Reims et le Jansénisme

Reims et le Jansénisme

 

III, 18

 

1717-1718

 

AprĂšs la pluie laict assez longuette

En plusieurs lieux de Rheims le ciel touché,

quel conflict de sang prĂšs d'eux s'appreste

PÚre & fils Roys n'oseront approché.

 

"Apres la pluie laict assĂ©s longuete", Brind’Amour : conjecture proposĂ©e : la pluie de laict.  ACa : diĂ©rĂšse de la-ict.

 

Brind’Amour : «AprĂšs la pluie de lait assez longuette, le ciel de toucher (la foudre de tomber) en plusieurs lieux de Reims ; hĂ©las ! quel meurtre de sang s’apprĂȘte prĂšs d’eux ! Le pĂšre et les fils du roi n’oseront approcher» (Anna Carlstedt, La poĂ©sie oraculaire de Nostradamus : langue, style et genre des Centuries, 2005 - www.diva-portal.org).

 

La louve

 

Isabelle de France (vers 1295, Paris - 22 aoĂ»t 1358, Hertford) est la seule fille parmi les enfants survivants du roi de France Philippe IV le Bel et de son Ă©pouse Jeanne Ire, reine de Navarre. Elle est reine en tant qu'Ă©pouse d'Édouard II, roi d'Angleterre, et mĂšre d’Edouard III. La reine Isabelle est connue Ă  son Ă©poque pour sa beautĂ©, son habiletĂ© diplomatique et son intelligence. Contrairement Ă  une idĂ©e largement rĂ©pandue, elle n'a jamais Ă©tĂ© surnommĂ©e la «Louve de France» par ses contemporains - cette Ă©pithĂšte est utilisĂ©e pour la premiĂšre fois par William Shakespeare au sujet de Marguerite d'Anjou, et appliquĂ©e plus tard Ă  Isabelle au XVIIIe siĂšcle.

 

Thomas Gray, poĂšte du XVIIIe siĂšcle, rĂ©unit dans son poĂšme anti-français The Bard («Le Barde», 1757) les caractĂ©ristiques que Marlowe attribue Ă  Isabelle ainsi que le surnom que Shakespeare donne Ă  une autre princesse française, Marguerite d'Anjou - Ă©pouse d'Henri VI d'Angleterre - : la «Louve de France». Dans ce poĂšme, Isabelle dĂ©chiquette les intestins d'Édouard II de ses «crocs acharnĂ©s» (fr.wikipedia.org - Isabelle de France (1295-1358)).

 

On racontait qu'un berger appelĂ© Faustulus avait recueilli les enfants de Silvia, exposĂ©s sur les bords du Tibre par les ordres d'Amulius, qui avait usurpĂ© la couronne d'Albe sur son frĂšre Numitor, pĂšre de cette Silvia. C'Ă©tait, ajoutait-on, dans les alluvions du Tibre, au pied d'un figuier qui marquait le centre de Rome, que le berceau contenant les jumeaux avait Ă©tĂ© dĂ©couvert. Le nom de ficus ruminalis donnĂ© Ă  ce figuier rappelait le nom de Ramnes ou Rumnes; car on trouve indistinctement les trois noms, Rumilia, Rumina, Rumia, imposĂ©s Ă  une divinitĂ© populaire que la lĂ©gende de Romulus et de Remus fit invoquer comme la divinitĂ© protectrice des enfants au berceau; on avait rapprochĂ© le nom de Rumina du mot ruma, «mamelle». Le figuier ruminal marqua pendant longtemps le centre de Rome. AbandonnĂ©s par l'inhumain Amulius, les jumeaux issus de Mars et de Silvia avaient dĂ» la vie au lait d'une louve. C'est lĂ  encore un de ces mythes fondĂ©s sur le symbolisme religieux. Chez les Sabins, Mars avait pour emblĂšme le loup, appelĂ© par eux irpus, en latin lupus. Bien avant la fondation de Rome, on cĂ©lĂ©brait en son honneur des fĂȘtes dites Lupercales, au sommet du Palatin, sur lequel s'Ă©levait le sanctuaire de Mars. A ces Lupercales se rattachaient des rites ayant pour objet de rendre les femmes fĂ©condes; ce qui montre que le dieu des Sabins Ă©tait, sous l'emblĂšme du loup, invoquĂ© pour obtenir une nombreuse postĂ©ritĂ©. La victoire sur les ennemis et beaucoup d'enfants, voilĂ  ce que les populations indo-europĂ©ennes demandaient surtout Ă  leurs dieux, comme nous le montre le Rig-VĂ©da. On les implorait aussi pour les troupeaux, principale richesse de l'Ă©poque patriarcale. Le caractĂšre pastoral du dieu-loup des Sabins se reconnaĂźt Ă  la ressemblance que les Romains trouvĂšrent plus tard entre Lupercus et le Pan des Arcadiens. C'Ă©tait le dieu-loup qui avait conduit, suivant la tradition des Sabins, plusieurs de leurs colonies, et notamment les Hirpins ou Irpins, lesquels en tiraient leur nom. On reconnaĂźt dans le mot sabin irpus le mĂȘme radical que dans le wolf allemand, et le vulpes ou volpes latin. C'Ă©tait donc parce que le dieu-loup prĂ©sidait Ă  la fĂ©conditĂ©, en mĂȘme temps qu'il Ă©tait l'emblĂšme de Mars, que la lĂ©gende disait que Silvia, assimilĂ©e postĂ©rieurement Ă  RhĂ©a ou Ilia, avait Ă©tĂ© rendue mĂšre par Mars sous la forme d'un loup, et donnait pour nourrice une louve Ă  Remus et Ă  Romulus. C'Ă©tait parce que Mars-Lupercus Ă©tait une divinitĂ© pastorale qu'on faisait recueillir les deux jumeaux par un gardien du troupeau royal, Faustulus. Le nom de Larentia, donnĂ© Ă  la femme de Faustulus, rappelle celui des divinitĂ©s qui prĂ©sidaient aux habitations, les Lares. Acca Larentia, ou la mĂšre des Lares, divinitĂ© Ă©trusque dont la fĂȘte tombait en avril, avait son sanctuaire au Velabre, comme il sera dit plus loin". Le mythe peut consĂ©quemment se traduire ainsi : Les vici des Ramnes, dont l'oppidum Ă©tait au Palatin, s'Ă©levĂšrent Ă  l'origine aux bords du Tibre sur les alluvions qu'il avait dĂ©posĂ©es. Romulus est opposĂ© Ă  Remus, et les deux frĂšres entrent bientĂŽt en lutte. Dans cet antagonisme se rĂ©vĂšle une division dans la citĂ© naissante. En effet, la lĂ©gende nous montre Remus Ă©tabli sur l'Aventin et Romulus sur le Palatin. Il y eut donc, pendant un temps, deux oppida rivaux, deux partis dans la peuplade des Ramnes; les hommes de l’Aventin furent vaincus, et le Palatin l'emporta. Mais c'est ici qu'apparaissent des traditions qui se lient Ă  l'arrivĂ©e des Étrusques et nous ramĂšnent Ă  l'histoire de Servius Tullius. La lĂ©gende qui groupait dans le rĂšgne tout mythique de Romulus les Ă©vĂ©nements et les faits remontant Ă  l'Ă©poque des premiers rois, mais dont on ignorait la date prĂ©cise, donnait pour lieutenant Ă  Romulus un certain Fabius Celer. C'Ă©tait ce dernier, disait-elle, qui avait dĂ©fendu l'enceinte du Palatin, alors environnĂ© d'un vallum ou fossĂ© fortifiĂ©, comme c'Ă©tait le cas pour tous les oppida des peuplades de l'Italie centrale, et la fable, dĂ©naturant d'une maniĂšre puĂ©rile cette tradition, racontait que, pour se moquer de la petitesse du fossĂ© creusĂ© par Romulus, Remus avait franchi d'un saut l'enceinte naissante; ce qui avait irritĂ© profondĂ©ment son frĂšre. Remus avait Ă©tĂ© tuĂ© dans le combat; les uns le faisaient pĂ©rir de la main mĂȘme de Romulus, les autres de celle de Fabius Celer. Ces deux variantes nous montrent que c'Ă©tait grĂące Ă  l'appui de ce Celer que les Ramnes du Palatin l'avaient emportĂ© sur les habitants de l’Aventin. Le sommet de ce second oppidum parait avoir Ă©tĂ© appelĂ© dans le principe remonium, mot qui suggĂ©ra le nom de Remus. Les Latins appelaient remores, comme nous le lisons dans Festus, les oiseaux qui annonçaient Ă  l'augure que l'entreprise pour laquelle il consultait les prĂ©sages devait ĂȘtre abandonnĂ©e. Le souvenir de l'apparition de ces remores au sommet de l'Aventin, dans quelque circonstance mĂ©morable, avait valu Ă  sa cime le nom de Remurium ou Remonium. Et telle a Ă©tĂ© l'origine de la fable qui racontait que les deux frĂšres ayant chacun consultĂ© les auspices, le ciel avait prononcĂ© en faveur du Palatin oĂč s'Ă©tait placĂ© Romulus pour observer le vol des oiseaux fatidiques (Alfred Maury, Nouvelles Ă©tudes sur les origines de Rome, Revue germanique, Volume 17, 1861 - books.google.fr).

 

Cf. l'Aventine du quatrain précédent III, 17.

 

Albricus dit en sa poésie, que Remus & Romulus sont feints estre fils de Mars, pource qu'ils furent deux batailleurs. Remus fonda la cité de Reims, en France, & Romulus fonda la cité de Rome. Cette opinion est de soy si grossiere, qu'elle se combat d'elle mefme: dautant que comme Floart a remarqué au commencement de son Histoire, Remus fut mis à mort fort jeune, auant que jamais sortir de sa terre natalle. Ce que l'on peut apprendre de tous les Historiens qui ont parlé de la Fondation de Rome. Entr'autres, de Denys de Halicarnasse, &,d'Eutropius, qui disent que lors Remus & Romulus, freres gemeaux, n'auoient que dix huict ans. Ainsi cette premiere opinion fondee sur le simple auoisinement du nom de Remus à nostre ville de Reims, ne vaut pas la peine de s'y arrester dauantage. La seconde est de ceux, lesquels voyans bien qu'il n'y auoit aucune apparence d'en attribuer la fondation à Remus, occis dés la fleur de son adolescence ; ne pouuans neantmoins se deffaire, & se déueloper de la gentille allusion des noms de Reims, & de Remus, & ne connoissans d'ailleurs aucun autre Roy, ou Prince, qui ait porté ce nom, sinon le frere de Romulus, le renom duquel les Histoires Romaines ont rendu si celebre par tout le Monde, ont dit, que Remus & Romulus auoient leur bande à part & que les gens de Remus, apres la mort de leur Maistre, se retirerent, du déplaisir qu'ils en eurent, & s'absenterent d'Italie, passerent les Alpes, & paruindrent jusques au Royaume des Belges, qui ors estoit florissant souz le gouuernement d'vne Royne nommée Vrse, mere de Flechambaut, qui fut depuis Duc des Remois. Et que du consentement de cette Princesse ils commencerent aussi tost à bastir une Ville en une assiette belle & agreable, laquelle ils nommerent du nom de leur Maistre Remus, ainsi que Rome auoit eu ce nom de Romulus son frere... (Nicolas Bergier, Le dessein de l'histoire de Reims avec diverses curieuses remarques touchant l'establlissement des peuples, et la fondation des villes de France, 1635 - books.google.fr).

 

Pluie de lait

 

Je reviens maintenant Ă  Rome. Vous n'avez point oubliĂ© combien de fois le sĂ©nat a nommĂ© des dĂ©cemvirs pour consulter les livres, ni de quelle importance Ă©taient les affaires dans lesquelles il a si souvent obĂ©i aux rĂ©ponses des aruspices. Un jour il apparut deux soleils, une autre fois trois lunes, puis des flambeaux; le soleil se montra la nuit ; on entendit au ciel un frĂ©missement; le ciel parut s'ouvrir, et l'on y vit des globes. On rapporta aussi au sĂ©nat que sur le territoire de Privernum venait de se former un gouffre, la terre s'Ă©tant affaissĂ©e Ă  une Ă©norme profondeur. L'Apulie fut agitĂ©e des plus violens tremhlemens de terre. Tous ces prodiges annonçaient au peuple romain des guerres terribles et de funestes sĂ©ditions, et pour tous les rĂ©ponses des augures se trouvĂšrent d'accord avec les vers de la Sibylle. Et lorsqu'Ă  Cumes la statue d'Apollon se couvrit de sueur, et Ă  Capoue celle de la Victoire, lorsqu'on vit apparaĂźtre des naissances hermaphrodites, n'Ă©taient-ce pas lĂ  des prĂ©sages du destin ? Et ce fleuve dont l'onde se souille de sang; ces pluies de pierres, et quelquefois de sang ou de terre, ou, plus anciennement encore, ces pluies de lait, qu'en dites-vous ? Le Centaure du Capitole a Ă©tĂ© frappĂ© de la foudre; elle a brisĂ© les portes de l'Aventin (-207), renversĂ© des hommes. A Tusculum, elle est tombĂ©e sur le temple de Castor et de Pollux ; Ă  Rome, sur celui de la PiĂ©tĂ©s Eh bien! les augures n'ont-ils pas annoncĂ©, ce qui est arrivĂ© ? les prĂ©dictions des livres de la Sibylle n'ont-elles pas Ă©tĂ© conformes Ă  leurs rĂ©ponses ? (De la divination, Livre I, ƒuvres complĂštes de CicĂ©ron: traduction nouvelle, Tome 31, 1837 - books.google.fr).

 

"PĂšre fils roys n'oseront approcher" : de Reims

 

Le siĂšge de Reims est un Ă©pisode de la chevauchĂ©e d'Édouard III de 1359 et 1360 durant la guerre de Cent Ans. L'attaque dĂ©bute au dĂ©but du mois de dĂ©cembre mais est abandonnĂ©e par Édouard III, dĂ©pourvu de matĂ©riel de siĂšge, le 11 janvier 1360. AprĂšs la bataille de Poitiers et la capture de Jean II le Bon en 1356, la Jacquerie et la rĂ©volte d'Étienne Marcel en 1358, le roi d'Angleterre Édouard III tente d'en finir avec la monarchie française en se faisant couronner roi de France Ă  Reims, centre religieux du royaume. Les hostilitĂ©s entre la France et l'Angleterre reprennent en 1359. Édouard dĂ©barque le 28 octobre 1359 Ă  Calais avec une armĂ©e d'au moins 12000 hommes. La chevauchĂ©e traverse l'Artois, le CambrĂ©sis et la Picardie avant de s'orienter vers Reims, oĂč Édouard III espĂšre se faire couronner roi de France. Il compte peut-ĂȘtre pour cela sur la bonne volontĂ© de Jean de Craon, archevĂȘque de Reims, mais celui-ci semble acquis Ă  la cause française. Avec les bourgeois, ce dernier a choisi Gaucher de ChĂątillon pour diriger la dĂ©fense1. Les RĂ©mois n'ignoraient pas en effet qu'ils seraient trĂšs vraisemblablement la cible d'une attaque ; le dauphin Charles les avait prĂ©venu du danger dĂšs le 10 juillet. Ils ont donc considĂ©rablement renforcĂ© les fortifications entourant la citĂ© et rassemblĂ© des vivres (fr.wikipedia.org - SiĂšge de Reims).

 

Le roi d'Angleterre assiĂšge Reims depuis la Saint-AndrĂ© environ (30 novembre 1359) jusqu'Ă  l'entrĂ©e du carĂȘme (19 fĂ©vrier 1360); Édouard est logĂ© Ă  Saint-Basle, tandis que le prince de Galles et ses frĂšres campent Ă  Saint-Thierry. Le roi d'Angleterre Edouard III et son fils le Prince Noir se retirent aprĂšs trente-huit jours d'efforts infructueux.(Chroniques de J. Froissart: 1356-1360 (Depuis les prĂ©liminaires de la bataille de Poitiers jusqu'Ă  l'expĂ©dition d'Édouard III en Champagne et dans l'Île de France), Tome 5, 1874 - books.google.fr).

 

"Plusieurs lieux... le ciel touché" : chronogramme ?

 

En 1359, les Anglais, forcés de lever le siÚge de Reims, ravagÚrent le pays et vinrent brûler Attigny; un chartreux du Mont-Dieu composa le vers suivant :

 

Monstrat Atigniaci casum novies data loci.

 

Neuf fois la date contenue dans loci (151), indique la ruine d'Attigny (N. Albot, Les chronogrammes dans les Ardennes, Revue historique ardennaise, Volume 8, 1901 - books.google.fr).

 

CicĂ©ron distinguait les cinq planĂštes et nommait sĂ©parĂ©ment le soleil et la lune en y joignant la terre et le ciel ou rĂ©gion des Ă©toiles fixes, il arrivait au chiffre neuf qui se rĂ©alise scientifiquement dans le systĂšme de PtolĂ©mĂ©e. Ce chiffre neuf domina, mais sans avoir la glorieuse popularitĂ© du chiffre sept. Un des premiers artistes du moyen Ăąge a reprĂ©sentĂ© le Christ soutenant les neuf sphĂšres de PtolĂ©mĂ©e, rattachant ainsi, comme dans l'antiquitĂ©, la vĂ©ritĂ© astronomique Ă  la vĂ©ritĂ© religieuse. Dans ses immortels poĂ«mes, le Dante a essayĂ© de populariser le chiffre neuf : l'enfer a neuf rĂ©gions, BĂ©atrix commençait son neuviĂšme printemps, neuf annĂ©es nouvelles, la premiĂšre des neuf derniĂšres heures de la nuit, etc. Il n'y a guĂšre que le mot neuvaine qui soit populaire en France et se rattache Ă  ce systĂšme (E. Braconnier, Application de la gĂ©ographie Ă  l'histoire ou Ă©tude Ă©lĂ©mentaire de gĂ©ographie et d'histoire gĂ©nĂ©rales comparĂ©es, Tome 2, 1845 - books.google.fr).

 

Si neuf est chez Dante le nombre du ciel, comme il est convenu par ailleurs, il est aussi celui de BĂ©atrice, laquelle est elle-mĂȘme un symbole de l'amour (RenĂ© GuĂ©non, L'ÉsotĂ©risme de Dante) (Solange Sudarskis, Dictionnaire vagabond de la pensĂ©e maçonnique, 2017 - books.google.fr).

 

Les chronogrammes, une idée à creuser dans les quatrains des Centuries.

 

"pluie de lait" : la peste ?

 

Toutes les actions et les dĂ©faites considĂ©rables ont Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ©es par des signes et par des prodiges; l'on voit dans Pline que du Consulat de Marcus Attilius et Caius Portius, il y eut une pluie de lait et de sang qui prĂ©dit qu'il y aurait l'annĂ©e suivante une grande peste Ă  Rome. De mĂȘme Ă  Luques il plut du fer semblable Ă  des Ă©ponges, un an devant que Marcus Crassus fĂ»t tuĂ© en Parthie, et tous les soldats de Luques qui Ă©taient dans son armĂ©e furent dĂ©faits avec lui. Du temps du Consulat de Lucius Paulus et de C. Marcellus, il plut de la laine sur le ChĂąteau Corisan, qui prĂ©dit la mort de Titus Annius Milon, qui fut tuĂ© un an aprĂšs (Henri Corneille Agrippa, La philosophie occulte ou La magie, Tome 1, 1910 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain suivant III, 19 pour Luques.

 

Muratori et Henry, dans l'histoire de la Grande-Bretagne, ont consignĂ© des dĂ©tails qui doivent trouver ici leur place, sur cette peste horrible, qui en 1359 et en 1360 dĂ©vasta l'Italie, la France, l'Angleterre et l'Écosse. On y trouve que cette maladie fut principalement dĂ©sastreuse pour ceux qui habitaient les hautes montagnes, et que ses effets se firent principalement ressentir dans les endroits oĂč l'air Ă©tait pur, et possĂ©dait les qualitĂ©s qu'on croit ĂȘtre gĂ©nĂ©ralement propres au maintien de la santĂ©; cette peste fut trĂšsmeurtriĂšre; car Bocace assure qu'elle fit pĂ©rir cent mille habitans dans la seule ville de Florence; et PĂ©trarque dit que cette malheureuse citĂ© conserva Ă  peine dix citoyens sur mille. On calcula que l'Ecosse avait perdu un tiers de sa population.

 

Une autre peste avait ravagĂ© ces mĂȘmes contrĂ©es douze ans auparavant, en 1348 et en 1349; ces deux flĂ©aux prĂ©sentĂšrent un contraste qui est bien remarquable : dans le cours de ces deux annĂ©es, ce furent les lieux les plus malsains qui souffrirent le plus de la maladie; et douze ans aprĂšs, en 1359 et en 1360, ces mĂȘmes lieux furent Ă©pargnĂ©s, tandis que les endroits rĂ©putĂ©s les plus sains en devinrent le principal thĂ©Ăątre. Ces deux pestes offrirent encore un phĂ©nomĂšne qui est bien digne d'attention en 1348 et en 1349, ce furent les pauvres qui offrirent le plus de victimes au virus pestilentiel, tandis qu'en 1359 et en 1360, les riches et tous ceux qui jouissaient des commoditĂ©s de la vie, en ressentirent les effets destructeurs (M. Alibert, Les causes secrĂštes des Ă©pidĂ©mies, Encyclographie des sciences mĂ©dicales, Volumes 1 Ă  4, 1833 - books.google.fr).

 

Acrostiche : AE OP

 

"AE" comme AEmathien qui pourrait désigner des princes anglais de la guerre de Cent ans : cf. quatrain IX, 38; IX, 64; IX, 93; X, 7 et X, 58.

 

Et "OP" comme ordre des prĂȘcheurs (dominicains) : AbrĂ©viation de ordinis praedicatorum, employĂ©e pour dĂ©signer un membre de l'ordre des frĂšres prĂȘcheurs (dominicains).

 

Et "OP" commeLe pape Innocent VI envoie deux de ses lĂ©gats auprĂšs d’Edouard III pour faire office de mĂ©diateurs. Le rĂ©gent consent Ă  envoyer des Ă©missaires. Simon de Langres un des lĂ©gats du pape, gĂ©nĂ©ral des frĂšres pĂȘcheurs, rĂ©ussit Ă  initier des nĂ©gociations dans la maladrerie de Longjumeau, le vendredi-saint 3 avril. Le vendredi 10 avril, Androuin de La Roche, abbĂ© de Cluny et lĂ©gat du pape obtient la reprise des nĂ©gociations mais c’est un second Ă©chec. Le rĂ©gent refuse toutes les conditions demandĂ©es. [...] En cette annĂ©e 1360, le froid et le gel perdurent tout le printemps. Les vignes de Paris ont mĂȘme gelĂ© le 19 mai. Et un Ă©vĂšnement va changer le cours du destin. L’armĂ©e du roi d’Angleterre Ă©prouvĂ© par ses derniers mois de campagne subit un orage effrayant, quasiment d’anthologie si on en croit les chroniqueurs de l’époque (chroniques de Froissart). [...] Edouard III et son fils, le Prince Noir, se rendent Ă  la cathĂ©drale de Chartres et promettent Ă  Notre-Dame de signer la paix avec les Français, si elle arrĂȘte cette pluie de grĂȘlons. L’orage passĂ©, Edouard III revient Ă  la cathĂ©drale en pĂšlerinage. [...] CĂ©dant Ă  la colĂšre du ciel, et aussi sur le conseil de son cousin le duc de Lancastre, Edouard consent Ă  abandonner son exigence du trĂŽne de France. Le 7 mai est signĂ© la trĂȘve qui doit durer jusqu’à la Saint Michel de l’annĂ©e suivante. Le traitĂ© de BrĂ©tigny est rĂ©digĂ© le 8 mai 1360 (www.sours.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1718 sur la date pivot 1359 (siĂšge de Reims par Edouard III) donne 1000 pile, l'an mille, comparablement aux quatrains III, 11 et III, 12.

 

Au premier siĂšcle de notre Ăšre, Pline recense imperturbablement des pluies de lait et de sang, de chair, de fer, de laine, voire de briques cuites, Ă©talĂ©es sur toute l'histoire romaine. Et les sorciers lanceurs d'orages sont connus de toutes les civilisations antiques. De la loi des douze tables au code thĂ©odosien, Rome en est imprĂ©gnĂ©e. Si SĂ©nĂšque reste sceptique quant au pouvoir des chasseurs d'orage, Pline se dit aussi gĂȘnĂ© par les incantations que par leur succĂšs «éprouvé» et laisse chacun libre d'en penser ce qui lui plaira. Quant Ă  Lucain, sa Pharsale Ă©voque en une longue scĂšne Ă©pique Jupiter tout surpris de voir la foudre Ă©chapper Ă  son pouvoir pour obĂ©ir aux sorciĂšres (Jean Claude Bologne, Du flambeau au bĂ»cher: Magie et superstition au Moyen-Âge, 1993 - books.google.fr).

 

Puis vint la Grande Peur de l'An Mil, renforcĂ©e par le fait que le climat se dĂ©traqua rĂ©ellement : dĂšs 988, la canicule sĂ©vit, puis des pluies torrentielles dĂ©vastĂšrent les cultures, l'hiver gela mĂȘme l'eau de la MĂ©diterranĂ©e prĂšs des cĂŽtes. Mais en l'an mil mĂȘme, le calme revint. On calcula alors que la fin du millĂ©naire devait ĂȘtre comptĂ©e depuis la crucifixion et non depuis la naissance de JĂ©sus. L'annĂ©e 1033 fut, en effet, affreuse marquĂ©e de nouveau par des intempĂ©ries, puis des sĂ©ismes. Mais enfin, le monde ne prit pas fin (Gerald MessadiĂ©, 500 ans d'impostures scientifiques - Sornettes, absurditĂ©s et autres erreurs, 2013 - books.google.fr).

 

On voit aux quatrains I, 66 et X, 67 la croyance aux grĂȘles provoquĂ©es par des sorciers combattue par l'Ă©vĂȘque de Lyon Agobard au IXe siĂšcle au moyen Ăąge, et remise au goĂ»t du jour par CĂ©sar de Bus au XVIIe siĂšcle.

 

Relation franco-anglaise sous la RĂ©gence

 

A ceux qui pourraient s'étonner de voir représenter le blason de France dans les armoiries du roi Charles II d'Angleterre (1660-1685), nous rappellerons que depuis la Guerre de Cent Ans, les Rois d'Angleterre portaient aussi le titre de Roi de France (ils le porteront d'ailleurs jusqu'à la révolution française) auquel ils auraient eut le droit si pour les en écarter, il n'avait pas été décidé d'adopter en France la Loi Salique (vial.jean.free.fr).

 

De 1715 Ă  1740, la France et l'Angleterre se rapprochĂšrent, alliance perfide, fait observer Saint-Simon, en ce qu'elle n'avait qu'un but, celui de nous brouiller avec l'Europe ; humiliante, en ce que notre pays fut pendant un quart de siĂšcle l'humble satellite de l'Angleterre. Philippe d'OrlĂ©ans, rĂ©gent du royaume au nom du jeune Louis XV, commença par se lier les mains, au moyen d'un traitĂ© en vertu duquel il chassa le prĂ©tendant, fils de Jacques II, reconnut au roi Georges Par le titre de roi de France, prĂ©tention puĂ©rile qui datait de la guerre de Cent ans, et, chose plus sĂ©rieuse, dĂ©molit Mardick que Louis XIV avait choisi pour remplacer Dunkerque (Alfred DonĂ©aud, Histoire de la Marine française: des origines Ă  la fin du XIXe siĂšcle, 2002 - books.google.fr).

 

Également menacĂ©s, le rĂ©gent et Georges Ier s‘unirent par le traitĂ© de la triple alliance, conclu Ă  la Haye entre la France, l’Angleterre et la Hollande (janvier 1717). On y rappela les deux clauses fondamentales du traitĂ© d‘Utrecht: celle qui confirmait la succession protestante en Angleterre, et celle qui stipulait la sĂ©paration des deux couronnes de France et d’Espagne. Le rĂ©gent se fortifiait ainsi de l‘alliance anglaise contre les projets d‘Alberoni, mais Ă  quel prix ! L’Angleterre dicta les conditions. Elle exigea la dĂ©molition du port de Dunkerque, la destruction du canal de Mardick, l‘abaissement des droits de douane en faveur des Hollandais, enfin l‘expulsion du prĂ©tendant. Ce ne fut pas tout: dans le protocole, Georges Ier prenait insolemment le titre de roi de France, tandis que Louis XV Ă©tait simplement appelĂ© roi trĂšschrdtien. C'Ă©tait comme un second traitĂ© d‘Utrecht, plus humiliant que le premier. Mais le rĂ©gent Ă©tait rassurĂ© dĂ©sormais contre les prĂ©tentions de Philippe V, et l’abbĂ© Duhois, le nĂ©gociateur du traitĂ©, en touchait le prix en livres sterling. Cependant Alberoni poursuivait l’exĂ©cution de son plan. Il ĂȘchoua sur tous les points. Le complot dont la duchesse du Maine Ă©tait l‘ñme, et Cellamare, ambassadeur d'Espagne Ă  Paris, l’agent principal, fut dĂ©couvert (septembre 1718). Quelque temps auparavant l’Autriche avait signĂ© avec la Porte la paix de Passarowitz. Enfin, au mois de novembre suivant, Charles XII se fit tuer au siĂšge de FrĂšdĂ©ricshall. Vainement une armĂ©e espagnole avait reconquis la Sardaigne et une partie de la Sicile (1717-1748). Cette flagrante violation du traitĂ© d‘Utrecht, qui avait assurĂ© la premiĂšre de ces Ăźles Ă  l‘Autriche, la seconde au duc de Savoie, amena entre la France, l‘Angleterre, l'Autriche, et la Hollande, la conclusion du traitĂ© de la quadruple alliance (1748-1719). Tout ce qui avait Ă©tĂ© rĂ©glĂ© au traitĂ© d’Utrecht pour le dĂ©membrement de la monarchie espagnole fut confirmĂ©. Philippe V devait renoncer en faveur de l’empereur aux provinces des Pays-Bas et d‘ltalie, et lui restituer la Sardaigne. L’empereur, de son cĂŽtĂ©, reconnaĂźtrait Philippe V pour roi d‘Espagne, et investirait l’infant Don Carlos des duchĂ©s de Toscane, de Parme et de Plaisance. Quant au duc de Savoie, on dĂ©cida qu’en Ă©change de la Sicile, cĂ©dĂ©e Ă  l‘empereur, il recevrait la Sardaigne (M. Hubault, M. Marguerin, Histoire de France, 1865 - books.google.fr).

 

Reims 1717 et les Jansénistes

 

Jean Godinot nĂ© Ă  Reims, y fit ses Ă©tudes, & Ă©tant entrĂ© dans l'Ă©tat EcclĂ©siastique, prit le bonnet de Docteur en ThĂ©ologie, & fut fait Chanoine de la CathĂ©drale, & SupĂ©rieur du SĂ©minaire par l'ArchevĂȘque le Tellier, PrĂ©lat si recommandable par son zĂšle pour le maintien de la discipline EcclĂ©siastique. Godinot remplit ces deux places avec l'exactitude la plus scrupuleuse. Lorsqu'il fut rentrĂ© dans sa maison canoniale, il y mena une vie rĂ©guliĂ©re, toute occupĂ©e de l'Ă©tude, de l'assistance aux offices, & du soin de faire valoir un bien considĂ©rable, pour le soulagement des pauvres, & l'utilitĂ© de ses concitoyens. Il Ă©toit Sindic de la FacultĂ© de ThĂ©ologie de Reims en 1714, lorsque M. de Mailly y fit porter la Constitution Unig. On peut voir dans le le Tome de l'Histoire de cette Bulle, toutes les violences de ce nouvel ArchevĂȘque. Notre Sindic eut alors la foiblesse de donner les mains Ă  une acceptation de ce Decret rĂ©lative aux Explications mais il ne fut pas longtems Ă  s'en repentir, & Ă  s'en relever. La rĂ©clamation autentique de la FacultĂ© fut proprement son ouvrage.  En 1715, Ă©tant encore Syndic, il dĂ©nonça Ă  la FacultĂ© l'abominable TraitĂ© de la PĂ©nitence dictĂ© Ă  Reims par un Professeur en ThĂ©ologie ; & la censure que le respectable Docteur en fit faire, fut suivie de celle de quelques autres FacultĂ©s. Depuis cette affaire, il ne manqua aucune occasion de rendre justice Ă  la vĂ©ritĂ© ; il adhĂ©ra Ă  l'appel des 4 EvĂȘques avec la FacultĂ© de ThĂ©ologie, avec son Chapitre & avec l'UniversitĂ© ; il dĂ©nonça Ă  son ArchevĂȘque diverses erreurs sur le dogme & sur la morale, enseignĂ©es par les JĂ©suites, & il prĂ©senta au PrĂ©lat une conclusion par laquelle la FacultĂ© dĂ©claroit qu'elle persistoit dans la rĂ©solution de laisser Ă  ses Candidats la libertĂ© Ă  la paix de ClĂ©ment IX : seule maniĂ©re de le signer, que la religion exige, & que le bon sens autorise. Tant de dĂ©marches vigoureuses ne furent pas sans rĂ©compense ; notre vertueux Docteur fut exclus du Chapitre & de la FacultĂ© ; & rendu Ă  lui-mĂȘme, il ne s'occupa plus que du dessein qu'il avoit toujours eu de rĂ©pandre sur sa patrie le bien considĂ©rable, qu'un talent singulier pour la culture des vignes, son Ɠconomie & sa grande frugalitĂ©, lui avoient procurĂ©. AprĂšs s'ĂȘtre acquittĂ© de ce qu'il devoit Ă  sa famille, il destina tout le reste Ă  son Eglise, aux pauvres & aux besoins publics. Il fonda des Ă©coles gratuites, des Ă©tablissemens pour les malades, fit de grandes largesses aux hĂŽpitaux, Ă©claira & orna son Eglise, dessĂ©cha des Ă©gouts qui infectoient la ville, y introduifit des eaux pures & salutaires, & mĂ©rita par ses bienfaits le titre glorieux de Pere & de Restaurateur de sa patrie. Tant de services rendus attirerent sur le vertueux Chanoine les bĂ©nĂ©dictions du peuple, & ne le sauverent pas des anathĂȘmes du PrĂȘtre. Etant parvenu Ă  l'Ăąge de 87 ans, par l'uniformitĂ© d'une vie sobre rĂ©glĂ©e & occupĂ©e, il tomba malade en 1749, & il se vit aussitĂŽt livrĂ© aux persĂ©cutions des fougueux Constitutionaires, qui trouverent dans le vĂ©nĂ©rable vieillard une prĂ©fence d'esprit, & une fermetĂ© Ă  laquelle ils ne s'attendoient pas. Il repoussa toutes leurs attaques avec vigueur ; & sortant victorieux du combat, il finit une vie pleine de jours & de bonnes oeuvres par une mort fainte, qui le fit passer Ă  la bienheureufe Ă©ternitĂ©. Ses lĂąches confreres, qui avoient eu l'indignitĂ© de le priver des Sacremens, n'accorderent qu'avec peine que l'enterrement se feroit en la maniĂ©re accoutumĂ©e, & ne s'y trouverent qu'en petit nombre. Mais les absens furent avantageusement remplacĂ©s par tout le corps de ville & la foule des citoyens reconnoissans, qui, en bĂ©nissant la mĂ©moire de leur gĂ©nĂ©reux bienfaiteur, publioient Ă  haute voix la multitude & la magnificence de ses libĂ©ralitĂ©s. Il les consomma par son testament, en lĂ©guant Ă  la ville le restant de ses biens, pour l'entiĂšre exĂ©cution du projet des fontaines publiques (Pierre Barral, Dictionnaire historique, littĂ©raire et critique, Tome 1, 1759 - books.google.fr).

 

François de Mailly-Nesle (4 mars 1658 - 13 septembre 1721) fut archevĂȘque d'Arles (1697-1710) puis archevĂȘque-duc de Reims (1710 - 1721), pair de France et cardinal (1719). Le 12 juillet 1710, il est nommĂ© archevĂȘque de Reims (confirmĂ© le 1er dĂ©cembre), oĂč il succĂšde Ă  Le Tellier et prend possession de son nouvel archevĂȘchĂ© en 1711. TrĂšs rapidement, plus homme de combat que de conciliation, il entre en conflit avec ses clercs plutĂŽt acquis au JansĂ©nisme et avec l’universitĂ©. D’aprĂšs les JansĂ©nistes, il aurait fait le choix des jĂ©suites «pour dĂ©truire tout le bien fait par son prĂ©dĂ©cesseur». Par un mandement du 17 avril 1714, François de Mailly publie Ă  Reims la bulle Unigenitus qui condamne le jansĂ©nisme. Toutefois, dĂšs 1715 Ă  la mort de Louis XIV (1er septembre 1715), le jansĂ©nisme relĂšve la tĂȘte et pendant cinq ans l’autoritĂ© archiĂ©piscopale sera souvent bafouĂ©e. Un retour de balancier se produit nĂ©anmoins en 1720 avec la dĂ©claration royale du 4 aoĂ»t qui met fin officiellement au jansĂ©nisme par l’acceptation de la bulle papale. DĂšs lors, l’archevĂȘque revient en grĂące. S'il a reçu en 1719 (29 novembre) le titre de Cardinal, il doit en effet attendre 1720 pour en revĂȘtir les insignes des mains mĂȘmes de Louis XV. Cette mĂȘme annĂ©e, il est nommĂ© abbĂ© commendataire de Saint-Étienne de Caen. Mais la rĂ©sistance Ă  Reims reste encore trĂšs forte et ne sera rĂ©duite que par ses successeurs. En effet, François de Mailly ne jouit pas longtemps de sa nouvelle dignitĂ© : il meurt le 13 septembre 1721, Ă  l’ñge de 63 ans, dans son Abbaye Saint-Thierry (fr.wikipedia.org - François de Mailly).

 

Le Saint Laict

 

M. Paris annonce qu'en mettant en ordre les archives de l'ancien chapitre de Notre-Dame, il a trouvĂ© dans des liasses de papier mises au rebut et portant pour suscription : Papiers inutiles, bons Ă  brĂ»ler aprĂšs quarante ans, une masse de piĂšces Ă©tablissant d'une maniĂšre pĂ©remptoire tous les travaux d'art entrepris, exĂ©cutĂ©s aux frais et sous les yeux de M. l'abbĂ© Godinot. «Personne n'honore plus que nous, dit l'orateur, le souvenir de M. Godinot : il fut le bienfaiteur dela ville. Nous ne saurions assez dire et rĂ©pĂ©ter les actes de philanthropie qui recommandent sa mĂ©moire a l'Ă©ternelle gratitude des RĂ©mois. - La susceptibilitĂ© des arriĂšre-neveux de M. l'abbĂ© Godinot, quand on touche a ce nom sacrĂ©, aujourd'hui l'une des gloires du pays, est sans doute chose trĂšs-honorable ; cependant, il ne faut pas l'exagĂ©rer au point d'interdire au biographe l'examen de certains faits qui importent Ă  l'histoire, et dont l'apprĂ©ciation est dans les plus imprescriptibles droits de la critique.» Passant Ă  la revue des piĂšces qu'il offre de faire passer sous les yeux de l'assemblĂ©e, M. Paris signale la destruction dans la cathĂ©drale de Reims des autels gothiques, des chapelles du rond-point, des pierres sĂ©pulchrales ; la profanation et la destruction des travaux du cardinal de Lenoncourt et du cardinal de Lorraine ; la suppression du sacrarium ; la ruine de la chapelle du Saint-Lait, de l'autel de la Transfiguration, des stalles du chƓur, du jubĂ©, somptueux travail du XVe siĂšcle, des verriĂšres des bascĂŽtĂ©s, du maitre-autel et du monument de saint Nicaise. A l'appui de toutes ces imputations, M. Paris lit des actes revĂȘtus de la signature de l'abbĂ© Godinot et de l'architecte chargĂ© des travaux (CongrĂšs scientifique de France, TreiziĂšme session, tenue Ă  Reims, en septembre 1845, 1846 - books.google.fr).

 

La misĂšre ne fit que s’accroĂźtre sous la rĂ©gence du duc d’OrlĂ©ans ; il fallut chercher de nouveaux expĂ©dients pour remplir le trĂ©sor. Un Ă©dit de 1722 Ă©rigea en offices, mĂȘme les charges municipales respectĂ©es par Louis XIV; c’était une grave atteinte aux privilĂšges des villes. A Reims, le Conseil rĂ©solut de racheter les charges et, malgrĂ© l’avis des notables qui avaient Ă©tĂ© consultĂ©s, des sommes considĂ©rables furent versĂ©es entre les mains du roi ; la dĂ©pense devint inutile : une autre ordonnance supprima les offices crĂ©Ă©s en 1722 et rendit aux villes l’administration municipale. La majoritĂ© de Louis XV ranima les espĂ©rances et le sacre fut entourĂ© d’une grande solennitĂ©; six princes du sang reprĂ©sentaient les anciens pairs. Le roi conserva de l’affection pour la ville oĂč il avait reçu l’onction royale; Reims, Ă  son tour, garda le souvenir des bienfaits du monarque et tĂ©moigna en plusieurs circonstances son affection pour Louis-le-BienaimĂ©. Les embellissements et les travaux d’utilitĂ© commencĂ©s au XVIIe  siĂšcle furent continuĂ©s au XVIIIe. Deux hommes surtout y attachĂšrent leur nom, Godinot et LĂ©vesque de Pouilly. Godinot, fils d’un corroyeur, Ă©tudia chez les JĂ©suites, fut d'abord chanoine de Saint-Symphorien, puis obtint un canonicat Ă  la cathĂ©drale. Il se laissa entraĂźner dans les erreurs du jansĂ©nisme et fut condamnĂ© par l’archevĂȘque François de Mailly; le Chapitre l’exclut de ses assemblĂ©es. Godinot s’occupa dĂšs lors avec plus de soin de la culture de ses vignes et acquit une fortune considĂ©rable; il ne s’en servit que pour devenir le bienfaiteur de la citĂ©. Les nouvelles Ă©coles, l’HĂŽtel-Dieu, l’hĂŽpital Saint-Louis, rĂ©cemment fondĂ© pour les personnes attaquĂ©es du cancer, furent l’objet de ses largesses. Il fournit les sommes nĂ©cessaires Ă  l’établissement des fontaines et rendit ainsi son nom populaire Ă  Reims. Le gĂ©nĂ©reux chanoine ne pouvait oublier la cathĂ©drale ; malheureusement c’était l’époque oĂč l’on ne pouvait souffrir le gothique et Godinot suivit l’entraĂźnement de son siĂšcle. La splendide chapelle du Saint-Laict, le tombeau du cardinal de Lorraine furent dĂ©molis, les autels refaits dans le goĂ»t du temps; une partie des vitraux fut enlevĂ©e ; des grilles remplacĂšrent la clĂŽture du chƓur et le jubĂ©; la cathĂ©drale prit cet aspect de nuditĂ© qui frappe le visiteur. Plus de 120,000 livres furent dĂ©pensĂ©es pour modifier l’Ɠuvre du Moyen-Age. Godinot mourut en 1749 (Al Hannesse, Histoire populaire de la ville de Reims, 1879 - books.google.fr).

 

La BoĂźte Ă  Perrette

 

La BoĂźte Ă  Perrette a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 1695. Selon la lĂ©gende, Pierre Nicole (1625 - 1695), thĂ©ologien jansĂ©niste, aurait confiĂ© Ă  sa servante Perrette des fonds destinĂ©s Ă  soutenir les jansĂ©nistes persĂ©cutĂ©s par Louis XIV et par le pape. La servante aurait cachĂ© l'argent dans son pot Ă  lait. Cette histoire est trop inspirĂ©e de la fable de Jean de La Fontaine pour ĂȘtre plausible mais il est vrai qu'Ă  la fin du XVIIe siĂšcle une caisse de secours se met en place dans le milieu jansĂ©niste. AprĂšs la condamnation du jansĂ©nisme par la Bulle Unigenitus en 1713 et la destruction du monastĂšre de Port-Royal des Champs en 1709, les jansĂ©nistes sont pourchassĂ©s et s'exilent, en Hollande ou dans le diocĂšse d'Auxerre par exemple. La caisse de secours soutient les prĂȘtres privĂ©s de charge, les Ă©coles jansĂ©nistes et les jansĂ©nistes exilĂ©s. L'argent se transmet de personne Ă  personne, Ă  l'intĂ©rieur du rĂ©seau jansĂ©niste. Le systĂšme fiscal utilisĂ© est celui de la tontine, c'est-Ă -dire que les fonds, partagĂ©s entre deux ou trois personnes, ou concentrĂ©s sur une seule, se transmettent par legs testamentaire. Dans son testament, le gestionnaire des fonds lĂšgue particuliĂšrement une somme Ă  une personne Ă©trangĂšre Ă  sa famille. Les fonds sont placĂ©s de maniĂšre sĂ»re, notamment en rente sur l'État. Les fonds de la BoĂźte Ă  Perrette ont aussi servi Ă  financer le journal jansĂ©niste appelĂ© Nouvelles EcclĂ©siastiques. Ces fonds furent trĂšs importants au XVIIIe siĂšcle. DispersĂ©s en raison de la RĂ©volution française, ils sont progressivement rĂ©unis au dĂ©but du XIXe siĂšcle par les hĂ©ritiers du jansĂ©nisme. Aujourd'hui, ce qui reste de la BoĂźte Ă  Perrette est gĂ©rĂ© par la SociĂ©tĂ© de Port-Royal, association qui regroupe des descendants de familles jansĂ©nistes et des chercheurs attachĂ©s Ă  Port-Royal des Champs (fr.wikipedia.org - BoĂźte Ă  Perrette).

 

Du sang

 

Saint Jean DamascĂšne dit aussi qu'il Ă©tait des solitaires qui passaient leur vie entiĂšre en dehors de tout commerce avec les hommes, tandis que d'autres habitaient des cellules plus ou moins distantes les unes des autres, et se rendaient le dimanche dans une Ă©glise commune pour participer aux divins mystĂšres, c'est-Ă -dire au sacrifice non sanglant du corps et du sang de JĂ©sus-Christ.

 

Traitant des instituts des CĂ©nobites, Cassien dit expressĂ©ment que les moines d'Egypte ne se rĂ©unissaient de jour que le samedi et le dimanche Ă  l'heure de tierce pour la communion ; ce qu’il confirme en plusieurs endroits de ses confĂ©rences. Les paroles suivantes, qu’il met dans la bouche du saint abbĂ© ThĂ©onas, mĂ©ritent surtout d'ĂȘtre citĂ©es, parce qu'elles signalent et proscrivent une erreur renouvelĂ©e plus tard par les jansĂ©nistes : «Nous ne devons pas, dit-il, nous abstenir de la communion du dimanche parce que nous nous reconnaissons pĂ©cheurs, mais au contraire en approcher avec d'autant plus d’aviditĂ©, afin qu’elle guĂ©risse notre Ăąme et purifie notre cƓur. Ainsi donc, nous jugeant indignes de recevoir une telle grĂące, cherchons y par-dessus tout, avec humilitĂ© et en esprit de foi, le remĂšde Ă  nos blessures. Sans cela nous ne pourrions pas mĂȘme nous flatter de communier dignement une seule fois l'an, selon la pratique de certains cĂ©nobites. Ces moines se font une idĂ©e telle de la saintetĂ©, de la dignitĂ© et de l'excellence des divins sacrements, qu’à leur avis il faut ĂȘtre saint et exempt de souillure pour y prĂ©tendre, plutĂŽt qu’ils ne rendent saints et purs ceux qui les reçoivent. Or ils tombent prĂ©cisĂ©ment dans le pĂ©chĂ© de prĂ©somption qu’ils voudraient Ă©viter, puisqu'au moins ils s’en jugent dignes lorsqu’ils les reçoivent. ll est bien plus juste de les recevoir tous les dimanches comme le remĂšde de nos maladies spirituelles, avec cette humilitĂ© du cƓur qui nous fait croire et confesser que nous ne mĂ©riterons jamais de nous approcher de ces mystĂšres adorables; il est plus juste, dis-je, d'en user de la sorte que de nous persuader, par un sot orgueil, que nous pourrons nous en rendre dignes au bout d’une annĂ©e.» (F. Labis, De la frĂ©quente communion, Revue catholique, 1863 - books.google.fr).

 

Le Saint Sacrifice de la Messe est le renouvellement non sanglant du Sacrifice de la Croix.

 

ConsacrĂ©e aux convulsions, la seconde partie de "De la cause de Dieu Ă  la cause de la Nation. Le JansĂ©nisme au XVIII siĂšcle" de Catherine Maire dĂ©peint la lente agonie religieuse du jansĂ©nisme, rappelant la chronologie des Ă©vĂ©nements, s'attachant Ă  la personne mĂȘme de François de Paris (sa formation auprĂšs des figuristes, sa retraite et sa pratique des mortifications), notant l'intensitĂ© de l'Ă©pisode de saint MĂ©dard (1728-1732) et la publicitĂ© dont il bĂ©nĂ©ficia. La flambĂ©e des miracles est liĂ©e au contexte : premiĂšres guĂ©risons Ă  distance puis, en 1728, les miracles s'opĂšrent sur la dalle funĂ©raire au moment oĂč, aprĂšs Embrun, la rĂ©sistance jansĂ©niste redouble. L'Ă©chec d'une reconnaissance officielle fait chuter les miracles avant une nouvelle explosion (1731- 1732) autour de la guĂ©rison d'Anne Le Franc Ă  la suite de la dĂ©claration royale promulguant la Bulle comme loi de l'Église et de l'État. Les miracles entrent donc dans la bataille grĂące Ă  l'encadrement des figuristes et s'accompagnent de l'Ă©mergence des convulsions, avant la fermeture du cimetiĂšre (janvier 1732). Au-delĂ  de la prĂ©sentation des Ă©vĂ©nements, C.M. dĂ©veloppe et Ă©tudie cette Ă©volution. Si le miracle de guĂ©rison est une preuve maĂźtresse dans la tradition apologĂ©tique, son Ă©volution qui conduit Ă  des cĂ©rĂ©monies figuratives d'une immense violence constitue une originalitĂ© des miracles de saint MĂ©dard : au dernier stade, les convulsions ne sont plus guĂ©rissantes, elles rĂ©unissent un encadrement, les «secouristes». En l735, le Parlement se tourne contre les convulsionnaires et le mouvement s'achĂšve dans une sectarisation progressive. La masse documentaire (relations consignĂ©es) pose de nombreux problĂšmes d'analyse mais conduit Ă  la constatation que cette escalade symbolique des convulsionnaires est inscrite dans la logique figuriste : par les crucifiements mis en scĂšne, les acteurs veulent prolonger l'actualitĂ© du Christ dans l'histoire prĂ©sente et ramener Ă  eux un Dieu lointain et absent. Enfin, l'A. Ă©tudie avec prĂ©cision les divisions que suscitĂšrent les convulsions dans le parti jansĂ©niste, disputes lourdes de consĂ©quences pour le parti lui-mĂȘme : le statut du signe (humain, divin, diabolique), les tensions entre crainte de Dieu et nĂ©cessitĂ© d'une foi confiante (ramener la volontĂ© salvifique de Dieu Ă  la portĂ©e de la crĂ©ature) et enfin, vers 1778, la question de la rĂ©alitĂ© non sanglante du sacrifice de JĂ©sus-Christ pendant la Messe. Ces dĂ©bats internes sont le signe d'une crise profonde du jansĂ©nisme religieux qui trouve une «transfiguration politique» dans le combat parlementaire, transformation prĂ©parĂ©e par l'intervention des avocats et magistrats du Parlement dĂšs 1726-1727 (Bibliographie "De la cause de Dieu Ă  la cause de la Nation. Le JansĂ©nisme au XVIII siĂšcle" de Catherine Maire, 1998, Archives de sciences sociales des religions n° 105, 1999 - books.google.fr).

 

"touché" : les écrouelles

 

Gilles Caillotin rĂ©emploie un pamphlet paru aprĂšs la dĂ©claration royale du 7 octobre 1717, qui imposait le silence Ă  toutes les parties Ă  propos de la constitution Unigenitus : toute l’argumentation relative aux conflits doctrinaux des premiers siĂšcles de l’Église figure, en tous les cas, dans une lettre du cardinal de Mailly adressĂ©e au rĂ©gent (Lettre de M. l’archevĂȘque de Reims Ă  SAR le duc d’OrlĂ©ans, rĂ©gent du royaume, Reims, 20 janvier 1718). [...]

 

Gilles Caillotin est prĂ©sent Ă  Versailles une partie du samedi saint et le jour de PĂąques 16 et 17 avril 1729 : il ne peut pĂ©nĂ©trer, le jour de PĂąques, dans la chapelle du chĂąteau, bien qu’il ait assistĂ© Ă  l’entrĂ©e solennelle du roi et de sa cour (B. M. Reims, ms. 2487, p. 671), mais il n’évoque pas, cette fois, la cĂ©rĂ©monie du toucher des Ă©crouelles. D’aprĂšs l’avocat Barbier, qui consigne cette information en mars 1739, au moment oĂč Louis XV cesse de toucher les Ă©crouelles parce qu’il n’est plus en Ă©tat de grĂące du fait de sa liaison publique avec Madame de Mailly, “le roi touche ordinairement les malades le Samedi Saint, aprĂšs avoir fait ses dĂ©votions. Cette annĂ©e, sous prĂ©texte de quelque incommoditĂ©, il n’a fait ni la cĂ©rĂ©monie ni ses PĂąques. Cela a causĂ© un grand scandale Ă  Versailles et beaucoup de bruit Ă  Paris”, Edmond-Jean-François Barbier, Journal historique et anecdotique du rĂšgne de Louis XV, t. II, Paris, Jules Renouard, 1849, p. 223-224. D’aprĂšs le Journal de Dangeau, Louis XIV touche Ă  Versailles 1300 malades le samedi saint 21 avril 1685 ; la veille de la PentecĂŽte 17 mai 1698, 3000 ; la veille de la PentecĂŽte 19 mai 1714, plus de 1000, et la veille de la PentecĂŽte 8 juin 1715, 1700, Marquis de Dangeau, Journal, Ă©ditĂ© par Eudore SouliĂ© et LĂ©on Dussieux, t. I, Paris, Firmin Didot, 1854, p. 158 ; t. VI, Paris, ibid., 1856, p. 348 ; t. XV, Paris, ibid., 1858, p. 149 et 432. D’aprĂšs la Gazette de France, le 29 octobre 1722, quatre jours aprĂšs son sacre, Louis XV a touchĂ© plus de deux mille scrofuleux dans le parc de l’abbaye Saint-Remi de Reims. On peut d’autant plus aisĂ©ment imaginer que Gilles Caillotin faisait partie de ceux-ci, que sa maison, rue du BarbĂątre, est toute proche de l’abbaye de Saint-Remi, mĂȘme s’il n’évoque pas cet Ă©pisode dans son manuscrit oĂč il n’a voulu transcrire que l’histoire de toutes ses “routes” (Postface. Un « roumieu » au XVIIIe siĂšcle : expĂ©riences partagĂ©es, rĂ©cit singulier In : Gilles Caillotin, pĂšlerin : Le retour de Rome d’un sergier rĂ©mois, 1724, 2006 - books.openedition.org).

 

Louise Julie de Mailly-Nesle, nĂ©e Ă  Paris, paroisse Saint-Sulpice, le 16 mars 1710, morte Ă  Paris le 30 mars 1751, fut une favorite de Louis XV. Elle Ă©tait la fille de Louis III de Mailly-Nesle, marquis de Nesle, (1689-1767) et de son Ă©pouse Armande FĂ©lice de La Porte Mazarin (1691-1729), elle-mĂȘme petite-fille d'Hortense Mancini et arriĂšre-petite-niĂšce de Mazarin. Elle est l'aĂźnĂ©e des cinq SƓurs de Nesle dont quatre furent les maĂźtresses de Louis XV  (fr.wikipedia.org - Louise Julie de Mailly-Nesle).

 

Elle est parente du cardinal de Mailly.

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