Bretagne en majesté IX, 7 2108-2109 Qui ouvrira le monument trouvé, Et ne viendra le serrer promptement, Mal lui viendra & ne pourra prouvé, Si mieux doit estre
Roy Breton ou Normand. Les premiers rois
de Bretagne Sous les derniers descendans de
Clovis, les Comtes de Bretagne voyant les Maires du Palais en possession de la
puissance suprême, s'étoient regardés comme
absolument indépendans, & peu-à -peu s'étoient affranchis de la Souveraineté de nos Rois.
Charlemagne fût obligé de soumettre de nouveau cette Province en 786, il y
établit des Comtes dont le pouvoir ne fut pas plus étendu que celui dont jouissoient sous ce Monarque tous les Officiers qui, sous
ce titre ou sous celui de Duc, gouvernoient les
Provinces en son nom. En 818, les Princes Bretons se révolterent,
& l'Empereur Louis le Debonnaire les soumit
encore. Ce même Prince donna à Nomenoë qu'il avoit déjà fait Comte de Vannes, le gouvernement de toute
la Bretagne, & le titre de Duc, preuve bien frappante que si le pouvoir du
Roi n'étoit pas absolu dans cette Province, au moins
son droit y étoit reconnu. Nomenoë, fidele pendant quelque temps, devint
ensuite ambitieux. Il profita des troubles de la France pendant les guerres que
se firent les enfans de Charlemagne, & prit le
titre de Roi des Bretons. Herispoé son fils lui
succéda malgré Charles le Chauve qui voulut remettre cette Province sur
l'ancien pied, mais qui ne put conserver que le simple hommage : ainsi on vit
un Roi de Bretagne s'avouer Vassal du Roi de France. Salomon, cousin &
successeur d'Herispoé qu'il fit assassiner, continua,
disent les Annales de St Bertin, de payer le tribut au Roi Charles pour la
Bretagne. Deux Seigneurs Bretons conspirerent contre
Salomon, & prirent l'un & l'autre le titre de Ducs. Salomon fut arrêté
& mis à mort (Lettre de Monsieur le
Contrôleur Général, à Monsieur D'Amilly, Premier Président du Parlement de
Rennes, du 12 Juillet 1765) (Affaires
de Bretagne et de Paris, Tome 1, 1765 - books.google.fr). "Monument" serrare
«fermer, serrer», variante de serare (Gaffiot). D'où ouvrirÂ
et fermer un document relié. Les diplômes font connoitre les
loix & les coutumes de nos ancêtres, dit le Pere Germon, discept. 2, p. 311,
312 ; ils donnent du poids & de l'autorité aux Privileges,
ils servent à distinguer la noblesse, & sont le flambeau de l'histoire. M.
de Boze, dans son histoire de l'Académie royale des
Inscriptions & Belles-Lettres, parle ainsi touchant les diplômes : Notre histoire... est un fonds inépuisable
de recherches. Chaque jour elle se
développe, & prend une nouvelle face par la publication des monumens qui la concernent. Ces chroniques, ces diplômes,
ces chartes, ces titres qu'on a déja mis au jour,
sont des matériaux qui n'attendent que la main habile qui doit les arranger,
tome 4, p. 471, édit. d'Hollande (Charles-Louis
Richard, Dictionnaire universel dogmatique, canonique, historique, géographique
et chronologique des sciences ecclésiastiques, 1760 - books.google.fr). Surpris de voir un fait aussi contraire aux idées que je m'étois formées de la Souveraineté du Roi, avancé par une Compagnie qui doit se regarder comme dépositaire & des Loix & des Maximes qui forment notre Droit public, je me promis d'examiner par moi-même les monumens historiques qui pouvoient m'instruire des droits de S. M. Je savois que si nos Souverains avoient peu-à -peu recouvré l'exercice du pouvoir attaché à leur Couronne, dont le titre avoit pu être méconnu, mais jamais aliéné, c'étoit principalement le zéle de leurs Parlemens qu'ils avoient employé pour y parvenir. Je n'ignorois pas que même dans ces temps de l'Anarchie féodale où les grands Vassaux ne voyoient dans le Roi qu'un Supérieur dans l'ordre des Seigneuries, le Parlement constamment attaché à l'ancienne constitution , n'avoit jamais perdu de vue le titre & les droits de la Royauté. J'étois donc étonné qu'un Parlement qui a pour ressort un des plus anciens fiefs de la Couronne, pût regarder ce fief comme ayant été autrefois entierement & irrévocablement soustrait à la Souveraineté de nos Rois, & les peuples de cette Province, comme ayant été libres de se choisir des maîtres (Lettre de Monsieur le Contrôleur Général, à Monsieur D'Amilly, Premier Président du Parlement de Rennes, du 12 Juillet 1765) (Affaires de Bretagne et de Paris, Tome 1, 1765 - books.google.fr). Il n'existe aucun
monument de la législation de Rollon. Il paraît qu'à cette époque les Normands
ignoraient, pour ainsi dire, l'usage de l'écriture. Le fameux traité de
Saint-Clair-sur-Epte ne fut pas rédigé par écrit. On ne connaît aucune
charte de Rollon, ni de son fils, On n'en cite que
quelques-unes seulement de son petit-fils; et celles de Richard II constatent
l'usage suivi sous ses prédécesseurs de tout consommer sans écrit, car
plusieurs actes portant confirmation de donations faites par Rollon, par
Guillaume-Longue-Épée ou par Richard ler, énoncent
que ces dispositions avaient été purement verbales et sine ullo
chartarum notumine. (Note
de M. Aug. Le Prévost dans l'ouvrage cité de Depping; t. 2, p. 115) Lorsqu'un usage était contesté, on
faisait un record, une enquête, et les juges devaient se conformer au résultat
des témoignages. D'anciens manuscrits contiennent un grand nombre de ces
records, qui sont du XIIle. siècle.
Les sept articles insérés à la suite du coutumier sous le titre de La justice
aux barons de Normandie sont un record (Alfred
Daviel, Dissertation sur le coutumier de Normandie, Revue Normande, Volume 2,
1833 - books.google.fr). Bretons et
Normands Le grand tournant vint des invasions normandes à partir
de 884. Les chefs du royaume de Cornouaille fuirent, par exemple le comte Mathuedoï de Poher et son fils Alain Barbetorte,
futur duc de Bretagne (Alain II de Bretagne), avec un grand nombre de Bretons,
en Grande-Bretagne ou chez les Francs. C'en était fini de la royauté bretonne (fr.wikipedia.org
- Abbaye Saint-Guénolé de Landévennec). Dudon de Saint-Quentin (Xe -
XIe siècles), Guillaume de Jumièges (XIe siècle), et tous les chroniqueurs qui
les ont suivis, ont répété que Charles le Simple, en 911, fit un traité avec
Rollon, par lequel il lui cédait la Normandie, la Bretagne, et lui donnait sa
fille Gisèle en mariage. Or, dans tous ces faits qui se lisent encore
maintenant dans presque toutes les publications relatives à la Normandie et Ã
la Bretagne, il y a presque autant d'erreurs que de mots (J.
Geslin de Bourgogne et A. Barthelemy, Anciens évêchés de Bretagne histoire et
monum. : Diocèse de St.-Brieuc, Tome 1, 1855 - books.google.fr). Tout alors semblait annoncer la paix et la
tranquillité la plus durable, lorsqu'Alain et Berenger,
qui depuis long-temps souffraient impatiemment le
joug que leur avaient imposé les ducs de Normandie, mirent dans le cœur de
leurs sujets un ardent désir de s'en affranchir ; et, pour les engager davantage à prendre les armes, ils ne cessaient de leur répéter que le roi
de France avait, à la vérité, accordé la souveraineté de la Bretagne aux
Normands, avec pouvoir d'y lever des deniers et d'y prendre des vivres, mais
que cette concession n'était que pour le seul Raoul, et non pour ses
successeurs ; que l'intention du roi avait été de procurer une subsistance
plus aisée à ces peuples, qui n'auraient trouvé aucune nourriture dans la
Normandie, alors déserte et sans culture; que puisqu'elle était maintenant bien
cultivée et fertile, il n'était pas juste que les Bretons travaillassent pour
nourrir des peuples plus riches qu'ils ne l'étaient eux-mêmes, et qu'ils ne
devaient plus reconnaître que le roi de France, ou même se maintenir en leur
ancienne liberté. [...] Selon la Chronique de Frodoard,
en 921, Robert, frère du roi Eudes, entreprit d'éloigner de la Loire ces hordes
dévastatrices ; mais ne pouvant y réussir, il traita avec elles et leur céda le
comté nantais et la Bretagne. Les choses en étaient là , lorsque, en 927, et non
en 916 selon les historiens normands, Rollon fit reconnaître son fils
Guillaume. Alain et Berenger auraient alors, disent-ils,
prêté hommage à ce dernier. Mais comment concilier cette suzeraineté des Normands
de la Seine, avec la donation de la Bretagne faite en 921 aux Normands de la
Loire, et non en 913, comme le dit Ogée ? Evidemment notre auteur a suivi ici
en tous points le récit de Dudon (Hist. norman. script., p. 79 et 83), qui
est fort erroné, notamment sous le rapport des dates, et qui n'a pas su
distinguer les concessions faites aux Normands de la Seine, de celles faites Ã
ceux de la Loire. Dans toute l'histoire de notre pays, le doute environne
toujours ce qui a trait aux questions de ce genre, les historiens s'étant surtout
appliqués à les fausser et à les dénaturer (A.
Marteville, Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne
de Jean Ogée, Volume 1, 1843 - books.google.fr). Alain, fils du comte de Poher Matuédoï, et petit-fils d'Alain Le Grand, celui qui, réfugié à la cour du roi d'Angleterre Æthelstan, accepta de prendre la tête du mouvement. Débarqué en Bretagne, Alain livra des combats heureux à Dol et à Saint-Brieuc (936). Il réussit à s'emparer de Nantes, ce qui fit que les Normands abandonnèrent la Loire maritime. À la suite de ses victoires, Alain, à qui l'Histoire donna le surnom de «Barbe-Torte», fut reconnu duc de Bretagne (937(fr.wikipedia.org - Abbaye Saint-Guénolé de Landévennec). A la mort d'Alain-Barbe-Torte,
vainqueur des Normands, une lutte terrible s'éleva entre les comtes de Nantes
et ceux de Rennes. Ces derniers l'emportèrent, et Conan Ier, dit le Tors, fut
reconnu maître de toute la Bretagne, roi, suivant Raoul Glaber,
sauf toutefois du comté de Nantes, demeuré fidèle aux derniers rejetons
d'Alain. Conan fut tué à la bataille de Conquereuil; son
fils Geoffroy lui succéda en tous ses droits, parmi lesquels figure celui de
battre monnaie. «Geoffroy, duc de Bretagne après la mort de Conan, son père,
lui succéda au trône d'Armoriqne, dit la Chronique de
Saint-Brieuc. Il régit d'une manière louable la patrie et le peuple breton, Ã
l'exception du territoire de Nantes; il usa en paix de tous les droits attachés
à son duché, tant sur terre que sur mer; il garda inviolablement ses libertés
et ses priviléges» Chaque mot appuie sur le soin que
Geoffroy mit à ne laisser diminuer en rien son pouvoir et son indépendance. Geoffroy
laissa un fils, Alain III (surnommé Rebrit, Ruibriz ou Roebre signifique Roue Breizh, roi
breton, en vieux breton), qui, mort en 1040, eut pour successeur un enfant de
trois mois, Conan II, sous la tutelle de Berthe de Chartres, sa mère. Mais
Berthe avait un beau-frère, Eudes ou Eudon, comte de Penthièvre, qui eut
l'ambition de devenir duc de Bretagne, et usa de tous les droits attachés Ã
cette dignité (Edouard
de Kersabiec, Les monnaies de Charles de Blois, Revue de Bretagne, Volume 25,
1869 - books.google.fr). À la tête d'une Bretagne affaiblie, réduite aux
frontières qui étaient siennes du temps de Nominoë, Alain Barbetorte
ne peut prétendre au titre de roi et ne sera que duc. Il prête hommage à Louis
IV, roi de France, en 942. Pourtant Alain
III de Bretagne (+ 1040) sera encore nommé Rebrit
(roue breizh = roi breton) (fr.wikipedia.org -
Alain III de Bretagne). Acrostiche QE MS ou Quod Est MaieStas
(Abréviations
tirées du «Dictionnaire des Abréviations latines et italiennes» de A.Capelli -
www.arretetonchar.fr). Le front ceint d'une couronne d'or et revêtu de l'habit
royal que venait de lui faire parvenir - par les mains de son chambellan Engelran - le roi de Francie
occidentale, Charles le Chauve, le roi de Bretagne, Salomon, entendit
immédiatement faire bénéficier le puissant monastère Saint-Sauveur de Redon
d'un privilège. Ainsi le 29 août 868, devant sans doute presque toute la
noblesse bretonne venue auprès de lui dans l'une de ses aulae,
concéda-t-il à l'abbaye le droit d'élection de son abbé. Le faste mis en œuvre
et le nombre d'hommes présents (plus de cinquante furent cités dans l'acte) sanctionnaient
la volonté du prince d'apparaître en
majesté. Il avait assassiné, onze ans auparavant, son roi et cousin, Erispoë, et dès lors s'était paré du titre de princeps. Mais
jamais, à notre connaissance, il n'avait organisé pareille mise en scène de son
pouvoir et ne s'était qualifié du titre de rex. Il
savait, en effet, qu'étant à la tête d'un royaume «subordonné», seul le
Carolingien pouvait l'investir de cet honor suprême
et que, sans cette acceptation, son autorité ne pouvait être pleinement valide (Joëlle
Quaghebeur, Lieux de pouvoirs, symbolique et mémoire institutionnelle en
Cornouaille (IXe-XIIe siècle), Les lieux de pouvoir au Moyen Âge en Normandie
et sur ses marges, 2006 - books.google.fr). Au moment où la suzeraineté des comtes de Bretagne lui
était confiée (1008), ne lui parut-il pas nécessaire de prendre un titre qui le
plaçât au-dessus d'eux ? Les ducs de France, Robert et Hugue,
avant l'avènement des Capétiens au trône de France, avaient été, à l'égard des
comtes de Normandie, des suzerains intermédiaires entre le roi et le chef
normand :  Robert a joué ce rôle Ã
l'égard de Rollon qu'il a tenu sur les fonts baptismaux, comme Hugue à l'égard de Guillaume Longue-Épée et de Richard Ier.
On trouve dans Jaffé, op. cit., n° 4615, une bulle du 25 décembre 1016, par laquelle le
pape Benoit VIII donne à Richard II le titre de duc. Mais l'acte est faux (Henri
Prentout, Essai sur les origines et la fondation du duché de Normandie, 1911 -
books.google.fr). Judith de Bretagne (née en 982 en Bretagne et décédée le
16 juin 1017 en Normandie), fille de Conan Ier, duc de Bretagne, et de Ermengarde, fille de Geoffroy Ier, comte d'Anjou, fut la
première épouse de Richard II de Normandie, duc de Normandie (fr.wikipedia.org -
Judith de Bretagne). Le diplôme bien connu des médiévistes normands intitulé
le Dotalitium de Judith, prend note de la donation
par laquelle Richard II, duc de Normandie, constituait un douaire à la fille de
Conan Ier, comte de Rennes et premier duc de Bretagne, qu'il venait d'épouser (Patrice
Cousin, L'Abbaye Notre-Dame de Bernay, La Normandie bénedictine: au temps de
Guillaume le Conquérant, XIe siècle, 1967 - books.google.fr). Le Dotalitium de Judith, femme
de Richard II, est le dernier document où il soit question de serfs en
Normandie ; le servage n'est plus signalé par aucun document, après ce Dotalitium qui date de la fin du Xe siècle ou du
commencement du XIe (André
Dupont, Histoire du département de la Manche, Volume 6, 1976 - books.google.fr). On peut voir dans le discours des actes de dotation des
dixième-onzième siècles une influence de la pensée d'Ambroise de Milan, plus
que celle de saint Augustin, au motif qu'il n'y est pas fait état du mariage
comme d'un sacrement et de la rareté de la référence à l'union symbolique du
Christ et de l'Église qui en constitue un fondement. [...] Il faut remarquer
cependant que l'allusion à ce thème est nette dans le cas du dotalitium de Judith, quand bien même il n'est pas question
de sacrement (Pierre
Bauduin, Richard II de Normandie, Proceedings of the Battle Conference 2014,
Volume 36, 2015 - books.google.fr). Il existe des chartes bretonnes reconnues comme fausses
comme celle d'Alain le Long ou d'Alain Fergent (Ch.
de la Lande de Calan, Les fausses chartes d'Alain le Long, d'Alain Fergent et
d'Eudon, Revue de Bretagne de Vendée & d'Anjou, Volumes 39 à 40, 1808 -
books.google.fr). Monuments...
mégalithiques Le breton dit ar Men Sul pour
le menhir de Ploubezre (Côtes-du-Nord) qui pivote Ã
midi et découvre son trésor à la Saint-Jean et à Noël ; il dit de même pour
celui de Maël-Pestivien (id.) qui tourne aussi à midi
et exécute, rapporte Guénin (Corpus Saintyves), de véritables danses deux fois l'an, (donc aux
solstices, pour ne pas changer) (Henri
Dontenville, Histoire et géographie mythiques de la France, 1973 -
books.google.fr). Typologie Le report de 2108 sur la date pivot 1040 (mort d'Allain
III, peut-être le dernier être appelé "roi de Bretagne", "Rebrit") donne -28. Curieusement la narration de la guerre contre les Vénètes
en -56 ne mentionne pas l'Armorique ; c'est au livre VII qu'apparaît la notion
d'une communauté de peuples, les Armoricains, qui viennent eux aussi au secours
de Vercingétorix encerclé dans l'oppidum d'Alésia : «on demande... vingt mille
hommes à l'ensemble des peuples qui bordent l'Océan et qui se donnent le nom
d'Armoricains : Coriosolites, Redones,
Ambibarii, Caletes, Osismi, Lemovices, Vnelli.» César ne revint pas en Gaule après sa prise du pouvoir Ã
Rome, en dehors d 'un bref passage par la Narbonnaise
sur la route de l'Espagne. Ses lieutenants gouvernent et c'est une sorte de protectorat
qui s'installe, les chefs gaulois continuent à diriger les affaires intérieures
des Cités. Après un court intermède d'Antoine, la Gaule revient à la famille de
César, Octave le  successeur et héritier
récupérant l'immense Gaule à la suite de l'un des nombreux partages entre les
triumvirs, et s'empresse de faire la connaissance de ce pays en -39/38 mais ne
peut pas parachever l'œuvre administrative avant d'être lui-même assuré du
pouvoir et seul maître à Rome. Il faut
attendre -27 pour bâtir le nouveau schéma, et encore cette date est
controversée, deux écoles s'affrontent : pour les uns c'est en -27 que l 'œuvre fut accomplie, pour les autres il faut repousser le
découpage en provinces lors du long séjour d'Auguste en Gaule de -16 à -13. En 1959, J. J. Hatt, Histoire
de la Gaule romaine, p. 89, écrit : «Lorsque
Auguste fit organiser, en 27 avant J.-C, ses pouvoirs à Rome, il se fit
attribuer toutes les provinces gauloises [...] en 20 avant J.-C. la Narbonnaise
fut rendue au Sénat. C'est en 27 avant J.-C. pendant l'assemblée (Conventus) tenue à Narbonne que furent jetées les bases de
l'administration provinciale, du recensement et du cadastre». J. J. Hatt se
fonde, pour choisir cette date, sur Dion Cassius LH.I, 22, et sur l'Epitome de Tite-Live CXXXIV : «Cum ille (Augustus) conventum Narbone ageret, census a tribus Gallus, quas
Caesar vicerat, ad us». [...] Le découpage romain des provinces de la Gaule résulte
donc des graves méconnaissances des contours exacts de ce vaste pays. [...] Dans cette organisation il n'y a aucune place spécifique
pour l'Armorique, rattachée en grande
partie à la Lyonnaise et qui n'a aucune autonomie. On aurait pu imaginer la
création d'une province d' Armorique, située face à la
Bretagne indépendante, mais alors c'est à son gouverneur que serait revenu
l'honneur et la responsabilité de surveiller les Bretons, le gouverneur de Lyon
n'ayant plus du tout de zone frontière dans sa province réduite à un espace
continental. Auguste a certainement estimé que les Armoricains n'étaient pas
assez favorables à Rome ; trop éloignés de la vie urbaine et des habitudes
romaines, pour être regroupés ; les Vénètes auraient pu chercher à reconstituer
leur suprématie économique. La partition répond à une vision romaine de la
géopolitique (Louis Pape,
L'Armorique dans la Gaule. Éclipse et renaissance. In: Annales de Bretagne et
des pays de l'Ouest. Tome 105, numéro 2, 1998. Regards sur l'Armorique
romaine - www.persee.fr, fr.wikipedia.org - Gaule
lyonnaise). Cf. quatrain IX, 27 - Le Valentinois et le mariage savoyard de Louis XI - 2123-2124. |