Bretagne et Forez

Bretagne et Forez

ou

La troisième guerre de religions (1569)

 

IX, 29

 

2124-2125

 

Lorsque celui qu'Ă  nul ne donne lieu

Abandonner voudra lieu pris non prins,

Feu nef par saignes, bitument Ă  Charlieu,

Seront Quintin, Balez reprins.

 

Quintin et non "Saint Quentin" ?

 

Fin octobre 1592, Mercœur se mit en route pour assiéger le château de Quintin. Quintin avait déjà été pris par Mercœur en novembre 1589, mais Yves de Liscoët, en 1590, l'avait repris au nom du roi. La ville, peu fortifiée résista quelques jours et les assiégés s'enfermèrent dans le château. Le sieur Yves de Liscoët capitula et se rendit. Il succomba une dizaine de jours plus tard. Liscoët avait reçu l'ordre, le 8 novembre, de tenir garnison à Vitré avec sa compagnie. Le château de Corlay fut repris, après quinze jours de siège, en novembre. La Tour de Cesson, près de Saint-Brieuc, subit le même sort. Le duc passa à Messac à la fin du mois, pour se retirer sur Nantes, et discuter pendant cet hiver avec des négociateurs. Il apprit à son retour que Marie, son épouse, avait donné naissance à des jumeaux, le 5 novembre. Seule une fille, Françoise, avait survécu (André Davy, Philippe-Emmanuel de Lorraine: duc de Mercœur, prince du Saint-Empire, ligueur de Bretagne et pourfendeur d'ottomans, ou, quand l'Europe s'ensanglanta, 2006 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain IX, 87 - Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur - 2167-2168.

 

Guy Éder de La Fontenelle, né Guy Éder de Beaumanoir de La Haye en 1572 ou 1573 et mort le 27 septembre 1602 à Paris, est un chef de guerre combattant du côté des Ligueurs du duc de Mercoeur et un brigand célèbre dans la Bretagne de la fin du XVIe siècle, surnommé «Le Loup» (Ar Bleiz en breton). Ses parents étaient Éder de Beaumanoir, issu d'une famille noble de la région de Quintin, et Perronnelle de Rosmar de Kerdaniel (fr.wikipedia.org - Guy Eder de La Fontenelle, Arthur de La Borderie, Histoire de Bretagne, Tome 5, 1975 - books.google.fr).

 

Dans le camp ligueur on compte aussi le brigand Anne de Sanzay qui prit comme quartier général l'abbaye de Lantenac dont il fut abbé commendataire par la volonté d'Henri III (fr.wikipedia.org - Anne de Sanzay de la Magnane).

 

Pour l'abbaye de Lantenac : cf. quatrain IX, 40.

 

"Balez" : Calais ?

 

Une autre version (marquĂ©e 1568) comporte le verset suivant : "Seront Guines, Calais, Oye reprins". Or, l'Epistre de Bouchet fait allusion Ă  cette ville de Guynes, oĂą se tint le Camp du Drap d'Or en 1520, qui a Ă©tĂ© changĂ©e en (Saint) Quentin tandis que Calais devenait "Balez", par corruption ! On a l'impression d'un manuscrit mal dĂ©chiffrĂ© (Jacques Halbronn, Le texte prophĂ©tique en France: formation et fortune, Tome 3, 1999 - books.google.fr).

 

Quid de Charlieu en 1520 ?

 

Jean de la MAGDELAINE DE Ragni, d'une ancienne Maison, nĂ© Ă  Charolles, fut grand-prieur de Cluny, Ă©lu mĂŞme abbĂ© en 1518; mais, pour le bien de la paix, se dĂ©partit de son Ă©lection en faveur d'Aimard de Gouffier de Boissi, par ordre de François Ier, fut depuis abbĂ© de St.-Rigaud, prieur de la CharitĂ©, de Charlieu et de la Magdeleine, vicaire-gĂ©nĂ©ral du cardinal Jean de Lorraine en 1529. C'est de ce riche bĂ©nĂ©ficier, mort en 1537, que St.-Julien de Baleure dit ce mot : Souvent tĂŞte rase / RĂ©tablit la case (Edme BĂ©guillet, Description gĂ©nĂ©rale et particulière du DuchĂ© de Bourgogne, Tome 3, 1848 - books.google.fr).

 

Les Magdelaine achetèrent les terres dépendant de la châtellenie de Châteauneuf, du diocèse de Mâcon et de l'archiprêtré de Charlieu, entre Charlieu et La Clayette, en 1519 (Statistique générale de la France, Tome 15, 1838 - books.google.fr).

 

Guillaume Gouffier de Bonnivet fut chargé de la négociation préparatoire du Camp du drap d'Or en allant visiter Henri VIII à Greenwich (Revue de l'Anjou, 1856 - books.google.fr).

 

Guillaume Gouffier, mort à Amboise le 23 mai 1495, avait laissé douze enfants de ses deux mariages successifs, dont Aimar. Certains devaient faire une belle carrière. Artus, l'aîné des garçons du second lit, gouverneur du futur François Ier, devint en 1515 grand maître de France et gouverna le royaume jusqu'à sa mort survenue à Montpellier le 13 mai 1519. Quelques mois auparavant, le roi, pour le récompenser de ses services, l'avait fait duc et pair de Roannais. Un de ses frères, Guillaume, plus connu sous le nom de Bonnivet, était amiral de France depuis le 31 décembre 1516. Il devait être tué à Pavie (Etienne Fournial, Claude Chopelin, Charlieu, histoire de la ville et de ses habitants des origines à l'aurore des temps modernes, 1985 - www.google.fr/books/edition).

 

Grand amiral (en 1517) d'où "nef". Comme incendie de navire, il y a celui de la Cordelière mais en 1512, au cours d'une bataille contre les Anglais.

 

Henri Gouffier, seigneur de Crèvecœur et de Bonnivet, marquis des Deffends, ambassadeur et premier gentilhomme de la chambre du duc d'Alençon, est assassiné en 1589 dans l'église de Breteuil en Picardie, dans une émotion de la Ligue (Jean François L. d'Hozier, L'impôt du sang; ou, La noblesse de France sur les champs de bataille, 1875 - www.google.fr/books/edition).

 

Calais et la guerre de la Ligue

 

Le Pays Conquis et Reconquis, ainsi nommé de ce qu'il fut repris une première fois par le duc de Guise, en 1558, après avoir subi la domination anglaise pendant plus de deux cents ans (1346), et une seconde fois par le traité de Vervins (1598) sur les Espagnols qui s'étaient emparés de Calais en avril 1596, se composait des 25 paroisses du gouvernement de Calais et Guînes (Calais, Coulogne, Guemps, Marck, Nouvelle-Église, Offekerque, Oye, Saint-Pierre, Vieille-Église, Andres, Balinghen, Bonningues, Boucres, Campagne, Coquelles, Escalles, Fréthun, Guînes, Hames, Hervelinghen, Nielles, Peuplingues, Pihen, Sangatte, Saint-Tricat), et des 20 paroisses du gouvernement d'Ardres (Alembon, Alquines, Ardres, Autingues, Bonningues, Bouquehaut, Bouvelinghen, Brêmes, Ferlinghen, Herbinghen, Hocquinghen, Landrethun, Le Loquin, Licques, Louches, Nielles, Rebergues, Rodelinghen, Saint-Martin, Sanghen, Surques, Zouasques) (Henri Loriquet, Cahiers de doléances de 1789 dans le département du Pas-de-Calais: accompagnés d'un glossaire historique et d'une bibliographie spéciale, 1891 - www.google.fr/books/edition).

 

On peut émettre l'hypothèse que différentes éditions des Centuries sont complémentaires et pas contradictoires.

 

"Balez" : balles ?

 

Les mercenaires découvrent une activité juteuse dans la campagne et les bourgs. Celle de la toile de lin. Depuis des lustres elle arrondit les fins de mois des paysans, nourrit les tisserands, fait la fortune des négociants et le bonheur de leurs clients espagnols qui achètent une grande partie de la production. C'est une activité ancienne en Bretagne. [...]

 

Dès le 14e siècle elles sont embarquées dans les ports du Léon pour l'Angleterre. Au 15e siècle un traité de commerce, signé entre le roi de Castille et le duc de Bretagne Jean V, autorise les marchands de Saint-Brieuc, de Quintin, de Lamballe et de Moncontour à les vendre en Espagne. En 1511, le navire espagnol San Cristobal quitte Cadix, en Andalousie, pour Saint-Domingue avec à son bord environ cinq cents mètres de toiles de «bretagnes». Vers 1560, le marchand espagnol Simon Ruiz achète sur les marchés de Pontivy, de Ploeuc et de Quintin, mille huit cent quatre «fardeaux» de toiles. Au 16e siècle la filière du lin s'organise. Les semences viennent d'Estonie. Les paysannes filent la fibre à l'aide d'une antique quenouille ou bien d'un rouet. Les écheveaux produits alimentent les marchés où s'approvisionnent cinq mille tisserands. Les toiles sont blanchies dans un mélange d'eau et de farine de blé noir jusqu'à obtenir une blancheur et une finesse enviées. Elles prennent ensuite la direction de Saint-Malo qui, autoproclamée république, assure toujours pendant la guerre les liaisons avec l'Espagne. Elles remplissent les cales des navires qui font voile vers Cadix. Les armateurs malouins possèdent dans le port andalou des bureaux permanents. Depuis la tour de leur imposante demeure située dans la rue Sacramento, leurs agents bretons surveillent l'arrivée des vaisseaux. La guerre ralentit la production et le commerce des toiles mais ne les arrête pas. Dans le Trégor, les artisans, plutôt favorables au parti du roi, ne sont pas tourmentés par les Français et leurs capitaines brigands. Ni par les Anglais, dont le contingent est basé dans le secteur et qui importent encore quelques «bretagnes». Plus au sud, la région de Corlay - Quintin - Uzel est du parti breton. L'armée espagnole protège la filière ainsi que les négociants andalous fidèles sujets du roi d'Espagne et familiers de la Bretagne depuis bien longtemps. La république de Saint-Malo, par où tout passe, conclut un accord de commerce avec la ville de Tréguier. Elle continue les expéditions vers Cadix où les toiles sont chargées dans des navires espagnols qui font voile vers l'Amérique du Sud. Les toiles sont très recherchées. Les capitaines en sont de grands amateurs et veillent à ne pas détruire le filon. Pas de filière, pas de toiles. De la toile ils en raffolent. Ils sont tout doux quand ils la «reçoivent» en cadeau. En échange ils protègent les donateurs. Quand les dons sont rares ils envoient une section de leurs soldats s'approvisionner directement chez les négociants, les charretiers ou les tisserands. Des dérives se produisent. Elles sont le fait de voyous ordinaires qui ne s'embarrassent pas de fardeaux encombrants qu'ils devraient ensuite vendre. Il est plus simple et plus juteux de détrousser les négociants. Les bardes chantent les complaintes qui racontent leurs exploits. L'une d'elles, connues sous le nom de «Beaumanoir de Bodiffer», relate les  malheurs d'un enfant du pays qui dépouillait les marchands. Une autre pleure le sort de Bourjon marchand de toiles à Loudéac. Les brigands veulent son argent. Dans la chanson il répond que son «argent est en toiles et dans les cuves à tremper. Voilà les clés. Allez les chercher». Les brigands suivent son conseil. Ils incendient sa maison après l'avoir pillée et envoient son propriétaire au paradis. Malgré ces incidents il reste suffisamment de toiles pour fournir les capitaines et remplir les cales des bateaux. Les balles sont transportées depuis les paroisses éloignées jusqu'à Saint-Malo dans des conditions satisfaisantes malgré la pluie qui ralentit les convois. Une corporation de charretiers spécialisés dans ce type de transport et habitués des mauvais chemins manœuvrent les montures avec adresse pour ne pas verser. Les chariots sont tirés par des paires de bœufs ou par le meilleur des chevaux, le bidet breton. Il est rapide, infatigable, habitué passages vaseux, et peut porter sur son dos, aussi bien les lourds baluchons de toiles que les soldats et leurs cantines. Il faut aux charretiers trois jours depuis Quintin pour atteindre le port de Saint-Malo (environ cent kilomètres). La république de Saint Malo continue les affaires avec l'Espagne. Pas question d'arrêter le commerce des toiles même avec les ennemis des amis. Les toiles filent vers Cadix où elles transitent avant d'embarquer vers le Mexique ou le Pérou (Claude Devallan, Une résistance bretonne contre Henri IV: 1589-1598 : un oubli de l'histoire, 2010 - books.google.fr).

 

"bitumen" : bouleaux (d'autres éditions ont "régiment")

 

Le bitumen latin est un goudron fait avec de l'écorce de bouleaux calcinée (cf. le gaulois "betulla" : bouleau) (Gaffiot).

 

En 1543, Rabelais emballe le corps de Guillaume du Bellay de Langey mort à Saint Symphorien de Lay (à 17 km de Roanne) avec de la toile goudronnée.

 

Le corps avait Ă©tĂ© probablement dĂ©posĂ© dans le prieurĂ© des BĂ©nĂ©dictins de Saint-Symphorien. La chapelle des BĂ©nĂ©dictins fait partie de l'Ă©glise paroissiale actuelle. On n'alla pas jusqu'Ă  Roanne, qui Ă©tait Ă  dix-sept kilomètres. Serait-on allĂ© jusqu'Ă  Lhopital, Ă  huit kilomètres ? Ou, se jetant de cĂ´tĂ©, jusqu'Ă  Charlieu, abbaye abondamment pourvue. Les deux mĂ©decins le lavèrent pieusement avec de l'eau-de-vie, du vinaigre, des parfums et des antiseptiques. Puis-je ne peux penser sans Ă©motion Ă  ce spectacle cruel Rabelais, un scalpel Ă  la main, se penche sur le cadavre de son maĂ®tre. Cette fois, malgrĂ© l'habitude, le praticien dut trembler. Le premier frisson passĂ©, il incisa rĂ©solument la poitrine dans toute l'Ă©tendue de la ligne mĂ©diane : il enleva le cĹ“ur, qui Ă©tait Ă  la patrie, pour que les amis en disposassent selon son vĹ“u; mais il respecta le cerveau, cerveau oĂą Dieu avait mis le gĂ©nie. Dans la cavitĂ© formĂ©e par l'ablation du cĹ“ur et d'une partie des poumons, il insĂ©ra toutes les plantes aromatiques que la montagne produit, la menthe, la lavande et le thym. L'incision recousue, il croisa les bras du mort sur la poitrine, il oignit le corps soit de tĂ©rĂ©benthine liquĂ©fiĂ©e, soit d'huile de camomille ou de rose. Comme le voyage devait ĂŞtre long, Ă©ternel mĂŞme, il prit des dispositions exceptionnelles qu'il empruntait aux mĂ©thodes de momification Ă©gyptiennes, il «l'emballa» dans une enveloppe composĂ©e de deux grosses toiles goudronnĂ©es formant quatre feuillets, il ficela le tout avec le plus grand soin au moyen de cordes moyennes, avec lesquelles il forma des anneaux circulaires assez rapprochĂ©s, unis par d'autres cordes allant de l'un Ă  l'autre sur le devant et sur les cĂ´tĂ©s, de manière Ă  dans un rĂ©seau très solide, Ă  larges mailles; avec du linge ordinaire, mais très rĂ©sistant, il façonna une seconde enveloppe, double aussi, croisĂ©e sur le devant en quatre feuillets et close Ă  la tĂŞte et aux pieds par des cordes solides. AidĂ© de Taphenon, il coucha son maĂ®tre dans un sarcophage en plomb, sorte de moule rudimentaire, circulaire Ă  la tĂŞte, rĂ©trĂ©ci au col, Ă©largi aux Ă©paules et s'effilant vers les extrĂ©mitĂ©s. Pour le surplus, il suivit scrupuleusement la formule recueillie par ParĂ©, «pour fin de tout l'appareil sera mis en un cercueil de plomb bien joint et soudĂ©, rempli de bonnes herbes aromatiques seiches», dĂ©posant aux pieds ce qui restait des plantes utilisĂ©es dans la poitrine. Enfin le sarcophage fut mis dans une bière. Comme mĂ©decins, Rabelais et Taphenon avaient fini leur tâche, mais ni l'un ni l'autre ne s'estimèrent au bout de leur devoir comme serviteurs. Ils suivirent leur maĂ®tre mort le plus loin qu'ils purent, Rabelais jusqu'Ă  la fin du triste voyage, Taphenon jusqu'Ă  mi-chemin (Arthur Heulhard, Rabelais ses voyages en Italie, 1891 - books.google.fr).

 

Le hameau des Biefs, à Saint Bonnet des Cars, serait le berceau des Albi, les Blanc, vicomtes de Mâcon, aux XIe et XIIe siècles, Albis, les Bis, les Biefs. Les Albi ont été possessionnés aux Biefs aussi bien qu'à Ambierle. Mais les Biefs, Becié, ou Beciae paraissent bien ne signifier que les Bouleaux, les Biès en patois. Saint-Bonnet fut le siège d'une ancienne prévôté. Une chapelle, qui parait romane, contenait des sépultures chrétiennes, avec armes et poteries. L'église est une reconstruction ogivale de 1834. On trouve quelques vieilles maisons à Souchet, au Vergier. L'abbaye d'Ambierle avait à, Saint-Jacques des Biefs une manse, débris peut-être d'un vieux prieuré sous l'invocation de saint Jacques, qu'y avait fondé l'abbaye de Cluny. La commune de Saint-Forgeux-L'Espinasse (Sanctus Ferreolus) [à 20 km à l'ouest de Charlieu] était en Bourgogne, du bailliage de Semur, de l'archiprêtre de Roanne et de l'élection de Dijon. Située en plaine et traversée par la jolie rivière de la Tessonne, elle émit placée sous le patronage de saint Ferréol ou saint Forge, et a joint à ce nom celui de L'Espinasse, quand elle s'est accrue de la partie bourguignonne de cette dernière paroisse. L'Espinasse (villafrancha de Espinacia au XIVe siècle), très vieille ville, station gauloise et romaine, formait au Moyen-Age une baronnie très étendue, relevant de Semur et de la Bourgogne. Elle existait encore en 1589, année où elle fut brûlée et détruite par les troupes royalistes de Saulx-Tavannes, qui venaient de piller Martigny. D'anciens registres de ses notaires mentionnent les rues et les portes de cette ville disparue, que la légende raconte avoir été engloutie. Il ne resta qu'une chapelle aujourd'hui démolie, où était, dit-on, le tombeau de saint Rigaud, fondateur de l'abbaye de ce non, près de Charlieu, et le donjon qui est encore debout. Une ancienne hôtellerie et des maisons ou hameaux voisins passent pour avoir été des dépendances de cette ville, cependant misérablement bâtie de maisons couvertes en chaume au moment des évènements. Les halles seigneuriales ont été enlevées en 1793 et transportées sur la place du bourg. La cloche a été portée à Changy et refondue. La partie de cette ancienne paroisse qui a été remise à Saint-Germain dépendait du Forez, et s'étend au-delà du ruisseau du Jubilion.

 

Tous les hameaux, notamment L'Espinasse, Jambelière, Biosset, abondent en dĂ©bris antiques. Étoile de voies Ă  L'Espinasse : une venant de la Loire par Vivans; une par la vallĂ©e de la Tessonne, venant de Charlieu; une venant de Saint-Haon; une autre venant de Crozet, grande voie pavĂ©e de bĂ©ton et mâchefer, qui limitait Ambierle, envoyait du Pilard un rameau sur le chemin Romeret, et de Mariole un autre rameau sur Crozet. Beaucoup de monnaies impĂ©riales; une borne milliaire au-jourd'hui disparue aurait Ă©tĂ© vue aux Bournats (Bornat). Quelques tombeaux Ă  ustion prĂ©s de l'ancien four Ă  chaux Ă  L'Espinasse (FĂ©lix Thiollier, Le Forez pittoresque & monumental: histoire & description du dĂ©partement de la Loire & de ses confins, 2013 - books.google.fr).

 

"Feu nef" : incendie, Ă©glise

 

Les Ligueurs observaient les mouvements des protestants. Tavannes, ayant reçu du renfort, rĂ©solut de livrer bataille et dĂ©cida que le lendemain matin, on traverserait la Loire. Il avait Ă  peine fait deux lieues, que les paysans l'avertirent que l'ennemi se retirait. Le capitaine huguenot pressa la marche de sa troupe et arriva Ă  la tombĂ©e de la nuit Ă  L'Espinasse. Le sieur de Varennes, commandant des troupes catholiques, venait lui-mĂŞme d'y arriver et comptait y passer la nuit, mais il n'avait pas eu le temps ou pris la prĂ©caution de placer des sentinelles. Tavannes, sans s'attarder, ordonne au marquis de Mirabeau, son lieutenant, de charger et de fait descendre de cheval tous les arquebusiers, car l'infanterie n'Ă©tait pas encore arrivĂ©e, met le feu Ă  une maison pour s'Ă©clairer et se porte aux issues du village pour les garder. Le marquis se prĂ©cipite dans le bourg : l'ennemi, surpris, fuit de toutes parts, et Tavannes tue ou fait prisonnier tout ce qui lui tombe entre les mains. L'Espinasse, incendiĂ©, fut abandonnĂ© et les troupes revinrent Ă  Marcigny. Le village, entièrement brĂ»lĂ©, n'a jamais Ă©tĂ© rebâti (Frère Maxime, Monographie des communes de l'arrondissement de Roanne, 1989 - books.google.fr).

 

Cf. le Varenne du quatrain IX, 20 qui se situerait en Beaujolais où se trouve le Mont Saint Rigaud (Monsols, Rhône), et la légende de Nostradamus fréquentant le Tourvéon.

 

L'ancienne et illustre maison de Nagu est originaire du Beaujolais ; elle a possĂ©dĂ© pendant cinq cents ans le château de Varennes, Ă  quatre kilomètres de Beaujeu, sur le versant d'une colline, au-dessus de la petite rivière de Marchampt, paroisse de QuinciĂ© (Jean-Baptiste Monfalcon, Le livre d'or du Lyonnais, du Forez et du Beaujolais, 1866 - books.google.fr).

 

Sur les bords de la Tessonne, la haute tour de l'Espinasse a vu passer bien des marchands et brigands. En 1589, le comte de Tavannes poursuivit les ligueurs foréziens jusqu'à ses pieds. Il mit le feu au village, prenant au piège les compagnies de ses ennemis qui s'y terraient, les Varennes-Nagu, les Tallemont et autres Rouvray. Reste la légende, «à l'heure des mauvaises rencontres dans le chemin creux». Qui voyage là-bas ?, demande-t-on... (Jean Peyrard, Avec les brigands et bandits de grand chemin : en Loire, Haute-Loire, Ardèche, 1980 - www.google.fr/books/edition).

 

L'abbaye de Saint-Rigaud (Ligny-en-Brionnais, Saône-et-Loire) fut fondé en 1065. C'est à cette date que la construction de son église et de ses lieux réguliers put être entreprise, grâce aux libéralités du seigneur forézien Artaud de Néronde et de sa femme Étiennette. Artaud était de la maison vicomtale des Blancs, des Albi. Il donne à la petite congrégation de moines servant Dieu dans l'ermitage de Saint-Rigaud, ad constructionem hujus loci, tous les fonds, prés, bois, terres cultivées ou non, qui s'étendent entre les deux ruisseaux du Suppléon et d'Ausière, avec les serfs, hommes et femmes qui y habitent. Sa femme intervient pour approuver cette donation et promet d'y ajouter, lorsqu'elle mourra, sa part dans lesdites terres. Cette charte, datée de 1065, est passée en présence de deux témoins très probablement Foréziens, Girin de Bonnefond et Bernard de Cordelles. La construction du monastère est immédiatement commencée, et deux ans après, le 18 décembre 1067 suivant Severt, son église est solennellement consacrée.

 

L’anonyme de Laon ne se borne pas à fixer à Saint-Rigaud la résidence de Pierre l'Ermite avant la croisade, fixation qui, nous venons de le démontrer, concorde pleinement avec le texte de Guibert de Nogent. Il ajoute que ce monastère est situé in Foresio, en Forez. Et Mabillon précisant ce renseignement qu’il regarde comme certain, dit qu’il s’agit de Saint-Rigaud au diocèse de Mâcon. C’est donc bien le monastère de ce nom fondé par Eustorge aux environs de Charlieu. 

 

Les anciens moines de Saint-Rigaud s'appelaient ermites; et en se faisant religieux dans ce monastère, Pierre y était donc véritablement ermite sous l’habit de cénobite, justifiant ainsi tout à la fois son surnom si populaire et l’indication précise de l’abbé de Nogent (E. Jeannez, Pierre l'Ermite, moine ermite au monastère forézien de Saint Rigaud, près Charlieu, Bulletin de la Diana, Volumes 7 à 8, 1894 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Abbaye Saint-Rigaud).

 

Au XVIIIème siècle, le nom de mont d'Ajoux continuait à être pour le Haut Beaujolais le vrai nom en vigueur. Le nom de Saint-Rigaud était un nom étranger au secteur géographique, introduit un peu par hasard en Brionnais dix siècles auparavant et qui, par suite de liens divers entre Brionnais, Beaujolais et Cluny, s'était fait connaître petit à petit des populations locales et celles-ci, ne pensant plus à cette origine étrangère, ou même l'ignorant complètement, en vinrent progressivement à mêler ce nom aux noms préexistants, sans en demander plus. C'est sans doute dans la première moitié du XIXème siècle que le mont d'Ajoux, point culminant du massif montagneux d'Ajoux, fut appelé mont Saint-Rigaud (Du prieuré d'Ajoux au Mont Saint-Rigaud - brionnais.fr).

 

Benoît Rigaud

 

L'imprimerie lyonnaise compte au moins quatre Rigaud, dont trois appartiennent Ă  la dernière moitiĂ© du XVIe siècle, et l'autre est du commencement du XVIIe. De tous, le plus connu et le plus digne d'estime fut BenoĂ®t; mais, comme les livres, les hommes ont leur destinĂ©e. Pendant l'espace d'un demi-siècle, BenoĂ®t Rigaud a imprimĂ© une quantitĂ© très-considĂ©rable d'ouvrages dont la plupart sont curieux et recherchĂ©s : ce sont des poĂ©sies, des facĂ©ties, des opuscules singuliers, et surtout des romans de chevalerie; cependant on ne sait rien sur la vie de ce typographe, dont les presses furent si occupĂ©es. Colonia, Pernetti, et les auteurs qui ont Ă©crit sur l'art typographique, gardent un silence absolu sur BenoĂ®t Rigaud; tout ce qu'on connait de lui, ce sont ses marques typographiques et sa demeure. BenoĂ®t Ă©tait-il parent des autres Rigaud, Simon et Pierre ? C'est vraisemblable, mais on n'en a pas la preuve. En 1556, il s'associa avec Jean Saugrain. A dĂ©faut de renseignements biographiques, on peut du moins reconstituer les Ĺ“uvres d'un imprimeur qui n'est guère infĂ©rieur Ă  Roville et Ă  Jean de Tournes. Son nom est cher, Ă  bon droit, aux bibliophiles. Il imprime les ProphĂ©ties de Nostradamus en 1568, rĂ©imprimĂ©es en 1572 (Jean-Baptiste Monfalcon, Manuel du bibliophile et de l'archĂ©ologue lyonnais, 1857 - books.google.fr).

 

Pierre Rigaud, fils de Benoit Rigaud, se voit attribuer, au XVIIIe siècle, une édition de 1566 (Voir Benazra, 1990) (nofim.unblog.fr).

 

Cf. quatrain IX, 19 où apparaîtrait l'imprimeur Christophe Plantin installé à Anvers, éditeur de Nostradamus comme Benoit Rigaud à Lyon en 1568. 

 

Toiles de Charlieu

 

La région lyonnaise, si l'on met à part le vignoble des bords de la Saône et les pentes du plateau de la Dombes, n'est pas, en somme, un pays de riches produits agricoles. Les montagnes lyonnaises et beaujolaises sont naturellement pauvres. Il y a longtemps que le paysan y demandait à l'industrie l'appoint nécessaire à sa subsistance. Cette industrie était naturellement toute locale, c'était le tissage du chanvre ou du lin, dont les plaines du Forez et de la Saône fournissaient la matière première. Le tissage des étoffes grossières, des toiles nécessaires au ménage, est né là sur place; puis, peu à peu, pendant les longs loisirs de l'hiver, les montagnards se mirent à fabriquer des produits destinés à être vendus, même exportés. Déjà sous le règne d'Henri IV, Thizy était un centre important de fabrication. Charlieu, dans Saône-et-Loire, était un autre centre. Roanne, sur la Loire, à proximité de la montagne, devint un marché de chanvre et de lin.

 

Dans sa Description gĂ©nĂ©rale de la ville de Lyon, Ă©crite en 1573, Nicolas de Nicolay parle en ces termes du tissage de la toile dans la montagne : «Aux pays de Lyonnois, Beaujollois, Forest, Charlieu et Charrolois, en quelques lieux du DauphinĂ©, mesme Sainct Symphorien d'Auzon, y a plusieurs bons tisserans, qui se sont mis Ă  faire grand train de toilles de chanvre, de lin et des toilles estroictes, claires et blanches, lesquelles sont enlevĂ©es ès foires de Lyon pour estre envoyĂ©es en Turquie, Alexandrie et Surie, pour faire des Tulbans d'icelles pour les Turcz.» Description gĂ©nĂ©rale de la ville de Lyon et des anciennes provinces du Lyonnais et du Beaujolais, par N. de Nicolay, publiĂ©e et annotĂ©e par la SociĂ©tĂ© de topographie historique de Lyon, Lyon, 1881 (L. Gallois, GĂ©ographie de la rĂ©gion lyonnaise, Lyon et la rĂ©gion lyonnaise: Ă©tudes et documents publiĂ©s Ă  l'occasion du XVe congrès des sociĂ©tĂ©s françaises de gĂ©ographie en 1894, 1894 - books.google.fr).

 

Pris et repris

 

Durant la Ligue, Saint Brieuc changea plusieurs fois de mains avant de capituler devant le duc de Mercœur, en novembre 1592, après avoir «souffert quatre cents volées de canon». En 1598, le maréchal de Brissac en fit le siège. La paix conclue (Les Cahiers de l'Iroise. Nouvelle Série, Volumes 13 à 14, 1966 - books.google.fr).

 

Surprise de Vitré

 

Guillaume de Rosmadec était chevalier de l'Ordre du Roi dès l'année 1573 ; et il est nommé avec cette qualité dans ses provisions de gouverneur de Vitré, en date du 17 janvier de cette année. (Orig. Tit. de M. A. de Barthélémy). En 1578, il était grand-veneur, grand-maître et général-réformateur des eaux et forêts de Bretagne. (Dom Mor. Fr. it.54g.). [...] Guillaume de Rosmadec eut une conduite plus que prudente pendant les guerres de religion, et qu'il sut éluder la nécessité de prendre parti. Tantôt en relations avec les Ligueurs, tantôt en amitié avec les royalistes, aux chefs desquels il envoie du poisson, il ne put cependant préserver sa maison de Buhen, qui fut pillée pendant la nuit de la fête Saint-André, en 1590, par 50 soldats de la garnison de Quintin. Il avait d'ailleurs plus d'un motif pour être prudent. Le souvenir de la surprise de Vitré par Jean du Matz en 1574, alors qu'il venait à peine d'en être nommé gouverneur, s'était sans doute gravé dans sa mémoire. Il avait ouvert les grands appartements du château de Vitré, à l'occasion d'un mariage célébré pendant les fêtes du carnaval ; et c'était au milieu des réjouissances et de la quiétude du plaisir que Jean du Matz et ses hommes étaient tombés sur lui et l'avaient emmené en captivité, après s'être emparés du château et de la ville (www.lavieb-aile.com).

 

1574, 24 février. — Surprise de Vitré par les huguenots de Montmartin (Louis Pierre d'Hozier, Armorial général de la France, Tome 14, 1873 - www.google.fr/books/edition).

 

Malgré toutes ces techniques et toutes les possibilités qu’ont les assaillants pour s’emparer de la place, beaucoup de surprises échouent. Ainsi, malgré de nombreuses tentatives pour s’emparer par surprise de Vitré, les Ligueurs n’y parviennent pas et sont constamment repoussés parles défenseurs (Gaël Taupin, Combattre au temps de la Ligue : attaques et sièges deplaces fortes en Bretagne, 1589-1598, 2017 - dumas.ccsd.cnrs.fr).

 

Le siège de Vitré de 1589 n'est que la répétition des faits qui se produisirent en 1574, et peut-être d'autres fois entre ces deux dates. «Le mardi 21 mars 1589, la ville de Vitré fut prinse par les huguenots et estans dedans Cesar Monsieur du Lac et Monsieur du Bordaige et les habitans de la ville joingts avec eulx. La nuict ensuivant, les fauxbourgs se barricadèrent, se mindrent en armes tant au bourg Saint-Martin comme au Raschart». Ces faubourgs catholiques envoyèrent le mot d'ordre aux communes et le lendemain 23 elles formaient le siège et bloquaient leurs ennemis. «Ce jour, le capitaine d'Etrelles vint audit siège.» C'était un des principaux chefs, François Giraut Maillardière. Il semble avoir le premier commencé l'investissement de la place. Bientôt, de tous côtés, arrivèrent les milices des paroisses, commandées par leurs capitaines particuliers réparties sous des enseignes distinctives, munies d'armes variées. La Meriaie dit qu'ils étaient quarante mille paysans. Mercœur leur envoya une partie de ses forces, de ses compagnies amenées autour de Rennes, dix mille hommes, dit-on. De Vicques leur conduisit de la Basse-Normandie ses ligueurs normands. Ces énormes contingents ne livrèrent que des assauts infructueux à une garnison très petite, malgré les renforts que lui avaient amenés la Tremblaye et Montbarot. Pendant ce temps-là, Mercœur était absent ; il s'occupait de Fougères, qu'il avait acheté, parait-il ; il courait le pays, furieux de la perte de Rennes, guettant le comte de Soissons, dont il savait l'arrivée prochaine. Les passages sur le territoire des communes liguées étaient depuis longtemps interceptés. Il dut certainement avertir ces paroisses de redoubler leur surveillance et de se tenir prêtes car on les voit accourir à point nommé dès qu'il eut le bonheur de faire prisonnier Soissons, à Châteaugiron. Bais, Domalain, Cornillé, Domagné, Visseiche, Piré, Vergéal, Etrelles, cette dernière commune venue de Vitré, sont là dès le lendemain (2 juin) pour forcer le château de Châteaugiron et massacrer, dépit d'une capitulation, les royalistes qu'ils y peuvent appréhender. Mercoeur ne s'occupa sérieusement du siège de Vitré que quand il eut pu se procurer de l'artillerie. Celle qu'il fit venir de Nantes commençait à produire de sérieux effets, quand la venue du prince de Dombes et la crainte de l'armée qu'il réunissait décidèrent Mercoeur à abandonner Vitré (F. Jouons des Longrais, Information du Sénéchal de Rennes contre les Ligueurs 1589, Bulletin et mémoires, Volume 41, Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, 1911 - books.google.fr).

 

"qu'à nul ne donne lieu" : qui ne cède la place à personne

 

locum dare alicui : faire place à quelqu'un (Cicéron, Cator Major 63) (Gaffiot).

 

La bienveillance d'Henri III à l'égard du jeune Mercœur se traduisit par son entrée dans l'ordre du Saint-Esprit, dès la première promotion, le 31 décembre 1578. Sa préséance sur les autres princes de la Maison de Lorraine présents à la cours fut alors réaffirmée, puisqu'il eut l'honneur d'être le troisième des chevaliers reçus dans cette fondation royale, après Louis de Gonzague, duc de Nevers, et Jacques de Crussol, duc d'Uzès, alors que Charles de Lorraine, duc d'Aumale, ne figurait qu'en quatrième position, le duc de guise fut reçu seulement l'année suivante, et son frère Mayenne en décembre 1582.

 

N'ayant aucune charge importante, un pasquin semé à Paris en décembre 1581 pouvait railler le «chétif duc de Mercœur», qui avait pour seul titre celui de beau-frère du souverain. Depuis 1572, au moins, il détenait pourtant le commandement d'une compagnie d'ordonnance de cinquante lances, qui fut portée à soixante, mais avec le titre de cent, en août 1575,

 

Mercœur prêta serment pour cette charge de capitaine de cent lances, titre réservé aux grands princes, entre les mains d'Albert de Gondi, maréchal de Retz, le 30 août. Recrutée en Champagne et en Bourgogne, dans les bailliages de Chaumont, de Sens et de Mâcon, cette troupe créée spécialement pour lui l'accompagna dans ses entreprises militaires. Ce n'est que bien plus tard qu'elle commença à intégrer des cavaliers bretons. Mercœur fit ses premières armes aux côtés de son cousin, le duc de Guise, lorsque celui-ci se porta à la rencontre des reîtres protestants, à l'automne 1575 (Nicolas Le Roux, Un prince "obligé de droit divin",  Le duc de Mercœur, Les armes et les lettres (1558-1602), 2019 - www.google.fr/books/edition).

 

A la mort de Henri III, le duc de Lorraine, le duc de Savoie, le duc de Mercœur aspiraient à démembrer le royaume (Jean-Hippolyte Mariéjol, Charles-Emmanuel de Savoie, duc de Nemours, gouverneur du Lyonnais, Beaujolais et Forez (1567-1595), 1938 - books.google.fr).

 

"saignes" : marais

 

A l'heure des mauvaises rencontres, dans le chemin creux, sous les chĂŞnes, qui voyage lĂ -bas ? DamnĂ© ou chrĂ©tien, femme ou fantĂ´me je ne sais, cela se glisse Ă  la lisière du bois vite, vite, ou bien Ă  pas de loup, dans le brouillard bientĂ´t perdu. Epaisse est la brume sur les gours de la Tessonne; froide comme l'aile d'un oiseau de nuit, elle tournoie sur les herbes et flotte comme un drap noir semĂ© de larmes blanches; le brouillard a l'odeur de soufre, il sent la fièvre. Les fièvres intermittentes, jadis si meurtrières dans nos plaines, ont considĂ©rablement diminuĂ© de frĂ©quence et d'intensitĂ©, grâce aux dessĂ©chements des Ă©tangs. Il y a quelque chose de la mort sous ce linceul humide. Oui, la morte, c'est une ville ! Elle est lĂ  couchĂ©e, avec son Ă©glise, ses maisons, ses remparts ! Le rivière qui lavait ses murs, dans son cours changĂ©, se roule comme un serpent sur ses fondations; ses rues sont des fossĂ©s d'eau croupie; ses places, des mares d'eau verte. Çà et lĂ , cachĂ©es parmi les saules et les vernes, de chĂ©tives maisons bâties de dĂ©bris, un vieux moulin dont la roue grogne et pleure, un vieux petit château aux caves comblĂ©es, aux voutes basses : voilĂ  tout ce qu'il reste de la grande ville de l'Espinasse. Mais Ă  travers la brume, plus haute que les hauts peupliers, se dresse, seule, au milieu des marais et des basses terres, la grande tour carrĂ©e; autant on voit de la forteresse au-dessus du sol, autant en est englouti dessous : Ă  minuit, Ă  la pluie et au vent, il en sort un murmure triste comme un miserere. VoilĂ  l'Espinasse, la nuit ! D'aucuns disent avoir vu, au bord de la Tessonne, un fantĂ´me de femme qui pleure, pleure et regarde couler l'eau : c'est l'ombre de la ville; sa robe est de brouillard tissĂ©e, ses pieds nus dĂ©chirĂ©s par les ronces se baignent dans la boue, sa tĂŞte est salie de limon. Elle pleure du feu. Demain au lever du jour, l'enfant qui jouera sur ces bords amassera ces pleurs figĂ©s, des cailloux couleur de flamme, avec lesquels il jouera sans penser Ă  la maudite.

 

Saint-Rigaud est le nom d'une abbaye célèbre du Mâconnais. Une famille Saint-Rigaud, originaire du Dauphiné, est aussi connue en Forez et en Bourgogne; on croit que c'est d'un de ses membres que vient le proverbe «boire à tire-larigot.» (Frédéric Noëlas, Légendes & traditions foréziennes, 1865 - books.google.fr).

 

Encres avec le quatrain IX,20 (mine de sulfate de cuivre de Vaultorte en Beaujolais)

 

Le bois de bouleau est flexible et raide mais peu porteur. Le bois de placage obtenu à partir des parties basses des troncs de bouleaux ayant vécu en des endroits exposés (sur les roches, au bord des peuplements), est le plus recherché. Par la carbonisation de son bois et de son écorce, on obtient le goudron de bouleau pour l'imprégnation des peaux et pour l'imperméabilisation des chaussures. La suie de bouleau servait également pour la préparation de l'encre noire d'imprimerie. Le goudron de bouleau (pix betulae, dégut) est aussi une matière importante en pharmacologie (passion.bois.free.fr).

 

Au moyen âge, les scribes utilisent une plume d’oie préparée et biseautée. Elle s’adapte parfaitement au parchemin qui devient de plus en plus lisse et permet aux copistes d’expérimenter des graphies successives qui font évoluer l’écriture.

 

Ils écrivent avec deux types d’encre :

 

- L’encre au carbone: pigment noir auquel on ajoute un liant, généralement de la gomme d’arbres, de la gomme arabique ou du miel, du blanc d’œuf, de la gélatine, de la colle de peau ou encore de l’huile.

 

- L’encre métallo-gallique: à partir d’extraits végétaux comme la noix de galle (provient de la surface des feuilles de chêne et des jeunes rameaux) auxquels on ajoute un sel métallique (sulfate de cuivre ou de fer), ce qui provoque un précipité noir auquel on ajoute un liant pour le rendre plus visqueux (gomme arabique). Les encres métallo-galliques sont souvent corrosives (Etudier un parchemin: Fondation par Simon de Neauphle de l’Abbaye des Vaux-de-Cernay, 1118. ADY -45 H 8, Archives département les des Yvelines).

 

La Mishna, vers 200 de notre ère, ne sait rien de l’encre métallique qui est entrée en usage au temps du Talmud, vers 500. On la fabriquait de noix de galle mélangée à du sulfate de cuivre. Elle devint le type courant pour écrire les rouleaux de la Loi au moyen âge (Géza Vermès, Les manuscrits du désert de Juda, Nouvelle revue théologique, Volume 72, Partie 1, 1950 - www.google.fr/books/edition).

 

Le Sefer Torah est un manuscrit sur parchemin ou sur peau d’animaux Kasher. Il est généralement composé de 248 colonnes et d’au minimum 3 colonnes par feuilles à marges verticales et horizontales prédéterminées. Le Scribe (Sofer) utilise des plumes d'oiseaux kasher, généralement des plumes d'oies, et prépare une encre particulière à base de noix, de sulfates de cuivre, de gomme arabique et d'eau. Aucune erreur n'est tolérée et aucune reprise n'est effectuée sur le nom de Dieu (www.nebidaniel.org).

 

Acrostiche : LAFS, Ă  l'envers sfal

 

sfal : pansémitique "en bas" (Federico Corriente, Christophe Pereira, Dictionnaire du faisceau dialectal arabe andalou, Perspectives phraséologiques et étymologiques, 2017 - www.google.fr/books/edition).

 

La ville de Craon, si fidèle à la Ligue, si bien protégée par son château-fort et ses deux rivières, l'Oudon, dans lequel se jette l'Usure, est un prédateur venant dans ses serres les trois provinces du Maine, de Bretagne et d'Anjou. Son commandant, Pierre Le Cornu, seigneur du Plessix de Cosmes, opère, autour de la ville et jusqu'à Vitré, des razzias (de l'arabe ghaziat) dont la cruauté égale celle des Maures (Jean Rieux, Lice Nédelec, Par le fer, le feu et le diable, 1977 - books.google.fr).

 

La porte d'Embas comme l'enceinte des remparts de Vitré sont construits au XIIIe siècle mais une infime partie est encore visible de nos jours. Seul le pan de mur en moellons de schiste à droite de la tour Sud subsiste. La porte d'Embas est reconstruite intégralement au XVe siècle pour accueillir la maison de ville de la municipalité de l'époque. Elle était constituée de deux grosses tours divergentes percées de hautes croisées avec mâchicoulis en schiste encadrant une barbacane en forme de fer à cheval. La tour sud qui subsiste a été entièrement chemisée d'un nouveau parement au XIXe siècle (fr.wikipedia.org - Porte d'Embas).

 

Typologie

 

Le report de 2125 sur la date pivot 1589 donne 1053.

 

Guibert est cet Ă©crivain du XIe siècle dont on a dit que ce fut un des rares auteurs de son temps qui ait fait preuve de critique. Gibbon parle «de son sang-froid philosophique !» et Mabillon le qualifie expressĂ©ment de : illius temporis gravis auctor. NĂ© en 1053, mort en 1124, l'abbĂ© de Nogent est, non seulement un contemporain, mais un tĂ©moin oculaire des faits qu'il rapporte. Il a connu Pierre l'Ermite en personne ; il a assistĂ© avec lui au concile de Clermont ; il Ă©crivait de son vivant l'histoire de la première croisade. Enfin par Godefroid, l'Ă©vĂŞque d'Amiens, son ami et son prĂ©dĂ©cesseur sur le siège abbatial de Nogent, il put naturellement mieux que tout autre se renseigner sur les origines et la vie du cĂ©lèbre ermite picard. Son Historia est la source la plus authentique et la plus ancienne concernant Pierre et la première croisade. [...] La date de la naissance de Pierre l'Ermite, qui n'est donnĂ©e par aucun des contemporains, doit ĂŞtre placĂ©e avant le milieu du XIe siècle (brionnais.fr).

 

Qui est Artaud de NĂ©ronde fondateur de l'abbaye de Saint Rigaud en 1065 ? Il est dĂ©nommĂ© Artaud de NĂ©ronde dans un document ultĂ©rieur. Trois hypothèses : 1/ Le seigneur de NĂ©ronde (Ă  25 km au sud de Roanne), 2/ Un seigneur de la rĂ©gion de Saint-Forgeux-Lespinasse oĂą il y a un lieu-dit NĂ©ronde, 3/ Artaud Le Blanc.

 

En 1067, le vicomte de Mâcon, Artaud Ier Le Blanc, donne à l’abbaye de Saint-Rigaud la moitié de l’église de Gibles (Ageblas), ainsi que les églises de Crozan et Matour. La donation est confirmée par le frère d’Artaud, Hugues Le Blanc, et a pour témoin l’évêque d’Autun Aganon.

 

En 1071, l’évêque d’Autun Aganon introduit Eustorge auprès du pape Alexandre II. À cette occasion, le pape reconnaît la nouvelle abbaye et lui accorde la protection du Saint-Siège. Il établit que c’est à l’évêque de Mâcon d’introniser tout nouvel abbé élu par la communauté. L’abbaye suit la règle de Saint-Benoît. La charte explique qu’Eustorge était moine à Saint-Austremoine d’Issoire, qu’il s’est retiré dans la forêt d’Avaize où par la suite a été fondé le monastère. La charte donne le vocable Saint-Rigaud (Anelise Nicolier, La construction d’un paysage monumental religieux en Brionnais à l’époque romane, 2012 - theses.univ-lyon2.fr).

 

En 1050, Artaud-le-Blanc, comte de Mâcon, donna å Guichard III, cinquième sire de Beaujeu, la moitié du château et de la châtellenie de Riottier, à condition que celui des deux qui voudrait aliéner sa part, serait tenu d'en donner avis à l'autre, afin qu'il pût l'acheter ou le prendre à engagement. Etienne de Villars et Boniface de Miribel, beau-frère du comte de Mâcon, furent présens à ce traité, ainsi que d'autres seigneurs. (Hist. man. de Dombes, par Guichenon, pag. 226.) (Antoine Charles Nicolas de Lateyssonnière, Recherches historiques sur le département de l'Ain, Tome 2, 1840 - books.google.fr).

 

A Pierre l'Ermite, correspond Laurent de Brindes au XVIIe siècle. Mercœur dira que le mérite des deux victoires qui eurent lieu le 11 et 14 octobre 1601 contre les Turcs lui revenait (Nicolas Joseph Warnet, Trésor des prédicateurs et de tous les fidèles, Tome 2, 1861 - books.google.fr).

 

Parallèlement Ă  ses activitĂ©s apostoliques et ses charges religieuses, Laurent de Brindisi eut une intense activitĂ© diplomatique. En 1599 il fut envoyĂ© en Autriche pour travailler Ă  la rĂ©forme catholique ; il implanta son ordre Ă  Vienne mais aussi Ă  Prague. En 1601-1602 le pape ClĂ©ment VIII l'envoya auprès de Rodolphe II qui commandait alors les forces catholiques contre les Turcs. Le pape disait de lui que : «Ce capucin, animateur spirituel, vaut une armĂ©e entière» (fr.wikipedia.org - Laurent de Brindisi).

 

Autrement

 

"Feu neuf" (autres Ă©ditions) : Samedi saint

 

Français ancien "sagnes" : marais, donnant le provençal "sagnan" : roseau (Gérard Boutet, La France en héritage: dictionnaire encyclopédique : métiers, coutumes, vie quotidienne, 1850-1960, 2007 - www.google.fr/books/edition).

 

Sagne : nom donné au roseau commun Phragmites Australis. Par extension , on désigne en Languedoc par Sagnes les roselières constituant un des paysages caractéristiques des zones vaseuses qui bordent les lagunes méditerranéennes (Daniel Faget, L’écaille et le banc: Ressources de la mer Méditerranée moderne. XVIe-XVIIIe siècle, 2021 - www.google.fr/books/edition).

 

Au XVIIIe siècle le curĂ© prĂ©parait le "feu neuf" du samedi saint, veille de Pâques :

 

Le samedy saint et la veille de la Pentecôte, il fera la provision de touttes les eaux nécessaires pour la bénédiction des fonts et tiendra prêts les petits éclats de bois pour faire le feu neuf du samedy saint... Il sonnera l'angélus trois fois par jour... Etc... (Inventaire-sommaire des archives départementales de Saône-et-Loire, 1891 - www.google.fr/books/edition).

 

Autrefois chaque jour, Ă  l'arrivĂ©e de la nuit, on allumait les luminaires avec des prières, parce que l'Église n'a jamais rien employĂ© sans une bĂ©nĂ©diction prĂ©cĂ©dente; mais tous les samedis cela se faisait avec un rite plus solennel, et le plus solennel la veille de Pâques, parce que le feu tirĂ© de la pierre signifie la rĂ©surrection de JĂ©sus-Christ : de lĂ  l'Église a retenu ce vestige de l'antiquitĂ©. Voyez MĂ©rati et BenoĂ®t XIV sur la miraculeuse ascension du feu au temple de JĂ©rusalem près le sĂ©pulcre du Seigneur, et ce qui se fait aujourd'hui, dans la description de l'itinĂ©raire de JĂ©rusalem par M. J. De GĂ©ramb. Le roseau doit ĂŞtre vrai, et non un autre bâton; de dix palmes environ selon Baudry et MĂ©rati (1m, Ă  0,80m, ou entre deux ou trois pieds); il peut ĂŞtre ornĂ© de fleurs et autres choses, mais de façon cependant qu'il apparaisse roseau de quelque partie; avec trois bougies blanches Ă  son sommet de façon que par la partie infĂ©rieure elles se terminent en une seule, et qu'ensuite elles soient distinguĂ©es comme en trois branches Ă©galement distantes entre elles et formant au sommet le triangle selon les rubriques du numĂ©ro suivant Ă  3 (et consĂ©quemment non en forme de croix), pour dĂ©signer la TrinitĂ© des divines personnes dans l'unitĂ© de l'essence divine. Après la messe de ce samedi, le roseau est enlevĂ©, et les bougies ne sont plus allumĂ©es (Pierre Jean Baptiste de Herdt, Pratique de la liturgie sacrĂ©e, selon le rit romain, Tome 2, traduit par François Louis M. Maupied, 1858 - www.google.fr/books/edition).

 

Dans la liturgie du samedi saint, il est question de l'arche de Noé et de sa fabrication, en particulier le passage intérieur et extérieur des parois du navire (Le Missel romain, latin et françois, Tome 4, 1722 - www.google.fr/books/edition).

 

"Charlieu" : Cherlieu ?

 

Il y a des Kerlieu(x) en Bretagne dont à Nivillac qui fut possession de la famille du frère de l'amiral de Coligny, baron de La Roche-Bernard par mariage.

 

Le breton "ker" : lieu, village, logis mais aussi angle vif, et cher (aimé) (Dictionnaire breton-français de Le Gonidec, précédé de sa grammaire bretonne, et enrichi d'additions par T. Hersart de la Villemarqué, 1850 - www.google.fr/books/edition).

 

Carilocus, Carus Locus, Karilocus, v. Châlis, Charlieu, Cherlieu, Saint-Geniès de Castries (Vincent Durand, Abrégé de l'histoire de Charlieu, 1892 - www.google.fr/books/edition).

 

L'abbaye de Cherlieu, on disait alors Charlieu, était un couvent de Bernardins, fondé en 1130. On y voyait les tombeaux d'Alix, comtesse de Bourgogne, et du comte Hugues, son mari. On peut voir encore les ruines de ce magnifique monastère, dont les restes sont classés parmi les monuments historiques (A. Lacordaire, Le bourg et le prieuré de Voisey, Nouvelle revue de Champagne et de Brie, 1889 - www.google.fr/books/edition).

 

L’abbaye de Cherlieu était une abbaye cistercienne. Il n’en reste que des ruines, situées au hameau de Cherlieu, dans la commune de Montigny-lès-Cherlieu, département de la Haute-Saône (France) (fr.wikipedia.org - Abbaye de Cherlieu).

 

Au XVe siècle, à son apogée, l'abbaye de Cherlieu étendait sa seigneurie sur trente-deux villages et ses activités économiques se répartissaient entre la Lorraine et le sud du Jura. Son rayonnement spirituel exceptionnel lui permit d'essaimer et de fonder les abbayes d'Acey et d'Hautcrêt en 1134, d'Hauterive et du Gard en 1137, de Beaulieu en 1166. Les inhumations dans son cheur du comte Rainaud, de Hugues de Chalon et de sa femme la comtesse Alix, de leur fils Othon IV, dernier comte palatin de Bourgogne, et de son père Jean, lui valurent le nom de «Saint-Denis de la Franche-Comté».

 

Les protestants de Guillaume de Nassau, prince d'Orange, et de Wolfgang de Bavière, duc des Deux-Ponts, la veille de Pâques, le 25 mars 1569, mirent à sac et détruisirent l'abbaye. Seule l'église, qu'ils avaient tenté d'incendier, resta debout, mais le monastère demeura désert pendant près de trente ans. En 1598, sept religieux furent envoyés de Cîteaux pour relever, avec l'aide de Ferdinand de Rye, archevêque de Besançon, les ruines de l'abbaye. Mais les bâtiments furent de nouveau dévastés et incendiés en 1637 par les Suédois de Saxe-Weimar et en 1641 par les Français de du Hallier. La construction de l'abbaye ne reprit qu'en 1701 avec l'édification par l'abbé Blisterwich de Moncley d'un nouveau quartier abbatial, du cloître, des cellules et du réfectoire (Monuments historiques, Volumes 182 à 184, 1992 - www.google.fr/books/edition, fr.wikipedia.org - Abbaye de Cherlieu).

 

La date du 25 mars n'est pas forcément juste. Un autre calendrier est proposé toujouirs aux alentours de la fête de Pâques de 1569 :

 

Le vendredi saint 24 mars, Wolfgang Ă©tait campĂ© Ă  Conflans, dans l'intention de passer la SaĂ´ne Ă  Port ou Ă  Conflandey; mais, apprenant que le gouverneur de la province, François de Vergy, l'y attendait avec cinq cents cavaliers pour lui disputer le passage, il tire droit Ă  Jussey. DĂ©jĂ  les deux Nassau l'ont prĂ©cĂ©dĂ© avec leur avant-garde de chevaux et de fantassins, qui saccagent en passant les abbayes de Clairefontaine et de Faverney, et emportent sur eux ou sur leurs montures tout le vestiaire des religieux et de leurs sacristies. Traversant la SaĂ´ne Ă  Cendrecourt, soit en barques, soit Ă  la nage, ils tombent sur le village de Raincourt, grotesquement affublĂ©s, les uns de casaques, de robes et de scapulaires de moines, les autres de chapes, de dalmatiques et de chasubles. C'Ă©tait le samedi saint, Ă  l'heure oĂą les fidèles Ă©taient rĂ©unis pour les vĂŞpres et sortaient de l'Ă©glise avec croix et bannières pour la procession. Les huguenots se ruent sur la foule, dans l'Ă©glise et les habitations, en poussant des cris fĂ©roces : Tue ! tue les papistes ! Ville gagnĂ©e ! Au pillage ! Les pauvres habitants s'enfuirent Ă©pouvantĂ©s dans les bois, abandonnant le saint lieu et leurs maisons Ă  la merci des brigands.

 

Wolfgang arriva dans la semaine de Pâques à Jussey, par les passages de Cendrecourt et de Miévillers, et il établit son quartier général dans cette ville. Son armée, forte de huit mille chevaux et de trois mille Gascons à pied, sans compter un nombre presque égal de valets, de goujats, de femmes et de voleurs, à la suite des bagages, se répandit jusqu'à Purgerot, Port-sur-Saône et Morey, occupant l'abbaye de Cherlieu et trente villages, devenus leurs magasins de provisions, saccageant et brûlant tous les environs, tuant tout ce qui résistait et emmenant prisonniers ceux de qui l'on espérait quelque rançon. Les dévastateurs avaient été conduits à Cherlieu par Savigny, seigneur de Saint-Remy (Jean-Baptiste Coudriet, Histoire de Jussey, 1876 - www.google.fr/books/edition).

 

"reprins" : mort d'Andelot et de Wolfgang de Bavière

 

En septembre 1568, Condé et Coligny sont à La Rochelle. Ils sont rejoints par François d'Andelot, frère de Coligny, et par Jeanne d'Albret, accompagnée de son fils, le roi Henri de Navarre. Charles IX fait enregistrer au Parlement un édit interdisant l'exercice de toute religion autre que la catholique. Les pasteurs ont quinze jours pour vider le royaume. Les forces protestantes et catholiques s'observent. Il fait très froid cette année-là. Bataille de Jarnac. Les catholiques, commandés par le jeune duc d'Anjou, frère du roi, remportent la victoire. Condé est tué. Coligny parvient à fuir. Les chefs militaires protestants sont désormais Henri de Navarre et le fils de Condé, également. prénommé Henri (nous l'appellerons Condé le Jeune). L'armée protestante est souvent appelée «Armée des Princes», Henri de Navarre publie une Lettre... à Monsieur d'Anjou. Répondant à l'une de ses missives, il l'exhorte à ne pas écouter les mauvais conseillers qui l'entourent et à venir trouver le roi, qui l'embrassera et le traitera le mieux du monde. Navarre plaide que le dernier édit du roi interdisant le culte réformé a été promulgué au mépris des sûretés données dans les édits précédents... «Il n'est plus question de la religion, écrit-il, mais de l'ambition...» Une armée de secours réunie par le duc Wolfgang de Deux-Ponts pénètre en France pour secourir les réformés. Le duc de Deux-Ponts passe la Loire, mais il meurt peu après de maladie le 11 juin (Jean Paul Barbier, Ma bibliothèque poétique, Tome 4 : Contemporains et successeurs de Ronsard: de Marquets à Pasquier, 1998 - www.google.fr/books/edition).

 

Wolfgang de Bavière, duc des Deux-Ponts, 26 septembre 1526 à Deux-Ponts, mort le 11 juin 1569 à Nexon, fils de Louis II de Bavière et Élisabeth de Hesse (1503-1563). Il fut duc palatin des Deux-Ponts de 1532 à 1569, comte palatin de Neubourg et de Soulzbach de 1559 à 1569. (fr.wikipedia.org - Wolfgang de Bavière).

 

OBERBRONN, ancien chef-lieu de la seigneurie de ce nom, qui englobait une douzaine de villages et hameaux dont Breitenwasen, Zinswiller, Gumbrechtshoffen-Oberbronn et Merkwiller sur le territoire qui nous intéresse), est situé sur la hauteur entre les vallées de la Zinsel et du Falkensteinerbach. Après avoir appartenu aux seigneurs de Born, aux Ochsenstein, aux Petite-Pierre, la seigneurie et le château étaient devenus, en 1456, propriété des Lichtenberg, dont ils passèrent, après extinction de la famille, aux Deux-Ponts-Bitche (1480) et de ceux-ci, par mariage de la comtesse Amélie, aux comtes de Linange- Westerbourg (Archives alsaciennes d'histoire de l'art, Volumes 5 à 7, 1967 - www.google.fr/books/edition).

 

Merkwiller est un village du nord de l'Alsace, entouré de collines et de forêts, dominé par les Vosges du nord. L'histoire du village est très étroitement liée avec celle du pétrole et du thermalisme; mentionnée pour la première fois en 1498, l'industrie minière de Pechelbronn est la doyenne de toutes les sociétés pétrolifères du monde. En 1627, une lettre patente autorisa son exploitation commerciale à Pechelbronn, en Alsace, d'une source qui produisait une « huile de pierre » réputée pour ses propriétés thérapeutiques. Les marnes bitumineuses (improprement appelées schistes bitumineux) du Jurassique, en conjonction avec le plancton évoluant à la surface, ont produit du pétrole. Après la seconde guerre mondiale, la raffinerie fut reconstruite, mais l'épuisement du gisement de pétrole a amené la S.A.E.M. de Pechelbronn à arrêter toute activité en 1970 (merkwiller-pechelbronn.com, fr.wikipedia.org - Bitume).

 

La princesse palatine, épouse du duc d'Orléans frère de Louis XIV, est issue de Frédéric III du Palatinat, cousin de Wolfgang.

 

Baleiz (Baleys, Balez) v. Lichtenberg, Harmut u. Johann um 1330 (S. Hirzel, Publicationen aus den Preussischen staatsarchiven, Tome 51, 1892 - www.google.fr/books/edition).

 

Le Duché de Deux Ponts renferme cinq Bailliages qui sont Deux Ponts, Lichtenberg, Meissenheim, Landsberg, & Neufchâtel (Antoine Augustin Bruzen de La Martinière, Le grand dictionnaire géographique et critique, Tome 3, 1726 - www.google.fr/books/edition).

 

Avant de quitter la maison Palatine, nous croyons devoir dire encore un mot de la maison de DeuxPonts ou de cette subdivision de la seconde branche maison de Deux de la ligne de Simmern, qui, ainsi qu'on le voit sur le tableau général, fut fondée en 1569 par Jean Ier, fils cadet de Wolfgang, chef du rameau de Deux-Ponts. Jean eut pour son lot l'ancien comté de Deux-Ponts, des parcelles de Veldenz, Lichtenberg, Meisenheim et la moitié Palatine du comté postérieur de Sponheim, à l'exception cependant du bailliage de Birkenfeld qu'obtint le troisième fils de Wolfgang. Jean acquit à sa maison des prétentions à la succession de Juliers, par son mariage avec une des sœurs du dernier duc. Ses trois fils, Jean II, Frédéric-Casimir et Jean-Casimir, partagèrent le duché de Deux-Ponts en trois parts, ce qui donna naissance aux branches de Deux-Ponts, Landsberg et Kleebourg.

 

Wolfgang, qui avait amenĂ© une armĂ©e au service des Huguenots, mourut dans le Limousin d'une fièvre chaude qu'un excès de boisson lui avait donnĂ©e. On lui fit l'Ă©pitaphe suivante :

 

Pons superavit aquas; superarunt pocula Pontem.

Febre tremens periit, qui tremor orbis erat.

 

Son fils aîné fonda la maison de Neubourg (Maximilian Samson Friedrich Schoell, Cours d'histoire des états européens depuis le bouleversement de l'Empire romain d'Occident jusqu'en 1789, Tomes 25 à 26, 1832 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf. quatrain II, 48.

 

François d'Andelot "vint mourir Ă  Xainctes d'une fièvre chaude, dans l'agonie de laquelle il s’assit pour dire : «La France aura beaucoup de maux avec vous et puis sans vous, mais en fin tout tombera sur l'Espagnol.» L'admiral l'ayant repris, comme d'une resverie : «Je ne resve point, dit-il, mon frère, l'homme de Dieu me l'a dit». Sur ces propos il rendit l'esprit non sans apparence de poison. Les armĂ©es l'avoient nommĂ© le Chevalier sans Peur".

 

François de Coligny, seigneur d’Andelot, frère de l'amiral, mourut le 7 mai 1569 (Serres, p. 333). Cette date, qui a souvent été mal indiquée, est fixée par un acte publié dans les Preuves de l'Hist. de la maison de Coligny, p. 11 (Théodore Agrippa d'Aubigné, L'histoire universelle. Ed. publ. par A. de Ruble, Tome 3, 1889 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf. quatrain I, 15 - Moncontour (en Poitou) - 1568-1569.

 

Guy XVII, comte de Laval, dĂ©cĂ©dĂ© en 1547 sans enfants de Claude de Foix. Du 1er lit il avait entre autres filles : 1° Catherine de Laval, dĂ©cĂ©dĂ©e eu 1526, mariĂ©e en 1518 Ă  Claude, sire de Rieux, dont elle eut deux filles : RenĂ©e de Rieux, mariĂ©e eu 1540 Ă  Louis de Sainte-Maure, et Claude de Rieux, mariĂ©e en 1547 Ă  François de Coligny, sire d'Andelot. 2° Anne de Laval, mariĂ©e en 1521 Ă  François, sire de la TrĂ©moille dont les descendants hĂ©ritèrent de toutes les terres des Laval après l'extinction des Coligny d'Andelot], laissant un fils de son second mariage, Guy XVII qui lui succĂ©da dans toutes ses seigneuries, et dĂ©cĂ©da lui-mĂŞme, en 1547, sans laisser d'enfants. Sa succession, la plus considĂ©rable de France fut recueillie par sa nièce RenĂ©e de Rieux, mariĂ©e depuis 1540 Ă  Louis de Sainte-Maure, marquis de Nesle, dont elle n'avait pas d'enfants. Elle s'Ă©tait retirĂ©e en Bretagne oĂą elle vĂ©cut, sĂ©parĂ©e de son mari, jusqu'Ă  sa mort en 1567.

 

Son héritier était Paul de Coligny, fils de sa sœur Claude de Rieux. Ce nouveau Comte de Laval, Guy XIX, n'avait que douze ans et était sous la tutelle de son père François de Coligny, sire d'Andelot, frère du célèbre amiral de Coligny. C'est à cette époque que nous voyons apparaître dans le pays de Quintin la religion calviniste, dont il sera plusieurs fois question pendant le cours du XVIIème siècle. D'Andelot, «en rapports directs et publics avec l'église (protestante) de Paris, lui avait demandé deux ministres, avec lesquels il était venu visiter ses terres de Bretagne et répandre la lumière dont il avait été lui-même éclairé» [Note : VAURIGAUD, Essai sur l'histoire des églises réformées de Bretagne, 1535-1808, t. II]. En 1569, la tutelle du comte de Laval passe après la mort de son père à ses oncles l'amiral de Coligny et le cardinal de Châtillon, duc de Beauvoir, qui administrent la seigneurie de Quintin (www.infobretagne.com).

 

Cf. quatrain IX, 40 pour une autre apparition de "Quintin" et le procès concernant la "juveignerie".

 

Samedi et Lusignan

 

Samedi étant le jour de Saturne, cette première évocation est d'autant plus autorisée que nombre d'auteurs, comme Arnold de Saxe, Vincent de Beauvais ou Barthélémy l'Anglais, témoignent de l'actualité, au Moyen Age, du «fonds de matière» saturnien et de son «irruption dans la tradition mythographique et scientifique en usage à l'époque.» Que charrie cette matière, «avant même l'époque de la Grèce classique» et jusqu'au coeur des ouvrages littéraires et scientifiques du Moyen Age ? Loin d'être l'archétype simple de la mélancolie auquel on aime à se référer, Cronos-Saturne apparaît comme l'une des grandes figures mythologiques de l'ambiguïté; plus précisément, il est le dieu des contraires. La figure du dieu Cronos, écrivent encore Klibansky, Panofsky et Saxl (Saturne et la Mélancolie. Etudes historiques et philosophiques), se caractérise en effet par une forte contradiction, ou ambivalence, interne... Il n'est aucun dieu chez qui cette dualité soit aussi réelle et fondamentale qu'elle l'est chez Cronos. Sa nature est double (...) et la dualité est à ce point marquée que l'on pourrait aisément décrire Cronos comme le dieu des contraires (...). D'un côté, il apparaît comme le dieu bienfaisant de l'agriculture, qui réunit hommes libres et esclaves pour la célébration de fête de la moisson; (...) l'inventeur de l'agriculture et de l'art de construire les villes. De l'autre il est le dieu sombre, détrôné et solitaire. Accompagnant l'histoire de cette tradition, nos auteurs ajoutent : «L'assimilation du Cronos grec à Saturne, le dieu romain des champs et des récoltes, vint confirmer la contradiction latente, sans l'accentuer de manière notable.»

 

Telle sera tout au long de la tradition occidentale, et notamment quand se sera développée l'interprétation astrologique de la mythologie, la double nature de Saturne, dieu du samedi, et des êtres saturniens. Cette conception a influencé «tout le domaine de savoir qui s'étaient acquis la physisognomie, la caractérologie et l'éthique populaire» renforcé par la doctrine des tempéraments. Bernard Silvestre (mort après 1159), Alain de Lille (mort en 1203) attestent de la permanence médiévale d'un Saturne équivoque. Ils donnent «aux vieilles contradictions inhérentes à l'image de Saturne» une expression poétique. Bref, dès le XIIe siècle, «la représentation de Saturne comme figure maléfique et menaçante» alliée à ses traits positifs – la richesse, la puissance, le talent pour la géométrie et l'architecture. (...) deviennent des stéréotypes qu'on incorpore désormais constamment dans le portrait de Saturne.»

 

Un profond Ă©cart distingue le «samedi» mĂ©lusinien du «Shabbath» juif. Il est intĂ©ressant cependant de noter que le Shabbath fut, pour certains juifs, considĂ©rĂ©s comme «jour de Saturne» : «A permanent corespondence between the Sabbath and the «day of Saturn» was thus established no later than the first century of the present era, and Jews even came to name the planet Saturn Shabtai.» Leur conception du jour saint, poursuit E. Zerubavel, «was evidently affected by the astrological conception of Saturn as a planet that has an overwhelming negative influence.» Il y a, ajoute-t-il, des croyances traditonnelles juives «about demons and evil spirits that hold full sway on the Sabbath, and an old Jewish legend links the choice of the «day of Saturn» as the official rest day with the superstition thaht it would be an inauspicious day for doing any work anyway.» (The seven day circle. The history and meaning of the week. Londres : Collier Macmillan Pub., 1985).

 

Le second courant que l'on osera aborder avec une trop rapide dĂ©sinvolture trouve sa source dans la mystĂ©rieuse fusion des contraires que vit le Christ, simultanĂ©ment, le jour du Samedi Saint. Ce jour est celui de la conjonction du corps de chair et de l'union au divin, correspondant Ă  la conjonction des espaces (le tombeau de la chair, les Enfers pour l'âme) et Ă  la conjonction de la Vie lumineuse et de la mort obscure. Le Samedi Saint est le jour du «passage du Christ total, TĂŞte et Corps, de la mort Ă  la vie, du deuil Ă  la joie, du jeĂ»ne Ă  la fĂŞte» comme l'Ă©crit Dom J. Gaillard. Tournons-nous dans une direction parallèle mais qui Ă©loignera de la liturgie pascale, et regardons vers l'hagiographie. On y est invitĂ© par les motifs illustrant l'entrĂ©e «Saturday» dans le Motif-Index of Folk-Literature de Stith Thompson. En fait, il prĂ©sente un double aspect, illustrĂ© par les deux dĂ©finitions proposĂ©es : le premier, A1177 n'Ă©claire pas notre lanterne; ce symbole indique l'intitulĂ© «Why sun shines on Saturday» (il s'agit de textes exĂ©gĂ©tiques justifiant l'Ă©clat du soleil malgrĂ© l'interdit qui frappe toute activitĂ© le jour de Shabbath). En revanche, la seconde rĂ©fĂ©rence au samedi rapproche de nos prĂ©occupations. Elle est notĂ©e Q560.0.2 et se dĂ©finit en ces termes : «Souls released from hell every saturday through virtue of saint.» A l'appui de cet Ă©noncĂ©, observons deux textes hagiographiques. Extrait de la vie de saint Patrick, le premier voit le saint obtenir des vies humaines en Ă©change d'une pĂ©nitence de quarante jours et quarante nuits, et de sa lutte contre le dĂ©mon pendant sept ans, sept mois, sept jours et sept nuits. Le second texte se lit dans la vie de saint Coemgen, elle-mĂŞme tirĂ©e des Lives of Irish Saints. Pour lui, la pĂ©nitence est moins longue : six semaines au bout desquelles il n'accepte de quitter sa hutte qu'Ă  la condition que Dieu lui accorde un certain nombre d'exigences «and God gave to him every Saturday nine to be rescued from pain of hell, if it be according to desert that it is considered. Every one, however, who shall die on Friday and be buried on a Saturday under the mould of Coemgen, shall receive remission for his soul.»

 

L'enseignement que l'on peut tirer de ces considĂ©rations est le suivant : la tradition mythologique, testamentaire et folklorique persuade que le samedi apparaĂ®t comme le jour oĂą se conjoignent des termes contraires, termes variables selon les fictions, jour de l'Ă©quivoque et de la mĂ©diation. Pour conclure dans le prolongement direct de cette observation, revenons Ă  l'ancĂŞtre des Lusignan. Le samedi vient d'ĂŞtre considĂ©rĂ© comme le jour oĂą se dĂ©ploient la double activitĂ© de MĂ©lusine la mĂ©diatrice et l'ambiguĂŻtĂ© qui la particularise. Preuve a contrario, l'effet de la transgression, de l'inĂ©luctable violation de la parole donnĂ©e. Elle scinde de nouveau en deux fractions clairement reconnaissables, les traits que l'union rĂ©unissait. Or, celle-ci n'Ă©tait permise que par le respect de l'interdit, c'est-Ă -dire par la double activitĂ© qu'il autorisait, chaque samedi tout particulièrement. La clarification du statut de l'ĂŞtre surnaturel postule non seulement la sĂ©paration des deux partenaires mais le retour de chaque «terme» Ă  l'Ă©vidence de sa nature. Comme leur relation, le «qui que tu sois» a vĂ©cu. Les avenirs du rĂ©cit peuvent diffĂ©rer, la serpente non humaine et le chevalier mortel reprennent inexorablement les chemins qui les Ă©loignent. On n'est donc pas Ă©tonnĂ© de retrouver Ă  ce stade, sur notre chemin particulier, un phĂ©nomène gĂ©nĂ©ral, bien connu des anthropologues : le sacrifice du mĂ©diateur. Parmi les travaux cĂ©lèbres consacrĂ©s Ă  cette immolation, on ne peut pas ne pas penser au livre de James George Frazer, Le bouc Ă©missaire (Le Cycle du Rameau d'Or). Plus près de nous, on se souvient du chapitre «Les pĂ©rils de la mĂ©diation» de l'ouvrage de Jean-Pierre Vernant, La cuisine du sacrifice en pays grec. L'auteur y Ă©tudie le châtiment de PromĂ©thĂ©e, hĂ©ros «rĂ©prouvé» et «civilisateur» puni dans l'organe qui incarne le mieux la fonction mĂ©diatrice chez les Grecs, le foie : «le foie de PromĂ©thĂ©e est «mĂ©diateur»» (p. 90), il «reprĂ©sente dans l'homme, la sauvagerie de l'appĂ©tit alimentaire (...) mais cet organe possède la capacitĂ© d'ĂŞtre impressionnĂ© par (...) l'Ă©lĂ©ment immortel et divin.» (p. 89). (Jean-Jacques Vincensini, Samedi, jour de la double vie de MĂ©lusine, MĂ©lusines continentales et insulaires, 1999 - www.google.fr/books/edition).

 

Terme

 

Luther aurait pris comme devise "Cedo nemini" : je ne le cède à personne (B. Moreau, Considérations morales tirées des ouvrages de la nature et de l'art, 1683 - www.google.fr/books/edition).

 

Erasme "nemini cedo" ou "nulli cedo" associé à un dieu Terme, ainsi que le juriste Charles Du Moulin (Omnia Andreæ Alciati V.C. emblemata: cvm commentariis, qvibvs emblematum omnium aperta origine, mens auctoris explicatur, & obscura omnia dubiaq´ue illustrantur, 1577 - www.google.fr/books/edition, Jean-Louis Guez de Balzac, Les entretiens, 1659 - www.google.fr/books/edition).

 

Sa deuise estoit le Dieu Terminus, auec le mot Nulli cedo, parce que ce Dieu ne voulut pas ceder Ă  Iupiter dans le Capitole; deuise arrogante, pour monstrer qu'il ne cedoit en sçauoir Ă  personne, dit vn Cordelier nomĂ© Caruayals : Mais luy-mesme asseure en son Apologie, que par ce Dieu Terminus il entendoit la Mort, qui est le terme de toutes choses. Au reste il fut portĂ© sur les Ă©paules des hommes de lettres, iusqu'Ă  l'Eglise Cathedrale de Basle, pour y estre inhumĂ© (Pierre Guillebaud, TrĂ©sor chronologique et historique, Tome 3, 1647 - www.google.fr/books/edition).

 

Erasme meurt à Bâle, là où se réfugieront la seconde femme de François d'Andelot et ses enfants en 1572 (cf. "Balez" ?) (Jules Delaborde, François de Chatillon, comte de Coligny, 1886 - www.google.fr/books/edition).

 

La stabilitĂ© des Bornes qui Ă©toit leur principal attribut doit nous faire retouvenir de celle de la mort, qui est le terine de notre vie, & oĂą nos jours sont fixez par un decret irrevocable. Dieu l'arbitre souverain des hommes, & de toutes choses, nous a fait part du tems; mais en une certaine mesure que lui seul connoĂ®t. Il a mis des bornes Ă  nĂ´tre vie, & en telle forte dĂ©terminĂ©es que nul ne les sauroit passer : Numerus menfum ejus apud te est, constituisti terminos ejus qui præteriri non porerunt. Nous pouvons bien reculer les confins de nos heritages soit par des voyes justes, ou par d'iniques usurpacions; mais il n'est pas Ă  nĂ´tre pouvoir de reculer le terme de notre vie : de terme est fixĂ©, il est immobile, & plus immobile que ne l'Ă©toient ces termes de l'antiquitĂ© Ă  qui l'opinion avoit donnĂ© la stabilitĂ© pour partage. Après avoir voyagĂ© pendant quelque tems sur la terre, il faudra enfin arriver au gĂ®te; après avoir fait du bruit dans le monde, il faudra que nĂ´tre orguĂ«il aille se briser au bord & comme la mer, se confondre sur une ligne de sable sans pouvoir aller plus avant : usque hac venies, e non procedes amplius, Appellons tant que nous voudrons la medecine Ă  notre secours; usons de regime dans le boire & dans le manger; menageons nĂ´tre santĂ© tant qu'il nous plairra; Ă©vitons les dangers, abstenons nous des choses nuisibles; ce ne sont pas lĂ  des aziles sĂĽrs contre le pouvoir de la mort; flatons nous de nĂ´tre qualitĂ©; appuyons nous sur nos richesses; brillons si nous voulons dans les charges & les dignitez; la mort non moins que le terme du Capitole qui ne cedoit pas Ă  Jupiter mĂŞme, ne cede non plus Ă  personne : L'un & l'autre de ces deux termes porte ces deux mots pour devise : Nemini cedo, Ce n'est donc pas en vain qu'Horace a dit d'elle : Pallida mors aquo pede pulsat paurerum tabernas Regumque turres que Malherbe traduit ainsi :

 

La mort a des rigueurs Ă  nul autre pareilles;

On a beau la prier.

La cruelle qu'elle est le bouche les oreilles

Et nous laisse crier,

Le Pauvre en sa cabane oĂą la chaume le couvre

Est sujet Ă  ses Loix.

Et la Garde qui veille aux barrieres du Louvre

N'en défend pas nos Rois (Alphonse Costadau, Traité historique et critique des principaux signes qui servent a manifester les pensées, ou le commerce des esprits, Tome 4, 1721 - www.google.fr/books/edition).

 

Le sénat s'étant défait de Romulus craignit une révolte de la part du peuple; et pour la prévenir, il publia que ce prince avoit été enlevé au ciel. Un témoin aposté assura même par serment que Romulus lui avoit apparu avec tous les attributs d'une divinité, et prédit que sa ville deviendroit la maîtresse du monde. Ce qui n'étoit qu'une espérance flatteuse pour les Romains devint un article fondamental de leur religion, après que Tarquin le superbe eut jeté les fondemens du capitole. Il y trouva les statues de plusieurs dieux; et craignant de leur déplaire, s'il les enlevoit sans leur consentément du lieu qu'elles occupoient, il consulta les augures. Ces prêtres traiterent cette affaire avec une extrême gravité, ils firent plusieurs cérémonies, et demandèrent enfin à ces divinités si elles trouveroient bon de céder leur demeure à Jupiter. Mars, la Jeunesse et le dieu Terme, dit-on, ne voulurent point abandonner le capitole. Ce procédé, peu respectueux de la part de ces dieux subalternes envers Jupiter, étonna, et peut-être scandalisa les Romains; il fallut l'expliquer, et les raisonnemens des augures formèrent une espèce de prédiction qui annonçoit que le peuple de Romulus, dont Mars étoit le père, ne céderoit jamais une place qu'il auroit occupée; que la jeunesse romaine seroit invincible, et que le dieu Terme, protégeant les frontières de l'état, ne permettroit jamais qu'elles fussent envahies (Gabriel Bonnot de Mably, Oeuvres complètes, Tome 6, 1791 - www.google.fr/books/edition).

 

Mais que peut-on dire de ceux qui adorent une pierre brute et mal polie, qu'ils appellent le dieu Terme ? c'est, dit-on, cette pierre que Saturne avala, croyant avaler son fils Jupiter (Jean Alexandre C. Buchon, PanthĂ©on littĂ©raire : choix de monuments primitifs de l'Ă©glise française, avec notice littĂ©raires, 1875 - www.google.fr/books/edition).

 

Pendant le règne de Saturne, les champs n'avaient point de bornes déterminées; tout était en commun. Après que Saturne eut quitté le Latium pour retourner au Ciel, le Dieu Terme mit fin à toutes les querelles qui s'éleverent fur les limites des terres. Le dieu Terme concilia la division des champs avec la paix de la cité. Sa fête, les Terminalia, est au 23 février (Nouveau dictionnaire historique ou histoire abrégée de tous les hommes qui se sont fait un nom, Tome 9, 1789 - www.google.fr/books/edition).

 

Honneur

 

Il n'y a point d'humilitĂ© Ă  prendre la dernière place, quand on n'a pas droit d'en prendre une autre (Saint Evremont). Cet homme vain s'est emparĂ© de la place d'honneur : il ne cède la place Ă  personne. Il y a autant d'habiletĂ© Ă  bien garder son rang & sa place que de fiertĂ© Ă  ne cĂ©der jamais (Dictionnaire universel François et Latin, vulgairement appelĂ© Dictionnaire de TrĂŞvoux, Tome 6, 1771 - www.google.fr/books/edition).

 

Le voyage de Calopse dans le Roman des Aventures du Baron de Faeneste de Théodore Agrippa d'Aubigné est un pastiche de celui de Don Quichotte, puisque Calopse «court le pays pour restablir l'honneur des Seigneurs & regler la menuë Noblesse», «comme Don Guichot voyagea pour remettre la chevalerie errante».

 

Calopse. Le baron de Beauvoir. Après avoir été quelque temps maître de la garderobe du prince de Navarre, il devint gouverneur de ce prince, et l'étoit en 1568. Voyez l'histoire du temps imprimée en 1570, pag. 183. L. D. Calopse, tiré du grec "Kalè opsis", pourroit être une traduction du nom de Beauvoir; mais, d'après une note qu'a bien voulu me communiquer M. de Bremond d'Ars, je pense avec lui qu'il s'agit ici de Jacques de Pons, baron de Mirambeau. En effet, un peu plus loin, le baron de Calopse est désigné comme beau-frère de Riou (chap. 23), qui est sans aucun doute Jacques de Beaumont, seigneur de Rioux, lequel avoit épousé Jeanne de Laporte, sœur de Marie de Laporte, femme de ce Jacques de Pons. On observera que Calopse traduit également le nom de Mirambeau (mire en beau) (Théodore Agrippa d'Aubigné, Les aventures du Baron de Faeneste, 1855 - www.google.fr/books/edition).

 

Abandon

 

"akurieutos" : non pris, imprenable (Dictionnaire Grec-Français, 2015 - www.google.fr/books/edition).

 

François de Pons, baron de Mirambeau, seigneur de Mortagne, fut nommé, en 1562, lieutenant de La Rochefoucauld en Saintonge. Dans le but de seconder les opérations de Duras, il fit enlever Talmont par son lieutenant Forteau, de Soubise, et lui-même se rendit maitre, par intelligence, de Bourg-sur-Dordogne, où il laissa pour gouverneur son frère Antoine, qui, peu de temps après, fut battu par les Catholiques, pris et conduit à Bordeaux. Ayant échoué dans une tenlative pour s'emparer de Blaye, Mirambeau reprit le chemin de sa province natale, défit près de Sansac une bande de paysans qui espéraient de lui couper la retraite, et rentra heureusement en Saintonge, sans essayer de pousser plus loin ses succès. Il ne parait pas qu'il ait exercé aucun commandement dans la seconde guerre; mais il joua un rôle actif, sinon glorieux, dans la troisième; aussi le parlement de Bordeaux ne manqua-t-il pas de le comprendre dans son fameux arrêt. Après avoir assuré au parti huguenot la possession de Saintes, dont les habitants réformés lui ouvrirent les portes, il alla rejoindre Coligny, qui, au mois de juillet 1569, lui confia la défense de Lusignan. Mirambeau répondit assez mal à la confiance de l'amiral. Il rendit, sans coup férir, cette place qui était regardée presque comme imprenable, alléguant pour sa justification qu'il manquait de munitions de guerre et qu'il ne pouvait attendre de secours d'aucun côté, après le désastre de Moncontour (Eugène Haag, Émile Haag, La France protestante, Tome 8, 1858 - www.google.fr/books/edition, Jean de Serres, Recueil des choses memorables avenues en France sous le regne de Henry II. Francois II., Charles IX., Henry III. et Henry IV. depuis l'an 1547 jusques au commencement de l'an 1597, 1598 - www.google.fr/books/edition).

 

Acrostiche : LAFS, sfal Ă  l'envers

 

"sfal" : asfalt, asphalte.

 

ASPHALTE. Bitume, ciment naturel. Asphaltus, Bitumen. La tour de Babel fut bâtie par les enfans de Noé avee des briques & de l'asphalte qui leur servoit de ciment. L'arche de Noé fut aussi enduite d'asphalte, selon les Septante. Car le texte hébreu appelle différemment la matiére dont cette arche fut goudronnée, & celle qui servit de mortier pour bâtir la tour de Babel; l'une est Hbomar, & l'autre, chaphar. Il y a près de Babylone une mine ou carriére de pierre d'asphalte, dans la vallée de Siddin. La difficulté qu'il y a d'avoir de cette pierre pure, & qui ne soit point mélangée, est cause qu'on ne la recherche point aujourd'hui. Les Asiatiques n'en laissent sortir de leur pays, qu'après l'avoir fondue avec de la poix. La mer-Morte en Judée donne de l'asphalte (Dictionnaire universel françois et latin, Tome 1, 1752 - www.google.fr/books/edition, Jean Le Pelletier, Dissertations sur l'arche de Noé, et sur l'hémine et la livre de S. Benoist, 1700 - www.google.fr/books/edition).

 

Typologie

 

Le report de 2125 sur la date pivot 1569 donne 1013.

 

On constate au XIe siècle la multiplication des églises placées sous le vocable du Saint-Sépulcre. Les formes les plus anciennes, «Sainte Jérusalem», n'existent qu'au haut Moyen Âge. Le vocable de la Résurrection n'est attesté de la fin du IXe siècle au début du XIe. L'invocation au Saint-Sépulcre apparaît en 1013, au futur Borgo San Sepolcro, et à Villacerf vers l'an mil. [...] L'évolution des vocables va de pair avec la transformation du type de reliques rapportées dans les bagages des pèlerins. Ce sont d'abord et souvent de l'huile, conservée dans les ampoules du Haut Moyen Âge (par exemple celle dites de Monza), ou des lampes ou cierges allumés au feu sacré, cette cérémonie de la nuit de Pâques, durant laquelle les lampes du Saint-Sépulcre sont embrasées par miracle (et par le biais d'un fil enduit de bitume). Au XIe siècle, se diffusent les reliquaires contenant des pierres du tombeau. Les listes des nombreuses reliques des grands monastères en citent, mais il est manifeste que les fragments du rocher suscitent beaucoup moins de dévotion et de reliquaires ornés que la croix. Il est fort probable que les églises consacrées au Saint-Sépulcre possédaient des reliques de Terre Sainte. Ainsi Hervé, archidiacre de Sainte-Croix d'Orléans, de retour de Jérusalem, élève-t-il une église à la Ferté-Avrain en Sologne, près du château de son seigneur Landry, et la fait consacrer par son évêque, spécialement pour vénérer les reliques du Saint Sépulcre (Geneviève Bresc-Bautier, La dévotion au Saint Sépulcre de Jérusalem en Occident Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, Numéro 38, 2007 - www.google.fr/books/edition).

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