Jules César et les pirates
Jules César et les pirates

 

IX, 62

 

2149

 

Au grand de Cheramon agora

Seront croisez par ranc tous attachez,

Le Pertinax Oppi, & Mandragora,

Raugon d'Octobre le tiers seront laschez.

 

 

Au grand de Cheramon agora

 

In the 1566 Pierre Rigaud edition of quatrain IX.62 appears the three-word phrase Chera mon agora. This triple was reduced by Benoist Rigaud, in 1568, to Cheramon; the same phrase was represented by Jaubert in his 1603 treatment of the quatrains as Cheramonagora, which he translated (without adequate explanation) as Le Marche des Poitiers (Poitiers marker). In the 1668 edition published by Jean Jansson of Amsterdam, the phrase read: chera ausi de mont agora (David Ovason, The Secrets Of Nostradamus: A Radical New Interpretation of the Master's Prophecies, 2012 - books.google.fr).

 

Radégonde, Radegonde : Radegundis, Radégonde, a donné, par contraction, la forme populaire Ragon, parfois même masculine : Saint Ragon. On a, dans les Deux-Sèvres, Bois-Ragon (www.toponymes-archives.vendee.fr).

 

"Raugon" : comparaison avec Alexandre

 

On procède à la lecture du quatrain à rebours en commençant par le vers 4 en parallèle avec le texte de Velléius Paterculus sur la vie de Jules César dans l'Histoire romaine et les précisions tirées de Polyen, Quinte Curce et Napoléon III.

 

Velleius Paterculus (v. 19 av. J.-C. – v. 31 ap. J.-C.) est un homme de guerre et historien romain. (fr.wikipedia.org - Velleius Paterculus).

 

XLI. ...Issu de la noble famille des Jules, César, suivant une antique tradition, tirait son origine d'Anchise et de Vénus; aucun de ses concitoyens ne lui était comparable ni pour la beauté du visage, ni pour la vigueur et l'énergie du caractère. A une libéralité excessive, il joignait un courage qui n'avait rien d'humain et de croyable. La grandeur de ses pensées, la rapidité de ses expéditions, sa fermeté dans le péril le faisaient ressembler à Alexandre, mais à Alexandre sobre et domptant sa colère. Il ne prenait de sommeil et de nourriture que ce qu'il en fallait pour vivre, et non pour jouir. Uni par les liens du sang à C. Marius, et gendre de Cinna, rien n'avait pu le déterminer à répudier la fille de ce chef de parti, quoique dans le même temps le consulaire Pison, jaloux de plaire à Sylla, se fût séparé d'Annia, qui avait été l'épouse de Cinna. César n'avait que dix-huit ans lorsqu'il résistait ainsi à la puissance suprême du dictateur. Pour échapper moins à la vengeance de Sylla, qu'au poignard de ses partisans, il s'enfuit de Rome pendant la nuit sous un déguisement (en -82) (C. Velléius Paterculus, traduit par J. J. Dubochet, Collection des Auteurs Latins, 1854 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Jules César).

 

Bataille d'Arbèles eut lieu le 26 boédromion selon Plutarque qui correspondrait à un des premiers jours d'octobre (1, 2 ou 3) (Jean-Jacques Barthélemy, Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, vers le milieu du quatrième siècle avant l'ère vulgaire, Tome 7, 1799 - books.google.fr, The Observatory, Volume 26, 1903 - books.google.fr, Guilhem de Clermont-Lodève, Examen critique des anciens historiens d'Alexandre le Grand, 1810 - books.google.fr).

 

Le Bendemir est la rivière Rogomane ou Rogonis, célèbre par le passage de l'armée d'Alexandre. Il tenta ce passage par les avis de Tiridate, trésorier de Darius. Ce perfide lui en donna le conseil, en l'assurant que s'il parvenait à faire traverser heureusement la rivière à ses troupes, il pouvait marcher avec confiance à la conquête de Persépolis. Le Rogomane prend sa source dans le mont Seïrat, près du village de Koufiroûz, à neuf farsengs de là, vers l'O. un quart N. Ce mont, faisant partie du Taurus, est sans doute celui qu'habitaient les Uixiens, qui rendirent leur nom illustre par la vigoureuse défense qu'ils firent contre les Macédoniens (Adrien Dupré, Voyage en Perse, fait dans les années 1807, 1808 et 1809, en traversant la Natolie et la Mésopotamie, Tome 1, 1819 - books.google.fr).

 

Dans le roman du Pseudo-Callisthène, Gaugamelès se trouve près de Persépolis et du fleuve Stranga, que M. Merkelbach (Die Quellen) identifie à l'Araxe, autre nom du Rogonis, ou Rogomanes.

 

Dans les Acta Archelai, traduction latine d'un texte grec composé sans doute dans la première moitié du IVe siècle ap. J.-C. par un certain Hégémonius, et largement utilisé par Épiphane dans les chapitres de son Panarion consacrés à l'histoire du manichéisme, figure aussi le nom du Stranga ( AA , chap . 4 et 66, éd. C.H. Beeson, GCS, p. 4 et 95/Pan., 66, 5, 12, éd. Holl, GCS, p. 25) : le fleuve est situé en Mésopotamie, dans la région de l'Euphrate et du Tigre. Hégémonius aurait-il reproduit une dénomination locale - mais d'après l'éditeur des Acta, il semble mal connaître la région de Mésopotamie (intro, p. XIV) – ou bien la géographie du Roman aurait-elle par hasard laissé sa trace sur cette histoire de Manès ?

 

Le fleuve Stranga a dans un épisode des Res Gestae Alexandri par Julius Valère la où même fonction que le Strymon dans les Perses d'Eschyle : or, chez Eschyle, le rôle déterminant joué par le fleuve dans la défaite perse est précisément l'effet d'une intervention divine, qui fait geler le Strymon hors de saison (cf. v. 495 : «Cette nuit-là, un dieu suscita un hiver prématuré, qui gela tout le cours du Strymon sacré»; nouvelles références à l'influence de la divinité aux v. 502 et 514). Sur cet épisode inventé tout exprès pour entourer la défaite perse d'une aura surnaturelle et la faire apparaître comme un châtiment des dieux (Corinne Jouanno, Naissance et métamorphoses du Roman d'Alexandre: domaine grec, 2002 - books.google.fr).

 

Au sortir de l'Egypte Alexandre le Grand rentra en Phenicie, & de là se rendit a Thapsaque fur l'Euphrate, dont le passage n'étoit pas gardé. Il tira ensuite droit au Tigre en s'approchant des montagnes, & alla joindre Darius qui l'attendoit près d'Arbelle & de Gaugamele. Cependant la femme de Darius étant morte, & Alexandre en ayant usé comme le plus genereux ennemi du monde, Darius crut qu'il pourroit obtenir la paix, & écrivit à Alexandre une seconde fois; mais il ne réussit pas mieux, & il fallut donner la bataille. L'armée de Darius fut mise en déroute, & le cocher même de ce Prince fut tué. Alexandre poursuivit Darius; mais il fut appellé par Parmenion qui avoit besoin de son secours. Darius se retira à Arbelle, & de là en Medie: & Alexandre vint à Babylone & à Suse. Cependant Antipater qu'il avoit laissé en Macedoine, remporta une grande victoire sur Agis Roi de Lacedemone, qui y fut tué. (Claude De l'Isle, Abregé De L'Histoire Universelle: Tome Premier. Contenant ce qui s'est passé depuis la Création du Monde jusqu'en l'an avant J. C. 3676, Tome 7, 1731 - books.google.fr).

 

Alexandre alla ensuite à Persepolis qui lui fut livrée par Tiridate, & qu'il mit au pillage, à la réserve du château dans lequel il trouva plus de cent mille talens d'or. Quelque tems après il fit mettre le feu dans ce château à la persuasion d'une Courtisanne nommée Thaïs: action dont il eut beaucoup de regret dans la suite. On voit aujourd'hui à une demi lieuë de Schiras les ruines de ce Palais, que l'on peut dire être la plus belle antiquité du monde, & qui marque excellemment la puissance de ces Princes (Adrien Dupré, Voyage en Perse, fait dans les années 1807, 1808 et 1809, en traversant la Natolie et la Mésopotamie, Tome 1, 1819 - books.google.fr).

 

"Octobre"

 

Les noms de mois, september, october, november, december, ont un thème en *-bri- et, de ce fait, ne nous concernent pas. Par surcroît, il serait très osé de reconnaître dans -bri- un ancien *-dhri-. LH avec réserve part de *decem-mens-ris rattaché à mens «mois». Skutsch propose d'admettre l'évolution de -mr- en -br- dans *septem-ris, *nouem-ris, *decem-ris, d'où *septe bris, coupé *septebris aurait entraîné *octo-bris; puis à l'analogie d'octobris, le premier membre de *septebris etc... aurait été refait en septembris. Bien d'autres hypothèses ont été imaginées, qu'il serait oiseux de rapporter, toutes s'accordant en tout cas à éloigner -ber de *-dhro-. Selon la dernière en date, due à E. Benveniste, -ber dans les noms de mois pourrait être d'origine étrusque (Guy Serbat, Les Dérivés nominaux latins à suffixe médiatif, 1975 - books.google.fr).

 

De quand date alors la mort de Philopator ? Il faut, pour répondre à cette question, reprendre et préciser le fil des événements: Velleius Paterculus nous informe que César, fait prisonnier par les pirates en hiver, parvint, le lendemain de sa libération contre rançon, à capturer ceux-ci et qu'il se rendit alors chez le proconsul Iuncus en Bithynie «idem enim Asiam eamque obtinebats. L'hiver dont il s'agit ne peut être que celui des années 75/4 av. J.-C., étant donné qu'en 74/3 av. J.-C. le nouveau gouverneur de la province de Bithynie est le proconsul Cotta (François de Callataÿ, LES DERNIERS ROIS DE BITHYNIE : PROBLÈMES DE CHRONOLOGIE, CXXXII, Revue belge de numismatique, 1986 - numisbel.be).

 

"laschés"

 

SED ut primum instantibus curis laxatus est animus, militarium rerum, quam quietis otiique patientior; excepere eum voluptates… (Quinte Curce, Histoires, Livre VI, Chapitre 2) (Quintus Curtius Rufus, De Rebus Alexandri Magni : Cum Commentario perpetuo & Indice absolutissimo, 1685 - books.google.fr).

 

Mais aussitôt que son esprit fut affranchi des soins pressants qui l'occupaient, ce prince, mieux fait pour les travaux de la guerre que pour le repos et l'oisiveté, se laissa aller aux plaisirs; et, invincible aux armes des Perses, il fut vaincu par leurs vices. Des festins aux heures les moins permises, une passion insensée pour l'excès du vin et des veilles, des jeux, des troupes de courtisanes, tout annonçait en lui le passage aux moeurs étrangères. En les adoptant comme préférables à celles de son pays, il choqua si fort les yeux et les esprits des Macédoniens, que parmi ses amis beaucoup voyaient en lui un ennemi. En effet, des hommes fidèles à leur éducation et accoutumés à satisfaire simplement et à peu de frais les besoins de la nature, étaient entraînés par son exemple dans les vices étrangers, dans les corruptions des nations vaincues. De là, les complots fréquents contre sa vie, les mutineries des soldats, la liberté des entretiens où leur ressentiment se donnait un libre cours; de là aussi sa colère, les soupçons que faisait naître en lui un crainte sans motif, et d'autres semblables faiblesses dont nous allons être témoins (Quinte-Curce, Histoires, Livre VI - bcs.fltr.ucl.ac.be).

 

"Oppi", "Mandragora"

 

Le suc épaissi du papaver somniferum employé en médecine et comme soporifique est appelé : "opion", grec ancien; opium, latin; papaveris lacrima, sopora, latin de la fin du Ve siècle, MARCELLUS EMPIRICUS, cité par MEYER, Gesch. d. Bot; oppium, opion, latin du Moyen-Age, opium, m., français. (Flore populaire, ou, Histoire naturelle des plantes dans leurs rapports avec la linguistique et le folklore, Tome 1, 1896 - books.google.fr).

 

"Pertinax" pour "tenax" ? (un pied de plus pour la prosodie) dans le livre II des Géorgiques de Virgile :

 

Media fert tristes succos tardumque saporem

Felicis mali, quo non præsentius ullum,

Pocula si quando sævæ infecere novercæ,

Miscueruntque herbas, et non innoxia verba,

Auxilium venit, ac membris agit atra venena.

Ipsa ingens arbos, faciemque simillima lauro;

Et, si non alium late jactaret odorem,

Laurus erat folia haud ullis labentia ventis,

Flos apprima tenax : animas et olentia Medi

Ora fovent illo, et senibus medicantur anhelis.

 

La Médie produit cette pomme fortunée, dont le jus amer et froid est le plus prompt de tous les secours, pour chasser des veines de l'orphelin le noir poison, que sa cruelle marâtre a mêlé dans son breuvage. L'arbre est grand, et ressemble beaucoup au laurier : ce serait le laurier même, sans une odeur toute différente qu'il exhale au loin. Sa feuille résiste à tous les efforts des vents, sa fleur tient fortement à la branche. Les Mèdes en prennent dans la bouche, pour corriger la mauvaise haleine, et les vieillards asthmatiques s'en trouvent soulagés (Vigile, Les géorgiques, traduit par E.L. Frémont, 1843 - books.google.fr).

 

Dans la suite, mais très-jeune encore, fait prisonnier par des pirates, Jules César parvint à leur inspirer autant de crainte que de respect pendant tout le temps qu'il fut entre leurs mains; et, s'il m'est permis de citer un fait, qui, pour ne pouvoir être exprimé en beau langage, ne mérite pas moins d'être mentionné, j'ajouterai qu'il n'arriva jamais à César de se déchausser ou de défaire sa ceinture, de peur que le moindre changement dans ses habitudes ne le rendit suspect aux pirates, qui se contentaient de le garder à vue.

 

XLII. Il serait trop long de rappeler tout ce qu'il conçut de projets hardis, et tout ce que tenta, pour le faire échouer, le timide gouverneur de l'Asie. Je me bornerai à rapporter le trait suivant, qui révélait déjà un grand caractère : Le soir même du jour où les villes d'Asie payèrent sa rançon aux pirates, qui s'étaient vus contraints par leur prisonnier à livrer des otages, César, rassemblant à la hâte et de sa propre autorité quelques vaisseaux, surprit les brigands dans leur retraite, dispersa une partie de leurs vaisseaux, coula l'autre, s'empara du reste, et força un grand nombre de corsaires à se rendre; puis, satisfait de son expédition et de sa victoire nocturne, il rejoignit les siens (C. Velléius Paterculus, traduit par J. J. Dubochet, Collection des Auteurs Latins, 1854 - books.google.fr).

 

CESAR étant sur mer, pour aller trouver Nicomède, fut pris sur la côte de Malée par des Pirates de Cilicie, qui lui demandérent une rançon considérable. Cesar leur promit le double de ce qu'ils demandoient. Ils abordérent à Milet, au-dehors des murs. César envoïa dans la Ville Epicrate, Esclave Milesien, qui étoit à son service, & pria par lui les Milésiens de lui prêter de l'argent. On lui envoïa dans le moment tout ce qu'il demandoit. Epicrate avoit eu ordre en même tems de préparer un grand festin, avec une cruche pleine d'épées, & du vin mêlé au de suc de mandragore. César compta aux Pirates la double rançon qu'il leur avoit promise, & leur présenta le Festin qui leur avoit été préparé. Les Pirates joïeux de voir une si grosse somme, acceptérent le régal, & bûrent amplement. La quantité de vin qu'ils prirent, & la mixtion qu'il y avoit, les livrérent au sommeil. César les voïant endormis, les fit tuer, & rendit sur le champ aux Milésiens l'argent qu'ils lui avoient prêté (Les Ruses De Guerre De Polyen Avec Les Stratagesmes De Frontin, Tome 2, 1743 - books.google.fr).

 

"Oppi" : Oppius

 

COTTA (Marcus Aurelius), général romain, frère des deux précédents, vivait vers 80 avant J.-C. Il fut élu consul en 74, avec L. Licinius Lucullus. Dans cette année même éclata la guerre contre Mithridate. Tandis que la conduite de la guerre était confiée à Metellus, Cotta obtint la Bithynie pour province et une flotte pour protéger la Propontide. Quand Mithridate marcha sur la Bithynie, Cotta se retira vers Chalcédoine, où stationnait sa flotte. La bataille s'engagea aux environs de cette ville. Cotta, complétement vaincu sur terre et sur mer, perdit soixante-quatre vaisseaux et fut forcé de s'enfermer dans Chalcédoine, où Mithridate ne l'assiégea pas. Pendant cette campagne désastreuse, le consul romain renvoya son questeur P. Oppius, qu'il soupçonnait d'entretenir des relations avec Mithridate; et de retour à Rome, il l'accusa de trahison. Oppius fut défendu par Cicéron. Plus tard Cotta, accusé par C. Carbon d'avoir commis des extorsions en Bithynie, fut condamné. Son fils, M. Aurelius Cotta, le jour même où il prit la robe virile, vengea son père en accusant à son tour C. Carbon. Tite-Live, Epit., 93. - Eutrope, VI, 68. - Salluste, Fragm. Hist., t. IV. Plutarque, Lucullus, 5, 6, 8. Cicéron, In. Verr., V, 13; Pro Murena, 13; Pro Oppio. - Dion Cassius, XXXVI, 23. - Appien, Mithridates, 71. Valère Maxime, V, 4. (Nouvelle biographie universelle depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Tome 12, 1856 - books.google.fr).

 

C'est une cause d'un intérêt général : P. Oppius était questeur du consul M. Aurelius Cotta, dans la guerre contre Mithridate, l'an 680 de Rome; la Bithynie eut beaucoup à souffrir des exactions de ces deux magistrats, qui étaient sans cesse en querelle pour le partage de leurs vols. Oppius demanda à quitter son chef : Cotta refusa; Oppius insista : Cotta fut inexorable. Alors, si l'on en croit Salluste, Oppius, voyant que les prières n'obtenaient rien, essaie timidement de tirer un poignard caché sous sa robe. Cotta et Vulscius retiennent sa main. Était-ce pour assassiner le consul ? était-ce pour se poignarder ? C'est ce qui jamais n'a été bien éclairci. Quoi qu'il en soit, le proconsul chassa de la province, comme concussionnaire et comme traître, Oppius, qui fut accusé du crime de lèse-majesté. Cicéron se chargea de le défendre. Quintilien (passim) et Dion Cassius (liv, xxxvi) nous apprennent qu'Oppius avait été dénoncé sur une simple lettre de Cotta. A cette occasion le rhéteur latin, donnant des préceptes sur la manière de qualifier l'accusation, nous apprend que Cicéron établissait qu'elle avait le caractère de l'orgueil, puisqu'elle reposait uniquement sur une lettre de Cotta (liv. v, ch. 13, de la Réfutation) (Cicéron, Å’uvres complètes, Volume 21, 1834 - books.google.fr).

 

"croisés" : crucifiés

 

CROISER v. act. Mettre, disposer quelque chose en forme de croix (Dictionnaire de l'Académie françoise, A-K : Tome 1, 1822 - books.google.fr).

 

Après avoir mis ses prisonniers sous bonne garde, Jules César se rendit en Bithynie, auprès de Junius, proconsul d'Asie, pour lui demander l'autorisation de livrer les pirates au supplice. Sur le refus de Junius qui, non moins jaloux que lâche, déclara qu'il ferait vendre les captifs, César revint sur les bords de la mer en telle diligence, que tous les corsaires furent mis en croix avant l'arrivée de l'ordre du proconsul (C. Velléius Paterculus, traduit par J. J. Dubochet, Collection des Auteurs Latins, 1854 - books.google.fr).

 

César fut pris par des pirates près de Pharmacuse, petite île de l'archipel des Sporades, à l'entrée du golfe d'Iassus. Ces pirates, malgré la campagne de P. Servilius Isauricus, infestaient toujours la mer avec des flottes nombreuses. [...] Cette île, appelée aujourd'hui Fermaco, est à l'entrée du golfe d'Assem-Kalessi. Pline et Étienne de Byzance sont les seuls géographes qui la mentionnent, et le dernier nous apprend en outre que c'est là qu'Attale (non Attalide), le célèbre lieutenant de Philippe de Macédoine, fut tué par ordre d'Alexandre.

 

César alla ensuite à Rhodes suivre les leçons d'Apollonius Molon, le plus illustre des maîtres d'éloquence de cette époque, qui déjà était venu à Rome, en 672, comme ambassadeur des Rhodiens. Vers le même temps, le proconsul M. Aurelius Cotta, un de ses oncles, avait été nommé gouverneur de la Bithynie, léguée par Nicomède au peuple romain, et chargé avec Lucullus de s'opposer aux nouveaux envahissements de Mithridate. Cotta, battu sur terre et sur mer près de Chalcédoine, se trouvait dans de grands embarras, et Mithridate s'avançait contre Cyzique, ville alliée que délivra plus tard Lucullus. D'un autre côté, un lieutenant du roi de Pont, Eumaque, ravageait la Phrygie, où il massacrait tous les Romains, et s'emparait de plusieurs provinces méridionales de l'Asie Mineure. Les bruits de guerre, les périls que couraient les alliés, enlevèrent César à ses études. Il passa en Asie, leva des troupes de sa propre autorité, chassa de la province le gouverneur du Roi, et retint dans l'obéissance les cités dont la foi était douteuse ou ébranlée. Pendant qu'il guerroyait sur les côtes d'Asie, à Rome ses amis ne l'oubliaient pas, et, pénétrés de l'importance pour César d'être revêtu d'un caractère sacré, ils le firent nommer pontife à la place de son oncle L. Aurelius Cotta, consul en 680, mort subitement en Gaule l'année suivante. Cette circonstance l'obligea de retourner à Rome (Napoléon III, Histoire de Jules César, Tome 1, 1865 - books.google.fr).

 

"Cheramon agora" : Dionysos et Cyrus le Jeune

 

La ville de Keramon Agora est cité par Xénophon dans Anabase (1.2.7), qui relate le périple de Cyrus le Jeune, de Kolossai à Kelainai. Keramon Agora serait proche de la ville actuelle d'Ushak, appelée Ousakeion aux époques classique et byzantine (en.wikipedia.org - Ushak, upload.wikimedia.org - Carte de l'Anabase, Pierre Debord, Les routes royales en Asie Mineure Occidentale. In: Pallas, 43/1995 - www.persee.fr).

 

Keramon Agora, "the market of the Ceramians", is a "populated place". Ceramon Agora is the nearest town of Phrygia to the borders of Mysia. From Ceramon Agora to the plain of Cayster, which Xenophon calls an inhabited city, was 30 parasangs. (William Smith, Dictionary of Greek and Roman Geography, 1854 - books.google.fr).

 

Keramôn Agora est un lieu connu uniquement par l'Anabase de Xénophon, dont l'existence à l'époque romaine n'est attestée par aucun témoignage. Parfois identifié à Akmonia (T. Drew-Bear, Problèmes de la géographie historique en Phrygie, Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, 1980 - books.google.fr).

 

Akmon, fondateur de la ville d'Akmon selon Etienne de Byzance, est décrit par Nonnos comme un corybante phyrgien de la troupe de Bacchus qui part à la conquête de l'Inde, dans ses Dionysiaques. Le dieu figure sur les monnaies de la ville à l'époque impériale (Louis Robert, Nonnos et les monnaies d'Akmonia de Phrygie. In: Journal des savants, 1975, n°3-4. pp. 153-192. - www.persee.fr).

 

Cicéron mentionne la ville d'Akmonia dans son discours Pro Flacco :

 

Mais puisque j'ai parlé en général des inculpations de toute l'Asie, je vais m'occuper à présent de chaque ville en particulier. Nous prendrons d'abord la ville d'Acmone. L'appariteur appelle à haute voix les députés d'Acmone. Mais je ne vois paraître que le seul Asclépiade: que les autres paraissent. Avez-vous forcé, Lélius, même l'appariteur, de mentir? Asclépiade, je le crois, oui, Asclépiade est un homme d'un assez grand poids pour représenter toute sa ville, lui qui, dans sa ville même, a subi d'infamantes condamnations; lui dont le nom n'est porté sur les registres publics qu'avec des notes flétrissantes. Ses adultères et ses infamies sont consignés dans les registres d'Acmone: je ne les ferai pas lire, à cause de la longueur des articles, et plus encore à cause de l'obscénité des termes. Il a dit, dans sa déposition, que la ville avait payé deux cent six mille drachmes. Il l'a dit sans produire ni preuve ni témoin; mais il a ajouté ce qu'assurément il aurait dû prouver, puisque la chose lui était personnelle, qu'il avait payé en son nom une pareille somme. L'impudent! on lui a enlevé plus qu'il ne souhaita jamais de posséder. Il prétend avoir remis cette somme par les mains de Sextilius et par celles de ses frères. Sextilius a pu la remettre; pour ses frères, ils partagent son indigence. Écoutons donc Sextilius: que les frères eux-mêmes paraissent, qu'ils mentent aussi effrontément qu'ils voudront, qu'ils disent avoir remis ce qu'ils n'eurent jamais; s'ils se présentent, leurs propres paroles fourniront peut-être de quoi les confondre. Je n'ai pas, dit-il, amené Sextilius. Montrez les registres. Je ne les ai pas apportés. Faites au moins paraître vos frères. Je ne les ai pas sommés de venir. Ainsi donc, ce que le seul Asclépiade, accablé de misère, décrié pour sa vie, diffamé par des arrêts, soutenu seulement de son audace et de son impudence, a dit au hasard, sans registres et sans autorité, nous le redouterons comme une accusation réelle, comme une déposition authentique? Le même homme disait que le témoignage produit par nous, et donné en faveur de Flaccus par les habitants d'Acmone, n'était d'aucun poids: certes, nous devions souhaiter que cette pièce eût été perdue. En effet, dès que cet illustre représentant de sa ville eut aperçu le sceau public, il nous dit que ses citoyens et les autres Grecs scellaient tout ce qu'on voulait, selon le besoin de la circonstance. Gardez, Asclépiade, gardez le témoignage de votre ville: les mœurs et la réputation de Flaccus n'ont pas besoin d'un tel appui. Vous m'accordez un point essentiel à cette cause; c'est qu'il n'y a rien de solide, rien de suivi, rien d'assuré dans le témoignage des Grecs; qu'il ne faut ajouter aucune foi à ce qu'ils attestent. Voici pourtant ce qu'on peut conclure de votre témoignage et de vos discours: ces peuples ont fait peut-être quelque chose pour Flaccus absent; tandis que pour Lélius présent, qui agissait par lui-même, suivant la rigueur de la loi et le droit d'accusateur, qui de plus effrayait et menaçait de son crédit, ils n'ont rien écrit, rien scellé par complaisance ou par crainte (Cicero, Pro Flacco 15,34) (remacle.org - Cicéron, Pro Flacco, en.wikipedia.org - Acmonia).

 

C'est que dès le temps d'Homère la Phrygie était toute plantée de vignes (HOMÈRE, Iliade, III, 401; XI, 184; etc.) (Georges Perrot, Charles Chipiez, Histoire de l'art dans l'antiquité, Tome 5 : Perse, Phrygie, Lydie et Carie, Lycie, 1890 - books.google.fr).

 

Dans l'Iliade, le vin sert pour laver et panser les blessures ainsi que pour donner l'ardeur aux troupes avant comme après le combat. Il est lié au courage physique; Achille offre du vin "fort" aux guerriers. Il fait d'ailleurs partie de la ration du soldat; comme plus tard dans l'Anabase de Xénophon (Pierre C. Lile, Miscellanées d'histoire de la médecine, 2023 - books.google.fr).

 

Dans la tragédie d'Euripide Les Bacchantes, il existe des rapports entre la Perse et la Béotie; c'est Dionysos qui sert de trait d'union d'un pays à l'autre : il a quitté la Lydie pour venir à Thèbes (13 ss.); il apporte son culte de Phrygie en Grèce (86-7); Penthée le considère comme un charlatan venu de Lydie (234); mais lui se vante d'avoir la Lydie pour patrie (464); Penthée se considère quelque peu le défenseur de la cause grecque contre les mÅ“urs déraisonnables des Barbares (483); le chÅ“ur, enfin, est composé de Lydiennes (55 ss., 1034, 1168), originaires du Tmolos (55, 65). De tels rapports sont intentionnellement soulignés par le poète, et leur sens politique apparaît probable parce que l'auteur songe manifestement aux Guerres Médiques (1333-4, 1354-6). On est surpris que l'allusion, puisqu'il en existe une, soit vieille de trois quarts de siècle ? Défions-nous d'une première impression, car il est possible, en réalité, que l'allusion aux Guerres Médiques en voile une autre, beaucoup plus fraîche, à la guerre contemporaine. On demeurerait dans l'incertitude sur le sens à donner au problème barbare et aux relations entre la Béotie et la Perse, si un indice assez précis ne venait indiquer la valeur moins mythologique que politique des allusions.

 

On se rappelle qu'Iphigénie en Aulis faisait songer en un point (952) à la politique de Cyrus résidant à Sardes. Quelques nouvelles indications, sur les mÅ“urs ou la géographie de la Perse, rénovent cette allusion en la précisant. Euripide évoque les subsides perses, qui jouent alors un rôle important dans la Guerre d'Ionie, lorsqu'il parle de la Lydie où l'or abonde (13, 154), et de ce «rempart de la Lydie», le Tmolos, dont les jeunes filles du chÅ“ur sont originaires (55, 154, 462), et qui donne naissance au Pactole. Le poète songe sans doute aux moyens largement employés par Cyrus le Jeune pour faire la guerre, sans coup férir, contre Athènes : il lui suffisait de payer, plus ou moins grassement selon les époques, les soldats ou matelots au service des Péloponnésiens pour débaucher les hommes de la flotte athénienne. Les dernières années du conflit se sont déroulées sous le signe de la misère financière à Athènes, et c'est la raison pour laquelle Alcibiade devait essayer par tous les moyens, avant comme après sa destitution, de trouver, grâce à des prises, de quoi solder les matelots d'une flotte réelle ou à venir. Cette interprétation se confirme par une allusion à Sardes même, accompagnée d'une description résumée mais fidèle de sa situation topographique : Penthée déclare qu'il connaît le Tmolos; il le prouve en ajoutant qu'«il entoure en amphithéâtre la ville de Sardes» (463). Si Euripide peut faire preuve d'une telle précision, inutile au surplus à l'action, ce n'est pas qu'il soit allé Tmolos et de Sardes. Et s'il a entendu parler de ces lieux, c'est évidemment qu'il écrit à une époque où Sardes, la capitale de Cyrus le Jeune, est à l'ordre du jour. On peut juger que ces indices n'ont pas un caractère décisif. En effet, l'auteur ne les colore pas beaucoup; mais ils sont assez nombreux pour donner à penser que, comme dans Iphigénie en Aulis, le poète s'inquiète encore du péril perse, et regrette cette collusion entre les Barbares et les Thébains, que nous ne connaissons pas directement par d'autres témoignages, mais qu'on a tout lieu de supposer, puisque la politique de Thèbes fut étroitement liée à celle de Sparte jusqu'à la chute d'Athènes. Les mêmes observations indiquent encore qu'Euripide écrivit probablement les Bacchantes après Iphigénie en Aulis : l'atmosphère plus purement macédonienne, la prolongation des soucis du côté perse, permettent de conjecturer sans invraisemblance qu'Euripide écrivit sa tragédie dans l'année 407 (Édouard Delebecque, Euripide et la guerre du Péloponnèse, 1951 - books.google.fr).

 

Toute la marche que Cyrus avait faite jusqu'ici en partant de Sardes, comprenant la route de Keramôn-Agora à Kaystru-Pedion, suivait la grande route de Sardes vers le fleuve Halys, la Kappadokia et Suse (George Grote, Histoire de la Grèce depuis les temps les plus reculés jusqu'à la fin de la génération contemporaine d'Alexandre le Grand, Tome 13, 2023 - books.google.fr).

 

Dionysos

 

Une légende populaire relative à Bacchus est celle-ci. Ayant voulu se rendre d'Icarie à Naxos, il loua un navire à des pirates tyrrhéniens; mais ceux-ci, au lieu de voguer vers Naxos, firent voile vers la côte d'Asie, pour y vendre leur passager comme esclave. Pour les punir, le dieu changea en serpents le mât et les avirons du navire, et se transforma lui-même en lion. Les pirates, saisis d'effroi, s'élancèrent dans la mer, où ils furent métamorphosés en dauphins (Dictionnaire des noms propres, ou Encyclopédie illustrée de biographie, de géographie, d'histoire et de mythologie, Tome 1, 1876 - books.google.fr).

 

Der Kult des pergamenischen Dionysos Kathegemon findet sich später in Philadelpheia (Denkschr. 53 [1910] S. 28 Nr. 42; MAI XX [1895] S. 243 f.), Thyateira (BCH XI [1887] S. 102), bei Sardes (Buresch S. 11ff. Nr. 8) und Keramon-Agora (Cities S. 644 Nr. 546) (Ancient History pamphlets, Tome 1, 1851 - books.google.fr).

 

Le lien de Silène avec le théâtre est d’autant plus fort qu’en Asie Mineure, particulièrement à Pergame et à Éphèse, un Dionysos très particulier était honoré : il s’agit de Dionysos Kathegemon, un dieu ancestral de la dynastie des Attalides. Dieu du théâtre, il rassemblait autour de lui des fidèles – les mystes – fédérés en associations. Deux inscriptions mentionnent des mystes – «au costume poilu»; un relief honorifique est même orné d’un homme qui danse, tenant le thyrse, vêtu de ce maillot poilu. Ces costumes ont donc servi aussi dans les associations d’initiés, pour se déguiser en Silènes, et interpréter ce rôle dans le culte qu’ils rendaient à Dionysos (Faire le Satyre en maillot poilu, 2020 - www.fg-art.org).

 

Dionysos et Alexandre

 

Nonnos n'a pas manqué de précurseurs ni de modèles pour chanter les exploits de Dionysos. Depuis le début de l'ère hellénistique, le dieu occupe l'une des premières places dans le panthéon. Alexandre est son émule et se fait le propagateur de son culte; en retour, la guerre dionysiaque des Indes emprunte aux campagnes du fils d'Olympias et en devient le prototype mythique; elle bénéficie largement de la faveur dont la geste d'Alexandre jouit auprès des historiens et des romanciers. Les souverains d'Alexandrie se parent du titre de "Neos Dionysos" (Les Dionysiaques de Nonnos : Chants I et II, 2003 - books.google.fr).

 

Acrostiche : ASLR, ASiLiR

 

"Her koyun kendi bacagindan asilir" littéralement : "Chaque mouton est pendu par sa propre patte" ("asilir" : "être pendu) (Samaoullah Sana, La structure religieuse, Jahrbuch des Bernischen Historischen Museums in Bern, Volumes 47 à 48, 1967 - books.google.fr).

 

Comme furent pendus, à une croix, les pirates de César.

 

"personne ne répond pour un autre" à chacun ses actions, à chacun sa sentence (Amédée Thierry, St. Jean Chrysostome et l'Impératrice Eudoxie, 1874 - books.google.fr).

 

A rapprocher de rendre à César ce qui est à César.

 

Le proverbe turc est repris par un prêtre grec du XVIIe siècle Synadinos qu'il développe :

 

Lorsqu'ils égorgent un mouton, ils ne le pendent pas à la jambe d'un autre, mais seulement à la sienne; et ainsi le Dieu saint fait la même chose pour nous, Il ne nous punit pas pour les péchés des autres, c'est seulement quand quelqu'un pèche que Dieu le punit (Conseils et mémoires de Synadinos, prêtre de Serrès en Macédonie (XVIIe siècle), Tome 1, traduit par Paolo Odorico, 1996 - books.google.fr).

 

Synadinos, prêtre de Serrès en Macédoine (1600 - après 1658), membre de la petite «aristocratie» locale et riche commerçant, a laissé un important ouvrage de Mémoires qu'il rédigea, pendant une épidémie de peste, composé d'épisodes historiques, de conseils, de prêches, de considérations sur la religion (Paolo Odorico, Conseils et récits d'un gentilhomme Byzantin de Kékauménos, 2016 - books.google.fr).

 

En Macédoine, Serrès est non loin de Philippes (Philippe Godet, Frédéric Godet (1812-1900): D'après sa correspondance et d'autres documents inédits, 1913 - books.google.fr).

 

Restée une petite cité durant l'Antiquité et le Moyen Âge, Philippes est rarement citée dans les textes anciens, sauf pour les deux batailles importantes eurent lieues en 42 av. JC résultant dans la défaite de Cassius et de Brutus, les conspirateurs de l'assassinat de Jules César. Cette défaite sonne le glas des espoirs du Sénat de préserver le régime républicain (fr.wikipedia.org - Bataille de Philippes).

 

Acrostiche : ASLR, ASyLaRis

 

"asylaris", terme construit tardivement sur le grec "asulon" (Franz Albrecht Pelzhoffer, Arcanorum status: liber quartus, quintus & sextus, videlicet de legationibus, confoederationibus, aerario, sive opibus publicis, Volumes 4 à 6, 1600 - books.google.fr).

 

Dans la Grèce antique, par référence explicite au grec "asulon", (de a- privatif + "sulaô" piller : «que l’on ne peut piller», où l’on ne peut prélever de butin, inviolable), on parle de droit d'asyle ou asylie pour différencier cette notion, vivace durant toute l'antiquité, du droit d'asile moderne. L'asylie est définie comme le droit d'échapper à la saisie violente (fr.wikipedia.org - Droit d'asile).

 

Acrostiche : RLSA, ReLiSA

 

On lit l'acrostiche à rebours comme on remonte le temps sur les 4 vers.

 

"relisa" (de "relido" : frapper) est un terme employé par l'auteur chrétien Prudence au sujet du martyr de Cassien d'Imola (Forum Corneliensis). Il donne comme fondateur de cette ville de la Gaule cispadane Sylla (c'est le premier mot de Peristephanon 9) alors qu'il s'agirait de P. Cornelius Cethegus (en -181). Le Martyrologe Romain l'appelle Forum Sylla. C'est en allant à Rome pour des motifs fiscaux que Prudence se recueille devant le tombeau de Cassien (Pierre-Yves Fux, Les sept passions de Prudence : (Peristephanon 2.5.9. 11-14) ; introduction generale et commentaire, 2003 - books.google.fr, François Catrou, Histoire Romaine, Tome 17, 1732 - books.google.fr).

 

Cicéron et César ont fuit tous les deux Sylla pour l'Asie.

 

Sylla ou Sulla, en latin Lucius Cornelius Sulla (Felix à la fin de sa vie), né en 138 av. J.-C. et mort en 78 av. J.-C., est un célèbre général et homme politique romain de la fin du IIe et du début du Ier siècle av. J.-C. (fr.wikipedia.org - Sylla).

 

Cicéron parle de Forum Cornelii dans une lettre de 710 a. U. c. adressée à Cassius (cf. Cassien) alors qu'Octave y était stationné dans la guerre menée avec Antoine contre les Républicains de Brutus (Oeuvres complètes de Cicéron, 1821 - books.google.fr).

 

Le droit d'asylie

 

Le principal droit qui amène à cette confusion est le droit de représailles qui autorisait un particulier, agissant le plus souvent avec l’aval des pouvoirs publics, à pénaliser les étrangers là où il pouvait les atteindre pour des torts commis par eux-mêmes ou par leurs communautés d’origine : soit par la saisie de leurs biens (sylon, au pluriel syla), soit également par la saisie de leur personne (androlepsia). Pour éviter cela, les étrangers pouvaient se faire octroyer par les cités qu’ils pouvaient visiter une «asylie» à titre temporaire ou définitif : c’est-à-dire le privilège d’échapper aux saisies (syla) résultant du droit de représailles qui pouvait être valable en temps de paix mais aussi en temps de guerre. Lorsqu’il sont attribués à titre personnel, ces privilèges font l’objet d’un décret de l’assemblée du peuple. Mais ils peuvent aussi être octroyés à toute une collectivité, notamment pour les sanctuaires, soit par décret, soit à la suite d’une convention bilatérale.

 

Les termes les plus fréquemment utilisés sont lèstaï et peirataï. Ils concernent aussi bien les brigands (terrestres) que les pirates (maritimes). Il n’existe pas non plus de termes dans le vocabulaire grec pour distinguer la «course» de la «piraterie». La piraterie antique est assimilée à un mode d’acquisition des richesses par la force, les pirates étant des brigands, ils vivent de leurs rapines. Mais ils sont aussi, à l’époque, parfois associés aux forces armées régulières d’États souverains, cités ou royaumes. Longtemps, la condition des pirates ne souleva aucune réprobation, comme le montre l’accueil réservé dans l’Odyssée (fr.wikipedia.org - Piraterie à l'époque hellénistique).

 

Cicéron en Asie

 

Cicéron, nommé proconsul de Cilicie en 51-50 av. J.-C., devra mener une campagne contre les montagnards brigands du mont Amanus et s'emparer des forteresses de Sepyra, Commoris, Erana, et six autres repaires, et enfin de leur citadelle de Pindenissum qui avait résisté à tous les efforts des royaumes précédents (fr.wikipedia.org - Piraterie à l'époque hellénistique).

 

Comme on avoit en faveur de Cicéron, détaché trois païs de l'Asie, pour être joints à son gouvernement de Cilicie; on lui avoit aussi donné par honneur avec le com. mandement de l'armée, deux Thrésoriers: l'un pour les quatre anciennes parties de ce gouvernement, la Cilicie propre, la Pamphilie, la Licaonie, & ce qui étoit de la grande Phrygie au delà du Meandre: & l'autre pour les trois parties nouvellement ajoûtées, qui étoient, les païs de Laodicée, de Cocyre, & d'Apamée, villes de Phrygie dans l'Asie Mineure (Les Lettres De Ciceron à Ses Amis, Tome 1, 1709 - books.google.fr).

 

On peut comprendre "Mandragora" comme un "Meander agora", ville du Méandre comme Antioche, Magnésie et Tralles. Autrement la mandragore est citée par la Vulgate en Génèse 30,14 pendant le séjour de Jacob chez Laban à Haran qui serait la ville de Carrhes.

 

A Carrhes, le triumvir Crassus est défait par les Parthes en -53.

 

P. Crassus, fils du triumvir, après avoir, comme lieutenant de César, conquis le pays entre la Seine et la Loire, et toute l'Aquitaine, se rendit à Rome avec un grand nombre de soldats, pour appuyer Pompée et Crassus, son père, dans la demande d'un second consulat. Blessé à la bataille où les Parthes détruisirent l'armée romaine, il se fit tuer par son écuyer. (Voyez l'Hist. rom. de Rollin et de Crevier, et Plutarque, Vie de Crassus). Alexandre et Cyrus le jeune étaient les modèles de Crassus le fils, non qu'il ambitionnât leur sort, mais parce qu'il voulait, comme eux, aller trop vite dans la carrière de l'ambition, ne pas la parcourir, mais la franchir, s'élancer tout d'un saut de la barrière jusqu'au but (Jean Louis Burnouf, Les Catilinaires et le dialogue sur les orateurs illustres de Cicéron, 1826 - books.google.fr).

 

César et Pergame

 

Mithridate fut un ami de César et le sauva durant la guerre d'Alexandrie en venant à son secours avec un contingent d'alliés qu'il avait lui-même recrutés et conduits jusqu'en Égypte. Il reçut de lui, après la victoire de Zéla (juin 47), l'ancien royaume de Pharnace. Lui qui passait pour un bâtard de Mithridate mourut en essayant de recouvrer son royaume. Pergame, grâce à lui, retrouva la liberté dont elle avait été privée depuis la guerre de Mithridate Eupator. Cela explique qu'il y ait reçu le culte héroïque réservé de toute antiquité aux fondateurs de villes (Jean-Marie Bertrand, Inscriptions historiques grecques, 1992 - books.google.fr).

 

Mithridatès fut d'ailleurs parfois considéré comme le fils illégitime de Mithridate VI (Strabon, XIII, 4, 3). Si Adobogiôna est clairement une femme de haute noblesse, descendante des tétrarques de Galatie, on peut s'interroger sur le père de Mithridatès, Mènodotos : étant donné son mariage avec elle , il devait être un très grand notable de Pergame (un descendant des Attalides ?) et, d'autre part, Mithridatès était «prêtre de Dionysos Kathègémôn par par ses ancêtres» (AM 34, 1909, p. 330) : il s'agit d'une prêtrise très prestigieuse à Pergame, probablement liée au culte des Attalides, et dont les tenants étaient nommés à vie et faisaient toujours partie de la famille attalide, ou en étaient, à l'époque républicaine, des descendants. Les ancêtres de Mènodotos étaient de hauts dignitaires de la monarchie attalide, et des personnages importants de la cour du roi : l'inscription AvP VIII 1 , n ° 247 , qui date du règne d'Attale II, mentionne en effet un certain Mènodotos, qui endossa la charge de prytane : Mithridatès étant né dans les années 80, il est probable que ce personnage fut son grand-père, ou un autre membre de la famille des Mènodoti. En tout cas , cela montre l'ancienneté de cette famille et son prestige, qui remonte à l'époque royale (Olivier Ventroux, Pergame: Les élites d’une ancienne capitale royale à l’époque romaine, 2022 - books.google.fr).

 

A je ne sais quel de ses partisans de Pergame (De la Divination Livre II, XXXVII) : Cicéron parle ici avec bien du dédain de ce Mithridate à qui César confia la tétrarchie des Trogméens prise au roi Dejoratus qui s'allia à Pompée après consultation d'augures aviaires, et cependant nous savons par Hirtius (Guerre d'Alexandrie, ch. LXXVIII) qu'il était digne de cette faveur de César, tant par son zèle et son activité, que par son illustre naissance. Il était de race royale et avait été emmené fort jeune de Pergame, sa patrie, par Mithridate, roi de toute l'Asie, qui lui donna une éducation conforme à son rang et le garda plusieurs années (Philip Aimé de Golbéry, Jacques Mangeart, Oeuvres complètes de Cicéron, Tome 31 : De la divination, 1840 - books.google.fr).

 

Mithridatès apparaîtrait encore dans le Pro Flacco de Cicéron, comme témoin dans le procès de Flaccus en -59 (David Magie, Roman Rule in Asia Minor, Volume 2 (Notes): To the End of the Third Century After Christ, 2017 - books.google.fr, Cicéron, Plaidoyer pour L. Flaccus, traduit par M. Nisard, -59 - remacle.org).

 

César et Bacchus

 

BACCHUS, le dieu du vin chez les Grecs et chez les Romains. Quoique l'étymologie du mot Bacchus soit grecque, car il dérive de Iacchos, qui vient de iakchein, crier, hurler, les Grecs donnaient à ce dieu le nom de Dionysos (dieu de Nysa), et les Romains seuls le désignaient sous celui de Bacchus.

 

Bacchus fut admis dans le panthéon de Rome. Les mystes de Bacchus, les Dionysiastes, avaient, autrefois, été persécutés, traqués, exécutés par le Sénat; et, pendant plus d'un siècle après la condamnation portée contre eux par le sénatus-consulte des Bacchanales, ils avaient été réduits à se cacher. Ils reçurent de César le droit de pratiquer leur religion au grand jour; et, à proprement parler, ainsi que nous l'indique Servius en une glose à la 5° Eglogue de Virgile, César fut le premier à transporter publiquement à Rome les consécrations dionysiaques : Caesarem constat primum sacra Liberi patris transtulisse Romam. Mais ce qui révèle le mieux ce qu'il y avait de moderne ou plutôt pour nous d'éternel - dans les conceptions de César en matière religieuse, ou pour tout dire du mot qui traduit la réalité qu'il aura fondée, dans la tolérance de Jules César, c'est son attitude à l'égard des Juifs. Le problème que ces zélateurs d'un monothéisme farouche posaient à l'homme d'Etat romain semblait insoluble. Car enfin si Isis pouvait faire bon ménage avec Dionysos, si, étant donnée l'élasticité du polythéisme, le culte de Mithra n'était pas foncièrement inconciliable avec celui de Jupiter Capitolin, au contraire Iahveh n'admettait ni concurrence, ni partage avec aucune des idoles païennes. Il y avait donc divorce entre le Dieu des Juifs et le paganisme romain; et selon les conceptions de l'Antiquité, l'intransigeance d'Israël autorisait ou, plutôt, appelait les pires représailles païennes. Or c'est l'honneur de la Rome du dernier siècle avant notre ère qu'elle s'en soit détournée. Lorsqu'en 63 av. J.-C., Pompée, après avoir massacré 12.000 Juifs, avait pris d'assaut Jérusalem, il était entré dans le Saint des Saints pour affirmer, devant les prêtres qui s'y étaient réfugiés, la souveraineté de Rome. Mais il s'était refusé à porter sur leur tabernacle une main sacrilège; et il leur avait démontré par cette réserve concertée, comparable à celle de Lyautey déclinant l'offre des Oulémas de franchir, à Fès, le seuil de la mosquée Karaouine, que se patrie savait respecter, chez eux, la religion des autres peuples. César fit mieux. Aux Juifs qui, dès le II° siècle avant notre ère, pour échapper à la cruauté des Séleucides, et, après 63 av. J.-C., pour fuir leur cité sainte violée par l'intrusion profanatrice de l'Etranger, s'étaient dispersés à travers le monde romain en un nouvel exode auquel fut donné, par les Grecs, le nom, qui lui est resté, de Diaspora, César a su prouver que Rome, par lui gouvernée, serait capable d'opposer sa généreuse compréhension à leur exclusivisme. Il inscrivit les synagogues, c'est-à-dire les associations formées par les Juifs dans les cités où ils avaient émigré, sur la liste, par ailleurs très brève, des corporations et collèges dûment autorisés. Mieux encore, il habilita le grand prêtre de Jérusalem à percevoir sur leurs sociétaires et à se faire transmettre par elles la taxe du didrachme annuellement exigible de chaque juif pour l'entretien du temple de Jérusalem. C'était, apparemment, resserrer les liens qui unissaient les Juifs de la diaspora au sacerdoce de leur ville sainte et renforcer l'autorité du clergé d'Israël sur des communautés que la géographie aurait dû lui soustraire. Mais en même temps c'était couper court, par la crainte de cette imposition fiscale, au prosélytisme des Juifs de la diaspora, les apprivoiser par cette sollicitude, susciter en chacun de leurs groupements une sympathie réelle pour la domination de Rome dont ils éprouvaient le bienfait; et, finalement, faire contribuer les hasards de leur dispersion au plan, mûrement réfléchi, de la pacification de l'Empire, en attendant que la diaspora vienne fournir, à point nommé, leurs relais aux cheminements du Christianisme à travers le monde (Jérôme Carcopino, Profils de Conquérants, 1961 - books.google.fr).

 

L'honneur de Rome ou erreur…

 

Cocher

 

Dans deux chants des Dionysiaques de Nonnos, qui racontent la réception de Dionysos chez Staphylos (littéralement : La Grappe), roi d'une Assyrie qui correspond a l'actuel Liban, la mort inopinée de l'hôte donne l'occasion au cocher attitré de Dionysos Marôn de raconte la mort de trois héros, Atymnios, Phaéton, tombé de son char solaire, et Hyakinthos (Joëlle Gerbeau, Francis Vian, Les Dionysiaques de Nonons : Chants XVIII-XIX, 1992 - books.google.fr).

 

Le 5 des nones (44) (le 3 octobre) le Cocher se couche le matin pour l'Asie et pour César (Histoire naturelle de Pline, Tome 24, 1851 - books.google.fr).

 

Seront croisez par ranc tous attachez : tissage

 

Chaeramon, un gréco-egyptien, fut chef de la Bibliothèque d'Alexandrie dans les années 40 de notre ère, et écrivit plusieurs traités d'astronomie. Il était stoïcien (www.moses-egypt.net).

L'hypothèse "Cheramon agora" comme la ville d'Alexandrie se poursuit avec le deuxième vers.

 

On distingue deux espèces de tapisseries, selon que la chaîne est verticale, on qu'elle est horizontale; ce sont les tapis de haute et de basse lisse. La manufacture la plus remarquable est celle des Gobelins; à laquelle est réunie celle de la Savonnerie; on n'y fait que des tapis de haute lisse, représentant le plus souvent des sujets d'histoire, exécutés avec une perfection qui ne le cède qu'à la peinture à l'huile : on y copie les beaux tableaux des grands maîtres. Les fabriques de Beauvais, d'Aubusson et de Felletin sont loin d'avoir les mêmes succès, et on s'y occupe principalement des tapis les plus demandés par le commerce. Dans les tapis de haute lisse, deux ensouples horizontales serrent à enrouler l'un la chaîne, l'autre le tissu qui est tendu verticalement par deux madriers ou cotterets verticaux. Les lisses sont des cordelettes attachées à chaque fil de la chaîne par un nÅ“ud coulant, tenant la chaîne ouverte pour qu'on puisse y passer les broches chargées de soie ou de laine. L'ouvrier a près de lui, dans des corbeilles, de petits bâtons, dits de croisure, pour passer à travers les fils de chaîne, et les maintenir arrangés comme il convient au travail. Quand la chaîne est montée, on y dessine, en appliquant des cartons conformes au tableau, les contours du sujet, et se servant de pierre noire. Ces marques faites à l'endroit, paraissent aussi à l'envers, en faisant rouler les fils. Le tableau qu'on veut copier est derrière l'ouvrier, qui le roule et déroule à mesure que l'ouvrage avance. L'ouvrier se place à l'envers de la pièce, le dos tourné au dessin, de sorte qu'il a besoin, pour juger de l'effet de son travail, de passer de l'autre côté. Cette manÅ“uvre est nécessitée par la quantité de nÅ“uds qu'il doit faire pour arrêter les fils, nÅ“uds qui doivent être sur l'envers : chaque nuance de couleur exige un changement de fils. La broche chargée de la couleur choisie, est disposée entre les fils de la chaîne qu'il fait croiser avec les doigts, par le moyen des lisses attachées à la perche. Quand le fil est en place, il le bat avec un peigne ; et après qu'il a ainsi produit une portion de son travail, il le considère, en passant du côté de l'endroit, le compare au dessin, qu'il voit alors en face de lui, à travers les fils de la chaîne, et corrige s'il y a lieu. Plusieurs ouvriers travaillent ensemble aux grands tapis. Cette tapisserie est beaucoup plus longue à faire que celle de basse lisse, dont la chaîne est horizontale, et qu'on n'emploie pas pour les grandes et belles pièces. On jette aussi du fil de chanvre, entre les fils de la chaîne, en forme de trame, pour lier et affermir l'ouvrage, après chaque rangée de nÅ“uds de laine qui fait le velouté. Ce fil, assez fin pour occuper peu de place, doit pourtant être assez résistant pour soutenir l'action du peigne qui le presse fortement dans le tissu (Dictionnaire universel des arts et métiers et de l'économie industrielle et commerciale, contenant l'exposition des procédés usilés dans les manufactures, les ateliers d'industrie et les arts et métiers, Tome 6,1840 - books.google.fr).

 

Les Grecs d'Alexandrie et nos ancêtres les Gaulois tissaient avec des métiers à plusieurs rangs de lisses, sans rien nous faire connaître de précis sur la nature de ces métiers, dont les produits, les étoffes plus ou moins riches, ne sauraient suffire pour donner une idée; car il restera toujours à savoir par quels artifices s'opéraient la levée et l'abaissement alternatifs de ces divers rangs de lisses (Jean Victor Poncelet, Rapport sur les machines et outils employes dans les manufactures, fait à la Commission francaise du jury international de l'Exposition universelle de Londres, Partie 2, 1857 - books.google.fr).

 

Les règnes de Commode, de Pertinax , de Julianus et de Sévère virent éclater l'éloquence des premiers pères de l'Église : parmi les pères grecs, on trouve saint Clément d'Alexandrie (le Maître et les Stromates sont des ouvrages remplis de faits curieux) (François-René Vicomte de Chateaubriand, Oeuvres, Etudes historiques, Tome 9, 1826 - books.google.fr).

 

Saint Clément d'Alexandrie, Titus-Flavius Clément, serait né à Athènes, selon les uns, ou à Alexandrie, selon les autres, vers 150 et mort en Asie Mineure vers 215 L'époque précise de sa naissance n'est pas mieux connue. Nous ne pouvons douter cependant qu'il n'ait vécu sous Commode, puisque dans ses Stromates il arrête à la mort de ce prince la chronologie des empereurs romains; preuve presque indubitable qu'il travaillait à cet ouvrage pendant les courts instants du règne de Pertinax (M. de Genoude, Les Pères de l'Eglise, Tome 4, 1839 - books.google.fr).

 

Johann August Wilhelm Neander (1789 – 1850) (Antignosticus, p. 17) établit très bien la date des premiers livres des Stromates, car Clément ne conduit la chronologie de l'histoire romaine que jusqu'à la fin du règne de Commode (Stromates, I, 21; II, 139), ce qui fait supposer que Septime Sévère n'était pas encore monté sur le trône (Histoire des trois premiers siecles de l'eglise chretienne, Tome 2, Partie 1, 1861 - books.google.fr).

 

Clément rencontre en Égypte, à Alexandrie, où régnait le mouvement intellectuel le plus animé de cette époque, la secte des éclectiques, celui qui deviendra son maître, Pantène, qui dirigeait alors l'École théologique d'Alexandrie. Désigné par le pape Démétrius Ier (12e pape d'Alexandrie) pour aller mener une mission chrétienne aux Indes, Pantène doit abandonner la direction de l'École Théologique d'Alexandrie. Il choisit alors le plus brillant de ses élèves, Clément, pour prendre sa succession. Clément d'Alexandrie prend ainsi avant Origène la direction de l'École d'Alexandrie. En 202, les persécutions de Septime Sévère l'obligent à trouver refuge en Cappadoce, auprès de l'évêque Alexandre. Le meilleur manuscrit de Clément d'Alexandrie, daté du XIe siècle, a été ramené de Constantinople par Janus Lascaris pour la bibliothèque de Laurent le Magnifique. Il est utilisé pour la première édition de l'intégralité des œuvres survivantes en 1550, préparée à Florence par Piero Vettori. Une traduction latine de Gentien Hervet est imprimée en 1551 par le même imprimeur, Lorenzo Torrentino (fr.wikipedia.org - Clément d'Alexandrie).

 

Stromates, en grec ancien, désigne une couverture, une tapisserie, objet tissé qui se caractérise par son aspect bariolé, bigarré, sa texture mélangée. Par extension, on appelle stromates, en littérature un recueil composite fait de sujet variés, de tons ou de genre mêlés, et c’est le titre que Clément d’Alexandrie, au IIe siècle, donne au troisième tome d’une trilogie dont les deux premiers, le Protreptique et le Pédagogue, sont des exhortations philosophiques qui montrent comment la philosophie grecque ne fait que préparer, annoncer, la philosophie chrétienne et l’enseignement du Logos (Agnès Verlet, Les stromates de Chateaubriand, Presses universitaires de Rennes, 1999 - books.openedition.org).

 

Clément d'Alexandrie propose deux chronologies des souverains de Rome, l'une de Jules César à Commode, l'autre d'Auguste à Commode.

 

Certains décomptent ainsi les Empereurs romains : C. Julius César gouverne 3 ans 4 mois 6 jours; Auguste règne 46 ans 4 mois 1 jour; Tibère 26 ans 6 mois 19 jours; son successeur Gaius César 3 ans 10 mois 10 jours; Claude 13 ans 8 mois 28 jours; Néron 13 ans 8 mois 28 jours; Galba 7 mois 6 jours; Othon 5 mois 1 jour; Vitellius 7 mois 1 jour; Vespasien 11 ans 11 mois 22 jours; Titus 2 ans 2 mois; Domitien 15 ans 8 mois 5 jours; Nerva 1 an 4 mois 10 jours; Trajan 19 ans 7 mois 15 jours; Adrien 20 ans 10 mois 28 jours; Antonin 22 ans 3 mois 7 jours; Marc Aurèle Antonin 19 ans 11 jours; Commode 12 ans 9 mois 14 jours. Donc, de Jules César à la mort de Commode, il y a 236 ans 6 mois. Total de Romulus, fondateur de Rome, à la mort de Commode : 943 ans 6 mois (Clement d'Alexandrie, Les Stromates, Tome 1, traduit par Marcel Caster, Claude Mondésert, 1951 - books.google.fr).

 

Opium, Mandragore et Ushak

 

Le "h" de Cheramon peut servir a formé le "chi" grec pour sa prononciation en "k" comme pour le nom de la ville de Keramon Agora. Ou bien servir à produire un double sens avec le nom gréco-égyptien Chaeramon.

 

La ville de Keramon Agora est cité par Xénophon dans son Anabase qui relate en particulier le périple de Cyrus le Jeune, de Kolossai à Kelainai. Keramon Agora serait proche de la ville actuelle d'Ushak, appelée Ousakeion aux époques classique et byzantine. La région d'Ushak était réputée au XVIème siècle pour ses tapis représentés dans les peintures de Lorenzo Lotto (vers 1480 – 1556/57) et Hans Holbein le Jeune (vers 1497 – 1543) (en.wikipedia.org - Ushak, Pierre Debord, Les routes royales en Asie Mineure Occidentale. In: Pallas, 43/1995 - www.persee.fr).

 

"Opi" pourrait signifier opium et "Raugon" la rivière Rogonis qui se trouve en Carmanie (Edgar Leoni, Nostradamus and His Prophecies (1965), 2000 - books.google.fr).

 

"opion" et mandragore se trouve en effet mentionnés chez le chirurgien du XIVème siècle Guy de Chauliac (La Grande chirurgie de m. Guy de Chauliac, medecin tres-fameux de l'vniuersité de Montpelier, composee l'an de grace 1363, 1580 - books.google.fr).

 

Les écrits de Galien laissent bien entendre que Marc Aurèle était un toxicomane, et ses évocations des brèves périodes de sobriété impériale, notamment durant une campagne sur les rives du Danube, fournissent une description précise des symptômes du manque. [...] Bien que Galien popularisât l'usage de l'opium, particulièrement au sein de l'élite romaine, les dernières restrictions en termes de distribution furent levées quelques années plus tard, sous le règne de Septime Sévère. Résultat : l'opium fut alors décrété drogue récréative officielle. Dans les années qui suivirent, le pavot devint l'un des symboles de Rome, gravé sur ses pièces de monnaie, inscrit sur le fronton de ses temples et partie intégrante de ses pratiques religieuses. Selon le recensement effectué en 312 après J.C., il apparaît que l'on pouvait s'en procurer dans pas moins de sept cent quatre-vingt-treize échoppes, et les taxes découlant de sa vente constituaient une part importante des revenus de l'empereur (David J. Linden, Tous addicts !, traduit par Philippe Lécuyer, 2013 - books.google.fr).

 

Dès les origines présent au Proche-Orient, l'opium est resté cultivé en Turquie, avec Smyrne comme marché principal, comme en Iran ou au Liban et en Syrie, ces régions de production dessinant un Croissant d'Or qui s'achevait dans l'Antiquité sur l'Égypte des pharaons. Le népenthès, boisson à base d'opium, qu'Hélène verse à Ménélas et Télémaque pour leur faire oublier leur peine de la disparition d'Ulysse, est dit par Homère venir d'Égypte. La Turquie a toujours fourni l'opium le plus réputé par sa teneur élevée en morphine (Paul Butel, L'opium, 2011 - books.google.fr).

 

On retrouve Ushak :

 

Cette ville est voisine d'Apamée et de la source du Méandre. On y fait de l'afion ou opium liquide en grande quantité c'est aussi le centre d'une manufacture de tapis, objet d'un grand commerce pour Smyrne : de sorte que ce genre d'industrie, pour lequel l'ancienne Phrygie étoit célèbre, s'y soutient encore aujourd'hui (James Dallaway, Constantinople Ancienne Et Moderne Et Description Des Côtes Et Isles De L'Archipel Et De La Troade, Tome 2, traduit par André Morellet, 1798 - books.google.fr).

 

L'opium le plus pur se récolte à Ushak, Bogaditz et Simar; mais ces opiums sont en pains petits et agglutinés, ce qui leur donne un aspect peu favorable. Asion-Kara-Hissar ("le château noir de l'opium" : ancienne Apamia Cibotus, sur le fleuve Marsyas) et ses environs produisent le tiers de la récolte annuelle; mais leur opium est de moins bonne qualité et en pains plus volumineux (Mohamed Effendy Charkauy, Thèse sur l'opium, École supérieure de Pharmacie de Paris, 1856 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2149 sur la date pivot -74 donne -2297.

 

Epoque des débuts de l'empire assyrien fondé par Assur et de la fondation de Ninive (Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1743, Tome 1, 1744 - books.google.fr).

 

Telle apparaît "Rome la belle" (Peri Steph., XI, 231. Cf. Virgile: "Rerum pulcherrima Roma." Georg. 11, 534) aux yeux et au cÅ“ur d'un provincial, dont la vie entière s'est passée loin d'elle. En parcourant les poèmes de Prudence, on s'aperçoit presque à chaque page de l'impression que la grandeur romaine a faite sur son esprit. Son style en est tout pénétré, et, si on l'osait dire, obsédé : qu'il veuille peindre l'Asie, l'Afrique, c'est toujours Rome qui se présente à ses yeux, au détriment de la couleur locale. [...] Prudence introduit les institutions, les mÅ“urs, les costumes romains là où l'on s'attendrait le moins à les rencontrer. [...] Il découvre à Ninive une plèbe et un sénat, plebs et senatus, absolument comme à Rome, et il donne à la femme Ninivite le nom de "matrone", peu fait assurément pour les habitantes des harems asiatiques (Paul Allard, Rome au IVe siècle, Revue des questions historiques, Volume 36, 1884 - books.google.fr).

 

Prudence, de son nom romain complet Aurelius Prudentius Clemens, né en 348 à Calahorra, dans le nord de l'Espagne, et mort vers 408, est un poète romain au service de la religion chrétienne, à l'époque où, après le règne de Constantin, elle s'impose comme religion officielle de l'Empire, malgré la tentative de l'empereur Julien pour défendre les religions traditionnelles et malgré les efforts des chrétiens ariens pour promouvoir leur confession. Auteur du Cathemerinon, sur la sanctification de certaines heures, des circonstances de la vie, des fêtes et jours choisis en 12 hymnes (fr.wikipedia.org - Prudence (poète)).

 

VII. HYMNE DES JOURS DE JEUNE de Cathemerinon de Prudence : Jadis florissait une ville puissante, mais d’un faste insolent. (…) La longue indulgence de Dieu est enfin offensée.(…) Mais il accorde quelques jours au repentir. (…) Le doux vengeur ordonne au prophète Jonas d’aller annoncer aux coupables le châtiment qui les menace. (…) Mais comme il sait que le juge menaçant aime mieux sauver que frapper et punir, Jonas fuit et se dirige vers Tharsis pour cacher sa fuite.(…) Il monte sur un grand navire qu’un pont de planches unit au rivage. (…) La mer devient orageuse. On cherche la cause d’un si pressant danger; le sort désigne le prophète fugitif. (…) Il est précipité dans la mer (remacle.org - Prudence, Cathemerinon).

 

Cf. Bacchus et les pirates.

 

Cf. quatrain VI, 85 - Séville - 1987-1988, pour Tharses/Tharsis/Tartessos, en Espagne patrie de Prudence, et le "sacre Urben", soit probablement le saint sacrement (eucharistie) dont le pape Urbain IV, ancien archidiacre de la cathédrale de Liège, établit la fête pour toute l'Eglise en 1264, à l'époque de la Reconquista, et la prise de Séville en 1248, date de l'institution de la fête pour le diocèse de Liège, selon les visions de Julienne de Cornillon.

 

Au IXe siècle, Il existe un Prudence, né Galindo en Espagne comme le premier, évêque de Troyes, où est né Jacques Pantaléon (pape Urbain IV). Il est accusé par l'archevêque de Reims Hincmar de contester la réalité de la présence réelle à l'instar de Jean Scot Erigène que Geoffroy de Malmesbury fait mourir de la même manière que Cassien d'Imola, frappé par les stylets de ses élèves (Jean Claude, Traité de l'Eucharistie, 1669 - books.google.fr, Histoire littéraire de la France, Tome 5 : VIIIe et IXe siècles, 1866 - books.google.fr).

 

L'exemple de Jonas (VII HYMNE DES JOURS DE JEUNE, 81-175) représente plus de la moitié du développement biblique total du Cathemerinon. [...]

 

En une strophe de transition (V HYMNE A L’HEURE OU LES LAMPES SONT ALLUMÉES, v. 105 à 108), Prudence conclut la série des tableaux inspirés par l'Exode. Il en souligne le dénominateur commun : ce sont des bienfaits matériels (praemia, v. 105) accordés jadis, dans l'Ancien Testament, par Dieu aux Hébreux. De cette idée, il passe aux bienfaits spirituels dont le Christ comble désormais ses fidèles, dans l'âge du Nouveau Testament. Ainsi se trouve introduite, dans un cadre de pensée typologique, la deuxième partie du développement biblique. Cette strophe repose en effet sur la conception chrétienne traditionnelle des rapports entre l'Ancien et le Nouveau Testament : les bienfaits matériels de l'Ancien préfigurent les bienfaits spirituels du Nouveau. Plus précisément ici, au don de la manne (et des cailles) succède, comme son «anti-type», l'eucharistie, nourriture «mystique» du chrétien. De l'eucharistie, Prudence passe au bienfait suprême que le Christ a permis à l'homme de retrouver le paradis (v. 109 à 124). Ici encore, le rapport entre les deux volets du diptyque est d'ordre typologique à la marche des Hébreux vers la terre promise succède, en l'accomplissant dans la réalité spirituelle, la marche du peuple chrétien vers la patrie des justes. La métaphore, traditionnelle dans l'exégèse chrétienne, des «flots du siècle» qu'il faut traverser au milieu de la tempête avant de parvenir au port du paradis fait ici précisément allusion aux flots de la mer Rouge traversée par le peuple hébreu; et si le ton du passage redevient épique, c'est là un signe formel de l'étroite correspondance entre ces deux marches vers une Terre Promise (Jean-Louis Charlet, La création poétique dans le Cathemerinon de Prudence, 1982 - books.google.fr).

 

Après la bataille de Gaugamèles remportée par le Macédonien Alexandre le Grand contre l'armée perse en 331 av. J.-C. et qui s'est probablement déroulée dans la plaine à proximité de Ninive, l'Assyrie passe sous domination grecque. Elle est ensuite contrôlée par les rois séleucides, puis devient l'objet de conflits entre plusieurs royaumes qui se succèdent sur son sol : vers 141 av. J.-C., le roi des Parthes Mithridate Ier vainc une première fois les Séleucides, et ses successeurs chassent les rois grecs définitivement de Mésopotamie, après d'autres conflits. La situation politique de la Haute Mésopotamie sous la période parthe est complexe. Vers 80 av. J.-C., le roi Tigrane II d'Arménie étend temporairement son royaume sur le Nord de la Mésopotamie, qui repasse ensuite sous domination parthe malgré les tentatives romaines (fr.wikipedia.org - Ninive).

 

L'idée des quatre royaumes du monde : Assyrie, Perse, Grèce et Rome (Daniel, 2,37-45)

 

Il est remarquable que Cassiodore fasse précéder ses fastes consulaires de la liste des rois d'Assyrie, que s. Augustin date ainsi la fondation de Rome : eo tempore Roma est condita, quo regnum Assyriorum intercidit (C. D. XVIII, 22), que cette relation ait son point de départ dans Varron.

 

L'idée des quatre empires se trouve isolément, dans l'introduction de Denys, dans Trogue Pompée, dans Appien. Mais elle ne se vulgarise que grâce à s. Jérôme, dans son commentaire sur Daniel; jusque-là, il y avait incertitude, au moins au sujet du quatrième empire. D'ailleurs Justin, devenu le manuel d'histoire du Moyen-Age, acheva d'accréditer cette conception [C. Trieber] (Revue de philologie de littérature et d'histoire anciennes, 1893 - books.google.fr).

 

Dans les 70 semaines (d'années lunaires) de Daniel (18, 27), les 69 premières atteindraient l'année -63 et la prise de Jérusalem par Pompée et la dernière et demie le sac du Temple par Crassus (-54).

 

Finalement la mort de Crassus a lieu à Carrhes l'année suivante (-53) (fr.wikipedia.org - Crassus).

 

Cf. la typologie du quatrain X, 70 - Saadia Gaon - 2228-2229.

 

Sennachérib, roi d'Assyrie, fait payer un tribut à Ezéchias pour épargner Jérusalem, aurait fonder Tarse en Cilicie selon Bérose et serait mort dans un parricide. Parricide aussi quand Ninyas, autre roi d'Assyrie, est accusé de la mort de sa mère Sémiramis, comme Oreste tue la sienne, Clytemnestre (cf. Euripide). On pense alors à l'assassinat de César par Brutus : "Tu quoque mi fili".

 

Cf. VI, 84 - Les ambitions de Jean-Marie Lepen - 1987-1988.

 

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