Nicolas IX, 59 2147 A la Ferté prendra la Vidame, Nicol tenu rouge qu'auoit
produit la vie : La grand Loyse naistra que fera clame, Donnant Bourgongne
à Bretons par enuie. La Ferté Vidame Un vidame désigne à l'origine celui qui mène l'armée d'un évêque et exerce au nom de celui-ci un certain nombre de droits féodaux. À l'époque moderne, le titre de vidame est intégré à la hiérarchie nobiliaire, et équivalait à celui de vicomte. Certains titres de vidames étaient attachés à des fiefs, d'autres purement héréditaires : les vidames de Chartres relèvent au début de la deuxième sorte, ils n'étaient pas au départ liés à une terre précise et, notamment, pas à La Ferté ; puis sous l'Ancien Régime on associe volontiers les vidames de Chartres à la terre de La Ferté-Arnaud (ou La Ferté-Ernault), enfin devenue La Ferté-Vidame, qu'ils possèdent alors systématiquement jusqu'en 1784. Mais les premiers seigneurs de La Ferté, insistons sur ce point, n'étaient pas les vidames de Chartres (fr.wikipedia.org - Seigneurs de la Ferté). Le vers porte "A la Ferté prendra la Vidame" : on peut interprétrer comme les seigneurs de la Ferté acquerront la Vidamie (de Chartes) : La vidamesse Isabelle épouse vers 1115 Guillaume II de La Ferté dit «de Ferrières» ci-dessus, "vidame de Chartres" par son mariage, et lui transmet le vidamé. Vers 1374-1380 Robert de Vendôme épouse Jeanne de Chartres ou de Meslay, héritière du vidamé, devenant le vidame Robert, il transforme La Ferté-Arnault en La Ferté-Vidame. Pour la deuxième fois, et bien plus durablement que la première, le destin de La Ferté recoupe donc celui des vidames de Chartres (fr.wikipedia.org - Seigneurs de la Ferté). La Ferté-vidame, arr. de Dreux. - Firmitas-Castrum, v. 968; Ferteia, 985 (cari, de Saint-Père-enVallée). - Feritas-Ernaldi, v. 1250 (pouillé), recul ce surnom d'Arnaud, fils de Guillaume de Ferrières, qui vivait en 1128. - Feritas-Imbaudi, 1358 (reg. dos contrats du chap. de Chartres). - La Ferté-Regnault, 1401; la Ferté-Ernault, 1409; la Ferté-au-Vidame, 1412 (ch. du pr. de la Chartreuse du Val-Dieu), reçut ce dernier surnom des vidâmes de Chartres, à qui elle appartenait.- Feritas-Vicedomini, 1626 (pouillé). - Saint-Nicolas de la Ferté-Vidame, 1736 (pouillé). - La Ferté-les-Bois, 1793. - Le comté de la Ferté-Vidame, créé en novembre 1731, était vassal de la Couronne et ressortissait pour la justice au parlement de Paris. - La Ferté-Vidame était le siège d'une maîtrise des eaux et forêts (Lucien Merlet, Dictionnaire topographique du département d'Eure-et-Loir, 1861 - books.google.fr). Nicol - Nicolas L'église de la Ferté Vidame est vouée à saint Nicolas. Si du vivant de Claude de Rouvroy, duc de Saint Simon, l'auteur anonyme de la biographie ducale, de 1653, ne manque pas également de noter «sa piété», on ne saurait douter que l'intéressé n'en ait donné des marques sensibles, ne serait-ce qu'en son domaine du Perche, où non content de faire reconstruire noblement, de 1658 à 1660, l'église Saint-Nicolas de la Ferté-Vidame, il veilla à l'orthodoxie de ses vassaux, paroissiens qui ne pouvaient que se ressentir encore de l'influence récente des seigneurs huguenots qui précédèrent immédiatement les Saint-Simon (Cahiers Saint-Simon, Volumes 21 à 23, 1993 - books.google.fr). Le rouge n'est pas spécial au saint mais anticiperait plutôt le père Noël. Flamel Flamel, nous l'avons dit, représente le mercure philosophique ; son nom même parle comme un pseudonyme choisi tout exprès. Nicolas, en grec "Nicholaos", signifie vainqueur de la pierre (de "Niche", victoire et "laos", pierre, rocher). Flamel se rapproche du latin Flamma, flamme ou feu, exprimant la vertu ignée et coagulante que possède la matière préparée, vertu qui lui permet de lutter contre l'ardeur du feu, de s'en nourrir et d'en triompher. Le marchand tient lieu d'intermédiaire4 dans la sublimation, laquelle réclame un feu violent. Dans ce cas, "emporos", marchand, est mis pour "empuros", qui est travaillé au moyen du feu secret (Fulcanelli, Demeures philosophales, Tome 1, 1985 - books.google.fr). Flamel est né à Pontoise : Loyse - l'Oise. L. Frati, le bibliothécaire de Bologna n'a guère étudié de la collection Caprara que «le poésie alchimistiche attribuite a J. de Meun» (Arch. Romanicum III (1919). Du moins a-t-il noté qu'une partie des Ms fut recueillie en France entre 1625 et 1639, avec les noms de ceux qui laissèrent copier des textes : Guy de la Brosse, Gabriel Joly, le gentilhomme de Normandie de Bois Jeuffroy, qui possédait les œuvres des alchimistes de Fiers, que nous avions eu l'occasion d'étudier dans la collection Vauquelin des Yveteaux. Entre autres noms intéressants nous avons relevé celui d'un M. de la Chevalerie de Chartres, qui pourrait bien être ainsi cet Arnauld de la Chevalerie, traducteur-éditeur du Livre des figures hiéroglyphiques attribué à N. Flamel (Conférence de M. François Secret. In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire. Tome 87, 1978-1979 - www.persee.fr). Le grand Esclaircissement de la pierre philosophale pour la transmutation de tous les métaux, par Nicolas Flamel. Paris, 1628, in-8 (Catalogue de la bibliothèque de feu M. Arthur Dinaux, Tome 2, 1864 - books.google.fr). Pierre Borel (Trésors des Recherches et Antiquités Gauloises et Françoises, 1655) note au sujet de Flamel qu'il dut acheter le silence du sieur de Cramoisy (cf. "rouge") maître des requête venu enquêter chez lui. Il aurait réalisé une transmutation argentine un 17 janvier 1382 ou 1383, un lundi jour de la lune (argent). Sa femme Pernelle fut enterré au cimetière des Innocents (Jacques Sadoul, Le trésor des alchimistes, J'ai lu, 1970, p. 104). L'un de nos vieux auteurs français, Noël du Faïl, partisan de la bonne gausserie rabelaisienne, venant à parler dans ses Contes d'Eutrapel, de l'alchimie et de ses adeptes, cite, à propos de Flamel et du cloître des Innocents, la Danse Macabre, appelée selon lui Marcade, du nom d'un poëte parisien, et peinte aux Innocents sous le règne du roi Charles V. Un de ses plus chauds défenseurs, le docteur Salomon, qui a réimprimé, au XVIIe siècle, les écrits de Flamel, dans sa bibliotltèque chimique, nous fait connaître que pamri les monuments, dont l'édification fut le résultat de largesses de ce singulier personnage, on trouve au cimetière des Innocents, l'arche du côté de la rue Saint-Denis, et, vis-à -vis de l'arche du coté de la rue de la Lingerie, le Charnier. Sur l'un des piliers du charnier ou arche voûtée pour mettre les ossements des morts, on voyait un N et un F gothiques, puis les mots : Ce charnier fut fait et donné à l'église pour amour de Dieu l'an 1399 (Georges Kastner, Les danses des morts: dissertations et recherches historiques, philosophiques, littéraires et musicales sur les divers monuments de ce genre, 1852 - books.google.fr). A Paris, l'église de Saint-Jean, et son «cimetière Vert» ((platea veteris cemeterii) sont disposés sur l'emplacement de l'hôtel de Pierre de Craon, l'assassin de Clisson, après l'assassinat du duc d'Orléans. En s'éloignant un peu vers le nord, on passait devant l'église des Innocents et son charnier, foyer d'infection, mauvais lieu, rendez-vous de mendiants et de voleurs, pillant parfois ou profanant les tombeaux, «se chauffant des ossements des morts.» Dans sa partie peu fréquentée, les chiens venaient déterrer les cadavres. Il n'en était pas moins choisi pour les assemblées publiques, les prédications et les représentations théâtrales. Le charnier des Innocents se recommandait aux artistes et aux penseurs par les «images des trois vifs et des trois morts,» par «peintures notables de la danse macabre et autres.» (Augustin Challamel, Mémoires du peuple français depuis son origine jusqu'à nos jours, Tome 4, 1868 - books.google.fr). Nicolas le Flament Plusieurs critiques ont reconnu en Flamenca une «Flamande» ainsi nommée parce qu'elle est la fille d'un «comte de Namur» Nemurs ou Namur. Bien que cette explication paraisse rationnelle, elle a été contestée par d'aucuns. René Lavaud et René Nelli font notamment valoir - ce qui est vrai - que la forme Nemur(s) pour Namur est exceptionnelle. Ils proposent donc Nemours, localité de Seine- et-Marne au sud de Melun à laquelle d'autres critiques avaient pensé aussi, mais pour l'écarter. Dans l'ensemble, Namur a été retenu parce que, au moyen âge, le nom de Nemours ne comportait ni ù ni r ; c'est Nemos et Nemous que l'on trouve. D'autre part - et cette raison paraît majeure - les Nemours n'étaient pas comtes à l'époque de Flamenca ; c'étaient simplement des seigneurs, et d'une toute petite noblesse qui ne commence à s'affirmer qu'à la la fin du XIIe siècle. Les derniers éditeurs français de Flamenca ne sont pas impressionnés par la coexistence, dans une même œuvre, des noms «Flamenca» et «Nemur(s)». Ils soutiennent que «Flamenca» ne signifie nullement «flamande» mais «la flamboyante, la brillante (de flamma flamme)». Ils allèguent, à ce propos, un passage de la Chronique du catalan Bernart Desclot qui décrit ainsi le visage du roi Jacques d'Aragon : «cara e vermella e flamenca». Et ils expliquent : « Le flamant (provençal flamen) est un oiseau aux ailes couleur de feu (Mistral).» Rien n'est plus juste. On peut ajouter que le premier emploi du mot en français chez Rabelais (Pantagruel, IV, 41), est caractéristique à cet égard : «Et estoit le pennage rouge cramoisi, comme celui d'un phoenicoptère, qui en Languedoc est appelé flammant» (Rita Lejeune, Flamenca fille fictive dun comte de Namur, Hommage au Professeur Maurice Delbouille, Marche romane, 1973 - books.google.fr, Gilles Menage, Dictionaire Etymologique, Ou Origines De La Langue Françoise, 1694 - books.google.fr). Il paraît que sept fois, dans le cours de l'année 1381, le duc d'Anjou avait essayé d'obtenir des subsides, mais toujours avec un égal insuccès1. C'est pourquoi, au commencement de l'année 1382, les ducs d'Anjou et de Bourgogne voulurent, avec le conseil du roi, rétablir l'aide de douze deniers pour livre et les autres impôts. A cette nouvelle, le 24 février 1382, la population de Rouen s'ameuta. En même temps, le duc d'Anjou avait fait crier à Paris la ferme de l'imposition ; il la fit bailler et puis annoncer. L'aide devait être perçue à partir du 1er mars. Ce fut le signal de la révolte, qui fut complète. Cependant le duc de Bourgogne, après avoir réprimé avec le roi l'insurrection de Rouen, se dirigea sur Paris. Les habitants, craignant avec raison une rude punition, firent supplier le roi d'user de clémence. Mais en attendant, les aides ne se percevaient pas et il fut impossible de persuader les états, réunis à Compiègne, de la nécessité de ce subside. Durant le cours de ces contestations, avait éclaté la révolte des Flamands contre leur comte; le duc de Bourgogne, se disposant à venir au secours de son beau-père, emmena le roi à la tête de l'expédition. On sait que le résultat de cette campagne fut la défaite des rebelles à Rosebeck. L'absence du roi ne fut pas sans influence sur la révolte des Parisiens qui, sous la conduite d'un drapier de Paris, Nicolas le Flament, se soulevèrent de nouveau. A leur retour de Flandre, le duc de Bourgogne et le conseil étaient résolus à faire un exemple. De nombreuses exécutions eurent lieu, et parmi les victimes les plus célèbres, on cite Nicolas le Flament et Jean des Marès, qui avait été à plusieurs reprises l'intercesseur des Parisiens, mais qui, surtout, avait soutenu les prétentions du duc d'Anjou à la régence, contre les ducs de Berry et de Bourgogne. L'exécution de ces deux personnages et de plusieurs autres bourgeois marqua lé terme de la punition infligée à la ville de Paris. La charge de prévôt des marchands fut aussi supprimée. Il est probable que Jean le Mercier, qui, pendant les premiers mois du règne de Charles VI, avait cherché à ne pas porter ombrage aux quatre ducs, suivit le conseil royal, dont au surplus il faisait partie, s'abstenant de rester longtemps à Paris, où les gens de finance et les conseillers du roi étaient peu en sûreté. Aussi paraît-il à peu près certain qu'il accompagna le roi en Flandre et qu'il en revint avec lui. Quoi qu'il en soit, c'est entre le mois de septembre 1381, où il est encore qualifié de «providus et honestus vir», et le mois de janvier 1383 (n. st.), où il est qualifié de chevalier, que Jean le Mercier fut élevé à ce degré de la hiérarchie féodale (Henri Moranvillé, Étude sur la vie de Jean Le Mercier (13..-1397). In: Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des inscriptions et belles-lettres de l'Institut de France. Deuxième série, Antiquités de la France. Tome 6, 2e partie, 1888 - www.persee.fr). Jean Le Mercier, mort le 3 juillet 1397, seigneur de Nouvion, est un seigneur et capitaine, conseiller des rois Charles V et Charles VI. Il fait partie de ces proches du roi nommés, plus tard, les Marmousets par leurs détracteurs. Il fut également grand maître de France. En 1388, il fait partie des conseillers de Charles V rappelés par le successeur de ce dernier et devient membre du Conseil du Roi Charles VI. Ayant amassé une énorme fortune, il est impopulaire et accusé de spéculation. En 1392, sous le gouvernement de ducs qui régit la France pendant la maladie du roi, il est écarté du pouvoir. En 1394, il est condamné à la confiscation de ses biens et au bannissement du royaume, et se réfugie à Cambrai (fr.wikipedia.org - Jean Le Mercier). Le duc de Bourgogne, poussé par la duchesse sa femme, fut très mécontent des efforts du prévôt des marchands Jean Jouvenel qui avait défendu Bureau de la Rivière et Jean le Mercier, «et des lors commença à machiner contre ledit Juvenal pour le destruire» (Jean Jouvenel, édition de 1653, Denys Godefroy, p. 92) (Henri Moranvillé, Étude sur la vie de Jean Le Mercier (13..-1397). In: Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des inscriptions et belles-lettres de l'Institut de France. Deuxième série, Antiquités de la France. Tome 6, 2e partie, 1888 - www.persee.fr). Charles VI, soit pour mettre fin aux galanteries de Jean le Mercier, soit pour le faire entrer dans une très noble famille, lui fit épouser en secondes noces Jeanne de Vendôme, fille de Robert, seigneur de la Chartre-sur-Loir, et de Jeanne, dame du vidamé de Chartres. Enfin, «en accroissement et avancement de son dit mariage», le roi lui donna, le 8 février, une somme de 3,000 francs d'or, «à la relacion» des ducs de Berry et de Bourgogne. Jean le Mercier donna quittance de cette somme le 15 février (Henri Moranvillé, Étude sur la vie de Jean Le Mercier (13..-1397). In: Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des inscriptions et belles-lettres de l'Institut de France. Deuxième série, Antiquités de la France. Tome 6, 2e partie, 1888 - www.persee.fr). Marguerite de Flandre qui épousa Philippe de Bourgogne, en 1369, était petite-fille du comte de Flandre Louis de Nevers, frère de Jeanne de Flandre. Marguerite était donc la nièce à la mode de Bretagne de Jean IV. Elle aimait son oncle et le protégea quand celui-ci se mit vis-à -vis de la couronne de France dans une position des plus critiquables. Cette parenté aurait pu semer entre la maison de Bourgogne et celle de Bretagne un germe de discorde. Jean IV en effet revendiqua pendant tout son règne certaines terres sises dans les comtés de Nevers et de Rethel, annexes du comté de Flandre. Ces terres lui revenaient, soutenait-il, comme constituant la dot de sa mère. Mais par le traité de Guérande Charles V prit sur lui de les faire restituer au duc de Bretagne, ou de l'indemniser de leur perte. Par conséquent ce fut désormais à la couronne de France et non plus à la maison de Flandre, bientôt confondue avec celle de Bourgogne, que s'adressèrent les instances de Jean IV (Barthélemy Pocquet du Haut-Jussé, Les séjours de Philippe le Hardi en Bretagne, Mémoires de Bretagne, Volumes 16 à 17, Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, 1935 - books.google.fr). Les négociations durèrent bien trois mois : le duc de Bretagne se montrait intraitable; Froissart prétend que Charles VI n'était pas maître de son conseil, où régnaient Jean le Mercier, Olivier de Clisson, Le Bègue de Villaines et Montagu. De fait, en haine de ces personnages, dès que ceux-ci émettaient un avis, les ducs de Berry et de Bourgogne soutenaient l'opinion contraire. Pendant qu'on discutait avec le duc de Bretagne, des envoyés du roi d'Angleterre vinrent savoir si, comme il avait été convenu, le roi avait toujours l'intention de se rendre à Amiens vers la mi-mars. Sur une réponse affirmative, ils se retirèrent (Henri Moranvillé, Étude sur la vie de Jean Le Mercier (13..-1397). In: Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des inscriptions et belles-lettres de l'Institut de France. Deuxième série, Antiquités de la France. Tome 6, 2e partie, 1888 - www.persee.fr). En attendant les pourparlers d'Amiens (1392), les affaires du duc de Bretagne commencèrent à occuper de nouveau le conseil du roi; les discordes n'étaient pas moindres à ce sujet que pour tout le reste. Le duc de Bretagne et le connétable Olivier de Clisson se haïssaient plus que jamais. Le premier se sentait appuyé par les oncles du roi, et surtout par le duc de Bourgogne, qui était devenu, ainsi que le duc de Berri, grand ennemi du connétable. La duchesse de Bourgogne avait été la première cause de cette haine. C'était une femme d'un caractère décidé et d'une volonté ferme; elle était nièce du duc de Bretagne : comme elle haïssait tout ce que son père avait haï, et qu'elle aimait tout ce qu'il avait aimé, elle portait une vive affection à son oncle; en effet, le comte de Flandre avait toujours eu pour lui une amitié fraternelle, et l'avait secouru et consolé dans tous ses revers. Or, madame de Bourgogne était dame au logis; son mari aurait craint de la contredire, car elle lui avait apporté de grands héritages et donné de beaux enfans. Elle s'était prise d'une furieuse haine contre le connétable, et, en conséquence, le Duc l'avait aussi de plus en plus en aversion'. Le duc de Bretagne, se sachant soutenu par un si puissant prince, ne faisait aucun compte du mauvais vouloir du roi, de son conseil et de presque tous les seigneurs de France, et il allait son chemin sans inquiétude. Ainsi il n'avait rien accompli de ce qu'avait prescrit la sentence du roi, ni de ce qu'il avait promis en réparation de l'injure faite au connétable. Ainsi, lorsque le roi l'avait invité à se joindre avec ses hommes d'armes à l'armée qui devait aller en Italie, il s'était publiquement raillé de cette entreprise, et il continuait à ne point reconnaître l'autorité du pape d'Avignon. Ainsi il continuait à battre de la monnaie d'or et d'argent, tandis qu'il n'était permis à un vassal que de frapper de la monnaie de cuivre; ses officiers de justice ne reconnaissaient pas la juridiction du parlement de Paris; il allait même jusqu'à recevoir un serment absolu de ses vassaux, sans réserve de la suzeraineté du roi. Le roi était donc fort animé contre lui. Il s'irritait de cet esprit de rébellion et de ce manque de foi. Le connétable, de son côté, se plaignait sans cesse, et, se faisant lui-même justice à main armée, il excitait de grands troubles en Bretagne. Son parti dans les conseils du roi était nombreux, et, pour le moment, il y était plus puissant que personne. Les grands et loyaux services qu'il avait rendus à la France, sous le règne du roi et du temps de son père, lui avaient mérité la confiance et l'affection de tous les seigneurs et du roi ; il était surtout très-aimé du duc de Touraine. Néanmoins le roi et son frère témoignaient en même temps la plus grande faveur à un ennemi du connétable. C'était messire Pierre de Craon, parent du duc de Bretagne, homme fort avisé et habile (Amable-Guillaume-Prosper Brugière baron de Barante, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, 1835 - books.google.fr). L'attentat de Craon contre Clisson eut lieu le 14 juin 1392. Le roi, très ému de cet audacieux coup de main, ayant appris que le meurtrier était auprès de Jean de Montfort (ce qui était chose facile à deviner), somma ce dernier d'avoir à le livrer. Le duc de Bretagne ayant feint d'ignorer la retraite de l'assassin, le duc d'Orléans et le conseil, convaincus de la complicité du duc, décidèrent aisément le roi à une expédition contre lui. Les ducs de Bourgogne et de Berry montraient peu d'empressement pour cette campagne; il fallut, malgré tout, qu'ils obéissent. Parmi les personnages qui assistèrent à la séance du conseil où fut décidée l'expédition, les plus considérables étaient, outre le connétable, Bureau de la Rivière et Jean le Mercier. Lorsque les ducs virent que tout était décidé sans eux, leur haine contre les conseillers du roi ne connut plus de bornes; ils rêvèrent aux moyens de détruire une autorité qui était alors si manifeste, que ceux-ci disposaient à leur gré des affaires, et que le roi ne suivait que leurs conseils, à l'exclusion de ceux des autres (Henri Moranvillé, Étude sur la vie de Jean Le Mercier (13..-1397). In: Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des inscriptions et belles-lettres de l'Institut de France. Deuxième série, Antiquités de la France. Tome 6, 2e partie, 1888 - www.persee.fr). Craignant les suites de son crime, Pierre de Craon se mit sous la sauvegarde de Richard II, roi d'Angleterre, rendit hommage à ce monarque qui lui assigna une pension, et obtint sa grâce en 1396. Il reparut à la cour ; mais désormais à l'abri des poursuites pour l'assassinat du connétable, il ne put être garanti de celles que faisait la reine de Sicile, pour obtenir la restitution des sommes qu'elle lui avait confiées pendant l'expédition de Naples, et le Parlement de Paris le condamna au paiement de 400000 livres. Craon fut arrêté et conduit à la Tour du Louvre, mais il y resta peu de temps ; et, par l'intervention de la reine d'Angleterre et de la duchesse de Bourgogne, cette affaire fut terminée par un accommodement. Les malheurs de Craon l'avaient fait rentrer en lui-même https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_de_Craon_le_Grand). "faire clame" : procès Faire clame était une manière de porter plainte : le plaignant versait alors un émolument de quatre deniers (Revue historique vaudoise, Volumes 62 à 63, 1954 - books.google.fr). Il semble que cette expression soit proprement suisse et vaudoise. Flamel en Suisse Flamel vit bien qu'on l'arrêteroit, s'il passoit pour avoir la Pierre Philosophale ; & il y avoit peu d'apparence qu'on fût long- temps sans lui attribuer cette science, après l'éclat qu'avoient sait ses largesses. Ainsi en véritable Philosophe qui ne se soucie pas de vivre dans l'esprit du genre humain, il trouva le moyen de fuir en faisant publier sa mort et celle de sa femme. Par ses conseils, elle feignit une maladie qui eut son cours ; et lorsqu'on la dit morte, elle était près de la Suisse, où elle avait l'ordre de l'attendre. L'on enterra pour elle un morceau de bois & des habits & pour ne point manquer au ceremonial, ce fut dans une des Eglises qu'elle avoit fait bâtir. Ensuite il eut recours au même stratagême pour lui : comme l'on fait tout pour de l'argent, il n'eut pas de peine à gagner les médecins et les gens d'Église. Il laissa un testament dans les formes, où il recommandait avec soin qu'on l'enterrât avec sa femme et qu'on élevât une pyramide sur leurs sépultures. Un second morceau de bois fut enterré à sa place, pendant que ce Sage était en chemin pour rejoindre sa femme. Depuis ce temps-là , ils ont mené l'un et et l'autre une vie philosophique, et ils sont tantôt dans un païs et tantôt dans un autre (Voyage du sieur Paul Lucas, fait par ordre du roy dans la Grece, l'Asie Mineure, la Macedoine et l'Afrique, Tome 1, 1712 - books.google.fr). Paul Lucas, est un voyageur et écrivain français des XVIIe–XVIIIe siècles. Peut-être, comme son contemporain Jean Chardin, était-il joaillier, comme certains l'écrivent. Il y avait en tous cas à Paris une famille d'orfèvres de ce nom à cette époque. Il bénéficia rapidement de protections à la Cour et c'est à Madame qu'il dédia son premier ouvrage. En 1711 il devint officier de la Maison de la Duchesse de Bourgogne, Marie-Adélaïde de Savoie, épouse du Petit dauphin. Il fut envoyé en 1699, comme «antiquaire du Roi» pour enrichir de ses trouvailles les cabinets du roi et de sa belle-sœur allemande la Princesse Palatine, ainsi que pour relever des inscriptions grecques et latines. Il publia en 1704, chez l'imprimeur-éditeur Guillaume Vandive, imprimeur du Dauphin, le compte rendu du voyage effectué de juin 1699 à juillet 1703, en un livre somptueux orné de nombreuses gravures : le titre en est : Voyage du Sieur Paul Lucas au Levant (Paris, G. Vandive, 1704, deux tomes). Il publia en 1712, chez Nicolas Simart, successeur de feu Guillaume Vandive, son nouveau voyage d'octobre 1704 à septembre 1708. Le titre de ce second ouvrage est : Voyage du Sieur Paul Lucas fait par ordre du Roy dans la Grèce, l'Asie Mineure, la Macédoine et l'Afrique (Paris N. Simart, 1714, deux tomes) (fr.wikipedia.org - Paul Lucas (voyageur)). Recherche Louise Louise de Craon Louise de Craon était la nièce de Pierre de Craon, et apparentée à Marguerite III de Flandre, duchesse de Bourgogne, par une autre Marguerite de Flandre, arrière-petite-fille de Gui de Dampierre (né vers 1226, mort à Compiègne le 7 mars 1305). Louise de Craon se marie d’abord en 1404 au seigneur d’Avesnecourt, Miles Rabache de Hangest, seigneur d'Hangest, d'Avesnecourt et de Catheu, ensuite au seigneur d’Auvillers Jean de Mailly, avec lequel elle vit en 1423 : d'où postérité Mailly d'Auvillers. Celui-ci ayant prit le parti anglais, les biens de sa femme furent confisqués (fr.wikipedia.org - Guillaume II de Craon). Le 27 septembre 1404, elle épousa Miles de Hangest, auquel elle apportait sept mille livres, représentant tous ses droits dans la succession de ses parents. Miles était fils unique de Jean V de Hangest lequel, le 8 septembre 1407, lors du décès de son cousin, Jean de Hangest, seigneur de Heuqueville, grand maître des arbalétriers de France, fut investi de l'important office qu'il laissait vacant. Il le conserva jusqu'au 20 février 1412, date où, par l'influence du duc de Bourgogne, il en fut dépouillé au profit de David de Rambures; mais il en reprit possession, le 25 septembre 1413, lorsque Rambures fut exilé à son tour, en même temps qu'Antoine de Craon, et le conserva sans doute jusqu'à sa mort, advenue sur le champ de bataille d'Azincourt, en même temps que celle de son compétiteur. Miles de Hangest était mort avant son père, ayant eu de Louise de Craon une fille unique, Marie (Arthur Bertrand de Broussillon, La maison de Craon, 1050-1480: Étude historique accompagnée du cartulaire de Craon, Volume 2, 1893 - books.google.fr). Gilles Ménage la fait fille de Guillaume Ier le Grand (vers 1318-1388) (Gilles Ménage, Histoire De Sable, Partie 1, 1683 - books.google.fr). Mariée en 1404, si elle était jeune on peut faire remonter sa naissance aux années 1380 ("naistra"). Les Mailly ont donné Louis de Mailly-Nesle maîtresse de Louis XV qui était grande (Paul Rival, Fantaisies amoureuses du duc de Richelieu, 1959 - books.google.fr). Louise de Craon fut prise dans le procès de la succession de Jean et Bernard de Chevenon. Guillaume de Chevenon, écuyer, l’Aîné, prêta hommage pour l’ancienne maison forte de Chevenon avec fossés, motte, pourpris, etc. Nous pensons qu’il était appelé l’Aîné pour le distinguer de son cousin le fils de Jean ; car malgré la similitude des prénoms et le sort commun qui les fit succomber tous deux à Azincourt, il s’agit bien de deux personnages distincts. En 1414, ce Guillaume à qui nous conserverons son surnom : l’Aîné, épousait Louise de Craon. Le futur mari constituait à sa femme un douaire de 400 écus d’or à prendre sur tous ses biens. Or il était très pauvre et il dut demander la garantie de son oncle Bernard. Ses revenus personnels en effet ne montaient pas, paraît-il, à 60 livres de rente. A sa mort, sa veuve s’empressa d’abandonner tous les biens meubles de la succession et resta quitte des dettes. Elle était elle-même dans une grande gêne, elle put pourtant se remarier avec un chevalier Pierre de Bailleul, et elle vendit son droit au douaire au fameux Guy de Bar, seigneur de Presles, qui, n’ayant pas d’argent liquide, lui donna en gage des joyaux qu’elle alla immédiatement engager aux Lombards de Valenciennes. Il était notoire que son premier mari était ” povre et petit mesnagier “. Cette pauvreté expliquerait qu’il vendit à son oncle Jean ses droits sur Chevenon et on comprendrait qu’en 1407 Jean de Chevenon ait pu présenter au comte de Nevers son dénombrement du château de Chevenon et de ses dépendances. Jean de Chevenon avait en effet une fortune considérable. C’était, disait-on, le plus riche écuyer du royaume. Il avait eu sans doute une large part aux largesses de Charles VII dont il était le compagnon, mais il est bien probable que son mariage avec Philiberte de Digoine lui avait apporté un surcroît de fortune Guy de Bar intervenait au procès pour deux raisons. Il était le neveu de Philiberte de Digoine et prétendait avoir hérité d’elle la terre des Sièges qu’Héliette faisait vendre. De plus il déclarait que la plupart des terres vendues avaient été achetées durant le mariage de Jean de Chevenon et de Philiberte et qu’en vertu de la coutume du Nivernais les conquêts devaient, à la mort d’un des époux, être divisés par moitié. Une moitié restait à l’époux survivant, l’autre revenait aux ayants droit de l’époux défunt. L’héritier de Philiberte de Digoine était Geoffroy de Prie, son frère utérin, mais il avait vendu ses droits à Guy de Bar, qui réclamait le partage des conquêts que Jean de Chevenon n’avait pas fait et la part qui devait lui revenir. Il ne s’en tenait pas là . Il avait acheté en 1421 à Louise de Craon son droit au douaire, beaucoup trop cher, disait-il, et il soutenait à ce propos un autre procès contre Louise de Craon et Pierre de Bailleul son mari. Ceux-ci en effet prétendaient, avec une mauvaise foi déconcertante, que la femme n’ayant pas le droit de vendre son douaire, la vente était nulle. D’ailleurs, ajoutaient-ils, Guy de Bar était loin d’avoir tout payé. Dès 1426, Guy de Bar s’était opposé à la vente des biens de Chevenon faite par Pierre Cauchon. Mais l’évêque de Beauvais n’avait point été en peine de lui répondre. Tout d’abord, sans s’arrêter aux complications généalogiques de la famille de Chevenon, il déclarait que Louise de Craon ne pouvait être la femme de Guillaume de Chevenon, à qui il ne reconnaissait qu’une femme, ”dame Heliette Girard” ; il refusait d’admettre qu’il y ait eu deux Guillaume de Chevenon (Le procès de la succession de Jean et Bernard de Chevenon au XVe siècle - passylestours.fr). Gilles Ménage note ce mariage de Louis de Craon avec Pierre Baillet. Louise de Cossonnay
On retrouve dans les affaires des Cossonay, famille vaudoise, l’expression "faire clame". Le seigneur ne peut enquêter ou faire enquêter, ni accuser pour les cas attouchant au corps, sans clame d'un autre : « Le seigneur ne peut enquérir ou faire enquérir, ni faire clame sus ou contre le corps, fors selon la coutume de Lausanne» (Confirm. de 1414). Cette disposition contient une garantie contre les jugements arbitraires. La crainte de jugements de cette espece se fait jour dans le code de nos franchises. Il n'y avait pas alors de ministère public (Louis de Charrière, Chronique de la ville de Cossonay, 1847 - books.google.fr). Louise de Cossonay, femme de Jean de Challant, petite-nièce du précédent, lui succéda dans la seigneurie, dès l'an 1395. Elle ne tarda pas à mourir sans postérité connue. Son mari la suivit de près dans la tombe (Louis de Charrière, Recherches sur les sires de Cossonay et sur ceux de Prangins, issus de leur famille, 1845 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Famille de Cossonay). La puissante dynastie de Cossonay s’éteint en 1406, à la disparition de Jeanne de Cossonay soeur de Louise et de son mari Jean de Rougemont. Le comte d'Amédée VIII de Savoie et Thiébaut de Rougemont, archevêque de Besançon se disputent alors les terres de la seigneurie. L'évêque de Lausanne, Guillaume de Challant, arbitre le litige et adjuge en 1421 ces domaines au comte Amédée de Savoie En 1475, lors de la guerre de Bourgogne, les Bernois et les Fribourgeois incendient la ville et son château (fr.wikipedia.org - Cossonay). La grand-mère de Louis de Cossonay était une autre Louise : Louise de Montébliard. Louise de Montbéliard, sœur de Jeanne, filles de Henri, comte de Montbéliard, et d'Agnès de Bourgogne, fut fiancée le 10 novembre 1343 à Jean III, sire de Cossonay, avec une dot de 5000 florins d'or, sous la même réserve ci-dessus indiquée Ces alliances, contractées par les propres nièces de Girard, seigneur d'Orbe et d'Echallens, avec les principaux seigneurs du Pays-de-Vaud, ainsi que les liens qui l'unissaient aux sires de Grandson, frères de Jaquette, sa femme, tendaient à consolider de plus en plus l'influence de la maison de Montfaucon dans ce pays, et contribuaient à mettre ses domaines à l'abri de toute entreprise hostile (F. Gingins-La Sarra, Recherches historiques sur les acquisitions des sires de Montfaucon et de la maison de Chalons dans le Pays de Vaud, Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire de la Suisse romande, Volume 14, 1857 - books.google.fr). La guerre était inévitable et Henri de Montfaucon, comte de Montbéliard, commença les hostilités. Avec une partie des seigneurs comtois, il s'empara le 22 juillet 1363, de la châtellenie de Chaussin, pointe avancée des Bourguignons dans le pays «d'oultre Saône», et ravagea les environs. En août, à Auxerre, des délégations du duc de Bourgogne et de la comtesse Marguerite se rencontrèrent pour essayer de calmer les passions, sans beaucoup de succès. Philippe le Hardi, ayant quelque peine à faire face à deux fronts à la fois, essaie d'arrêter l'un des conflits, et rencontre le 12 février 1364 à Dijon la comtesse Marguerite pour essayer de trouver une solution, mais sans résultat. La guerre continue, et le 15 juin 1364, le comte de Montbéliard, nommé gardien de la Comté, décide avec les seigneurs franc-comtois d'envahir le duché, sous prétexte que les routiers soldés par le duc avaient commis des pillages dans leur pays. La situation de la Bourgogne est dramatique, car Philippe le Hardi est parti avec ses féodaux en Normandie guerroyer pour le compte de Charles V contre Charles le Mauvais, roi de Navarre. En hâte, Jean de Montagu, seigneur de Sombernon, gouverneur en l'absence du duc, installe des capitaines dans les villes frontalières comme Pontailler-sur-Saône, et rassemble les féodaux disponibles. Un secours appréciable vient d'anciens chefs de bande des Grandes Compagnies qui sont passés au service du duc, moyennant des soldes élevées. Il s'agit de Thomas de Voudenay, de Jean d'Armagnac, mais surtout d'Arnauld de Cervole (Jean Rauzier, Finances et gestion d'une principauté: Le duché de Bourgogne de Philippe le Hardi, 1364-1384, 1996 - books.google.fr). Pendant la guerre folle, en 1465, le comte de Charolais croyait trouver sous ces murs le duc de Bretagne; mais ce duc avait été arrêté dans sa marche par le comte Jean de Vendôme, qui ne voulut jamais lui permettre de passer sur ses terres; il fallut le combattre, et cette résistance empêcha la jonction des armées de Bretagne et de Bourgogne (François Charles Liskenne, Histoire de Louis XI, Tome 1, 1830 - books.google.fr). Bourgogne et
Bretagne La présence de Bretons à la cour des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois est un des aspects des liens unissant l’«État bourguignon» à l’«État breton», dont les relations politiques et diplomatiques ont été jadis bien étudiées par Barthélemy Pocquet du Haut-Jussé. [...] La présence bretonne dans l’entourage des ducs de Bourgogne est loin d’être discrète ou masquée dans la mesure où elle est largement nobiliaire et militaire. [...] Sans avoir jamais été massive, la présence de gentilshommes bretons dans l’hôtel des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois n’en est pas moins une réalité bien visible : dès les années 1363-1366, le duc Philippe le Hardi s’attacha certains des Bretons qui le servaient en armes en les y incorporant. Tel fut le cas du chevalier Jacques de Penhoëtdic que l’on trouve mentionné comme chambellan du duc en août 136663. Cette intégration ne signifiait toutefois pas une coupure d’avec le milieu socio-militaire dans lequel ce personnage avait auparavant évolué : homme de Bertrand du Guesclin, Jacques de Penhoëtdic l’accompagna dans ses entreprises ibériques. [...] On trouve de nouveau des gentilshommes bretons dans l’hôtel ducal au cours des années 1380. Bertrand Tirecoq, qui avait servi Bertrand du Guesclin et avait pris part, en 1383, aux guerres de Flandre sous la bannière du duc de Bourgogne, est mentionné comme écuyer d’écurie de ce prince en janvier 1388. [...] Pierre de La Rocherousse servit en l’hôtel de Philippe le Hardi dans les années 1390 et fut investi, en tant que chambellan, de diverses missions d’ordre administratif et militaire. C’est ainsi qu’en juillet 1394, en vertu d’une commission spéciale, il reçut à montre, à Angers, deux compagnies de gens de guerre de l’hôtel qui devaient escorter le duc «pour la garde et seurté de son corps» dans son voyage de Bretagne entrepris «pour faire le traictié et acort du duc de Bretaigne, le conte de Painthevre et le sire de Clichon». Entre le début des années 1390 et les premières années du xve siècle, l’apaisement du conflit franco-anglais eut pour conséquence un arrêt du recrutement des gens de guerre bretons, qui ne reprit qu’à partir de l’apparition des premières tensions entre la Maison de Bourgogne et la Maison d’Orléans (Bertrand Schnerb, Des Bretons à la cour de Bourgogne sous les deux premiers ducs de la Maison de Valois (du milieu du XIVe au début du XVe siècle), Le prince, l'argent, les hommes au Moyen Âge : Mélanges offerts à Jean Kerhervé, 2008 - books.openedition.org). D'autres documents nous révèlent tout un plan dont l'exécution eût été funeste à Charles VII. Former une union plus étroite avec les ducs de Bourgogne et de Bretagne et leurs frères et alliés; donner à Jean V le Poitou, qui est voisin de son de son pays ; faire en sorte que le comte de Richemont résigne son office de connétable de Charles VII pour devenir le connétable de Henri VI, en lui offrant « le duché de Touraine, le conté de Saintonge, le pays d'Aunis et la ville de La Rochelle, avecques les terres et seignories que tient le seigneur de la Trémoille es pays de Poitou et de Saint-Onge et autres choses (Eugène Cosneau, Le connétable de Richemont (Artur de Bretagne): (1393-1458), 1886 - books.google.fr). Nicolette Colette était issue d’une famille modeste habitant à Corbie en Picardie. Son père, Robert Boellet, maître menuisier de l'abbaye de Corbie et sa mère, Marguerite Moyon, étaient très pieux et charitables. La légende rapporte que les années passaient et qu'ils n’avaient toujours pas d’enfant. Aussi prièrent-ils saint Nicolas de leur donner une descendance. Et à 60 ans, Marguerite mit au monde une fille le 13 janvier 1381. Au baptême elle reçut le prénom de «Nicolette» par reconnaissance envers saint Nicolas mais elle fut couramment appelée «Colette», diminutif de son prénom. C'est sous ce nom qu'elle passa à la postérité (fr.wikipedia.org - Colette de Corbie). Le nom du père s'écrit aussi "BOYLET" avec en commun avec "LOYLE" OYLE ("huile" en ancien français). Le Monastère d'Orbe, en Savoie, nous présente un intérêt tout particulier : il date de Sainte Colette qui en prit possession elle-même en 1427, et c'est là que vécut et mourut une belle et douce âme, la Bienheureuse Louise de Savoie, dont nous nous sommes occupé plus haut avec tant de bonheur, en parlant des plus remarquables disciples de Sainte Claire. Un an avant la fondation du Monastère de Sainte Claire à Orbe, il en avait été fondé un à Vevay en faveur duquel le Pape Martin V accorda une Bulle, datée de Sainte Marie Majeure, le 13 novembre 1425, dans laquelle l'Archevêque de Tarentaise était député comme commissaire apostolique pour l'érection dudit Monastère. Ce prélat alla mettre en possession du lieu désigné à Vevay la Vénérable Sœur Colette qui y installa quelques Sœurs choisies dans les Couvents de l'Ordre, en Bourgogne et en Auvergne. Cette Fondation donna l'idée à Jeanne de Montbéliard, d'élever un semblable Monastère à Orbe, et ce fut encore le Pape Martin V qui, par une nouvelle Bulle, datée de Saint Pierre de Rome, le 17 novembre 1426, délégua le doyen du chapitre de Besançon pour mettre Sainte Colette en possession de ce Monastère, le 15 janvier 1427. L'acte de Fondation nous apprend que la Bienheureuse Colette posa elle-même la pierre fondamentale du Monastère et veilla, avec le plus grand soin, à ce que tout se fit selon les règles données par le Patriarche de l'Ordre, Saint François d'Assise (Louis François Guérin, L'aureole de Sainte Claire, 1867 - books.google.fr). Jeanne de Montbéliard, fille de Henri II de Montfaucon l'Aîné, femme de Louis de Châlons, prince d'Orange, fonda dans la ville d'Orbe, le couvent de Clarisses, dans lequel Philippine de Châlon et Louise de Savoye, sa belle-sœur, prirent successivement le voile, et menèrent jusqu'à leur trépas une vie toute consacrée à l'austérité et aux bonnes œuvres. Louise, alors veuve de Hugues de Châlon, seigneur de Nozeroy et de Châtelguion, y construisit deux chapelles, pourvues d'ornemens précieux, qu'elle dota généreusement (Charles Duvernoy, Esquisse des relations qui ont existé entre le comté de Bourgogne et l'Helvétie, dès le XIe au XVIIe siècle, 1841 - books.google.fr). Louise de Montbéliard est une fille du grand père de Henri II de Montfaucon, Henri Ier devenu comte de Montbéliard après son mariage avec Agnès héritière du titre. Saint Vincent Ferrier venait de prêcher une mission à Besançon. Au moment de quitter la ville et de se séparer de sainte Colette, qui était alors au couvent des Clarisses, qu'elle avait fondé en cette ville, comme Vincent annonçait à la Sainte que son dessein était de se rendre incessamment en Espagne, elle lui déclara que ce n'était pas là que Dieu l'attendait. [...] L'événement justifia complétement la prédiction de sainte Colette, car le 5 avril 1419, ce grand serviteur de Dieu, de la famille de Saint-Dominique, mourut à Vannes en Basse-Bretagne, à l'âge de plus de soixante-deux ans. Une autre fois que sainte Colette était à Nozeret, la princesse d'Orange trouvant la Sainte seule, triste et les yeux baignés de larmes, lui demanda le sujet de ses pleurs. « Hélas, dit-elle, madame, je vais vous le dire sans façon. C'est que Dieu m'a fait connaître qu'au siècle suivant, votre couvent d'Orbes, sera entièrement détruit par les hérétiques du voisinage; celui de Vevay le sera de même; mais les religieuses de Vevay auront au moins au-delà du lac une ville de refuge, comme celle de Genève ; au lieu que les religieuses du couvent d’Orbes, semblables à des brebis errantes, seront dispersées çà et là , sans pouvoir se réunir en communauté.» Il en arriva ainsi que sainte Colette l'avait prédit. Car, les religieuses de Vevay se retirèrent à Evian, où elles sont encore à présent, et celles de Genève se retirèrent à Annecy, où elles ont toujours subsisté depuis. Mais celles d'Orbes furent obligées de se disperser dans les couvents du comté, séparées les unes des autres, sans plus former de communauté, ni retourner à Orbes (Edouard Jumel, Vie de sainte Colette: réformatrice des trois ordres de Saint François, et patronne de la ville de Corbie, 1868 - books.google.fr). A cette époque, Orbe était une enclave bourguignonne en terre suisse, possession des comtes de Montbéliard (fr.wikipedia.org - Orbe (Vaud)). Henriette d'Orbe, (1387 - 14 février 1444), dame de Montfaucon et comtesse de Montbéliard, hérite du comté de Montbéliard à la mort de son grand-père et le transmet à la maison de Wurtemberg (fr.wikipedia.org - Henri de Montbéliard). L'intérêt de Philippe le Bon pour les récits hagiographiques s'explique en partie par la piété du prince, mais aussi par les liens que des personnages comme saint Josse, saint Adrien, saint Hubert, sainte Colette ou sainte Aldegonde entretiennent avec les possessions ducales et par le renom particulier dont ces bienheureux jouissent dans la population. Saint André est l'objet d'une faveur exceptionnelle: c'est en son honneur que Philippe institue l'ordre de la Toison d'or. Le premier chancelier de cette institution, Jean Germain, évêque de Nevers, témoigne de l'attention ducale aux réalités religieuses dans sa Mappemonde spirituelle (1449), qui contient en outre de multiples détails sur les villes comprises dans la partie "belge" du duché (Bernard Bousmanne, Céline van Hoorebeeck, La librairie des ducs de Bourgogne: Textes didactiques, 2003 - books.google.fr). Sainte Colette était la contemporaine de Philippe le Bon lui-même. Née à Corbie en 1381, morte à Gand en 1447, elle a été honorée dès le XVe siècle à l'égal des plus nobles figures de l'Eglise. La famille de Bourgogne l'a connue, l'a reçue et l'a prise pour guide. En effet, Colette est la conseillère et la protégée de Marguerite de Bavière et de Philippe le Bon. Elle intervient, et de façon heureuse, dans les démêlés des maisons de France et de Savoie avec la Bourgogne. Ici, dans les Etats des ducs, elle fait éclore de nombreux monastères. Lorsqu'elle a disparu, son œuvre de réformation y réalise d'incessants progrès et son culte y prend la plus large extension. En 1472, sa canonisation est sollicitée à Rome par Charles le Téméraire, et plus tard elle l'est encore par Maximilien d'Autriche et son épouse Marie de Bourgogne, douairière de Bourgogne. Elle n'a été accordée qu'au XIXe siècle, en 1807 (Georges Doutrepont, La littérature française à la cour des ducs de Bourgogne (1909), 1970 - books.google.fr). Saint Josse (cf. quatrain précédent IX, 58) A Paris, les orfèvres se groupaient auprès de quelques églises, où ils avaient sans doute des chapelles relevant de leur confrérie, comme Sainte-Opportune et Saint-Josse. Ils avaient un centre dans le quartier Saint-Martin, notamment dans les rues Neuve (Saint-Méry), Bourg-l'Abbé, Quincampoix; mais ils s'étaient dès lors emparés de la rue aux Deux-Portes, appelée aussi la rue aux Moignes de Jcnvau, qui devint la rue des Orfèvres quand ils y eurent fondé leur chapelle et bâti la maison commune de l'Orfèvrerie. Ils avaient alors, selon toute apparence, le siége de leur confrérie dans l'église Saint-Josse, située rue Aubry-le-Boucher, à l'angle occidental de la rue Quincampoix. C'était aussi le quartier des Lombards, banquiers et courtiers d'argent, la plupart Italiens ou Juifs. Le séjour des orfèvres sur la paroisse Saint-Josse nous explique ce vieux proverbe, rajeuni par Molière: Vous êtes orfèvre, monsieur Josse ! (Le livre d'or des métiers: Histoire de l'orfévrerie-joaillerie et des anciennes communautés et confréries d'orfévres-joailliers de la France et de la Belgique, Tome 3, 1850 - books.google.fr). Loyle ou Nicolas comme Nikès eleos/oleos : huile de la difficile victoire Des éditions ont "Loyle" au lieu de "Loyse", difficilement interprétable. Autrement "loile" pour "luile" (l'huile) (C.-H. Maillard de Chambure, Règle et statuts secrets des Templiers, précédés de l'histoire de l'établissement, de la destruction et de la continuation moderne de l'Ordre du Temple, publiés sur les MSS. inédits des Archives de Dijon, 1840 - books.google.fr). Bari, grande ville, est la capitale d'une province à laquelle elle donne son nom. Ce qu'elle offre de plus remarquable sont ses fortifications, le port et l'église de Saint-Nicolas, où l'on conserve les os de ce saint. La province de Bari est un pays très fertile, qui produit en abondance l'huile, les amandes et le safran (Aristide Michel Perrot, Nouvel itinéraire portatif d'Italie, 1830 - books.google.fr). On ajoûte que les miracles que Dieu avoit operez à Myre, en consideration de saint Nicolas se continuerent à Bari avec encore plus de benedictions & d'abondance. C'est ce qui y attira un concours prodigieux de peuples chrétiens les plus éloignés de l'Europe, et qui y forma ce fameux pèlerinage qui subsiste toujours avec grande dévotion. Nous en avons vu un exemple célèbre au 8 de novembre, en la personne de saint Godefroy, évéque d'Amiens, qui y alla vingt ans environ après cette fameuse translation et qui en rapporta une petite phiole pleine de l'huile sainte [parfumée] qui distilloit de son tombeau à Bari, de la même maniere qu'on l'avoit vû à Myre (Adrien Baillet, Les Vies Des Saints, Tome 3, 1715 - books.google.fr). Le premier qui semble avoir fait le rapport entre oliua et le mot grec eleos repris comme oleos, est le pape Grégoire le Grand dans ses Homélies aux Evangiles: Quos autem per oliuam nisi misericordes accipimus? Quia et graece oleos misericordia uocatur et quasi oliuae liquor ante omnipotentis oculos misericordiae fructus lucet. C'est à partir de là que l'on trouvera souvent, comme chez Héric d'Auxerre, Aelred de Rievaulx et d'autres, oleos au lieu de eleos. La relation directe entre l'olivier et l'huile, d'une part, et, d'autre part, la miséricorde figure chez Bède, dans une homélie aux Evangiles et a comme point de départ le Mont des Oliviers (Paul Tombeur, La symbolique de l'huile et du vin, Olio e vino nell'alto Medioevo: Spoleto, 20-26 aprile 2006, 2007 - books.google.fr). Sainte Colette de Corbie, une clarisse remarquable par sa vie ascétique et contemplative, «subissait tour à tour, la nuit qui précédait les solennités des martyres, tous leurs supplices. Elle se sentait tantôt brûlée, comme les bienheureux diacres Laurent et Vincent, tantôt écorchée comme saint Barthélemy, tantôt crucifiée, coupée en morceaux, plongée dans l'eau ou l'huile bouillante. Parfois il lui semblait qu'on lui arrachait le cœur, qu'on lui ouvrait et déchirait les entrailles, qu'on enfonçait dans ses chairs des tiges enflammées, et qu'on la transperçait de part en part» (Ribet 1895, II: 495). Le «martyre rouge» est en général considéré comme la forme la plus haute du sacrifice, mais cette hiérarchie peut être discutée lorsqu'une vie de souffrance (acceptée ou provoquée) suscite une dégradation physique comparable à l'effet des supplices. Selon un ancien récit de sa vie, sainte Colette, souffrant comme on vient de le voir d'innombrables douleurs mystiques, en vint à dire «qu'on avait fait bon marché du ciel aux martyrs» (Jean-Pierre Albert, Le corps défait, Terrain, n° 18 : Le corps en morceaux, 1992 - books.google.fr). "Son pere confesseur se doubta qu'elle
ne s'en deust aller tantast
Ă notre Seigneur. Et pour celle doubte li bailla le
saint oyle
et derniere unccion". Sainte Colette mourut le jour de l'élection de Nicolas V; or c'est bien en 1147 que ce pape fut élu (P. Ubald d'Alençon, Les vies de sainte Colette par P. Pierre de Reims et S. Perrine de la Roche, 1911 - books.google.fr). Pendant le temps qu'elle a esté au couvent d'Auxonne, disent les sœurs le 9 juillet 1624, elle a été persécutée du diable. Une fois, pour l'impatienter, il lui versa sa lampe d'huile sur son livre lorsqu'elle prioit (Jacques Théodore Bizouard, Histoire de Sainte Colette et des Clarisses en Bourgogne (Auxonne et Seurre): d'après des documents inédits et des traditions locales, 1890 - books.google.fr). On retrouve l’allusion à l’huile dans la chantefable Aucassin et Nicolette, interprétée comme conte alchimique : Le buste de la jeune fille, par la description qui en est faite, possède plusieurs implications alchimiques : "ses deux petits seins soulevaient son vêtement, fermes et semblables, à deux grosses noix" - "deus nois gauges" - dit le texte original, mots que Jean Dufournet commente ainsi : "variété de grosses noix, que l'on opposait dans certaines provinces aux petites noix ou noisettes". [...] Les savants n'excluent pas l'idée que "gallus", "coq" et "gallus", "gfaulois" soient un seul et même mot. Et ils considèrent comme assuré que "gauge" vient de "gallica nux", qui devient "noix gauge" en français. Quoique sarrasine, Nicolette a, par la médiation des noix, des seins "gaulois", qui sont aussi, à la rigueur par l'étymologie, mais à coup sûr par l'alchimie, "coquets", et donc "mercuriens" avec tout ce que cela entraîne de puissance. La noix du noyer donne l'huile qui est abondamment présente dans le langage hermétique, comme le prouvent des quelques extraits du Rosaire des Philosophe (Thierry Miguet, Le discours alchimique dans Aucassin et Nicolette, Volume 637 des Annales de l'Université de Franche-Comté, 1998 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Aucassin et Nicolette). Car Aristander mesme & les deuins d'Alexandre le grand interprétèrent l'huile estre le signe de victoire, mais laborieuse & pénible. Et de faict comme le Roy fust arriué vers la riviere d'Oxus, allant faire la guerre aux Sogdians, &: qu'il eust campé non loingde son pauillon, y virent soudain deux fontaines, l'vnc d'eaux, l'autre d'huile. Sur quoy les deuins enquis, Aristander fit response que la fontaine d'huile promettoit grande peine, mais en fin la victoire. Car les lutteurs s'oignent d'huile, & les vainqueurs sont couronnez d'oliuier. Parquoy lisez-vous quelquesfois aux anciens monuments ou memoires l'huile auoit esté quelques fois légué; comme à Reate T. FVNDILIV GEMILIUS VI. AVGVSTALIS H-s. xx DEDIT, c'est à dire, a donné vingt sesterces, à fin que du reuenu de ceste somme ceux qui seroyent presens en vesquissent à son iour natal, le vingt huictiesme iour de Ianuier: & au mesme iour, pour la dedication de sa statue il donna aux dizeniers, & aux ieusnes compagnons des corbeilles, & un festin au peuple, & de l'huile pour l'exercice de la lutte qui practiquoit au iour des funérailles. Je ne veux pas oublier qu'aux ieux Panathenaiques que l'on celebroit en l'honneur de Pallas on fouloit donner aux vainqueurs vn vaisseau plein d'huile, pource que l'huile d'oliue estoit de l'inuention de Minerue : bien qu'aucuns facent Mercure l'inuenteur de l'oliuier, non Pallas. Au demeurant nous auons déclaré cy dessus pourquoy l'on mettoit vne braiche d'oliuier en ia main de Mercure (Les hieroglyphiques de Ian-Pierre Valerian, vulgairement nomme Pierius autrement, commentaires des lettres et figures sacrées des Aegyptiens et autres nations, traduit par Montlyard, 1615 - books.google.fr). Cf. le "gloios" et le saint chrême des sacres de l'interprétation du quatrain I, 27. Aristandre, qui etoit de Telmesse, & qui fut l'un des plus habiles Devins de son tems, avoit composé un Ouvrage sur la science de l'interprétation des songes. C'est aparemment lui qui moienna le traité que sa patrie fit avec Alexandre. Ceux de Telmesse avoient nommément beaucoup de foi pour les songes. Telmesse étoit une ville maritime, aux extrémités de la Lycie,aux piés d'une montagne de même nom, laquelle est une partie du mont Cragus. Cette ville donnoit aussi son nom au golfe sur lequel elle étoit bâtie, & qu'on appelloit Sinus Telmessicus, d'un côté il touchoit la Lycie, & de l'autre la Carie, selon la description de Tite-Live, I. XXXVII. c. XVI. Comme donc Telmesse étoit la premiere ville que l'on trouvoit en entrant de la Carie dans la Lycie, Etienne le géographe la met dans la Carie, ainsi que Ciceron qui dit : Telmessus in Caria est, quâ in urbe excellit Haruspicum disciplina (Pierre Bayle, Dictionaire historique et critique. 2e ed. revue, corr. et augm. par l'auteur, Tome 3, 1702 - books.google.fr). Dans la Notice du Pseudo-Épiphane (VIIe siècle), Telmessos est mentionné parmi les évêchés suffragants de Myra, et non parmi les métropoles ou les archevêchés autocéphales (André Mandouze, Sylvain Destephen, Prosopographie chrétienne du Bas-Empire, Volume 3, 1982 - books.google.fr). Typologie Le report de 2147 sur la date pivot de 1381, date de naissance de sainte Colette donne 615. La révolution qui renversa Brunehaut amena une réforme dans la constitution politique et civile de la nation franque. Chlotaire avait pu satisfaire avec de l'or et des dignités les principaux artisans de la catastrophe à laquelle il devait l'empire sur tous les royaumes francs; mais il se vit forcé, pour obtenir la consécration de ses droits par les solennelles délibérations des grands et des évêques, de donner à la masse de la nation des garanties qui empêchassent le retour des exactions et des violences, dont l'excès impuni avait causé la ruine de Brunehaut. Il convoqua successivement un concile à Paris (en 615) et un plaid à Bonneuil (en 616). Le concile de Paris fut le plus nombreux de tous ceux qui avaient eu lieu jusqu'alors dans les Gaules. Outre plusieurs leudes qui y furent admis, on y comptait soixante-dix-neuf évêques des trois royaumes francs. Le plaid de Bonneuil ne fut composé, au dire de Frédégaire, que des évêques et des barons de la Bourgogne, à la tête desquels se trouvait Warnachaire, maire du palais. Les décrets du concile et les décisions du plaid furent confirmés par un édit du roi. Montesquieu, attribuant à cette double réunion des principaux et des plus considérables de la nation franque une influence décisive sur la réforme de la constitution nationale, dit : «On avait bien vu auparavant la nation donner des marques d'impatience et de légèreté sur le choix et la conduite de ses maîtres; on l'avait vue régler les différends de ses maîtres entre eux, et leur imposer la nécessité de la paix; mais, ce qu'on n'avait pas encore vu, la nation le fit pour lors : elle jeta les yeux sur sa situation actuelle; elle examina ses lois de sangfroid; elle pourvut à leur insuffisance; elle arrêta la violence; elle régla le pouvoir... Dans cette crise, elle ne se contenta pas de mettre ordre au gouvernement féodal, elle voulut aussi assurer son gouvernement civil; car celui-ci était encore plus corrompu que l'autre, et cette corruption était d'autant plus dangereuse, qu'elle était plus ancienne et tenait plus, en quelque sorte, à l'abus des mœurs qu'à l'abus des lois... L'histoire de Grégoire de Tours et les autres monuments nous font voir, d'un côté, une nation féroce et barbare, et de l'autre des rois qui ne l'étaient pas moins. Ces princes étaient meurtriers, injustes et cruels, parce que toute la nation l'était. Si le christianisme parut quelquefois les adoucir, ce ne fut que par les terreurs que le christianisme donne aux coupables. Les Églises se défendirent contre eux par les miracles et les prodiges de leurs saints. Les rois n'étaient point sacriléges, parce qu'ils redoutaient les peines des sacriléges; mais d'ailleurs ils commirent, ou de colère ou de sangfroid, toutes sortes de crimes et d'injustices, parce que ces crimes et ces injustices ne leur montraient pas la main de la divinité si présente. Les Francs souffraient des rois meurtriers, parce qu'ils étaient meurtriers eux-mêmes; ils n'étaient point frappés des injustices et des rapines de leurs rois, parce qu'ils étaient ravisseurs et injustes comme eux. Il y avait bien des lois établies; mais les rois les rendaient inutiles par de certaines lettres, appelées préceptions, qui renversaient ces mêmes lois : c'était à peu près comme les rescrits des empereurs romains, soit que les rois eussent pris d'eux cet usage, soit qu'ils l'eussent tiré du fonds même de leur naturel. On voit, dans Grégoire de Tours, qu'ils faisaient des meurtres de sang-froid, et faisaient mourir des accusés qui n'avaient pas seulement été entendus. Ils donnaient des préceptions pour faire des mariages illicites; ils en donnaient pour transporter les successions; ils en donnaient pour épouser des religieuses. Ils ne faisaient point, à la vérité, les lois de leur seul mouvement; mais ils suspendaient la pratique de celles qui étaient faites. L'édit de Chlotaire redressa tous les griefs...» L'élection et la juridiction des évêques, l'autorité des juges royaux à l'égard des clercs, la réduction des impôts, l'état des juifs, le choix des juges, les préceptions, les concessions obtenues du prince, les pertes éprouvées par les leudes durant les troubles qu'avait fait éclater la mort de Théodoric, étaient les principaux objets sur lesquels avaient porté les délibérations du concile et du plaid (Abel Hugo, Histoire générale de France depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours: illustrée et expliquée par les Monumens de toutes les Epoques, Tome 2, 1857 - books.google.fr). Montesquieu (1689 – 1755) sera reçut au château de la Ferté Vidame par le mémorialiste duc de Saint Simon (1675 – 1755) en 1734. Ils avaient dû se connaître au Palais Royal auprès du Régent avant 1723. Ils mourront la même année (Emile Henriot, Courrier littéraire, dix-septième siècle, Tome 2 (1933), 2012 - books.google.fr). Le 19 mai 1635 Claude de Rouvroy duc de St-Simon (1607-93), favori de Louis XIII et Grand louvetier, achète Beaussart/Boussart en Senonches, plus le château et la terre de la Ferté avec le titre de vidame fr.wikipedia.org - Seigneurs de la Ferté). Près de la Ferté se trouve l'abbaye de la Trappe, où Saint Simon, jeune, visita avec son père Claude le réformateur de son ordre Armand Jean Le Bouthillier de Rancé, ordre cistercien (1626 - 1695). Pierre Nicole (1625 - 1695), théologien, moraliste, logicien et controversiste français, né à Chartres, en son temps ira aussi le voir. Pierre Nicole, ancien maître de Racine à Port-Royal, fait paraître une série de Lettres sur l'Hérésie imaginaire (c'est-à -dire le jansénisme), lettres dans lesquelles il traite le «poète de théâtre» d'«empoisonneur public... des âmes fidèles». En Janvier 1666, Racine écrit sa Lettre à l'auteur des Hérésies imaginaires, en réponse à la condamnation de Nicole. La polémique est âpre, et Racine rompt avec Port-Royal : succès garanti auprès du pouvoir royal, hostile aux jansénistes. Il s'apprête à faire paraître une deuxième lettre, vindicative et ingrate, sur Port-Royal, mais il s'abstient par crainte de réactions qui auraient nui à sa situation. Le 17 novembre 1667, création d'Andromaque à l'Hôtel de Bourgogne avec, dans le rôle titre, la Du Parc, transfuge de la troupe de Molière. C'est un énorme succès. Tout va bien pour Racine: il a vingt-huit ans, il est reçu à la Cour, la pension royale augmente régulièrement, le succès d'Andromaque fait de lui le rival autorisé du grand Corneille, et la Du Parc est devenue sa maîtresse (Jean Rohou, Lettres de Jean racine à son fils: texte intégral, 1995 - books.google.fr). Interprétation à mettre en rapport avec le quatrain IX, 48 et Desmarets. Histoire de parler du Théâtre de Bourgogne (Clame, réclame, déclame) dont le chef de troupe fut, à partir de 1671/1672, Noël Le Breton (1616 - 1707) et auquel appartint Louise-Catherine Poisson (morte en 1706, veuve d'un gentilhomme de la maison de Coislin), fille de Raimond Poisson, épouse de Juvénon de la Tuillerie, entrée en 1672, retirée en 1680 avec une pension de 1000 livres (François Parfaict, Histoire du théâtre français depuis son origine jusqu'à présent, 1747 - books.google.fr). "prendra",
"tenu", "clame", "donnant" Pierre Nicole fulmina contre le pyrrhonisme, école sceptique fondée par Pyrrhon d'Élis (fin du IVe s av. J. C.) ("pyrrhos" : rouge). Moins confiant peut-être dans l'excellence des facultés
humaines que ces graves et illustres génies (Arnauld, Fénelon, Bossuet,
Malebranche, Leibnitz, Spinoza), Nicole cependant répudiait, à leur exemple,
les déplorables doctrines du doute. Que peut-on écrire de plus fort contre le
scepticisme que ces lignes : «Le pyrrhonisme est une extravagance de l'esprit
humain, qui, paraissant contraire à la témérité de ceux qui croient et décident
de tout, vient néanmoins de la même source qui est le défaut d'attention; car,
comme les uns ne veulent pas se donner la peine de discerner les erreurs, les
autres ne veulent pas prendre celle d'envisager la vérité avec le soin
nécessaire pour en approfondir l'évidence.» - «Les vaines raisons des
pyrrhoniens, continue Nicole, ne détruisent pas l'assurance que l'on a des
choses certaines, non pas mĂŞme dans l'esprit de ceux qui les proposent.
Personne ne douta jamais sérieusement qu'il y eût une terre, un soleil et une
lune, ni si le tout est plus grand que la partie. On peut faire dire
extérieurement à sa bouche qu'on en doute, parce que l'on peut mentir; mais on
ne le peut faire dire Ă son esprit. Ainsi le pyrrhonisme n'est pas une secte de
gens persuadés de ce qu'ils disent; mais c'est une secte de menteurs» (Art de
penser, les discours) Selon le Bouddha, la vie est un cercle continu de
«production conditionnée» qu'alimente le désir de continuité et que constituent
la naissance, la croissance, le vieillissement, la mort, la renaissance, et
ainsi de suite. L'Ă©mancipation, laÂ
réalisera en abandonnant et en détruisant ce désir. L'idéal de Pyrrhon, ataraxie
ou adiaphorie est traduit par Brochard comme «l'indifférence absolue, la
complète apathie» ou «la résignation ou plutôt le renoncement absolu» et elle
semble être un état précurseur du Nirvana. L'ataraxie était aussi le souverain
bien des anciens philosophes grecs (Aristote et stoĂŻciens), notamment de DĂ©mocrite,
dont Anaxarque enseigna Ă Pyrrhon la doctrine et que
ce dernier estimait beaucoup. Pour réaliser le Nirvana, il faut rompre les
liens d'attachement au monde. Le Bouddha lui-même avait quitté, à l'âge de 29
ans, sa femme, son fils, ses palais et ses serviteurs, pour mener la vie d'un errant
solitaire à la recherche de la voie de la délivrance des misères humaines.
Quant à Pyrrhon, «il quitta les hommes, dit D. Laërce,
et alla vivre dans la solitude, se montrant rarement aux gens de sa maison» Les contacts du monde grec avec la pensée indienne sont
avérés : Pyrrhon d’Elis suivit Alexandre le grand jusqu’à l’Indus en –326 et
rencontra les gymnosophistes, ces ascètes philosophes mystiques de l’Inde. Ces
contacts ne cessèrent pas au cours des siècles qui suivirent Dans l’article d’Hélène Bouchilloux : «Vérité phénoménale et vérité essentielle chez Pascal», dans lequel la théologie augustinienne vient elle aussi jouer un rôle fédérateur entre une adhésion au pyrrhonisme en ce qui se réfère aux vérités essentielles – un pyrrhonisme appelé philosophique – et une reconnaissance de la certitude de la science géométrique pour ce qui se réfère aux vérités phénoménales – une sorte de dogmatisme scientifique –, la conciliation s’opérant grâce au thème du péché originel et de la dualité essentielle de l’homme – le pyrrhonisme, en effet, apparaissant comme fruit de la seconde nature, de la nature déchue, et le dogmatisme, comme celui de la première, reste du premier état de la nature humaine. [...] Après la chute, la question de l’adhésion à la vérité devient indissociable de celle de la délectation, la volonté persuadant la raison d’adhérer à ce qui lui plaît. Elle se présente donc comme une question morale (c’est d’ailleurs le titre du second article de Martine Pécharman qui clôt le volume : «La vérité, destination morale de l’homme dans les Pensées») et non comme une question de «pure philosophie», entendons une question pouvant se résoudre indépendamment d’une référence à la chute originelle, en considérant un hypothétique état de «pure nature». Assignant ainsi à la méthode de recherche de la vérité une condition anthropologique indépassable, celle de la corruption de la nature, l’opuscule De l’esprit géométrique se place dès lors résolument dans une optique théologique augustinienne. L’anti-cartésianisme de l’opuscule va ici de pair avec son rattachement à la théologie d’Augustin (Hélène Michon, Compte rendu : Pascal. Qu’est-ce que la vérité ?, coordonné par Martine Pécharman, Débats philosophiques, 2000, Dix-septième siècle n° 217, 2002 - www.cairn.info). Adam est en rapport avec la terre rouge d'Eden (Adamah); il signifie en outre scintillant et même beauté;
il désigne donc à la fois son origine, son aspect et sa spécificité.  Dieu mit-il en garde
l'homme et la femme de se tenir Ă bonne distance du fruit de l'arbre de la
connaissance du bien et du mal Sextus écrit : «Ainsi, puisque le sceptique établit que tout
est relatif, il est Ă©vident que nous ne sommes pas capables de dire ce qu'est
chaque objet en soi et dans sa pureté, mais seulement ce qu'est la
représentation en tant que relative.» «Il s'ensuit qu'il nous faut suspendre
notre jugement sur la nature effective des objets» (Ibid., I, 140). De là , en
effet, naissent la quiétude, l'absence d'affection (apathie), une situation
d'équilibre que décrit le silence d'une imagination qui ne sait plus ni
affirmer ni nier touchant la nature de l'objet. « La non-assertion est l'état
de notre âme qui nous pousse à ne rien affirmer non plus que nier» (Sextus Empiricus, Hypotyposes, I, 192). L'attitude silencieuse
n'est pas, chez le pyrrhonien, un moyen d'Ă©viter l'erreur, ou l'expression de
l'hésitation paresseuse; le silence ne fait que décrire l'état d'une âme où
s'équilibrent représentations sensibles (phénomènes), conceptions intelligibles
(noumènes), imaginations et opinions. C'est la raison, "logos" (ibid.
I, 20), qui est trompeuse : le discours romprait l'immobilité de l'âme en
trahissant son déséquilibre. Le premier livre des Hypotyposes pyrrhoniennes de
Sextus Empiricus développera les modes par lesquels Énésidème s'efforce de prouver le caractère éminemment
relatif des phénomènes. Comme on voit, le pyrrhonien prouve et s'efforce de
douter. Il faut fonder sur une analyse de la perception sensible la conviction
que ce que les choses sont en soi ne peut que demeurer Ă jamais inconnu. Au
prix seulement de cette assurance qui fonde la défiance envers toute
inclination dogmatique, se trouve conquise la quiétude de l'âme. Mais il faut
bien prendre garde que cette non-assertion ne signifie nullement que le
sceptique demeure inactif et indifférent. Sextus Empiricus
insiste mainte et mainte fois sur ce point : Ceux qui reprochent aux sceptiques
une vie végétative ne comprennent pas du tout en quoi le véritable scepticisme
consiste. Il ne s'agit, pour le pyrrhonien, que de refuser de conformer ses
actions Ă une doctrine philosophique ou Ă une opinion dogmatique qui
pousseraient l'âme à préférer telle opinion à telle autre touchant la véritable
nature supposée des choses. Car le sceptique prend l'expérience et la vie pour
guide non philosophique (Sextus Empiricus, Contre les
moralistes, 165). La même chose est affirmée de Pyrrhon par Diogène Laërce (Vies, XI, 62) : il avait pris la vie pour guide. Un
malheureux contresens du premier traducteur latin (consentanea
ad haec illi et vita erat) a fait interpréter la formule comme signifiant
que Pyrrhon accordait sa vie avec ses principes, alors qu'elle affirmait que
l'expérience ou la vie lui servaient de règle de conduite. «Prendre la vie pour guide» reviendra de très nombreuses fois dans
le principal recueil pyrrhonien (Hypotyposes, I, 22; II, 246; III, 2, 235,
etc.). Ainsi le sceptique peut-il soutenir contre toute erreur répandue qu'il
«se fie à ses représentations comme il se fie à la vie» (ibid., I, 22),
affirmant même que l'unanimité peut se faire sur certaines représentations
(ibid., III, 179, 254) : «Le feu dont la nature est d'échauffer donne à tout le
monde la représentation de
réchauffement; les représentations sont à tous également perceptibles.» Les sciences occultes trouvent Dufresny dans le même état de pyrrhonisme ouvert : un livre sur ce sujet à la mode prouve-t-il "par de bonnes raisons que la Pierre Philosophale est impossible. D'autres Livres prouveront le contraire (... ) mais tous ces Livres ensemble ne prouveront jamais parfaitement que l'ignorance de l'homme sur les secrets de la nature, c'est cette ignorance dont j'ay ma bonne part, qui suspend mon jugement sur la Pierre Philosophale". Il expose les arguments contradictoires, et conclut "que toute la Philosophie n'est qu'un composé de veritez et de visions: ainsi je conseille à ceux qui n'ont point d'argent à risquer de croire la Pierre Philosophale impossible et je conseille à ceux qui peuvent mettre quelque argent à leur plaisir, de préférer celui-là à d'autres (...). C'est en cherchant la Pierre Philosophale qu'on a trouvé les belles teintures. Ce pragmatisme nuance le pyrrhonisme premier. Rien n'est strictement possible ou impossible, rationnel ou irrationnel. La faiblesse de notre entendement ne ne nous permet pas de juger des lois de la Nature, mais elle nous éclaire parfois par ricochet. Dans un domaine où l'homme se meut en aveugle, croire ou nier serait également hors de propos. Dufresny note encore, avant de terminer par une biographie de Nicolas Flamel: J'ai eu plusieurs conversations avec Mr. le Président de S. Maurice, sur cette matiere; il estoit dans cette incertitude sensée où l'on doit estre à l'egard d'une science obscure, quand on l'a chargé de faire une expérience dans la Vallée de Barcelonnette; il a eu toutes les attentions possibles pour n'être point surpris, et il a vû reellement changer deux onces de plomb en or, avec une petite pincée de poudre; on ne peut pas s'empêcher de faire attention à cela: c'est toujours un secret curieux il reste à sçavoir s'il sera utile, et si les fraix n'excederont pas le profit." Ici encore, il faut faire la part des mémoires publiés par paresse plus que par goût, des communications académiques, où se rencontrent quelques noms célèbres - souvent des amis de Fontenelle (François Moureau, Un singulier moderne: Dufresny, auteur dramatique et essayiste, 1657-1724, 1979 - books.google.fr). Dufresny fut un véritable bohème. Le Régent Philippe d'Orléans essaya de refaire la fortune de Dufresny en lui faisant don de 200 000 livres, qu’il perdit dans le système de Law (fr.wikipedia.org - Charles Dufresny). Le Palais-Royal, au temps de Philippe d'Orléans, de Dubois et de Fontenelle, vivait dans une irréligion radicale, et était l'objet de la haine des dévots, alors que se déployait l'énorme influence du Dictionnaire de Bayle, méthodiquement pillé dans L'Ame matérielle, dans Des Miracles, dans bien d'autres textes de propagande antichrétienne (Alain Niderst, Traces de la littérature clandestine dans la grande littérature de la première moitié du XVIIIe siècle, La philosophie clandestine à l'Age classique: actes du colloque de l'Université Jean Monnet Saint-Etienne du 29 septembre au 2 octobre 1993, 1997 - books.google.fr). |