Robert le Diable

Robert le Diable

 

IX, 53

 

2142-2143

 

Le Neron jeune dans les trois cheminées,

Fera des paiges vifs, pour ardoir jetter,

Heureux qui loing sera de tels menées,

Trois de son sang le feront mort guetter.

 

IX, 17 : Le tiers premier pis que ne fit Néron, / Vuidez vaillant que sang humain respandre: / Reédifier sera le forneron, / Siècle d'or, mort, nouueau Roy grand esclandre. Un roi futur sera pire que Néron, tout en prenant modèle sur lui ; il répandra le sang des plus braves et reconstruira la fournaise aux condamnés. Les sources classiques n'attribuent pas de fournaise à Néron, ni les sources chrétiennes d'ailleurs qui se contentent généralement d'accuser l'empereur d'avoir fait crucifier saint Pierre, décapiter saint Paul et jeter aux fauves quantité d'autres Chrétiens. Nostradamus a reporté sur Néron le thème de la fournaise pris à l'Ancien Testament où l'on voit le terrible Nabuchodonosor jeter au feu trois jeunes Israélites, Sedrac, Misac et Abdenago, qui avaient refusé de se prosterner devant une idole [la statue de Nabuchodonosor]. Ces jeunes gens avaient été éduqués à la cour du roi babylonien et y faisaient office de pages ; le thème reparaît dans le quatrain IX, 53 où Néron se voit gratifier maintenant de trois fournaises, une pour chaque page (Pierre Brind'Amour, Nostradamus et l'histoire romaine, Cahiers des études anciennes, Numéros 23 à 24, Société des études grecques et latines du Québec, 1990 - books.google.fr).

 

Daniel, Ă  Babylone, avait trois amis, issus comme lui et Susanne de la vaillante tribu de Juda : Ananias, Misael et Asarias. Tous quatre jeunes, beaux, douĂ©s d'une rare sagesse, ils plurent au vainqueur de JĂ©rusalem qui en fit ses pages. Nabuchodonosor appela Daniel Baltasar et ses amis Sidrach, Misach et Abdenago (V. Davin, La cappella greca, Revue de l'art chrĂ©tien, Deuxième sĂ©rie, Tome V, SociĂ©tĂ© de Saint-Jean, 1876 - books.google.fr).

 

Trois Cheminées et les Talvas

 

Le hameau de la Pilette (Bernay), à qui Roger de la Pullaye (de Pulletu), prêtre de Saint-Martin-du-Tilleul, en 1262, aurait donné son nom. Du moins, dit M. Le Prévost, dans son Histoire de Saint-Martin: «La Pilette, près le Sap, a-t-elle été appelée quelquefois Pulletu, et pourrait-il en être de même de la Pilette appartenant au territoire de Bernay.» Du reste, on trouve, dès 1382, un nommé Guillaume de la Pilette. Ce furent les Talvas qui étendirent la Pilette jusqu'au hameau des Trois-Cheminées, inclusivement, qu'il détachèrent de la paroisse du Tilleul (Auguste Blais, Notice historique et archéologique sur Notre-Dame-de-la-Couture de Bernay, 1852 - books.google.fr).

 

Ce démembrement n'est pas daté.

 

Talvas

 

Le 29 juin 1171, mourait le comte de Bellême, Guillaume Talvas III. C'était le seul fils légitime de Robert de Bellême, ou plutôt de Mongommery, surnommé le Diable (L. Hommey, Histoire générale, ecclésiastique et civile, du diocèse de Séez ancien et nouveau et du territoire qui forme aujourd'hui le département de l'Orne, 1900 - books.google.fr).

 

Robert de BellĂŞme, contre tout droit et toute Ă©quitĂ©, opprimait aussi l'Ă©vĂŞchĂ© de SĂ©es, et prĂ©tendait qu'il avait Ă©tĂ© donnĂ© Ă  Guillaume de BellĂŞme son aĂŻeul par le duc Richard ; il grevait de toute sorte de vexations et de dommages les biens des ecclĂ©siastiques : c'est ce qui dĂ©termina le vĂ©nĂ©rable Ă©vĂŞque Serlon Ă  l'excommunier, et Ă  interdire toutes ses terres, en usant de la juste sĂ©vĂ©ritĂ© Ă©piscopale, afin qu'on n'y cĂ©lĂ©brât plus les offices divins, et qu'on cessât d'inhumer les cadavres des morts. Cependant Robert, qu'Ă  cause de sa duretĂ© on appelait justement Talvas, endurci comme Pharaon, ne se laissait flĂ©chir ni par les plaies ni par les remèdes de l'Ă©vĂŞque ; au contraire, chaque jour il augmentait dĂ©testablement la somme de ses attentats (Orderic Vital, Histoire de Normandie, Tome 3, 1826 - books.google.fr).

 

Son grand-père était le terrible Guillaume II Talvas.

 

Robert de BellĂŞme : NĂ©ron

 

Ce fut cette exactitude, et principalement la constance avec laquelle Jean soutint le parti de son Evêque, le vénérable Serlon, contre Robert, comte de Bellême, qui lui attira la haine de ce seigneur, que les auteurs contemporains regardent comme le Néron de son temps. Cet homme, le plus avide et le plus cruel qu'on ait peut-être vu, par une usurpation jusqu'alors sans exemple, s'était emparé du temporel de l'Evêché de Séez, comme d'un bien qu'il prétendait lui appartenir; il exerça contre l'Evêque Serlon une si longue et si cruelle persécution, que ce pieux Prélat ne put s'en délivrer qu'en prenant la fuite et en mettant tout son diocèse en interdit. Tous ceux qui restèrent attachés au vertueux Serlon furent l'objet de la haine, et, pour me servir de l'expression d'Ordéric, de la fureur de ce tyran. L'archidiacre Jean, comme le plus dévoué à son Evêque, fut celui que Robert haït et persécuta le plus vivement. Cet ecclésiastique, sans défense, fut forcé de s'éloigner pour se soustraire à la violence du comte, à laquelle personne ne pouvait ou n'osait s'opposer. Il se retira en Angleterre, auprès du roi Henri Ier, dont il était connu. Ce prince le reçut avec plaisir, et, en attendant qu'il fût en état de réprimer les vexations du comte de Bellême, il le mit au nombre de ses chapelains, et prit en lui tant de confiance, qu'il le consultait dès lors sur le gouvernement de son état. L'idée que le prince avait des lumières et de la vertu de l'archidiacre de Séez augmenta beaucoup par la communication qu'il avait avec lui, et le porta à le faire élire Evêque de Lisieux. Jean n'était que diacre quand il fut élevé à l'épiscopat (H. de Formeville, Histoire de l'ancien évêché-comté de Lisieux, Tome 2, 1863 - books.google.fr).

 

"Dans ces temps-lĂ  le jugement des princes n'avait aucun pouvoir sur celui que sa puissance Ă©levait outre mesure au-dessus de tout le monde, et la barbarie des mĹ“urs de Robert le rendait insupportable aux gens de sa maison, Ă  ses amis et Ă  ses vassaux. Il regardait comme un jeu de faire arracher les yeux, de faire couper les pieds et les mains, et se plaisait, comme le Sicilien Phalaris, Ă  recourir Ă  des supplices inouĂŻs pour torturer les malheureux. Ceux qu'il jetait dans ses prisons pour quelque faute souffraient des tourmens indicibles de la part de ce tyran, plus cruel que NĂ©ron, Dèce ou DioclĂ©tien : il en faisait des plaisanteries et des sujets de jactance et de moquerie avec ses  parasites ; il tirait gloire du plaisir qu'il Ă©prouvait Ă  tourmenter ses prisonniers ; le cruel se rĂ©jouissait des reproches qu'on lui faisait pour l'excès de ces supplices" (Orderic Vital, trad. Louis du Bois, collection Guizot) (Collection des mĂ©moires relatifs Ă  l'histoire de France: depuis la fondation de la monarchie française jusqu'au 13e siècle, Tome 28, 1827 - books.google.fr).

 

Comme la guerre continuait, le roi de France, après tine victoire remportée sur l'Anglais, députa le sire de Bellême en qualité d'ambassadeur auprès du roi d'Angleterre. Bellême le trouva à Bonneville-sur-Touques. Henri transporté de joie, ne voulant pas laisser échapper une occasion qu'il cherchait depuis si longtemps, et qu'il ne retrouverait peut-être jamais, au lieu de conférer avec lui sur l'objet de sa mission , le fit contre le droit des gens, malgré l'inviolabilité du caractère dont il était revêtu , arrêter comme rebelle et jeter dans les fers avec les trois seigneurs qui l'accompagnaient, savoir: Huguesde-Médavid et deux autres. C'était le 1er novembre 1112; comme il n'avait aucun grief contre les trois chevaliers, il les fit bientôt remettre en liberté. Quant au héros de Bellême, qui lui portait tant d'ombrage, et qu'il redoutait plus lui seul qu'une armée toute entière, il voulut accomplir son projet favori, et mettre cet homme puissant, hors d'état désormais de pouvoir traverser ses desseins, et paralyser ses entreprises sur la Normandie. Il donna donc aussitôt l'ordre d'instruire son procès. Les principaux griefs qu'on lui opposa furent, qu'au mépris d'une triple citation, il avait refusé de se rendre à la cour pour y rendre compte, en sa qualité d'officier du roi, de l'administration des revenus d'Argentan, d'Hyesmes et de Falaise, et de n'avoir pu donner aucune raison valable, pour se laver de toutes les imputations qui lui étaient faites, relativement aux différens délits dont il était accusé. La cour, en conséquence, le déclara coupable de félonie, de lèze-majesté divine et humaine, et le condamna en réparation de tant et de si grands attentats, à une détention perpétuelle au fond d'un cachot. Conduit d'abord dans les prisons de Cherbourg, on l'en tira l'année suivante pour le transférer dans celles du château de Wareham, en Angleterre, où il finit misérablement ses jours, on ignore en quelle année. Je ne puis à ce sujet souscrire à l'opinion de quelques écrivains, qui fixent cette mort eu l'an 1113, puisque le roi Louis-le-Gros, présent au concile de Rheims, tenu par le pape Calixte, au mois d'octobre 1119, se plaint au concile que le roi d'Angleterre, au mépris des lois les plus sacrées, se soit permis de mettre les mains sur Robert-de-Bellème, Son Ambassadeur, qu'il a toujours retenu jusqu'à ce jour dans un affreux cachot:

 

Robertum de Bellissimo Legatum Meum, per quem mandaveram Régi quœ volebam, in curiâ sud cepit, in vinculâ injecit, et in ergastulo truci hue usque cœrcuit. ("Henri s'est emparé à sa cour de Robert-de-Bellême, Mon Ambassadeur, par l'entremise duquel je lui notifiais ce que j'avais à lui faire savoir, il l'a jeté dans les fers et plongé dans un horrible cachot, où il l'a retenu jusqu'à ce moment. 1119)."

 

S'il faut en croire Belleforêt, pour appliquer à ce grand coupable la peine du talion, on le contraignit de regarder fixement un bassin d'airain rougi au feu, afin que l'œil se desséchant, et la chaleur pénétrant jusqu'au cerveau, le plus cruel trépas vînt terminer une vie si criminelle d'une part, et si glorieuse de l'autre. Quelques historiens semblent révoquer en doute l'assertion de Belleforêt, qui pourtant n'a rien d'invraisemblable de la part d'un prince barbare qui, sans autre motif que son ambition démesurée, ne recula pas devant l'horrible pensée de faire crever les yeux à son propre frère, qu'il laissa en cet état languir près de trente années au fond d'une étroite prison, où la mort seule, plus compatissante, vint lui tendre une main secourable, et mettre un terme à une si longue agonie, en le délivrant du fardeau de l'existence. Ce qui rend encore plus présumable l'atroce conduite du roi d'Angleterre envers le sire de Bellême, c'est la haine profonde qu'il portait depuis long-temps à ce redoutable adversaire.

 

Après la captivité de Bellême, qui suivant Orderic Vital, causa une joie indicible aux habitans du Perche et de la Normandie, les deux rois firent la paix entr'eux; Foulques comte d'Anjou, alla trouver Henri, et eut avec lui une entrevue à Pont-Percé, à une lieue d'Alençon, sur la route de Bretagne. Le comte, en sa qualité de vassal, lui jura fidélité pour le comté du Maine. On arrêta le projet de mariage entre Guillaume-Adelin, seul fils légitime du roi Henri, et Sybille, fille du comte de Foulques. La paix fut également rendue à tous le pays et à l'église; le calme commença à renaître, la joie rentra dans tous les cœurs, et tous les prisonniers, faits de part et d'autre, furent remis en liberté, principalement Rotrou III, comte du Perche. La dernière semaine de mars de l'an 1113, les deux rois eurent une entrevue à Gisors, et se jurèrent une amitié réciproque. Louis céda à Henri, Bellême et le Bellêmois, le comté du Maine et toute la Bretagne (Louis-Joseph Fret, Antiquités et chroniques percheronnes ou recherches sur l'histoire du Perche, et pays limitrophes, 1838 - books.google.fr).

 

Robert de BellĂŞme mourut entre 1119 et 1127 Ă  Wareham dans le Dorset Ă  douze lieues de Salisbury. Nul ne sait quand; et l'on ignore oĂą reposent ses cendres. Sa fin est entourĂ©e d'un impĂ©nĂ©trable mystère : la tradition Percheronne veut qu'il ait eu les yeux brĂ»lĂ©s par le rayonnement d'une Ă©pĂ©e rougie Ă  blanc et qu'il soit mort de ce supplice. La tradition de Wareham veut qu'il se soit laissĂ© mourir de faim. PrivĂ© de la vue, on le laisse mourir de faim, - oui, peut-ĂŞtre ! - Mais nul ne le sait vraiment, car son cachot souterrain a gardĂ© pour toujours son secret. Notre tâche est terminĂ©e. Nous avons fait connaĂ®tre les origines nobles de BellĂŞme. Nous espĂ©rons avoir fait mieux connaĂ®tre et aimer cette vaillante, noble et loyale famille des BellĂŞme. Avec M. le vicomte du Motey (Le champion de la Normandie: Robert II de BellĂŞme), simplement, nous voulons terminer : "Qu'on ne l'oublie pas : deux fois proscrit injustement, menacĂ© dans sa personne, assailli par un monde d'ennemis, Robert de BellĂŞme, qui nous est apparu pacifiant ses barons, rendait la justice sous les ombrages de la forĂŞt de Bourse, entourĂ© de moines et de paysans, souscrivant une charte d'immunitĂ© en faveur de Saint-Martin de SĂ©es, favorisant l'entrĂ©e en religion de l'un de ses seigneurs, confirmant les donations religieuses de ses ascendants, et de ses vassaux, fut contraint, pour se dĂ©fendre d'abord, pour dĂ©fendre ensuite son suzerain, de faire la guerre Ă  outrance" (Revue Historique et Archeologique du Maine, 1927 - books.google.fr).

 

Son fils fonda, dans le monastère de Saint-Martin de Sées, un Service annuel et solennel qui se célébrait le 8 mai, jour anniversaire du décès de Robert de Bellême.

 

Il mourut un 8 mai, mais l'année reste inconnue. En 1127, son fils, Guillaume, fit donation à l'abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte pour le repos de l'âme de Roger de Montgommery, de Mabille, de Robert de Bellême et de sa femme Agnès. Mais cette donation ne prouve pas son décès : selon les rôles de l'Echiquier anglais, il était encore vivant, semble-t-il, en 1130-1131, puisque son entretien coûtait alors 20 livres et 5 sous. A cette date, il devait avoir près de quatre-vingts ans. Il est très probable qu'il mourut peu après 1130 (Gérard Louise, La seigneurie de Bellême - Xe- XIIe siècles, Le Pays Bas-normand, Société d'art et d'histoire, Société ornaise d'histoire et d'archéologie, 1991 - books.google.fr).

 

Orderic Vital raconte comment Robert de Bellême avait coutume de saisir les honneurs de ses ennemis, de brûler leurs châteaux, ou de mutiler ses prisonniers. Il l'appelle «le boucher sans pitié». L'hagiographe Geoffroi Grossus confirme dans sa Vita Bernardi les tortures qu'infligeait le baron. Cette cruauté n'est pas sans rappeler celle de son grand-père, le terrible Guillaume II Talvas. Kathleen Thompson se demande si tous ces témoignages ne sont pas exagérés. Elle en tient pour preuve que lorsque Vital évoque les exactions de Robert contre les Gallois, les sources galloises n'en disent mot et accusent plutôt son père Roger et son frère Hugues.

 

Les historiens connaissent assez bien Robert de Bellême car dans son Historia ecclesiastica, le chroniqueur anglo-normand Orderic Vital parle abondamment de lui. Il détaille ses nombreux méfaits et brosse un portrait diabolique du personnage. Quelques auteurs des siècles passés ont par conséquent surnommé le seigneur de Bellême Robert le Diable (fr.wikipedia.org - Robert II de Bellême).

 

Rosemonde

 

Guillaume de Malmesbury nous apprend que le roi Henri Ier avait fait enclore, à Woodstock, un vaste parc plein de bêtes fauves. et qu'il y avait joint une ménagerie on se trouvaient des lions, des léopards, des lynx, des chameaux, un porc-épic etc.

 

On raconte que, parmi les nombreuses femmes auxquelles Henri II s’était attaché. se trouvait une fille de Walter Clifford, baron du Hereford-Shire, à laquelle des charmes incomparables avaient valu le surnom de Rosemonde, rosa mundi.

 

Le roi, qui savait combien Eléonore était dangereusement jalouse, avait caché cette merveilleuse beauté dans le château de Woodstock, où l’on ne pouvait approcher d’elle que par un labyrintbe renouvelé des Grecs. Ce labyrintbe était si compliqué que, pour ne point s’égarer dans ses inextricables détours, il fallait y être guidé par un fil que le roi gardait toujours entre ses mains. Malgré ce luxe de précautions, Eléonore, enlevant à son mari ce fil précieux, parvint jusqu'à la retraite de Rosemonde, et là, après avoir accablé sa rivale des reproches les plus injurieux, elle lui présenta de sa propre main, le poison qu’elle lui avait elle-même préparé, lui fit prendre le fatal breuvage et rassasia ses yeux du spectacle des convulsions de son agonie. Henri II, pour venger la mort de sa maîtresse, plongea Eléonore dans un affreux cachot.

 

Près de Godestoive, non loin d’Oxford , elle fut ensevelie dans un tombeau convenable, placé dans le chœur de la cbapelle du monastère, et sur lequel on lit l’inscription suivante : 

 

Hic jacet in tumbà Rosa mundi, non Rosa munda 

Non redolet, sed olet quæ redolere solet, etc.

 

Woodstock a d'autres titres encore à la célébrité : c'est le lieu de naissance d'un héros, le Prince Noir, et d’un poète, Chaucer. Enfin, aux environs de Woodstock, est le château de Blenheim, monument élevé par la munificence de l'Angleterre, pour le duc de Malborough, en mémoire de la victoire remportée par lui à Blenheim (Philippe Tamizey de Larroque, Observations sur l'histoire d'Eléonore de Guyenne, 1864 - books.google.fr).

 

On retrouve une autre Rosemonde au quatrain suivant IX, 54 : peut-être un exemple de chaînage.

 

Fournaise en 1105

 

Un drame atroce se déroula à Tournai-sur-Dives en 1104-05 et n'est connu que par une brève phrase d'Orderic Vital, écrite une génération plus tard. Il s'agit d'un passage du sermon que l'évêque de Sées Serlon prononça le jour de Pâques 1105 en l'église de Carentan, devant le roi Henri Ier qui venait de débarquer en Normandie pour enlever le duché à son frère aîné Robert Courteheuse. Serlon, déjà rallié au roi Henri depuis quelque temps, dépeint les calamités qui affligent alors la Normandie. "L'Église, dit-il, est devenue le refuge des populations, mais, même là, la sécurité n'est pas assurée. Cette année même Robert de Bellême a incendié l'église de Tournai dans mon et dans celle-ci a fait périr quarante-cinq personnes des deux sexes. Je rapporte ces faits en gémissant devant Dieu, je les mentionne devant toi, seigneur roi, pour que ton esprit soit animé par le zèle de Dieu." Et de conclure : "Ton frère ne possède pas vraiment la Normandie et n'y gouverne pas son peuple (Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne, Volumes 112 à 113, 1993 - books.google.fr).

 

Cheveux

 

«Dans cette année même, dit le prélat, Robert de Bellême a brûlé dans mon diocèse l'église de Tournai (arrondissement d'Argentan), et il y a fait périr quarante-cinq personnes des deux sexes... Votre frère (le duc Robert) dissipe en bagatelles et en frivolités les richesses de son puissant duché ! Il est souvent, faute de pain, obligé de jeûner jusqu'à nones. La plupart du temps, il n'ose se lever de son lit ; et, faute de vêtements, il ne peut aller à l'église, parce qu'il manque de culottes, de bottines et de souliers... Tous, comme les femmes, vous portez de longs cheveux... Ce n'est pas pour leur ornement ou leur plaisir que l'on ordonne aux pénitents de ne pas se raser la barbe et de ne pas couper leurs cheveux... Par leurs longues barbes, ils ressemblent à des boucs, dont les libertins et les courtisanes imitent honteusement l'infâme lubricité ; et les honnêtes gens les regardent à bon droit comme abominables, à cause de la détestable odeur de leurs débauches... Les prévaricateurs endurcis évitent de se raser, de peur que les barbes coupées ne blessent les maîtresses auxquelles ils donnent des baisers ; et, couverts de soie, ils imitent beaucoup plus les Sarrasins que les chrétiens. Voilà qu'ils ont tourné l'extérieur négligé du pénitent en appareil de luxure. En effet, ces fils obstinés de Bélial se couvrent la tête de la chevelure des femmes, tandis qu'ils portent au bout de leurs pieds des queues de scorpion, se montrant ainsi femmes par la mollesse, et serpents par l'aiguillon. Cette espèce d'hommes a été désignée sous la forme de sauterelles, il y a mille ans, par Jean, dans l'Apocalypse qu'il publia à Pathmos, et dans laquelle il nous donne, à cet égard, des détails évidents... C'est pourquoi, glorieux monarque, je vous prie de donner à vos sujets un louable exemple; que surtout ils voient par vous-même comment ils doivent se coiffer. A ces mots, ajoute le chroniqueur, le roi et tous les grands obéirent avec joie, et l'expéditif prélat tira aussitôt de sa manche des ciseaux, et tondit, de ses propres mains, d'abord le roi, puis le comte de Meulan et plusieurs autres seigneurs. Toute la suite du roi et les assistants se firent de tous côtés tondre à l'envi, etc.» (Orderic Vital, Histoire de Normandie (Historia ecclesiastica), livre XI, traduction de M. Louis du Bois, de Lisieux, dans la Collection des Mémoires relatifs à l'histoire de France, t. XXVIII, p. 182 et suiv.) (Bulletin du Comité de la Langue de l'Histoire et des Arts de la France, Volume 4, 1858 - books.google.fr).

 

Daniel demeure sept jours dans la fosse, il y est nourri par le prophète Habacuc qu'amène chaque jour un ange qui le tient par les cheveux le prophète Habacuc voyageant à travers les airs de cette étrange façon, depuis la Judée.

 

Et les satrapes, les premiers officiers, les juges et les grands de la cour du roi regardaient attentivement ces jeunes hommes, voyant que le feu n'avait eu aucun pouvoir sur leur corps, qu'un seul cheveu de leur tête n'en avoit esté brûlé, qu'il n'en paroissoit aucune trace sur leurs vestemens, & que l'odeur même du feu n'estoit pas venuë jusqu'à eux (Guillaume Desprez, Jean Desessartz, Daniel, 1711 - books.google.fr)/

 

Au mĂŞme instant, la parole s'accomplit su Nabuchodonosor : il fut repoussĂ© des hommes ; et il mangea de l'herbe comme les taureaux ; et son corps fut mouillĂ© par la rosĂ©e du ciel ; jusqu'Ă  ce que sa chevelure crĂ»t comme (la chevelure) des aigles ; et ses ongles comme (les ongles) des oiseaux Son cheveu, sahareh collectivement «ses cheveux», c'est-Ă -dire sa chevelure, son poil (Chapitre 4) (Le Livre du prophète Daniel, traduit d'après le texte hĂ©breu, aramĂ©en et grec, avec une introduction critique ou dĂ©fense nouvelle du livre et un commentaire littĂ©ral, exĂ©gĂ©tique et apologĂ©tique, 1890 - books.google.fr).

 

Dans les Catilinaires on entend Porcius Latro déclamer fortement contre les jeunes Romains qui paroissoient en public avec des cheveux frisés, calamistrati. Dans la harangue prononcée par Cicéron après son retour au sénat (Red. in Sen. c. 5.), il désigna Pison comme un homme perdu de débauche, par ces mots, cincinnatum ganeonem, le libertin aux cheveux bouclés, il reprocha le même vice au consul Gabinius, en l'appelant le danseur frisé, calamistratum saltatorem, & en faisant remarquer sur son front les traces du fer chaud qui avoit servi à former les boucles de sa chevelure, frontem calamistri vestigiis notatem. Suétone décrivant tous les vices de Néron, n'oublie pas son amour pour sa chevelure qu'il frisoit ordinairement, & qu'il laissa même flotter sur les épaules, comme les femmes, dans son voyage de Grèce (c. 51. n. 3.) : Circà cultum habitumque adeo pudendus, ut comam semper in gradus formatam, peregrinatione Achaica etiam pone verticem summiserit (Encyclopédie méthodique: Antiquités, Mythologie, Diplomatique des Chartres et Chronologie, 1786 - books.google.fr).

 

NĂ©ron fut empereur Ă  17 ans et mourut Ă  31, toujours jeune.

 

Deux des quatre royaumes

 

Le projet de Caligula de faire ériger sa statue dans le Temple de Jérusalem, fit l'unanimité des Juifs contre lui ; Philon fit le voyage à Rome en 40 pour s'y opposer (Legatio, $ 200-203) ; le futur roi Agrippa Ier, qui résidait à Rome et qui était bien en cour, fit hésiter Caligula, mais ne parvint pas à lui faire changer d'avis. Pétronius, le gouverneur de Syrie chargé de faire ériger la statue, avait bien vu que le projet était une grave erreur politique, et il temporisa au maximum jusqu'à l'assassinat de Caligula, début 41. Dans ces conditions, l'indication de Suétone prend un sens précis : à la fin du règne de Caligula, l'agitation suscitée par l'affaire de la statue avait une dimension messianisante proprement juive : le comble de l'horreur allait susciter la manifestation du Messie. Le modèle en était fourni par les prophéties de Daniel : dans la grande vision de la statue des quatre royaumes que Daniel a interprété à Nabuchodonosor, le dernier, qui représente Rome et porte tous les autres du ciel établira un royaume qui ne passera paso (Dn 2,44) ; ou encore, après un temps d'angoisse dont le modèle est la crise maccabéenne, l'archange Michel viendra sauver ceux qui seront inscrits dans le Livre (Dn 12,1). Une jonction s'est faite à Antioche, lorsque Paul, Barnabé et les autres furent qualifiés de «chrétiens», dans des conditions apparemment difficiles et brouillonnes (Ac 1 1,26). Par la suite, Paul, qui a commencé par être un agité messianisant, très distinct des apôtres de Jérusalem (cf. Ac 9,29-30), puis il s'est détaché de cette compromission initiale ; ce point ne peut être développé ici. A propos des troubles sous Néron en 64, Suétone parle clairement des christiani et de leur superstitio nouvelle et malfaisante (Néron $ 16). Parallèlement, Tacite rapporte les représailles de Néron contre les chrétiens, rendus coupables de l'incendie de Rome la même année (Annales 15.44) (Étienne Nodet, Christian-Bernard Amphoux, Synoptiques et Actes: quel texte original ?, 2014 - books.google.fr).

 

Le Narbonnais Zénodore qui fit une statue de Mercure au pris de 400.000 petites sesterces fut appelé à Rome par Néron pour faire la sienne mesurant 110 pieds de haut et qui dut être placée près du Colisée d'où le nom du monument (Ambroise Tardieu, Histoire de la ville de Clermont-Ferrand, 1870 - books.google.fr).

 

Ces quatre royaumes correspondraient Ă  la succession suivante : l'empire babylonien (l'or), l'empire des Mèdes (l'argent), l'empire des Perses (le bronze) et le quatrième royaume serait l'empire grec Ă  venir commençant sa domination avec  le règne d'Alexandre le Grand. D'autres commentateurs ont vu dans les quatre royaumes la succession suivante : babylonien, perse (et mède), grec, romain (Christine Dumas-Reungoat, La fin du monde: enquĂŞte sur l'origine du mythe, 2001 - books.google.fr).

 

Après 70, la plupart des Juifs occidentaux, de langue grecque ou araméenne, proposèrent la variante Babylone - Médie (= Perse) - Grèce - Rome, qui intégrait Rome dans le devenir de l'histoire d'Israël, en l'identifiant symboliquement à Babylone, Edom ou Ésaü. Les Juifs disposaient donc, selon qu'ils vivaient à l'extérieur ou à l'intérieur de l'Empire romain, de deux lectures de Daniel, une historique, axée sur la période maccabéenne, et une midrashique, qui prolongeait l'interprétation des visions prophétiques jusqu'au présent dominé par Rome. Quant aux chrétiens, ils héritaient en plus des listes juives, de la liste classique des quatre ou cinq empires : toute liste d'empires chez les auteurs chrétiens n'est donc pas à mettre nécessairement en relation avec Daniel (Hervé Inglebert, Interpretatio christiana: Les mutations des savoirs, cosmographie, géographie, ethnographie, histoire, dans l'antiquité chrétienne, 30-630 après J.-C, 2001 - books.google.fr).

 

La question des regna a occupé presque tous les auteurs latins. Il suffit de mentionner ici Isidore de Séville et Orderic Vital (Lindsay 1911, livre DX, 3, 1; Chibnall 1980, II: 274). La mort d'Alexandre le Grand à Babylone n'est pas considérée comme une donnée négative; elle s'insère tout simplement dans la perspective de la succession des regna. Aussi la société chrétienne du Moyen Age n'aura-t-elle perçu la mort du roi que comme l'effet d'une volonté divine soulignant le caractère éphémère de la gloire humaine. D'ailleurs, ce roi modèle, qui ne peut être battu de façon régulière, ne tombe que sous le coup de la trahison, preuve a contrario de l'honneur dont il est l'incarnation (Martin Gosman, La légende d'Alexandre le Grand dans la littérature française du 12e siècle: une réécriture permanente, 1997 - books.google.fr).

 

Hugues de Fleury a consacré le livre I de son Historia ecclesiastica, qu'il s'agisse de la première ou de la deuxième et troisième version, à l'histoire des Hébreux et des Juifs, soigneusement encadrée par celle des regna. Inspiré par Orose, il met en parallèlela disparition du regnum Assiriorum, désigné commel'empire d'Orient, avec la croissance de l'empire d'Occident, c'est-à-dire l'empire romain. Il insiste sur ce double mouvement, qui annonce la domination universelle des Romains que leurs virtutes et la fortuna leur ont permis de construire. Mais il souligne aussi que cette domination leur est parvenue «selon la juste estimation de Dieu, qui fait passer les royaumes du siècle de peuple en peuple et d'une lignée à une autre lignée». À la fin du livre I, Hugues de Fleury souligne, en s'inspirant une nouvelle fois d'Orose, comment les événements qui ont marqué le début du troisième âge ont préfiguré ceux qui marquent le début du sixième âge: à l'établissement du royaume de Babylone, le premier des quatre royaumes apparus dans la suite des temps aux quatre points cardinaux, correspond celui de Rome, qui semble être le jeune fils du premier. De même la relation entre Belus, le premier roi de Babylone et des Assyriens, et son fils Ninus, moins célèbre que son père, se retrouve dans le lien qui unit Jules César et son successeur Octavien Auguste. Enfin, la naissance d'Abraham, la quarante-troisième année de Ninus, annonce celle du Sauveur à la fin de la quarante-deuxième année d'Auguste. Ainsi chez Hugues de Fleury l'empire romain est clairement intégré dans l'histoire du salut. [...] C'est alors que naît le Christ, «à qui l'on doit cette paix sur la terre», selon la formule d'Orose. Néanmoins Auguste a activement collaboré au plan de Dieu, et l'empire romain, universel et pacifique, a créé les conditions de la venue du Seigneur. Cette collaboration se poursuit sous Tibère, qui menace de mort les accusateurs des chrétiens et fait périr les sénateurs les plus acharnés contre eux; il en va de même sous Vespasien et Titus, qui détruisent Jérusalem, accomplissant la vengeance de Dieu contre les Juifs. Orderic Vital, qui ne traite pas des origines de l'Empire puisque sa Chronographia débute à l'Incarnation, souligne aussi la coïncidence entre l'établissement de la domination universelle de Rome après la bataille d'Actium, qui a instauré «la très solide et très véritable établie par Auguste selon l'ordonnance divine», et la naissance du Christ. Ainsi l'Empire participe au plan de Dieu pour l'humanité (Mireille Chazan, La représentation de l'Empire chez Hugues de Fleury, L’Historiographie médiévale normande et ses sources antiques (Xe-XIIe siècle), 2016 - books.google.fr).

 

Prophéties de Merlin

 

Les clefs des prophéties de Merlin ont suscité nombre d'interprétations, du XIIe au XVIe siècle, d'Irlande en Italie, en passant par les royaumes d'Espagne. Il est donc utile de se demander comment s'est forgée la tradition politique des clefs des prophéties de Merlin au XIIe siècle, tradition qui a assuré leur succès tout au long du Moyen Âge. Geoffroy de Monmouth a écrit les prophéties peu avant peu avant 1135. Il affirme traduire ces prophéties du breton, à la demande de ses contemporains impatients de les comprendre, tout particulièrement Alexandre de Lincoln à qui il dédicace son oeuvre. Il ne donne pas les clefs des prophéties qu'il traduit, mais il semble que ces prédictions sont très vite comprises de la même manière par les historiens et les chroniqueurs du XIIe siècle. Geoffroy de Monmouth explique qu'il a interrompu la rédaction de l'Histoire des rois de Bretagne pour rédiger un livret de prophéties. [...] Geoffroy de Monmouth s'est inspiré des prophéties bibliques et de sources latines, mais il a surtout su utiliser la tradition prophétique galloise, même si la part de son imagination est certaine. Ces prophéties sont politiques. Leur code repose essentiellement sur le fait que sous le masque de l'animal est caché un personnage. C'est ce code, largement emprunté à la tradition celtique, qui va faire le succès des prophéties de Merlin. [...] Au XIIe siècle, les prophéties attirèrent l'attention de nombre d'érudits, comme Geoffroy de Monmouth le laisse luimême entendre dans sa préface. Orderic Vital, historien normand, écrit un commentaire en 1135, donc immédiatement après la diffusion des prophéties. Dans l'Histoire ecclésiastique, il cite les prophéties de Merlin et commente celle sur Henri Ier (Catherine Daniel, Les clefs des prophéties de Merlin au XIIème siècle, Les clefs des textes médiévaux: Pouvoir, savoir et interprétation, 2016 - books.google.fr).

 

Gisors

 

L’histoire du château est, à ses débuts, étroitement liée à la lutte que se livrèrent pour la Normandie les trois fils du Conquérant : Robert Courte-Heuse, Guillaume Le Roux et Henri Beau Clerc. Plus tard, elle se poursuit sous le signe de la défense du Vexin normand contre les entreprises françaises. [...] L’architecture du château telle qu’elle s’est conservée jusqu’à nous ne doit que bien peu de chose aux travaux de Thibaud de Payen, comte de Gisors. Elle fut conçue par Robert de Bellême qui en commença l’exécution en 1096, secondé par l’architecte Leufroy. [...] Robert II de Bellême, vicomte d'Exmes, comte de Ponthieu et de Shrewbury, était l'un des plus puissants feudataires anglo-normands, mais l'échec d'une intrigue politique menée avec les Gallois le fit très tôt chasser d'Angleterre par Guillaume le Roux. Dès lors, il lie sa fortune militaire et politique à Robert Courte-Heuse, qui le nomme grand sénéchal de Normandie. Quand vint la première croisade, Robert de Bellême, dépourvu d’argent pour y prendre part, fut contraint d’emprunter à Guillaume Le Roux qui exigea la Normandie pour gage. Bellême se trouva ainsi, bien à contre coeur, au service de son ancien adversaire qui bientôt lui donna l’ordre d’envahir le Vexin français. C’est à cette occasion que, pour prévenir une riposte prévisible, commença la construction du château de Gisors. [...] Le rôle qu'y joua Robert de Bellême nous est révélé par le moine anglais Oderic Vital. Or ce fut le rôle capital. "Cet ingénieur habile, écrit le moine, choisit l'emplacement, disposa le plan et présida à la construction". Un vieux chroniqueur normand appelle Robert "le dragon projeté du haut du ciel" (Gérard de Sède, Les Templiers sont parmi nous, J'ai lu, 1971, pp. 209-212).

 

"guetter" : zeta

 

Orderic Vital, toujours très prĂ©cis dans ses descriptions, nous apprend que les seigneurs de BellĂŞme entouraient leurs camps de fossĂ©s profonds, prĹ“cipitĂŻbus fossis. Cette expression convient parfaitement aux camps que nous Ă©tudions. Mais quand il parle des constructions Ă©levĂ©es par Robert II, il signale un nouveau dĂ©tail de fortification, qu'il appelle zĂŞta. Il nous est difficile de proposer pour cette expression, personnelle Ă  cet auteur, une traduction exacte et surtout une attribution certaine. Les textes pour la comparaison font dĂ©faut ; Du Gange dans son glossaire en citant ce mot ne donne comme exemples que des extraits de l'Histoire ecclĂ©siastique publiĂ©e par cet Ă©crivain. Ce mot zĂŞta nous paraĂ®t dĂ©rivĂ© du verbe grec "zètaĂ´" voir d'en haut, observer ; en consĂ©quence il dĂ©signerait des points Ă©levĂ©s dans les camps d'oĂą l'on pouvait surveiller au loin ; cette expression pourrait donc s'appliquer aux mamelons que nous avons signalĂ©s dans plusieurs enceintes, d'autant plus que ces mamelons, dominant l'agger d'environ quatre mètres devaient porter des tours en bois plus hautes que les palissades dressĂ©es sur les talus. La zĂŞta appartenait Ă  l'enceinte extĂ©rieure puisqu'elle servait Ă  fermer le camp, comme les murs et les fossĂ©s. Il y en avait de deux sortes, car le mĂŞme auteur dans un autre passage nous parle de zeti major et de zĂŞta minor. Cette expression doit dĂ©signer une construction se rapprochant beaucoup de la tour, si mĂŞme elle ne la dĂ©signe pas tout simplement. Le style, prĂ©tentieux d'Ordcric Vital permet de le supposer ; l'auteur trouvant dans l'emploi de ce mot un procĂ©dĂ© ingĂ©nieux pour faire montre de sa connaissance de la langue grecque (Gabriel Fleury, Les fortifications du Saonnois du Xe au XIIe siècles, Revue historique et archĂ©ologique du Maine, 1876 - archive.org).

 

Au chapitre 4 du Livre de Daniel, dans le rĂŞve de Nabuchodonosor interviennent les Vigilants (Veilleurs) qui condament le roi Ă  vivre parmi les bĂŞtes et Ă  voir ses cheveux pousser.

 

Le «veilleur» (sheqed) est l'amandier, qui guette le printemps pour fleurir le premier ; il évoque ici le Vigilant (shôqed), le Dieu toujours en éveil (La Bible de Jérusalem: 20 siècles d'art, Volumes 1 à 2, 2009 - books.google.fr).

 

"Trois de son sang" : trois cents

 

Hélie de la Flèche avait du côté de la Normandie un voisin dangereux qui était parvenu à se rendre maître de plusieurs places du Saosnois. C'était Robert, seigneur de Bellême. Celui-ci ayant construit les châteaux de Saosnes et de Saint-Rémy-du-Plain sur les terres des moines de la Couture et de Saint-Vincent, Hélie provoqua Robert de Bellême et le battit près du ruisseau de l'Orthon ou de Riolet, par conséquent entre Thoigné et Maresché. Puis pour se protéger contre ce turbulent et puissant vassal du duc de Normandie, il fortifia le château de Dangeul. Se sentant menacé, Robert de Bellême excita, en janvier 1098, Guillaume le Roux contre Hélie. Une campagne, qui eut lieu en février, échoua à cause de la mauvaise saison. Le roi d'Angleterre et le seigneur de Bellême, pour éviter les conséquences de cet échec, fortifièrent les neuf châteaux que ce dernier possédait dans le Maine, c'est-à-dire : Blèves, Peray, le Mont de la Nue à Contilly, l'Ortieuse à Saint-Cosme-de-Vair, Aillières, Saosnes, Saint-Remy-du-Plain, la Motte-Gautier de Clinchamp et Mamers. On raconte que c'est dans ce temps que Robert de Bellême fit creuser une ligne de fossés renforcés de talus, depuis Peray jusqu'à Saint-Remy-du-Plain, retranchements connus sous le nom de fossés de Robert-le-Diable. Les habitants de la région n'eurent pas à se louer des agresseurs. Au dire d'Ordéric Vital, plus de trois cents personnes périrent dans les cachots de Robert de Bellême pendant le carême de 1098 (A. Ledru, le Maine sous ses comtes héréditaires, La Province de Maine, Société des archives historiques du Cogner, 1924 - books.google.fr).

 

Selon Orderic Vital, Guillaume Pantoul, fidèle de Roger de Montgommery, qui avait reçu le château de Peray (Piretum castrum), en fut dépossédé par Mabille de Bellême pour une raison qui reste inconnue. Il en éprouva une profonde haine qui le fit soupçonner d'être l'instigateur du meurtre de Mabille de Bellême, vers 1077- 1079 A une date assez proche, vers 1078-1082 un acte de l'abbaye St-Vincent-du- Mans est passé apud castrum Pireti. Un lignage de Pireto est connu à la fin du XIe siècle Cette datation permet de placer le château de Peray parmi les antiqua oppida que Robert II de Bellême fit fortifier en les ceinturant de profonds fossés, lors de sa campagne de fortification menée contre Hélie, comte du Maine, en 1098 (antiqua (oppida) precipitibus fossis cingens admodum firmavit). En septembre 1135, Guillaume III Talvas, alors comte de Ponthieu, s'y réfugia, après avoir vu ses biens confisqués par Henri Ier d'Angleterre ; à cette occasion, Orderic Vital précise que le château est tenu du comte d'Anjou (Gérard Louise, La seigneurie de Bellême - Xe- XIIe siècles, Le Pays Bas-normand, Société d'art et d'histoire, Société ornaise d'histoire et d'archéologie, 1991 - books.google.fr).

 

"de son sang" : les comtes de Mortagne

 

Rotrou II, comte de Mortagne, fils de Geoffroy II, et Robert II de Bellême sont cousins (Le Pays Bas-normand, Société d'art et d'histoire, Société ornaise d'histoire et d'archéologie, 1991 - books.google.fr).

 

Comme Orderic-Vital dit eu parlant de cette guerre; que Geoffroy et Robert Ă©taient cousins : Consobrini enim erant et de fundis antecessorum suorum altercabant, et que c'est sur cette assertion du cĂ©lèbre Ă©crivain, que Courtin et Bry se sont appuyĂ©s pour faire descendre les Rotrou de la famille des Talvas, nous allons dans une courte digression essayer de dĂ©brouiller ce cahos, et de ramener les choses Ă  leur vĂ©ritable origine, tout en justifiant l'allĂ©gation d'Orderic au sujet de l'alliance ou parentĂ© existant entre les deux châtelains (Louis-Joseph Fret, AntiquitĂ©s et chroniques percheronnes ou recherches sur l'histoire du Perche, et pays limitrophes, Tome II, 1838 - books.google.fr).

 

Le mot consobrini, qui signifie proprement les enfants de deux sœurs, désigne tous cousins (Calixte Accarias, Précis de droit romain, Tome 1, 1871 - books.google.fr).

 

Béatrice, la troisième fille d'Adèle et d'Hilduin, prend pour époux Geoffroi, comte de Perche et de Mortagne, et met au monde trois enfants: un fils, Roderic ou Rotrou, comte de Perche et de Mortagne, gendre du roi Henri Ier Beauclerc d'Angleterre, ainsi que seigneur de Tudèle, et deux filles (André de Mandach, Naissance et développement de la chanson de geste en Europe: Volume 6, Chanson de Roland : transferts de mythe dans le monde occidental et oriental, Tome 6, 1993 - books.google.fr).

 

De longues contestations ont existé entre Mortagne et Bellême, au sujet de la prééminence de ces deux villes; chacune aspirait au titre de capitale du Perche; les générations héritaient de l'antipathie qui divisait leurs pères. Nous ignorons si la querelle est encore vidée, ou si elle finira avant la destruction des contendantes. Nous laisserons au lecteur à juger lui-même, d'après l'exposé des faits, laquelle des deux rivales produit le plus de titres à l'appui de ses prétentions. Si en parlant de Mortagne, nous lui avons donné le titre de capitale du Perche, c'est qu'elle fut toujours le principal siège de nos anciens comtes. Cette ville, d'ailleurs, ayant toujours été généralement reconnue comme la plus belle et la plus importante de l'ancienne province, c'est en cette qualité qu'elle fut érigée en chef-lieu, de sous-préfecture. Nogent jouit aujourd'hui des mêmes avantages. Quant à celle de Bellême, jadis beaucoup plus grande et plus forte, avant les différens sièges et les nombreux désastres qu'elle eut à subir, il se peut faire qu'au moyen âge, au temps de ses puissans et formidables Talvas, elle pût offrir des titres qu'elle n'a plus aujourd'hui. Elle fut d'ailleurs pendant près de deux siècles la capitale de cette partie du Perche soumise au sceptre des Talvas, et connue alors sous le nom de Bellémois, comme Mortagne l'était du comté du Perche proprement dit, et appartenant aux Rotrou. Pittoresquement assise entre Mortagne et Nogent-le-Rotrou, sur une éminence qui domine les campagnes d'alentour, et près d'une majestueuse forêt qui porte son nom, l'antique cité de Belléme, en latin, Belisma, Belismum, Bellissimum, oppidum Belismense, urbs Bellismensis Bellissimum castrum, offre un aspect agréable. Cette ville manque d'eau courante; mais les puits dont l'eau est très-pure la dédommagent en partie de cet inconvénient. Elle est bien déchue de ce qu'elle fut jadis, surtout avant le siège qu'elle eut à soutenir contre les troupes de la reine Blanche-de-Castille, mère de Saint Louis, régente du royaume pendant sa minorité; car à cette époque, on pouvait la mettre au rang des plus fortes places de l'Europe, à cause de son château redoutable et de son superbe donjon (Louis-Joseph Fret, Antiquités et chroniques percheronnes ou recherches sur l'histoire du Perche, et pays limitrophes, Tome III, 1838 - books.google.fr).

 

Pendant sa prison, Robert de Bellême perdit la seigneurie de Bellême, que le roi Louis le Gros, par traité fait à Gisors sur la fin de mars 1113, céda au roi d'Angleterre, qui en fit don à Rotrou II, son gendre, comte du Perche (L'art de verifier les dates, Tome 4, 1819 - books.google.fr).

 

Le nom de Belisama (Bellême) signifie "la très brillante" (Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, Volume 6, Numéros 45 à 56, 1975 - books.google.fr).

 

Holder hésitait, quant à la morphologie, entre Beli-sama et Bel-is-ama. Mais le thème, au moins, a été immédiatement identifié : Bel- se retrouve en premier lieu dans le célèbre théonyme Belenos, nom d'une divinité regardée à bon droit solaire (J. Gourvest, Le culte de Belenos en Provence occidentale et en Gaule, in Ogam VI, pp. 257-262). Le thème signifie réellement «clarté, lumière» et sa valeur sémantique est solide : l'irlandais Beltene «feu de Bel» est le nom de la fête du Premier Mai (Archiv fiir Celtische Lexicographie II/1, 196). [...] Il n'est pas impossible qu'un lettré gaulois, prêtre ou druide ou théologien, ait compris Belisama comme "semblable à Bel". La correspondance est conceptuelle et n'a rien de logiquement faux (Christian J. Guyonvarc'h, Etudes sur le vocabulaire gaulois, Ogam : tradition celtique, 1962 - books.google.fr).

 

Nabuchodonosor donne le titre de Balthasar à Daniel, parce qu'il était son premier ministre et son associé dans le gouvernement de l'empire. Balthasar signifie trésor de Bel. Nabuchodonosor regardait Bel comme un dieu lorsqu'il donna ce nom à Daniel (Augustin Henry, Histoire du Saint Prophète Daniel, 1855 - books.google.fr).

 

Le BellĂŞmois, capitale BellĂŞme, est compris aujourd'hui dans l'arrondissement de Mortagne (Orne).

 

Typologie

 

Reportant la date de 2143 sur les dates pivot de 1052 (date de naissance présumée de Robert de Bellême) et 1130 (date présumée de son décès) on obtient la fourchette de -39 à 117.

 

On retrouve "deux royaumes".

 

En 40 av. J.-C., les Parthes envahissent Israël et soutiennent Antigonos pour prétendre au trône de Judée au détriment d'Hyrcan II. Les deux partis s’affrontent dans Jérusalem. Le général Parthe invite Phasaël et Hérode à se rendre devant son chef le satrape Barzapharnès pour faire la paix. Hérode refuse, mais Phasaël accepte avec Hyrcan II. Ils sont faits prisonniers. Hérode parvient à sortir de Jérusalem avec 9 000 hommes et emmène sa famille. Le convoi tombe dans une embuscade. En ce lieu sera par la suite édifié l'Hérodion en souvenir de ce qu'Hérode appellera son plus grand combat. Il parvient à mettre sa famille en sécurité à Massada et va chercher du renfort à Pétra. Les Parthes s'emparent alors de Jérusalem, descendent le long de la côte jusqu'à Gaza et s'installent en Idumée. Pour une courte période toute la Syrie y compris la Judée a été subjuguée, à quelques exceptions près, dont la ville fortifiée de Tyr. Se sachant prisonnier, Phasaël se suicide et Hyrcan II est emmené prisonnier par les Parthes en Parthiène. Avant sa déportation, son neveu Antigone II Mattathiah obtient qu'une de ses oreilles soit tranchée, ce qui lui interdit définitivement de pouvoir exercer la fonction de Grand prêtre d'Israël. À Jérusalem, libérée ou occupée par les Parthes, selon le point de vue qu'on adopte, Antigonos est intronisé à la fois comme roi et grand-prêtre. Le royaume hasmonéen a officiellement été restauré, mais dans les faits, c'est un protectorat Parthe. Hérode, mal reçu par le roi de Nabatène Malichos Ier, rejoint Alexandrie puis Rome. Bien reçu par Antoine et Octave, il est proclamé roi de Judée à l'unanimité du Sénat romain en décembre 40 av. J.-C. La décision du Sénat «est exceptionnelle, les Romains ayant pour principe de n'accorder le titre royal qu'aux descendants des anciennes dynasties. Mais le succès initial rencontré par les Parthes est sans lendemain : en 39 av. J.-C., le général romain Publius Ventidius Bassus contre-attaque et vainc Labienus, qui est tué dans la bataille. Il défait ensuite Pacorus Ier lors de la bataille de Gindarus en Syrie du nord, lors de laquelle celui-ci est tué. Hérode reprend pied en Israël avec l'appui de l'armée romaine victorieuse des Parthes. Il débarque en 39 av. J.-C. à Ptolémaïs cité phénicienne qui a réussi à résister aux assauts des Parthes. Cinq «lochoi» de soldats juifs (env. 2 500 hommes) l'y attendent, il enrôle aussi des mercenaires étrangers. Longeant la côte en direction du sud, il s'empare de Joppé. Il pénètre ensuite en Idumée où il est accueilli en libérateur et délivre sa famille à Massada. Mal soutenu par le général romain Silo, il doit abandonner l'attaque de Jérusalem. Pendant l’hiver 38 av. J.-C., maître de la côte, de l'Idumée et de la Samarie, il achève de prendre le contrôle de la Galilée en pourchassant les bandes de brigands et maquisards. Comme le général romain Machaeras a une attitude ambiguë, Hérode rencontre Antoine à Samosate et celui-ci donne des instructions précises à Sossius, le gouverneur de Syrie. Pendant l'absence d'Hérode, la situation de ses partisans empire : Joseph, frère d'Hérode, est tué dans une embuscade près de Jéricho, la Galilée se révolte et les notables partisans d'Hérode sont noyés dans le lac de Génésareth. Renforcé par les deux légions de Caius Sosius, Hérode reprend le contrôle de la Galilée et de Jéricho et bat les partisans d’Antigonos près d'Isana. Au printemps 37 av. J.-C., il met le siège devant Jérusalem. Il est épaulé par les troupes romaine de Sossius. Hérode donne l'ordre d'abattre tous les arbres des environs afin de construire trois gigantesques plates-formes. Puis, laissant ses hommes à l'ouvrage, il s'absente quelques jours, le temps d'aller se marier en Samarie avec Mariamne l'Hasmonéenne, petite fille d'Hyrcan II et nièce d'Antigonos. Jérusalem tombe au bout de cinq mois. Antigonos se rend à Sosius qui l'envoie à Marc Antoine, malgré les protestations d'Hérode qui veut l'exécuter sur le champ. Antoine se laisse persuader avec les cadeaux d'Hérode. Antigone est finalement décapité. Il est le premier roi exécuté par les Romains. Hérode prend le titre de roi des Juifs (fr.wikipedia.org - Hérode Ier le Grand).

 

Le 7 août 117, Trajan, sur son lit de mort, adopte Hadrien sous l'influence de sa femme Plotine et le désigne comme son héritier. Il meurt à Sélinunte de Cilicie lors de son retour de la guerre en Orient ; sous son règne, l'Empire romain a atteint son extension géographique maximale. Le 11 août, à Antioche débute le règne d'Hadrien, empereur romain (fin en 138). Hadrien signe un traité avec les Parthes et abandonne la Mésopotamie, l'Arménie et l'Assyrie pour rétablir la paix aux frontières de l'empire. Osroes retrouve son trône et Parthamaspatès obtient le royaume d’Osrhoène, vassal de Rome (fr.wikipedia.org - 117).

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