La régence d'Anne Beaujeu

La régence d'Anne Beaujeu

 

IX, 47

 

2138

 

Les soulz signez d'indigne delivrance,

Et de la multe auront contraire advis,

Change monarque mis en perille pence,

Serrez en cage se verront vis Ă  vis.

 

"Change monarque" et "multe"

 

"multe" : amende (Georges-FrĂ©dĂ©ric Burguy, Grammaire de la langue d'oĂŻl: ou Grammaire des dialectes français aux XIIe et XIIIe siècles, Tome 3, 1870 - books.google.fr).

 

Louis XI meurt et sa fille Anne de Beaujeu assure la régence pour le compte de Charles VIII.

 

Charles VIII, âgé de treize ans, succède à son père, sous la tutelle d'Anne de France, dame de Bourbon-Beaujeu, sa sœur, âgée de vingt-deux ans. De là, des contestations de la part du duc d'Orléans, premier prince du sang, et de la part du duc de Bourbon, frère du seigneur de Beaujeu. Le duc d'Orléans réclame la régence et soumet la question aux États généraux.

 

Le conseil royal sacrifie à la vindicte publique maître Olivier le Daim, comte de Meulan, qui est pendu pour meurtres et pilleries. Le médecin Jacques Coictier en est quitte pour une amende de 50,000 écus. Mais le Parlement est plus sévère.

 

Louis XI, tourmenté et superstitieux en face de la mort, eut un de ces mouvements de générosité qui ne coûtent guère, d'autant qu'ils sont plus calculés. Son seul espoir, c'est Jacques Coithier, son médecin. Il ne croit plus vivre que par lui et, dans l'espoir de vivre encore, il le comble de biens, de richesses, et lui donne le château, les bois et forêts dépendant de Saint-Germain en 1482. Le Parlement, qui veille aux folies des rois, casse bientôt à sa mort (1483) cette donation, et ces domaines retournent à l'État (histoire-vesinet.org).

 

La régence de France est déférée à la duchesse de Beaujeu, fille de Louis XI, par les États généraux du royaume convoqués à Tours; le conseil de régence est présidé par le duc d'Orléans, premier prince du sang. Les députations de Normandie et de Bourgogne avaient soutenu que le droit de nomination à la régence pendant la minorité du roi appartenait aux États généraux; les députés de Paris, d'Aquitaine, du Languedoc et des provinces de l'intérieur du royaume s'étaient opposés à cette prétention et l'avaient fait abandonner. Les États demandent l'abolition de la taille et des autres impôts arbitraires, et qu'à l'avenir, le consentement des États du royaume soit nécessaire pour l'établissement de toutes nouvelles taxes; on autorise la levée des impòts existants du temps de Charles VII, mais à titre de don, de concession, et pour deux ans seulement (C. Mullié, Fastes de La France [ou Faits chronologiques, synchroniques et géographiques de l'histoire de France, 1859 - books.google.fr).

 

Louis d'Orléans était devenu premier prince du sang. Les Beaujeu ne manquèrent pas de reconnaître ce statut et lui accordèrent quantité de faveurs. Il fut d'abord décoré de l'ordre de Saint-Michel. Pour augmenter ses revenus assez faibles, assez faibles, on lui octroya les amendes et confiscations pour le duché d'Orléans ainsi que la jouissance des gabelles sur toute l'étendue de ses domaines. Le trésor lui accorda parallèlement une pension de 24 000 livres, une compagnie de cent lances et le très prestigieux gouvernement militaire de Paris et de l'Île-de-France. Tous ces avantages financiers et honorifiques auraient dû contenter le duc et le rendre docile au nouveau gouvernement. Il n'en fut rien. Si Louis accepta tous les dons et charges qu'on lui offrait, il ne s'abstint pas pour autant de contester le testament de Louis XI et revendiqua le gouvernement de Charles VIII. Afin de clarifier une situation ambiguë, Pierre de Beaujeu, par l'intermédiaire du jeune roi, convoqua les états généraux pour le 1er janvier 1484. Très vite, les députés furent mis devant les faits; les grandes réformes étaient pour plus tard. On les avait convoqués seulement pour approuver la décision royale. Globalement, les députés ne s'opposèrent pas aux souhaits de Louis XI (Didier Le Fur, Louis XII, 2016 - books.google.fr).

 

Le duc d'Orléans, poussé à bout par les tracasseries d'Anne de Beaujeu, cherche à se faire un parti contre elle. Il tente d'enlever le roi et échoue; de son côté, la régente tente de l'enlever lui-même au milieu de Paris, et les gens apostés pour l'exécution ne le manquent que de quelques minutes (C. Mullié, Fastes de La France [ou Faits chronologiques, synchroniques et géographiques de l'histoire de France, 1859 - books.google.fr).

 

"soulz signes... delivrance"

 

On sait que les rois avaient l'habitude, pour leur joyeux avènement, de dĂ©livrer les prisonniers : Anne de Beaujeu requit le parlement de Paris de permettre un Ă©largissement de prisonniers. Le parlement refusa et rĂ©pondit expressĂ©ment, par un arrĂŞt dont copie fut envoyĂ©e aux autres cours du royaume "que le roi seul pouvait accorder cette faveur" (RenĂ© A. de Maulde-La Clavière, ProcĂ©dures politiques du règne de Louis XII, 1885 - books.google.fr).

 

Marguerite de Habsbourg, archiduchesse d'Autriche, née le 10 janvier 1480 à Bruxelles et morte le 1er décembre 1530 à Malines, fille de Maximilien d'Autriche, chef de la maison de Habsbourg, et de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, a successivement été princesse de Bourgogne, fille de France, infante d'Espagne et duchesse de Savoie. Fiancée au dauphin Charles, fils de Louis XI, après le traité d'Arras (1482), elle voit, après plusieurs années passées à la cour de France, ses fiançailles rompues, Charles VIII ayant décidé d'épouser la duchesse Anne de Bretagne afin d'empêcher Maximilien de devenir duc de Bretagne (fr.wikipedia.org - Marguerite d'Autriche (1480-1530)).

 

Pierre de Bourbon, sire de Beaujeu, et la princesse Anne de France, son Ă©pouse, dĂ©signĂ©s pour aller au-devant de la future dauphine Marguerite et la recevoir au nom du roi, ne tardèrent pas Ă  partir, suivis d'un nombreux cortège. Avec eux Ă©taient les seigneurs de Dunois II, d'Albret et de Saint-Vallier, les dames de Dunois et de Thouars, et plusieurs autres grands seigneurs, barons et nobles personnes. Ils s'acheminèrent vers Paris. Ce fut pour le parlement une question Ă  examiner toutes chambres assemblĂ©es, de savoir si l'on irait ou non recevoir madame Anne de France, qui faisait le 19 avril sa première entrĂ©e dans la capitale. Comme jusque-lĂ  on n'Ă©tait encore allĂ© qu'au-devant du roi et de la reine, et qu'aucun ordre n'avait Ă©tĂ© donnĂ© Ă  ce sujet, il fut dĂ©cidĂ© «que la cour n'irait point en manière de cour au-devant de ladite dame». Ainsi on ne voulut point faire autant d'honneur Ă  la fille du roi, sur qui allait reposer tout l'espoir de la France, et deux mois après on ira en grande pompe rendre cet hommage Ă  une petite Ă©trangère seulement dauphine en espĂ©rance ! On dirait que la faction de Louis d'OrlĂ©ans essaye dĂ©jĂ  ses forces (Urbain Legeay, Histoire de Louis XI, Tome 2, 1874 - books.google.fr).

 

Anne de Beaujeu revient d'aller aux côtés de son époux à l'encontre d'une petite belle-sœur de trois ans. C'est sa première mission officielle. C'est même la première fois qu'elle quitte le Val de Loire. Et voici qu'à peine sortie du nid, elle prend son essor avec une autorité agressive. Lorsque le cortège approche de Paris, le 21 avril 1483, Mme de Beaujeu fait inviter par son maître d'hôtel, le Parlement à libérer en l'honneur de son entrée tous les prisonniers de la Conciergerie. La Cour consulte ses registres et répond que semblable privilège de «joyeux avènement» ne peut être accordé qu'aux rois, reines et dauphins, à moins qu'on ne leur présente des lettres du roi «expresses au cas». Or, Louis XI, volontairement ou non, n'avait rien écrit du tout. Et le Parlement, mis en alerte par toutes les dilapidations du patrimoine faites d'autorité depuis quelques temps en faveur des Beaujeu, n'avait aucun goût pour exalter le ménage. Anne subit l'affront; elle ne l'oubliera pas. En attendant mieux, elle prit une revanche facile quelques jours plus tard en arrivant à Hesdin où toutes les prisons furent vidées sur son ordre; geste que le Parlement devait désavouer. Ainsi nous apparaît la dame «ferme en ses volontés» dépeinte par Brantôme. C'est dans cette petite cité de Hesdin que la «dauphine», effarée par trois semaines de randonnées et de fêtes populaires, fut mise en présence des Beaujeu qui «avoient chargé du roy de voir l'enfant tout nud... dont fort se contentèrent et sy leur pleut grandement en toutes manières». Arrachée à sa gouvernante de Bourbon elle fut remise solennellement en tant que comtesse d'Artois, de Bourgogne palatine, d'Auxerrois, de Mâconnois, dame de Salins, de Bar-sur-Seine et de Noyer, pour ne pas être en reste de titres, Pierre signa le procès-verbal de «délivrance» en se disant comte de Clermont, de la Marche et de Gien, seigneur de Beaujeu et d'Armagnac. D'entrées en entrées solennelles, on revint lentement. A Amiens, Pierre reçut des paons, des hérons, des butors, du vin blanc «clairet et vermeil»; Anne, deux drageoirs d'argent. A Paris, devant la porte Saint-Martin, un échafaud à trois étages présentait les images du roi, du dauphin, de la dauphine et du couple de Beaujeu. La délivrance des prisonniers avait été cette fois accordée puisqu'il s'agissait de l'entrée d'une dauphine. Anne enregistra la nuance. Sa minuscule belle-sœur avait maintenant le pas sur elle. Enfin, le 22 juin, aux portes d'Amboise, les enfants fiancés purent s'embrasser devant les délégués des bonnes villes de France conviés au spectacle (Pierre Pradel, Anne de France, 1461-1522, 1986 - books.google.fr).

 

Ce privilège qui lui fut refusĂ© Ă  Paris, Anne l'exerça en entrant Ă  Hesdin, ainsi que nous l'apprend une lettre de rĂ©mission du TrĂ©sor des Chartes, II, 221, fo 58 : «Anne, fille ainsnĂ©e du Roy de France, comtesse de Clermont, de La Marche, de Gyen et dame de Beaujeu : Savoir faisons que, comme en ensuivant les droiz, previlleiges, prĂ©rogatives et prĂ©Ă©minances gardez et observez de tout temps et anciennectĂ© aux enfans de France et desquelz avons acoustumĂ© de joyr et user, il nous loyse et appartienne, entre autres choses, Ă  notre première et nouvelle entrĂ©e en chacune ville et lieu de ce royaume oĂą jamais ne feusmes, dĂ©livrer et mettre hors tous prisonniers, soient clercs ou laiz, dĂ©tenuz en prison, ecclĂ©siasticque ou seculière, et leur quicter, remectre et pardonner quelzconques cas, soient criminelz ou civilz, qu'ils avoient commis et perpĂ©trez, Ă  l'occasion desquelz ilz avoient estĂ© constituez prisonniers en aucun des lieux dessusdits, et il soit ainsi que Ă  notre première et nouvelle entrĂ©e en la ville de Hesdin oĂą jamais n'avions entrĂ©, ayons trouvĂ© ès prisons d'icelui lieu J. Lefèvre... DonnĂ© oudit Hesdin au moys de may, l'an mil CCCC IIIIxx et trois. » Le Parlement dut se refuser Ă  enregistrer ces lettres, car elles ne l'Ă©taient pas encore en 1490. On trouve en effet en 1490 une provision donnĂ©e par Charles VIII pour l'entĂ©rinement d'une rĂ©mission accordĂ©e en 1483 Ă  J. Lefèvre. Montils-lez-Tours, 26 juillet 1490 (Paul Jules Pelicier, Essai sur le gouvernement de la dame de Beaujeu 1483-1491, 1882 - books.google.fr).

 

Les lettres reçues ou écrites par le Parlement entre 1376 et 1596, qui font l’objet de cet inventaire, sont conservées dans les registres X/1a/9317 à 9324, Parmi ceux-ci, X/1a/9317, 9318, 9319, 9321 à 9324/A ont vraisemblablement été constitués au cours du XVIIIe siècle à l’aide de liasses antérieurement formées.

 

Des lacunes importantes sont communes aux deux groupes, celles des années 1464 à 1477, 1483 et 1484, 1493, 1504 à 1511. Le règne de Louis XII n’est représenté que par une seule lettre à expédier et une quarantaine de lettres reçues. Si ces lacunes sont accidentelles et non dues à la négligence des greffiers, elles ont sans doute été causées par l'incendie survenu au Palais en 1618 qui fit disparaître une grande partie des minutes anciennes de la cour (Lettres reçues ou envoyées par le Parlement de Paris. Recueils factices - francearchives.gouv.fr).

 

Les premières lettres et édits de Charles VIII sont signés de plusieurs d'entre eux, ainsi que du mari d'Anne de France (Henri Martin, Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, Tome 8, 1841 - books.google.fr).

 

Tous les actes de pardon étaient accordés par des lettres de rémission, signées ou confirmées par le Roi en son conseil. L'ordonnance de 1359 fait de cette délibération du conseil une condition essentielle pour la validité de la lettre. La rémission est donnée en général ou en spécial. La rémission générale est obtenue par une province, une commune ou un parti, après une guerre ou une révolte, ou bien par toute une classe de prisonniers à l'avènement du Roi, à sa première entrée dans une ville, à certains anniversaires religieux. La rémission générale est une véritable amnistie; elle anéantit toutes les conséquences des condamnations antérieurement prononcées, et interdit toute poursuite nouvelle en raison des crimes que le Roi veut oublier. Les lettres de rémission réservent néanmoins les droits de la partie lésée, et il semble, d'autre part, que ceux qui sont compris dans le pardon doivent déclarer judiciairement qu'ils veulent s'en prévaloir et réclamer une copie de la lettre qui assure l'impunité. (Ordonnances, t. 3, p. 388, 407; t. 4, p. 346.) Cette exigence explique les nombreuses lettres de rémission individuelle qui suivaient ordinairement la publication d'une rémission générale accordée en raison des mêmes faits; c'était un procédé fiscal assurant le payement du droit de scel établi pour les grâces. Les lettres de rémission spéciale, octroyées à des personnes individuellement, présentent à la fois les caractères de la grâce, de la réhabilitation et de l'amnistie de notre droit pénal actuel.

 

A partir de Charles VI on trouve une nouvelle forme de lettres, les lettres d'abolition générale ou individuelle, qui remplacent les anciennes lettres de rémission en général ou en spécial. Les lettres d'abolition produisaient les mêmes effets que celles de rémission, et ces dernières, après l'institution des lettres d'abolition, devinrent de simples lettres d'excuse, données lorsque les circonstances particulières du fait en effaçaient ou en diminuaient la criminalité. (Pandectes françaises: nouveau répertoire de doctrine, de législation et de jurisprudence, Tome 6, 1889 - books.google.fr).

 

Les lettres de rĂ©mission ou d'abolition gĂ©nĂ©rale sont de vĂ©ritables amnisties. La rĂ©mission gĂ©nĂ©rale est obtenue par une province, une commune ou un parti, après une guerre, un soulèvement, ou bien pour toute une classe de prisonniers Ă  l'avènement du roi, Ă  sa première entrĂ©e dans une ville ou encore Ă  certains anniversaires religieux. La lettre de rĂ©mission est signĂ©e ou confirmĂ©e par le roi, en son conseil; une ordonnance de 1359 fait mĂŞme de cette dĂ©libĂ©ration du conseil une condition essentielle de la validitĂ© de la lettre. Voici les Ă©lĂ©ments dont se compose, en gĂ©nĂ©ral, l'acte royal : 1° l'Ă©numĂ©ration des crimes, dĂ©lits et malĂ©fices commis contre le roi ou ses sujets; 2o les motifs qui dĂ©terminent le roi Ă  prĂ©fĂ©rer «misĂ©ricorde Ă  rigueur de justice»; 3° la formule de rĂ©mission; 4° la clause qui rĂ©serve tous les droits de la partie civile; 5° la liste des criminels exceptĂ©s; 6° l'ordre donnĂ© aux officiers royaux de publier la lettre: 7° enfin la date, le sceau et la liste des gens du conseil (Henri Chomette, De l'amnistie spĂ©cialement dans ses effets au point de vue pĂ©nal et au point de vue civil, 1898 - books.google.fr, Augustin Thierry, Recueil des monuments inĂ©dits de l'histoire du tiers Ă©tat, Tome 1, 1850 - books.google.fr).

 

Charles VIII, dans un de ses édits du mois d'avril 1485, dit qu'à cause de sa dignité royale il est le chef du Parlement (Jules Flammermont, Remontrances du Parlement de Paris au XVIIIe siècle, Tome 1, 1888 - books.google.fr).

 

Anne de Beaujeu dans l'affaire de la rémission des prisonniers de la Conciergerie n'avait pas la dignité suffisance pour commander au Parlement.

 

"soulz signes" n'est pas complètement expliqué mais peut se comprendre comme le collectif du conseil de régence.

 

"en cage" : la guerre folle

 

Exaspéré, Louis d'Orléans forma une ligue assez semblable à celle qui avait tant ennuyé Louis XI, sous le nom de Ligue du Bien Public, avec Maximilien d'Autriche et le duc de Lorraine. Cette fois, la menace se précisait et Anne envoya le Maréchal de Gié arrêter Louis. Elle avait des espions, mais il avait les siens et, averti, s'enfuit en cours de route sous le prétexte de faire courir ses chiens et se réfugia chez sa sœur, l'abbesse de Fontevrault (Hedwige de Chabannes, Isabelle de Linarès, Anne de Beaujeu, 1955 - books.google.fr).

 

A peine cette ligue dangereuse Ă©tait-elle formĂ©e que Dunois osa rentrer dans le royaume, aller Ă  Parthenai dans le Poitou, et rĂ©pondre avec fiertĂ© aux interpellations des officiers du roi. La ligue Ă©tait encore secrète pour Madame et son conseil; mais la dĂ©marche hardie de Dunois lui fit soupçonner aisĂ©ment qu'une grande conspiration allait Ă©clore : le duc d'OrlĂ©ans pouvait seul en ĂŞtre le chef; elle rĂ©solut de le faire arrĂŞter. Ce prince Ă©tait Ă  OrlĂ©ans; il ne paraissait occupĂ© que de bals, de chasses, de joutes et de tournois. Le marĂ©chal de GiĂ© reçut l'ordre de le conduire Ă  la cour de grĂ© ou de force : le duc parut si disposĂ© Ă  se conformer aux dĂ©sirs de Madame que le marĂ©chal partit sans aucune mĂ©fiance pour aller annoncer son arrivĂ©e Ă  madame de Beaujeu, qui Ă©tait alors Ă  Amboise; mais Ă  peine fut-il en route que d'OrlĂ©ans, prenant des routes dĂ©tournĂ©es, s'enfuit vers la Bretagne : les amis du prince prirent les armes dans la Guienne; Madame fit renfermer dans des cages de fer quatre des confĂ©dĂ©rĂ©s, Geoffroy de Pompadour, Ă©vĂŞque de PĂ©rigueux et grand aumĂ´nier du roi, George d'Amboise, Ă©vĂŞque de Montauban, Bussi d'Amboise et Commines, et, ne voulant pas donner le temps Ă  ses ennemis d'exĂ©cuter le vaste plan qu'elle avait dĂ©couvert, elle marcha Ă  grandes journĂ©es vers la Guienne Ă  la tĂŞte d'une armĂ©e, avec le roi, le comte de Beaujeu, le comte de Montpensier et le comte de VendĂ´me : sa prĂ©sence si imprĂ©vue et le soin avec lequel elle rĂ©pandit le bruit qu'elle venait de se rĂ©concilier avec le duc de Lorraine, et de conclure une trève avec Maximilien, consternèrent les insurgĂ©s (Bernard Germain Etienne de La Ville sur Illon de La CĂ©pède, Histoire gĂ©nĂ©rale, physique et civile de l'Europe, Tome 11, 1826 - books.google.fr).

 

La bataille de Saint-Aubin-du-Cormier le 28 juillet 1488 marque la fin de la révolte contre le pouvoir royal. Louis d'Orléans avait alors connu une longue captivité jusqu'en 1491 (Lucien Bély, La France moderne: 1498-1789, 1994 - books.google.fr).

 

Loches

 

Après la mort de Louis XI, Commines perdit beaucoup de la grande faveur dont il avait joui auprès de ce prince. Son esprit souple et peu scrupuleux le portait naturellement Ă  l'intrigue; il ne craignit pas de s'engager dans une ligue formĂ©e contre Anne de Beaujeu, et de vendre au duc de Bretagne les secrets de la cour de France, comme il avait vendu Ă  Louis XI les secrets de la cour de Bourgogne. Les preuves de sa trahison tombèrent entre les mains de la rĂ©gente : arrĂŞtĂ© avec Geoffroy de Pompadour, grand-aumĂ´nier de France, et Georges d'Amboise, Ă©vĂŞque de Montauban, il fut conduit au château de Loches, et enfermĂ© dans une cage Ă  prisonniers, «rigoureuses prisons, couvertes de pattes de fer par le dehors et par le dedans, avec terribles ferrures, de quelques huit pieds de large, de la hauteur d'un homme et un pied de plus. Le premier qui les devina fut l'evesque de Verdun, qui en la première qui fut faicte fut mis incontinent, et y a couchĂ© quatorze ans. Plusieurs, depuis, l'ont maudit, et moi aussi qui en ai tastĂ© soubs le roy prĂ©sent huict mois». C'est lĂ  qu'il commença, dit-on, la rĂ©daction de ses mĂ©moires (Edmond Gautier, Histoire du donjon de Loches, 1881 - books.google.fr).

 

Au dĂ©but du XVe, le donjon et ses deux chemises sont enveloppĂ©s de nouvelles constructions : une puissante tour d'angle appelĂ©e la «tour ronde». Des travaux de dĂ©fense sont rĂ©alisĂ©s Ă  l'entrĂ©e du pont-levis et le bâtiment du «Martelet». Cette construction comprend un Ă©tage donnant sur cour, et trois Ă©tages de cachots creusĂ©s dans le rocher. Cinquante ans plus tard, après la pacification du royaume, ces constructions sont transformĂ©es en prison. La tradition veut que le duc de Milan, Ludovic le More, ait Ă©tĂ© emprisonnĂ© Ă  l'Ă©tage infĂ©rieur du «Martelet» de 1500 Ă  1508. Il serait l'auteur du semis d'Ă©toiles et des inscriptions, encore visibles, sur les murs du cachot. On raconte que le cardinal de la Balue fut enfermĂ© dans une des cages dont il Ă©tait l'inventeur et qu'on appelait fillettes en raison de ses dimensions (1,50 m x 1,75 m). La nuit, les cages Ă©taient suspendues Ă  plusieurs mètres du sol, pour dĂ©courager toutes tentatives de fuite (Marcelle Baby-Pabion, L'art mĂ©diĂ©val en France, 2016 - books.google.fr).

 

"perille pense"

 

Comines rapporte que La Ballue ayant persuadĂ© au Roi de faire faire des cages de fer pour enfermer ceux qui l'auroient offensĂ©, il y fut mis le premier & y demeura tout le tems de la prison, puni par un juste jugement du mĂŞme supplice qu'il avoit inventĂ© pour les autres; comme il Ă©toit arrivĂ© Ă  Perillus qui fut mis le premier dans le taureau d'airain qu'il avoit fait fabriquer par ordre du tiran Phalaris (Jean Claude Fabre, Histoire ecclesiastique, pour servir de continuation Ă  celle de seu mr. Fleury, Tome 23 : Depuis l'an 1456 jusqu'en 1484, 1726 - books.google.fr, Les memoires de messire Philippe de Comines, seigneur d'Argenton, contenans l'histoire des roys Louys 11. & Charles 8. depuis l'an 1464 iusque en 1498, 1649 - books.google.fr).

 

"pence" pour "panse" (du Taureau de Phalaris) (Oeuvres complètes de Eustache Deschamps, Tome 10, 1901 - books.google.fr).

 

Pythagore passa en Sicile & aborda Ă  Agrigente, oĂą regnoit alors Phalaris, connu par le taureau d'airain, oĂą il faisoit brĂ»ler tout vifs ceux qu'il soupçonnoit d'en vouloir Ă  sa vie ou Ă  son Gouvernement. Il l'avoit fait faire avec un tel artifice, que les cris des misĂ©rables qu'on y renfermoit imitoient les mugissemens du taureau. L'inventeur de cette terrible machine (PĂ©rille) l'Ă©prouva le premier : digne rĂ©compense d'un tel Ouvrier (Isaac de Larrey, Histoire des sept Sages, Tome 2, 1734 - books.google.fr).

 

Acrostiche : LECS

 

Loches est appelée Leuga dans la Chronique de Tours (Bulletin archéologique de l'Association bretonne, 1906 - books.google.fr).

 

Liège, Loches, Loché, au S. E. de Tours, relèvent de la même famille. Le Lech, rivière d'Augsbourg, et le Lek, bras du Rhin, doivent leur nom à leuga, lieue Dans diverses provinces françaises, rapporte A. Grenier, les pierres dressées sont dites lechs. Manuel d'arch., II, p. 73. Nous croyons qu'il s'agit d'antiques milliaires marquant des lieues (Paul Auguste Piémont, La Toponymie: conception nouvelle, le sens des noms de champs, des noms de localités en pays roman et germanique, 1969 - books.google.fr).

 

LE, LEC (d.), LES (l.) (it. lecco), s. m. Cochonnet, but, au jeu de boule. "avĂ© lou le" : ĂŞtre le maĂ®tre du jeu. [...]

LE, LEC (a. l.), LESC (m.), ECO (rom. lec), adj. et s. Friand, ande, qui aime la chère fine et délicate (de leca, lica lécher) (Frederic Mistral, Lou tresor dóu felibrige ou dictionnaire Provençal-Français embrassant les divers dialectes de la langue d'Oc moderne, Tome 2, 1886 - books.google.fr).

 

Anne, plus tard, eut Ă  Moulins et dans ses châteaux des lĂ©vriers, des animaux dans les parcs et des oiseaux dans des volières. LĂ  encore elle prit exemple sur son père, qui possĂ©dait au Plessis quatre vastes cages, des volières contenant des perdrix, des cailles, des mouettes aux ailes blanches, des paons blancs qui, rĂ´tis, constituaient un plat de choix ; un plat de roi ! Anne partageait ce goĂ»t avec son père et dut souvent veiller sur les animaux. La chambre oĂą logeait Louis XI Ă©tait dĂ©nuĂ©e d'apparat ; elle n'offrait aucune similitude avec celle que Louis XIV se fera installer Ă  Versailles. Les murs Ă©taient tout bonnement dĂ©corĂ©s de deux portraits de demoiselles peints sur papier. Une horloge portative y sonnait les heures et, sur le buffet, Ă©taient placĂ©es, non des fruits de Touraine, mais les reliques des saints dont le souverain espĂ©rait une amĂ©lioration de sa santĂ©, conjointement avec quelques traitĂ©s de mĂ©decine d'origine ancienne ou rĂ©cemment composĂ©s. «La garde-robe du roi est serrĂ©e dans des coffres et bahuts de cuir de vache ; dans des Ă©tuis de cuir noir sont les coupes, flacons, aiguières, tasses. Un petit cor repose dans un Ă©tui de cuir rouge ; les dagues sont dans des gaines de cuir blanc ; enfin les joyaux sont dans des coffres peints et dorĂ©s.» Pour se distraire, le roi et sa suite disposaient de deux jeux de billard et de deux jeux de boules. C'est au pied de la grande cheminĂ©e, encore en place au Plessis, que le roi conversait avec sa fille et son gendre. LĂ  se dĂ©battirent les principaux problèmes du gouvernement de l'Ă©poque ; lĂ  Louis XI formula ses ultimes conseils aux Beaujeu (Jean Charles Varennes, Anne de Bourbon, roi de France, 1978, p. 72).

 

Typologie

 

Le report de 2138 sur la date pivot 1483 donne 828.

 

Les comtes Etichonides Matfrid d’Orléans et Hugues de Tours sont destitués par l’empereur Louis le Pieux pour avoir refusé de combattre les Sarrasins en Espagne (fr.wikipedia.org - Année 828).

 

Eudes d'Orléans, né vers 770/790 et mort en 834, était un noble franc, proche des Carolingiens. Il porta le titre de comte d'Orléans à partir de 828, jusqu'à sa mort. Il périt le 25 mai 834 au cours d'un duel contre Matfrid d'Orléans allié au comte Lambert Ier de Nantes, qui ont rejoint les bancs de la rébellion des princes Lothaire Ier et Pépin d'Aquitaine contre leur père, le roi Louis le Pieux (fr.wikipedia.org - Eudes d'Orléans").

 

En 840, Charles le Chauve fit don du château de Loches (Lucca en latin) à Adaland, pour lutter contre les Normands, avec le gouvernement de deux parties d'Amboise (Edmond Gautier, Histoire du donjon de Loches, 1881 - books.google.fr).

 

nostradamus-centuries@laposte.net