Millénaire et hippopotame

Millénaire et hippopotame

 

IX, 89

 

2169

 

Sept ans sera Philip fortune prospère

Rabaissera des Arabes l'effort

Puis son mydi perplex rebours affaire

Jeune ognyon abysmera son fort.

 

L'empereur Philippe l'Arabe

 

Quasiment tous les empereurs éphémères, régnant durant la crise, réagirent face aux difficultés auxquelles ils se heurtèrent, en renforçant sensiblement l'absolutisme impérial. Ces empereurs essayèrent de se forger une dynastie, de mettre en œuvre une véritable hérédité monarchique. Du même coup, on s'appliqua à tirer parti d'une ostensible propagande millénariste. Le 21 avril 247, la ville de Rome s'engagea dans l'année de son millénaire. Ce fut l'occasion de célébrer à la fois la Roma aeterno et l'empereur Philippe l'Arabe. Un nouum saeculum aurait dû être l'amorce d'une nouvelle ère de prospérité. Les jeux séculaires donnèrent lieu à des fêtes mirifiques. On émit même des monnaies, dont les légendes firent valoir la Temporum felicitas ainsi que la Terra stabilita. Pourtant cette nouvelle prospérité s'est laissée attendre assez longtemps. En tout état de cause, les décisions politiques  impériales étaient prises dans le silentium du palais impérial, par le prince et par son entourage. C'est que toujours, à partir de l'Antiquité jusqu'à nos jours, une petite clique, qui entoure le monarque ou le dictateur, jouit d'une emprise considérable sur la gestion des affaires étatiques. D'ailleurs les empereurs œuvraient afin d'imposer la sacralisation d'un gouvernement théocratique. Aussi se voulaient-ils conçus presque comme des êtres placés à mi-chemin entre les. dieux et les hommes. Les empereurs illyriens renforcent le culte d'Hercule, leur protecteur. Mars et les allégories de la victoire apparaissent fréquemment sur le monnayage impérial. On se rapporte souvent à la Virtus des souverains, qui sont munis d'attributs mystiques. On aboutira, plus tard, lors de l'avènement de Carus, en 282 ap. J.-C, à la disparition de l'aval sénatorial. En effet, auparavant l'empereur était proclamé par l'armée, mais reconnu, voire investi, par le Sénat. Carus déclara qu'il n'a nul besoin de la reconnaissance officielle du Sénat. Une cour pléthorique entoure le monarque. La bureaucratie essaime partout. La police des «frumentaires», à l'origine formant seulement un service d'intendance, surveille tout, aussi bien les sénateurs que les bourgeois des provinces. Ils dressent des inventaires des fortunes, en vue des réquisitions, denoncent les fraudes fiscales et guettent les conspirations politiques. Il n'en reste pas moins que tout cela n'a pu juguler ni les usurpations ni les sécessions. Puisqu'il y a eu plusieurs tentatives de sécession, mises en œuvre à l'intérieur de l'Empire (Eugen Cizek, La crise de l'empire romain au IIIe siècle, Studii clasice, Volumes 31 à 33, 2000 - books.google.fr).

 

Fortuna

 

De même que l'inscription dédiée au Génie du lieu, celle pour Fortune est introduite par la locution in h(onorem) d(omus) d(ivinae). L'emploi pour ainsi dire stéréotypé de cette formule de dévotion, très fréquente dans les inscriptions votives de la cité des Trévires et des deux provinces de Germanie, est avant tout un phénomène chronologique du dernier tiers du II° s. et de la première moitié du III° s. Si la formule est spécialement mise en évidence, notamment par des lettres plus grandes, comme dans le cas de la nouvelle inscription de Dalheim, qui est de surcroît un document officiel émanant d'une collectivité, la question se pose de s'il ne s'agit pas d'un réel hommage à la famille de l'empereur régnant, associée au culte de la divinité vénérée. Cette conjecture présuppose évidemment le règne d'un souverain utilisant «toutes les ressources d'une politique dynastique» (Christol, 1997, p. 243). Après l'époque des Antonins et des Sévères, c'est notamment le cas pour les six ans du règne de Philippe l'Arabe (244-249) ainsi que pour les sept années de la régence commune de Valérien et de Gallien (253-260). Le fait que la formule disparaisse pratiquement avec la fondation de l'empire des Gaules en 260 n'a donc rien de surprenant et corrobore ainsi pour le nouveau monument de Dalheim une date antérieure au règne de Postume (Jean Krier, Deae Fortunae ob salutem imperi : nouvelles inscriptions de Dalheim (Luxembourg) et la vie religieuse d'un vicus du nord-est de la Gaule à la veille de la tourmente du III° siècle, Gallia, Volume 68, Partie 2, 2011 - books.google.fr).

 

La légende FORTVNA REDVX apparaît dans la propagande monétaire de Philippe à l'occasion des usurpations de Pacatien et de Jotapien et d'une invasion gothique en Mésie et en Thrace (peu après le millénaire de Rome, en avril 248 ; émission n° 7). Nul ne semble encore avoir mesuré l'importance d'un tel slogan, sans doute précisément parce que les circonstances de la chute de Philippe l'Arabe n'ont pas jusqu'à présent suscité un large débat. FORTVNA REDVX est une invocation à la déesse Fortuna formulée à l'occasion du départ ou de l'absence de l'empereur occupé par des opérations militaires ; elle exprime le vœu de son heureux retour à Rome. Présente dans l'émission de 248, elle sous-entend donc une expédition militaire, ou un projet d'expédition militaire placée sous le commandement de l'empereur à cette date, ce qui est, pour nous, inattendu. Une expédition contre qui ? Nous l'ignorons (Ch. Prickartz, La chute de Philippe l'Arabe, Les études classiques, Éditeur Facultés universitaires, 1993 - books.google.fr).

 

Arabes, Syrie méridionale ("midy")

 

La région moyen orientale vit encore les Syriens aller eux-mêmes occuper le trône impérial de Rome avec trois empereurs : Elagabal (218-222), Alexandre Sévère (222-235) auxquels succéda Philippe l'Arabe, lui-même originaire de la Trachonite (Syrie méridionale) et donner à Rome deux de ses plus célèbres jurisconsultes, Papinien et Ulpien. Comme le reste de l'Empire romain, à partir du troisième siècle, la Syrie connut la décadence. Les Arabes, dont les infiltrations avaient toujours été nombreuses, même à l'époque assyrienne, étendirent alors leur invasion. C'est en 634 que le premier Calife, Abou-Bakr, puis Omar, son successeur, envahirent la Syrie (Youssef Helbaoui, L'économie syrienne et les problèmes de son développement, 1955 - books.google.fr).

 

"Rabaissera des Arabes l'effort" : effort fiscal

 

Sous le règne de la famille arabe des Sévères, la ville de Bosra a obtenu de nombreuses assistances, une autonomie et plusieurs privilèges, dont l'exemption du paiement des impôts. Lorsque l'empereur Philippe l'arabe, originaire du Hauran, prit le pouvoir à Rome, Bosra a atteint le summum dans la prospérité et l'évolution et est devenue une métropole (Bostra Metropolis) (Soleiman Moughdad, Bosra, Aperçu sur l'urbanisation de la ville à l'époque romaine, Felix Ravenna, Numéros 111 à 112, 1976 - books.google.fr).

 

Le nom indique une origine sémitique (Bosra, hellénisé en Bostra, signifie "ville fortifiée"), qui n'a rien de surprenant puisqu'elle se trouvait dans le Hauran, enjeu de rivalités entre les Juifs, les Séleucides, les Romains et le royaume nabatéen. En 106, Cornélius Palma conquit ces territoires qui constituèrent la province d'Arabie. Il vint avec deux légions (IIIe Galllca et VIe Ferrata) et des détachements d'une troisième (IIIe Cyrénaïque). Il ne rencontra pas de résistance et put laisser une garnison réduite à la VIe Ferrata. Maurice Sartre établit de manière convaincante que la conquête s'explique non par léconomie mais par la politique ; l'État romain poursuivit, à la mort de Rabel II, ce qu'il avait entrepris ailleurs : l'annexion des principautés proches de l'Empire. L'auteur prouve, de manière tout aussi convaincante, que Bostra fut dès l'origine la capitale - de la province; mais elle ne fut promue au rang de colonie que sous Alexandre Sévère et à celui de métropole que sous Philippe l'Arabe (Compte rendu de "Bostra: des origines à l'Islam 1985" de Maurice Sartre, Historiens et géographes, Numéros 312 à 314, 1987 - books.google.fr).

 

Bien que la carrière de Philippe l'Arabe antérieure à son accession à la préfecture du prétoire en 243 soit inconnue, il semble qu'on puisse le situer comme provenant d'un milieu de juristes et de technocrates spécialisés dans les questions fiscales et dans l'annone déjà au pouvoir sous Sévère Alexandre; d'où l'on peut sans doute déduire une certaine continuité du gouvernement. Militent en faveur de cette conjecture : la carrière du frère et collègue (en 243 et 244) de l'empereur, le préfet du prétoire et recteur d'Orient Priscus (C. Iulius Priscus), celle de prédécesseur de Philippe à la préfecture du prétoire et à la régence de l'empire (de 241 à 243); l'action de Philippe comme préfet et comme empereur; la personnalité d'un autre de ses proches, C. Iulius Alexander, stolarque de la flotte prétorienne de Misène successivement promu par les juristes «du divin Alexandre et des autres princes». Donc, un représentant de la nouvelle élite montante depuis Marc Aurèle, étranger à l'ancienne aristocratie urbaine. Notons aussi que l'unité de cavalerie arabe qui escorte l'empereur dès les premières semaines du règne semble être aussi celle qui se distingua quelques années plus tôt par une tentative de pronunciamiento contre Maximin et en faveur d'une restauration du régime de Sévère Alexandre.

 

Le premier acte de Philippe une fois empereur fut de visiter son pays natal et d'y fonder une ville romaine entièrement équipée, «œuvre ingénue d'hommes qui voulaient sérieusement faire du romain», sur le lieu de sa naissance. «C'était», de façon unique au IIIe siècle, «choisir d'instinct, par un acte de foi dans la romanité en voie d'effritement, le domaine où la gloire de Rome avait le plus éclaté, où son génie s'était imposé le plus universellement». Dans le contexte décrit plus haut, il n'est pas de déclaration d'intention de politique générale plus en faveur de la continuation du développement urbain et de l'«oeuvre civilisatrice» de Rome. Le règne de Philippe semblerait d'autre part avoir été à l'origine d'un certain essor économique, social, et artistique dans la provincia Arabia; le souvenir de ceci est en tout cas conservé dans les Oracles Sibyllins (Charles Prickartz, Philippe l'Arabe (244-249), civilis princeps. In: L'antiquité classique, Tome 64, 1995 - www.persee.fr).

 

L'initiative de Septime Sévère créa un précédent que l'empereur Philippe l'Arabe devait reprendre, au milieu du troisième siècle, en faveur de sa cité natale rebaptisée Philippopolis, dans la province d'Arabie (Chaaba, au sud de la Syrie actuelle)

 

"Sept ans"

 

Des auteurs anciens font régner Philippe l'Arabe sept ans comme Eusèbe (Le grand théâtre historique, Depuis la mort de l'Empereur Auguste jusqu'au couronnement de Charlemagne, Tome 2, 1703 - books.google.fr, Louis-Sébastien Le Nain de Tillemont,  Histoire des empereurs: et des autres princes qui ont regné durant les six premier siècles de l'Église, Tome 3, 1691 - books.google.fr).

 

La Mosaïque d'Aiôn, , Prométhée et Prôtoplastos - car toutes ces figures contribuent à en définir la signification - a été découverte accidentellement, en 1952, dans le quartier sud-est de Shahba-Philippopolis, non loin de la porte orientale de la ville, dans une maison privée, dite «maison Aoua», selon les indications données par Ernest Will, qui publia ce splendide pavement en 1953. Selon Jean Charbonneaux, «Nous disposons avec la mosaïque de Philippopolis d'un monument qui atteste l'assimilation de l'empereur à Aiôn».

 

L'auteur anonyme du XIIIe Oracle sibyllin a non seulement clairement associé Bostra-Philippopolis à l'astrologie, mais il a même fait expressément référence aux trois signes zodiacaux de printemps, dans l'apostrophe qu'il a adressée aux villes d'Arabie : «Et maintenant, villes d'Arabie, ornez-vous de temples, de stades, de places, d'avenues, de richesses resplendissantes et de statues d'or, d'argent et d'ivoire et, parmi toutes les autres, malgré ton savoir en astrologie, toi particulièrement Bostra-Philippopolis, tu en subiras un grand tourment. Ne te serviront à rien ni les riantes courbures du cercle zodiacal, ni le Bélier, ni le Taureau, ni les Gémeaux, ni tous les astres qui apparaissent avec eux dans le ciel et qui déterminent l'heure de naissance, infortunée, qui as eu tellement foi en ces signes, alors que s'approchait le jour funeste qui doit être ton lot». Je traduis par «courbures riantes du cercle zodiacal», non par «sphères résonnantes du cercle zodiacal», comme David S. Potter, parce que cette expression technique est employée par Manéthon dans son poème astrologique, avec référence aux «maisons» occupées par les astres et les luminaires et que, selon nous, elle désigne, dans le XIIIe Oracle sibyllin, la portion du cercle zodiacal occupée par les trois signes printaniers cités dans le vers soixante-dix, le Bélier, le Taureau et les Gémeaux. Dans le même esprit, j'ai préféré le sens technique d'«astres qui déterminent l'heure de naissance» - et qui donnent ainsi la possibilité de dresser un thème astral, comme il en existait dans l'Antiquité, non seulement pour les êtres humains, mais aussi pour les cités, pour les peuples et pour les territoires géographiques [...]. Les astres mentionnés dans le XIIIe Oracle renvoient sans doute à ceux qui se trouvaient dans les signes du Bélier, du Taureau et des Gémeaux, au printemps de l'une des cinq années du règne de Philippe l'Arabe. Manifestement, les vers soixante-neuf à soixante-treize du XIIIe Oracle sibyllin font référence au thème astral d'une naissance, qui pourrait être, dans le contexte de ce règne, la venue d'un événement particulier, voire de plusieurs, marquée par telle configuration astrale apparue dans le ciel à l'équinoxe de printemps et encore visible dans les deux signes suivants que sont le Taureau et les Gémeaux.

 

Nous sommes assurée qu'au milieu du IIIe siècle, dans la province d'Arabie, comme dans les autres provinces grecques de l'Empire, le départ d'un nouveau cycle temporel humain était défini comme l'avènement d'un nouveau cycle zodiacal s'inscrivant dans la Durée éternelle des cycles cosmiques, elle-même personnifiée par Aiôn, et supposait la croyance, non seulement en l'éternité du Cosmos, mais aussi en l'éternité de la terre soumise sans doute aux transformations du devenir, mais perçue comme bonne et à jamais féconde grâce au retour régulier des saisons, aux divers phénomènes atmosphériques et au travail de l'homme  (Marie-Henriette Quet, La mosaïque dite d'Aiôn de Shahba-Philippopolis, Philippe l'Arabe et la conception hellène de l'ordre du Monde, en Arabie, à l'aube du christianisme. In: Cahiers du Centre Gustave Glotz, 10, 1999 - www.persee.fr).

 

Sardaigne et Philippe l'Arabe : Palazzo di Re Barbaro

 

Les monuments attestés par l'épigraphie Une inscription trouvée en 1819, au cours des fouilles menées par Antonio Cano sur le site du "Palazzo di Re Barbaro", rappelle la restauration, peu avant le milieu du IIIe siècle, du temple de la Fortune et de la basilique.

 

A propos de cette dernière, l'inscription fait probablement référence à une basilique dotée d'un tribunal et non à deux édifices distincts - une basilique et un tribunal - ainsi que le considèrent E. Pais et P. Meloni. Les travaux furent réalisés par le procurator de la Province à l'époque de l'empereur Philippe Les thermes communément appelés "Palazzo di Re Barbaro", présentent sans nul doute un caractère public. Il s'agit d'un complexe assez vaste qui s'est étendu progressivement à partir d'une première phase de construction datée par G . Maetzke du Ier siècle avant notre ère. Ils auraient été abandonnés au Ve ou VIe siècle (Françoise Villedieu, Turris Libisonis, 1984 - books.google.fr).

 

Le nom “Palais du roi barbare” vient d’une légende selon laquelle, dans ce lieu se trouvait le palais de l’empereur Dioclétien, responsable des persécutions aux chrétiens entre 303-305 ap.J-C, du martyre de Saint Gino, Proto et Giancarlo. Les  corps  ont été retrouvés grâce  à un creusementimposant ordonné en 1614 par l'archevêque de Sassari Gavino Manca de Cedrellesche et puis placés en trois  sarcophages à l’intérieur de la crypte  de la Basilique de Saint Gavino (Le produit Nord Sardaigne, 2004 - www.giaccardiassociati.it).

 

"abysmera"

 

Turris Libyssonis, Ptolémée la nomme Turris Byssonis : c'est une erreur : mais Pline lui donne, avec plus de raison, le nom de Libyssonis, et la nomme Colonie Romaine (Albert de la Marmora, Voyage en Sardaigne: seconde partie: antiquités, 1840 - books.google.fr).

 

Rime. Cecy suppose que rime vient de rythmus, de quoy tout le monde ne demeure pas d'accord. Pourroit on adjouster abisme d'abyssum. Je l'ay veu escrit par un i de mesme que chrisolile et cristal de chrysolithus, crystallus [D]. Tout cela est bon a adjouster PF. Pour rime, je ne doute pas qu'il ne vienne de rythmus [PF] (Observations sur l'orthographe de la langue françoise: transcriptions, commentaire et fac-similé du manuscrit de Mézeray, 1673, et des critiques des commissaires de l'Académie, 1951 - books.google.fr).

 

"perplexe" : Usure

 

Nous le disions, les théologiens étudient les opérations nouvelles; les nouveaux contrats foisonnent, et avec quelle complication : rentes, assurances, sociétés, etc. Le change est spécialement périlleux «labyrinthus quidam et perplexitas inextricabilis» dit SCACCIA (op. cit. p. 100), pour éluder les lois sur l'usure ! Le canoniste Navarrus est allé étudier la pratique chez les marchands (Ibid.). RAPHAËL DE TURRIS vante la compétence de Lessius (Tract. de Cambiis. Francfort, 1645, p. 331). Les canonistes et moralistes ont fort à faire pour débrouiller tout cela. A signaler l'importance des dissertations du Cardinal de LUGO. De Justitia et Jure. Lyon, 1642 (Victor Brants, La lutte contre l'usure dans les lois modernes, 1907 - books.google.fr).

 

Sigismondo Scaccia (Camerata, 1564 – Roma, 1634) è stato un giurista italiano (De commerciis et cambio, Roma, Andrea Brugiotti, 1619) (it.wikipedia.org - Sigismondo Scaccia).

 

Le gouvernement impérial sous le règne de Philippe l'Arabe, mit à disposition de l'économie des tonnes d'aureus et la relance de l'industrie du char fut très laborieuse. Une grande partie des usuriers et prêteurs sur gages ruinés furent nationalisés (aerobarfilms.over-blog.com).

 

La dévaluation officielle du denier par rapport à l'aureus n'est pas documentée avant le règne de Philippe l'Arabe, sous lequel s'établit provisoirement un rapport de 40 : 1. A partir du moment où la valeur fiduciaire du denier n'a plus été garantie par une parité fixe avec l'or, la dévaluation de la monnaie de billon s'est précipitée. L'hypothèse d'une conversion en or des traitements publics, prématurée pour 220, deviendrait alors plus justifiée : se vérifie-t-elle dans la pratique ? Si tant est que l'Etat ait envisagé cette solution, il aurait été impensable qu'il le fît au taux maintenu de 100 sesterces (25 deniers) pour 1 aureus. Une telle conversion aurait en effet dépassé de beaucoup les ressources en métal précieux de l'Empire au moment précisément où la pénurie de ces métaux le contraignait à avilir ses émissions d'argent et à alléger celles d'or. L'État lui-même n'est-il pas obligé, au début du  IVe siècle, d'acheter l'or à un prix proche de celui du marché ? (J.-M. Carrie, Finances militaires et fait monétaire, Les Dévaluations à Rome: époque républicaine et impériale : (Rome, 13-15 novembre 1975), 1978 - books.google.fr).

 

L'une des premières mesures que prit Philippe fut de conclure avec les Perses un traité de paix. dont les clauses étaient avantageuses pour Rome. Son règne fut troublé par plusieurs rébellions, et, en 247, à la suite de l'une d'entre elles, il nomma co-empereur son fils de dix ans. L'événement le plus marquant du règne de Philippe fut le millième anniversaire de la fondation de Rome en 248. Ce millénaire donna lieu à des fêtes somptueuses, dont des jeux magnifiques et des exhibitions d'animaux sauvages amenés d'Asie. En 249, Philippe dut faire face à une nouvelle rébellion, au cours de laquelle son fils et lui furent tués.

 

Le tétradrachme «quatre drachmes» de Philippe fut frappé à Antioche, en Syrie, et mis en circulation dans la partie orientale de l'empire romain, qui était à l'époque en grande partie hellénique. C'est pourquoi la pièce porte un nom grec et que la légende est écrite en grec et non en latin. La pièce est en billon, alliage grossier à base d'argent. Elle est légèrement plus grande et beaucoup plus épaisse qu'une pièce de vingt-cinq cents canadienne. Le revers représente une aigle debout tenant une couronne dans son bec. La pièce fait partie de la Collection nationale de monnaies (Bank of Canada Review: Revue de la Banque Du Canada, 1984 - books.google.fr).

 

La Loi du Code de Justinien, Si ea, De usuris, suppose le libre cours des usures. Elle est de l'Empereur Alexandre, & Justinien l'a mise dans son Code, parce qu'il y a souffert lui-même les usures, quoi-que condamnées par la Loi Divine & par les Canons de l'Eglise. La Loi de l'Empereur Philippe y est aussi inserée, & elle porte que si on engage une terre à un creancier, à condition que les fruits qui en reviendront, tiendront lieu des usures, dont on étoit convenu pour la somme prêtée : cette convention tiendra, sans qu'on puisse alléguer au contraire, que les fruits montent plus haut que les usures : cette convention, dis-je, tiendra nonobstant cette. opposition. , parce que la quantité annuelle des fruits n'est ni reglée ni certaine (Louis Thomassin, Traité du negoce et de l'usure: Divise en deux parties, 1697 - books.google.fr).

 

A la vérité, dans l'ancien droit, on distinguait entre l'imputation sur le principal et la répétition; et en admettant celle-là, on rejetait celle ci : Si non sortem quis, sed usuras... suprà legitimum modum solvit, divus severus rescripsit (quo jure utimur), repeti quidem non posse, sed sorti imputandum. Ce sont les termes de la loi 26, D. de condictione indebiti. Mais cette distinction, qui n'était qu'une subtilité, avait été proscrite par l'empereur Philippe, dans la loi 18, C. de usuris [...] Et c'est ce qui faisait dire à Godefroi, dans sa note sur ce texte : Olim plurisque visum fuit usurarum indebitarum condictionem non esse, licet omnes imputationem admitterent. Hodie et imputatio admittitur, et indebitœ solutae condicuntur. Le parlemeñt de Toulouse avait modelé sa jurisprudence sur ces différentes lois. D'une part, quoiqu'à l'exemple de tous les autres tribunaux Français, il ne reconnût pas la différence que les jurisconsultes de Rome avaient établie entre la stipulation et le simple pacte , quoiqu'il attribuât à toute espèce de convention les mémes effets que les jurisconsultes de Rome avaient réservés pour la stipulation proprement dite, néanmoins, en fait d'argent prêté sans aliénation du capital, il assimilait au simple pacte du droit Romain, la promesse même la plus solennel et la plus authentique d'en payer les intéréts au taux de l'ordonnance , et conformément à la loi 3, C. de usuris, il en faisait résulter, en faveur des créanciers, non une action pour exiger ces intéréts, mais une exception pour les retenir, lorsque le débiteur venait les répéter comme indûment payés. D'un autre côté, lorsqu'en vertu d'une convention quelconque, le prêteur d'argent avait touché des intéréts excessifs, il appliquait la loi de l'empereur Philippe, et en conséquence, il autorisait le débiteur à répéter ou à imputer sur le capital, ce qu'il avait payé en sus du taux légitime. C'est ce qu'atteste Serres, célèbre professeur de droit à Montpellier, dans ses Institutions du droit Français, liv. 3, tit. 15 : Quoique les intéréts d'un prét (dit-il) ne soient point dus en vertu du pacte par lequel le débiteur a promis de les payer, on juge néanmoins, dans ce ressort, que le débiteur ne peut ni les répéter, s'il les a payés, ni les imputer sur le capital qu'il doit, ce qui s'entend néanmoins, pourvu que lesdits intéréts n'aient pas été payés sur un pied plus fort que le taux des ordonnances; car autrement, on pourrait répéter ou faire imputer l'excédant. Cette dernière assertion est justifiée par deux arrêts que rapporte d'Olive, liv. 4, chapitre 19. Le premier du 19 juin 1629, confirme un jugement des requétes du palais, par lequel le créancier d'une somme de 400 livres avait été condamné à imputer sur le principal les intérêts excesssifs qu'il avait touchés. Par le second, du 21 janvier 1645, il fut ordonné que Besoles frères, qui demeuraient convaincus, par leur compte, d'avoir pris deux années la somme de 50 livres d'intérét pour la somme principale de 500 livres, sur le sort, année par année, ce qu'ils se trouveraient avoir reçu pour l'intérêt au-dessus de l'ordonnance (Philippe Antoine Merlin, Répertoire universel et raisonné de jurisprudence, Tome 14, 1827 - books.google.fr).

 

"perplexe" : pratique juridique

 

Au lieu d'être, comme avec Raymond de Penaforte, une exception rare, acceptée presque uniquement à titre d'hypothèse de travail, la perplexité devient à la fin du XVIe siècle pratiquement indissociable de toute pratique juridique. Pire, la situation n'a fait qu'empirer au cours des siècles. En effet, comme l'affirme l'auteur anonyme du De jurisconsulto perfecto liber unus, le problème actuel de la jurisprudence est bien plus aigu que par le passé car il faut désormais tenir compte d'une glose elle-même très fréquemment contradictoire. Cela était inévitable dès lors que les auteurs ne prenaient pas les précautions les plus élémentaires :

 

Il existe dans le texte une "antinomia" bien plus grande qui n'est pas encore résolue ni ne pourra jamais l'être. Elle provient des avis divers et opposés d'Ulpien et d'Africanus et a été reprise imprudemment par Tribonien et insérée dans le Digeste [...] Non seulement les jurisconsultes ont jugé différemment les uns des autres mais parfois on peut remarquer qu'ils se sont contredits eux-mêmes, ce qui n'est pas neuf chez nos docteurs et particulièrement chez Balde (Stéphan Geonget, La notion de perplexité à la renaissance, 2006 - books.google.fr).

 

On a vu plus haut qu'Ulpien était un pays de Philippe l'Arabe, particulièrement de Syrie-Phénicie.

 

Originaire de Tyr, Ulpien devait probablement être issu d'une bonne famille de citoyens romains. Il fut d'abord assesseur du préfet du prétoire Papinien, un autre juriste célèbre, sous Septime Sévère et Caracalla. Dans la Loi des citations (426), il est mis, avec Papinien, Gaïus, Paul, et Modestin, au rang des cinq juristes dont les avis conservés étaient considérés comme décisifs. Ces cinq juristes sont également cités comme sources principales du Code de Théodose II et du Code de Justinien (fr.wikipedia.org - Ulpien).

 

Le plus grand des jurisconsultes romains, Papinien était probablement, comme Ulpien, Syrien de naissance et parent de Julie Domna d'Emèse, seconde femme de l'empereur Septime Sévère. Il paraît avoir été de bonne heure lié avec Sévère qu'il remplaça dans l'emploi d'avocat du trésor pendant le règne de Marc-Aurèle (Frederic Harrison, Le nouveau calendrier des grands hommes, Tome 1, 1893 - books.google.fr).

 

Le Corpus juris civilis est composé de quatre éléments :

 

- le Code de Justinien, un recueil des constitutions impériales (Codes Grégorien, Hermogénien et Théodosien) ;

- le Digeste (Pandectes en grec), recueil de citations de juristes romains de la République ou de l'Empire romain ;

- les Institutes, ouvrage destiné aux étudiants, qui permettait l'apprentissage du droit romain ;

- les Novelles, recueil des nouvelles constitutions de Justinien Ier.

 

Le Digeste est encore aujourd'hui la principale source de notre connaissance du droit romain (fr.wikipedia.org - Corpus juris civilis).

 

Palazzo Re Enzo : les oignons

 

De nos jours encore, Bologne est restée avant tout un centre agricole. Elle l'a toujours été; les restes de la cité primitive en présentent déjà tous les caractères. Telle fut sans doute sa destination première, au jour même de sa fondation par les Villanoviens. La ville dont Zannoni a retrouvé les traces ne peut être que la capitale d'un peuple d'agriculteurs. D'autres indices d'ailleurs que sa situation nous le confirment. Outre les tessons et quelques objets d'usage courant, tous les fonds de cabanes, sans exception, ont fourni en grande abondance des restes d'animaux domestiques. De beaucoup les plus nombreux sont les ossements de bœuf. Les espèces les plus fréquemment représentées sont ensuite la chèvre et le porc, le cheval et le chien, non moins que la volaille. Le mouton au contraire est extrêmement rare. [...]

 

Cf. de Brosses, Lettres hist. sur l'Italie, I, 20 (1739-1740) : "Les principales choses de la place publique (de Bologne), sont 1° des montagnes d'oignons blancs ni plus ni moins hautes que les Pyrénées. On en fait ici un grand commerce ; mais je ne sais s'il peut égaler celui que l'on fait à Gènes des champignons pour l'Espagne, qui s'élève annuellement à 800,000 liv. Ce qu'il y a de certain, c'est que les oignons de Bologne sont au moins les frères cadets des oignons d'Egypte. Mais, pour le dire en passant, j'ai été tout à fait la dupe de ma gourmandise en venant en Italie pour manger des fruits : ils ne valent pas même ceux de France, hors les raisins, qui sont exquis. On me promet que Florence soutiendra la réputation de l'Italie sur ce chapitre ; c'est ce qu'il faudra voir." Les montagnes d'oignons blancs ont aujourd'hui disparu, mais le marché agricole du samedi donne à la ville une extrême animation (Albert Grenier, Bologne: villanovienne et étrusque VIIIe-IVe siècles avant notre ère, 1912 - books.google.fr, Romain Colomb, Le président de Brosses en Italie: lettres familières écrites d'Italie en 1739 et 1740, Tome 1, 1858 - books.google.fr).

 

De Brosses ajoute :

 

3° Le vieux palais, bâti pour servir de demeure à Enzius, roi de Sardaigne, fils naturel de l'empereur Frédéric, qui, allant porter des secours à ceux de Modène dans le temps de la célèbre guerre qui se faisoit pour un seau de bois, fut fait prisonnier par ceux de Bologne, et retenu pendant vingt-deux ans, jusqu'à sa mort, après laquelle on lui fit, pour le consoler, de belles obsèques et une plus belle épitaphe qui se voit à Saint-Dominique. Cependant, combien de gens traitent tout cela de fables! Pour moi, je suis sûr que l'épitaphe est très-moderne, et que l'architecture du palais en question n'est sûrement pas du temps que l'on cite; il est vrai qu'on peut l'avoir ajoutée depuis pour l'ornement (Romain Colomb, Le président de Brosses en Italie: lettres familières écrites d'Italie en 1739 et 1740, Tome 1, 1858 - books.google.fr).

 

Adelasia de Torres (née à Ardara en 1207 morte à Burgos en 1256/1259), jugesse (italien : giudicessa) de Logudoro de 1236 à 1256/1259, du fait de son origine familiale et des droits qu'elle détenait, elle occupe une place importante dans les évènements survenus en Sardaigne pendant la première moitié du XIIIe siècle.

 

Après la mort d'Ubaldo en 1238, le pape demande au juge Pietro II d'Arborée de protéger Adelasia dans l'attente qu'il lui trouve une seconde union avec un personnage jouissant de la confiance du siège apostolique, le noble Guelfe dei Porcari. Cette candidature soulève beaucoup d'opposition : celle des Visconti bien sûr mais aussi celle de la famille Doria, qui possédait depuis plusieurs années des terres dans le Logudoro, et qui voyait d'un mauvais œil cette union qui signifiait une plus forte autorité du Saint-Siège en Sardaigne. Les Doria incitent alors Frédéric II du Saint-Empire à demander la main d'Adelasia pour son fils Enzio. L'empereur comprend immédiatement l'avantage de cette union dans la lutte qu'il mène contre l'Église romaine et envoie immédiatement en Sardaigne des ambassadeurs auprès d'Adelasia qui, bien que plus âgée qu'Enzio, accepte la proposition. En octobre 1238, Enzo quitte Crémone pour rejoindre l'ile et les noces sont célébrées le même mois. Le mariage ne fut pas heureux car si Enzio prend le titre de «roi de Sardaigne» que lui a attribué son père, il ne réside dans l'ile que quelques mois. En juillet 1239, à l'appel de Frédéric II, il rejoint la péninsule italienne et ne retourne jamais en Sardaigne. En 1245, le mariage est dissous et Adelasia selon une chronique sarde vit dans la tristesse ses dernières années dans le château de Goceano sous la surveillance de Michele Zanche. Enzio, capturé lors de la bataille de Fossalta en 1249, meurt prisonnier à Bologne en 1272. Adelasia meurt en 1256/1259 sans laisser d'héritier. Elle est inhumée dans la crypte de l'église Santa Maria del Regno (fr.wikipedia.org - Adelasia de Torres).

 

On remarquera que de la mort de Philippe l’Arabe en 249 à Vérone à l’emprisonnement d’Enzo à Bologne en 1249 on compte un millénaire. Si on en rajoute un, on se place en 2249 alors que la fin des Centuries au quatrain X, 100 est datée de 2251.

 

En latin l'oignon est "cepa" "caepa".

 

cepa - cive - zibel/zweibel - gibel - gibelin

 

Le terme echalotte remonte en France dès le XIIème siècle dans Le Voyage de Charlemagne, eschalogne eschaluigne : "ascalognia caepa" (Nouvelle revue d'onomastique, Numéros 1 à 2, Société française d'onomastique, 1983 - books.google.fr).

 

On passe de zibel à Gibel (le nom croisé de Byblos), les deux sont employés en français, Gabula en latin (Youssef Ragheb, Les messagers volants en terre d’Islam, 2013 - books.google.fr).

 

On glisse insensiblement vers gibelin. L'opposition entre Gibelins (Waiblingen, partisans de l'empereur) et les Guelfes (partisans du pape) se rencontrait aussi en Palestine.

 

Les Cibo, ceux de Gênes, ont donné un pape Innocent VIII mais ont peu fréquenté la Sardaigne. A Cagliari le dernier juge s'appelait Guglielmo Cipolla (l'Oignon), de la maison de Massa, et doit fuir sa seigneurie en 1258, chassé par les Pisans.

 

Vices et cives (anagrammes)

 

Le principe de la «Bataille des Vices et des Vertus» est à la base d'un certain nombre de textes de qualité variable ; le plus célèbre, et le plus intéressant, est sans doute le Tournoiement Antechrist, d'Huon de Méry, qui exploite un cadre romanesque, voire même arthurien, romanesque, voire même arthurien, pour faire passer le message de la foi chrétienne : les bons chevaliers, qui représentent les Vertus, sont attaqués par les mauvais, qui incarnent les Vices ; le lecteur est invité à se joindre aux premiers pour provoquer la défaite du camp diabolique des suppôts de l'Antéchrist. C'est-à-dire, les théories millénaristes qui foisonnent au XIIIe siècle font une large place aux figures historiques de l'Antéchrist - par exemple l'empereur Frédéric II, et de ce fait une préoccupation politique se joint à une visée morale et eschatologique (Anne Berthelot, Françoise Laurent, Histoire de la littérature française du Moyen Âge, 2006 - books.google.fr).

 

Il est question du Tournoiement dans l’interprétation du quatrain IX, 40 - Le procès de Quintin – 2133. Voir aussi La Lettre à Henry - 1792.

 

Les faux dévots, les membres du clergé régulier, ne sont pas oubliés:

 

Bediaus brulez bien cuits en paste,

Papelars à l'ypocrisie,

Noirs moines à la tanaisie,

Vieilles prestresses au civé,

Noires nonnains au cretonné,

Sodomites bien cuits en honte.

 

Au dessert viennent «les gingembres confits au souffre,» et «des dragées de tous les vices,» dragées ardentes qui embrasaient la gorge des convives.

 

Le civé tire son nom des cives (oignons), qui dominaient dans ce ragoût. Cœpa (Pline et Varron). ceba (basse lat.), cive, et diminutif ciboule (François Genin, Notes sur le dictionnaire français, Revue de Paris, Volume 7, Volume 24, 1855 - books.google.fr).

 

Les cébets étaient sous la Révolution le surnom des royalistes du Midi : mangeurs d'oignons, en particulier à Nîmes (Annales du Midi: revue archéologique, historique, et philologique de la France méridionale, Volume 101, 1989 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain IV, 12 - Les camps de Jalès - 1787.

 

Typologie

 

Le report de 2169 sur la date pivot 249 donne -1671 et sur la date 1249 donne 329.

 

329 : Rome et Constantinople

 

L'an 326 l'Empereur Constantin le Grand choisit Bysance pour la capitale de son Empire & de tout l'Univers. Il avoit d'abord eu des sein de bâtir une nouvelle Ville entre Tros & Ilium, qui pût faire face à Rome, ou même la surpasser en grandeur & en beauté. On a même vû long-temps les restes des murailles qu'il avoit déja fait élever dans cette vuë ; mais la situation de Bysance ayant paru plus avantageuse, elle fut préférée. Les grandes dépenses que Constantin y consacra depuis l'an 326, jusqu'en 329, rendirent cette nouvelle Ville si magnifique, que l'ancienne Rome fut obligée de céder le pas à la nouvelle. Elle prit même ce titre par un Edit en date du 10 Mai 330, qui fut gravé sur une colonne de marbre élevée au milieu de la Ville ; mais elle le quitta peu après, pour se décorer de celui de son Restaurateur, ou plutôt de son Fondateur, qui ne cessà de la combler d'honneur & de bienfaits, & de l'enrichir des dépouilles de Rome & de l'Egypte ; en sorte qu'elle devint effectivement le vrai siége de l'Empire Romain & celui de tous les Empereurs d'Orient, jusqu'à l'an 1453 que l'Empereur Mahomet II. s'en rendit maître & en fit la capitale de l'Empire Ottoman. En peu d'années Constantin avoit fait augmenter l'enceinte des murailles de sa Ville favorite, & l'avoit décorée de Places publiques, de Fontaines, de Thermes, de Bains, de Palais, de Cirques, & d'un magnifique Hypodrome. Ces derniers Edifices furent construits sur le modele de ceux qui embellissoient la capitale de l'Italie. Le Marbre, le Porphire & les plus riches métaux furent employés à leur ornement; enfin tout ce que Rome & l'Egypte avoient de plus curieux, tant en Statuës qu'Obélisques & autres chefs d'œuvre, fut transporté dans cette nouvelle Ville, qui devint ainsi la plus florissante de l'Univers. COnstantin y fixa sa Cour, sa famille l'y suivit bientôt, & attira les plus illustres familles de Rome. La plus grande partie du Sénat y reçut, de la libéralité de l'Empereur, des maisons magnifiques, en sorte que Rome tomba peu à peu dans l'oubli (Thomas Bléville, Le banquier et négociant universal, ou Traité général des changes étrangers, & des arbitrages, ou viremens de place en place, Tome 1, 1767 - books.google.fr).

 

Père et fils

 

En 249, le fils de Philippe-l'Arabe, fait par celui-ci César, puis Auguste, devait être également mis à mort à douze ans, par les Prétoriens ; il en devait être de même du César Volusien, tué en 254 avec l'Empereur Gallus par leurs soldats ; du César Saloninus, mis à mort en 258, à Cologne, par les légions de l'Empereur Gallien, son père, placées sous le commandement de Postumus ; de Postumus-le-Jeune, fils de ce dernier, tué en 267 avec lui par leurs troupes, pour avoir refusé à celles-ci le pillage de Mayence (Charles Bordeaux Forquet de Dorne, Les Césars africains et syriens et l'anarchie militaire, 1905 - books.google.fr).

 

Dèce, qui supplante Philippe l'Arabe, meurt avec son fils aîné dans une bataille non loin de la modeste colonie d'Abrittus (Forum Terebronii), dans la plaine de la Dobroudja, contre Trebonien Galle en 251.

 

L'acrostiche du quatrain donne SPRI.

 

Nous ne reviendrons pas ici sur le lien étymologique entre «souffle», «re-spir-er», «e-spri-t» , «spir-ituel» et, évidemment, «spir-itueux» (Marc Girard, Les symboles dans la Bible: essai de théologie biblique enracinée dans l'expérience humaine universelle, Tome 1, 1991 - books.google.fr).

 

La mort du Père et du Fils laisse le champ libre à l'Esprit dans une vison millénariste et joachimite.

 

-671 : Avant Moïse, père et fils en Egypte

 

De part son origine indigène, la XVIIe dynastie va être à la tête du soulèvement contre les envahisseurs. Séqénenrê est crédité du démarrage du mouvement de libération du pays contre les Hyksôs, qui ne sera terminé que par son fils Ahmès I (ou Ahmôsis). Il est Contemporain du Roi Hyksôs Apopi I (1581-1541) de la XVe dynastie qui l’entraîne dans une guerre où il est tué, même si on ne connaît pas de sources contemporaines qui confirmeraient cela. Seul le papyrus Sallier, malheureusement fragmentaire et datant de la fin du Nouvel Empire (1549-1080), décrit ce conflit entre les deux Rois.

 

À partir de 1549, suite à la mort soudaine de Kamosé (frère ou fils du Roi ?), la Reine Iâh-Hotep I va exercer une corégence jusqu'à la vingtième années de son deuxième fils avec Séqénenrê, Ahmès I (ou Ahmôsis, 1549-1525/24), premier Roi de la XVIIIe dynastie, qui n'a alors qu'une dizaine d'années. La stèle dans le temple de Karnak, érigée par Ahmès I, explique ces dix années de corégence où sa mère, outre la gestion de la Thébaïde et de toute la Moyenne-Égypte jusqu'au Fayoum, doit continuer la lutte contre les Hyksôs commencée par son époux. D'après le texte de cette stèle, il est clair qu'elle se comporta en véritable Roi et qu'elle gouverna l'Égypte avec fermeté.

 

L'histoire, de la guerre contre les Hyksôs, telle qu'elle est relatée dans le papyrus Sallier, n'est de toute évidence pas une source historique très fiable, se rapprochant plus d'une fiction. Toutefois son existence signifie que la mémoire populaire avait conservé des traces d'un conflit entre Séqénenrê et les Hyksôs. La tradition littéraire prétend que c'est Séqénenrê qui est venu au contact contre son contemporain Hyksôs du Nord, Apopi I. Cette tradition a pris la forme d'un conte recopié sur le papyrus Sallier et intitulé : "La querelle d'Apopi I et de Séqénenrê",  qui est aujourd'hui au British Museum. Malheureusement, il nous est parvenu de manière très fragmentaire. Le texte rapporte un échange curieux entre le Roi Hyksôs régnant depuis la ville d'Avaris dans le Delta et le celui de Thèbes.

 

Apopi I demande à Séqénenrê de chasser les hippopotames de son étang, car leurs bruits l'incommodent et l'empêchent de dormir la nuit. Compte tenu de la distance entre Avaris et Thèbes, ce message ne peut avoir qu'un sens symbolique. Il s'agissait sûrement pour Apopi I de faire comprendre à Séqénenrê qu'il était son vassal. Selon Gaston Maspero, la conclusion de cette histoire serait que Séqénenrê, après avoir hésité longuement, réussit à se tirer du dilemme embarrassant où son puissant rival prétendait l'enfermer en lui déclarant la guerre.

 

La signification de la mort au combat de Séqénenrê peut-être, sans plus d'élément, interprétée de deux façons : Soit Séqénenrê a tenté de reconquérir le Nord, mais il est mort au combat, soit il a été attaqué lui-même et vaincu.

 

Le tombeau de Séqénenrê, dont le sarcophage est un chef-d'œuvre, se trouve à Dra Abou el-Naga, sous une petite pyramide, mais sa momie fut retrouvée dans la cachette de la tombe DB320 de Deir el-Bahari, découverte en 1881. La momie fut étudiée une première fois par Gaston Maspero, le 9 Juin, 1886. Une description de l'égyptologue rend compte des blessures qui auraient provoqué la mort du Roi. En effet de nombreuses lésions sont visibles sur sa momie, ce qui semble confirmer que le Roi fut impliqué dans quelques activités militaires.

 

Kamosé qui succède à son père, dont très souvent les spécialistes avancent maintenant le fait qu'il serait plus probablement le frère de Séqénenrê, fils de Sénakhtenrê et de la Reine Tétishery (ou Tetisheri).

 

On sait que Séqénenrê avait un fils aîné, du nom d'Ahmès-Sipair (ou Ahmosé-Sipair) mort avant lui et qu'à sa mort son autre fils Ahmès, futur Ahmès I (ou Ahmôsis, 1549-1525/24) était en très bas âge. Dodson en conclut que Kamosé était le frère de Séqénenrê et qu'il aurait pris le pouvoir à la place de son neveu encore enfant.

 

Ahmès I (ou Ahmôsis - JaHms, 1549-1525/24), premier Roi de la XVIIIe dynastie, qui épouse sa sœur Ahmès-Néfertari I, Ahmès-Satkamosé, sa nièce ou sa cousine, et peut-être sa demi-sœur Ahmès-Hénouttamehou (voir ci-dessous).

 

Ahmès-Sipair (ou Ahmosé-Sipair ou Ahmosé Sapaïr - JaHms SApAr) qui mourut avant son père. Son corps fut aussi retrouvé dans la cachette de la tombe DB320 de Deir el-Bahari. Selon certains spécialistes, il ne serait qu'un seul et même personnage avec un autre Prince, Ahmosé-Ânkh, donné comme le fils d'Ahmès-Néfertari et Ahmès I (ou Ahmôsis). Une statue de ce Prince est conservée au musée du Louvre. (antikforever.com).

 

La XVIIe dynastie est une dynastie de la fin de la Deuxième Période intermédiaire. Elle ne contrôle que la Haute-Égypte. Elle semble issue d'une branche locale de la XIIIe dynastie. Elle est reportée sur la colonne treize du papyrus de Turin. Elle couvre la période de vers -1648 (Ryholt) ou -1625 (Franke, Krauss) à -1569 (Redford) ou -1549 (Dodson, Murnane, Ryholt) ou -1539/30 (Franke) Elle couvre la période de vers -1648 (Ryholt) ou -1625 (Franke, Krauss) à -1569 (Redford) ou -1549 (Dodson, Murnane, Ryholt) ou -1539/30 (Franke). Ce royaume de Thèbes comprend les huit premiers nomes entre Éléphantine et Abydos et une partie de la Moyenne-Égypte jusqu'à Cusae, par des alliances avec des potentats qui lui vouent allégeance. Le reste du pays appartient aux chefferies asiatiques vassales des Hyksôs et aux petits royaumes dirigés par des Égyptiens collaborateurs (XVIe dynastie) ou aux Hyksôs eux-mêmes (XVe dynastie). Il y a controverse sur le fondateur de cette dynastie ; on trouve soit Antef V, idée qui rencontre l'approbation de la grande majorité des spécialistes, soit son fils Rahotep. C'est en tout cas à la suite de son règne, sous ses successeurs Sénakhtenrê Ahmosé, Séqénenrê Taâ et Kamosis, que commencera la lutte ouverte qui aboutira à la victoire contre les Hyksôs et à l'avènement du Nouvel Empire (fr.wikipedia.org - XVIIe dynastie égyptienne).

 

De la tranquillitas de Philippe l'Arabe à l'hippopotame d'Otacilia

 

On peut opposer tranquillitas à perplexitas dans un sens religieux comme saint Augustin qui peut être transposé dans le domaine psychologique :

 

Tant qu'entre l'homme et son Créateur s'interpose le siècle, la pureté de la conversion ne saurait être parfaite. Se mêlent alors deux amours incompatibles, l'amour de Dieu et l'amour du monde en un mixte étymologiquement «perplexe». Jusqu'à la totale conversion, jusqu'à la «sereine tranquillité» de l'autre monde, l'homme ne peut vivre qu'écartelé, «déchiré», entre les «épineux» désirs de la chair et le manque de Dieu. Au sens ancien du terme - l'enchevêtrement, l'intrication - s'ajoute alors un deuxième niveau de signification (qui n'empêche pas le premier), l'affrontement entre deux principes, une antinomie insoluble. Cette opposition des deux mondes fait bien sùr écho à celle, bien connue, des deux cités qui, comme l'enseigne saint Augustin, gouverne l'homme depuis la Chute (Stéphan Geonget, La notion de perplexité à la renaissance, 2006 - books.google.fr).

 

Mais aussi dans le domaine des Etats, comme dans ce texte encore imprégné de religiosité tiré de L'Etat libéré (1788) qui se présente comme un plan pour éliminer la dette nationale : 

 

Que les personnes un peu instruites prennent la peine de se recueillir un instant sur une immensité de traits historiques propres à toutes les nations, sans en excepter une seule, & elles se rappelleront aisément que les plus grands effets, causes de la restauration du bien-être & de la tranquillité universelle d'un état qui penchoit du côté de la perplexité, n'ont la plupart du tems eu lieu que par des moyens de la plus grande simplicité, & que plus souvent encore, l'issue heureuse de ces effets n'a été attribuée qu'à des prodiges enfantés par des songes, par la superstition la plus outrageante envers l'Etre suprême qui gouverne le GRAND TOUT, dont nous ne sommes que les causes secondes, & que nous ne pouvons maintenir, sans appuyer notre insuffisance de l'équilibre d'une portion de la sagesse du Créateur (L'etat liberé, 1788 - books.google.fr).

 

En 248 l'atelier monétaire de Rome émit deux séries parallèles composée chacune d'antoniniens et de monnaies de cuivre, séries bien connues des numismates1 parce que les antoniniens mentionnent, pour la première fois, des marques d'ateliers en chiffres romains de I à VI pour la série dite du bestiaire, à la légende Saeculares Augg, et en lettres numérales grecques, d'alpha à stigma, pour une série plus banale à première vue mais explicitement datée. [...] La bêta porte TRANQVILLITAS AVGG avec Tranquillitas drapée debout à gauche, tenant un dauphin et un long sceptre vertical, associée au portrait de Philippe père. [...]

 

Ces monnaies ne sont point rares et elles se répartissent, avec égalité, entre les six officines. La série du bestiaire «latine» : avec son lion (I au portrait de Philippe père), sa louve avec les jumeaux (II au portrait de Philippe père), son bouquetin (III au portrait de Philippe fils), son hippopotame (IIII au portrait d'Otacilia), son cerf (V au portrait de Philippe père) et son antilope (VI au portrait de Philippe père). [...]

 

L'hippopotame est une image de l'Egypte, comme le crocodile, et figure à ce titre dans les émissions monétaires de l'atelier d'Alexandrie, par exemple pour Tibère et Claude ou pour Trajan. Sur les mosaïques, l'emploi de ce pachyderme illustre parfois plus précisément la chasse ou la navigation sur le Nil, éventuellement avec ses dangers. Nous attendons ici, comme pour les tableaux avec Orphée, l'éléphant et si nous rencontrons l'hippopotame, c'est tout simplement parce que, d'une part, ce dernier illustre plus nettement le concept de sauvagerie brutale, ce qui n'est pas le cas de l'éléphant connu pour sa sagesse, et, d'autre part, parce que Philippe a utilisé par ailleurs en abondance l'image de l'éléphant avec son cornac, accompagné de la légende AETERNITAS AVGG (RIC 58, pi. 6,5 - 167, pi. 9, 1 et 4). En quelque sorte, l'hippopotame figure par substitution. Pourtant cet animal n'a pas que des aspects nuisibles : en Egypte, l'hippopotame femelle, qui prête son apparence à la déesse Thouéris, était la divinité protectrice des femmes en couches, donc de la fécondité, et il n'est en rien étonnant de l'associer à Otacilia qui était mère du deuxième auguste, Philippe fils. Les croyances égyptiennes demeurent vivaces à l'époque impériale et largement attestées dans tout l'empire. Néanmoins, il est possible que l'explication de la présence de l'hippopotame ait paru trop subtile car l'apparition de ce gros animal n'a point connu de reprise.

 

Le dossier de l'iconographie monétaire accompagnant la célébration du millénaire de Rome ne s'arrête pas à ces deux séries dotées de six marques d'atelier, il faut y joindre non seulement l'image de l'éléphant à la légende AETERNITAS AVGG déjà mentionnée, mais aussi celle du temple avec SAECVLVM NOWM (RIC 25, pi. 6,7 - 86 - 108 - 118, pi. 7, 15 - 163 - 244), celle du cippe inscrit COS III avec MILIARIVM SAECVLVM (RIC 157, pi. 9, 2 - 199 - 271), ou avec SAECVLARES AVGG (RIC 24, pi. 6,6 - 107 - 162 -202 - 225 - 265, pi. 9, 10), celle du Soleil bondissant avec AETERNIT IMPERI (RIC 226, pi. 8, 11), celle de Rome assise avec ROMAE AETERNAE (RIC 44, pi. 6, 3 - 65 - 85 - 106 - 251) sans oublier certains multiples, comme, par exemple ce médaillon de bronze comportant la représentation d'une scène théâtrale, avec Médée tuant ses enfants, un épisode qui heurte notre sensibilité mais que nous retrouvons à plusieurs reprises sur les cuves de sarcophages du IIIe siècle.

 

Il y a là tout un discours monétaire cohérent, à la gloire de Philippe, organisé d'une façon originale, comme certains tableaux en mosaïque, qu'il s'agisse de la mosaïque cosmologique de Mérida, en Lusitanie, ou de celle de Philippopolis, en Arabie, et qui trouve de nombreuses correspondances dans les courants philosophiques de cette époque. Dans cette perspective, il ne me paraît point exagéré de qualifier l'ensemble fragmenté des émisssions monétaire de 248 de «tableau cosmologique» où le «calme de la mer», garanti par le prince, rejoint la nature sauvage pacifiée sous l'égide de la famille impériale  (Daniel Nony, De la tranquillitas de Philippe l'Arabe à l'hippopotame d'Otacilia. In: Cahiers du Centre Gustave Glotz, 10, 1999 - www.persee.fr).

 

Hippopotame et Fortuna

 

Pour la naumachie d'Auguste, nous possédons des témoignages littéraires, épigraphiques et même archéologiques qui prouvent bien que la création de la naumachie fut intégrée à un véritable programme édilitaire. Le bassin fut alimenté en eau courante grâce à un aqueduc, l'Aqua Alsietina ou Augusta. Son eau était d'une qualité inférieure à celle offerte par les autres aqueducs, comme le signale Frontin (Les aqueducs de la ville de Rome, XI, 1-2), mais il eut une incontestable utilité pour l'alimentation de la rive droite où s'étendaient de nombreux jardins, de plaisance ou de culture. L'irrigation de la zone que parcourait l'aqueduc, assez difficile auparavant, devint beaucoup plus aisée, ainsi que le souligne une inscription, trouvée sur le parcours de l'Aqua Alsietina (CLL. VI, 31566 = XI, 3772 a). En outre, on sait que la naumachie d'Auguste fut creusée dans une zone où se trouvaient de nombreux cules des eaux, comme ceux de Furrina et de Fons, mais aussi de Fors Fortuna, dont le temple, selon la très plausible hypothèse de F. Coarelli, se trouvait à proximité immédiate du bassin. Or Fors Fortuna, déesse de la Chance comme toutes les Fortunes de Rome, était aussi une vieille divinité italique de la fécondité et des eaux fécondantes. Son culte comportait une très ancienne fête nautique, la Tiberina descensio, où la population romaine descendait le Tibre sur des banques, en festoyant, afin d'assurer l'abondance en eau de la communauté avant les fortes chaleurs. Il n'est marre possible d'envisager un rapprochement entre la naumachie, spectacle sanglant, et la pacifique et joyeux Tiberina descensio. En revanche. en construisant sa naumachie si près du temple, l'empereur a probablement voulu créer dans l'esprit des contemporains une association entre ses nouvelles installations, permettant une plus large irrigation de la rive droite, et les pratiques cultuelles de la tradition romaine destinées à assurer cette même abondance des eaux. Auguste veut apparatre dans l'un des rôles providentiels développés par la mystique impériale en formation, celui de dispensateur bienfaisant des eaux. Sa mise matérielle de la nature s'associe de façon complexe à un pouvoir divin, solidaire de celui des vieilles divinités romaines (Anne Berlan, Les premières naumachie romaines, Hypothèses 1997, 1998 - books.google.fr).

 

Il est possible que la naumachie ait été restaurée sous Philippe l'Arabe, qui construisit un vaste réservoir sur la rive droite. Mais le passage d'Aurélius Victor (Caes., XXVIII, 1-2) qui évoque ces travaux ne fait aucune allusion à une installation préexistante. Quoi qu'il en soit, nous disposons d'une date certaine pour la disparition définitive de la naumachie d'Auguste : la construction de la muraille d'Aurélien. Celle-ci en effet la coupait de part en part.

 

Lors d'un autre jubilé de Rome, célébré par Philippe l'Arabe, parut une impressionnante collection zoologique que Gordien III avait constituée pour son triomphe persique. Elle comprenait entre autres 6 hippopotames. Selon le passage de l'Histoire Auguste (T. 44) qui mentionne ces animaux, il furent soit présentés, soit tués. En ce qui concerne les modalités même de ces uenationes, le caractère très allusif des textes ne permet guère d'y chercher des précisions supplémentaires (Anne Berlan-Bajard, Les spectacles aquatiques romains, 2006 - books.google.fr).

 

Naumachie et hippopotames en Egypte

 

Les Aventures d’Horus et de Seth sont un récit littéraire datant de l’époque ramesside et émanant de milieux sacerdotaux, mais dont la truculence et le burlesque laissent penser qu’il intègre pour une grande part des éléments de la littérature orale. C’est d’ailleurs cet aspect oral qui a amené la plupart des commentateurs, outrés par le caractère scabreux de certains passages – en particulier les références à des relations incestueuses et homosexuelles entre les deux protagonistes – à dénier à ce texte le statut de mythe. Combien de mythes grecs se verraient-ils à ce compte dénier le statut de mythes ? (Gaëlle Tallet, Mythologie et hellénisme en Égypte gréco-romaine. In : Mythe et fiction, 2010 - books.openedition.org).

 

Une scène de magie du récit concerne les joutes nautiques d'Horus et de Seth, transformés en hippopotames et immergés lors d'un concours d'endurance dont l'objet est l'attribution de la fonction royale. Mais la sollicitude maternelle d'Isis qui harponne son fils en lieu et place de Seth se retourne contre elle. Le subterfuge mis en œuvre pour aider son fils déclenche la colère d'Horus ainsi que sa violence dont elle devient la victime. C'est alors que survient la seconde scène de magie, qui consiste en l'épisode de la décollation d'Isis : «Il [Horus] sortit [de l'eau] la face furieuse comme [celle d'] un léopard, son couteau de seize dében [un dében = 91 g] en main. Il trancha la tête de sa mère et la prit dans ses bras, puis il gravit la montagne. Et Isis se transforma en une statue de silex qui n'avait pas de tête.» Pour punition, Horus eut les yeux arrachés par Seth, mais retrouva la vue grâce à Hathor qui versa du lait de gazelle sur ses yeux. A ces deux scènes de magie fait suite l'épisode où Seth tenta d'abuser d'Horus. Dans un contexte de rivalité pour le pouvoir, Seth fit «œuvre de mâle» envers Horus. La réplique d'Isis consista en ceci : «Et Isis, portant la semence d'Horus, se rendit, au temps du matin, au jardin de Seth, et elle dit au jardinier de Seth : De quelle sorte de légumes Seth mange-t-il avec toi ? Et le jardinier lui répondit : Il ne mange d'aucune sorte de légumes ici avec moi, sauf des laitues. Et Isis répandit sur elles la semence d'Horus. Alors Seth revint selon sa coutume de chaque jour, et il mangea les laitues qu'il avait l'habitude de manger. Et aussitôt il conçut de la semence d'Horus» (11, 8-11, 12). Assurément, la tentative de dévirilisation d'Horus par Seth se retourne contre son auteur contraint d'assumer une conception dévalorisante. Cette aberrante mais extraordinaire conception est évoquée pour prévenir d'égarements analogues dans la conduite de la société humaine, que ne saurait manquer d'engendrer le succès de l'entreprise avide de Seth à l'encontre des biens d'Horus. Cette démonstration par l'absurde a valeur pour rappeler au monde l'intelligibilité vers laquelle il tend et dénoncer l'affaiblissement du sens social, dans une perspective étatique et sociale (Encyclopédie philosophique universelle, Tome 3, 1992 - books.google.fr).

 

L’hippopotame est aussi un animal dangereux pour les embarcations sur le Nil; cet aspect est endossé par l’hippopotame mâle, un des animaux de Seth. La chasse à l’hippopotame symbolisait la lutte contre le chaos (L’Egypte antique au Bal, Dossier pédagogique pour les enseignants - www.museebal.fr).

 

Hermopolis

 

L'Egyptien se représentait le chaos qui avait précédé la création comme un vaste abîme aqueux. Il s'était demandé où résidait le dieu qui avait organisé notre monde hors de cet océan appelé Noun. Il avait imaginé l'apparition du premier monticule comme celle des premiers bancs de sable hors des eaux de l'inondation décroissante. C'est cette place que l'on appelait colline primordiale. Chaque grande école théologique la plaçait dans sa ville : il y en avait une à Hermopolis et une à Karnak, au moins. Quand on identifia le défunt au dieu créateur pour le faire participer à la vie éternelle, on le percha sur cette colline, figurée comme un petit piédestal flanqué de neuf degrés formant escalier. Au sommet une mortaise permettait de placer une statuette du mort (François Daumas, La civilisation de l'Egypte pharaonique, 1971 - books.google.fr).

 

Déjà en Egypte, à la «colline primordiale» soutenant Heliopolis répondait le lac d'Hermopolis — que cette ville entourait. Au centre du lac émergeait une fleur : le «lotus cosmogonique». De sorte que ces lieux centraient le monde (Alain Médam, L'Esprit au long cours : Pour une sociologie du voyage, 1982 - books.google.fr).

 

Hermopolis, la ville des huit divinités créatrices du monde (l’Ogdoade), fut une métropole religieuse très renommée en raison du prestige de son Dieu principal, Thot, le Dieu de l’écriture et du savoir, de la parole créatrice et des mathématiques, mais aussi le Dieu de la magie, de la guérison et de la sagesse et le patron des scribes. Il est représenté soit comme un ibis (ou un humain à tête d’ibis) soit comme un babouin. À l’époque Ptolémaïque (305-30), Thot fut identifié par les Grecs à Hermès, d’où le nom de la ville Hermopolis magma "cité d’Hermès". De la même manière il est associé avec le Dieu Phénicien Eshmoun (ou Esmun ou Esmoun) Dieu de la guérison et Dieu tutélaire de la ville de Sidon. Une autre divinité adorée à Hermopolis était le Dieu Typhon, qui est représenté par un hippopotame, sur lequel était assis un épervier entrain de se battre avec un serpent (antikforever.com).

 

Perplexité et hippopotame

 

Le codex Bamberg Patr 136, anonyme de la seconde moitié du XIIe siècle, propose ainsi de distinguer deux perplexités, différentes en leur origine et en leurs formes, deux formes de «perplexitas facti». La première, sur laquelle nous reviendrons plus loin, est par exemple celle des juifs s'apprêtant à crucifier le Christ. Elle est qualifiée de «perplexitas minima» où l'on ne trouve pas de remède de soi-même. L'autre, plus grave encore, a une cause directement diabolique. Elle reçoit le nom de «perplexitas maxima» : "les démons eux-mêmes et tous les damnés sont pieds et poings liés à cette perplexité".

 

L'origine diabolique du phénomène de "perplexitas maxima" provient d'un curieux commentaire du pape Grégoire le Grand - à partir d'une phrase de saint Jérôme - sur le livre de Job (40, 12). Glosant le sens allégorique du monstre Behemot et de sa monstrueuse anatomie, Grégoire affirme sans sourire que si le texte sacré affirme que les testicules de l'animal sont «perplexes» c'est simplement parce qu'ils sont à l'image des ruses du diable (Stéphan Geonget, La notion de perplexité à la renaissance, 2006 - books.google.fr).

 

Le Behemot de Job 40,12 est à la fois terrestre et aquatique. Il décrit assez au long les propriétés. Bochart a fort travaillé pour faire voir que c'est l'hippopotame ou cheval de rivière  (Augustin Calmet, Dictionnaire historique, archéologique, philologique, chronologique, géographique et littéral de la Bible, Tome I, Migne, 1846 - books.google.fr).

 

Samuel Bochart, né à Rouen le 10 mai 1599 et mort à Caen le 16 mai 1667, est un érudit français, ministre de la religion réformée (fr.wikipedia.org - Samuel Bochart).

 

Mille

 

L’hippopotame a été l'attribut du terrible dieu Typhon-Seth, gardien du monde souterrain, comme l'était Cerbère dans d'autres religions. Typhon-Seth était représenté comme pourvu d'un corps ou d'une tête d'Hippopotame (Plutarque, Isis et Osiris, c. 50). La déesse Apet était figurée avec un corps de lion et une tête d'Hippopotame (Champollion, in Keller). On a accumulé les fables à son sujet. On a dit (Elien, H. N., VII, 19) qu'il tuait son père (I) pour pouvoir pratiquer l'inceste avec sa mère, et que c'est la raison pour laquelle il était le symbole hiéroglyphique de l'injustice (Plutarque, Mor., p. 962 E). Et quand un sceptre portait un Hippopotame comme symbole de puissance, cet animal était surmonté d'une cigogne, qui représentait la justice, et établissait en quelque sorte l'équilibre (Schol. Aristophane. Oiseaux, 1360 (1354). Il aurait appris à l'homme l'art de la saignée : il saurait s'ouvrir une veine de la cuisse, en s'appuyant sur une tige de roseau récemment coupée (VIII, 40). Cette fable ne mérite vraiment pas d'être discutée. L'Hippopotame figure sur une des monnaies frappées à l'occasion des fêtes qui furent données en 246-247 de notre ère pour célébrer le millénaire de la fondation de Rome (Daremberg et Saglio, t. IV, 2 partie, fig. 6021) (Jules Cotte, Poissons et animaux aquatiques au temps de Pline: commentaires sur le livre IX de l'Histoire naturelle de Pline, 1944 - books.google.fr).

 

De nombreux textes, Job, Psaumes, Isaîe, font allusion à deux grands monstres primordiaux, Béhémoth et Léviathan, décrits comme l'hippopotame et le crocodile et qui semblent être la Mer et l'Abîme primitifs, créatures en même temps qu'adversaires de Dieu ; ils paraissent être empruntés à la cosmogonie mésopotamienne (Tiamat et Apsou) (Hervé Rousseau, Le dieu du mal, 1963 - books.google.fr).

 

Au sens figuré il dénote un esprit obtus, une brute sans intelligence: «J'étais Béhémoth auprès de toi», confesse à Dieu le psalmiste (73,22). Couché sous les lotus, parmi les roseaux des marécages, le Béhémoth-hippopotame de Job est une image de la force brutale, comme son Léviathan-crocodile l'est de la force féroce. L'un et l'autre illustrent la toute-puissance de leur Créateur incapable de les dominer. Mais il est clair que les deux monstres du Nil ont servi à un «rhabillage» rhétorique à des mythes plus anciens qui les avaient rapprochés pour de plus sérieuses raisons que le pittoresque ou l'exotique. On le soupçonne quand Béhémoth est présenté sans autre explication comme «la première des œuvres de Dieu» (Job 40,19). Ne s'agirait-il pas de l'Eau primordiale ? (Bernard Teyssedre, La Naissance du diable, 1985 - books.google.fr).

 

Job 40 21-22 : Sous les lotus il est couché, dans le secret des roseaux et des marais. Les lotus le protègent de leur ombre, les saules de la rivière l’entourent (www.aelf.org - Job 40, Fulcran Vigouroux, La Sainte bible polyglotte: Les Paralipomènes; Esdras; Néhémie; Tobie; Judith; Esther; Job, 1902 - books.google.fr).

 

Le lotus était le signe du nombre 1000 chez les Egyptiens (Edme François Jomard, Remarques sur les signes numèriques des anciens Égyptiens, 1820 - books.google.fr).

 

Dans un hymne au Nil qui remonte aux environs de 2100 av. notre ère, on peut lire : "Quand Tu brilles dans la cité royale, l'homme riche est rassasié de bonnes choses, l'homme pauvre même dédaigne le lotus". Le lotus d'Egypte a des bulbes comestibles et servait aux anciens Egyptiens à fabriquer une farine avec laquelle ils faisaient une sorte de pain. L'auteur montre que la valeur nutritive est inférieure à celle des céréales et sous-entend que c'était plutôt une nourriture de pauvres (nefred.over-blog.com).

 

L'image de Horus, l'enfant divin, peut être vue dans les temples de la Thébaïde représentant le soleil levant sortant du bulbe du lotus. Elle fut un des attributs d'Isis, et la plupart des reines égyptiennes sont représentées tenant à la main le lotus comme symbole de la vie (Charles Chaillé-Long, L'Égypte et ses provinces perdues, 2016 - books.google.fr).

 

Toi, tu crois encore à l'ibis, au lotus pourpré, au Nil jaune, écrit Nerval à Gautier, tu crois au palmier d'émeraude, au nopal, au chameau peut-être. Hélas! L'ibis est un oiseau sauvage, le lotus un oignon vulgaire, le Nil est une eau rousse à à reflets d'ardoise... (L'égyptomanie à l'épreuve de l'archéologie : actes du Colloque international organisé au musée du Louvre, par le Service culturel, les 8 et 9 avril 1994, 1996 - books.google.fr).

 

La réputation des oignons d'Egypte est vieille comme l'histoire. Ce bulbe, si regretté de Hébreux dans le désert et adoré par les Egyptiens, conserve encore toutes les qualités qui le mirent en honneur dans le monde antique (Louis-Nicolas Bescherelle, Grand dictionnaire de géographie universelle ancienne et moderne, 1857 - books.google.fr).

 

L'Éternel éprouve Job, une nouvelle foi : "J'ai créé un hippopotame pour toi : Admire la force qui est dans ses flancs. Dans ses muscles, sa queue, ses os Les montagnes le nourrissent fidélement, Il est sous le couvert des roseaux".

 

Les lotus le protégent de leur ombre. Il demeure plein d'assurance et rien ne lui paraît sombre. Le fleuve se gonfle et il ne s'en émeut point. Il n'a pas peur de diriger ses pas. Tireras-tu le Léviathan avec un hameçon ? Lui passeras-tu dans les narines un jonc ? Quel serment vous unira ? À l'esclavage tu le réduiras ?" (Sandrine Adso, Regards sur la Bible, 2016 - books.google.fr).

 

Hippopotame et Sardaigne

 

Marcus AEmilius Scaurus, homme d'État romain, fils aîné d'un homme d'Etat qui fit les campagnes d'Espagne et de Sardaigne, vivait dans le premier siècle avant notre ère. Dans la troisième guerre contre Mithridate, il servit sous Pompée comme questeur; envoyé en Palestine, il en donna le gouvernement à Aristobule, qui lui avait donné une somme d'argent considérable. Il commanda ensuite en Syrie jusqu'en 59; il fit alors une invasion dans l'Arabie pétrée, et ne se retira qu'après avoir reçu trois cents talents du roi de ce pays. Élu en 58 édile curule, il donna sur un théâtre splendide, qu'il fit élever à ses frais et qui contenait plus de quatre-vingt mille spectateurs, des jeux scéniques, où parurent, outre cent cinquante panthères, cinq crocodiles et un hippopotame, genre d'animaux qu'on n'avait pas encore vus à Rome. Ruiné par les dépenses énormes qu'il venait de faire, il répara les brèches faites à sa fortune en pillant sans merci la province de Sardaigne, qu'il fut chargé de gouverner en 55. Accusé à son retour à Rome pour ses déprédations, il fut défendu par Hortensius et Cicéron; le plaidoyer de ce dernier a été conservé en partie. Acquitté malgré les preuves évidentes de sa culpabilité, il fut accusé en 52 pour fait de brigues et condamné à l'exil (Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Tome 43, 1867 - books.google.fr).

 

On signalait en 1864 une découverte récente de fossiles d'Hippopotame en en différents lieux de Sardaigne (H. M. Ducrotay de Blainville, Ostéographie, Tome 4 : Quaternatés- Maldentés, 1864 - books.google.fr).

 

Hippopotamus sp., cf. amphibius : cette espèce signalée par B. Accordi (1962) aurait été trouvée ä Saulurri (S. Stefano, Cagliari). Pour T. Kotsakis la provenance est douteuse et la détermination impossible; pour A. Azzaroli il s'agit bien d'un hippopotame sarde (Actes du Symposium paléontologique Georges Cuvier: communications données à l'occasion du cent cinquantième anniversaire de la mort de Georges Cuvier, du 25 octobre au 28 octobre 1982, France, 1983 - books.google.fr).

 

Les tombeaux de la Sardaigne ont restitué une série de petites amulettes qui se rattachent par leurs caractères à celles de Carthage. Elles sont, soit en talc, soit en pâte de verre, en os ou en pierre dure. Les représentations divines les plus fréquentes sont celles d'Horus, de Bès, de Thouéris, d'Anubis et de Shou. Parmi les représentations d'animaux nous retrouvons des truies, des chats, des lions, des colombes, des chiens et des crocodiles (Sabatino Moscati, L'épopée des Phéniciens, traduit par Carlo Sala, 1971 - books.google.fr).

 

Dans les périodes les plus anciennes, il existait, dans les régions du haut Nil, de très nombreuses déesses hippopotames, souvent représentées gravides. Douze de ces déesses étaient groupées en collège, chacune d'entre elles exerçant sa protection à tour de rôle, chaque mois. Le delta du Nil constituait un milieu écologique particulièrement propice à l'établissement d'un culte vigoureux de la déesse-mère. Région de très grande fertilité végétale et animale (poissons), il représentait à merveille le mystère et la profusion des eaux primordiales. Et dans ces lagunes, deux animaux monstrueux dont les femelles faisaient preuve d'un instinct maternel remarquable (le crocodile et l'hippopotame) régnaient en maîtres. La plus ancienne de ces déesses hippopotames était Ipet. Elle était à la fois la mère et la compagne d'Amon, dont le nom signifie "le dieu caché". Remarquons ici que jusqu'à nos jours, en Zambie, dans les populations Lozi, les esprits des chefs morts sont qualifiés d'"hippopotame caché". Ipet habite dans l'horizon, et tend à se confondre avec celle-ci. Elle est alors "l'Invisible", compagne du "dieu caché". Ipet cède la place à Thouéris, à l'époque de la construction du mythe d'Isis et de l'inauguration de la cérémonie du harponnage. Thouéris est devenue la concubine de Seth, après que celui-ci ait répudié Nephtis, coupable d'adultère auprès d'Osiris. Elle appartient donc bien, originellement, au monde du chaos, du désordre, de la destruction. Elle est d'ailleurs considérée à la fois comme une déesse et une démone. Elle abandonnera assez vite son compagnon, dont elle dénonce les choix, et rejoint le camp d'Horus (ecoledrenault.chez.com).

nostradamus-centuries@laposte.net