Des Orteils

Des Orteils

 

IX, 5

 

2107-2108

 

Tiers doigt du pied au premier semblera,

A un nouveau monarque de bas haut,

Qui Pise et Lucques Tyran occupera,

Du précédent corriger le défaut.

 

Tiers

 

Dans la continuité des quatrains précédents au sujet de l'Antéchrist, l'"Antéchrist trois" du quatrain VIII, 77 qui pourrait désigner François Ier, serait aussi ce "Tiers".

 

L'alliance de Charles Quint avec Clément VII met un peu à l'écart François Ier comme cela se manifeste dans le refus du pape d'accorder le divorce au roi d'Angleterre Henri VIII qui avait épousé la tante de l'empereur Catherine d'Aragon et qui était soutenu par le roi de France.

 

En 1529-1530 un Ă©quilibre est atteint, dont ni l'un ni l'autre des deux souverains ne pourra plus s'Ă©carter : François Ier, vaincu, sera dĂ©sormais seulement «empereur en son royaume» et devra abandonner ses prĂ©tentions de monarchie universelle, mais Charles Quint de son cĂ´tĂ© ne pourra supprimer «l'obstacle Ă©norme de la France dont le territoire, immense Ă  l'Ă©chelle des vitesses de transport de l'Ă©poque, troue la masse de ses possessions, en interrompt la continuité» car la paix de Cambrai a retirĂ© la «clause bourguignonne» du traitĂ© de Madrid de 1525 : le «Bourguignon» Charles Quint, descendant du TĂ©mĂ©raire, devra se contenter de la route Barcelone-GĂŞnes pour passer de ses possessions espagnoles Ă  ses possessions allemandes et hollandaises (Fernand Braudel, Ecrits sur l'histoire II, 1990 - www.google.fr/books/edition).

 

Le mariage de Catherine de MĂ©dicis, menacĂ©e de mort au moment de la restauration de la RĂ©publique en 1527-1530, avec Henri d'OrlĂ©ans vient concrĂ©tiser l'alliance entre le pape et le roi de France, grâce Ă  laquelle ce dernier espère reprendre «ses» couronnes de Milan et de Naples. Cependant ClĂ©ment VII meurt un an plus tard, laissant François Ier dĂ©pitĂ© et il se serait alors Ă©criĂ© «J'ai eu toute nue !» (La construction de l’État monarchique en France de 1380 Ă  1715, 2021 - www.google.fr/books/edition).

 

La vraie politique des papes eût été de chasser les deux rivaux de l'Italie, mais ils n'en avaient pas la force. [...] Léon X et Clément VII étaient des princes plutôt que des papes; de même que les rois, ils avaient un désir immodéré de s'agrandir. [...] De là il arriva que le hasard des événements les ballotait, en les attachant tantôt à Charles-Quint, tantôt à François Ier. Clément VII, de la famille des Médicis, avait été, comme cardinal, partisan de l'alliance espagnole; à peine assis sur le trône de saint Pierre en 1524, il se rapprocha de la France.

 

Rome fut prise en 1527 par l'armée de l'empereur, et saccagée comme elle ne l'avait pas été par les Barbares. Charles-Quint, tout en protestant de son innocence, garda le pape en captivité pendant six mois. Nous comprenons que Clément ait traité avec son hypocrite vainqueur sous l'empire de la nécessité; mais il alla plus loin, il sollicita et obtint l'appui de Charles-Quint pour ramener Florence sous le joug des Médicis; l'on vit cette même armée d'hérétiques et de mécréants, qui avait pillé Rome, profané les mystères de la religion et tenu le pape prisonnier, faire le siége de Florence, à la demande du pape, et donner le coup de mort à ce qui restait de liberté en Italie (François Laurent, Histoire du droit des gens et des relations internationales, Tome 10, 1865 - www.google.fr/books/edition).

 

Clément VII entend faire de sa famille l'alliée de François Ier et de Charles Quint, les deux plus puissants souverains d'Europe. Il médite de donner Catherine au second fils de François Ier, Henri, duc d'Orléans, après avoir marié Alexandre de Médicis à Marguerite d'Autriche, la fille naturelle de Charles Quint. Mais l'empereur connaît le dessein de François Ier de reprendre pied dans le Milanais, auquel le traité de Madrid de 1526 a contraint le roi à renoncer (Henri Pigaillem, Catherine de Médicis, 2018 - www.google.fr/books/edition).

 

"tyran", "Pise" et "Lucques"

 

Né en 1510 ou 1512, Alessandro était le fils naturel soit de Lorenzo dei Medici, duc d'Urbin (1492-1519), lui-même fils de Piero (le dernier Médicis à avoir gouverné Florence au XVe siècle) soit, plus vraisemblablement, de Giulio, lui-même fils naturel de Giuliano, le frère cadet de Laurent, assassiné le 16 avril 1478 dans la cathédrale de Florence. Dans un cas comme dans l'autre, Alessandro est un vrai Médicis par son père. Il n'était encore qu'un enfant de onze ou douze ans quand son père, le cardinal Giulio, qui gouvernait Florence après la mort du pape Médicis Léon X, le désigna pour gouverner Florence en compagnie de son cousin Ippolito, fils naturel de Giuliano dei Medici, duc de Nemours (1479-1516). Les deux jeunes gens furent placés sous la houlette du cardinal Passerini. Mais celui-ci s'aliéna rapidement la sympathie des Florentins. Chassé une première fois par une émeute populaire, le cardinal réussit à rétablir l'ordre. Peu de temps après, Florence se souleva à nouveau contre les Médicis, à la nouvelle du sac de Rome, en 1527. Le cardinal Passarini et les deux jeunes princes se réfugièrent à Pise (mai 1527) (Pierre Antonetti, Les Médicis, 1997 - www.google.fr/books/edition).

 

A Florence, on faisait comprendre de maintes manières, le plus souvent avec une ironie amère, qu'on voulait plus que l'éloignement du Cardinal et celui des jeunes gens. On apprit qu'Hippolyte et Alexandre s'étaient enfuis de Pise à Lucques, sans livrer auparavant les forteresses occupées par des troupes à leur solde (Alfred von Reumont, La Jeunesse de Catherine de Médicis, traduit par Armand Baschet, 1866 - www.google.fr/books/edition).

 

Les Lucquois se montrèrent peu complaisants à l'égard des Florentins révoltés contre leurs princes, lorsqu'ils demandèrent qu'Hyppolite et Alexandre de Médicis, neveu de Clément VII, accueillis à Lucques avec tous les égards dus au malheur, leur fussent livrés, ou tout au moins fussent éloignés de la Toscane.

 

Malgré les outrages qu'il venait de subir de la part de l'empereur, Clément VII avait fait un nouveau traité avec lui pour réduire Florence à recevoir dans ses murs son fils, Alexandre de Médicis, l'un des tyrans les plus exécrables de cette époque si malheureusement fertile en tyrans (Charles Eynard, Lucques et les Burlamacchi: souvenirs de la réforme en Italie, 1848 - www.google.fr/books/edition).

 

"doigt du pied" : orteil

 

Le "doigt du pied" concerne à la fois François Ier et Charles Quint.

 

Un album remarquable, destiné à mettre cette idée par l'entremise du dessin sous les yeux du public, et dû au crayon de l'ami de Luther, le célèbre peintre Lucas Cranach, parut en l'année 1521, sous le titre de La Passion du Cbrist et de l'Antechrist (Passional Christi und Antechristi). C'est un petit in-4°, dont chaque page est presque entièrement couverte par une gravure sur bois, au bas de laquelle sont quelques lignes d'explication en allemand. La gravure de gauche représente quelque incident de la vie du Christ, tandis que celle de droite, qui lui fait face, représente comme contraste un fait de l'histoire de la tyrannie papale. Ainsi, la première gravure à gauche représente Jésus dans son humilité, à refusant les dignités et la puissances terrestres; par contre, sur la page voisine, on voit le pape avec ses cardinaux et ses évêques soutenus par ses légions de guerriers, ses canons et ses forteresses, dominant dans son royaume temporel les princes séculiers. Plus loin c'est, d'un côté, le Christ couronné d'épines par la soldatesque qui l'outrage; de l'autre, le pape, sur son trône et dans toute sa gloire mondaine, se faisant rendre un culte par ses courtisans. Ailleurs encore, le livre nous montre le Christ lavant les pieds de ses disciples, et par contraste le pape forçant l'empereur à lui baiser l'orteil. Ainsi se succèdent un certain nombre de gravures curieuses, jusqu'à ce qu'enfin on arrive à l'ascension du Christ au ciel, sujet qui a pour pendant une troupe de démons bizarres, précipitant l'antechrist papal dans les flammes de l'enfer (Thomas Wright, Histoire de la caricature et du grotesque dans la litterature et dans l'art, 1875 - www.google.fr/books/edition).

 

Charles-Quint débarqua à Gênes pour faire sa paix avec le Pape. Les impérialistes regardaient cela avec méfiance. Ils avaient failli demander à Erasme de faire une édition du De Monarchia de Dante, destinée à étayer les revendications de l'Empereur contre le Pape, et voici que l'empereur en revenait maintenant au baiser de l'orteil pontifical ! Mais Charles-Quint savait très bien où il voulait en venir. Un peu de cérémonial, le prix était bien mince en échange de la paix et de la puissance. Le Pape de son côté voulut compenser son manque de pouvoir réel en mettant en scène le plus magnifique des spectacles dont l'éclat dépassait de loin la pompe médiévale. Rome en paraissait le théâtre tout indiqué, mais il y avait de bonnes raisons au choix de Bologne, et de toute façon, «Ubi Papa, ibi Roma». L'événement fut somptueux. La munificence publique et privée avait dressé partout des arcs de triomphe, et des inscriptions en lettres d'or à chaque angle célébraient les victoires de l'empereur et la découverte des Iles des Antipodes.

 

L'affluence de centaines et de milliers de personnes de tous les âges emplissait les rues, on se juchait sur les murs, les fenêtres ou les pignons pour voir l'Empereur et le Pape et tous les grands personnages venus de partout. [...] Le Très Saint-Père Clément VII chevauchait entre quatre cardinaux à pied. Il portait sur la tête une triple couronne. Sous un baldaquin d'or, il prit place sur un siège doré. Quand la rencontre du Pape et de l'Empereur eut lieu, Sa Majesté baisa le pied de Sa Sainteté, et lui demanda qu'il le reçût comme son fils. Les Impérialistes haussèrent les épaules. Servet fut témoin de ces cérémonies (Roland Herbert Bainton, Michel Servet, hérétique et martyr, 1553-1953, 1953 - www.google.fr/books/edition).

 

Le 22 février 1530, Charles reçoit la couronne de fer des rois d'Italie apportée de Monza et le 24, jour anniversaire de sa naissance et de la victoire de Pavie, la couronne d'or du Saint-Empire romain germanique (Jean Lucas-Dubreton, L'âge d'or de la Renaissance italienne, 1957 - www.google.fr/books/edition).

 

Au cours d'une entrevue entre les envoyés anglais du roi Henri VIII à l'occasion de sa demande de divorce, le pape Clément VII se fit mordre le gros orteil par un chien ("The spaniel took fast with his mouth the great toe of the pope." Fox, Acts, VIII, p. 9.) (Jean Henri Merle d'Aubigné, Histoire de la réformation en Europe au temps de Calvin, Tome 4, 1866 - www.google.fr/books/edition).

 

Pour Luther, les orteils de la statue ont une triple signification. Tout d'abord, il s'agit d'appendices qui ont la double qualitĂ© d'ĂŞtre multiples, mais rattachĂ©s au corps : cela indique que l'empire romain sera sous le double signe de la division, puisque l'Espagne, la France et l'Angleterre s'en sĂ©pareront, et de la continuitĂ©, puisque, malgrĂ© le transfert des Grecs aux Allemands, cet empire restera le mĂŞme. Les orteils sont par ailleurs constituĂ©s d'un matĂ©riau composite, ce qui annonce que l'empire romain sera tantĂ´t puissant, tantĂ´t faible. Pour les pĂ©riodes de puissance, Luther ne mentionne pas les empereurs de la Rome antique, mais Charlemagne et les Othons. Ă€ cette interprĂ©tation, Luther rattache sans rĂ©elle transition une affirmation très importante : cela montre, dit-il, que cet empire durera jusqu'Ă  la fin des temps et que nulle puissance terrestre ne pourra l'anĂ©antir. Enfin, la conformation des orteils indique que cet empire sera faible tant qu'il cherchera son secours dans des alliances humaines, et que seule l'aide de Dieu pourra le rendre puissant et lui donner des victoires. On note des Ă©carts sensibles par rapport Ă  la thĂ©orie dĂ©veloppĂ©e dans Ă€ la noblesse chrĂ©tienne. La translatio imperii reste un Ă©lĂ©ment indispensable, mais elle n'est plus mentionnĂ©e que très rapidement et surtout, le rĂ´le jouĂ© par le pape est entièrement passĂ© sous silence. D'autre part, le Saint Empire est bien le «vrai» empire romain, qui connut son apogĂ©e sous Charlemagne et la dynastie othonienne. Enfin, la place de cet empire dans le schĂ©ma historique providentiel est affirmĂ©e : cet empire durera jusqu'Ă  la consommation des temps et l'aide du Seigneur lui est assurĂ©e s'il place son espĂ©rance en Lui (Jean-Marie Valentin, Luther et la RĂ©forme: Du Commentaire de l’EpĂ®tre aux Romains Ă  la Messe allemande, 2014 - www.google.fr/books/edition).

 

"bas haut" : Charles se baisse pour baiser le pied du pape.

 

Acrostiche : TAQD

 

Taqdir means in the popular sense predestination, fate or destiny. It means literally to make manifest of the measure of a thing or simply to determine a measure (Muhammad ibn ?Abd Allah Khahib al-Tibrizi, Al-Hadis: An English Translation & Commentary with Vowel-pointed Text of Mishkat-ul-Masabih, 1940 - www.google.fr/books/edition).

 

Le nouveau pape, ClĂ©ment VII, entreprit de poursuivre l'action d'Adrien VI. On se souvient que celui-ci avait demandĂ© Ă  Érasme, avec insistance, de se dĂ©clarer ouvertement pour l'Église de Rome, et d'Ă©crire contre les luthĂ©riens. LĂ  oĂą Adrien n'avait pas rĂ©ussi, ClĂ©ment triompha. Le livre tant attendu parut en septembre 1524 sous le titre De Libero Arbitrio (Le Libre Arbitre). Disons-le tout net, ce n'est pas le meilleur livre d'Érasme ! Au lieu d'attaquer Luther sur tant de sujets oĂą il prĂŞtait le flanc Ă  la critique, tels que son refus de la transsubstantiation, des indulgences, de la plupart des sacrements, de l'autoritĂ© de l'Église et du pape, il se plaçait sur un terrain qu'il connaissait mal : celui du libre arbitre, c'est-Ă -dire de la grâce et de la prĂ©destination dont il disait. d'ailleurs avec luciditĂ© : "Parmi les difficultĂ©s prĂ©sentes en grand nombre dans les Saintes Écritures, il n'y a guère de labyrinthe plus inextricable que celui du libre arbitre." (Jean de France, Paul Huot-Pleuroux, AimĂ© Richardt, Erasme: Une intelligence au service de la paix, 2017 - www.google.fr/books/edition).

 

Typologie

 

Le report de 2108 sur la date pivot 1530 donne 952.

 

Le royaume d'Italie (en latin : Regnum Italiae ou Regnum Italicum) est une entitĂ© politique du haut Moyen Ă‚ge qui exista de 888 Ă  1024 dans le nord et le centre de la pĂ©ninsule italienne, alors que le sud relevait du catĂ©panat d'Italie ou de ses vassaux. En cette pĂ©riode, il n’existait pas en Italie de vraie et propre assemblĂ©e d’État capable d’imposer son autoritĂ© : le titre de Roi d'Italie Ă©tait presque exclusivement formel, sans pouvoir rĂ©el, qui appartenant aux divers souverains locaux en lutte entre eux.

 

La persĂ©cution d’AdĂ©laĂŻde, veuve du roi d'Italie Lothaire II, par le marquis d’IvrĂ©e BĂ©renger II, donna prĂ©texte Ă  Otton Ier pour descendre en Italie, sur laquelle il avait dĂ©jĂ  des projets, une fois ceux en Allemagne rĂ©solus. Son expĂ©dition avait trois principales raisons fondamentales :

 

- L'Italie était traversée par les principales voies de communication de l’époque;

- En Italie Otton pouvait même avoir une confrontation avec l’Empire byzantin, qui possédait encore divers territoires, surtout sur la côte Adriatique et en Italie méridionale;

- En Italie résidait la Papauté, avec laquelle Otton entendait instaurer un rapport direct.

 

Après voir vaincu Bérenger, Otton Ier entra dans la capitale Pavie, épousa Adélaïde et se coiffa de la couronne italienne en 952, la comparant à celle de l’Empire romain-germanique. Otton aurait désiré poursuivre jusqu’à Rome, mais la pression des Magyars en Allemagne l’obligea à rentrer. Depuis cet instant la couronne d'Italie fut institutionnalisée et connexe à l’impériale, et fut automatiquement héritée par les successeurs de Otton Ier jusqu’en 1002 (fr.wikipedia.org - Royaume d'Italie (Saint-Empire romain)).

 

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