Péloponnèse et Marseille

Péloponnèse et Marseille

 

IX, 55

 

2144

 

L'horrible guerre qu'en Occident s'appreste,

L'an ensuivant viendra la pestilence,

Si fort horrible que jeune, vieux, ne beste,

Sang, feu, Mercure, Mars, Jupiter en France.

 

Occident

 

Pourrait-on ainsi définir l'espace de l'oecumen, «terra habitabilis et cognita», espace opposé aux espaces marginaux peuplés de créatures étranges et de monstres que l'imagination place au-delà du monde habité connu. Le monde connu d'alors, c'est l'«Europe», nom donné, dans un Hymne à Apollon, du VIIIe siècle av. J.-C. au «Péloponnèse et aux îles entourée par les flots», avec le sens de pays du Couchant (Joanna Nowicki, La cohabitation culturelle, 2019 - books.google.fr).

 

Les Hespérides ne se rencontrent guère dans les lettres grecques que dans la Théogonie d'Hésiode, Å“uvre archaïque et peu pratiquée, mais que si on étend la recherche à la famille de mots dont fait partie leur nom, les choses sont entièrement différentes. Le mot hespéra notamment, dont dérive bien entendu Hespéride et qui signifie soir, mais également couchant, est abondamment utilisé en littérature avec ce dernier sens, et cela dans des Å“uvres bien connues : chez Euripide, par exemple, ou chez Thucydide : Ta près Hespéran, «les régions du Couchant» (Histoire de la guerre du Péloponnèse, VI, 2). L'expression figure dans le récit de l'expédition de Sicile, chapitre le plus pratiqué, avec la description de la peste d'Athènes, de toute l'Å“uvre de Thucydide. Quant à l'adjectif hespérios, qui peut aller jusqu'à signifier «occidental», on le trouve avec ce sens dans l'Odyssée ou, encore une fois, chez Thucydide : Ta Hespéria, «les pays d'Occident» (Histoire de la guerre du Péloponnèse, VI, 2) (Yves Reboul, Rimbaud devant Paris: deux poèmes subversifs, Rimbaud dans le texte, Volume 54 de Cahiers de Littératures, 2006 - books.google.fr).

 

Sed infèxto climate & in Thracia, Eclipsis haec fuit multò terribilior, totus enim Solibi fermê defecit, vt etiam Stellae aliquot inter diü videri potuerint, testa Thucydide lib.2, Quid autem hic defectus Solis, & cometes qui codem tempore exarsit significauerint, ex Thucydide fatis apparet, secuta est enim præter bellum, horribilis pestilentia, quam Âtticam vocasit, quâ Athenienfium ciuitas ad internecionem penè deletâ est. Hoc loco & illud obseruatione dignum est, ab Eclipsi Solis, quæ ánno mundi 3488. bellum Xerxis proximè antecessit, ad hanc vsque Eclipsin, numerantur completi anni 50. Et tot asinos Thucydides quoque  & Diodorus Siculus numerant, à béllo Xerxis ad initium belli Peloponnesiaci (Heinrich Bunting, Chronologia catholica,, 1608 - books.google.fr).

 

La première année de la guerre du Péloponnèse eut lieu une éclipse de soleil.

 

Thucydide II, 28 relate une éclipse de soleil dans l'été de la première année que sévissait la guerre du Péloponnèse ; elle ne peut être placée qu'au 3 août 431 (Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes, 1920 - books.google.fr).

 

Camerarius fait arbitrairement précéder la peste d'Athènes d'une apparition de comète, que les historiens ne décrivent pas, mais qui est peut-être celle de 405 AC. Gemma qualifie la comète d'horrible, quand ses prédécesseurs la qualifiaient d'immense (oncle.dom.pagesperso-orange.fr).

 

Peste

 

C'est l'été de 430 avant notre ère : Athènes, qui vient de vivre, en ce « siècle de Périclès », le plus éblouissant de son destin, va maintenant connaître des heures sévères. La guerre, commencée l'année précédente, est chez elle ; et, tandis que l'armée des Lacédémomens et de leurs alliés campe sur son territoire où elle ravage les blés mûrs, voilà que s'abat sur la ville une épidémie plus meurtrière que les combats. Le mal y sévira deux années consécutives, pour reparaître, au lendemain d'une rémission, pendant l'hiver de 427.

 

C'est à dessein que nous substituons le mot d'«épidémie» à celui de «peste», pourtant consacré par une tradition si solide, que traducteurs et commentateurs modernes lui restent fidèles, tout en faisant état des doutes exprimés par les médecins d'aujourd'hui sur la véritable nature de la maladie décrite par Thucydide. Rappelons que les Grecs ont désigné par le vocable de «loimos», et les Latins par ceux de « pestis » ou « pestilentia », toute infection épidémique au sens le plus général1. Ce serait, semble-t-il, à partir du XVIe siècle que le terme de peste, même s'il lui est parfois arrivé de recouvrir, depuis, certaines affections mal définies (comparons seulement avec tout ce que l'époque contemporaine a pu mettre sous l'appellation de «grippe» !), se rencontre davantage lié à la maladie dont la médecine n'eut la clé qu'en 1894, lorsque Yersin et Kitasato isolèrent son bacille spécifique ; tandis que devaient être un peu plus tard identifiés ses agents de transmission : une certaine espèce de rat, avec la puce qui l'habite, et, à la mort de son hôte, va chercher logement et nourriture chez l'homme. Mais, pour comprendre le sillage d'horreur qui a pu s'attacher au nom de «peste» il faudrait sans doute remonter à la pandémie du xive siècle. Car la «peste noire» apparut en ce temps comme le symbole par excellence de la mort, tapie dans l'ombre de toute vie, fût-elle en apparence la plus heureuse, la mieux protégée, pour fondre tout à coup sur des proies indistinctement fauchées et leur imposer une égalité refusée aux vivants : cette égalité sinistre que l'on voit ricaner à travers les «danses macabres». [...]

 

Gui de Chauliac, l'un des plus illustres représentants de la médecine médiévale, devait voir l'origine de la «peste noire» dans une conjonction de Saturne, de Mars et de Jupiter au quatorzième degré du Verseau, le 24 mars 1345. [...]

 

Même en dehors d'une peste avérée, on peut dire que toute épidémie de famille apparentée aura incarné pour des siècles l'un des plus terrifiants visages de la mort, qui frappe soudain,

en masse, et laisse l'homme à son désarroi, aussi impuissant à percer l'origine du mal qu'à lui opposer la barrière efficace d'une thérapeutique.

 

Le premier document historique relatif à la peste bubonique - celle qui sera habituellement désignée du nom de «pestis inguinaria» ou «glandularia» - appartient déjà à l'âge byzantin. Nous avons évoqué plus haut l'historien des guerres de Justinien, Procope, qui a laissé le meilleur récit de la pandémie du vie siècle3. Partie d'un foyer égyptien en 532, la peste devait semer la mort par toute la Méditerranée, comme en Gaule et en Germanie, dépeuplant des villes entières, où les bêtes fauves venaient remplacer les populations anéanties. Ses retours offensifs furent ressentis jusqu'en 580, et Constantinople, où Procope eut tout loisir de l'observer, fut touchée à trois reprises ; Justinien lui-même fut un moment atteint (Alice Gervais, À propos de la « Peste » d'Athènes : Thucydide et la littérature de l'épidémie. In: Bulletin de l'Association Guillaume Budé : Lettres d'humanité, n°31, décembre 1972 - www.persee.fr).

 

Guerre du Péloponnèse

 

La ligue de Délos est fondée en 478, dans le contexte des guerres médiques, et voit vite s'imposer l'hégémonie d'Athènes : les cités alliées, plutôt que de s'investir directement dans la défense de l'alliance préfèrent s'acquitter d'un tribut, le phoros, qui entretient la puissance militaire de l'unique cité prenant en main toutes les opérations militaires de la confédération. La flotte athénienne devient donc bientôt la plus puissante du monde grec et permet l'émergence de ce que les historiens nomment la thalassocratie athénienne, accordant à la cité une emprise de plus en plus grande sur les autres membres de la ligue ; d'alliés ces derniers deviennent des sujets, non plus placés sous une hégémonie mais sous une archè, une autorité. Ainsi les cités cherchant à quitter la ligue voient leurs désirs réprimés par une flotte constituée à l'origine pour les défendre.

 

En plus de créer des dissensions internes à la confédération, cet impérialisme effraie les autres cités du monde grec, comme celles de la ligue du Péloponnèse, placées sous l'hégémonie de Sparte et faisant contrepoids à la puissance athénienne.

 

Selon Thucydide, la cause véritable, mais non avouée, du conflit est donc la puissance à laquelle les Athéniens sont parvenus. La crainte pour les Spartiates de la voir encore s'accroître, à leur détriment, les pousse alors à frapper les premiers. La lutte est aussi, et peut-être surtout, idéologique, l'oligarchie spartiate s'inquiétant de la volonté d'Athènes d'imposer son modèle démocratique, par la force si nécessaire, dans de nombreuses autres cités (fr.wikipedia.org - Guerre du Péloponnèse).

 

"Horrible", "Sang", "feu"

 

Le conflit se termine par la victoire de Sparte et l'effondrement de l'empire athénien. La domination spartiate sur le monde grec est cependant de courte durée. Sur le plan culturel, le conflit modifie radicalement, par son ampleur et sa férocité, la vision de la guerre dans la Grèce antique et marque la fin de son âge d'or (fr.wikipedia.org - Guerre du Péloponnèse).

 

Si l'on a des textes se référant aux interventions guerrières massaliotes pour les époques archaïque et hellénistique, nos sources sont peu précises pour la période classique. Il est clair que Massalia n'intervient pas dans les guerres médiques ni dans celle du Péloponnèse, d'où le peu de références à son histoire au Ve s. av. J.-C. (Marie-Claire Amouretti, Le regard des Grecs sur la guerre: mythes et réalité, 2000 - books.google.fr).

 

Au cours de la guerre, les Thraces saccagent la ville de Mycalessos en Béotie.

 

Les Thraces sont une race sanguinaire à l'égal des barbares les plus féroces, lorsqu'ils croient n'avoir rien à craindre. Ce fut une affreuse désolation, et une horrible variété de sanglants épisodes: les barbares, entre autres, se jetèrent dans une école d'enfants; elle était considérable et les enfants venaient d'y entrer; tous furent taillés en pièces. Jamais désastre plus inattendu et plus terrible ne fondit sur une ville entière (Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, Tome 2, traduit par Ch. Zevort, 1852 - books.google.fr).

 

En Gaule

 

Le poète Eschyle, vivant vers 500 ans avant J.C., parlait des Ligures au sujet de leur combat contre Hercule qui les vainquit à coups de cailloux fournies par son père Zeus qui formèrent la plaine de la Crau. Le récit en est conservé dans un passage de son <i>Prométhée délivré</i> cité par Strabon (Géographie, VI, 7) (Fernand Benoit Fernand, La légende d'Héraclès et la colonisation grecque dans le delta du Rhône. In: Lettres d'humanité, n°8, décembre 1949 - www.persee.fr).

 

D'où la présence de Zeus en Gaule dans un texte du Vème siècle avant notre ère.

 

Dans son Histoire de la Guerre du Péloponnèse, il termine l'énumération des combats navals livrés par les Grecs par ces simples mots (I, 13, 6) : «Enfin, les Phocéens, vers le moment de la fondation de Massalia, eux aussi, avaient vaincu les Carthaginois dans une bataille navale». On n'a point fini d'épiloguer sur le sens exact de ce fameux passage. J'adopte la traduction d'A. Croiset, et je crois que pour s'installer à Massalia et en général sur les autres points de la côte, les Phocéens durent expulser les Phéniciens (et les Rhodiens) qui les y avaient précédés (Georges Reymond, Jean Édouard Dugand, Monaco antique: Essai sur l'histoire ancienne de Monaco depuis les origines ligures jusqu'aux environs de l'an 1000, 1970 - books.google.fr).

 

C’est Lucain, auteur de la Pharsale qui donne les noms de la triade divine gauloise : Teutatès, Esus, Taranis ou Taranus.

 

Lucain est le seul auteur ancien qui attribue à Esus un sacrifice humain ; les reliefs gallo-romains n'apprennent qu'une chose, c'est qu'un arbre est associé au dieu. Les deux scholiastes sont la seule autorité qui identifient à des dieux romains les trois divinités aux noms indigènes groupés par Lucain. Le premier donne les équivalences Teutatès-Mercure, Esus-Mars, Taranis-Dispater ; il est aussi le seul à décrire le  mode des sacrifices qui leur sont offerts : à Teutatès-Mercure, l'asphyxie par immersion dans un plénum semicupium à Taranis-Dispater, la crémation dans un alveus ligneus, à Esus-Mars, la suspension à l'arbre avec perte de sang et démembrement. De tels renseignements uniques seraient précieux, s'ils n'émanaient pas d'un texte aussi tardif, dont on peut discuter les sources. Pour le sacrifice à Taranis-Jupiter, une des équivalences «des mieux assurées qui soient», le scholiaste a pu s'inspirer de l'affirmation bien connue de César que les Gaulois brûlaient des victimes dans un mannequin d'osier. Pourquoi a-t-il identifié l'Esus de Lucain à Mars ? Sans doute, Esus exigeant un sacrifice humain, parce que Mars est le dieu de la guerre, à qui l'on immole des prisonniers après la bataille (Waldemar Deonna, Les victimes d'Esus, Ogam, Volume 10, 1958 - books.google.fr).

 

C'est Lucain, dans sa Pharsale qui va nous la révéler, en des vers fameux, dont on a peut-être abusé... I, 444 «Immitis placatur sanguine diro Teutates, horretisque feris altaribus Esus, et Taranis Scythicae non mitior ara Dianae. Le farouche Teutatès avide de sacrifices sanglants, le terrible Ésus et ses affreux autels, Taranis aussi impitoyable que la Diane des Scythes.» Le poète, évidemment, a entendu citer les dieux gaulois les plus célèbres de son temps, c'est-à-dire sous Claude et Néron. Son témoignage, qui ne peut être contesté, vient donc à l'appui du monument parisien du pilier des Nautes trouvé à Notre Dame de Paris, et le complète. Ésus, Teutates et Taranis sont au moins reliés par un trait commun, le caractère sanguinaire de leur culte. C'est à ce trio sauvage, au pied des arbres rudement équarris qui le représentaient dans la sombre forêt sacrée, qu'on immolait des victimes humaines, prisonniers de guerre, criminels, ou même innocents, préparés durant cinq années, comme Strabon nous l'apprend, au sacrifice expiatoire (André Lefèvre, Les dieux de la Gaule, Revue anthropologique, Volume 5, 1895 - books.google.fr).

 

Pharsale

 

Après la bataille d'OEnophyta en 456, qui livra lu Béotie aux Athéniens, Pharsale fut assiégée par Myronidès qui entreprit de mettre aussi la Thessalie sous l'hégémonie d'Athènes. Mais Pharsale résista et Myronidès fut contraint de se retirer. Vingt-cinq ans plus tard, au début de la guerre du Péloponnèse, Pharsale fut au nombre des villes thessaliennes qui secondèrent les Athéniens (Ernest Babelon, Traité des monnaies grecques et romaines, Volume 4, Partie 2, 1932 - books.google.fr).

 

César, après sa victoire de Gaule, vint s'installer à Ravenne, en Gaule cisalpine ; sa mission étant terminée, ses pouvoirs proconsulaires expiraient. Dès lors Pompée aurait voulu le voir revenir à Rome sans armée, sans charge, comme un simple particulier, pour le tenir à sa merci. Naturellement César, solidement entouré dans son quartier général, se garda bien d'agir ainsi. Il y eut de longues tractations, une allée et venue de messagers entre Rome et Ravenne. La guerre civile semblait inévitable. César ne disposait que d'une division, car les autres surveillaient la Gaule. Pompée se vantait au contraire de n'avoir «qu'à frapper la terre du pied pour remplir l'Italie de ses légions». César se décida César se décida quand même à marcher sur Rome. Aléa jacta est, le sort était jeté. Il franchit le Rubicon, limite de la Gaule cisalpine, et s'empara de Rome. Pompée et les sénateurs se réfugièrent en Grèce. César alla d'abord en Espagne réduire les partisans de Pompée, prit au retour Massilia qui s'était déclarée contre lui, débarqua en Grèce en plein hiver. En 48 avant J.-C, à Pharsale, en Thessalie, il écrasa les partisans de Pompée. «Frappez les aristocrates au visage», avait-il dit à ses soldats, sachant que les jeunes nobles préféraient tourner le dos plutôt que d'être défigurés. Pompée s'enfuit en Egypte demander asile au jeune roi Ptolémée XIV, fils de Ptolémée Aulète. Espérant sans doute une récompense, le vizir fit assassiner Pompée, et les meurtriers présentèrent sa tête à César qui avait débarqué à Alexandrie (Grande encyclopédie de l'histoire: Les empires de Périclès à Romulus Augustule, 1968 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain précédent IX, 54 pour la Thessalie, Ravenne.

 

L'aspect terrible des cultes gaulois se manifeste surtout par l'évocation de la forêt de Marseille, en 3, 399 sq., qui développe longuement 1, 453-454 (Vincent Zarini, À propos de la violence dans le livre I de la Pharsale de Lucain (1ère partie). In: Vita Latina, N° 141, 1996 - www.persee.fr).

 

Le rapprochement est, chez Martin Bouquet (Recueil Des Historiens Des Gaules Et De La Franc), l'occasion d'une note sur Thucydide parlant de la fondation Marseille (I, 13, 6).

Lucain mentionne aussi ce rôle des Phocéens en 3, 340 et en 5, 53 (Martin Bouquet, Recueil Des Historiens Des Gaules Et De La France: Contenant Tout Ce Qui A été Fait par les Gaulois, & qui s'est passé dans les Gaules avant l'arrivée des François: & plusieurs autres choses qui regardent les François depuis leur origine jusqu'à Clovis, Tome 1, 1738 - books.google.fr).

 

Le pilier des Nautes

 

De même parmi les dieux du pilier des nautes, découvert lors de la construction d'une crypte sous la cathédrale Notre-Dame de Paris le 16 mars 1711 lors des fouilles entreprises pour la réalisation du Vœu de Louis XIII, on trouve Cernunnos. Il fut érigé sous Tibère par les mariniers de Paris aux frais de leur caisse de corporation (fr.wikipedia.org - Pilier des Nautes).

 

Sucellos, maître de l'artisanat du bois,  renvoie à Ulysse charpentier, fabricant son radeau pour quitter l'île de Calypso.

 

Cf. quatrain précédent IX, 54 pour Ulysse.

 

Guerre civile

 

C'est avec la notion de guerre civile que l'on peut rapprocher la Pharsale où s'annonce la triade gauloise et la guerre du Péloponnèse.

 

Thucydide, successeur d'Hérodote, se borne à nous détailler l'histoire de la guerre du Péloponèse, pays qui n'est pas plus grand qu'une province de France ou d'Allemagne, mais qui a produit des hommes en tout genre dignes d'une réputation immortelle : et comme si la guerre civile, le plus horrible des fléaux, ajoutait un nouveau feu et de nouveaux ressorts à l'esprit humain, c'est dans ce temps que tous les arts florissaient en Grèce. C'est ainsi qu'ils commencent à se perfectionner ensuite à Rome dans d'autres guerres civiles du temps de César, et qu'ils renaissent encore dans notre quinzième et seizième siècle de l'ère vulgaire, parmi les troubles de l'Italie (Å’uvres complètes de Voltaire: Mélanges historiques, 1817 - books.google.fr).

 

La notion éminemment problématique de stasis, qui focalisa les craintes et les crispations des Grecs à partir de la guerre du Péloponnèse, décrite par Thucydide comme étant une stásis généralisée à l'ensemble du monde grec. Placée sous le signe de l'agitation et de l'immobilité, cette notion constitue un paradoxe : formée à partir du verbe histemi, qui signifie «dresser, placer, arrêter», la stásis renvoie tout autant à la position statique d'un objet ou d'un être - d'où son sens physique d'équilibre -, qu'aux dynamiques violentes qui déchirent et bouleversent les cités. «Division», «discorde», «sédition», «révolution», voire «guerre civile» - sens qui en signale toute la gravité -, les multiples traductions font immédiatement de la stasis un concept polysémique. Aussi peut-on minimalement définir cette dernière comme un conflit  mettant aux prises deux parties coexistant à l'intérieur d'un même ensemble, qu'il s'agisse de la psychè, de l'oikía, ou bien encore de la pólis. [...]

 

Au Livre I de la Guerre du Péloponnèse, Thucydide décrit à son tour le dérèglement généralisé de la phusis qui accompagne la guerre du Péloponnèse. Cette stasis généralisée à l'ensemble du monde grec s'accompagne d'une inquiétante inflation de phénomènes naturels, jusque-là extraordinaires et rares : tremblements de terre d'une violence inouïe ; éclipses de soleil plus nombreuses qu'à toute autre époque historique ; dans certains pays, de longues périodes de sécheresse avec les famines qui s'ensuivirent ; ce fut enfin le pire des fléaux et celui qui, en certaines régions fit le plus de victimes, la peste. Et de conclure : «Tous (ces maux) s'abattirent sur la Grèce en même temps que la guerre». Chez Thucydide aussi, c'est donc dans de longues énumérations de bouleversements en tous genres que la stásis trouvait sa place. [...]

 

La stasis de Corcyre que Thucydide assigne un tel rôle, faisant de cette guerre civile le point de départ historique mais aussi le fondement ontologique de toutes les discordes et de tous les maux ultérieurs. Ainsi, après qu'il a livré une analyse détaillée de cet événement, Thucydide conclut : «Tel fut en effet le degré de cruauté qu'atteignit la guerre civile, et il fut plus sensible parce qu'elle était la première de toutes ; car ensuite, le mouvement gagna pour ainsi dire le monde grec tout entier, où des différends opposaient dans chaque ville les chefs du peuple, partisans d'appeler les Athéniens, et les aristocrates, qui tenaient pour les Lacédémoniens». Étant la première de toute une série à venir, Corcyre concentre tous les traits de sauvagerie constitutifs de toute stasis. Derrière l'évènement historique, il y a donc également, chez l'historien, un problème ontologique : car la première fois est également la plus violente, par le choc même qu'elle engendre

 

L'inscription de la stasis dans l'horizon plus large d'un dérèglement généralisé, affectant la phúsis au-delà de la pólis, comportait, à l'évidence, un dessein rhétorique : en ne ménageant aucune issue à cette crise de sens affectant la cité, il permettait, en premier lieu, d'absolutiser le dérèglement de la stasis et d'exhiber l'horreur propre à cet événement. En secnod lieu, inscrivant la stásis dans un cortège de maux, comme si ces derniers étaient intrinsèquement liés les uns aux autres et se contaminaient mutuellement, il s'agissait aussi de susciter la crainte de l'auditeur ou du lecteur, et d'appeler ces derniers à une vigilance de tous les instants. Mais l'enjeu d'un tel procédé n'était sans doute pas seulement rhétorique, il était également explicatif : car seule une comparaison - c'est-à-dire, littéralement, une mise en rapport - de la stasis avec d'autres maux permettait d'en cerner la nature et par là même, d'en comprendre toute la gravité (Esther Rogan, De la spécificité de la stasis dans la philosophie aristotélicienne, Drama, Philosophy, Politics in Ancient Greece. Contexts and Receptions, 2014 - books.google.fr).

 

Forêts

 

On sait qu'Hérodote vint à Athènes vers 444 et qu'il y lut des fragments de son histoire, dont aucun, naturellement, ne devait concerner Dodone, où il n'était point encore allé. Mais nous ignorons si, de Thurii, il ne fit pas de nouveau un ou plusieurs voyages à Athènes; après sa mort, dans tous les cas, son œuvre s'y répandit rapidement, et comme il mourut, selon toute apparence, au commencement de la guerre du Péloponnèse, qu'Aristophane, quand il écrivait les Acharnaniens, connaissait, semble-t-il, déjà son grand ouvrage, on peut admettre que les détails qu'il avait recueillis sur Dodone vinrent, à ce moment, raviver encore la popularité de l'oracle fameux. Il est remarquable que les Trachiniennes, qui paraissent être de 420, contiennent sur Dodone deux passages très explicites et que, des neuf fragments qui subsistent de l'Ulysse acanthoplex, drame perdu de Sophocle, quatre nomment Dodone, ses prêtresses ou Zeus dodonéen (Paul Girard, Sur un passage interpolé du Prométhée d'Eschyle, Revue des études grecques, Volume 12, 1965 - books.google.fr).

 

Ces vers où Dodone et son oracle sont célébrés auraient été intercalés en un temps où après la fondation de Thurii, en 443, cet oracle était redevenu à la mode (Paul Masqueray, Bibliographie pratique de la littérature grecque des origines à la fin de la période romaine, 1914 - books.google.fr).

 

Deux tragédies perdues d'Eschyle, Prométhée délivré et Prométhée porte-feu, suivaient Prométhée enchaîné dans la trilogie initiale : le Titan y était délivré de ses chaînes (Fiche de lecture Prométhée enchaîné d'Eschyle (Étude intégrale), 2019 - books.google.fr).

 

C'est un passage du Prométhée délivré qui relate la bataille d'Hercule contre les Ligures dans la plaine de la Crau.

 

Lucain a décrit dans la Pharsale les forêts qui entouraient Marseille avant que César ne les détruisit (il n'en reste aujourd'hui que quelques vestiges à la Sainte Baume).

 

Les chênes de Dodone rendaient des oracles et c'est avec un de ces arbres que la proue du navire Argo des Argonautes fut faite. C'était pour cela que le navire Argo rendait des oracles.

 

Selon Maxime de Tyr, "les Celtes, dit-il, adorent Jupiter ; mais le Jupiter celtique est un grand chêne".

 

Typologie

 

Le report de la date de 2144 sur -431 donne -5150.

 

Usserius, se fondant sur la Vulgate, compte 4004 ans de la création du monde jusqu'à l'ère chrétienne; Eusèbe et le martyrologe romain trouvent, selon les Septante, 5200 ans pour le même intervalle (Dictionnaire de la conversation et de la lecture, Tome 5, 1834 - books.google.fr).

 

Selon une doctrine exprimée pour la première fois au XIIe siècle dans le Liber rationum d'Abraham Avenezra, sept archanges (Gaffiel, Satkiel, Samael, Michael, Annael, Raphael, Gabriel), gouverneurs des sept corps célestes (Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, Vénus, Mercure et Lune), régnent sur sept périodes de 354 jours et 4 mois, dans l'ordre inverse des jours de la des jours de la semaine : Saturne, Vénus, Jupiter, Mercure, Mars, Lune, Soleil. Le point de départ de ce système de chronocratories (dominations des planètes sur le temps) fut assigné par les par les auteurs chrétiens à 5200 avant J.-Chr., date de la Création selon le système d'Eusèbe de Césarée, popularisé par la traduction de saint Jérôme (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), Pierre Brind'Amour, 1996 - books.google.fr).

 

En 5200 commence la chronocratorie de Saturne.

 

Le report de 2144 sur -48 donne -4384, chronocratorie de Jupiter.

 

Le report de 2144 sur 1711 donne 1278.

 

Le 4 mai 1278, Rodolphe de Habsbourg cède à Nicolas III l’exarchat de Ravenne, la Marche d'Ancône et le duché de Spolète qui forment les contours définitifs de l’État pontifical (fr.wikipedia.org - 1278).

 

Cf. quatrain précédent IX, 54.

 

1278 et Charles Ier d'Anjou : Marseille en Provence et Péloponnèse

 

Charles d'Anjou (21 mars 1227-7 janvier 1285), roi de Naples et de Sicile (1266-1285), est le dernier fils du roi de France Louis VIII et de Blanche de Castille. Comte d’Anjou et du Maine, il devient comte de Provence par son mariage avec Béatrice de Provence en 1246. Il accompagne son frère Louis IX pendant la septième croisade en 1248. Allié à la papauté, il s'empare de Naples et de la Sicile, en battant Manfred et Conradin à Bénévent (1266) et à Tagliacozzo (1268). Il étend son pouvoir dans les Balkans et devient en 1277 le prétendant au trône de Jérusalem. La colère suscitée par la présence française déclenche les Vêpres siciliennes en 1282. Charles est chassé de la Sicile par une coalition des Siciliens avec Pierre III d'Aragon, et sa flotte est défaite dans la baie de Naples en 1284. Premier roi de Naples de la dynastie angevine, il est le créateur d'un éphémère empire méditerranéen.

 

En 1246, il épouse Béatrice de Provence (1234-1267), comtesse de Provence et de Forcalquier (1245-1267), fille du comte Raymond Bérenger V et de Béatrice de Savoie. Par ce mariage, il devient lui-même comte de Provence et comte de Forcalquier, principautés qu'il continue de gouverner jusqu'à sa mort. À l'occasion de ce premier mariage, son frère Louis IX, le nomme comte d'Anjou et du Maine, créant de ce fait la seconde dynastie angevine. Dès le début de son gouvernement, Charles doit faire face à un important parti anti-français. Les grandes villes, comme Arles, Avignon et Marseille, en plein essor économique, sont quasiment indépendantes, et cherchent à conserver leur autonomie. De son côté, Charles vise à renforcer l'administration. Charles débarque en Provence en avril 1251. Il soumet Arles, puis Avignon, et assiège la ville de Marseille en août 1251. Charles obtient la soumission du chef de la rébellion, Barral des Baux, puis de la ville de Marseille en 1252. En 1257, Charles renforce ses liens avec la ville de Marseille et rachète aux héritiers de Guillaume Ier des Baux-Orange leurs droits sur la vice-royauté d'Arles.

 

En 1267, Charles fiance son fils Philippe avec Isabelle, la fille du prince Guillaume II d'Achaïe. D'après le traité de Viterbe, la principauté d'Achaïe doit revenir à Philippe si Guillaume décède sans héritier mâle. Par ailleurs, Charles s'engage à restaurer Baudouin II sur le trône de Constantinople, en échange de la suzeraineté sur l'Achaïe, l'Épire, Corfou, plusieurs d'îles de la Mer Égée, et le tiers des conquêtes à venir, à la seule exclusion de la ville de Constantinople. L'accord est conclu par le mariage de Béatrice, fille de Charles, avec Philippe Ier de Courtenay, fils de Baudouin. Cependant Philippe de Villehardouin étant décédé avant son père en 1277, la principauté d'Achaïe passa à Charles à la mort de Guillaume en 1278 (fr.wikipedia.org - Charles Ier d'Anjou).

 

La principauté d'Achaïe également écrit Achaye ou de Morée est une seigneurie fondée par Guillaume de Champlitte pendant la quatrième croisade (1202-1204). La principauté s’étend au départ sur tout le Péloponnèse (fr.wikipedia.org - Principauté d'Achaïe).

 

 

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