Nicolas

Nicolas

 

IX, 59

 

2147

 

A la Ferté prendra la Vidame,

Nicol tenu rouge qu'auoit produit la vie :

La grand Loyse naistra que fera clame,

Donnant Bourgongne Ă  Bretons par enuie.

 

Lien avec le quatrain précédent IX, 58

 

L'expression "rouge qu'avoit produit la vie" pourrait expliciter "les trois rouges" du quatrain IX, 58 : "trois rouges" - trois rouges de vie - trois vifs. Ceux du Dit desq Trois Morts et des Trois Vifs.

 

La Ferté Vidame

 

Un vidame dĂ©signe Ă  l'origine celui qui mène l'armĂ©e d'un Ă©vĂŞque et exerce au nom de celui-ci un certain nombre de droits fĂ©odaux. Ă€ l'Ă©poque moderne, le titre de vidame est intĂ©grĂ© Ă  la hiĂ©rarchie nobiliaire, et Ă©quivalait Ă  celui de vicomte. Certains titres de vidames Ă©taient attachĂ©s Ă  des fiefs, d'autres purement hĂ©rĂ©ditaires : les vidames de Chartres relèvent au dĂ©but de la deuxième sorte, ils n'Ă©taient pas au dĂ©part liĂ©s Ă  une terre prĂ©cise et, notamment, pas Ă  La FertĂ© ; puis sous l'Ancien RĂ©gime on associe volontiers les vidames de Chartres Ă  la terre de La FertĂ©-Arnaud (ou La FertĂ©-Ernault), enfin devenue La FertĂ©-Vidame, qu'ils possèdent alors systĂ©matiquement jusqu'en 1784. Mais les premiers seigneurs de La FertĂ©, insistons sur ce point, n'Ă©taient pas les vidames de Chartres (fr.wikipedia.org - Seigneurs de la FertĂ©).

 

Le vers porte "A la FertĂ© prendra la Vidame" : on peut interprĂ©trer comme les seigneurs de la FertĂ© acquerront la Vidamie (de Chartes) :

 

La vidamesse Isabelle épouse vers 1115 Guillaume II de La Ferté dit «de Ferrières», "vidame de Chartres" par son mariage, et lui transmet le vidamé. Vers 1374-1380 Robert de Vendôme épouse Jeanne de Chartres ou de Meslay, héritière du vidamé, devenant le vidame Robert, il transforme La Ferté-Arnault en La Ferté-Vidame. Pour la deuxième fois, et bien plus durablement que la première, le destin de La Ferté recoupe donc celui des vidames de Chartres (fr.wikipedia.org - Seigneurs de la Ferté).

 

La Ferté-vidame, arr. de Dreux. - Firmitas-Castrum, v. 968; Ferteia, 985 (cari, de Saint-Père-en-Vallée). - Feritas-Ernaldi, v. 1250 (pouillé), reçoit ce surnom d'Arnaud, fils de Guillaume de Ferrières, qui vivait en 1128. - Feritas-Imbaudi, 1358 (reg. dos contrats du chap. de Chartres). - La Ferté-Regnault, 1401; la Ferté-Ernault, 1409; la Ferté-au-Vidame, 1412 (ch. du pr. de la Chartreuse du Val-Dieu), reçut ce dernier surnom des vidâmes de Chartres, à qui elle appartenait.- Feritas-Vicedomini, 1626 (pouillé). - Saint-Nicolas de la Ferté-Vidame, 1736 (pouillé). - La Ferté-les-Bois, 1793. - Le comté de la Ferté-Vidame, créé en novembre 1731, était vassal de la Couronne et ressortissait pour la justice au parlement de Paris. - La Ferté-Vidame était le siège d'une maîtrise des eaux et forêts (Lucien Merlet, Dictionnaire topographique du département d'Eure-et-Loir, 1861 - books.google.fr).

 

Nicol - Nicolas

 

L'église de la Ferté Vidame est vouée à saint Nicolas.

 

Si du vivant de Claude de Rouvroy, duc de Saint Simon, l'auteur anonyme de la biographie ducale, de 1653, ne manque pas également de noter «sa piété», on ne saurait douter que l'intéressé n'en ait donné des marques sensibles, ne serait-ce qu'en son domaine du Perche, où non content de faire reconstruire noblement, de 1658 à 1660, l'église Saint-Nicolas de la Ferté-Vidame, il veilla à l'orthodoxie de ses vassaux, paroissiens qui ne pouvaient que se ressentir encore de l'influence récente des seigneurs huguenots qui précédèrent immédiatement les Saint-Simon (Cahiers Saint-Simon, Volumes 21 à 23, 1993 - books.google.fr).

 

Le rouge n'est pas spécial au saint mais anticiperait plutôt le père Noël.

 

Nicol - Nicolette

 

Colette était issue d’une famille modeste habitant à Corbie en Picardie. Son père, Robert Boellet, maître menuisier de l'abbaye de Corbie et sa mère, Marguerite Moyon, étaient très pieux et charitables. La légende rapporte que les années passaient et qu'ils n’avaient toujours pas d’enfant. Aussi prièrent-ils saint Nicolas de leur donner une descendance. Et à 60 ans, Marguerite mit au monde une fille le 13 janvier 1381. Au baptême elle reçut le prénom de «Nicolette» par reconnaissance envers saint Nicolas mais elle fut couramment appelée «Colette», diminutif de son prénom. C'est sous ce nom qu'elle passa à la postérité (fr.wikipedia.org - Colette de Corbie).

 

Le nom du père s'écrit aussi "BOYLET" avec en commun avec "LOYLE" OYLE ("huile" en ancien français).

 

Colette et la Bourgogne

 

L'intérêt de Philippe le Bon pour les récits hagiographiques s'explique en partie par la piété du prince, mais aussi par les liens que des personnages comme saint Josse, saint Adrien, saint Hubert, sainte Colette ou sainte Aldegonde entretiennent avec les possessions ducales et par le renom particulier dont ces bienheureux jouissent dans la population. Saint André est l'objet d'une faveur exceptionnelle: c'est en son honneur que Philippe institue l'ordre de la Toison d'or. Le premier chancelier de cette institution, Jean Germain, évêque de Nevers, témoigne de l'attention ducale aux réalités religieuses dans sa Mappemonde spirituelle (1449), qui contient en outre de multiples détails sur les villes comprises dans la partie "belge" du duché (Bernard Bousmanne, Céline van Hoorebeeck, La librairie des ducs de Bourgogne: Textes didactiques, 2003 - books.google.fr).

 

Sainte Colette était la contemporaine de Philippe le Bon lui-même. Née à Corbie en 1381, morte à Gand en 1447, elle a été honorée dès le XVe siècle à l'égal des plus nobles figures de l'Eglise. La famille de Bourgogne l'a connue, l'a reçue et l'a prise pour guide. En effet, Colette est la conseillère et la protégée de Marguerite de Bavière et de Philippe le Bon. Elle intervient, et de façon heureuse, dans les démêlés des maisons de France et de Savoie avec la Bourgogne. Ici, dans les Etats des ducs, elle fait éclore de nombreux monastères. Lorsqu'elle a disparu, son œuvre de réformation y réalise d'incessants progrès et son culte y prend la plus large extension. En 1472, sa canonisation est sollicitée à Rome par Charles le Téméraire, et plus tard elle l'est encore par Maximilien d'Autriche et son épouse Marie de Bourgogne, douairière de Bourgogne. Elle n'a été accordée qu'au XIXe siècle, en 1807 (Georges Doutrepont, La littérature française à la cour des ducs de Bourgogne (1909), 1970 - books.google.fr).

 

Orbe

 

Au cours du XIIIe siècle, l'évêque de Lausanne Jean de Cossonay se trouvant en but contre Philippe Ier de Savoie, perd le pays de Vaud. La ville passe ensuite à la maison de Montfaucon, alliée aux comtes de Savoie, en reconnaissance de son attachement à l'empereur Frédéric Barberousse qui donne à Amédée II de Montfaucon une partie du territoire d'Orbe. Puis à celle de la Chalon-Arlay par le mariage de Jeanne de Montfaucon, fille d'Étienne de Montfaucon, avec Louis II de Chalon-Arlay. Ainsi, à cette époque, la seigneurie d'Orbe forme une enclave bourguignonne dans le pays de Vaud relevant de la Maison de Chalon, ceux-ci restant vassaux du duc de Savoie pour les terres d'Échallens toutes proches

 

L'année 1531 voit venir Guillaume Farel à Orbe pour prêcher la réforme protestante. Lors de son séjour il rencontre Pierre Viret, natif de la ville, qu'il convertit et qui deviendra une figure importante ce mouvement, il fera son premier prêche dans sa ville natale le 6 mai 1531 à l'âge de vingt ans. Pour faire face, les catholiques réussirent à convaincre le Grand-Banneret d'Orbe de convoquer la commune afin que chacun puisse dire s'il voulait suivre la nouvelle religion ou garder l'ancienne. Petit à petit les villages penchaient pour la réforme tant et si bien qu'Orbe fut rejoint par Grandson au bout de quelques mois puis par Échallens. La ville d'Orbe passe à la réforme par un vote du "plus" le 30 juillet 1554. En 1544, lorsque Orbe rejoint la Confédération des XIII cantons, les deux couvents qu'elle compte, celui des Cordeliers et celui des religieuses de Sainte Claire, voient leurs religieux chassés et les bâtiments transformés en maison de la ville pour l'un et en collège pour l'autre (fr.wikipedia.org - Orbe (Vaud)).

 

La seigneurie d'Orbe se maintint, comme celle d'Echallens, dans la maison de Montfaucon jusqu'à la fin du XIVe siècle (voir Echallens). Jaquette de Grandson, morte en 1379, veuve de Jean III de Montfaucon, dont elle n'eut pas d'enfant, laissa les belles terres de sa maison en-deçà du Jura à la branche aînée des sires de Montfaucon, qui régnait à Montbéliard. Ce changement fut loin d'être favorable à la ville d'Orbe, qui, au lieu d'avoir des seigneurs résidant au milieu d'elle, dut dépendre d'un seigneur étranger. Bientôt cette absence produisit ses inévitables effets; les logements du château tombèrent en ruines. Le premier seigneur de la branche aînée ou des comtes de Montbéliard, qui devint seigneur d'Orbe, fut Jean-Philippe. Il en fut investi par son père, le comte Etienne, sous la mouvance de la comté de Montbéliard. Cette clause dernière donna lieu à des difficultés avec Philippe-le-Hardi, duc et comte de Bourgogne, qui réclamait la suzeraineté de la seigneurie d'Orbe et l'obtint, par transaction (Aymon de Crousaz, Dictionnaire historique, géographique et statistique du canton de Vaud, 1867 - books.google.fr).

 

Marguerite I de Flandre, comtesse palatine de Bourgogne, venait de mourir (9 mai 1382), et son fils Louis de Mâle lui succéda. Philippe le Hardi, époux de Marguerite II, fille et héritière de Louis de Mâle, requit, au nom de son beau-père, Jean Philippe de Montbéliard de lui spécifier les fiefs qu'il tenait du comte Etienne son père, sous la mouvance du comté de Bourgogne. Jean Philippe obéit, et le 17 mai reconnut tenir de ce comté le chatel et la ville d'Orbe avec leurs dépendances, la haute et basse justice, ainsi que les fiefs possédés par les sires de la Sarra, les nobles d'Arnex, de Goumois et de Vuillafans dans la chatellenie d'Orbe (Tuefferd, Histoire des comtes souverains de Montbéliard: d'après les documents authentiques, 1877 - books.google.fr).

 

Le Monastère d'Orbe, en Savoie, nous prĂ©sente un intĂ©rĂŞt tout particulier : il date de Sainte Colette qui en prit possession elle-mĂŞme en 1427, et c'est lĂ  que vĂ©cut et mourut une belle et douce âme, la Bienheureuse Louise de Savoie. [...] Un an avant la fondation du Monastère de Sainte Claire Ă  Orbe, il en avait Ă©tĂ© fondĂ© un Ă  Vevay en faveur duquel le Pape Martin V accorda une Bulle, datĂ©e de Sainte Marie Majeure, le 13 novembre 1425, dans laquelle l'ArchevĂŞque de Tarentaise Ă©tait dĂ©putĂ© comme commissaire apostolique pour l'Ă©rection dudit Monastère. Ce prĂ©lat alla mettre en possession du lieu dĂ©signĂ© Ă  Vevay la VĂ©nĂ©rable SĹ“ur Colette qui y installa quelques SĹ“urs choisies dans les Couvents de l'Ordre, en Bourgogne et en Auvergne. Cette Fondation donna l'idĂ©e Ă  Jeanne de MontbĂ©liard, d'Ă©lever un semblable Monastère Ă  Orbe, et ce fut encore le Pape Martin V qui, par une nouvelle Bulle, datĂ©e de Saint Pierre de Rome, le 17 novembre 1426, dĂ©lĂ©gua le doyen du chapitre de Besançon pour mettre Sainte Colette en possession de ce Monastère, le 15 janvier 1427. L'acte de Fondation nous apprend que la Bienheureuse Colette posa elle-mĂŞme la pierre fondamentale du Monastère et veilla, avec le plus grand soin, Ă  ce que tout se fit selon les règles donnĂ©es par le Patriarche de l'Ordre, Saint François d'Assise (Louis François GuĂ©rin, L'aureole de Sainte Claire, 1867 - books.google.fr).

 

Jeanne de Montbéliard, fille de Henri II de Montfaucon l'Aîné, femme de Louis de Châlons, prince d'Orange, fonda dans la ville d'Orbe, le couvent de Clarisses, dans lequel Philippine de Châlon et Louise de Savoye, sa belle-sœur, prirent successivement le voile, et menèrent jusqu'à leur trépas une vie toute consacrée à l'austérité et aux bonnes œuvres. Louise, alors veuve de Hugues de Châlon, seigneur de Nozeroy et de Châtelguion, y construisit deux chapelles, pourvues d'ornemens précieux, qu'elle dota généreusement (Charles Duvernoy, Esquisse des relations qui ont existé entre le comté de Bourgogne et l'Helvétie, dès le XIe au XVIIe siècle, 1841 - books.google.fr).

 

Louise de Montbéliard est une fille du grand père de Henri II de Montfaucon, Henri Ier devenu comte de Montbéliard après son mariage avec Agnès héritière du titre.

 

Saint Vincent Ferrier venait de prĂŞcher une mission Ă  Besançon. Au moment de quitter la ville et de se sĂ©parer de sainte Colette, qui Ă©tait alors au couvent des Clarisses, qu'elle avait fondĂ© en cette ville, comme Vincent annonçait Ă  la Sainte que son dessein Ă©tait de se rendre incessamment en Espagne, elle lui dĂ©clara que ce n'Ă©tait pas lĂ  que Dieu l'attendait. [...] L'Ă©vĂ©nement justifia complĂ©tement la prĂ©diction de sainte Colette, car le 5 avril 1419, ce grand serviteur de Dieu, de la famille de Saint-Dominique, mourut Ă  Vannes en Basse-Bretagne, Ă  l'âge de plus de soixante-deux ans. Une autre fois que sainte Colette Ă©tait Ă  Nozeret, la princesse d'Orange trouvant la Sainte seule, triste et les yeux baignĂ©s de larmes, lui demanda le sujet de ses pleurs. « HĂ©las, dit-elle, madame, je vais vous le dire sans façon. C'est que Dieu m'a fait connaĂ®tre qu'au siècle suivant, votre couvent d'Orbes, sera entièrement dĂ©truit par les hĂ©rĂ©tiques du voisinage; celui de Vevay le sera de mĂŞme; mais les religieuses de Vevay auront au moins au-delĂ  du lac une ville de refuge, comme celle de Genève ; au lieu que les religieuses du couvent d’Orbes, semblables Ă  des brebis errantes, seront dispersĂ©es çà et lĂ , sans pouvoir se rĂ©unir en communautĂ©.» Il en arriva ainsi que sainte Colette l'avait prĂ©dit. Car, les religieuses de Vevay se retirèrent Ă  Evian, oĂą elles sont encore Ă  prĂ©sent, et celles de Genève se retirèrent Ă  Annecy, oĂą elles ont toujours subsistĂ© depuis. Mais celles d'Orbes furent obligĂ©es de se disperser dans les couvents du comtĂ©, sĂ©parĂ©es les unes des autres, sans plus former de communautĂ©, ni retourner Ă  Orbes (Edouard Jumel, Vie de sainte Colette: rĂ©formatrice des trois ordres de Saint François, et patronne de la ville de Corbie, 1868 - books.google.fr).

 

A cette époque, Orbe était une enclave bourguignonne en terre suisse, possession des comtes de Montbéliard (fr.wikipedia.org - Orbe (Vaud)).

 

Henriette d'Orbe, (1387 - 14 février 1444), dame de Montfaucon et comtesse de Montbéliard, hérite du comté de Montbéliard à la mort de son grand-père et le transmet à la maison de Wurtemberg (fr.wikipedia.org - Henri de Montbéliard).

 

Chartres et Colette

 

Originaire du village de Dangeau, au diocèse de Chartres, Robert III de Dangel ou d Dangeau (1401-1430) était frère de Milon, doyen de Chartres et chanoine de Paris. Il était lui-même chanoine de ces deux Eglises, archidiacre de celle de Paris, conseiller et aumônier de Charles VI, roi de France, et de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, et enfin archidiacre de Nevers. [...] Élu évêque de Nevers par le chapitre, il fut sacré au mois de mai 1401, par Guillaume de Dormans, archevêque de Sens, et prit possession immédiate du siège par Pierre Leclerc, archidiacre de Decize, son procureur. [...] Par une bulle du 19 juillet 1418, le pape Martin V chargea Robert de Dangeau, de l'établissement d'un couvent de Clarisses à Decize, dont la fondation était due à Bonne d'Artois, comtesse de Nevers. Le 4 octobre 1419, il en fit la dédicace et y plaça pour première supérieure sainte Colette, dont les éminentes vertus mirent en peu de temps cette maison en haute réputation (Honoré Jean P. Fisquet, La France pontificale, Tome 16, 1864 - books.google.fr).

 

Vers 1395, Robert de Vendôme, est vidame de Chartres à cause de sa femme Jeanne de Chartres, héritière du titre , épousée vers 1380, dame de la Meseraye et de Meslay (sœur et héritière de Guillaume VII, Vidame de Chartres) (fr.wikipedia.org - Liste des vidames de Chartres).

 

Jacques de Bourbon est le fils de Jean Ier de Bourbon-La Marche, comte de La Marche, de VendĂ´me et de Castres, et de Catherine de VendĂ´me, comtesse de La Marche, de VendĂ´me et de Castres (fr.wikipedia.org - Jacques II de Bourbon, fr.wikipedia.org - Jean de Bourbon-Carency (1378-1457)).

 

Jacques et Jeanne sont représentés en vitraux dans la chapelle de Vendôme de la cathédrale de Chartres (fr.wikipedia.org - Chapelle de Vendôme).

 

Comme son frère Jean de Bourbon-VendĂ´me, cĂ©lèbre par son vĹ“u Ă  Notre-Dame de Chartres (1428), Jacques de la Marche se recommande par sa grande dĂ©votion. Après avoir participĂ© Ă  la croisade de Nicopolis (1396) et après l'Ă©chec de son mariage avec Jeanne de Naples, il place sa confiance dans les saints, comme saint Antoine et sainte Anne. L'hommage qu'il rend Ă  sainte ValĂ©rie relève d'une profonde symbolique. La mĂ©moire de la sainte Ă©tait liĂ©e Ă  celle de son fiancĂ© converti, Tève le Duc. Ce serait l'ancĂŞtre des ducs d'Aquitaine dont les comtes de la Marche Ă©taient les hĂ©ritiers. Ainsi la patronne de Chambon Ă©tait-elle devenue la sainte tutĂ©laire des comtes de la Marche. La commande du buste de Chambon par Jacques de la Marche apparaĂ®t donc comme la consĂ©cration de toute une politique. Fidèle Ă  Charles VII, Jacques II rentre en France en 1422 : c'est l'annĂ©e de l'accession sur le trĂ´ne de Charles VII. Le dauphin Louis, futur Louis XI, naĂ®t en 1423. En 1424, ayant rĂ©unifiĂ© son comtĂ©, Jacques II multiplie fortifications et donations religieuses. En 1425, Marie de Berry, duchesse de Bourbon et cousine de Jacques II, signe avec Philippe le Bon l'abstinence de guerre qui aboutira Ă  la paix d'Arras (1435). Ce rapprochement entre Français, voulu par la famille de Bourbon et auquel Jacques II a Ă©tĂ© personnellement mĂŞlĂ© par son amitiĂ© avec Jean sans Peur , devait sceller l'unitĂ© de la nation française . Telle est la rĂ©sonance politique qui entoure le fameux chef-reliquaire : celui- ci aurait Ă©tĂ© commandĂ© en 1435 au moment oĂą le «Saint Roi» se libère de ses charges temporelles pour prendre l'habit de cordelier . Le chef de Sainte ValĂ©rie se prĂ©sente ainsi comme un vrai testament spirituel. Dans ces conditions, les cinq blasons du collier peuvent concerner : Charles VII (1422-1461), le dauphin Louis (futur Louis XI), nĂ© en 1423, le duc Charles Ier de Bourbon (1434-1456), la reine Marie d'Anjou (1422-1463) et enfin Jacques II de la Marche, roi de Sicile, de retour en France de 1422 Ă  1438. On aboutit ainsi Ă  une datation qui tourne autour de 1435-1438 (Jacques Baudoin, Sculpture flamboyante en Limousin, Guyenne, Quercy, 2009 - books.google.fr).

 

Il faut rattacher aux oeuvres de sainte Colette le retour de Jacques II, roi de Naples et comte de la Marche, à la vie monastique et l'entrée de ce prince aux Cordeliers à Besançon. L'ambition d'un trône poussa Jacques II, veuf et âgé de 45 ans, à aller épouser en 1445 Jeanne II, reine de Naples, veuve de Guillaume, duc d'Autriche. Quand il vit l'inconduite. de sa femme, il la fit enfermer dans une tour du château et il fit mettre à la torture les courtisans et les favoris de la reine. Il oubliait qu'il n'était que prince-époux et non roi, que la reine ne pouvait relever que du jugement des nobles ou de la nation. Le peuple se révolta, délivra la reine et la remit sur le trône. C'est Jacques II qui alla en prison prendre la place de Jeanne. Cependant celle-ci le fit évader, terminant ainsi à l'amiable une union qui n'avait satisfait aucune des deux parties. contractantes. Jacques continua à vivre en Italie, puis en Suisse, profitant des revenus de ses riches domaines de la Marche pour mener une vie de dissipation. [...] En 1434 il avait 64 ans, il résolut de mettre fin à une existence de désordre qui avait été encore plus honteuse qu'agitée, à cause de son mariage avec Jeanne de Naples. Il tourna ses regards vers la religion; il choisit l'ordre des Cordeliers ou franciscains. Sainte Colette étant la réformatrice de l'Ordre de saint François d'Assise, pour les Clarisses comme pour les Cordeliers, il désira voir cette humble sainte qui fondait des couvents en adoptant de sages règles plus appropriées au bien de la religion. […] Jacques II quitta Vevey et il se dirigea par Pontarlier sur Besançon où il savait trouver le couvent des Cordeliers le plus rapproché des séjours habituels de sainte Colette. (Ch. Boissonnet, Sainte Colette et Jacques II de Bourbon, 1880 - books.google.fr).

 

En 990, l'archevêque Sigeric alla à Rome. Pour en revenir, il passa par Lucca, Pontremoli, Piacenza, Pavia, Vercelli, Grand-Saint-Bernard, Saint-Maurice, Vevey, Lausanne, Orbe, Pontarlier, Besançon, Bar-sur-Aube, Châlons-sur-Marne, Reims, Arras, Térouanne. Parks appelle cette route, celle du «milieu» (middle route), c'est-à-dire entre la ligne Lyon-Paris, à l'Ouest, et la route du Rhin, à l'Est (Les itinéraires d'Italie, Bulletin des Amis de Rabelais et de La Devinière, Volume 2, Numéros 1 à 7, 1962 - books.google.fr).

 

Jacques II de Bourbon, comte de La Marche, choisit dans son testament de reposer près de sainte Colette, qu'il avait rencontrer en 1425, ou, s’il meurt avant elle, dans l’église des frères mineurs de Castres3. Décédé à Besançon le 24 septembre 1438, il est enterré dans l’église des Clarisses de cette ville. Son corps n’est par la suite transféré ni à Castres, ni à Gand où la sainte (morte en 1447) était inhumée4. Le coût du transport et d’une nouvelle célébration avait probablement fait hésiter ses héritiers (Murielle Gaude-Ferragu, D’or et de cendres, 2005 - books.openedition.org, Jacques Baudoin, Grand livre des saints: culte et iconographie en Occident, 2006 - books.google.fr).

 

Les routiers bretons

 

Le danger commun, la crainte des routiers, rapprochait les deux comtes. Dès 1374 Du Guesclin, en DauphinĂ©, se prĂ©parait Ă  passer en Italie avec ses bandes, et les Ă©tats des comtes de Savoie et de Genève, placĂ©s sur leur chemin, risquaient fort d'ĂŞtre dĂ©vastĂ©s. Le comte AmĂ©dĂ©e VI prit de grandes prĂ©cautions, Ă©tablissant des garnisons et des postes le long de la frontière, enrĂ´lant des troupes; Pierre de Genève, dont le comtĂ© se trouvait un peu Ă  l'Ă©cart de la grande voie de la Maurienne au sud, et protĂ©gĂ© au nord par le pays de Vaud, s'associa Ă  ces prĂ©paratifs : les châteaux de Gaillard et de Rumilly-sous-Cornillon, en particulier, furent fortifiĂ©s, et des impĂ´ts levĂ©s Ă  cette occasion en 1376. La menace subsista longtemps, car encore en 1381 des mouvements de bandes de Bretons donnaient de l'inquiĂ©tude (Memoires et Documents Publies par la Societe D'Histoire et D'Arceologie, Tome 39, 1978 - books.google.fr).

 

Les routiers bretons se sont acquis par leur nombre et leur bravoure non moins que par leurs dĂ©prĂ©dations une terrible renommĂ©e. Parfois on les trouve aux ordres des ducs de Bourgogne. Philippe le Hardi, entre autres, fit appel Ă  leurs services et les amena au secours de son beau-père, le comte de Flandre, lorsque celui-ci se trouva aux prises avec ses sujets rĂ©voltĂ©s. On relate que, dans la campagne de 1383, une compagnie de soixante lances bretonnes commandĂ©es par Yvonnet de TintĂ©niac et le sire de Saint-Didier se fit tailler en pièces en dĂ©fendant l'important lieu stratĂ©gique qu'Ă©tait le pont de Comines sur la Lys. Parfois ces routiers se montraient moins dĂ©sirables. A plus d'une reprise, notamment après la paix de BrĂ©tigny (1360) et après celle d'Arras (1435), les ducs de Bourgogne ont dĂ», pour s'en dĂ©barrasser, entreprendre contre eux de longues et pĂ©nibles campagnes. Il est juste cependant de noter que l'on donnait par extension ce nom de Bretons Ă  mainte troupe de pillards qui n'y avait nullement droit par son origine (BarthĂ©lemy AmĂ©dĂ©e Pocquet du Haut-JussĂ©, Deux fĂ©odaux : Bourgogne et Bretagne (1363-1491), 1935 - books.google.fr).

 

Nicolas Flamel

 

Flamel, nous l'avons dit, reprĂ©sente le mercure philosophique ; son nom mĂŞme parle comme un pseudonyme choisi tout exprès. Nicolas, en grec "Nicholaos", signifie vainqueur de la pierre (de "Niche", victoire et "laos", pierre, rocher). Flamel se rapproche du latin Flamma, flamme ou feu, exprimant la vertu ignĂ©e et coagulante que possède la matière prĂ©parĂ©e, vertu qui lui permet de lutter contre l'ardeur du feu, de s'en nourrir et d'en triompher. Le marchand tient lieu d'intermĂ©diaire dans la sublimation, laquelle rĂ©clame un feu violent. Dans ce cas, "emporos", marchand, est mis pour "empuros", qui est travaillĂ© au moyen du feu secret (Fulcanelli, Demeures philosophales, Tome 1, 1985 - books.google.fr).

 

Flamel est nĂ© Ă  Pontoise : Loyse - l'Oise.

 

L. Frati, le bibliothĂ©caire de Bologna n'a guère Ă©tudiĂ© de la collection Caprara que «le poĂ©sie alchimistiche attribuite a J. de Meun» (Arch. Romanicum III (1919). Du moins a-t-il notĂ© qu'une partie des Ms fut recueillie en France entre 1625 et 1639, avec les noms de ceux qui laissèrent copier des textes : Guy de la Brosse, Gabriel Joly, le gentilhomme de Normandie de Bois Jeuffroy, qui possĂ©dait les Ĺ“uvres des alchimistes de Flers, que nous avions eu l'occasion d'Ă©tudier dans la collection Vauquelin des Yveteaux. Entre autres noms intĂ©ressants nous avons relevĂ© celui d'un M. de la Chevalerie de Chartres, qui pourrait bien ĂŞtre ainsi cet Arnauld de la Chevalerie, traducteur-Ă©diteur du Livre des figures hiĂ©roglyphiques attribuĂ© Ă  N. Flamel (ConfĂ©rence de M. François Secret. In: École pratique des hautes Ă©tudes, Section des sciences religieuses. Annuaire. Tome 87, 1978-1979 - www.persee.fr).

 

Le grand Esclaircissement de la pierre philosophale pour la transmutation de tous les métaux, par Nicolas Flamel. Paris, 1628, in-8 (Catalogue de la bibliothèque de feu M. Arthur Dinaux, Tome 2, 1864 - books.google.fr).

 

Pierre Borel (Trésors des Recherches et Antiquités Gauloises et Françoises, 1655) note au sujet de Flamel qu'il dut acheter le silence du sieur de Cramoisy (cf. "rouge") maître des requête venu enquêter chez lui. Il aurait réalisé une transmutation argentine un 17 janvier 1382 ou 1383, un lundi jour de la lune (argent). Sa femme Pernelle fut enterré au cimetière des Innocents (Jacques Sadoul, Le trésor des alchimistes, J'ai lu, 1970, p. 104).

 

L'un de nos vieux auteurs français, Noël du Faïl, partisan de la bonne gausserie rabelaisienne, venant à parler dans ses Contes d'Eutrapel, de l'alchimie et de ses adeptes, cite, à propos de Flamel et du cloître des Innocents, la Danse Macabre, appelée selon lui Marcade, du nom d'un poëte parisien, et peinte aux Innocents sous le règne du roi Charles V.

 

Un de ses plus chauds dĂ©fenseurs, le docteur Salomon, qui a rĂ©imprimĂ©, au XVIIe siècle, les Ă©crits de Flamel, dans sa bibliotltèque chimique, nous fait connaĂ®tre que parmi les monuments, dont l'Ă©dification fut le rĂ©sultat de largesses de ce singulier personnage, on trouve au cimetière des Innocents, l'arche du cĂ´tĂ© de la rue Saint-Denis, et, vis-Ă -vis de l'arche du cotĂ© de la rue de la Lingerie, le Charnier. Sur l'un des piliers du charnier ou arche voĂ»tĂ©e pour mettre les ossements des morts, on voyait un N et un F gothiques, puis les mots : Ce charnier fut fait et donnĂ© Ă  l'Ă©glise pour amour de Dieu l'an 1399 (Georges Kastner, Les danses des morts: dissertations et recherches historiques, philosophiques, littĂ©raires et musicales sur les divers monuments de ce genre, 1852 - books.google.fr).

 

Cf. encore le quatrain précédent IX, 58.

 

A Paris, l'église de Saint-Jean, et son «cimetière Vert» ((platea veteris cemeterii) sont disposés sur l'emplacement de l'hôtel de Pierre de Craon, l'assassin de Clisson, après l'assassinat du duc d'Orléans. En s'éloignant un peu vers le nord, on passait devant l'église des Innocents et son charnier, foyer d'infection, mauvais lieu, rendez-vous de mendiants et de voleurs, pillant parfois ou profanant les tombeaux, «se chauffant des ossements des morts.» Dans sa partie peu fréquentée, les chiens venaient déterrer les cadavres. Il n'en était pas moins choisi pour les assemblées publiques, les prédications et les représentations théâtrales. Le charnier des Innocents se recommandait aux artistes et aux penseurs par les «images des trois vifs et des trois morts,» par «peintures notables de la danse macabre et autres.» (Augustin Challamel, Mémoires du peuple français depuis son origine jusqu'à nos jours, Tome 4, 1868 - books.google.fr).

 

Flamel en Suisse

 

Flamel vit bien qu'on l'arrĂŞteroit, s'il passoit pour avoir la Pierre Philosophale ; & il y avoit peu d'apparence qu'on fĂ»t longtemps sans lui attribuer cette science, après l'Ă©clat qu'avoient sait ses largesses. Ainsi en vĂ©ritable Philosophe qui ne se soucie pas de vivre dans l'esprit du genre humain, il trouva le moyen de fuir en faisant publier sa mort et celle de sa femme. Par ses conseils, elle feignit une maladie qui eut son cours ; et lorsqu'on la dit morte, elle Ă©tait près de la Suisse, oĂą elle avait l'ordre de l'attendre. L'on enterra pour elle un morceau de bois & des habits & pour ne point manquer au ceremonial, ce fut dans une des Eglises qu'elle avoit fait bâtir. Ensuite il eut recours au mĂŞme stratagĂŞme pour lui : comme l'on fait tout pour de l'argent, il n'eut pas de peine Ă  gagner les mĂ©decins et les gens d'Église. Il laissa un testament dans les formes, oĂą il recommandait avec soin qu'on l'enterrât avec sa femme et qu'on Ă©levât une pyramide sur leurs sĂ©pultures. Un second morceau de bois fut enterrĂ© Ă  sa place, pendant que ce Sage Ă©tait en chemin pour rejoindre sa femme. Depuis ce temps-lĂ , ils ont menĂ© l'un et et l'autre une vie philosophique, et ils sont tantĂ´t dans un paĂŻs et tantĂ´t dans un autre (Voyage du sieur Paul Lucas, fait par ordre du roy dans la Grece, l'Asie Mineure, la Macedoine et l'Afrique, Tome 1, 1712 - books.google.fr).

 

Paul Lucas, est un voyageur et écrivain français des XVIIe–XVIIIe siècles. Peut-être, comme son contemporain Jean Chardin, était-il joaillier, comme certains l'écrivent. Il y avait en tous cas à Paris une famille d'orfèvres de ce nom à cette époque. Il bénéficia rapidement de protections à la Cour et c'est à Madame qu'il dédia son premier ouvrage. En 1711 il devint officier de la Maison de la Duchesse de Bourgogne, Marie-Adélaïde de Savoie, épouse du Petit dauphin.

 

Il fut envoyé en 1699, comme «antiquaire du Roi» pour enrichir de ses trouvailles les cabinets du roi et de sa belle-sœur allemande la Princesse Palatine, ainsi que pour relever des inscriptions grecques et latines.

 

Il publia en 1704, chez l'imprimeur-Ă©diteur Guillaume Vandive, imprimeur du Dauphin, le compte rendu du voyage effectuĂ© de juin 1699 Ă  juillet 1703, en un livre somptueux ornĂ© de nombreuses gravures : le titre en est : Voyage du Sieur Paul Lucas au Levant (Paris, G. Vandive, 1704, deux tomes). Il publia en 1712, chez Nicolas Simart, successeur de feu Guillaume Vandive, son nouveau voyage d'octobre 1704 Ă  septembre 1708. Le titre de ce second ouvrage est : Voyage du Sieur Paul Lucas fait par ordre du Roy dans la Grèce, l'Asie Mineure, la MacĂ©doine et l'Afrique (Paris N. Simart, 1714, deux tomes) (fr.wikipedia.org - Paul Lucas (voyageur)).

 

Loyle ou Nicolas comme Nikès eleos/oleos : huile de la difficile victoire

 

Des éditions ont "Loyle" au lieu de "Loyse", difficilement interprétable.

 

Autrement "loile" pour "luile" (l'huile) (C.-H. Maillard de Chambure, Règle et statuts secrets des Templiers, précédés de l'histoire de l'établissement, de la destruction et de la continuation moderne de l'Ordre du Temple, publiés sur les MSS. inédits des Archives de Dijon, 1840 - books.google.fr).

 

Bari, grande ville, est la capitale d'une province à laquelle elle donne son nom. Ce qu'elle offre de plus remarquable sont ses fortifications, le port et l'église de Saint-Nicolas, où l'on conserve les os de ce saint. La province de Bari est un pays très fertile, qui produit en abondance l'huile, les amandes et le safran (Aristide Michel Perrot, Nouvel itinéraire portatif d'Italie, 1830 - books.google.fr).

 

On ajoûte que les miracles que Dieu avoit operez à Myre, en consideration de saint Nicolas se continuerent à Bari avec encore plus de benedictions & d'abondance. C'est ce qui y attira un concours prodigieux de peuples chrétiens les plus éloignés de l'Europe, et qui y forma ce fameux pèlerinage qui subsiste toujours avec grande dévotion. Nous en avons vu un exemple célèbre au 8 de novembre, en la personne de saint Godefroy, évéque d'Amiens, qui y alla vingt ans environ après cette fameuse translation et qui en rapporta une petite phiole pleine de l'huile sainte [parfumée] qui distilloit de son tombeau à Bari, de la même maniere qu'on l'avoit vû à Myre (Adrien Baillet, Les Vies Des Saints, Tome 3, 1715 - books.google.fr).

 

Le premier qui semble avoir fait le rapport entre oliua et le mot grec eleos repris comme oleos, est le pape Grégoire le Grand dans ses Homélies aux Evangiles: Quos autem per oliuam nisi misericordes accipimus? Quia et graece oleos misericordia uocatur et quasi oliuae liquor ante omnipotentis oculos misericordiae fructus lucet. C'est à partir de là que l'on trouvera souvent, comme chez Héric d'Auxerre, Aelred de Rievaulx et d'autres, oleos au lieu de eleos. La relation directe entre l'olivier et l'huile, d'une part, et, d'autre part, la miséricorde figure chez Bède, dans une homélie aux Evangiles et a comme point de départ le Mont des Oliviers (Paul Tombeur, La symbolique de l'huile et du vin, Olio e vino nell'alto Medioevo: Spoleto, 20-26 aprile 2006, 2007 - books.google.fr).

 

Sainte Colette de Corbie, une clarisse remarquable par sa vie ascĂ©tique et contemplative, «subissait tour Ă  tour, la nuit qui prĂ©cĂ©dait les solennitĂ©s des martyres, tous leurs supplices. Elle se sentait tantĂ´t brĂ»lĂ©e, comme les bienheureux diacres Laurent et Vincent, tantĂ´t Ă©corchĂ©e comme saint BarthĂ©lemy, tantĂ´t crucifiĂ©e, coupĂ©e en morceaux, plongĂ©e dans l'eau ou l'huile bouillante. Parfois il lui semblait qu'on lui arrachait le cĹ“ur, qu'on lui ouvrait et dĂ©chirait les entrailles, qu'on enfonçait dans ses chairs des tiges enflammĂ©es, et qu'on la transperçait de part en part» (Ribet 1895, II: 495). Le «martyre rouge» est en gĂ©nĂ©ral considĂ©rĂ© comme la forme la plus haute du sacrifice, mais cette hiĂ©rarchie peut ĂŞtre discutĂ©e lorsqu'une vie de souffrance (acceptĂ©e ou provoquĂ©e) suscite une dĂ©gradation physique comparable Ă  l'effet des supplices. Selon un ancien rĂ©cit de sa vie, sainte Colette, souffrant comme on vient de le voir d'innombrables douleurs mystiques, en vint Ă  dire «qu'on avait fait bon marchĂ© du ciel aux martyrs» (Jean-Pierre Albert, Le corps dĂ©fait, Terrain, n° 18 : Le corps en morceaux, 1992 - books.google.fr).

 

"Son pere confesseur se doubta qu'elle ne s'en deust aller tantast Ă  notre Seigneur. Et pour celle doubte li bailla le saint oyle et derniere unccion".

 

Sainte Colette mourut le jour de l'élection de Nicolas V; or c'est bien en 1447 que ce pape fut élu (P. Ubald d'Alençon, Les vies de sainte Colette par P. Pierre de Reims et S. Perrine de la Roche, 1911 - books.google.fr).

 

Pendant le temps qu'elle a esté au couvent d'Auxonne, disent les sœurs le 9 juillet 1624, elle a été persécutée du diable. Une fois, pour l'impatienter, il lui versa sa lampe d'huile sur son livre lorsqu'elle prioit (Jacques Théodore Bizouard, Histoire de Sainte Colette et des Clarisses en Bourgogne (Auxonne et Seurre): d'après des documents inédits et des traditions locales, 1890 - books.google.fr).

 

On retrouve l’allusion Ă  l’huile dans la chantefable Aucassin et Nicolette, interprĂ©tĂ©e comme conte alchimique :

 

Le buste de la jeune fille, par la description qui en est faite, possède plusieurs implications alchimiques : "ses deux petits seins soulevaient son vĂŞtement, fermes et semblables, Ă  deux grosses noix" - "deus nois gauges" - dit le texte original, mots que Jean Dufournet commente ainsi : "variĂ©tĂ© de grosses noix, que l'on opposait dans certaines provinces aux petites noix ou noisettes". [...] Les savants n'excluent pas l'idĂ©e que "gallus", "coq" et "gallus", "gfaulois" soient un seul et mĂŞme mot. Et ils considèrent comme assurĂ© que "gauge" vient de "gallica nux", qui devient "noix gauge" en français. Quoique sarrasine, Nicolette a, par la mĂ©diation des noix, des seins "gaulois", qui sont aussi, Ă  la rigueur par l'Ă©tymologie, mais Ă  coup sĂ»r par l'alchimie, "coquets", et donc "mercuriens" avec tout ce que cela entraĂ®ne de puissance. La noix du noyer donne l'huile qui est abondamment prĂ©sente dans le langage hermĂ©tique, comme le prouvent des quelques extraits du Rosaire des Philosophe (Thierry Miguet, Le discours alchimique dans Aucassin et Nicolette, Volume 637 des Annales de l'UniversitĂ© de Franche-ComtĂ©, 1998 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Aucassin et Nicolette).

 

Car Aristander mesme & les deuins d'Alexandre le grand interprĂ©tèrent l'huile estre le signe de victoire, mais laborieuse & pĂ©nible. Et de faict comme le Roy fust arriuĂ© vers la riviere d'Oxus, allant faire la guerre aux Sogdians, &: qu'il eust campĂ© non loingde son pauillon, y virent soudain deux fontaines, l'vnc d'eaux, l'autre d'huile. Sur quoy les deuins enquis, Aristander fit response que la fontaine d'huile promettoit grande peine, mais en fin la victoire. Car les lutteurs s'oignent d'huile, & les vainqueurs sont couronnez d'oliuier. Parquoy lisez-vous quelquesfois aux anciens monuments ou memoires l'huile auoit estĂ© quelques fois lĂ©guĂ©; comme Ă  Reate T. FVNDILIV GEMILIUS VI. AVGVSTALIS H-s. xx DEDIT, c'est Ă  dire, a donnĂ© vingt sesterces, Ă  fin que du reuenu de ceste somme ceux qui seroyent presens en vesquissent Ă  son iour natal, le vingt huictiesme iour de Ianuier: & au mesme iour, pour la dedication de sa statue il donna aux dizeniers, & aux ieusnes compagnons des corbeilles, & un festin au peuple, & de l'huile pour l'exercice de la lutte qui practiquoit au iour des funĂ©railles. Je ne veux pas oublier qu'aux ieux Panathenaiques que l'on celebroit en l'honneur de Pallas on fouloit donner aux vainqueurs vn vaisseau plein d'huile, pource que l'huile d'oliue estoit de l'inuention de Minerue : bien qu'aucuns facent Mercure l'inuenteur de l'oliuier, non Pallas. Au demeurant nous auons dĂ©clarĂ© cy dessus pourquoy l'on mettoit vne braiche d'oliuier en ia main de Mercure (Les hieroglyphiques de Ian-Pierre Valerian, vulgairement nomme Pierius autrement, commentaires des lettres et figures sacrĂ©es des Aegyptiens et autres nations, traduit par Montlyard, 1615 - books.google.fr).

 

Cf. le "gloios" et le saint chrême des sacres de l'interprétation du quatrain I, 27.

 

Aristandre, qui etoit de Telmesse, & qui fut l'un des plus habiles Devins de son tems, avoit composĂ© un Ouvrage sur la science de l'interprĂ©tation des songes. C'est aparemment lui qui moienna le traitĂ© que sa patrie fit avec Alexandre. Ceux de Telmesse avoient nommĂ©ment beaucoup de foi pour les songes. Telmesse Ă©toit une ville maritime, aux extrĂ©mitĂ©s de la Lycie,aux piĂ©s d'une montagne de mĂŞme nom, laquelle est une partie du mont Cragus. Cette ville donnoit aussi son nom au golfe sur lequel elle Ă©toit bâtie, & qu'on appelloit Sinus Telmessicus, d'un cĂ´tĂ© il touchoit la Lycie, & de l'autre la Carie, selon la description de Tite-Live, I. XXXVII. c. XVI. Comme donc Telmesse Ă©toit la  premiere ville que l'on trouvoit en entrant de la Carie dans la Lycie, Etienne le gĂ©ographe la met dans la Carie, ainsi que Ciceron qui dit : Telmessus in Caria est, quâ in urbe excellit Haruspicum disciplina (Pierre Bayle, Dictionaire historique et critique. 2e ed. revue, corr. et augm. par l'auteur, Tome 3, 1702 - books.google.fr).

 

Dans la Notice du Pseudo-Épiphane (VIIe siècle), Telmessos est mentionné parmi les évêchés suffragants de Myra, et non parmi les métropoles ou les archevêchés autocéphales (André Mandouze, Sylvain Destephen, Prosopographie chrétienne du Bas-Empire, Volume 3, 1982 - books.google.fr).

 

"grande Loyse"

 

...et pour exemplaire la grande Sainte LOUYSE DE SAUOYE, qui nous at precedé dans la sainte Religion dans nostre monastere de Ste Claire a Orbe (Postface). [...] Comment cette benoiste Dame repçeut le sainct oële & trepassa moult doulcement; aussi les miraicles & merueilles qu'elle foi a faictes apres son glorieux trepas (Frédéric-Alexandre-Marie Jeanneret, Vie de très haulte, très puissante et très illustre Madame Loyse de Savoye religieuse au Convent de Madame Saincte-Claire d'Orbe: escripte en 1507 par une religieuse, 1860 - books.google.fr).

 

La bienheureuse Louise de Savoie ou Loyse de Savoie, née en 1462 probablement à Bourg-en-Bresse (France) et morte le 24 juillet 1503 à Orbe (Suisse), est une princesse de la maison de Savoie. La princesse Louise est l'une des filles du bienheureux Amédée IX, duc de Savoie et de Yolande de France (sœur du roi Louis XI).

 

Son oncle le roi de France lui fait épouser Hugues de Chalon-Arlay, seigneur de Château-Guyon, le plus jeune des fils de Louis II de Chalon-Arlay, prince d'Orange, le 24 août 1479. Le roi Louis XI en personne la mène jusqu'à Dijon. Elle vit chrétiennement avec son mari à Nozeroy dans leur propriété du Jura.

 

Devenue veuve en 1490, sur les conseils du père Perrin, la princesse entre au couvent de Sainte-Claire d'Orbe, dans le pays de Vaud. Selon Catherine de Saulx, elle y mène une vie religieuse exemplaire. Elle écrit des méditations et un traité monastique, qui n'ont pas été conservés. Elle est souvent malade, et meurt en 1503. Elle est dans un premier temps inhumée à Orbe.

 

Après sa mort, les sœurs auraient senti un parfum intense de fleurs là où elle avait l'habitude de prier. Son corps est transféré en 1531 à Nozeroy, dans le couvent des cordeliers. Elle est béatifiée par Grégoire XVI en 1839, en même temps qu'un autre membre de la maison de Savoie, Boniface de Savoie (mort en 1270). L'année suivante, sa châsse est déposée à côté de celle de son père Amédée, dans la chapelle royale de Savoie, à Turin. Dans les années 1950, une partie de ses reliques sont ramenées à Orbe et sont exposées dans une châsse de verre et de bronze. La bienheureuse Louise de Savoie est fêtée le 24 juillet (fr.wikipedia.org - Louise de Savoie (bienheureuse)).

 

"faire clame" : procès

 

Faire clame Ă©tait une manière de porter plainte : le plaignant versait alors un Ă©molument de quatre deniers (Revue historique vaudoise, Volumes 62 Ă  63, 1954 - books.google.fr).

 

Il semble que cette expression soit proprement suisse et vaudoise.

 

On retrouve dans les affaires des Cossonay, famille vaudoise, l’expression "faire clame".

 

Le seigneur ne peut enquĂŞter ou faire enquĂŞter, ni accuser pour les cas attouchant au corps, sans clame d'un autre : « Le seigneur ne peut enquĂ©rir ou faire enquĂ©rir, ni faire clame sus ou contre le corps, fors selon la coutume de Lausanne» (Confirm. de 1414). Cette disposition contient une garantie contre les jugements arbitraires. La crainte de jugements de cette espece se fait jour dans le code de nos franchises. Il n'y avait pas alors de ministère public (Louis de Charrière, Chronique de la ville de Cossonay, 1847 - books.google.fr).

 

Louise de Cossonay, femme de Jean de Challant, petite-nièce du précédent, lui succéda dans la seigneurie, dès l'an 1395. Elle ne tarda pas à mourir sans postérité connue. Son mari la suivit de près dans la tombe (Louis de Charrière, Recherches sur les sires de Cossonay et sur ceux de Prangins, issus de leur famille, 1845 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Famille de Cossonay).

 

La puissante dynastie de Cossonay s’éteint en 1406, à la disparition de Jeanne de Cossonay soeur de Louise et de son mari Jean de Rougemont. Le comte d'Amédée VIII de Savoie et Thiébaut de Rougemont, archevêque de Besançon se disputent alors les terres de la seigneurie. L'évêque de Lausanne, Guillaume de Challant, arbitre le litige et adjuge en 1421 ces domaines au comte Amédée de Savoie

 

En 1475, lors de la guerre de Bourgogne, les Bernois et les Fribourgeois incendient la ville et son château (fr.wikipedia.org - Cossonay).

 

La grand-mère de Louis de Cossonay Ă©tait une autre Louise : Louise de MontĂ©bliard.

 

Louise de Montbéliard, sœur de Jeanne, filles de Henri, comte de Montbéliard, et d'Agnès de Bourgogne, fut fiancée le 10 novembre 1343 à Jean III, sire de Cossonay, avec une dot de 5000 florins d'or, sous la même réserve ci-dessus indiquée Ces alliances, contractées par les propres nièces de Girard, seigneur d'Orbe et d'Echallens, avec les principaux seigneurs du Pays-de-Vaud, ainsi que les liens qui l'unissaient aux sires de Grandson, frères de Jaquette, sa femme, tendaient à consolider de plus en plus l'influence de la maison de Montfaucon dans ce pays, et contribuaient à mettre ses domaines à l'abri de toute entreprise hostile (F. Gingins-La Sarra, Recherches historiques sur les acquisitions des sires de Montfaucon et de la maison de Chalons dans le Pays de Vaud, Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire de la Suisse romande, Volume 14, 1857 - books.google.fr).

 

La guerre était inévitable et Henri de Montfaucon, comte de Montbéliard, commença les hostilités. Avec une partie des seigneurs comtois, il s'empara le 22 juillet 1363, de la châtellenie de Chaussin, pointe avancée des Bourguignons dans le pays «d'oultre Saône», et ravagea les environs. En août, à Auxerre, des délégations du duc de Bourgogne et de la comtesse Marguerite se rencontrèrent pour essayer de calmer les passions, sans beaucoup de succès.

 

Philippe le Hardi, ayant quelque peine à faire face à deux fronts à la fois, essaie d'arrêter l'un des conflits, et rencontre le 12 février 1364 à Dijon la comtesse Marguerite pour essayer de trouver une solution, mais sans résultat. La guerre continue, et le 15 juin 1364, le comte de Montbéliard, nommé gardien de la Comté, décide avec les seigneurs franc-comtois d'envahir le duché, sous prétexte que les routiers soldés par le duc avaient commis des pillages dans leur pays. La situation de la Bourgogne est dramatique, car Philippe le Hardi est parti avec ses féodaux en Normandie guerroyer pour le compte de Charles V contre Charles le Mauvais, roi de Navarre. En hâte, Jean de Montagu, seigneur de Sombernon, gouverneur en l'absence du duc, installe des capitaines dans les villes frontalières comme Pontailler-sur-Saône, et rassemble les féodaux disponibles. Un secours appréciable vient d'anciens chefs de bande des Grandes Compagnies qui sont passés au service du duc, moyennant des soldes élevées. Il s'agit de Thomas de Voudenay, de Jean d'Armagnac, mais surtout d'Arnauld de Cervole (Jean Rauzier, Finances et gestion d'une principauté: Le duché de Bourgogne de Philippe le Hardi, 1364-1384, 1996 - books.google.fr).

 

Pendant la guerre folle, en 1465, le comte de Charolais croyait trouver sous ces murs le duc de Bretagne; mais ce duc avait été arrêté dans sa marche par le comte Jean de Vendôme, qui ne voulut jamais lui permettre de passer sur ses terres; il fallut le combattre, et cette résistance empêcha la jonction des armées de Bretagne et de Bourgogne (François Charles Liskenne, Histoire de Louis XI, Tome 1, 1830 - books.google.fr).

 

Bourgogne et Bretagne

 

Entre la carrière des deux ducs qui vont d'abord retenir notre attention règne un synchronisme remarquable : Philippe le Hardi est nĂ© le 17 janvier 1342. Jean de Montfort Ă©tait son aĂ®nĂ© d'un peu plus d'un an Ă©tant venu au monde entre le 30 septembre et le 8 dĂ©cembre 1340; Philippe le Hardi a Ă©tĂ© gratifiĂ© du duchĂ© de Bourgogne par lettres secrètes de son père en date du 6 septembre 1363, confirmĂ©es publiquement par des lettres patentes de son frère le 2 juin 1364. Jean de Montfort a gagnĂ© le duchĂ© de Bretagne sur le champ de bataille d'Auray le 29 septembre de cette mĂŞme annĂ©e 1364; Philippe enfin est mort le 27 avril 1404. Jean, qui l'avait prĂ©cĂ©dĂ© dans la vie, le devança dans la tombe le 1er novembre 1399. A ce parallĂ©lisme chronologique faut-il ajouter une similitude de natures et de facultĂ©s ? Oui , si l'on se range Ă  l'opinion de Froissart. Selon celui-ci, chacun de ces deux ducs Ă©tait «imaginatif». Sous la plume du chroniqueur ce terme dĂ©signe un homme intelligent qui sait voir les choses comme en image. Philippe de Bourgogne, dit-il, «estoit sage et ymaginatif et sur ses besoignes veoit tout au long». Autrement dit c'Ă©tait un politique capable de prĂ©voir et de calculer. Quant au duc de Bretagne «il estoit assez soubtil et ymaginatif». Cette qualitĂ© commune s'est rĂ©vĂ©lĂ©e par des voies diffĂ©rentes chez l'un et chez l'autre. Si la vie du Bourguignon progresse comme un fleuve vaste et puissant sans cesse grossi de nouveaux affluents, celle du Breton est bousculĂ©e par des chutes et des rapides, voire par des pertes, heureusement pour lui temporaires et bientĂ´t suivies d'Ă©tonnantes rĂ©surgences. Au dĂ©but, leurs destinĂ©es paraissent fort Ă©loignĂ©es l'une de l'autre. Jean de Montfort, devenu orphelin par la mort de son père dès le dĂ©but de la guerre de Succession, fut amenĂ© en Angleterre par sa mère, l'impĂ©tueuse Jeanne de Flandre, et recueilli par le protecteur de sa cause, le roi Edouard III. Le futur Jean IV n'avait alors que deux ans. Il fut bientĂ´t privĂ© de sa mère atteinte, semble-t-il, de folie. L'infortunĂ© prince, d'abord hĂ©bergĂ© Ă  la Tour de Londres, fut ensuite pourvu d'une maison domestique. MariĂ© Ă  quinze ans Ă  l'une des filles d'Edouard III, mais veuf au bout de quelques mois, il fut confinĂ© dans des comtĂ©s Ă©loignĂ©s, peut-ĂŞtre dans son fief de Richemont. De temps Ă  autre le roi le tirait de sa retraite. C'est ainsi qu'il fut appelĂ© Ă  Westminster en 1358 pour assister au Grand Conseil. En mars de l'annĂ©e suivante il fut invitĂ© aux joĂ»tes qui se donnèrent Ă  Smithfield. Ces dates correspondent prĂ©cisĂ©ment Ă  la pĂ©riode oĂą la cour d'Angleterre eut Ă  loger un hĂ´te d'un caractère insolite, le roi de France Jean le Bon fait prisonnier Ă  Poitiers avec son fils Philippe. Le vainqueur leur faisait goĂ»ter une captivitĂ© assez douce, Ă©maillĂ©e de rĂ©ceptions et de fĂŞtes qui toutefois laissaient aux diplomates le temps d'accomplir leur ouvrage. Ceux-ci arrĂŞtèrent, le 8 mai 1358, les termes d'un traitĂ© de paix très avantageux pour l'Angleterre. Il est permis de supposer que le prince breton fut appelĂ© Ă  Westminster pour ratifier cet acte dont un passage le concernait. Rencontra-t-il en cette occurrence le jeune Philippe de France ? C'est vraisemblable. Si leur conversation quitta pour un moment les tournois et les dames, se risqua-t-elle Ă  formuler des hypothèses sur la prochaine restauration de leurs puissances respectives ? Ils auraient fait preuve d'une extraordinaire perspicacitĂ© car rien dans les circonstances oĂą ils vivaient n'autorisait des conjectures favorables. Les annĂ©es passèrent. La paix rouvrit Ă  Philippe les portes de la France (25 octobre 1360). Jean , de son cĂ´tĂ©, traversa la Manche, en aoĂ»t 1362, pour conquĂ©rir son duchĂ©. Le succès dĂ©passa ses espĂ©rances. Mais, vainqueur grâce au roi d'Angleterre, il lui resta en quelque sorte infĂ©odĂ©. Le nouveau duc de Bretagne et le nouveau duc de Bourgogne se trouvèrent donc dans des camps opposĂ©s. Lorsque Charles V, pour effacer les humiliations de la dĂ©faite, rouvrit la guerre contre les Anglais, l'entourage et les manĹ“uvres de Jean IV lui parurent suspects. Une trĂŞve ayant libĂ©rĂ© pour 42 jours Ă  partir du 18 septembre 1372, l'armĂ©e de Du Guesclin occupĂ©e Ă  reconquĂ©rir le Poitou, Charles V la dirigea vers la Bretagne. Il s'agissait par le dĂ©ploiement de forces im- posantes d'intimider Jean IV et de l'arrĂŞter, s'il en Ă©tait encore temps, sur la voie de la dĂ©fection. L'armĂ©e, que commandait Du Guesclin, comprenait comme un Ă©tat-major de princes des Fleurs de Lis. Parmi eux le duc de Bourgogne Ă©tait Ă  coup sĂ»r le meilleur militaire et le plus fin diplomate . Avant de franchir en armes la frontière de la Bretagne, il accomplit une dĂ©marche courtoise auprès du duc Jean. Il lui fit porter un message secret par un chevalier de toute confiance, le sire de Sansay. Il lui donna pour mission de voir le duc, de lui transmettre certains propos qui ne pouvaient ĂŞtre livrĂ©s Ă  l'Ă©criture et de rapporter une rĂ©ponse. La missive de Philippe parvint-elle Ă  son destinataire ? Peu importe. Jean IV en tout cas maintint et exagĂ©ra sa politique anglophile. Quand l'armĂ©e française eut pĂ©nĂ©trĂ© sans obstacle au cĹ“ur du duchĂ©, ses chefs reçurent de Jean une lettre pleine de ces assu- rances fallacieuses dont il Ă©tait prodigue. Les Français, qui ne disposaient que d'un court dĂ©lai, affectèrent de s'en contenter et tournèrent bride cependant que Jean IV prĂ©sidait sur les rivages extrĂŞmes de son pays Ă  la descente d'un corps expĂ©ditionnaire anglais. Cette provocation souleva un si furieux tollĂ© parmi les Bretons que Jean IV dut quitter son duchĂ© oĂą personne ne voulait plus obĂ©ir Ă  l'alliĂ© des ennemis hĂ©rĂ©ditaires. Une fois de plus Jean trouva refuge en Angleterre. Il en dĂ©barqua dès l'annĂ©e suivante Ă  la tĂŞte d'une puissante armĂ©e dont il partageait le commandement avec le duc de Lancastre. Ils entreprenaient cette chevauchĂ©e fameuse qui traversant la France de Calais Ă  Bordeaux afficha par son Ă©chec l'impuissance anglaise devant la nouvelle tactique, coĂ»teuse mais dĂ©cisive, imposĂ©e par Charles V et Du Guesclin. L'avalanche britannique descendit par le Vermandois et la Champagne vers le Morvan, le Nivernais et le Bourbonnais. De Troyes jusqu'au passage de la Loire, Ă  Marcigny, elle fut surveillĂ©e et contenue, sur son flanc gauche et sur ses derrières, par l'armĂ©e du duc de Bourgogne. Jean IV eut-il alors l'occasion de se rencontrer avec son cousin ? AssurĂ©ment non puisque les Français avaient reçu la consigne formelle d'Ă©viter le contact. L'attitude de Jean IV n'Ă©tait pas tolĂ©rable. Charles V, qui aimait la procĂ©dure, estima que la voie judiciaire lui ouvrait le moyen de se faire raison du duc de Bretagne. Il l'inculpa de fĂ©lonie et sous cette accusation capitale le cita Ă  comparaĂ®tre devant la cour des pairs. Le duc de Bourgogne Ă©tait premier pair. Il ne se dĂ©roba pas au devoir qui lui incombait, et rĂ©pondit Ă  la convocation du roi. Il siĂ©gea au milieu des principaux seigneurs du royaume et contribua Ă  prononcer contre le duc de Bretagne contumace la sentence que le roi voulait : la commise fĂ©odale ou confiscation. Quels Ă©taient pendant ce procès les sentiments intimes de Philippe, il est facile de le supposer. De sa manière de faire pendant les annĂ©es suivantes on peut induire qu'il dĂ©sapprouvait silencieusement la politique du roi et qu'il ne l'encouragea pas Ă  prendre des sanctions rigoureuses. Quand les Bretons virent leur duc expropriĂ© et la main du roi mise sur leur pays ils apaisèrent subitement leurs querelles et se liguèrent pour rappeler Jean IV. Charles V vĂ©cut assez pour constater son Ă©chec, trop peu pour rĂ©parer son erreur. Sa disparition laissa le soin de rĂ©soudre cette question Ă  ses trois frères dont l'aĂ®nĂ©, le duc d'Anjou, remplit les fonctions de rĂ©gent du royaume. De ces trois princes, le duc de Bourgogne Ă©tait le plus jeune, mais, dès lors, son opinion pesa d'un grand poids dans le conseil royal, et l'on ne peut douter qu'il ne se soit employĂ© assidĂ»ment Ă  guĂ©rir la plaie laissĂ©e par le règne , Ă  tous autres Ă©gards si rĂ©parateur, qui venait de finir. On vit donc le gouvernement royal renoncer Ă  la procĂ©dure comme aux exĂ©cutions manu militari. L'apaisement fut cherchĂ© dans un accord mutuellement consenti. Dès le vivant de Charles V Jean IV avait acceptĂ© de soumettre sa cause Ă  un jury d'arbitres composĂ© du duc d'Anjou, du comte de Flandre et de plusieurs barons bretons. Charles V, sentant, avant de mourir, la nĂ©cessitĂ© de revenir sur sa politique première, avait acceptĂ© le choix du comte de Flandre comme arbitre. On ne donna pas suite Ă  cette idĂ©e. La rĂ©conciliation procurĂ©e par les soins du duc de Bourgogne fut consacrĂ©e par un accord ramenant la bonne harmonie entre la France et la Bretagne. Le duc de Bourgogne le ratifia comme les autres princes du Conseil (15 janvier 1381). Jean IV osa mĂŞme, sur la foi de sauf-conduits du roi, des ducs d'Anjou et de Bourgogne, venir en France rendre au nouveau roi l'hommage qu'il lui devait. La cĂ©rĂ©monie se dĂ©roula Ă  Compiègne, le 27 septembre 1381, en prĂ©sence des ducs de Bourgogne et d'Anjou. Le dĂ©part du duc d'Anjou pour l'Italie, l'annĂ©e suivante, dĂ©capita le conseil royal. Le duc de Berry, aĂ®nĂ© après lui, n'avait pas d'ambition politique. Il laissa volontiers le duc de Bourgogne prendre l'ascendant entre les membres du conseil. Il se borna au rĂ´le d'Ă©cho docile. Au moment oĂą Philippe se voyait ainsi Ă  la tĂŞte d'un des plus grands royaumes de la chrĂ©tientĂ©, il jugea utile de contracter une alliance positive avec la Bretagne. Avant d'Ă©tudier le texte du traitĂ© qui trahit le revirement de la politique française vis-Ă -vis de Jean IV, il convient de signaler quel motif supplĂ©mentaire Ă©tait venu renforcer l'inclination que le duc de Bourgogne laissait dĂ©jĂ  deviner pour la Bretagne. Pour l'expliquer il nous faut revenir de quelques annĂ©es en arrière. En 1369, Philippe de Bourgogne avait Ă©pousĂ© Marguerite de Flandre; union fĂ©conde qui allait fonder une race illustre et qui jetait les bases de la puissance territoriale des Valois-Bourgogne dans les Pays-Bas. Marguerite de Flandre Ă©tait proche parente du duc de Bretagne. Louis de Male, père de Marguerite, Ă©tait cousin germain de Jean IV. Le père de Louis de Male, ce Louis de Nevers, comte de Flandre, qui avait Ă©pousĂ© une fille du roi Philippe le Long et Ă©tait mort pour la France Ă  la bataille de CrĂ©cy, Ă©tait le propre frère de cette Jeanne de Flandre, Jeanne la Flamme, l'hĂ©roĂŻne du siège d'Hennebont cette femme au cĹ“ur d'homme et au courage de lion immortalisĂ©e par Froissart (BarthĂ©lemy AmĂ©dĂ©e Pocquet du Haut-JussĂ©, Deux fĂ©odaux : Bourgogne et Bretagne (1363-1491), 1935 - books.google.fr).

 

Marguerite de Flandre qui épousa Philippe le Hardi, en 1369, était la nièce à la mode de Bretagne de Jean IV. Elle aimait son oncle et le protégea. quand celui-ci se mit vis-à-vis de la couronne de France dans une position des plus critiquables. Cependant cette parenté aurait pu semer entre la maison de Bourgogne et celle de Bretagne un germe de discorde. Jean IV en effet revendiqua pendant tout son règne certaines terres sises dans les comtés de Nevers et de Rethel, annexes du comté de Flandre. Ces terres Ces terres lui revenaient, soutenait-il, comme constituant la dot de sa mère. Mais par le traité de Guérande Charles V prit sur lui de les faire restituer au duc de Bretagne, ou de l'indemniser de leur perte. Par conséquent ce fut désormais à la couronne de France et non plus à la maison de Flandre, bientôt confondue avec celle de Bourgogne, que s'adressèrent les instances de Jean IV. Ce duc de Bretagne, après le succès inespéré qui lui donna la Bretagne, aurait dû panser par une paix bienfaisante les blessures profondes dont ce malheureux pays avait été atteint pendant une guerre civile de vingt-trois ans. Mais il chercha plutôt à en faire un vassal et un satellite de l'Angleterre. Malgré des prodiges de dissimulation cette politique ne pouvait être longtemps tolérée par Charles V et elle devait fatalement aboutir à une rupture, ce qui arriva (Barthélemy Amédée Pocquet du Haut-Jussé, Les séjours de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, en Bretagne (1372, 1394 et 1402), la tutelle de Jean V, Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, Volume 16, 1935 - books.google.fr).

 

La présence de Bretons à la cour des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois est un des aspects des liens unissant l’«État bourguignon» à l’«État breton», dont les relations politiques et diplomatiques ont été jadis bien étudiées par Barthélemy Pocquet du Haut-Jussé. [...] La présence bretonne dans l’entourage des ducs de Bourgogne est loin d’être discrète ou masquée dans la mesure où elle est largement nobiliaire et militaire. [...]

 

Sans avoir jamais Ă©tĂ© massive, la prĂ©sence de gentilshommes bretons dans l’hĂ´tel des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois n’en est pas moins une rĂ©alitĂ© bien visible : dès les annĂ©es 1363-1366, le duc Philippe le Hardi s’attacha certains des Bretons qui le servaient en armes en les y incorporant. Tel fut le cas du chevalier Jacques de PenhoĂ«tdic que l’on trouve mentionnĂ© comme chambellan du duc en aoĂ»t 136663. Cette intĂ©gration ne signifiait toutefois pas une coupure d’avec le milieu socio-militaire dans lequel ce personnage avait auparavant Ă©voluĂ© : homme de Bertrand du Guesclin, Jacques de PenhoĂ«tdic l’accompagna dans ses entreprises ibĂ©riques. [...] On trouve de nouveau des gentilshommes bretons dans l’hĂ´tel ducal au cours des annĂ©es 1380. Bertrand Tirecoq, qui avait servi Bertrand du Guesclin et avait pris part, en 1383, aux guerres de Flandre sous la bannière du duc de Bourgogne, est mentionnĂ© comme Ă©cuyer d’écurie de ce prince en janvier 1388. [...] Pierre de La Rocherousse servit en l’hĂ´tel de Philippe le Hardi dans les annĂ©es 1390 et fut investi, en tant que chambellan, de diverses missions d’ordre administratif et militaire. C’est ainsi qu’en juillet 1394, en vertu d’une commission spĂ©ciale, il reçut Ă  montre, Ă  Angers, deux compagnies de gens de guerre de l’hĂ´tel qui devaient escorter le duc «pour la garde et seurtĂ© de son corps» dans son voyage de Bretagne entrepris «pour faire le traictiĂ© et acort du duc de Bretaigne, le conte de Painthevre et le sire de Clichon».

 

Entre le dĂ©but des annĂ©es 1390 et les premières annĂ©es du XVe siècle, l’apaisement du conflit franco-anglais eut pour consĂ©quence un arrĂŞt du recrutement des gens de guerre bretons, qui ne reprit qu’à partir de l’apparition des premières tensions entre la Maison de Bourgogne et la Maison d’OrlĂ©ans (Bertrand Schnerb, Des Bretons Ă  la cour de Bourgogne sous les deux premiers ducs de la Maison de Valois (du milieu du XIVe au dĂ©but du XVe siècle), Le prince, l'argent, les hommes au Moyen Ă‚ge : MĂ©langes offerts Ă  Jean KerhervĂ©, 2008 - books.openedition.org).

 

D'autres documents nous rĂ©vèlent tout un plan dont l'exĂ©cution eĂ»t Ă©tĂ© funeste Ă  Charles VII. Former une union plus Ă©troite avec les ducs de Bourgogne et de Bretagne et leurs frères et alliĂ©s; donner Ă  Jean V le Poitou, qui est voisin de son de son pays ; faire en sorte que le comte de Richemont rĂ©signe son office de connĂ©table de Charles VII pour devenir le connĂ©table de Henri VI, en lui offrant « le duchĂ© de Touraine, le contĂ© de Saintonge, le pays d'Aunis et la ville de La Rochelle, avecques les terres et seignories que tient le seigneur de la TrĂ©moille es pays de Poitou et de Saint-Onge et autres choses (Eugène Cosneau, Le connĂ©table de Richemont (Artur de Bretagne): (1393-1458), 1886 - books.google.fr).

 

Saint Josse (cf. quatrain précédent IX, 58)

 

A Paris, les orfèvres se groupaient auprès de quelques Ă©glises, oĂą ils avaient sans doute des chapelles relevant de leur confrĂ©rie, comme Sainte-Opportune et Saint-Josse. Ils avaient un centre dans le quartier Saint-Martin, notamment dans les rues Neuve (Saint-MĂ©ry), Bourg-l'AbbĂ©, Quincampoix; mais ils s'Ă©taient dès lors emparĂ©s de la rue aux Deux-Portes, appelĂ©e aussi la rue aux Moignes de Jcnvau, qui devint la rue des Orfèvres quand ils y eurent fondĂ© leur chapelle et bâti la maison commune de l'Orfèvrerie. Ils avaient alors, selon toute apparence, le siĂ©ge de leur confrĂ©rie dans l'Ă©glise Saint-Josse, situĂ©e rue Aubry-le-Boucher, Ă  l'angle occidental de la rue Quincampoix. C'Ă©tait aussi le quartier des Lombards, banquiers et courtiers d'argent, la plupart Italiens ou Juifs. Le sĂ©jour des orfèvres sur la paroisse Saint-Josse nous explique ce vieux proverbe, rajeuni par Molière : Vous ĂŞtes orfèvre, monsieur Josse ! (Le livre d'or des mĂ©tiers: Histoire de l'orfĂ©vrerie-joaillerie et des anciennes communautĂ©s et confrĂ©ries d'orfĂ©vres-joailliers de la France et de la Belgique, Tome 3, 1850 - books.google.fr).

 

Comté de Bourgogne et procès

 

Ă€ la mort de Louis Ier de Chalon-d'Arlay, son fils aĂ®nĂ©, Guillaume, insatisfait du partage des biens dĂ©cidĂ© par son père, s'impose en maĂ®tre Ă  Nozeroy et cherche Ă  s'emparer de l'ensemble de la succession. Les querelles d'hĂ©ritage aboutissent Ă  un procès. Le duc de Bourgogne, Philippe III le Bon, place les biens en litige sous sĂ©questre. Le 28 mai 1474, son fils, Charles le TĂ©mĂ©raire, tranche en condamnant Guillaume Ă  exĂ©cuter le testament de son père (Carole Josso, Nozeroy : architecture civile des XVe et XVIe siècles, La Franche-ComtĂ© Ă  la charnière du Moyen Age et de la Renaissance, 1450-1550, 2003 - books.google.fr).

 

Après avoir réglé le partage de cette succession en suivant autant que possible les dernières volontés du défunt prince d'Orange, le duc Charles étant à La Haye, rendit, en date du 1er septembre 1469, une ordonnance portant: «Que les terres et seigneuries de Jougne, de Rochejean et d'ORBE, ainsi que les Hautes-Joux et les rentes sur les salines de Salins du partage de Châlons (montant à 1000 fr.), ayant été confisquées au profit du duc de Bourgogne sur Hugues de Châlons, seigneur d'Orbe, le duc remet, cède et transporte les dites terres au dit Hugues, pour lui et ses hoirs, en considération des services de feu Louis de Châlons, prince d'Orange, son père. C'est ainsi que Charles-le-Hardi, voulant éviter de jeter aucun blâme sur la mémoire vénérée du duc Philippe, son père, colora, sous l'apparence d'un acte de clémence, la réparation d'une condamnation, sinon injuste, au moins bien rigoureuse. A la suite de ces actes, qui ne concernaient que les domaines de la maison de Châlons placés sous la domination du duc de Bourgogne, Hugues de Châlons rentra en pleine possession de la ville d'Orbe et de son château (Frédéric Charles Jean de Baron Gingins-La Sarraz, Recherches historiques sur les acquisitions des sires de Montfaucon et de la maison de Chalons dans le pays-de-Vaud, 1857 - books.google.fr).

 

Louis II de Chalon-Arlay hĂ©rite enfin de son père Louis Ier, mais il meurt deux ans plus tard sans postĂ©ritĂ©. L'hĂ©ritage revient Ă  son frère cadet Hugues. La ville connaĂ®t une pĂ©riode de splendeur matĂ©rielle et morale durant le gouvernement d'Hugues III de Chalon-Arlay (v. 1450-1490). Son administration est sage et Nozeroy prospère. En 1478, la ville reçoit l'assemblĂ©e des États de la province. En 1481, Hugues III autorise le chanoine Pierre Courdier Ă  fonder un nouvel hĂ´pital sous le vocable de Sainte-Barbe. MariĂ© Ă  Louise de Savoie (1462-1503), nièce de Louis XI, il meurt sans postĂ©ritĂ©. Hugues III lègue ses biens Ă  son neveu Jean, fils de son frère aĂ®nĂ© Guillaume. Jean IV (v. 1444-1502) est le fils unique de Guillaume de Chalon-Arlay et de Catherine de Bretagne (morte v. 1470), fille de Richard, comte d'Étampes, et de Marguerite d'OrlĂ©ans. A 31 ans, il hĂ©rite des terres d'Arlay, d'Arguel, de Tonnerre et de la principautĂ© d'Orange. Il reçoit, Ă  46 ans, l'ensemble de la succession des Chalon-Arlay, Ă  laquelle s'ajoutent les biens de la branche de Chalon-Auxerre, qui vient de s'Ă©teindre, issue du second lit de Jean l'Antique. La richesse de Jean IV rivalise alors avec celle des plus grands. De 1477 Ă  sa mort, il est le gouverneur du comtĂ© de Bourgogne et, depuis 1492, le lieutenant gĂ©nĂ©ral de Bretagne. Il fait de Nozeroy, oĂą il est nĂ©, sa rĂ©sidence principale. Il Ă©pouse en seconde noce Philiberte de Luxembourg (morte en 20 mars 1539), comtesse de Charny. Celle-ci joua un rĂ´le important en assurant la gestion des titres et des biens pendant la minoritĂ© et les absences de leur fils et lĂ©gataire, Philibert (Carole Josso, Nozeroy : architecture civile des XVe et XVIe siècles, La Franche-ComtĂ© Ă  la charnière du Moyen Age et de la Renaissance, 1450-1550, 2003 - books.google.fr).

 

Probablement encouragĂ© par le duc Philippe le Bon, Guillaume est uni Ă  Catherine (1428-juin 1475), fille de Marguerite d’OrlĂ©ans et de Richard de Montfort dit Richard de Bretagne (mot en juin 1438), comte d’Étampes. L’oncle de la fiancĂ©e, le connĂ©table Arthur de Bretagne (mort en 1458), est l’un de ceux qui nĂ©gocient le contrat de mariage. Il joue alors le rĂ´le de mĂ©diateur entre le roi de France et Philippe le Bon dont il a Ă©pousĂ© la sĹ“ur aĂ®nĂ©e, Marguerite, duchesse de Guyenne. Catherine reçoit une dot constituĂ©e d’une forteresse et d’une forte somme argent : 1.000 livres de rente annuelle et 10.000 Ă©cus «au coin de France» en capital. De son cĂ´tĂ©, Louis de Chalon attribue en prĂ©ciput Ă  son fils la principautĂ© d’Orange et la seigneurie d’Arlay. Le mariage a lieu au château de Nozeroy, la rĂ©sidence principale des Chalon; il est cĂ©lĂ©brĂ© en novembre 1442, immĂ©diatement après la rencontre Ă  Besançon de Philippe le Bon avec le roi des Romains FrĂ©dĂ©ric III.

 

Cette union qui donne naissance en 1443 Ă  un fils prĂ©nommĂ© Jean inaugure une orientation nouvelle des Chalon-Arlay en direction de la Bretagne. Catherine sĂ©journe dans le duchĂ© en 1459-1461, peu après le commencement du règne de son frère, le duc François II (1458-1488). L’accompagnent notamment «la dame de Chasteau Villain» et un sire de Toulongeon, dans le lignage duquel le duc de Bourgogne a dĂ©jĂ  distinguĂ© deux marĂ©chaux de Bourgogne et deux chevaliers de la Toison d’or. Par la suite, François II joue vis-Ă -vis de son neveu Jean le rĂ´le de protecteur qui incombe par tradition Ă  l’oncle maternel ou avunculus. Ainsi, lorsqu’à Hesdin, en juillet 1464, Guillaume de Chalon-Arlay plaide devant Philippe le Bon et fait valoir ses droits contre ses demi-frères, dans le procès qui les oppose pour la succession paternelle, le duc de Bretagne dĂ©pĂŞche avec Jacques de Saint-Pol son chambellan Michel de Parthenay (mort en 1491) ; George Chastelain le rapporte en ces termes : «et pour ceste cause, le duc de Bretagne y envoya messire Jacques de Saint-Pol, qui estoit par decha a celle heure, et messire Michiel de Partenay, pour recorder au duc de Bourgogne le fait de son beau-frere le prince d’Orenges, lequel de sa seur avoit un tres gentil jouvencel de dix-huit ans, bien addressiĂ©, et de qui ce eust etĂ© dommage et grant perte pour le temps a venir se la maison eust estĂ© ainsi esclisee par partaige du maisnĂ©. Si furent les dessusdits chevaliers bienviegniĂ©s et bien venus du duc de Bourgoigne et de la chevalerie, et festoiĂ©s et receus en audience» (Laurence Delobette. Guillaume de Chalon-Arlay, prince d’Orange (v. 1415-1475). De la Manche au Rhin, entre royautĂ© et seigneurie. Les “petits princes’ du Moyen Ă‚ge (XIIe-XVIe siècle), 2018 - www.association-franche-bourgogne.com).

 

Excursion temporelle

 

Pendant les guerres de religions, les négociations entre Élisabeth reine d'Angleterre et les Princes protestants d'Allemagne, surtout avec le prince d'Orange, Guillaume de Nassau héritier des Chalon d'Arlay, avaient lieu par l'intermédiaire des calvinistes français, le vidame de Chartres (Jean de Ferrières, seigneur de Maligny), et Montgommery (Louis Didier, Lettres et négociations de Claude de Mondoucet, Tome 1, 1891 - books.google.fr).

 

Maligny est une commune de l'Yonne dans la Bourgogne, Ă  une quinzaine de km au nord-est d'Auxerre.

 

Au vidame Jean de Ferrières (1520-1586), succéda sa sœur Béraude de Ferrières (morte en 1618), mariée en 1559 à Jean II de La Fin de Beauvoir (mort en vers 1599 au fief familial de La Nocle) et mère du dernier vidame héréditaire de Chartres, Prégent de La Fin (vers 1559-1624) (fr.wikipedia.org - Maligny (Yonne)).

 

Marie de Bourgogne, fille de Charles-le-TĂ©mĂ©raire, et Maximilien, son Ă©poux, voulant rĂ©compenser les services que leur rendait Jean de Chalon-Arlay IV, lui donnerent, en 1477, tous les domaines provenant de la confiscation de Louis II de Chalon-Auxerre (Dictionnaire gĂ©ographique, historique, et statistique des communes de la Franche-ComtĂ©, Tome 4 : dĂ©partement du Jura, 1856 - books.google.fr).

 

Jean de Ferrières, figure importante du parti de la Réforme, installa un temple protestant à la Ferté Vidame (Arthur André Gabriel Michel de Boislisle, Mémoires de Saint-Simon, Tome 5, 1886 - books.google.fr).

 

Sur Colette de Corbie Ă©crivaient : Joseph Clithou, en 1510; P. FodĂ©rĂ©, en 1609; du P. Sylvère, en 1628; P. Cellod, en 1658; Dunod, en 1730; Chevalier, en 1769; Collet, Ă©ditĂ© par l'abbĂ© de Montis, en 1771 (J.-Th Bizouard, Histoire de sainte Colette et des clarisses en France-ComtĂ©, 1888 - books.google.fr).

 

Josse Clicthove (Joseph Clithou, Clytou) (1472?-1543) écrivait Brevis legenda beate virginis Sororis Colete, reformatricis ordinis Sancte-Clare, en 1510

 

Pour Josse cf. quatrain précédant IX, 58.

 

Josse [van] Clichtove ou Jodocus Clichtoveus est un théologien, né en 1472 à Nieuport (dans le Comté de Flandre, dans les Etats bourguignons à l'époque) et mort en 1543 à Chartres (en France), en tant que chanoine de Saint-André. D'abord champion de la réforme dans sa jeunesse, pendant ses études de philosophie et de théologie, il se consacra ensuite à combattre les doctrines de Martin Luther, comme docteur de Sorbonne (fr.wikipedia.org - Josse Clichtove).

 

Si la propagande calviniste a eu peu de prise sur la ville de Chartres, contrairement à ce qui se passa à Orléans, Blois, Vendôme et Châteaudun, c'est en partie à l'influence de Clichtove et aux mesures de Guillard qu'il faut l'attribuer (Guy Marie Oury, Reconstruction de la Renaissance et affrontements de la Réforme, Histoire religieuse de l'Orléanais, - books.google.fr).

 

Montesquieu (1689 – 1755) sera reçut au château de la Ferté Vidame par le mémorialiste duc de Saint Simon (1675 – 1755) en 1734. Ils avaient dû se connaître au Palais Royal auprès du Régent avant 1723. Ils mourront la même année (Emile Henriot, Courrier littéraire, dix-septième siècle, Tome 2 (1933), 2012 - books.google.fr).

 

Le 19 mai 1635 Claude de Rouvroy duc de St-Simon (1607-93), favori de Louis XIII et Grand louvetier, achète Beaussart/Boussart en Senonches, plus le château et la terre de la Ferté avec le titre de vidame fr.wikipedia.org - Seigneurs de la Ferté).

 

Près de la Ferté se trouve l'abbaye de la Trappe, où Saint Simon, jeune, visita avec son père Claude le réformateur de son ordre Armand Jean Le Bouthillier de Rancé, ordre cistercien (1626 - 1695). Pierre Nicole (1625 - 1695), théologien, moraliste, logicien et controversiste français, né à Chartres, en son temps ira aussi le voir.

 

Pierre Nicole, ancien maĂ®tre de Racine Ă  Port-Royal, fait paraĂ®tre une sĂ©rie de Lettres sur l'HĂ©rĂ©sie imaginaire (c'est-Ă -dire le jansĂ©nisme), lettres dans lesquelles il traite le «poète de théâtre» d'«empoisonneur public... des âmes fidèles». En Janvier 1666, Racine Ă©crit sa Lettre Ă  l'auteur des HĂ©rĂ©sies imaginaires, en rĂ©ponse Ă  la condamnation de Nicole. La polĂ©mique est âpre, et Racine rompt avec Port-Royal : succès garanti auprès du pouvoir royal, hostile aux jansĂ©nistes. Il s'apprĂŞte Ă  faire paraĂ®tre une deuxième lettre, vindicative et ingrate, sur Port-Royal, mais il s'abstient par crainte de rĂ©actions qui auraient nui Ă  sa situation. Le 17 novembre 1667, crĂ©ation d'Andromaque Ă  l'HĂ´tel de Bourgogne avec, dans le rĂ´le titre, la Du Parc, transfuge de la troupe de Molière. C'est un Ă©norme succès. Tout va bien pour Racine: il a vingt-huit ans, il est reçu Ă  la Cour, la pension royale augmente rĂ©gulièrement, le succès d'Andromaque fait de lui le rival autorisĂ© du grand Corneille, et la Du Parc est devenue sa maĂ®tresse (Jean Rohou, Lettres de Jean racine Ă  son fils: texte intĂ©gral, 1995 - books.google.fr).

 

Interprétation à mettre en rapport avec le quatrain IX, 48 et Desmarets.

 

Histoire de parler du Théâtre de Bourgogne (Clame, réclame, déclame) dont le chef de troupe fut, à partir de 1671/1672, Noël Le Breton (1616 - 1707) et auquel appartint Louise-Catherine Poisson (morte en 1706, veuve d'un gentilhomme de la maison de Coislin), fille de Raimond Poisson, épouse de Juvénon de la Tuillerie, entrée en 1672, retirée en 1680 avec une pension de 1000 livres (François Parfaict, Histoire du théâtre français depuis son origine jusqu'à présent, 1747 - books.google.fr).

 

Acrostiche : ANLD, ANLoD

 

ALEV ou alleu, franc-alleu, fonds allodiaux, &c. ne viennent point d'"alutos" libre, heritage exempt de toute forte de seruitude, comme le bon homme Tripaut l'a persuadé à nos nouueaux Hellenistes, mais du mot barbare alode, alodium, hereditas paterna, res asiatica, proprietas, siue res mancipi. Beatus Rhenanus & Ioachim Vadian le tiroient du mot Alemand Anlod, quòd ea bona familiis velut coagmentata & coniuncta effent. D'autres auec Auentin le font venir d'vn autre mot de la mesme langue, qui signifie ancien, comme qui diroit bien de nos ancestres & de nostre famille: M. Cuias de la particule priuatiue, & lode quasi fine lode, quòd eius possessor nemini fit leudes, sen leodes, id est vassallus ac feudatarius. Vn vieux glossaire definit allodium, hereditas quam vendere vel donare possum ut mea propria. Le grand Coustumier de France liure II. titre du rachapt des fiefs (Philippe Labbe, Les Étymologies de plusieurs mots françois, contre les abus de la secte des hellénistes du Port-Royal, sixiesme partie des Racines de la langue grecque 1661 - books.google.fr).

 

Les sires de Montfaucon, de Cossonay et d'Aubonne soutenaient que leurs possessions dans le Jorat et le Gros-de-Vaud étaient allodiales et ne relevaient d'aucun autre supérieur féodal que l'empereur. Il est vrai que plus tard ils consentirent à convertir ces prétendus alleux en fiefs, et à en faire hommage, soit aux comtes de Savoie soit aux évêques de Lausanne, moyennant certaines sommes d'argent et d'autres avantages stipulés dans ces hommages (Frédéric Charles Jean de Baron Gingins-La Sarraz, Recherches historiques sur les acquisitions des sires de Montfaucon et de la maison de Chalons dans le pays-de-Vaud, 1857 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 2147 sur la date pivot de 1380, date de naissance de sainte Colette donne 613.

 

Du temps même où vivait Jeanne Darc, plus d'une personne aspirait au rôle et aux honneurs de la sainteté. L'une de ses contemporaines, connue sous le nom de sainte Colette, était née à Corbie vers 1380 et mourut en 1448. Les miracles de cette thaumaturge furent d'abord, en partie du moins, contestés; mais elle triompha peu à peu de ces résistances et finit tardivement (en 1807) par être régulièrement canonisée (M.Vallet de Viriville, Les anneaux de Jeanne d'Arc, Mémoires et dissertations sur les antiquités nationales et étrangères, Volume 3, 1868 - books.google.fr).

 

Au cours des interprétation s des Centuries, on ne remarque que peu de choses sur Jeanne d'Arc.

 

Dès le XVe siècle, les historiens tendent à occulter Jeanne et il n'est pas question de «miracles». Ils sont au service du roi et le triomphe de celui-ci ne saurait s’accompagner de l'aide d'une sorcière ou d'une sainte. Le culte de son vivant ayant rapidement décliné, les siècles suivants ne lui portent qu'un intérêt inconstant. Son historiographie au XVIe siècle est surtout marquée par la Ligue catholique qui s'approprie son mythe. Shakespeare en fait une sorcière dans sa pièce Henry VI (première partie). Au XVIIe siècle, Fénelon fait l'impasse sur elle dans ses œuvres. Louis XIV qui vient d'acquérir la Franche-Comté et plusieurs villes de Flandre, admet mal qu'une paysanne ait appelé à la résistance contre un envahisseur et ait sauvé sa dynastie. C'est principalement à partir du XIXe siècle que la figure historique de Jeanne d'Arc a été reprise par de nombreux auteurs pour illustrer ou cristalliser des messages religieux, philosophiques ou politiques (fr.wikipedia.org - Jeanne d'Arc).

 

La faide royale est le nom donné au conflit fratricide entre les rois des Francs Sigebert Ier et Chilpéric Ier, ainsi qu'entre leurs épouses respectives Brunehaut et Frédégonde. Débutant en 561, à la mort de Clotaire Ier, cette guerre civile entre Mérovingiens se termine en 613 avec la reconquête par Clotaire II de tout le royaume des Francs. A la fin de cette guerre, quand Brunehaut fit élever son arrière-petit-fils Sigebert II, un fils de Thierry, au rang de roi afin d'assumer elle-même la régence. Mais la noblesse austrasienne n'était pas disposée à accepter cela. Elle se rallia immédiatement à Clotaire II, la noblesse bourguignonne ne le fit que lorsqu'elle se retrouva face à l'adversaire neustrien à Châlons-sur-Marne. Le maire du palais de Bourgogne arrêta Brunehaut à Orbe, près de Neuchâtel, et la livra à Clotaire. Clotaire la fit torturer et traîner à mort par un cheval. Deux des quatre fils de Thierry II furent également tués; seul le plus jeune, Mérovée, fut épargné par Clotaire en tant que son propre filleul, tandis que le second, Childebert, réussit à s'enfuir; mais on n'a plus jamais entendu parler de ces deux enfants (fr.wikipedia.org - Faide royale).

 

La rĂ©volution qui renversa Brunehaut amena une rĂ©forme dans la constitution politique et civile de la nation franque. Chlotaire avait pu satisfaire avec de l'or et des dignitĂ©s les principaux artisans de la catastrophe Ă  laquelle il devait l'empire sur tous les royaumes francs; mais il se vit forcĂ©, pour obtenir la consĂ©cration de ses droits par les solennelles dĂ©libĂ©rations des grands et des Ă©vĂŞques, de donner Ă  la masse de la nation des garanties qui empĂŞchassent le retour des exactions et des violences, dont l'excès impuni avait causĂ© la ruine de Brunehaut. Il convoqua successivement un concile Ă  Paris (en 615) et un plaid Ă  Bonneuil (en 616). Le concile de Paris fut le plus nombreux de tous ceux qui avaient eu lieu jusqu'alors dans les Gaules. Outre plusieurs leudes qui y furent admis, on y comptait soixante-dix-neuf Ă©vĂŞques des trois royaumes francs. Le plaid de Bonneuil ne fut composĂ©, au dire de FrĂ©dĂ©gaire, que des Ă©vĂŞques et des barons de la Bourgogne, Ă  la tĂŞte desquels se trouvait Warnachaire, maire du palais. Les dĂ©crets du concile et les dĂ©cisions du plaid furent confirmĂ©s par un Ă©dit du roi. Montesquieu, attribuant Ă  cette double rĂ©union des principaux et des plus considĂ©rables de la nation franque une influence dĂ©cisive sur la rĂ©forme de la constitution nationale, dit : «On avait bien vu auparavant la nation donner des marques d'impatience et de lĂ©gèretĂ© sur le choix et la conduite de ses maĂ®tres; on l'avait vue rĂ©gler les diffĂ©rends de ses maĂ®tres entre eux, et leur imposer la nĂ©cessitĂ© de la paix; mais, ce qu'on n'avait pas encore vu, la nation le fit pour lors : elle jeta les yeux sur sa situation actuelle; elle examina ses lois de sang-froid; elle pourvut Ă  leur insuffisance; elle arrĂŞta la violence; elle rĂ©gla le pouvoir... Dans cette crise, elle ne se contenta pas de mettre ordre au gouvernement fĂ©odal, elle voulut aussi assurer son gouvernement civil; car celui-ci Ă©tait encore plus corrompu que l'autre, et cette corruption Ă©tait d'autant plus dangereuse, qu'elle Ă©tait plus ancienne et tenait plus, en quelque sorte, Ă  l'abus des mĹ“urs qu'Ă  l'abus des lois... L'histoire de GrĂ©goire de Tours et les autres monuments nous font voir, d'un cĂ´tĂ©, une nation fĂ©roce et barbare, et de l'autre des rois qui ne l'Ă©taient pas moins. Ces princes Ă©taient meurtriers, injustes et cruels, parce que toute la nation l'Ă©tait. Si le christianisme parut quelquefois les adoucir, ce ne fut que par les terreurs que le christianisme donne aux coupables. Les Églises se dĂ©fendirent contre eux par les miracles et les prodiges de leurs saints. Les rois n'Ă©taient point sacrilĂ©ges, parce qu'ils redoutaient les peines des sacrilĂ©ges; mais d'ailleurs ils commirent, ou de colère ou de sang-froid, toutes sortes de crimes et d'injustices, parce que ces crimes et ces injustices ne leur montraient pas la main de la divinitĂ© si prĂ©sente. Les Francs souffraient des rois meurtriers, parce qu'ils Ă©taient meurtriers eux-mĂŞmes; ils n'Ă©taient point frappĂ©s des injustices et des rapines de leurs rois, parce qu'ils Ă©taient ravisseurs et injustes comme eux. Il y avait bien des lois Ă©tablies; mais les rois les rendaient inutiles par de certaines lettres, appelĂ©es prĂ©ceptions, qui renversaient ces mĂŞmes lois : c'Ă©tait Ă  peu près comme les rescrits des empereurs romains, soit que les rois eussent pris d'eux cet usage, soit qu'ils l'eussent tirĂ© du fonds mĂŞme de leur naturel. On voit, dans GrĂ©goire de Tours, qu'ils faisaient des meurtres de sang-froid, et faisaient mourir des accusĂ©s qui n'avaient pas seulement Ă©tĂ© entendus. Ils donnaient des prĂ©ceptions pour faire des mariages illicites; ils en donnaient pour transporter les successions; ils en donnaient pour Ă©pouser des religieuses. Ils ne faisaient point, Ă  la vĂ©ritĂ©, les lois de leur seul mouvement; mais ils suspendaient la pratique de celles qui Ă©taient faites. L'Ă©dit de Chlotaire redressa tous les griefs...» L'Ă©lection et la juridiction des Ă©vĂŞques, l'autoritĂ© des juges royaux Ă  l'Ă©gard des clercs, la rĂ©duction des impĂ´ts, l'Ă©tat des juifs, le choix des juges, les prĂ©ceptions, les concessions obtenues du prince, les pertes Ă©prouvĂ©es par les leudes durant les troubles qu'avait fait Ă©clater la mort de ThĂ©odoric, Ă©taient les principaux objets sur lesquels avaient portĂ© les dĂ©libĂ©rations du concile et du plaid (Abel Hugo, Histoire gĂ©nĂ©rale de France depuis les temps les plus reculĂ©s jusqu'Ă  nos jours: illustrĂ©e et expliquĂ©e par les Monumens de toutes les Epoques, Tome 2, 1857 - books.google.fr).

 

Pyrrhonisme

 

Pierre Nicole fulmina contre le pyrrhonisme, Ă©cole sceptique fondĂ©e par Pyrrhon d'Élis (fin du IVe s av. J. C.) ("pyrrhos" : rouge).

 

Moins confiant peut-ĂŞtre dans l'excellence des facultĂ©s humaines que ces graves et illustres gĂ©nies (Arnauld, FĂ©nelon, Bossuet, Malebranche, Leibnitz, Spinoza), Nicole cependant rĂ©pudiait, Ă  leur exemple, les dĂ©plorables doctrines du doute. Que peut-on Ă©crire de plus fort contre le scepticisme que ces lignes : «Le pyrrhonisme est une extravagance de l'esprit humain, qui, paraissant contraire Ă  la tĂ©mĂ©ritĂ© de ceux qui croient et dĂ©cident de tout, vient nĂ©anmoins de la mĂŞme source qui est le dĂ©faut d'attention; car, comme les uns ne veulent pas se donner la peine de discerner les erreurs, les autres ne veulent pas prendre celle d'envisager la vĂ©ritĂ© avec le soin nĂ©cessaire pour en approfondir l'Ă©vidence.» - «Les vaines raisons des pyrrhoniens, continue Nicole, ne dĂ©truisent pas l'assurance que l'on a des choses certaines, non pas mĂŞme dans l'esprit de ceux qui les proposent. Personne ne douta jamais sĂ©rieusement qu'il y eĂ»t une terre, un soleil et une lune, ni si le tout est plus grand que la partie. On peut faire dire extĂ©rieurement Ă  sa bouche qu'on en doute, parce que l'on peut mentir; mais on ne le peut faire dire Ă  son esprit. Ainsi le pyrrhonisme n'est pas une secte de gens persuadĂ©s de ce qu'ils disent; mais c'est une secte de menteurs» (Art de penser, les discours) (Charles Jourdain, Oeuvres philosphiques et morales de Pierre Nicole, 1845 - books.google.fr).

 

Selon le Bouddha, la vie est un cercle continu de «production conditionnée» qu'alimente le désir de continuité et que constituent la naissance, la croissance, le vieillissement, la mort, la renaissance, et ainsi de suite. L'émancipation, la  réalisera en abandonnant et en détruisant ce désir. L'idéal de Pyrrhon, ataraxie ou adiaphorie est traduit par Brochard comme «l'indifférence absolue, la complète apathie» ou «la résignation ou plutôt le renoncement absolu» et elle semble être un état précurseur du Nirvana. L'ataraxie était aussi le souverain bien des anciens philosophes grecs (Aristote et stoïciens), notamment de Démocrite, dont Anaxarque enseigna à Pyrrhon la doctrine et que ce dernier estimait beaucoup. Pour réaliser le Nirvana, il faut rompre les liens d'attachement au monde. Le Bouddha lui-même avait quitté, à l'âge de 29 ans, sa femme, son fils, ses palais et ses serviteurs, pour mener la vie d'un errant solitaire à la recherche de la voie de la délivrance des misères humaines. Quant à Pyrrhon, «il quitta les hommes, dit D. Laërce, et alla vivre dans la solitude, se montrant rarement aux gens de sa maison» (Mitchiko Ishigami-Jaglonitzer, Le Bouddha, Pyrrhon et Montaigne, Bulletin de la Société des amis de Montaigne, Numéros 1 à 8, 1972 - books.google.fr).

 

Les contacts du monde grec avec la pensĂ©e indienne sont avĂ©rĂ©s : Pyrrhon d’Elis suivit Alexandre le grand jusqu’à l’Indus en –326 et rencontra les gymnosophistes, ces ascètes philosophes mystiques de l’Inde. Ces contacts ne cessèrent pas au cours des siècles qui suivirent (blacklynx.unblog.fr).

 

Dans l’article d’Hélène Bouchilloux : «Vérité phénoménale et vérité essentielle chez Pascal», dans lequel la théologie augustinienne vient elle aussi jouer un rôle fédérateur entre une adhésion au pyrrhonisme en ce qui se réfère aux vérités essentielles – un pyrrhonisme appelé philosophique – et une reconnaissance de la certitude de la science géométrique pour ce qui se réfère aux vérités phénoménales – une sorte de dogmatisme scientifique –, la conciliation s’opérant grâce au thème du péché originel et de la dualité essentielle de l’homme – le pyrrhonisme, en effet, apparaissant comme fruit de la seconde nature, de la nature déchue, et le dogmatisme, comme celui de la première, reste du premier état de la nature humaine. [...]

 

Après la chute, la question de l’adhĂ©sion Ă  la vĂ©ritĂ© devient indissociable de celle de la dĂ©lectation, la volontĂ© persuadant la raison d’adhĂ©rer Ă  ce qui lui plaĂ®t. Elle se prĂ©sente donc comme une question morale (c’est d’ailleurs le titre du second article de Martine PĂ©charman qui clĂ´t le volume : «La vĂ©ritĂ©, destination morale de l’homme dans les PensĂ©es») et non comme une question de «pure philosophie», entendons une question pouvant se rĂ©soudre indĂ©pendamment d’une rĂ©fĂ©rence Ă  la chute originelle, en considĂ©rant un hypothĂ©tique Ă©tat de «pure nature». Assignant ainsi Ă  la mĂ©thode de recherche de la vĂ©ritĂ© une condition anthropologique indĂ©passable, celle de la corruption de la nature, l’opuscule  De l’esprit gĂ©omĂ©trique se place dès lors rĂ©solument dans une optique thĂ©ologique augustinienne. L’anti-cartĂ©sianisme de l’opuscule va ici de pair avec son rattachement Ă  la thĂ©ologie d’Augustin (HĂ©lène Michon, Compte rendu : Pascal. Qu’est-ce que la vĂ©ritĂ© ?, coordonnĂ© par Martine PĂ©charman, DĂ©bats philosophiques, 2000, Dix-septième siècle n° 217, 2002 - www.cairn.info).

 

Adam est en rapport avec la terre rouge d'Eden (Adamah); il signifie en outre scintillant et même beauté; il désigne donc à la fois son origine, son aspect et sa spécificité.  Dieu mit-il en garde l'homme et la femme de se tenir à bonne distance du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (Jacques Fabry, Le théosophe de Francfort Johann Friedrich von Meyer et l'ésotérisme en Allemagne au XIXe siècle, Volume 2, 1989 - books.google.fr).

 

Sextus Ă©crit : «Ainsi, puisque le sceptique Ă©tablit que tout est relatif, il est Ă©vident que nous ne sommes pas capables de dire ce qu'est chaque objet en soi et dans sa puretĂ©, mais seulement ce qu'est la reprĂ©sentation en tant que relative.» «Il s'ensuit qu'il nous faut suspendre notre jugement sur la nature effective des objets» (Ibid., I, 140). De lĂ , en effet, naissent la quiĂ©tude, l'absence d'affection (apathie), une situation d'Ă©quilibre que dĂ©crit le silence d'une imagination qui ne sait plus ni affirmer ni nier touchant la nature de l'objet. « La non-assertion est l'Ă©tat de notre âme qui nous pousse Ă  ne rien affirmer non plus que nier» (Sextus Empiricus, Hypotyposes, I, 192). L'attitude silencieuse n'est pas, chez le pyrrhonien, un moyen d'Ă©viter l'erreur, ou l'expression de l'hĂ©sitation paresseuse; le silence ne fait que dĂ©crire l'Ă©tat d'une âme oĂą s'Ă©quilibrent reprĂ©sentations sensibles (phĂ©nomènes), conceptions intelligibles (noumènes), imaginations et opinions. C'est la raison, "logos" (ibid. I, 20), qui est trompeuse : le discours romprait l'immobilitĂ© de l'âme en trahissant son dĂ©sĂ©quilibre. Le premier livre des Hypotyposes pyrrhoniennes de Sextus Empiricus dĂ©veloppera les modes par lesquels ÉnĂ©sidème s'efforce de prouver le caractère Ă©minemment relatif des phĂ©nomènes. Comme on voit, le pyrrhonien prouve et s'efforce de douter. Il faut fonder sur une analyse de la perception sensible la conviction que ce que les choses sont en soi ne peut que demeurer Ă  jamais inconnu. Au prix seulement de cette assurance qui fonde la dĂ©fiance envers toute inclination dogmatique, se trouve conquise la quiĂ©tude de l'âme. Mais il faut bien prendre garde que cette non-assertion ne signifie nullement que le sceptique demeure inactif et indiffĂ©rent. Sextus Empiricus insiste mainte et mainte fois sur ce point : Ceux qui reprochent aux sceptiques une vie vĂ©gĂ©tative ne comprennent pas du tout en quoi le vĂ©ritable scepticisme consiste. Il ne s'agit, pour le pyrrhonien, que de refuser de conformer ses actions Ă  une doctrine philosophique ou Ă  une opinion dogmatique qui pousseraient l'âme Ă  prĂ©fĂ©rer telle opinion Ă  telle autre touchant la vĂ©ritable nature supposĂ©e des choses. Car le sceptique prend l'expĂ©rience et la vie pour guide non philosophique (Sextus Empiricus, Contre les moralistes, 165). La mĂŞme chose est affirmĂ©e de Pyrrhon par Diogène LaĂ«rce (Vies, XI, 62) : il avait pris la vie pour guide. Un malheureux contresens du premier traducteur latin (consentanea ad haec illi et vita erat) a fait interprĂ©ter la formule comme signifiant que Pyrrhon accordait sa vie avec ses principes, alors qu'elle affirmait que l'expĂ©rience ou la vie lui servaient de règle de conduite. «Prendre la vie pour guide» reviendra de très nombreuses fois dans le principal recueil pyrrhonien (Hypotyposes, I, 22; II, 246; III, 2, 235, etc.). Ainsi le sceptique peut-il soutenir contre toute erreur rĂ©pandue qu'il «se fie Ă  ses reprĂ©sentations comme il se fie Ă  la vie» (ibid., I, 22), affirmant mĂŞme que l'unanimitĂ© peut se faire sur certaines reprĂ©sentations (ibid., III, 179, 254) : «Le feu dont la nature est d'Ă©chauffer donne Ă  tout le monde la reprĂ©sentation  de rĂ©chauffement; les reprĂ©sentations sont Ă  tous Ă©galement perceptibles.» (Histoire de la philosophie, 1969 - books.google.fr).

 

A l'Ă©poque de Paul Lucas, et pour en revenir Ă  Nicolas Flamel, Charles Rivière dit Charles Dufresny ou Du Fresny, sieur de La Rivière (1654 - 1724), "suspendra son jugement" sur les arts hermĂ©tiques :

 

Les sciences occultes trouvent Dufresny dans le mĂŞme Ă©tat de pyrrhonisme ouvert : un livre sur ce sujet Ă  la mode prouve-t-il "par de bonnes raisons que la Pierre Philosophale est impossible. D'autres Livres prouveront le contraire (... ) mais tous ces Livres ensemble ne prouveront jamais parfaitement que l'ignorance de l'homme sur les secrets de la nature, c'est cette ignorance dont j'ay ma bonne part, qui suspend mon jugement sur la Pierre Philosophale". Il expose les arguments contradictoires, et conclut "que toute la Philosophie n'est qu'un composĂ© de veritez et de visions: ainsi je conseille Ă  ceux qui n'ont point d'argent Ă  risquer de croire la Pierre Philosophale impossible et je conseille Ă  ceux qui peuvent mettre quelque argent Ă  leur plaisir, de prĂ©fĂ©rer celui-lĂ  Ă  d'autres (...). C'est en cherchant la Pierre Philosophale qu'on a trouvĂ© les belles teintures. Ce pragmatisme nuance le pyrrhonisme premier. Rien n'est strictement possible ou impossible, rationnel ou irrationnel. La faiblesse de notre entendement ne ne nous permet pas de juger des lois de la Nature, mais elle nous Ă©claire parfois par ricochet. Dans un domaine oĂą l'homme se meut en aveugle, croire ou nier serait Ă©galement hors de propos. Dufresny note encore, avant de terminer par une biographie de Nicolas Flamel: J'ai eu plusieurs conversations avec Mr. le PrĂ©sident de S. Maurice, sur cette matiere; il estoit dans cette incertitude sensĂ©e oĂą l'on doit estre Ă  l'egard d'une science obscure, quand on l'a chargĂ© de faire une expĂ©rience dans la VallĂ©e de Barcelonnette; il a eu toutes les attentions possibles pour n'ĂŞtre point surpris, et il a vĂ» reellement changer deux onces de plomb en or, avec une petite pincĂ©e de poudre; on ne peut pas s'empĂŞcher de faire attention Ă  cela: c'est toujours un secret curieux il reste Ă  sçavoir s'il sera utile, et si les fraix n'excederont pas le profit." Ici encore, il faut faire la part des mĂ©moires publiĂ©s par paresse plus que par goĂ»t, des communications acadĂ©miques, oĂą se rencontrent quelques noms cĂ©lèbres - souvent des amis de Fontenelle (François Moureau, Un singulier moderne: Dufresny, auteur dramatique et essayiste, 1657-1724, 1979 - books.google.fr).

 

Dufresny fut un véritable bohème. Le Régent Philippe d'Orléans essaya de refaire la fortune de Dufresny en lui faisant don de 200 000 livres, qu’il perdit dans le système de Law (fr.wikipedia.org - Charles Dufresny).

 

Le Palais-Royal, au temps de Philippe d'Orléans, de Dubois et de Fontenelle, vivait dans une irréligion radicale, et était l'objet de la haine des dévots, alors que se déployait l'énorme influence du Dictionnaire de Bayle, méthodiquement pillé dans L'Ame matérielle, dans Des Miracles, dans bien d'autres textes de propagande antichrétienne (Alain Niderst, Traces de la littérature clandestine dans la grande littérature de la première moitié du XVIIIe siècle, La philosophie clandestine à l'Age classique: actes du colloque de l'Université Jean Monnet Saint-Etienne du 29 septembre au 2 octobre 1993, 1997 - books.google.fr).

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