Occupation d’Avignon par la France

Occupation d’Avignon par la France

Tremblements de terre en Tricastin

Réformes du royaume

 

III, 93

 

1773

 

Dans Avignon tout le chef de l’empire

Fera arrest pour Paris désolé :

Tricast tiendra l’Annibalique ire :

Lyon par change sera mal consolé.

 

Visite d’un "chef de l'empire" à Avignon

 

Au mois de mai 1365, l'empereur Charles IV vint avec une grande pompe à Avignon pour visiter le pape. Il y eut à cette occasion de splendides fêtes, qui furent suivies d'entretiens secrets entre le pape et l'empereur. Ces entretiens roulèrent surtout sur le retour du pape à Rome. En effet, le pouvoir temporel du pape avait été reconquis par le cardinal Albornoz, et, d'un autre côté, il était facile de constaler que la papauté avait perdu en indépendance el en dignité par son séjour à Avignon. De plus, le siége et la mise à contribution de cette ville par les ruptuarii (routiers) mettaient en question la sûreté personnelle du pape. Urbain V avait à plusieurs reprises exprimé son désir de s'installer à Rome; mais en 1366 il communiqua ce projet au monde entier, et il fixa son voyage à la Pâque de 1367 (Carl Joseph Hefele, Histoire des Conciles, Volume 9, traduit par l'abbé Delarc, 1873 - books.google.fr).

 

Les routiers

 

L’évêque Guillaume Sudre l’informa alors que Bertrand Du Guesclin avait pris la tête des Routiers et rassemblait une «Longue Route» en Bourgogne pour descendre la vallée du Rhône. Les promesses de Charles IV et de Philippe le Hardi n’avaient pas été tenues. Le pape demanda aux édiles marseillais de lui envoyer cent cinquante arbalétriers. Mais le 12 novembre 1366, alors que les Grandes Compagnies campaient devant Avignon, il attendait toujours ces renforts. Les Grandes Compagnies menées par le «Dogue Noir» étaient sur la rive droite du Rhône où elles furent rejointes par les troupes d’Henri de Transtamare. 

 

Aussi le 17 novembre, pour faire déguerpir les Grandes Compagnies, Urbain V, au nom de la ville d’Avignon, emprunta 17000 florins aux banquiers de la cité des papes. Trois jours plus tard, par bulle, il charge Philippe de Cabassolle, Recteur du Comtat, de recouvrir 30000 florins auprès du clergé provençal. La rançon put être remise au Breton le 22 novembre et le souverain pontife y joignit son absolution. La cité des papes était sauve (fr.wikipedia.org - Urbain V).

 

Voyage à Rome du pape : l'empereur pour, le roi contre

 

Urbain V avait, bien avant son élection, considéré que le pape devait siéger à Rome et non ailleurs. Au cours de ce printemps 1367, le mercenaire John Hawkwood et sa compagnie de Saint-Georges, passés du côté pontifical, défirent les troupes à la solde de Pérouse. Ce qui permit au cardinal Gil Albornoz d’enlever à cette cité les villes d’Assise, Nocera et Galdo, «terres d’Église». Un calme relatif étant apparu en Italie à la suite de ses succès militaires, le pape estima pouvoir s'installer à Rome. Cela imposa un déplacement complet de la cour avec ses services, ses archives et son approvisionnement.

 

Le roi de France Charles V, opposé par principe au retour à Rome, fit une dernière tentative en envoyant une ambassade conduite par le comte d’Étampes. Après avoir descendu la Saône et le Rhône, elle fut reçue par Urbain V le 22 avril 1367. Le pape notifia aux Français que son départ aurait lieu dans une semaine.

 

La plus conséquente de ces campagnes « au-delà des montagnes » fut conduite en 1366 à l'initiative de Charles IV, sorte de prélude au retour de la papauté Rome. Le pape Urbain V en avait manifesté l'ardent désir et s'était entendu dès 1365 avec l'empereur, sans doute en échange de son accord à voir ce dernier couronné roi de Bourgogne à Arles la même année. C'est qu'Avignon devenait un séjour de moins en moins sûr depuis que les désordres de la guerre de Cent Ans avaient jeté sur les chemins des compagnies désœuvrées et désargentées de routiers et de mercenaires anglais, bretons, français. Parallèlement, le légat Albornoz avait reconstitué autour de Rome un glacis défensif bien plus efficace, achevant de persuader Urbain qu'un retour dans la Ville de saint Pierre devenait non seulement possible mais souhaitable. Parti des bords du Rhône le 30 avril 1367 pour atteindre Viterbe le 9 juin, le pontife y forgea une vaste coalition contre Milan, dans l'attente de la descente de l'empereur en Italie. Pour la financer, le pape avait accordé à Charles une année de dîmes prélevées sur tous les biens ecclésiastiques situés en Bohême et dans l'Empire. Urbain V fit son entrée solennelle dans la Ville éternelle le 16 octobre, mais Charles IV n'y était pas. Ce n'est qu'en mai 1368 que l'empereur parvint d'abord à Padoue. Urbain V, entre-temps, avait en quelque sorte brûlé ses vaisseaux puisque son départ d'Avignon avait laissé la Provence en proie aux ravages si dévastateurs des routiers qu'un de leurs capitaines, le célèbre Bertrand du Guesclin, fut excommunié en septembre 1368. Il avait aussi pu humer le climat délétère et dangereux de Rome, toujours dominée par les luttes de clans, les rivalités entre cardinaux, l'entrisme de tout ce que la péninsule comptait de seigneurs, de ducs, d'abbés et de rois.

 

Englué dans ce bourbier, il en était venu à envisager de retourner à Avignon quand Charles IV fit enfin son entrée à Rome le 20 octobre 1368. Il n'était alors plus ce roi de trente-neuf ans que le pontife d'alors n'avait autorisé à séjourner que vingt-quatre heures sur les bords du Tibre. Il entra en ville revêtu de tous les ornements de sa dignité, fut accueilli par le pape, dont il tint le cheval par la bride, tel un «alter Constantinus» ramenant le successeur de Pierre dans son siège naturel. «Quel spectacle que d'apercevoir ces deux plus hauts princes, ces deux seuls monarques de toute la terre, le maître des âmes d'un côté, celui des corps de l'autre, dans un tel acte de paix et de concorde, liés par les attaches de la bonne volonté et de la sérénité des coeurs !» C'est ainsi du moins que l'interpréta de manière optimiste le grand humaniste Florentin Coluccio Salutati, chancelier et donc le plus haut personnage politique de sa cité, dans une lettre adressée à Boccace... À quoi répondit de manière bien plus amère Ulman Stromer, échevin et patricien influent de la ville de Nuremberg : «L'empereur se tenait là, devant les portes de Rome, descendu de sa monture, et il accompagna le pape en tenant son cheval par la bride à travers la ville de Rome jusqu'à l'église de Pierre et Paul, quelle injure faite ainsi à l'Empire» (Pierre Monnet, Charles IV: Un empereur en Europe, 2020 - books.google.fr).

 

Les routiers à Lyon : les Tard Venus

 

Guy de Chauliac, le célèbre médecin et chirurgien, était chanoine et élu prévôt du Chapitre de Saint-Just de Lyon. Il possédait en cette qualité la baronnie de Brignais et néglige d'entretenir les fortifications du château. Pas plus que ses prédécesseurs, Guy de Chauliac, surchargé de labeurs, toujours chevauchant sur la route de Lyon à Avignon, n'avait songé à remédier à cet état de choses et nous allons voir quelles en furent les conséquences.

 

La France était alors engagée dans cette guerre terrible avec l'Angleterre. Au lendemain du traité de Brétigny, à la faveur de nos désastres on vit s'organiser ces compagnies d'aventuriers qui sous les noms trop connus de Routiers et de Tard-Venus exercèrent sur toute l'étendue du Royaume le pillage et la dévastation. En l'année 1360, plusieurs bandes réunies, formant un effectif d'environ seize mille hommes, commandées par des chefs hardis et expérimentés, se dirigèrent sur Lyon dans le but de rançonner une cité déjà célèbre par ses richesses. En peu de temps elles furent à nos portes, s'emparèrent par surprise du château fort de Brignais que nous avons vu si mal préparé pour la résistance, et s'y fortifièrent. Dans la bataille de Brignais en 1362, les Grandes Compagnies et anéantissent l'armée royale qui cherchait à le reprendre.

 

Surpris eux-mêmes de leur victoire, les Tard-Venus se contentèrent de la rançon des prisonniers et n'osèrent point attaquer la ville de Lyon. Après la bataille de Brignais, les chefs de bandes qui y avaient pris part signèrent le 23 juillet, à Clermont, une convention d'après laquelle ils s'engageaient à aller en Espagne avec Henri de Trastamare, combattre le roi Pierre de Castille, surnommé le Cruel. Cette liste nous est parvenue et permet d'établir exactement l'état de leurs forces au mois d'avril, 1362 (Humbert Mollière, Fragments d'histoire lyonnaise au XIVe siècle. Guy de Chauliac et la bataille de Brignais, 1894 - books.google.fr).

 

Anse

 

Lorsque Seguin de Badefol évacua Brioude en vertu d'une convention conclue à Clermont le 21 mai 1364, il ne se retira pas immédiatement en Gascogne ; mais, dans les premiers jours du mois de novembre de cette année, il s'empara d'Anse, comme nous avons déjà eu lieu de le dire plus haut. Après huit mois d'occupation, dans le courant de juillet 1365, il s'engagea, envers le pape Urbain V, à rendre cette forteresse aux chanoines de Saint-Jean, comtes de Lyon, qui en étaient seigneurs, moyennant l'absolution et une somme de 40000 petits florins, ou 32000 francs, dont une moitié devait être payée à Anse dans les premiers jours d'août, et l'autre moitié à Rodez au terme de Noël suivant. Seguin s'engageait, en outre, à faire sortir ses compagnons du royaume, et consentait, en garantie de l'exécution de cette clause, à livrer messire Seguin son père et ses frères comme otages à Avignon. Le pape, de son côté, promettait de donner l'absolution aux compagnons de Seguin de Badefol, au cas où ceux-ci voudraient aller au voyage d'outre-mer «avec les autres qui y doivent aler en la compaignie de l'Archiprestre.» A cette occasion, les consuls de Lyon prêtèrent 4000 florins au chapitre de Saint-Jean, et fournirent en outre les otages, qui furent envoyés à Avignon jusqu'à l'entier acquittement des 20 000 florins restants. Le roi Charles V vint aussi au secours des comtes de Lyon; il leur fit don d'une somme de 12000 francs, pour le payement de laquelle on leva 3 gros par feu sur les habitants du Lyonnais et du Gévaudan (Jean Froissart, Chroniques, Tome 6 : 1360-1366, 1876 - books.google.fr).

 

Ce fut Bertrand Du Guesclin qui, à l'aide d'alléchantes promesses, parvint à conduire en Espagne la plus grande partie des compagnies, en 1365.

 

Annibal

 

Les tactiques militaires antiques n’étaient pas ignoré des chefs de guerre du Moyen Âge : Duguesclin imite Annibal, (E. de la Barre Duparcq, Des imitations militaires, 1866 - books.google.fr).

 

Ce combat de Chizé (21 mai 1373) semble renouvelé de la bataille de Cannes, Du Guesclin a deviné d'instinct la manœuvre écrasante d'Annibal, s'il ne l'a pas entendu raconter. A Cocherel il a remporté la victoire en attaquant l'ennemi en queue. La charge en flanc des cavaliers de St-Valery ou Tagliacozzo, les attaques en flanc des Highlanders de Bruce à Malton, de la grosse bataille à pied des routiers à Brignais, les charges de cavalerie des Anglais sur le flanc gauche français à Poitiers, le bon emploi de la réserve de Caverly à Auray, tout cela démontre qu'à cette époque l'art de la guerre était moins ignoré qu'on ne le croit généralement (J. de la Chauvelays, La tactique des guerres du Moyen-âge, Le Spectateur militaire: Recueil de science, d'art et d'histoire militaires, 1893 - books.google.fr).

 

Les remarques judicieuses de Denis Sauvage, éditeur de Froissart en 1559-60, ne paraissent pas avoir été du goût du Père Ménestrier. «C'est ainsi, dit-il, que Polybe pour écrire l'histoire d'Hannibal suivit exactement tous les lieux par où il avait passé pour en faire la description; mais Denis Sauvage n'a pas eu en toutes choses la même exactitude et on a eu raison de dire qu'il a plus gâté l'histoire de Froissart qu'il ne l'a illustrée par les changements qu'il y a faits.» Après quoi il ajoute ce second paragraphe qui mérite d'être cité d'un bout à l'autre : «Les Routiers se saisirent de la petite ville de Brignais à deux lieues de Lyon où ils firent leur retraite et leur place d'armes parce qu'elle est en lieux dont les avenues sont difficiles entre des vallons. Ce fut l'occasion de la ruine de nos aqueducs et du pont de Francheville que les Romains avaient construits, tant pour continuer les voies militaires qu'ils avaient faites pour la facilité du passage de leurs armées que pour servir à la conduite de leurs aqueducs. Ceux de Lyon, pour leur ôter la commodité de passer pour venir à eux, rompirent le pont de Francheville comme on le voit à présent et eux, pour se fortifier, ruinèrent les aqueducs de Brignais et en firent plus de deux mille charretées de pierres pour en accabler les soldats de l'armée de Jacques de Bourbon, car ces Tard-Venus assez mal armés s'étaient portés sur une hauteur d'où ils pouvaient facilement à coups de pierres se défendre.» De cette dernière citation il résulte clairement pour nous que le savant Jésuite n'avait probablement jamais visité les lieux (Humbert Mollière, Fragments d'histoire lyonnaise au XIVe siècle. Guy de Chauliac et la bataille de Brignais, 1894 - books.google.fr).

 

"change"

 

Avec toutes les rançons payées aux Routiers, il est question d'argent.

 

La grande époque de la lutte contre la contrebande des espèces et la circulation de mauvaise monnaie fut le règne de Charles V et le début de celui de Charles VI, jusqu'en 1385, de nombreux marchands et changeurs furent trouvés coupables de ces pratiques : à Lyon en 1355 (lettre de rémission pour François et Jean Chamoissin, changeurs à Lyon, pour leur trafic de fausse monnaie, contre composition de 100 deniers d'or (31 octobre 1355) ; parmi les changeurs qui livrèrent de l'argent à Jean Lambert en  février 1355 figuraient également des marchands lyonnais qui firent ces apports «à titre de composition»), à Chalon en 1357, à Mâcon en 1361. En mai 1365, Bertrand Gasch fut chargé de la répression des fraudes et sa lettre de commission nous en donne une description explicite (Annales, Numéros 1 à 3, 1974 - books.google.fr).

 

Le lendemain de la resitution du château d'Anse, Seguin de Badefol toucha la somme convenue sur laquelle il fit imputer 850 florins qu'il restait devoir à Jean Chamossin, changeur de Lyon, qui lui avait vendu au prix de 1000 florins, deux magnifiques rubis. [...] Jean Chamossin était un des consuls de la ville de Lyon alors en fonction avec Aynard de Villeneuve, Gilet de Cuysel, Jean Lyatard, Guillaume de Varey, Pierre de Saint-Trivier et Michel Chenevier (Georges Guigue, Les Tard-venus en Lyonnais, Forez & Beaujolais (1356-1369): récits de la guerre de Cent ans, 1886 - books.google.fr).

 

En 1365, le roi donna ordre de monnayer à Lyon : cet ordre ne reçut pas d'exécution (Adolphe Vuitry, Etudes sur le régime financier de la France avant la Révolution de 1789: nouvelle série 1285 - 1380, Tome 2, 1883 - books.google.fr).

 

En 1373, Déclaration de Charles V portant réduction des changeurs de la Ville de Lyon du nombre de six qui seront examinés par les généraux Maitres des Monnoyes et exerceront leurs fonctions sans donner caution (Donnée à Paris le 5 juillet 1376) (Georges Boudon, La bourse et ses hôtes, 1896 - books.google.fr).

 

Le 12 juillet 1373, l'archevêque de Lyon est invité très expressément à suspendre la fabrication de ses gros qui copient ceux du roi de France. Mêmes remontrances à l'abbé de Saint-Claude (14 janvier 1374) et au prince d'Orange (27 février 1374) (Etienne Fournial, Histoire monétaire de l'Occident médiéval, 1970 - books.google.fr).

 

Tremblement de terre

 

Cælus a écrit que pendant la seconde guerre punique, il y eut des tremblements de terre si violents dans toute l'Italie, que beaucoup de villes s'écroulèrent, que le sol s’affaissa (desidere) en plusieurs endroits, que les fleuves remontèrent vers leurs sources (tournez : coulèrent, fluere, en sens contraire), et que la mer se jeta (influere) dans les fleuves (F. de Parnajon, Exercises sur le cours complet de grammaire latine, 1879 - books.google.fr).

 

Pline raconte que les tremblements de terre furent très fréquents durant la seconde guerre punique. Il y en eut alors 57 à Rome, dont l'un très violent pendant la célèbre bataille du lac Trasimène, mais que, dans l'ardeur de la lutte, ne sentirent ni les Romains ni les Carthaginois (Stanislas Meunier, La terre qui tremble: 72 figures et photographies, 1909 - books.google.fr).

 

Dans les civilisations voisines de l'Egypte, les tremblements de terre font également partie de l'arsenal des manifestations divines. En Mésopotamie, ils sont interprétés comme un oracle, selon le mois où ils se produisent. Dans le monde gréco-romain, ils marquent la colère divine et parfois sont un signe d'épiphanie. Chez les Hébreux, les tremblements de terre sont quelquefois un moyen de châtiment ou l'expression de la colère divine (Claude Traunecker, Coptos, hommes et dieux sur le parvis de Geb, 1992 - books.google.fr).

 

Silius Italicus, auteur romain de l'époque flavienne, écrit au sujet d'une bataille opposant les Carthaginois d'Annibal aux Romains :

 

La Discorde entra avec furie dans les cieux, & réunit tous les Dieux au combat. Mars, Apollon, le Roi des mers, Vénus toute furieuse, Vesta, Hercule courroucé de la ruine de Sagonte, la vénérable Cybèle, les Dieux Indigètes, Faune, Romulus, père de la nation, Pollux qui venoit de revivre en place de son frère, se rangent du parti des Romains. Junon, Pallas, Hammon la tête ornée de cornes, une foule d'autres Divinités inférieures s'opposent à eux du côté des Carthaginois. La terre tremble sous les pas de ces Dieux qui viennent tous ensemble. Déjà les uns se rangent séparément dans les montagnes voisines, les autres se tiennent dans une nuée élevée, & le ciel se trouve vide par l'absence de ces Divinités descendues au combat (Seconde guerre Punique,: poëme de Silius Italicus, Tome II, traduit par Jean-Baptiste Lefebvre de Villebrune, 1781 - books.google.fr).

 

Of three Latin authors Lyons furnished the first French editions, namely Caesar (1508), Pliny the elder (1510), and Silius Italicus (1513 chez Barthélemy Trot) (Arthur Tilley, Dow of the French Renaissance, 1918 - books.google.fr).

 

Au Moyen Âge, le mot grec de colère divine et l'expression «terrae motus» (tremblement de terre) étaient synonymes (Engelhard Weigl, "Complètement saisi d'effroi" (Kant), Lisbonne 1755: un tremblement de terre et de ciel, 2006 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1773 sur la date pivot 1365 donne 957.

 

L'histoire du Sud-Est de la France, du XIe au XIVe siècle, et celle des rapports entre la France et l'Empire durant la même période, sont en partie l'histoire des conséquences de la création du «royaume d'Arles», et il a fallu trois siècles d'efforts aux rois Capétiens pour rentrer en possession de la longue bande de territoires que la volonté de Rodolfe III avait fait passer entre les mains des souverains germaniques, aux Etats desquels rien ne semblait la rattacher. Mais ce royaume d'Arles lui-même «ne constitue pas une unité, et les nombreuses populations qui y étaient disséminées n'étaient unies par aucun lien d'origine, par aucune tradition invétérée, par aucun intérêt économique. C'est que le royaume de Bourgogne, tel qu'il se présentait au début du XIe siècle, résultait non du lent travail de la nature et de l'histoire, mais d'une combinaison artificielle de la politique» (Paul Fournier, Le royaume d'Arles et de Vienne). Ses origines, en effet, sont doubles, et remontent à la fin du IXe siècle, au royaume de Provence, fondé ou plutôt reconstitué par Boson en 879, au royaume de Bourgogne, créé en 888 par Rodolfe II. J'ai tenté il y a quelques années de faire dans ses grandes lignes l'histoire du premier de ceux-ci. Le présent volume est consacré à celle du second, et à celle du royaume qui se forma, vers 933, de l'union sous un même sceptre de ces deux Etats originairement distincts, jusqu'au jour où les territoires qui s'étendent de la Saône et de l'Aar à la Méditerranée et du Rhône aux Alpes se trouvèrent soumis à l'autorité impériale, après la mort de Rodolfe III. J'ai cru devoir pousser mon étude jusqu'à l'année 1038, puisque, dans les années qui précèdent, la souveraineté du royaume de Bourgogne reste indécise entre le prétendant champenois, le comte Eudes II, et le prétendant allemand, l'empereur Conrad II. C'est seulement l'asseniblée de Soleure qui marque le triomphe définitif de ce dernier, et l'annexion, pour une période de plusieurs siècles, d'un quart de l'ancienne Gaule à l'Empire germanique (René Poupardin (1874-1927), Le Royaume de Bourgogne (888-1038), étude sur les origines du royaume d'Arles, 1907 - documents.cbma-project.eu).

 

Conrad III de Bourgogne ou de Provence ou Conrad Ier d'Arles, dit Conrad le Pacifique (né aux environs de 925 et mort le 19 octobre 993) fut roi d'Arles ou des Deux Bourgognes de 937 à sa mort. D'ascendance welf (guelfe), il était le fils de Rodolphe II de Bourgogne. Son fils, Rodolphe III de Bourgogne, lui succéda. Conrad devient roi de Provence sans pour autant avoir la force de s'y imposer. Sa suprématie sur Hugues d'Arles est toutefois reconnue. Conrad assure son influence sur les sièges épiscopaux, notamment ceux des archevêchés de Vienne, Lyon et d'Arles. Conrad installe sa capitale à Vienne, il est le roi d'un seul royaume de Bourgogne (Bourgogne transjurane, cisjurane et Provence). Vers la fin de son règne, il butera sur l'hostilité de Guillaume Ier de Provence devenu marquis de Provence en 979, qui a chassé les Sarrasins de Fraxinet, et du comte Otte-Guillaume de Bourgogne lesquels se détacheront progressivement de sa suzeraineté (fr.wikipedia.org - Conrad III de Bourgogne).

 

Un diplôme de Conrad le Pacifique du 1er janvier 957 confirme les possessions et l'immunité de Saint-Pierre de Vienne [...] Le comté de Saint-Paul-Trois-Châteaux, est appelé par une charte arlésienne de 957 (ALUANÈS, Gall. Christ, noviss., Arles, col.103, n° 252) «comitatus Tramsinensis», ce qui en langue vulgaire eût donné «le Tramsi» (LONGNON, dans l'Atlas histor. de SCHRADER, pl. 21). On trouve également la forme «in comitatu Trainense» (Gall. Christ, noviss., ibid., col.135, n° 302). (René Poupardin (1874-1927), Le Royaume de Bourgogne (888-1038), étude sur les origines du royaume d'Arles, 1907 - documents.cbma-project.eu).

 

"Empire"… français

 

«La présence à nos portes d'un prétendant à la domination du monde troublait la quiétude des rois» a-t-on pu écrire. Pour repousser ce spectre et proclamer la toute-puissance royale, des formules, des maximes favorables au développement de la monarchie absolue, furent créées : «Le roi ne tient de nelui fors de Dieu et de lui» ; «Tout ce qui plait au prince a force de loi» ; «Que veut le roi ce veult la loi» et surtout «Le Roi est empereur en son royaume». Ces formules ne calment pas tous les esprits et, dans la «candidature» à l'Empire, plusieurs rois de France furent cités : Philippe le Hardi, Philippe le Bel, Charles le Bel, François Ier, Henri II, Louis XIV, Louis XV. [...]

 

Dans le «Nouveau Mercure» du mois d'août 1720, on lit un article intitulé : «Que la dignité impériale a été attachée à la Couronne de France depuis Clovis. Que les Rois de la première, seconde et troisième Race ont pris le titre d'Empereur. Et qu'il leur a été donné par leurs sujets et par les Etrangers » par Monsieur des Camps abbé de Signy. L'auteur s'efforce de démontrer qu'historiquement la dignité royale n'est pas dissociée de la dignité impériale de Clovis à Philippe le Bel et conclut (p .67): «Enfin l'on a donné dans le dernier siècle à nos Rois le titre d'Empereur. On l'a gravé sur des Monumens qui doivent durer autant que le Monde ; & il n y a personne qui ne sçache qu'avant la Paix de Carlowitz, nos Rois sont les seuls Princes de l'Europe  qui ayent été reconnus et traitez d'Empereurs, comme ils le sont encore maintenant à la Porte du Grand Seigueur, par les Rois de la Chine, de Siam, de Perse et d'autres grands Rois qui sont les maîtres de l'Asie et de l'Afrique.» Est-ce un voe ? Un voeu persistant tout au moins. Trévoux, dans son Dictionnaire de 1771, fait une mise au point : «Le Roi de France est appelé présentement, surtout dans les pays étrangers, Empereur de France ou des Français, parce qu'il est souverain indépendant et est le  Prince de tout l'Occident qui a le plus d'autorité, le plus d'empire». [...]

 

Quelle était alors à l'époque (1790) la portée de l'idée d'Empire en France ? Tout d'abord, ce terme est connu. L'idée d'empire existe. Dans quel sens ? Il s'agit de s'attacher à l'aspect constitutionnel ou tout au moins géographique. Un relevé de ces différents termes serait fastidieux et ne donnerait pas une idée plus précise de notre problème. Mais, notons-le, contrairement à la remarque du pamphlet, le terme «royaume» est toujours utilisé. Nous rencontrons le mot empire dans un sens large «un grand empire», c'est-à-dire un grand pays. Necker parle aux Etats-Généraux des «finances du plus grand Empire», du «sceau perpétuel des Empires» ; de «crédit nécessaire à un grand Empire...», de la «prospérité des Empires», des «habitants d'un Empire», etc. Le sens du terme est vague. Il se précise quant Necker juxtapose Royaume et Empire : «on vient de toutes les parties du royaume s'occuper des finances du plus grand Empire de l'Europe». Le plus grand Empire de l'Europe, c'est la France (Pierre Leuregans, Louis XVI ”Empereur des Français”, Revue historique de droit français et étranger, 1966 - books.google.fr).

 

Les Jésuites

 

Les ennemis de l’Ordre des Jésuites obtiennent sa suppression au Portugal dès 1759, et en France, le Parlement l’ordonne en 1762 à l’occasion de la banqueroute d’une maison de commerce tenue par le jésuite La Valette. Louis XV rendit un édit conforme à l’arrêt du Parlement mais fit pression sur la papauté, pour qu’elle dissolve l’Ordre, en occupant Avignon et le Comtat en 1768 [1]. Le pape Clément XIV abolit la Société de Jésus par le bref « Dominus ac Redemptor » en 1773 (« pour Paris désolé » : pour que Paris soit déserté – par les Jésuites –, « désolé » du latin « désolatus », déserté, abandonné [2]).

 

Tremblement de terre en Tricastin

 

Je n'ai pas jusqu'à présent trouvé trace écrite, avant le XVIe siècle, de tremblements de terre localisés dans le Tricastin. Il paraît hors de doute que les phénomènes signalés aux Ve ou VIe, IXe et XIIIe siècles, dans le Dauphiné, le Vivarais et le Velay, furent ressentis, par extension, dans toute la vallée du Rhône, de Vienne à Montélimar et au delà. Les secousses importantes, enregistrées, ont eu lieu en : 1548-49, 1581, 1583-1584, 1604, 1646, 1755, 1774, 1790, 1809, 1812, 1835, 1873, 1897, 1907, 1910, 1914, 1923, 1927, 1930, 1934, à 1936.

 

Ces secousses ont entraîné dégâts et destructions. Citons les principaux :

 

- Murs lézardés, éboulements de rocher à Montélimar, Châteauneuf-du-Rhône, au château d'Allan, en 1548

- Maisons ébranlées (le temps calme et serein fut troublé par cette secousse immédiatement suivie d'un vent du Nord puis d'une tempête qui dura quatre heures à Aulan) en 1755

- Eboulement des remparts de Clansayes en 1772 

- Clocher abattu, village rendu inhabitable, altération des sources voisines, exhalations sulfureuses, à Clansayes, en 1773

- Eboulements de terrain, dans tout le Tricastin, en 1774

- Innombrables maisons et monuments lézardés à Châteauneuf-du-Rhône en 1873

- Effondrement de quarante maisons à Félines en 1907

- Effondrement d'un quart du bourg des Granges-Gontardes de 1934 à 1936.

 

Bien des hypothèses ont été émises sur les causes de ces tremblements de terre, depuis le XVIIIe siècle (où l'on attribuait alors les secousses de Clansayes à des «éboulements intestins» de la montagne), jusqu'à la thèse du Commandant Coste (bras du Rhône intermittent souterrain, suivant du reste une faille ou une ligne de dislocation). Il a fallu attendre ces toutes dernières années et les sondages pétroliers profonds, dans la plaine de Pierrelatte, pour envisager les explosions souterraines de gaz (Claude Boisse, Le Tricastin des origines à la chute de l'Empire romain, 1968 - books.google.fr).

 

A partir de juin 1772, la région du Tricastin (« Tricast »), subit une série de tremblements de terre qui ébranlent particulièrement le village de Clansayes. « Sur place, le géologue Faujas de Saint-Fonds ne manque pas d’évoquer dans son journal la trentaine de commotions accompagnées de trépidations qui s’enchaînent jusqu’en décembre 1773, avec des paroxysmes le 23 janvier et le 7 février [3] ». L’« Annibalique ire » est à rapporté aux « dieux d’Anibal infernaux » - quatrain II, 30 - qui montrent toute leur « puissance » à cette occasion.

 

"change" et Consolation à Lyon

 

L’année suivante, la mort de Louis XV met fin à la révolution royale qui avait démembré le ressort du Parlement de Paris en plusieurs conseils dont un à Lyon [4] (« Lyon par change… »).

 

L'Année Deux Mille Quatre Cens Quarante, ou Tout à sa place. Consolation aux Quarante, par M. de Semivol; brochure in-8° de 16 pages.

 

Cette Consolation aux Quarante ne regarde pas Messieurs de l'Académie Françoise ; ce titre est relatif aux quarante Agens de Change de Lyon qu'on parloit de supprimer : c'est du moins ce qu'on m'écrit de cette ville. Quoi qu'il en soit, cette Brochure eft une espèce de rêve critique & philosophique en vers Le Poëte déclame d'abord contre les vices du genre humain. Jupiter lui apparoît & lui promet de changer l'Univers suivant qu'il le desire. Aussi-tôt s'élève un nouveau monde à ses yeux; il voit des Rois qui pleurent les jours qu'ils ont négligés ou perdus; des Sages qui font mis à leur place sur le trône; des Rimailleurs dont on a fait des Forgerons ; des Orateurs métamorphosés en Charlatans, occupés à des tours de gibecière; des Moines en Laboureurs, des Lords en Négocians : mais je n'ai jamais pu deviner pourquoi les Romanciers deviennent des Herboristes. En général, Monsieur, ce petit ouvrage est, comme tant d'autres, facile & médiocre (L'Année littéraire (Paris. 1754): ou Suite des lettres sur quelques écrits de ce temps, Volume 52, 1772 - books.google.fr).

 

Le célèbre critique du XVIIIe siècle, Elie Catherine Fréron (1719 - 1776) fonda l'Année littéraire en 1754 (Mémoires, Volumes 15 à 16, Société d'archéologie de Beaune (Côte d'Or), 1891 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - L'Année littéraire).

 

Février 1771. - Édit du roi portant suppression des quarante agents de change et courtiers de Lyon et création de quarante nouvelles charges, sous la finance de 30.000 livres, et 162 livres 10 sols de gages.

 

En même temps Sa Majesté traitait avec le sieur Pierre Baroilhet pour la propriété de ces quarante offices. Lorsque, le 27 septembre suivant, le Conseil d'État prit et expédia à Lyon son arrêt, qui rendait exécutoire l'édit de février, le Consulat cette fois se révolta ouvertement...! Il se réunit le 23 octobre et prit une délibération par laquelle il autorisait les agents de change et courtiers, supprimés par l'édit, à continuer leurs fonctions. La lutte, ainsi engagée, devait se prolonger. Le 6 novembre, le Conseil d'État rendait un arrêt qui cassait et annulait la délibération du Consulat. […]

 

Un arrêt du Conseil d'État, du 6 février même année, frappait d'une amende de 1500 livres par tête vingt agents de change, au profit du traitant de Sa Majesté, le sieur Baroilhet. Évidemment, ces vingt agents, soutenus d'ailleurs par le Consulat, avaient la prétention légitime de continuer leur profession, au sujet de laquelle ils n'avaient pas démérité, et qu'une surélévation déraisonnable de la valeur de leurs offices avait le malheur de mettre sur le pavé. […]

 

La crise, arrivée à cet état d'acuité, ne pouvait durer. Les protestations du Consulat, et l'intervention de tout ce qu'il y avait d'influent à Lyon provoquèrent une détente. […]

 

D'abord, une déclaration du roi, du 29 mars 1772, vint ramener à 20.000 livres la finance de tous les offices, et autoriser la ville à prêter 130.000 livres à trente-deux agents-courtiers, pour les verser dans les coffres du roi, sans intérêts. […]

 

Enfin, pour sceller l'arrangement et faire la paix, un arrêt du Conseil d'État, du 13 août suivant, décharge les agents de change des condamnations prononcées contre eux, le 6 février dernier, et ordonne que les sommes par eux payées en exécution dudit arrêt soient remises au trésorier des revenus casuels, en déduction de la nouvelle finance portée en la déclaration du 29 mars. […]

 

Il n'y a pas que le privilège du Consulat de nommer aux offices du change qui était attaqué : le premier et le plus important des privilèges qu'il avait conquis sur la royauté, celui du Tribunal de la Conservation subissait aussi les assauts du pouvoir central; et il est même à remarquer que ces tentatives de centralisation de la part de la royauté se manifestaient en même temps contre l'une et contre l'autre institution, dans ces vingt dernières années. […]

 

La première tentative remonte à 1756 et prend naissance dans les conflits de juridiction que soulevait le présidial, conflits répétés et arrivés à cette date à l'état aigu, à telles enseignes que le présidial demandait, aux pouvoirs publics, de substituer «à l'application universelle et indistincte des privilèges de la Conservation» l'uniformité entre toutes les juridictions commerciales du royaume. […]

 

La tentative du présidial échoua; le gouvernement était absorbé ailleurs par une détestable politique extérieure. Vingt ans après (1774-1775), l'opération était reprise sous la forme de l'établissement, à Lyon, d'un conseil supérieur devant centraliser toutes les juridictions. La défense fut aussi énergique que la première fois (A. Genevet, Compagnie des agents de change de Lyon: histoire depuis les origines jusqu'à l'établissement du parquet en 1845, 1890 - books.google.fr).

 

Cf. le quatrain III, 46 - 1738-1739 où apparaissent Plancus (Lyon) et le mot "change".

 

Acrostiche : DFTL

 

DF : Defuntus ; TL : Testamento legavit (Abréviations tirées du «Dictionnaire des Abréviations latines et italiennes» de A.Capelli - www.arretetonchar.fr).

 

Alexis Piron, né à Dijon le 9 juillet 1689 et mort à Paris le 21 janvier 1773, est un poète, chansonnier, goguettier et dramaturge français (fr.wikipedia.org - Alexis Piron).

 

Dans son Testament littéraire (Lettre à l'Académie française), on peut lire :

 

...comme j'étais à table, on frappa à ma porte; mon domestique ouvrit et trouva un homme qui rangeait des bouteilles sur mon carré. Il m'appelle. Je cours. Je vois. J'interroge. Une voix crie du premier : Ce sont quarante bouteilles du meilleur vin d'Espagne qu'il y ait en France. [...] ...ce nombre de quarante n'est pas ordinaire ni sans mystère. J'achevais mon vin de Bourgogne dans cette consultation mentale, quand, enfin, je me crus éclairé d'un coup de lumière. Ah! j'y suis ! C'est elle ! c'est l'Académie ! C'est une galanterie visible des Quarante. [...]

 

Et en conséquence, permettez-moi, messieurs, que je boive une rasade de cette bouteille décoiffée à votre santé, au hasard de la mienne. La voilà versée. Patience; avant de la boire, je fais mon testament, et j'ai l'honneur de vous l'adresser. Le voici :

 

Je laisse mes couvres en proie à tous nos pauvres journalistes, depuis l'encyclopédiste Pierre Rousseau, jusqu'au petit ex-jésuite Catherine Fréron, sauf l'hypothèque des plagiaires, collecteurs, compilateurs, critiques et satiriques. Le grand Corneille ne leur a pas échappé, il y aurait de l'indécence et du ridicule à moi de ne pas me laisser fouiller et saisir par ces baragers. Je lègue aux jeunes insensés qui auraient la démangeaison de se signaler en écrits licencieux, je leur laisse, dis-je, mon exemple, ma punition et mon repentir sincère et public. Je laisse enfin mon coeur à l'immortelle Académie française, et la supplie de vouloir bien recevoir en gré ce petit diamant assez précieux par sa rareté, n'y ayant chez le Mogol même aucun joyau qui vaille un cæur vraiment reconnaissant. Voilà, Dieu merci, mes grandes affaires faites. Buvons à cette heure à tout événement. En cas de malheur, j'aurai du moins eu le plaisir de finir aussi délicieusement que ce drôle de milord qui, ayant le choix du genre de sa mort, aima mieux se noyer dans une tonne de Malvoisie que de se faire couper les veines comme fit Sénèque. J'aurai de plus eu le bonheur de finir en vous assurant qu'on ne saurait étre, avec un plus profond respect que je le suis, Messieurs, Votre très humble serviteur et admirateur, PIRON. (Alexis Piron, Oeuvres posthumes de Piron: prose et vers, 1888 - books.google.fr).

 

Après le traité avec les Grandes Compagnies, le retour prévisible à Rome n’enthousiasmait que modérément la Cour pontificale qui avait vite oublié Bertrand du Guesclin et ses Grandes Compagnies. À tel point qu’Urbain V décida de frapper un grand coup en menaçant d’excommunication Jean de Bussières, abbé de Cîteaux, s’il continuait à approvisionner la Cour pontificale d’Avignon en Clos Vougeot. Le bruit courait, en effet, que les cardinaux se refusaient d’aller à Rome où ils ne retrouveraient pas un tel cru (fr.wikipedia.org - Urbain V).

 

Mademoiselle Quinault, retirée du théâtre, donnait et présidait, vers 1742, un souper par semaine, sur les modiques pensions qui lui étaient accordées par le Roi et par la Comédie-Française. Ce fut là l'origine de cette aimable académie de gauloiserie, de cette Société du bouc du banc, comme on la nommait, où chacun payait comptant son tribut à la folie, aux mœurs légères, à l'esprit et souvent aux Muses; où l'on donnait carrière à sa verve, en lançant des mots osés, excessifs et applaudis; où tout était badinage, même dans les innocentes querelles qui se vidaient inter pocula. Les plus charmants écrivains de l'époque se donnaient rendez-vous chez la divine Quinault, cette Reine des Grâces; on y rencontrait tour à tour Duclos, le Grand-Prieur de Vendôme, l'Abbé de Voisenon, Fagan, Moncrif, Crébillon fils, Salley, La Chaussée, D'Arménonville, Marivaux, de Maurepas, Pont de Veyle, et même Voltaire, qui ne fit qu'y paraître et s'éclipsa devant Piron et Sainte-Foix qui ne lui étaient point sympathiques. Le Mécène de ce petit cercle, nous dirions presque le fondateur, était le Comte de Caylus, philosophe original, artiste sincère, qui joignait à son petit mérite littéraire une science profonde, un goût d'amateur éclairé, un caractère simple et noble, et surtout une libéralité de grand seigneur pour les talents indigents qu'il se plaisait à encourager par ses bienfaits délicatement déguisés (Facéties du comte de Caylus, 1879 - books.google.fr).

 



[1] Pierre Gaxotte, « Le siècle de Louis XV », Le livre de poche - Fayard, 1963, p. 482

[2] Félix Gaffiot, « Dictionnaire abrégé Latin-Français », Hachette, 1978

[3] « Les tremblements de terre en France », sous la direction de Jérôme Lambert, Editions du BRGM, 1997, p. 16

[4] Pierre Gaxotte, « Le siècle de Louis XV », Le livre de poche, p. 482

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