dire du Pentateuque, à Alexandrie d'Égypte, qui fut réalisée au IIIe siècle avant notre ère, au temps des deux premiers Ptolémées. Certains historiens la datent au plus tard de 282 avant notre ère. La légende veut qu'elle ait été l'œuvre de soixante-dix traducteurs d'où le nom de Septante (LXX) ou de soixante-douze (six de chaque tribu d'Israël) (www.universalis.fr).

 

"Toutes les âmes qui entrèrent avec Jacob en Egypte et qui étaient de sa race, sans compter les femmes de ses fils, étaient au nombre de soixante-six; les fils de Joseph qui lui naquirent en Egypte furent au nombre de neuf. Toutes les âmes qui entrèrent avec Jacob en Egypte étaient donc au nombre de soixantequinze." Genés. XLVI, 26 et seq. Que, Joseph et ses fils exceptés, il y eut soixante-six personnes de la race de Jacob qui entrèrent avec lui en Egypte cela ne fait l’objet d'aucun doute. En effet, tel est le nombre qui a été trouvé successivement par les calculs particuliers, et que portent les recueils hébreux. [...] Les personnes de la race de Jacob qui entrèrent en Egypte étaient au nombre de soixante-dix, dont soixante-six vinrent alors, et trouvèrent trois personnes en Egypte, c‘est-à-dire Joseph et ses deux fils; la soixante-dixième personne était Jacob lui-même. Nul ne doit voir ici une interprétation contraire a l'autorité de l'Ecriture; les Septante eux-mêmes, traduisant le Deutéronome, X, 22, disent que soixante-dix âmes entrèrent en Egypte avec Jacob (al. Israel) (Oeuvres complètes de S. Jérôme, Questions hébraïques sur la Genèse, 1878 - books.google.fr).

 

Mettons ici sous les yeux du lecteur un échantillon du système cabalistique, genre d'études dont le modeste écrivain Abravanel s'était pourtant défendu, mais auxquelles il ne put complètement échapper. Cet exemple que nous citons suffira pour donner une idée approximative de ces écrits mystiques, sur lesquels nous ne possédons guère encore en France

que des appréciations générales, dépourvues de détails : ...Enfin, soixante-dix âmes israélites descendirent en Egypte - soixante-dix... [...]

 

Isaac ben-Iehoudah Abravanel naquit à Lisbonne, l'an du monde 5197, selon la supputation hébraïque, ou 1437 de l'ère vulgaire. On le nomme aussi Abrabanel, souvent Abarbanel, et même quelquefois Barbanella. Le roi Alphonse, auquel il eut le bonheur de plaire, l'admit dans ses conseils. Il devint premier minsitre. Vers la fin de l'an 1481, son puissant protecteur mourut. Accusé de trahison avec l'Espagne, il s'enfuit en castille où il devient ministre des finances. En 1492, il est expulsé comme tous ces correligionnaires. Il se retrouve enfin à Venise. Là, on connaissait son habileté dans les matières politiques. Il fut appelé au conseil et il fut chargé d'une mission difficile, de conclure et de consolider la paix et les relations commerciales, entre cette république et le royaume portugais. Ce fut sa dernière œuvre politique, mais elle fut accomplie en faveur de sa patrie ingrate, qui l'avait chassé naguère. Il mourut dans cette ville, au commencement de l'année 1507, ou selon d'autresen 1508 (l'une et l'autre correspondant à l'an du monde 5268), à l'âge de soixante-onze ans (Moïse Schwab (1839-1918), Abravanel et son époque, 1865 - gallica.bnf.fr).

 

La nymphe Calypso qui retient Ulysse dans son île «entre deux flots et couverte de bois», est, dans la tradition philosophique relayée par Eustathe, une image du corps qui retient l'âme captive et battue de toutes parts par les vagues des passions et des séductions charnelles ; et les forêts qui la recouvrent y sont le symbole de la matière brute, là où les noms du bois et de la matière sont les mêmes en grec (hýlè) comme en latin (materia). Quelles que soient les délices et les promesses de cette prison fortunée, dont la geôlière porte bien son nom en y «cachant» ses captifs, l'âme souffre de ne pas pouvoir rentrer au pays, tel Ulysse «promenant ses regards sur la mer inféconde» et «perdant sa douce vie à pleurer le retour».

 

Au IIe siècle, le philosophe syncrétiste Numénius d'Apamée (en Syrie), lu et commenté dans l'école de Plotin, construit tout son développement sur la descente des âmes à partir d'un commentaire du périple d'Ulysse qui nous est connu par le rapport de Porphyre dans L'Antre des Nymphes. Pour Numénius, l'Odyssée raconte toute l'histoire de l'âme humaine : le philosophe retrouve, en effet, dans l'errance d'Ulysse sur la mer l'exil de l'âme au pays de la matière, et Ulysse est pour lui l'image de «l'homme qui passe par les générations successives et ainsi reprend place parmi ceux qui vivent loin de tout remous, sans expérience de la mer», accomplissant ainsi l'épreuve finale qui lui est imposée par Tirésias, une fois les prétendants punis, à savoir «marcher jusqu'à ce qu'il rencontre des gens qui ignorent la mer». Car, l'âme ne peut être sauvée que lorsqu'elle échappe définitivement au naufrage dans la matière, à «l'océan sans fond de la dissemblance», selon une lecture alternative d'une célèbre formule platonicienne (Paul-Augustin Deproost, Voyages intérieurs en Odyssée dans la pensée antique chrétienne, A l'école de la vie intérieure: approches interdisciplinaires, 2014 - books.google.fr).

 

Camoens, le poète des Lusiades ne pouvait faire l'économie de la mention d'Ulysse, notamment par un attachement particulier au roi d'Ithaque puisqu'il est fondateur légendaire de Lisbonne : "Et toi, noble Lisbonne..., qui fus bâtie par l'éloquent héros dont la ruse fit flamber la ville dardanienne." (Lus., 3.57.1-4 [c'est Vasco de Gama qui parle]). Mais plus remarquablement encore, ce sont d'autres qualités du héros de l'Odyssée qui pouvaient marquer le poète portugais : la "mètis" du héros, son expertise dans les choses de la mer, comme lorsque nous le voyons construire son embarcation de fortune :

 

"Ulysse alors coupa les poutres : il eut vite achevé... Calypso cependant avait apporté des tarières ; il put forer toutes les poutres et les plana savamment et les équarrit au cordeau. Calypso cependant avait apporté des tarières ; il put forer toutes les poutres et les joignit ensemble au moyen de chevilles et d'autres assemblages" (Homère, L'Odyssée, 5) (Marie-Ange Julia, Nouveaux horizons sur l’espace antique et moderne, 2019 - books.google.fr).

 

Calypso doit se résigner aux ordres de Zeus : elle s'engage à renvoyer Ulysse et tient aussitôt sa parole.

 

La flotte de Salomon, conduite par les gens d'Hiram, ou plutôt, la flotte qu'Hiram envoyoit en son nom avec celle de Salomon, apporta des bois rares, & précieux, soit que Salomon & Hiram eussent mis le profit, & la charge de leur flotte en commun ; soit que Salomon eût acheté les bois précieux, que les gens d'Hiram avoient rapportez pour leur Maître. On est fort partagé sur la nature de ces bois, que S. Jérôme appelle thyina, & les Septante des bois travaillez, ou coupez avec la hache. Le mot thyina, que S. Jérôme a employé, signifie proprement des bois de citre, ou des bois odorans. Le citre étoit un bois odoriférant, fort estimé des Anciens, & dont ils faisoient des tables du tems d'Auguste, d'un prix exorbitant, & d'une beauté extraordinaire. Ce bois venoit de la Mauritanie. Les hommes riches & puissans le recherchoient avec plus d'ardeur, que les femmes ne cherchent les pierreries : Citri & mensarum insania, quas feminae viris contra margaritas regerunt. Les Grecs appelloient cet arbre Thyon, ou Thyion; d'où l'on a formé thyina. L'odeur en étoit estimée, & Homére dit que la Déesse Calypso en brûloit dans son antre, & que l'odeur s'en répandoit dans toute l'Isle. Les Septante, qui ont traduit cet endroit par des bois taillez à la coignée, traduisent ailleurs l'Hébreu almugim, ou algumim, car je ne doute pas que ce ne soit la même chose, par des bois de pin ; & S. Jérôme les a suivi (Augustin Calmet, Commentaire litteral sur tous les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Les trois premiers livres des Rois, Volume 5, 1711 - books.google.fr).

 

Pinède de Ravenne

 

La pinède de Ravenne constitue un autre cas emblématique. Il en est question dès 1897 dans la prestigieuse revue intellectuelle Nuova Antologia quand Dante lui-même est mobilisé avec sa petite phrase sur la «divinaforesta spessa e viva» (la divine forêt épaisse et vivante) au sein de laquelle le poète situe au chant XXVIII du Purgatoire l'entrée du Paradis terrestre Cette formation végétale incarne la beauté de l'Italie berceau d'une civilisation terrienne et maritime ; elle évoque aussi les origines historiques de l'Italie moderne avec une sorte de continuité de Théodoric à Garibaldi qui y a trouvé refuge (François Walter, Les figures paysagères de la nation: Territoire et paysage en Europe, 16e-20e siècle, 2004 - books.google.fr).

 

Corsibonne : cur si bonum

 

Caeterum cur, si bonum est, necessarium sit esse malum ? (Plotin, Ennéade I, Livre VIII) (Plotini Divini Illivs E Platonica Familia Philosophi, de rebus philosophicis libri LIIII in enneades sex distributi, 1540 - books.google.fr).

 

La première Ennéade contient tous les écrits de Plotin qui traitent de la Morale. Ces écrits se rapportent tous à une pensée commune, purification de l'âme ou séparation de l'âme et du corps. Qu'est le Bien absolu, auquel nous ne pouvons-nous unir que par la Séparation de l'âme et du corps ? - Livre VII. Qu'est-ce que le Mal absolu ? Comment la Descente de l'âme dans le corps est-elle un mal relatif ? - Livre VIII (remacle.org - Plotin, Eenneades, Sommaire).

 

«Enfuyons-nous dans notre chère patrie (i. e. le monde incorporel), voilà le vrai conseil qu’on pourrait nous donner. Mais qu’est cette fuite ? Comment remonter ? Comme Ulysse, qui échappa, dit-on, à Circé la magicienne et à Calypso, c’est-à-dire qui ne consentit pas à rester près d’elle, malgré les plaisirs des yeux et toutes les beautés sensibles qu’il y trouvait.» (Plotin, Enn. 1, 6, 8.)

 

Calypso à Gibraltar

 

Ce "rocher" entre Lisbonne et Méditerranée fait penser à celui de Gibraltar.

 

Ma conviction à moi aussi, hélas ! était faite : la caverne de Perejil n'a jamais eu les «quatre sources aux ondes claires», sans lesquelles n'aurait pas pu vivre la nymphe Calypso. Mais, à lire et a relire le texte odysséen, deux scrupules me venaient, l'un sur le sens véritable de certains mots, l'autre sur la rive véritable du Détroit où l'on devait chercher la grotte. La terre de Calypso, dit le poète, est une «île aux deux rives», amphirutos, comme l'Ithaque d'Ulysse est une ville «entre deux mers», amphialos. Il est pour le poète deux sortes de terres insulaires, celles qui «toutes cerclées d'eau» perirutoi, sont nos îles d'aujourd'hui, et celles qui, ne baignant dans la mer que par deux de leurs rives, amphirutoi, sont nos presqu'îles. Dans la langue de toutes les marines anciennes et modernes, les deux termes d'île et de presqu'île se valent presque et se remplacent l'un l'autre : Italiens, Français, Espagnols et Grecs d'aujourd'hui ont des caps presque détachés qu'ils appellent Isola dei Cervi, Ile Longue, Isleta Alta, Élaphonisi. L'Italie pour les géographes anciens était une grande île. La vaste péninsule d'Arabie, que les mers ne baignent que suf trois côtés, est aujourd'hui «l'Ile» arabe par excellence, Al-Djetirek. La Tunisie, disent les Instructions nautiques, occupe l'extrémité Est de cette grande presqu'île africaine que les peuples de l'Europe ont appelée la «Barbarie occidentale» et qui est pour les Arabes la Djezirek-el-Maghreb, «l'Ile de l'Occident». Calypso régnait-elle sur l'une de ces longues et étroites péninsules de Ceuta et de Gibraltar, qui s'avancent au pied on en face de notre Mont aux Singes et tiennent à peine au confinent. Des grottes nombreuses et spacieuses trouent lo Rocher de Gibraltar, les unes sur le pourtour marin, les autres à différentes altitudes, il en est qui, de tout temps, furent apparentes et connues. D'autres ont été récemment éventrées par les mine:- des ingénieurs, lors d'aménagements ou d'extensions des ouvrages fortifiés.

 

L'Anonyme de Ravenne dit que la rive africaine du détroit s'appelle Mauritania Gaditana, la Mauritanie de Gadès, ou, dans, la langue des indigènes, barbaro modo, Abrida : «Le mot abrid, - dit Tissot (p. 172), - veut dire en berbère chemin, défilé, passage. L'Anonyme nous a donc conservé le nom libyen que portait cette partie du littoral d'où s'effectuait le passage du Détroit». Toutes les onomastiques successives ont ici laissé leur nom de passage ; Aboulféda (traduction Reinaud II p.  185) connaît, « à l'endroit où la mer est le plus resserrée, le Château du Passage, Kasr-al-Medjaz». Abrid serait au sémitique iber'a, au grec "porthmos", au latin fretum, a l'arabe merÿaz, ce que tarsels est peut-être au sémitique abila, au grec "atlas", "kiôn", "stèlè", au latin columnae, ce qu'un original est à ses traductions (Victor Bérard, Le retour chez Calypso, Revue des deux mondes, 1929 - books.google.fr).

 

Portugal

 

Aux environs de l'an 500, l'immense mer barbare couvrait l'Europe et par le détroit de Gibraltar avait inondé la côte africaine. Au sein de cet élément mouvant, ici à peine agité, là terrible, partout dissolvant, seule l'Église, grâce à ses monastères, à ses évêques, à sa papauté - parvenue avec Léon le Grand (440-461) au premier palier de sa puissance - seule l'Église émergeait […] La conversion de ces barbares à la foi catholique et romaine sera le premier effort de l'Église. Et Daniel-Rops l'analyse et l'expose avec une maîtrise sans défaillance. L'Église sans trop de peine avait obtenu un premier grand succès avec le baptême de Clovis à la Noël de 496. Cette conversion influence les Burgondes et les Suèves qui abjurent l'arianisme avec une «aisance sereine». La conversion des Wisigoths exigea du sang et ce fut celui d'un prince royal qui fut demandé. Le martyre de saint Herménégilde, le Samedi saint de 585, fut «l'aube sanglante du catholicisme en Espagne» (Compte rendu de "Histoire de l'Église, Tome II : L'Eglise des temps barbares" de Daniel-Rops, La Revue de l'Université Laval, 1951 - books.google.fr).

 

Les Vandales dévastent Séville en 425 et 428, en 438 Mérida et Braga sont prises par les Suèves, en 449 Lerida, en 457 les Goths entrent à Astorga, les Suèves prennent Lisbonne la même année et en 464 et 467 Coimbra. [...]

 

La monarchie wisigoth s'appuyant sur une oligarchie étroite mais très aguerrie, prend rapidement le dessus sur les Hispano-romains et sur les anciens noyaux germaniques, unifie politiquement la péninsule et réussit à repousser une longue tentative de «reconquête» par les Byzantins (de 554 à 624), établis dans le sud (Bétique). La conception unitaire de la nouvelle nation s'exprime par un acte d'une grande importance: le choix de Tolède comme capitale du royaume par Athanagilde (554 - 567). Léovigilde (567 - 586) réussit à reprendre Cordoue et Assidona aux Byzantins, à battre les Basques et les Suèves (qui avaient officiellement fait la paix avec les Hispano-romains au concile de Braga en 561) et commence une vaste opération de repeuplement et de création de nouveaux centres d'habitation (Enrico Guidoni, La ville européenne: formation et signification du quatrième au onzième siècle, traduit par Catherine Chatina, 1981 - books.google.fr).

 

Le royaume des Suèves, qui s'étendait aussi sur toute la Gallœcia de l'époque précédente, avait pour capitale Bracara-Augusta (Braga); ses autres villes principales dans les confins du Portugal étaient Lisbonne (Olisipo) et Coimbra (Conimbriga) (Adrien Balbi, Recherches historiques sur le Portugal (I), Journal des travaux de la Société Française de Statistique Universelle, Volume 4, 1834 - books.google.fr).

 

Les Suèves, installés depuis 411 autour de Braga et Porto, avaient constitué un royaume correspondant à l'ancienne province romaine de Galice. En 569, un moine, Martin, convertit leur roi Théodemire au catholicisme. Cette conversion suscite l'inquiétude des Wisigoths, ariens d'autant que son successeur Miro (570-583) dirige une campagne militaire dans le nord de la péninsule vers 573 ; en outre, une fois conclue la paix avec Léovigilde, Théodemire soutient la révolte d'Herménégilde en Bétique contre son père Léovigilde (580) (Noëlle Deflou-Leca, Alain Dubreucq, Sociétés en Europe: mi VIe-fin IXe siècle, 2003 - books.google.fr).

 

Martin organise deux conciles à Braga, en 563 et 572 où sont condamnées les croyances astrologiques chez les chrétiens. A Tolède (400 et 447) et à Constantinople (553) on avait fait de même (André Le Boeuffle, Le ciel des romains, 1989 - books.google.fr).

 

Suèves et Ravenne

 

Né vers l'an 30 av. J.-C., roi en l'an 9 av. J.-C., Marobod, roi des Marcomans,  lutte activement contre les Romains, s'installe avec son peuple en Bohême actuelle après avoir refoulé les Celtes Boïens et combat les Chérusques du célèbre Arminius. Détrôné après une défaite contre ce dernier (en l'an 18 de l'ère chrétienne), il s'exile avec sa famille et des partisans en Italie, s'installant à Ravenne où il meurt en l'an 37 (fr.wikipedia.org - Marobod)

 

Les Marcomans sont présentés comme un peuple Suève (François Sabbathier, Dictionnaire Pour L'Intelligence Des Auteurs Classiques Grecs Et Latins, Tant Sacrés Que Profanes, Tome 27, 1780 - books.google.fr).

 

Strabon, I.7, p.290, dit que les Lombards ou plutôt les Lancobards faisaient partie de son temps de la grande ligue des Suèves (Charles Le Beau, Histoire du Bas-Empire, 1834 - books.google.fr).

 

Près d'un siècle avant 573, mourrait le général Ricimer (472). Ricimer est le fils du roi Suève Rechila de Galice (Espagne) et de la fille du roi des Wisigoths Wallia.

 

Anthémius (en latin Procopius Anthemius Augustus, v. 420 - 11 juillet 472) était un empereur romain d'Occident du 12 avril 467 au 11 juillet 472. C'est l'un des «empereurs d'ombre» du Ve siècle, mais certainement le dernier ayant les capacités nécessaires pour ce poste. Anthemius essaya de résoudre les deux défis militaires principaux que devait affronter l'Empire romain d'Occident : l'expansion des Wisigoths d'Euric, dont le domaine s'étendait de part et d'autre des Pyrénées et celle des Vandales de Genséric, qui contrôlaient l'Afrique du Nord.

 

L’Italie est alors dirigée par le patrice Ricimer en lutte contre les Vandales. Léon Ier profita des circonstances pour tenter de récupérer l’Italie en accordant le titre de César à Anthémius, qui dirigea son armée vers l’Italie. À son arrivée en Italie, Anthémius est acclamé empereur par ses troupes le 12 avril 467 et s’allie avec Ricimer en lui donnant sa fille Alypia en mariage. Devant les défaites romaines face aux Wisigoths, Ricimer, un arien convaincu, perdit patience, appela 6000 hommes qui avaient été enrôlés pour la guerre contre les Vandales, et fit de Milan l'épicentre d'une contestation contre Anthémius, alors à Rome. Ricimer proclama un empereur concurrent, Olybrius. Ce conflit finit cinq mois plus tard par la conquête de Rome par Ricimer en juillet 472, après deux mois de siège et la capture d'Anthémius le 11 juillet 472, déguisé en mendiant caché dans l'église Saint-Jean-Chrysogone, puis son exécution (fr.wikipedia.org - Anthémius).

 

Paul, successeur d'Aegidius, demeurait fidèle à la politique de celui-ci; il manifestait donc de l'hostilité aussi bien à Ricimer qu'aux Wisigoths Il se rallia au nouvel empereur «oriental» et par conséquent légitime, dès qu'il apprit son élévation. En effet, le comte considérait ses alliés gaulois et lui-même comme les défenseurs de l'Empire en Gaule face aux menées des Wisigoths: les mêmes aspirations liaient à Anthemius les provinciaux gallo-romains et le comte Paul. Dès ce moment, le comte renonçait à l'alliance des Vandales, avec lesquels Aegidius avait amorcé un rapprochement peu naturel pour déstabiliser Ricimer. En Espagne, les Suèves, ennemis de Ravenne [alors siège du pouvoir impérial d’Occident], se joignirent également au nouveau pouvoir, parce qu'Euric les pressait dangereusement et, avec eux, les provinciaux espagnols. L'arrivée d'Anthemius avait donc changé subitement les alliances qui s'étaient nouées depuis la mort de Majorien en 461. La position des Burgondes fédérés s'avérait inconfortable. Ils reconnurent également Anthemius. Cependant la fidélité du roi burgonde - probablement déjà Hilpéric l'Ancien à ce moment - allait à son parent Ricimer. Par ailleurs, les Burgondes avaient été proches des Wisigoths jusqu'à la mort de Théodoric II. Allaient-ils renouveler l'alliance avec Euric, son successeur, mais aussi son assassin ? Le nouveau roi de Toulouse devait paraître dangereux: son ambition était de s'approprier la Provence que les Burgondes désiraient sans doute, mais ne pouvaient prendre. Ils préféraient voir Arles dans les mains d'un Empire faible que dans celle d'un royaume wisigothique en pleine expansion. Ainsi les Burgondes se rallièrent-ils à Anthemius, non sans hésitations et sans doute parce que Ricimer faisait mine d'accepter le nouvel empereur. Ils adoptèrent d'ailleurs une attitude ambiguë pendant tout le conflit, démontrant qu'ils avaient en vue leur propre intérêt. Toutefois, une coalition de peuples mus par des intérêts divergents se dessinait contre la puissance des Wisigoths. L'alliance provisoire entre Anthemius et Ricimer rendit cette coalition possible. Dès qu'il arriva sur le trône probablement en 466, Euric envoya des ambassadeurs à Byzance pour obtenir sa reconnaissance en tant que nouveau roi fédéré. Il ne pouvait l'obtenir à Ravenne, car entre la mort de Libius Sévère le 14 novembre 465 et la proclamation d'Anthemius en Italie le 12 avril 467, l'Occident n'eut pas d'empereur. C'est pourquoi, une fois Libius Sévère mort, Léon Ier, comme empereur unique, devenait seul habilité à conférer la légitimité nécessaire au roi jusqu'à la nomination d'un nouvel empereur d'Occident. Arrivés dans la capitale orientale, les émissaires d'Euric virent les préparatifs d'une gigantesque opération navale destinée à attaquer le vandale Genséric. Euric attendit la suite des événements et ne se manifesta pas lorsque Léon Ier fit proclamer empereur d'Occident Anthemius devant Rome le 12 avril 467. L'expédition contre les Vandales partit de Sicile au printemps 468, mais elle échoua en raison de l'impéritie du général byzantin, Basiliscus. Arrivé devant Carthage et trompé par les supplications de l'habile Genséric (peut-être aussi corrompu par son argent), il accorda une trêve, pendant laquelle des brûlots eurent raison de la flotte impériale qui dut se retirer avec des pertes considérables. Cette défaite laissait en Italie le nouvel empereur Anthemius avec une troupe relativement faible, en butte à l'inimitié grandissante de Ricimer; ce dernier fit peut-être tuer en 468 le général le plus dévoué à l'empereur, l'ancien maître de milice de Dalmatie, Marcellin, qui défendait la Sicile contre les pirates vandales. Euric, profitant de la faiblesse de l'empereur d'Occident, attaqua déjà en 468 les Suèves en Espagne. Ceux-ci n'eurent d'autre choix que d'envoyer une délégation pour demander l'alliance de l'Empire, mais ils n'en furent pas moins vaincus. Anthemius, incapable d'intervenir lui-même sur le champ, mit en mouvement ses alliés en Gaule. Les Burgondes devaient choisir leur camp; une affaire, qui précipita les événements, paraît montrer qu'ils hésitèrent avant de se décider pour l'empereur : l'affaire d'Arvandus (Justin Favrod, Histoire politique du royaume burgonde (443 - 534), Bibliothèque historique vaudoise, Numéro 113, 1940 - books.google.fr).

 

"légat" : Lusidius et son ambassade

 

Vers 470, citoyen de Lisbonne, Lusidius, qui commandait au nom de l’Empire dans cette ville capitale de la Lusitanie, la livra aux Suèves, et partit ensuite avec des députés du roi Rémismond, pour aller solliciter des secours de l'empereur Anthemius en faveur de la cause commune des Suèves et des Romains; nous savons déjà qu'Anthemius n’était point en état d'en donner (Idatii Chron.) (Jules Pétigny, Introduction historique, 1851 - books.google.fr).

 

Idace (Idatius) chroniqueur espagnol, évêque de Chiaves (Portugal), né à Lamego, en Galice, mort apres 468. Il fut charge par le pape saint Leon de s'opposer à la propagation de l'hérésie priscillianiste, et fut pendant quelque temps prisonnier des Sueves (Grand dictionnaire universel du XIXe siècle: français, historique, géographique, mythologique, bibliographique, littéraire, artistique, scientifique, etc, Volume 9, Numéro 2, 1982 - books.google.fr).

 

Qu'alloit dire à Rome Lusidius ? Apparemment, il y alloit pour justifier sa conduite (Lusidius per Remisundum cum suis hominibus Suevis ad Imperatorem in legationem dirigitur, Idat. Chron.), pour y représenter qu'on n'avoit reçu les Sueves dans Lisbonne, que pour la défendre contre les Visigots qui vouloient s'en rendre maîtres absolus. Quoiqu'il en ait été, les suites font croire que les Romains s'accordèrent alors avec les Sueves, & qu'ils firent un Traité avec nos Barbares dont les Visigots se déclarèrent mécontens. Il est toujours certain qu'Euric n'avoit pas encore rompu avec les Romains, lorsque les Suéves s'emparèrent de Lisbonne sur les Romains. On le voit, & par la manœuvre que fit alors Euric, & parce qu'Idace, dont la Chronique vient jusqu'à l'année quatre cens soixante & neuf, ne dit rien de cette rupture. Mais il paroît en lisant Isidore de Séville, que le Roi des Visigots commença ses hostilités contre les Romains quand son expédition en Lusitanie n'étoit point encore terminée, c'est-à-dire, à la fin de quatre cens soixante & neuf, ou l'année suivante (Abbé Jean-Baptiste Dubos, Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome 1, 1742 - books.google.fr).

 

Euric, pendant les années 477 et 478 fit une guerre acharnée aux Romains et aux Suèves et réussit à les écraser du même coup. Les Suèves, qui avaient reconquis la Lusitanie presqu'entière dans les dernières années du règne de Théodoric, furent chassés de toutes les positions qu'ils occupaient dans les plaines et contraints de se réfugier dans les plus hautes montagnes de la Galice, où ils se maintinrent indépendants jusqu'à la fin du VIe siècle. Satisfait de les avoir réduits à l'impuissance, Euric les laissa dans leurs rochers et tourna ses armes contre les provinces romaines (Jules Pétigny, Introduction historique, 1851 - books.google.fr).

 

Lusidius a donné le nom de la localité de Portolosio près de la Corogne (www.celtiberia.net).

 

"sous roc" : grotte ?

 

Séfarade désigne, dans la Bible (livre d'Obadia), la cité de Sardes, en Asie Mineure, où des juifs sont exilés. Par analogie avec l'exil, Séfarade sera traduit par Espagne (Annie-Paule Derczansky, Jean-Yves Camus, Le monde juif, 2001 - books.google.fr).

 

L'Espagne est un pays d'exil comme le fut l'Egypte pour les 70.

 

Jusque-là indifférents vis-à-vis des juifs, les Wisigoths devenus catholiques se montrent rapidement antisémites. De même qu'ils luttent contre les derniers ariens qui n'ont pas obéi à la mesure royale, ils rejettent les juifs allogènes. Les rois réunissent chaque année leur clergé et leurs dignitaires en un concile tenu à Tolède, leur capitale, pour y rédiger la loi du royaume et en structurer l'administration civile et ecclésiastique. Au fil des années, les canons des conciles de Tolède, entre autres mesures, briment les juifs, les excluent de leur société, enfin les interdisent et commandent leur disparition (Béatrice Leroy, L'Aventure séfarade: De la péninsule ibérique à la diaspora, 2013 - books.google.fr).

 

Jusqu'en 711 es Juifs doivent se cacher et pratiquer le crypto-judaïsme : ils observent le christianisme en apparence et le judaïsme en cachette, notamment dans des caves ou dans des grottes, puisque les synagogues sont détruites; ils renoncent à vivre en ville où ils peuvent difficilement dissimuler leurs activités religieuses (Richard Ayoun, Haïm Vidal Séphiha, Séfarades d'hier et d'aujourd'hui: 70 portraits, 1992 - books.google.fr).

 

Fédérés

 

Kâcioûn est une montagne au nord de Damas, et au pied de laquelle se voit Sâlihiyah. C'est une montagne célèbre par son caractère de sainteté, car c'est l'endroit d'où les prophètes se sont élevés au ciel. [...] Un autre lieu qu'on visite est une vaste grotte au sommet de la montagne, que l'on nomme la caverne d'Adam, et à côté de laquelle il y a un édifice. Plus bas que cette grotte, il en existe une autre, qu'on appelle la grotte de la Faim. On dit que soixante et dix prophètes s'y sont réfugiés, et qu'ils n'avaient pour toute provision qu'un pain rond et mince.Ils le faisaient circuler parmi eux, et chacun l'offrait à son compagnon, de sorte qu'ils moururent tous. Près de cette caverne il y a une mosquée bien bâtie, et où des lampes brûlent nuit et jour. Toutes ces mosquées possèdent en propre beaucoup de fondations pieuses. On dit encore que, entre la porte des jardins et la mosquée principale du Kâcioûn, se trouve le lieu d'inhumation de sept cents prophètes, et, d'après une autre version, de soixante et dix mille prophètes. Au-dehors de la ville se voit le vieux cimetière ; c'est le lieu de sépulture des prophètes et des saints. A côté de ce cimetière, tout près des jardins, est un terrain déprimé, dont l'eau s'est emparée, et l'on dit que c'est la sépulture de soixante et dix prophètes. Mais l'eau séjourne dans cet endroit d'une manière permanente, et l'on ne peut plus y enterrer personne (www.alhassanain.com - Ibn Battuta, Voyages d'Ibn Batoutah texte arabe, traduit par C. Defrémery, B. R. Sanguinetti, Tome 1, 1853 - books.google.fr, Bulletin d'études orientales, Volumes 14 à 15, 1954 - books.google.fr).

 

Ibn Battouta, né le 24 février 1304 à Tanger et mort en 1368 (ou peut-être 1377) à Marrakech, est un explorateur et voyageur d'origine berbère qui a parcouru près de 120000 kilomètres entre 1325 et 1349, de Tombouctou au sud, jusqu'à l'ancien territoire du Khanat bulgare de la Volga au nord, et de Tanger à l’ouest jusqu'à Quanzhou en Extrême-Orient. Les mémoires d'Ibn Battûta sont compilés par le poète Ibn Juzayy al-Kalbi en un livre intitulé  Chef-d’œuvre pour ceux qui contemplent les splendeurs des villes et les merveilles des voyages, communément appelé Voyages (Rihla) (fr.wikipedia.org - Ibn Battuta).

 

Afin de protéger leur frontière orientale contre les attaques des Perses, les Byzantins avaient alors fortifié Damas qui était devenue un poste militaire avancé. Mais pour mieux résister aux incursions répétées des Perses, la défense des régions syriennes fut confiée à la tribu arabe des Ghassanides (fr.wikipedia.org - Histoire de Damas).

 

Ya'qûbi (mort après 287-891) écrit : «Damas était la résidence des princes ghassànides et on y trouve encore des monuments de la famille de Djafna». Cette affirmation a l'inconvénient de ne pas être datée et l'on ne peut savoir si Damas fut résidence ghassànide à l'époque du phylarchat général ou seulement plus tard, après 581-582, lorsque des groupes s'installèrent dans plusieurs villes syriennes ou à proximité. De plus Damas peut désigner de l'oasis de Damas ; or, on verra plus bas que l'un des sites principaux des Ghassànides, Djilliq, est situé tout près de Damas (Maurice Sartre, Trois études sur l'Arabie romaine et byzantine, Volume 178 de Collection Latomus, 1982 - books.google.fr).

 

Les Ghassanides sont une tribu arabe alliée des Byzantins (fœderati) qui s'installent sur la face est de la frontière de l'Empire. Ils font face aux Lakhmides, une autre puissante tribu arabe à la solde du principal antagoniste de Byzance, l'Empire perse sassanide. Convertis à la foi chrétienne, ils adoptent la doctrine monophysite majoritaire en Syrie qui rejette les conclusions du concile de Chalcédoine de 451 sur la nature du Christ. La doctrine monophysite considère en effet que la nature du Christ est pleinement divine alors que le concile de Chalcédoine de 451 conclut sur la nature humaine et divine en une seule personne, de Jésus. La religion étant intimement liée au pouvoir impérial, l'opposition entre pro-chalcédoniens et monophysites, majoritaires dans les riches provinces égyptienne et syrienne, divise l'Empire byzantin. Les différents empereurs s'efforcent d'abord de trouver un arrangement par la négociation avec le clergé monophysite, jusqu'à la fin du règne de Justin II (r. 565-578) qui voit une radicale condamnation de la doctrine. Les rois ghassanides, fortement impliqués dans l'organisation de l'Église monophysite depuis le règne d'al-Harith V ibn Jabalah et qui font figure à Constantinople de protecteurs des monophysites en Syrie, s'attirent dès lors la défiance du pouvoir impérial (fr.wikipedia.org - Al-Mundhir III ibn al-Harith).

 

Les peuples fédérés (en latin fœderati) sont pour l'Empire romain des groupes de population ayant passé un traité (fœdus), d'alliance ou de soumission, avec l'Empire. Une fois fédérés de Rome, les peuples entrés dans l'Empire sont sommés de cesser leurs exactions en échange de la paix ; il s'agit donc de diplomatie dans le monde antique tardif. Associé à l'intégration des troupes auxiliaires dans l'armée, ce dispositif fonctionne pour l'Empire les IIIe et IVe siècles. Il se délite au Ve siècle lorsque les peuples germaniques se sédentarisent au cœur même des provinces, commençant à régner (et bientôt, légiférer) sans en rapporter à la structure de pouvoir impériale. En quelque sorte, dès lors que l'Empire ne peut plus assurer la paix armée par ses propres moyens en plus du passage d'un foedus, son pouvoir cesse sur ses provinces.

 

Les traités passés par l'Empire romain d'Occident après les grandes invasions ne sont plus que des trêves qui concèdent des territoires déjà perdus. Et cette fois, l’Empire d'Occident cède des provinces entières, s’amputant peu à peu de ses ressources vitales : la Pannonie aux Sarmates puis aux Huns, l'Aquitaine seconde aux Wisigoths en 418, la Gallaecia aux Suèves vers 410, la Numidie (435) puis toute l’Afrique romaine (442) aux Vandales (fr.wikipedia.org - Peuple fédéré).

 

Vers la fin du Ve siècle, les Lombards obtiennent dans cette région un traité de l'empereur Justinien, devenant des fédérés de Rome. De nombreux guerriers lombards servent, à partir de l'an 551, comme mercenaires dans la péninsule italienne contre les Ostrogoths (fr.wikipedia.org - Lombards).

 

Une fois les Suèves sédentarisés et devenus peuple fédéré, leur royaume situé à l'embouchure du Douro et en Galice est reconnu par Rome au travers d'un foedus. Le roi Herméric fait de Bracara Augusta (Braga) sa capitale et le royaume perdure de 410 à 584, année de son effondrement devant l'armée du roi wisigoth Léovigild (fr.wikipedia.org - Suèves).

 

Le dernier Exarque de Ravenne

 

Près de deux siècles après 573, il est toujours question des Lombards qui cherchent à s'emparer de toute l'Italie. Une alliance s'établit entre Byzantins et Vénitiens qui débarquent près de Ravenne en 729 pour reprendre la ville aux Lombards.

 

Le but de l'exarque de Ravenne Eutychius devoit être d'abord de rentrer dans le siège de son gouvernement envahi par les Lombards. Il avoit à faire à un ennemi actif et vigilant. Mais dans l'entreprise qu'il méditoit, il avoit sur lui l'avantage d'être maître des côtes et de la mer; avantage qui jusque-là avoit fait de Ravenne un rempart inexpugnable aux Barbares, et qui empêchoit que cette conquête n'eût la même solidité dans les mains des Lombards. Les flottes des Vénitiens pouvoient être déjà la ressource de l'Italie. D'ailleurs il paroissoit que les peuples des provinces supérieures que la passion et le feu de la révolte avoient poussés, pour ainsi dire, dans les pièges de leurs ennemis, commençoient à se repentir de leur démarche inconsidérée, à regretter les lois de l'Empire. L'exarque profita de cette disposition des esprits. Sans doute il eut besoin d'adresse pour faire concourir à ses vues des hommes encore ulcérés par les décrets contre les images et par les violences tyranniques de Léon. Mais la vertu et la sagesse du pontife firent plus encore en cette occasion que l'habileté de l'exarque. Grégoire étoit trop éclairé pour ne pas voir que la perte de Ravenne et de la Pentapole entraînoit nécessairement celle du reste de l'Italie; qu'aucun obstacle n'arrêteroit désormais les armes lombardes. L'intérêt même de son siège étoit joint cette fois à la cause commune de l'Empire. Malgré le dernier attentat tramé contre sa personne et les censures dont il avoit frappé l'exarque, le pontife se reposant de sa sûreté sur l'attachement des peuples , ne balança point à agir de concert avec ce gouverneur. Eutychins s'étoit retiré dans les villes de Vénétie, seule province d'où il pût tirer des secours. De là il cherchoit à ranimer la fidélité des peuples. Grégoire écrivit au duc Ursus pour le prier de s'entendre avec l'exarque, de le secourir de toutes les forces de son duché, afin qu'il pût ramener Ravenne sous l'obéissance de l'empereur. A la lecture de la lettre du pontife, les Venitiens ne doutèrent pas long-temps du parti qu'ils avoient à prendre. Ils dressèrent avec l'exarque le plan d'une attaque. Ayant répandu le bruit que l'empereur leur avoit donné ordre de se tenir prêts pour une expédition qu'il méditoit contre les Sarrasins, ils armèrent une flotte. Tout étant réglé, Eutychins se retire comme s'il eût été rebuté par les Vénitiens. Il rassemble quelques garnisons sur sa route, vient devant Imola ville de l'Exarchat nouvellement occupée par les Lombards ; il fait mine de vouloir attaquer cette place et forme un camp sous ses murs. Quand il se voit à la tête d'une armée suffisante, ayant donné le mot aux Vénitiens et pris jour avec eux, il lève le camp, marche à grands pas sur Ravenne, investit la villedu côté de terre. Les Vénitiens étoient sortis dès la veille de leurs ports, ils avoient cinglé vers l'orient et jeté l'ancre en pleine mer avant le lever du soleil. Puis, revenant tout d'un coup vers la côte d'Italie, ils abordèrent devant Ravenne à la même heure à-peu-près que l'exarque y paroissoit, et débarquèrent leurs troupes sur la plage. Hildchrand et Pérédée, réveillés par cette attaque inopinée, firent prendre les armes à leur garnison. Ils rangèrent autour des murailles cette multitude surprise et mal en ordre. Tandis que l'on s'apprête à combattre pour les remparts, les Vénitiens font leur attaque à une porte qui donnoit sur la mer, la brisent et pénètrent dans la ville. Les ducs Lombards, à la vue du péril, ramassent un gros de troupes, ils accourent pour leur disputer l'entrée. On se pousse, on se heurte, on combat dans les rues de Ravenne. Sur les entrefaites, l'exarque ayant lui-même livré l'assaut du côté de terre, les Lombards enveloppés de toutes parts ne purent faire résistance. [...] Ravenne, Classe, Césarée, et sans doute les autres places de l'Exarchat, retournèrent ainsi au pouvoir de l'empereur. Les Vénitiens couverts de gloire par cette belle expédition, rentrèrent dans leurs ports. La reprise de Ravenne suivit d'un an à-peu-près la perte de cette ville (Jean Marie Félicité Frantin, Annales du moyen âge: comprenant l'histoire des temps qui se sont écoulés depuis la décadence de l'Empire romain jusqu'à la mort de Charlemagne, Volume 6, 1825 - books.google.fr).

 

En 726 l'empereur Léon III interdit le culte des images sacrées, mais cette mesure rencontre une rude opposition en Italie qui se trouve déjà dans la tourmente en raison de l'augmentation des impôts. Les armées de Venise, de la Pentapole et de l'Exarchat se rebellent et élisent de nouveaux dirigeants. Elles sont également sur le point de nommer un anti-empereur, mais le pape Grégoire II, se mettant à la tête des insurgés, réussit en partie à les freiner, car il compte encore sur l'Empire d'Orient pour se défendre des Lombards. Il ne réussit pas à empêcher l'exécution, par les émeutiers, de l'Exarque Paul. Une flotte est envoyée de Sicile pour venger Paul, mais elle est détruite par les milices de Ravenne. En 728, Eutchius devient pour la deuxième fois exarque. En 730, l'iconoclastie est devenue une doctrine religieuse et les adorateurs des images commencent à être persécutés.

 

En 743, Hildeprand prend possession de Cesena et Eutchius se sentant directement menacé, demande l'aide du pape Zacharie. Quelques années plus tard, en 751, l'Exarchat est définitivement conquis par le roi lombard Aistolf (fr.wikipedia.org - Exarchat de Ravenne).

 

Ainsi Longin, amant de Rosemonde, est le premier exarque de Ravenne, et Eutychius le dernier.

 

En Espagne, en 745, un nouvel émir, après la réduction des rebelles de l’Afrique, pour faire cesser les rivalités sanglantes des soldats de l’Espagne, et les intéresser au repos par le travail, leur partage par nation les territoires les plus riches de la péninsule; il donne a chaque cohorte, composée de soldats de même race, le pays qui ressemble le plus a la patrie originaire, par la situation, le climat et les productions. Il place les Égyptiens et les Arabes à Lisbonne et à Béja, au sud-est, entre les montagnes et la Guadiana; les Syriens de Damas à Elbira, près de Grenade; ceux d'Hémèse à Séville et à Niébla, un peu à l'ouest; ceux de la Palestine à Algéziras et à Sidonia ; les musulmans de l'Irakarabi et de l'Irak-adjémi, et ceux de l'Afrique dans des provinces plus éloignées (Charles Dreyss, Chronologie universelle, 1858 - books.google.fr).

 

On fait naître Mahomet, fondateur de la religion musulmane, en 571.

 

Typologie

 

En reportant la date de 2144 sur la date pivot de 573 (mort de Rosemonde) on obtient -998.

 

Peslages

 

On serait en droit d'être sceptique à l'égard de ces traditions, si elles ne se trouvaient confirmées de divers côtés : par la tradition de l'origine lydienne des Étrusques; par les traditions relatives au débarquement de Pélasges à l'embouchure spinétiquè du Pô et à leur établissement en Toscane; par un certain nombre de données linguistiques ou toponomastiques et surtout par un certain nombre de données archéologiques, qui, malgré leur nombre encore restreint, attestent de manière précise des contacts entre l'Italie et le bassin égéen dès la seconde, et peut-être même dès la première moitié du deuxième millénaire (Jean Bérard, La colonisation grecque de l'Italie Méridionale et de la Sicile dans l'histoire et dans la légende. Aperçu du problème. In: Revue des Études Grecques, tome 54, fascicule 256-258, Juillet-décembre 1941 - www.persee.fr, Dominique Briquel, Les Pélasges en Italie. Recherches sur l'histoire de la légende. Rome : Ecole française de Rome, 1984 - www.persee.fr).

 

Ulysse est un héros de la guerre de Troie.

 

Étant donné l'incertitude qui règne autour de la réalité de cet épisode, il est évident que toute datation est hasardeuse. De nombreuses dates ont été proposées depuis l'Antiquité, toutes situées aux alentours du XIIe siècle av. J.-C. (fr.wikipedia.org - Guerre de Troie).

 

C'est précisément vers 1000 av. J.C. que se fait sentir une "agitation méditerranéenne", en liaison avec la guerre de Troie et l'invasion des Peuples de la mer (Roger Levet, Recherches sur les villages perchés dans la France méridionale, Etudes sur l'habitat perché, 1983 - books.google.fr).

 

La tradition pélasgique apparaît ainsi liée, dans la zone padane et, dans l'ensemble des autres régions, à la présence des Etrusques. Les Pélasges sont les ancêtres des Etrusques. Il existe entre les deux concepts seulement une distinction chronologique. Mais, si l'on adopte cette conception qui paraît généralement justifiée, l'on se trouve dans la région padane en présence d'un cas aberrant : celui de Ravenne. A Ravenne Pélasges et Tyrrhènes sont mis sur le même plan chronologique - ce qui il est vrai n'est pas une difficulté insurmontable dans la mesure où nous trouvons d'autres exemples de textes mettant ces deux populations côte à côte comme s'il s'agissait de deux groupes ethniques distincts. Plus étonnant en revanche est que les Tyrrhènes et les Pélasges sont présenté comme des ennemis. Certes l'hostilité entre Pélasges et Tyrrhènes pourrait être un moyen de passer des premiers aux seconds, les Pélasges étant censés non plus avoir changé de nom, comme chez Hellanicos, pour laisser ainsi exister les seuls Tyrrhènes, mais avoir été chassés par eux4 : nous rencontrerons effectivement des traditions de ce genre. Cependant nous trouvons ici un contexte différent. En Etrurie l'expulsion des Pélasges, comme leur changement de nom chez Hellanicos, a pour effet de laisser le champ libre aux Etrusques. La tradition pélasgique se prolonge par une affirmation du caractère étrusque de la zone considérée. A Ravenne au contraire, une fois les Pélasges partis, ce sont les Ombriens, non les Etrusques qui leur succèdent. Or ces Ombriens apparaissent, tant à Spina qu'à Cortone ou Réate, ou globalement dans l'ensemble de l'Etrurie, comme les adversaires des Pélasges5. On aurait donc ici une inversion des relations habituelles. A Ravenne, paradoxalement, les Pélasges seraient ennemis des Tyrrhènes et alliés des Ombriens. Cette tradition étrange nous est connue, outre par une courte allusion de Zosime (V, 27), par un texte de Strabon (V, 1, 7) ("on raconte que Ravenne également est une fondation des Thessaliens. Mais, ne supportant pas les attaques des Tyrrhènes, ils accueillirent volontairement des Ombriens qui occupent encore aujourd'hui la ville, alors qu'eux-mêmes s'en retournaient dans leur pays") (Dominique Briquel, Les Pélasges en Italie. Recherches sur l'histoire de la légende. Rome : Ecole française de Rome, 1984 - www.persee.fr).

 

Au IIIe siècle, l'Alexandra de Lycophron fournit des renseignements impressionnants par leur ampleur sur l'installation plus ou moins volontaire en Italie de certains héros grecs de la guerre de Troie, comme celle de Philoctète en pays œnôtre, v. 911-929, ou celle d'Épeios en Sybaritide, v. 930-950, pour ne citer que les héros dont les aventures italiennes ont pour théâtre des sites proches de colonies achéennes du premier millénaire. Ce souvenir de liens anciens entre des Achéens d'Italie et le constructeur du cheval de Troie revenu avec les Néléides pourrait aussi expliquer que les Métapontins aient placé dans leur trésor d'Olympie une statue d'ivoire d'Endymion le père d'Épeios (Pausanias VI 19, 11) (Laurent Dubois, Inscriptions grecques dialectales de Grande Grèce: Colonies achéennes, 1995 - books.google.fr).

 

Exarque

 

Le mot exarque vient du Grec « exarchos Â», qui signifioit chef ou commandant, & sur tout dans les factions d'Italie. Homere, Philon, & d'autres Auteurs donnent le nom d'Exarque au Maître des Chantres d'un chÅ“ur

 

Le dithyrambe primitif est issu de cultes agraires et de rites de fécondité, du corybantisme et de l'orgiasme dionysiaque. Il est dirigé par un exarque [exarchos], qui agit comme «organisateur et directeur de la cérémonie» (www.ucs.mun.ca, Greek Musical Writings: Volume 1, The Musician and His Art, 1984 - books.google.fr).

 

Rapport aux âmes, l'exarque peut endosser le rôle de psychopompe.

 

For Vermeule, the role of the goes (mages) grew out of that of the chief mourner, the exarchos gooio, whose job it was temporarily to resurrect the dead and exchange messages with them. She draws attention to a seventh century Attic funerary plaque on which the goos is sung around a bier as a soul-bird sits in attendance. For Burkert, the original role of the goes was shamanic: he made an ecstatic journey to conduct the soul of a dead man to the underworld with magical lamentation and music, and the psychagogic Hermes was his divine projection (Daniel Ogden, Greek and Roman Necromancy, 2004 - books.google.fr).

 

Given Philo's veneration of the LXX (for him, it was a revealed text), it is not surprising that we find considerable common ground between his use of exarchein and that found in the LXX. For Philo, as for the LXX authors, the essential meaning of the verb is 'to lead out the song'. Hence his use of it not just in those contexts where it occurs in the Pentateuchal books of the LXX (e. g. after the crossing of the Red Sea, in the carousing around the Golden Calf and at the well in the desertâ€) but also in historical episodes where Jews raise hymns of thanksgiving to God. [...] At Mos. 2.256, one of his several re-tellings of the Exodus story, Philo, in a subtle modification of the LXX version of that event, has Moses formally appoint his sister as exarchos of the female choir at the Red Sea, Moses, in Philo's eyes, being the original exarch, even if the LXX first uses the verb exarchein in connection with his sister ! (Margaret Williams, Jews in a Graeco-Roman Environment (1947), 2013 - books.google.fr).

 

D'après l'Exode, le nombre des Israélites qui sortirent d'Egypte avec Moïse s'élevait à plus de six cent mille hommes de pied, sans les enfants ni les femmes, et sans la populace nombreuse qui partit avec eux (Exode, XII, 37, 38) (Léon Carre, L'ancien Orient, Tome 3 : Palestine, 1875 - books.google.fr).

 

De 70 (ou 75) on passe à 600 000 et plus. On retrouve une multiplication comme dans le cas du Mont Kâcioûn (70, 70 000) chez Ibn Battuta.

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