Batailles de BĂ©driac IX, 76 2159-2160 Avec le noir Rapax
et sanguinaire Issu du peaultre
de l'inhumain NĂ©ron Emmy deux fleuves main gauche militaire Sera meurtry par joyne Chaulveron. "peaultre" signifierait ici "paillasse" ou "grabat", d'origine obscure (Dictionnaire Ă©tymologique Larousse 1969).
Au XVIIème siècle, le terme paillasse désigne une femme de mauvaise vie. Néron appartenait à la gens Julia, tribu de nobles patriciens qui ne s'étaient jamais fait remarquer par leur modération. Jules César, l'ancêtre, «la paillasse», «la raccrocheuse de la Voie appienne», fut un monstre de cruauté, témoin notre malchanceux Vercingétorix (J.Burnat, Il y a 19 Siècles : Néron empereur, Historia, Numéro 95, 1954 - books.google.fr, Léo Taxil, La prostitution contemporaine: étude d'une question sociale, 1884 - books.google.fr, Caius Suetonius Tranquillus, Les douze césars, traduit par Th.Ch.E. Baudement, 1845 - books.google.fr). Abandonné de tous, Néron s'enfuit et, pour ne pas tomber aux mains de ceux qui le poursuivaient, il se fit donner la mort dans une villa de la voie Nomentane Néron quitte le Palais. Il fuit à cheval, drapé dans un vieux manteau, le visage dissimulé sous linge, les pieds nus. Une suite de quatre personnes l'accompagne. Longeant le camp des prétoriens, il entend les malédictions à son adresse et les voeux dont Galba est l'objet. Il croise des voyageurs : «Voilà des gens qui poursuivent Néron», dit l'un. «Qu'y a-t-il de nouveau à Rome en ce qui concerne Néron ?», interroge un autre. Un ancien prétorien le reconnaît et le salue. La grande route décidé- ment devient dangereuse. On prend un chemin de traverse, où ronces, épines, roseaux, ralentissent la course de l'impérial fugitif. On arrive enfin à la villa de Phaon, mais par derrière. Pas d'entrée. Phaon, en attendant qu'on aménage un accès, conseille à Néron de se mettre à l'abri dans une carrière de sable. «Je ne veux pas m'ensevelir vivant», répond-il et il refuse. Torturé par la soif, il boit à une mare en ajoutant amèrement : «Voici donc les rafraîchissements de Néron.» Par un trou percé dans le mur, se traînant sur les mains, il entre dans la villa, gagne une chambre voisine où il s'étend sur un pauvre grabat. On lui apporte du pain et de l'eau tiède. Il refuse le pain, mais boit un peu d'eau. Il fait creuser sa tombe sous ses yeux, ordonne de préparer l'eau et le bois nécessaires pour les honneurs suprêmes et, comédien jusqu'à son dernier souffle, il s'écrie à plusieurs reprises «Quel artiste meurt en moi !» Sur ces entrefaites, sous la forme d'un billet adressé à Phaon, il apprend que le Sénat l'a déclaré ennemi public et condamné à mourir, selon les lois antiques, par le supplice de la fourche et des verges. Devant le danger qui approche, il esquisse un geste d'énergie. Il prend deux poignards qu'il a apportés avec lui, en essaie la pointe, puis les remet dans leur gaine. Repris par ses hésitations, il demande que quelqu'un des assistants lui donne, en se tuant, l'exemple du courage. Il se reproche sa propre lâcheté et se prodigue à lui-même les conseils de fermeté : «Je traîne une vie honteuse et misérable. Cela ne convient pas à Néron. Il faut prendre son parti dans de pareils moments. Allons, réveille-toi !» Enfin le bruit des cavaliers lancés à sa poursuite le tire de ses hésitations. Aidé par son secrétaire Epaphrodite, il s'enfonce le poignard dans la gorge. Il était temps. Le centurion chargé de l'arrestation entrait dans la chambre. «Est-ce là la foi promise», eut-il encore le temps de dire. Puis, les yeux ouverts et fixes, il expira. Son douloureux calvaire avait pris fin (Léon Homo, Nouvelle histoire romaine, 1941 - books.google.fr). Néron est le cinquième et dernier empereur romain de la
dynastie Julio-Claudienne. Les quatre empereurs suivant Auguste appartiennent tous Ă
la dynastie des Julio-Claudiens. «Julio» car, comme Auguste, Caligula, Claude et Néron sont les descendants de la
sœur de Jules César, Julia, tandis que Tibère a intégré la famille par
adoption quand Auguste a épousé sa mère, Livia ; «Claudiens» car ils sont
issus de Tiberius Claudius Nero, père de Tibère et de Drusus,
qui est l'ancêtre de Caligula, de Claude et de Néron Après la conquête des Gaules, le jour de son triomphe,
ses soldats chantaient en chœur : Urbani, servate uxores, mœchum calvum adducimus
! / Aurum in Galliâ effutuisti; at hic sumsisti mutuum. «Citadins, gardez bien vos épouses, voici que nous
ramenons le libertin chauve ! César, tu as répandu en amour dans les Gaules tout
l'or que tu as pris à Rome !» Jules César fut l'amant de plusieurs reines
étrangères, entre autres d'Eunoé, femme du roi de
Mauritanie. Il aima surtout avec passion la voluptueuse Cléopâtre, reine
d'Égypte, qui lui donna un fils qu'il eût voulu choisir pour héritier. Ses
ardeurs vénériennes s'étaient tellement accrues, au lieu de diminuer avec les
années, qu'il convoitait toutes les femmes de l'empire romain, et qu'il eût
souhaité pouvoir en disposer à son choix. Il avait rédigé un singulier projet
de loi, qu'il eut honte pourtant de présenter à la sanction du sénat : par
cette loi, il se réservait le droit d'épouser autant de femmes qu'il voudrait,
pour avoir autant d'enfants qu'il Ă©tait capable d'en produire. L'infamie de ses
adultères était si notoire, raconte Suétone, que Curion le père, dans un de ses
discours, l'avait qualifié mari de toutes les femmes et femme de tous les
maris. La seconde partie de cette sanglante Ă©pigramme tombait Ă faux, car,
suivant l'histoire, César ne pécha qu'une seule fois dans sa vie par
impudicité, c'est-à -dire en s'adonnant au vice contre nature (ce vice seul
Ă©tait aux yeux des Romains un outrage Ă la pudeur); mais ce honteux Ă©garement
de César eut un si fâcheux éclat, qu'un opprobre ineffaçable en rejaillit sur
son nom dans le monde entier. La calomnie s'empara sans doute d'un fait, qui
n'avait été qu'un accident de débauche, et qui aurait passé inaperçu, si les
deux coupables n'eussent pas été Jules César et le roi Nicomède. Cicéron
rapporte, dans ses lettres, que CĂ©sar fut conduit par des gardes dans la
chambre du roi de Bithynie ; qu'il s'y coucha, couvert de pourpre, sur un lit
d'or, et que ce descendant de Vénus prostitua sa virginité à Nicomède (floremque aetatis à Venere orti in Bithynia contaminatum).
Depuis cette infâme complaisance, César se vit en butte aux ironies les plus
amères, et il les supporta patiemment, sans y répondre et sans les démentir.
Tantôt Dolabella l'appelait en plein sénat : la concubine
d'un roi, la paillasse de la couche royale ; tantĂ´t le vieux Curion le
traitait de lupanar de Nicomède et de prostituée bithynienne. Un jour, comme
César s'était fait le défenseur de Nysa, fille de Nicomède, Cicéron
l'interrompit, avec un geste de dégoût, en disant : «Passons, je vous prie, sur tout cela; on sait trop ce que vous avez reçu
de Nicomède, et ce que vous lui avez donné !» Une autre fois, un certain Octavius, qui se permettait tout impunément, parce qu'il
passait pour fou, salua César du titre de reine, et Pompée, du titre de roi. C.
Memmius racontait Ă qui voulait l'entendre, qu'il
avait vu le jeune César servant Nicomède à table et lui versant à boire,
confondu qu'il Ă©tait avec les eunuques du roi. Enfin, quand CĂ©sar montait au
Capitole, après la soumission des Gaules, les soldats chantaient gaiement
autour de son char de triomphe : «César a soumis les Gaules, Nicomède a soumis
CĂ©sar. Voici que CĂ©sar triomphe aujourd'hui pour avoir soumis les Gaules;
Nicomède ne triomphe pourtant pas, lui qui a soumis César.» L'étymologie du nom qu'on donnait aux lieux de débauche, prenait sa source dans la fable de l'allaitement de Romulus et Rémus par une louve. Cette louve était Accia Laurentia, femme du berger qui recueillit les deux enfans exposés sur les bords du Tibre, et à qui la beauté de ses formes et la voracité connue de son appétit charnel avaient attiré, de la part de ses voisins, la qualification de lupa. Les courtisanes, qu'on voulut rendre odieuses par ume comparaison convenable à leur vie brutale, furent appelées louves, lupae, et leurs demeures lupanaria. (Lezciq. de Martin, verbo LUPANAR.; Chroniq. de Conrad, page 7 ; Suidas, pages 468, 751.) Leurs chambres ou cellules étaient ordinairement construites sous terre et voùtées, fornix : c'est de là que dérive le mot fornication, qui, dans la langue latine et dans la nôtre, exprime le commerce illicite des deux sexes. (BULENGER, Opusc. de Theatro, lib. I, pag. 251.) C'est dans ces réduits étroits, malsains, salis de la fumnée des lampes, dont tout le mobilier consistait le plus souvent en une mauvaise paillasse avec une converture rapiécée, que Messaline allait se livrer aux excès de la plus infâme luxure. Après avoir choisi les complices de sa lubricité, d'abord parmi les hommes d'une condition élevée, ensuite dans les rangs des prétoriens et des histrions, descendue aux dernières classes du peuple, l'impératrice, profitant du sommeil de l'imbécile Claude, quittait furtivement sa couche, couvrait ses cheveux noirs d'une perruque blonde, attribut de la débauche, et, enveloppée d'une cape de nuit, accompagnée d'une esclave, elle pénétrait dans le réceptacle de la prostitution. Là , sous le nom de la courtisane Lycisca, nue, la gorge contenue dans des réseaux d'or, elle provoquait par ses caresses tous ceux qui se présentaient à ses regards, et livrait à leurs ignobles transports les flancs qui avaient porté Octavie et Britannicus (Epigrammes de M. Val. Martial, Tome 2, traduit par Charles Louis Fleury Panckoucke, 1834 - books.google.fr). "in quibus eum
Dolabella pellicem reginæ, spondam interiorem regiæ lecticae ; ac Curio
stabulum Nicomedis, et Bithynicum fornicem dicunt" (discours dans lesquels Dolabella l'appelle la rivale de la reine, la planche
intérieure de la litière royale ; et Curion l'écurie de Nicomède, le mauvais
lieu de Bithynie) "Chaulveron" Dès sa jeunesse, Domitien, qui succéda à son frère Titus,
avait montré combien il en différait. C'était lui qui, après la défaite de
Vitellius, avait, à Rome, exercé le pouvoir en attendant l'arrivée de son père
Vespasien. Il avait tout de suite prodigué les places, changeant partout les
magistrats. Vespasien put dire qu'il s'étonnait que son fils ne lui envoyât pas
aussi un successeur. Durant le règne de Titus il n'avait cessé de conspirer
contre lui et répandait le bruit que le testament de Vespasien l'avait institué
cohéritier avec son frère. Domitien avait une haute taille, un extérieur beau et agréable; mais plus tard il devint
obèse en même temps qu'il perdait ses cheveux; aussi ne pouvait-il supporter
qu'on parlât de chauves en sa présence. Il n'avait point, comme Titus, la
passion du métier des armes; il n'allait jamais qu'en litière. Il ne manquait
point d'adresse pourtant à la chasse où il tuait, à coups de flèches, des
centaines de bêtes de toute espèce. Il montrait son habileté en tirant, à grande
distance, des flèches entre les doigts d'un esclave qui tenait la main ouverte.
Titus s'était entouré de lettrés, de poètes, de philosophes. Domitien ne lisait
rien que les mémoires et les actes de Tibère. Il avait besoin qu'on lui
composât ses lettres, ses discours. Il avait l'esprit si vide qu'il passait des heures Ă poursuivre des mouches et Ă
les piquer avec un poinçon. Il aimait à étaler le luxe et la profusion dans les
festins, mais ne restait pas longtemps à table et, le soir, laissant ses invités,
se promenait solitaire sous les portiques de ses jardins. Il quitta, reprit sa
femme et ne cachait nullement ses débauches. Dans les premiers temps, Domitien
n'avait point paru vouloir s'Ă©carter des exemples de Titus. Il avait mĂŞme
manifesté un zèle très louable pour la justice. ll jugeait au Forum. Il se montrait sévère pour les
juges trop complaisants. Il poursuivait les magistrats prévaricateurs.
Singulier censeur des mœurs, car il eût eu bien besoin d'être censuré, il
publia des édits contre les femmes perdues de réputation Martial se moque des chauves (V, 49 ; VI, 57; X, 83; XII,
45), alors que Domitien était chauve et le supportait mal (Suétone, Vies des
douze Césars, «Domitien» 18; Juvénal, Satires IV, 38, l'appelle «le Néron chauve» Néron Chauve ou
Chauve Néron d'où peut-être par contraction en ancien français (avec le l de calvus) "Chaulveron" "Emmy deux fleuves" Tacite dit positivement, sup. 40: confluentes Padi et Aduae fluminum petebant. Ferlet, qui a discuté cette question avec soin et conscience, place Bédriac sur la rive gauche de l'Oglio, un peu au-delà de Bina, à peu près à l'endroit où est aujourd'hui Ustiano, et par conséquent très à l'ouest de Canneto. Si cette position n'est pas certaine, elle nous parait au moins plus approcher de la véritable que celles de Canneto et de Cividale (P. Cornelii Taciti Opera, 1859 - books.google.fr). Wellesley (Kenneth). A major crux in Tacitus: Histories. (The Journal of Roman Studies, 61, 1971, p. 28-51, pli. et cartes). L'auteur montre qu'aucune des six interprétations de la phrase ne donne satisfaction avec le maintien de la leçon (Adu(a)e (comme nom d'un affluent du Pô). Il passe alors en revue, mais sans plus de satisfaction, les conjectures proposées pour corriger le passage et finit par en proposer une nouvelle, assez ingénieuse il faut en convenir, et qui est paléographiquement satisfaisante, car la génèse des diverses leçons des mss s'expliquerait bien par elle : Tacite n'aurait pas donné deux noms de cours d'eau mais désigné seulement le Pô sans le nom de son affluent (qu'il ignorait sans doute). Ce terme d'affluent étant comme chez Pline celui d'accola, aurait écrit "confluentes Padi et accolae fluminum". La rareté du mot aurait engendré les formes et corruptions successives : accole / acole / acde / agde. Puis la correction Aduae; le reste de l'article est consacré à expliquer le de la bataille de Bedriac d'avril 69 qui mit fin au règne d'Othon (Bulletin codicologique. In: Scriptorium, Tome 28, 1974 - www.persee.fr). La légion Rapax La bataille de Bédriac eut lieu
le 14 avril 69 ; ce lieu est situé près de San Andrea, aux environs de Crémone; de ce fait, elle est parfois appelée «bataille de Crémone». Les soldats de
Germanie, qui combattaient pour Vitellius, comptaient dans leurs rangs des
Bataves et surtout la XXIe légion Rapax. Ils s'étaient
reposés avant la rencontre, après leur longue marche. Les othoniens,
eux, arrivèrent fatigués ; les officiers ne surent pas trouver un ordre de
bataille satisfaisant, parce qu'ils avaient été conduits sur un site encombré
par des arbres et des vignes. Parmi eux se trouvaient des troupes au moins
médiocres, des gladiateurs et la Ire légion Adiutrix.
Les vitelliens chargèrent, et ils engagèrent un corps
à corps à l'épée. Malgré ses qualités, la XXIe Rapax
fut d'abord repoussée par la Ire Adiutrix.
Mais ses hommes réagirent et ils engagèrent une vigoureuse contre-attaque. Le
centre othonien fut enfoncé et les chefs de cette
armée prirent la fuite. Les vitelliens ne
s'arrêtèrent que devant le camp ennemi, où s'étaient enfermés les vaincus. La
défaite étant patente, Othon fit ce que devait faire un vrai Romain : il se
suicida Dion-Cassius, parlant du Combat de Bedriac,
dit le Combat de Cremone, parce que Bedriac étoit plus près de Cremone, que de Verone.
Mais Aurelius Victor dit qu'Otton fut mis en déroute à la Bataille de Verone ; en quoi il s’écarte du vrai lieu. Car Tacite
marque expressement oĂą Ă©toit
le champ de bataille par ces paroles : on jugea à propos d’avancer l'armée
jusqu’à quatre milles de Bedriac. Le confluent de
l’Adda & du Po est à 16. milles delà . Pline dit
dans Bebriacenia bella, les
guerres civiles de Bebriac. C’est peut-être à son imitation
qu’Eutrope dit apud Bebriacum en parlant de la defaite
de l'Empereur Otton. On peut conclure du passage de Tacite raporte
que Bedriac Ă©toit en allant
de Cremone Ă Verone, Ă 20 milles Romains du confluent
de l’Adda & du Po Le "noir" qualifiant Rapax
peut désigner la moralité de Vitellius. La seconde bataille de Bedriac
oppose Vitellius et les armées de Vespasien. Galba, tué dans une sédition, Othon, battu à Bédriac par les Vitelliens, les gens de Vespasien, Domitien son fils, Sabinus son frère, Mutien, Primus, ses lieutenants, engagent dans les rues de Rome une longue et terrible bataille où le Capitole périt dans les flammes. Vitellius, traqué dans son palais, bafoué, traîné dans la boue et le sang, décapité, est jeté dans le Tibre. Et Domitien remet à son père l'empire qu'il eût volontiers pris pour lui-même (André Paul Émile Lefèvre, L'histoire: entretiens sur l'évolution historique, Tome 1, 1897 - books.google.fr). "main gauche" : boucliers ...quand une ville est prise de force, le butin appartient au soldat ; rendue , il est aux chefs. Déjà ils méconnaissent centurions et tribuns, et, pour que nulle voix ne puisse être entendue, ils frappent sur leurs boucliers, tout prêts à braver le commandement si on ne les mène à l'assaut (3,19). Une baliste d'une grandeur extraordinaire, appartenant à la quinzième légion, écrasait les Flaviens avec d'énormes pierres. Elle eût fait dans leurs rangs un vaste carnage, sans l'action mémorable qu'osèrent deux soldats. Ils ramassent les boucliers sur le champ de bataille et vont, sans être reconnus, couper les cordes qui servaient au jeu de la machine. Ils furent percés de coups à l'instant, et leurs noms ont péri (3,23). Alors les boucliers s'élèvent au-dessus des têtes, la tortue se forme, et l'on s'avance au pied des retranchements. C'était des deux côtés l'art puissant des Romains. Les Vitelliens roulent de pesantes masses de pierre, sondent avec des lances et de longues piques la tortue entr'ouverte et flottante, jusqu'à ce qu'ayant enfin brisé ce tissu de boucliers, ils renversent les hommes sanglants et mutilés et jonchent la terre d'un horrible débris (3,27). Saper les retranchements, battre les portes, s'appuyer sur les épaules l'un de l'autre, et saisir, en s'élançant sur la tortue reformée, les armes et jusqu'aux bras des ennemis, n'est rien pour eux (3,28) Tacite, Histoires - Livre III (derniers mois de l'année 69 après J.-C.) - bcs.fltr.ucl.ac.be). "main gauche" : côté gauche ? La précipitation d'Arrius Varus compromet le succès que finit par assurer la fermeté d'Antonius (3,16-18). Il ordonne à la troisième légion de se tenir sur la chaussée de la voie Postumia. Tout près d'elle, à gauche, la septième Galbienne fut rangée dans la plaine, et plus à gauche encore la septième Claudienne, qui se trouva défendue par un fossé rustique. À droite, la huitième prit place sur l'espace découvert qui règne le long de la route, et à côté d'elle la treizième se couvrit des arbres d'un épais taillis. Tel était l'ordre des aigles et des enseignes (Tacite, Histoires, Livre III - bcs.fltr.ucl.ac.be). Arrivé à l'extrémité de la voie Posthumienne, qui l'avoit mené de Bédriac (nord-est) à Crémone, et qui venoit se confondre avec le chemin de Brixia, situé au nord, Antonius se trouve en face du camp des Vitelliens, adossé à Crémone; et voulant le faire attaquer, il ordonne à la troisième et à la septième légions d'assaillir le côté du Vallum qu'il avoit à sa gauche, derrière le chemin de Bédriac, c'est-à -dire, tout le côté oriental de la ville de Crémone; puis à la treizième de se précipiter vers la porte de Brixia qu'il avoit à sa droite, et presque en face de lui; enfin, à la huitième et à la septième Claudienne, de marcher encore plus à sa droite (dexteriora) c'est-à -dire, d'aller attaquer le côté occidental de Crémone. Qui ne voit pas que proxima Bedriacensi viæ, est opposé à dexteriora valli, et signifie la même chose que s'il y avoit læva ? (Edmé Ferlet, Observations littéraires, critiques, politiques, militaires, géographiques sur les Histoires de Tacite, Tome 2, 1801 - books.google.fr). Au lieu de se reposer à Crémone, comme la raison le voulait, d'y réparer ses forces par la nourriture et le sommeil, et d'écraser le lendemain un ennemi glacé de froid, épuisé de besoin, l'armée vitellienne, privée de chef et dépourvue de conseil, alla vers la troisième heure de la nuit se heurter contre les Flaviens, qui l'attendaient en bon ordre. Quelle fut la disposition de cette armée, dans la double confusion de la colère et des ténèbres, je ne puis le dire avec certitude. On rapporte que la quatrième Macédonique était à l'aile droite; la cinquième et la quinzième, avec les vexillaires des trois légions de Bretagne (la neuvième, la seconde et la vingtième), au centre; enfin la seizième, la dix-huitième et la première à l'aile gauche. Les soldats de la Rapax et de l'Italica s'étaient mêlés dans tous les manipules (Tacite, Histoires, Livre III - bcs.fltr.ucl.ac.be). Des trois légions qui, sous Tibère (Tacite Ann., 4, 5), composaient la garnison de l'Espagne, et étaient la IVe Macedonica, la VIe Victrix et la X Gemina, une seule (Suétone, Galb., 10), la VIe, s'y trouvait à la fin du règne de Néron. Proclamé empereur par elle, Galba, alors gouverneur de la Tarraconaise, s'empressa, avant de partir, d'en lever une autre (Hist., 1, 3, 23; Suétone, ibid.), qui paraît n'avoir eu d'abord d'autre nom que celui de «Septième», quoiqu'une légion de ce même numéro, décorée par Claude du nom de Claudia, existât depuis longtemps. Formée de nouvelles recrues, elle ne peut pas avoir eu, dès le principe, le surnom de Gemina, qui lui fut donné plus tard, et eût été alors en contradiction avec le mode de sa création. Galba se fit accompagner par elle jusqu'à Rome (Hist., 1, 6), traitant durement, sur son passage, les villes d'Espagne et des Gaules qui ne s'étaient pas assez empressées de le reconnaître; récompensant par des immunités celles qui avaient montré du zèle pour sa cause, et particulièrement Vienne, comblée par lui de priviléges et d'honneurs (1, 66). C'est la cavalerie de cette légion qui, à l'arrivée du prince aux portes de la capitale, massacra une partie des soldats de Néron, anciens rameurs, qui demandaient avec une insistance mêlée de murmures à être maintenus dans le service légionnaire (1, 6). En Pannonie, où elle ne tarda pas à être envoyée, elle avait pour légat le Toulousain Antonius Primus (2, 86), destiné à jouer bientôt un si grand rôle dans la seconde guerre civile. Revenue inutilement en Italie en faveur d'Othon (2, 11), elle fut défaite à Bédriac, et reçut ordre de ses vainqueurs de regagner ses quartiers de Pannonie; doublement exaspérée et par ses revers et par l'inepte sévérité de Vitellius, qui, abusant cruellement de la victoire des siens, avait ordonné la mort des plus braves centurions de l'armée othonienne (2, 60). Aussi, ce fut avec empressement qu'elle se jeta dans le parti de Vespasien, et que, dès le premier signal, elle se rendit, pleine d'allégresse, avec la XIII Gemina, sa compagne de province, à Padoue, sous les enseignes d'Antonius Primus (3, 7), devenu par la seule autorité de sa propre audace le chef de la nouvelle guerre; elle apportait, comme les autres légions aussi bien du côté des Flaviens que du côté des Vitelliens, non moins d'esprit séditieux (3, 7, 10) et d'amour du pillage (3, 28) que de bravoure. Amenée devant Crémone, après la prise de Vicence (3, 8) et la tentative avortée contre Vérone (3, 10), elle n'acquit sa part de la victoire qu'au prix de rudes épreuves. Au combat de nuit, où elle était avec la VII Claudia à l'aile gauche (3, 21), et avait devant elle, des forces opposées la IV Macedonica et la Ve Alaudae (3, 22), elle fut si vivement attaquée par les Vitelliens que sa perte devenait certaine sans l'arrivée des prétoriens envoyés à son secours. «Six de ses principaux centurions étaient tués, plusieurs de ses étendards perdus, et l'aigle elle-même» allait être prise si le primipilaire Atilius Verus ne l'eût sauvée en faisant autour de lui un grand carnage, et en mourant à son tour.» Un fait tragique de cette même nuit, exemple mémorable des maux des discordes civiles, se rapporte à elle. Un de ses soldats tua son père, soldat de la XXIe Rapax. «Julius Mansuetus, habitant de l'Espagne, enrôlé dans la légion Rapax, avait laissé chez lui un fils encore enfant. Celui-ci, devenu adulte, entra dans la septième légion que formait Galba. Le hasard offrit son père à ses coups, et il le renversa demi-mort. Pendant qu'il le dépouille, il le reconnaît et en est reconnu. Alors il l'embrasse expirant, et d'une voix lamentable il prie les mânes paternels de lui faire grâce et de ne pas l'abhorrer comme un parricide: "C'était le crime de tout le monde; et qu'est-ce que la part d'un soldat dans la guerre civile?" (9) Puis il emporte le cadavre, creuse une fosse et rend à son père les derniers devoirs. Les plus voisins s'en aperçurent d'abord, d'autres ensuite; et, de proche en proche, ce fut dans toute l'armée un cri général d'étonnement, de pitié, de malédiction contre une guerre si cruelle; et toutefois ils n'en dépouillent pas avec moins d'ardeur leurs parents, leurs alliés, leurs frères massacrés: ils se racontent le crime et ils le commettent.» (3, 25). A l'attaque des retranchements, la III et la VII ont d'elles-mêmes choisi le côté tourné vers le chemin de Bédriac (3, 27), et c'est par elles qu'est livré l'assaut le plus terrible. De désespoir, les Vitelliens font rouler du haut du rempart sur les assaillants une baliste, qui entraîne, en tombant, un pan de la muraille; tandis que par cette voie la VII monte à la brèche, la III enfonce la porte à coups de hache et d'épée (3, 29). Tant d'ardeur n'annonce pas que, dans les scènes d'horreurs de toute espèce qui marquèrent le sac et l'incendie de la malheureuse ville, la légion soit restée plus inactive que les autres : après quoi, ayant coopéré au triomphe complet du parti flavien par la prise et l'occupation de Rome, elle fut «envoyée en quartiers d'hiver» (4, 39). [...] Au musée d'Aix en Provence, une très-grande plaque de marbre, découverte par le comte d'Alais, gouverneur de Provence de 1638 à 1645, près du mausolée appelé la Tour du Palais (Millin), ne contient que la fin des lignes d'une inscription, dont la partie manquante devait occuper au moins deux autres plaques de même grandeur, placées à la gauche de celle-ci. Ce fragment, qui paraît provenir d'un monument funéraire à la mémoire de plusieurs membres d'une même famille successivement patrons de la colonie d'Aquae Sextiae, figure ici comme inscription publique, en raison de ce que deux de ces personnages ont été tribuns militaires. Il y est question des légions VII Gemina Felix et VIII Augusta (A. Allmer, Inscriptions diverses, Bulletin d'archéologie et de statistique de la Drôme, Volumes 7 à 8, 1873 - books.google.fr). "main gauche" : Mucien MUCIEN (Marcus Licinius Crassus Mucianus), général romain, descendant de Publius Licinus Crassus Mucianus, fils naturel de Quintus Mucius Scévola, consul l'an 580 de Rome (174 avant J.-C.). Parvenu au consulat en 52 de J.-C., il se ruina entièrement par une folle dépense et son amour excessif des plaisirs. Claude l'exila en Orient avec un commandement subalterne. Ce fut lui qui détermina Vespasien à se faire proclamer empereur, et l'aida dans cette entreprise. Il resta toujours en faveur auprès de Vespasien, et mourut avant lui, après avoir été deux fois consul, l'an 70 et l'an 74 de J.-C. (Dictionnaire encyclopédique Saint-Laurent usuel, 1843 - books.google.fr). Quintus Mucius Scævola, consul en -174, appartenait à la noblesse plébéienne de la République romaine. Malgré la prétention des Mucii de descendre de Gaius Mucius Scævola, qui vivait pendant la période royale romaine, cette ascendance légendaire est fort improbable, du fait que les membres de cette famille ne sont apparus qu’au IIIe siècle av. J.-C. et étaient sans doute plébéiens (fr.wikipedia.org - Quintus Mucius Scaevola (consul en -174)). Caius Mucius Scaevola ("saevola" gaucher en latin), jeune Romain qui, pendant le siège de Rome par Porsenna, entreprit de poignarder ce roi, ne tua par erreur que son secrétaire et, arrêté aussitôt, plaça sa main droite sur un brasier où il la laissa brûler comme pour la punir de s'être trompée (Dictionnaire français illustré des mots et des choses: ou Dictionnaire encyclopédique des écoles, des métiers et de la vie pratique, Tome 3, 1889 - books.google.fr). A Bedriac, après une horrible mêlée, la lune se lève et favorise les Flaviens en éclairant la face des Vitelliens. Antonius anime les siens par des exhortations et des reproches. Le soleil paraît enfin, et la troisième légion salue son lever. Le bruit répandu que c'est Mucien dont on salue l'arrivée inspire aux Flaviens une nouvelle ardeur amenant la déroute des Vitelliens (Oeuvres complètes de Tacite, traduction nouvelle avec le texte en regard, des variantes et des notes, Tome 5, 1828 - books.google.fr). Typologie Le report de 2060 sur la date pivot 69 donne -2022. Selon Lenglet, et le comput samaritain, Melchisédech bénit Abraham en 2017 avant J.C. (Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1743, Tome 1, 1744 - books.google.fr). Melchisédech serait le fondateur de Salem (devenue Jérusalem) en -2023 (Isidore Justin Séverin Taylor, La Syrie, l'Egypte, la Palestine et la Judée, 1837 - books.google.fr). Vespasien étoit en Achaïe avec Néron, lorsque cet Empereur le nomma pour avoir la conduite de la guerre des Juifs, en l'an 66 de l'Ere vulgaire. Il n'arriva en Judée que l'année fuivante, & commença à former son armée en l'an 67. Tite son fils qu'il avoit choisi pour l'un de ses Lieutenans, le vint joindre à Ptolémaïde, avec deux Légions qu'il lui amenoit d'Alexandrie. Ils commencerent donc la guerre par la Galilée, voulant donner à ceux de Jérusalem le temps de se reconnoître. Tite donna dans cette guerre diverses marques de sa valeur; & Vespasien son pere ayant été reconnu Empereur en l'an 69, & étant obligé de s'en aller en Italie, Tite son fils demeura seul chargé du soin de la guerre des Juifs. Il assiégea Jérusalem au commencement d'Avril de l'an 70 de l'Ere vulgaire. La premiere muraille fut emportée le 28 d'Avril, la seconde, le 3, & encore le 7 de Mai. La tour Antonia fut forcée le 5 de Juillet. Le sacrifice perpétuel fut interrompu, & cessa entierement le 7 ou 10 du même mois. Le Temple fut brûlé malgré Tite le 10 d'Août. Les Romains forcerent la troisieme muraille de la Ville le 7 de Septembre, & Tite y entra le lendemain 8. Après cela Tite fit raser le Temple & toute la Ville, à la réserve des trois tours Hippique Phazaele & Mariamne, avec la muraille qui environnoit la partie occidentale de la Ville. Les Juifs tiennent par tradition, qu'il fit passer la charrue sur la Ville ou au moins sur le Temple; ce qui étoit une marque de la derniere désolation : mais on croit que cela arriva plutôt sous Adrien (Augustin Calmet, Dictionnaire historique, critique, chronologique, geographique et litteraire de la Bible, Tome 1, 1783 - books.google.fr). Cycle de Cléostrate La datation du quatrain 2159 se situe 2090 années après 69, l’année des 4 empereurs. Le cycle de Cléostrate se
nommait Octaëteris. Il comprenait huit années, au
bout desquelles il prétendait que le soleil et la lune revenaient au même
point. Harpalus, trouvant que cela n'arrivait pas,
inventa le cycle de neuf ans. MĂ©ton, ne trouvant pas que le cycle de neuf ans
eût mieux réussi que les autres, inventa le cycle de dix-neuf ans. On s'en est
tenu là , comme Festus Aviénus
le remarque dans les vers que je viens de citer. Ce cycle est encore en vogue,
et s'appelle le Nombre d'or. Il y a bien des brouilleries dans Vossius sur tout ceci. Il cite Pline, au livre II chapitre XII touchant Cléostratus; il fallait citer le chapitre VIII. 3°. Il dit
que l'Octaëtéride de Cléostratus
comprenait 2090 ans et 22. On voit bien que l'imprimeur a brouillé les nombres; mais le mot annorum est sans doute une méprise de
l'auteur. Car ce cycle comprenait 2922 jours Gérard–Jean Vossius est un disciple de Joseph Scaliger (auquel il succéda à Leyde), fils de Jules César Scaliger ami de Nostradamus, et de Martini qui nomme souvent les deux Scaliger dans ses ouvrages. Il produira à son tour un Etymologicon linguae latinae, paru posthume à Amsterdam en 1662, et qui marquera un net progrès sur le Lexicon philologicum, praecipue etymologicum de Martini : érudition moins touffue, mieux ciblée, plus critique. Leibniz dans la préface des Nouveaux essais sur l'entendement humain fait à Scaliger un emprunt explicite Pierre Lardet, Les ambitions de Jules–César Scaliger latiniste et philosophe (1484–1558), 2002 - www.phil-hum-ren.uni-muenchen.de). Pierre Du Moulin (né en 1568 à Buhy et mort à Sedan en 1658) était installé depuis quatre ans en Angleterre lorsqu'il se résolut de rejoindre Leyde où son ami François du Jon professait la théologie. Il prend pension chez Joseph Juste Scaliger, où il rencontre des personnages distingués et de grand mérite et s'y fait de puissants amis (cf. quatrain X, 91). L'Histoire
Naturelle est notre principale source directe de renseignements sur la
perception de la personne et du règne de Néron au début de l'ère flavienne. Si
l'on excepte les quelques mentions Ă d'autres historiens tels que Cluvius Rufus et Fabius Rusticus
chez Tacite, c'est donc dans cet ouvrage que l'on peut trouver l'origine de
quelques-uns des principaux traits caractéristiques de l'image de ce prince
depuis l'historiographie antonine jusqu'Ă nos jours. [...] C'est par exemple Ă
Pline que nous devons de connaître de menus détails tels que la myopie de Néron
et les bains de lait de Poppée promis à la postérité cinématographique. [...]
Nous nous proposons de dégager ici les lignes essentielles de ce portrait dans
leurs rapports avec l'idéologie de la dynastie flavienne à travers les divers
témoignages (numismatiques,
épigraphiques, urbanistiques) qui éclairent ou complètent les sources littéraires.
Très proche des Flaviens, ancien contubernalis de
Titus (NH, praef., 5), Pline l'Ancien est fondamentalement hostile Ă NĂ©ron
sous le règne duquel il connut une période de semi-retraite avant de voir sa
carrière encouragée par Vespasien. L'antinéronisme atteint dans l'Histoire Naturelle une
virulence inégalée. Les quelque soixante-quinze références à Néron que l'on
peut trouver dans l'Histoire Naturelle
ont presque toujours une connotation négative, rarement neutre, et jamais
positive. Au demeurant, lorsqu'il aurait l'occasion d'aborder des aspects
bénéfiques de l'œuvre de Néron, Pline évite soigneusement de présenter les
choses sous un angle favorable au prince. La majeure partie des critiques de
Pline à l'encontre de Néron et de son règne porte sur le développement effréné
du luxe illustré et encouragé par l'empereur-citharède. Les attaques sur ce
thème sont trop nombreuses pour être examinées en détail ici. C'est l'un des topoi les plus rebattus du moralisme diatribique,
le locus de diuitiis, qui retrouve ici une vigueur et
une actualité particulières dans la mesure où il répond à la fois à une
nécessité politique et à une réalité sociologique propres à l'ère flavienne. La
nécessité politique est de justifier les mesures d'économies prises par
Vespasien pour redresser la situation financière de l'État compromise par la
guerre civile et les extravagances néroniennes. L’Histoire Naturelle contient du reste une critique des manipulations
financières de Néron en 64 abaissant le poids des aurei
et des denarii (XXXIII, 47). Quand
à la réalité sociologique, il s'agit du phénomène décrit par Tacite dans un
texte célèbre (Ann., III, 55) évoquant la disparition de l'ancienne
aristocratie dispendieuse et la promotion de la bourgeoisie municipale et
provinciale plus Ă©conome, Ă l'image de Vespasien lui-mĂŞme. Cette valeur
exemplaire du prince, dont Vespasien Ă©tait bien conscient en cultivant son
image de ciuilis princeps, est bien soulignée dans
les passages antinéroniens de l’Histoire Naturelle, où la poursuite effrénée du luxe et des richesses
est le fait non seulement du souverain, mais aussi, par une sorte de mimétisme,
de son entourage, en particulier sa femme Poppée et ses affranchis. En mêlant
systématiquement le nom de l'empereur à la condamnation des dérèglements de son
époque, Pline suggère la responsabilité de celui-ci, par une espèce de
contagion du vice Certains présages mettant aux prises des oiseaux
symboliques sont mentionnés, presque semblables et en tout cas comparables, pour
les deux périodes troublées de 44-30 et 68-69, dont sortirent les puissances
d'Auguste et Vespasien. C'est ce qui, selon le seul Suétone, est arrivé à Bédriac : sur le champ de bataille, avant que les armées
d'Othon et Vitellius engagent le combat, deux aigles s'Ă©taient battus sous les
yeux de tous les soldats, et l'un d'eux ayant été vaincu, un troisième était
survenu du Levant et avait chassé le vainqueur. Contrairement à ce que pense H.
Ailloud dans sa note sur la Vie de Vespasien, je ne
crois pas qu'il s'agisse de la simple variante d'un prodige rapporté par
Tacite, puisque c'est exclusivement du destin d'Othon qu'il s'agit alors. En
effet, le prodige mentionné par Suétone se produit sous les yeux des armées, contrairement
Ă ce que raconte Tacite, et il s'agit d'aigles, et non pas d'un oiseau
extraordinaire. Ce présage, selon Suétone, annonçait que Vespasien venu
d'Orient allait prendre la place de Vitellius. Le fait que le troisième oiseau,
venu d'ailleurs, surgisse après un premier combat, rendait inutiles les
diffĂ©rences d'espèces. Il est intĂ©ressant que le miracle des aigles de BĂ©driac soit rapportĂ© Ă propos de Vespasien, et non Ă
propos de la guerre entre Othon et Vitellius ; il s'agit ainsi de toute Ă©vidence
d'un aigle d'avènement Pour "main gauche" voir quatrain I, 34 :
"L'oyseau de proye
volant à la senestre" Il est regrettable que l’on doive faire appel à une coquille d’imprimeur œuvrant en 1650. |