Les touristes britanniques envahissent la CĂ´te d'Azur

Les touristes britanniques envahissent la CĂ´te d'Azur

 

III, 82

 

1765

 

Freins, Antibor, villes autour de Nice,

Seront vastées fort par mer & par terre :

Les saturelles terre & mer vent propice,

Prins, morts, troussez, pillez, sans loy de guerre.

 

"Freins, Antibor"

 

Pour Fréjus et Antibes (Jacques Halbronn, Le texte prophétique en France, formation et fortune, Tome 3, 1999 - www.google.fr/books/edition).

 

Barberousse

 

Les habitants de la Provence devaient se souvenir, encore longtemps - et avec quelle horreur ! -, du sĂ©jour des Turcs dans leur pays (1543-1544). Chaque jour, il n'y avait que «rapts», pillages, tueries. L'alliĂ© indĂ©sirable permit Ă  François Ier d'occuper Nice, ville appartenant au duc de Savoie, après un siège par des galères françaises et turques. Cependant, la citĂ© ne se rendit qu'Ă  la condition que seuls les Français entrassent dans Nice. En effet, les habitants qui s'Ă©taient battus vaillamment connaissaient le sort tragique que Barberousse II avait rĂ©servĂ© aux villes cĂ´tières qu'il occupait. Après plusieurs mois de cohabitation, François Ier dut se rendre Ă  l'Ă©vidence : son alliĂ© ne respectait pas les lois de la guerre, sans parler des engagements du «duumvirat» Ă©tabli quelques annĂ©es auparavant. Le roi demanda Ă  Barberousse II de quitter la France. Le corsaire mit des conditions. Il fallait lui payer un «dĂ©dommagement» de 800000 Ă©cus d'or (1,6 million de livres tournois) et lui livrer 100000 quintaux de biscuits (Louis Schlosser, La vie de Nostradamus, 1985 - www.google.fr/books/edition).

 

Cf quatrain VII, 19 - Attentat de Nice - 2013.

 

Typologie

 

Le report de 1765 sur la date pivot 1544 donne 1323.

 

Si, comme je l'ai dit, les fortifications dites du roi Robert furent commencées entre 1320 et 1323, nous pouvons inférer d'un document inédit, découvert récemment par M. le Dr Barthélemy, qu'en 1324, elles n'étaient pas achevées encore. En ce moment, le roi Robert venait d'éprouver de grands revers en Italie et il s'était rendu en Provence pour y lever de nouveaux subsides et de nouvelles troupes. Pendant son séjour dans le comté, il apprit par des envoyés marseillais que les Spinola, maitres de Monaco, les Lascaris, comtes de Vintimille, et les Doria, marquis de Dolceaqua, avaient formé une ligue pour s'emparer de Nice et qu'ils allaient mettre en mer douze galères qui devaient ravager et réduire tous les ports et châteaux de la côte de Provence. Le danger était imminent et les éventualités redoutables; beaucoup de places, en effet, étaient incapables de résister à une agression, par la négligence qu'on avait mise à l'entretien des travaux de défense et à l'armement des habitants. Le roi se préoccupa de cet état de choses et, par lettres patentes du 8 février 1323 (1324), il chargea Robert de Milet, trésorier royal de Provence, de procéder à la visite de toutes les villes et châteaux de la côte, depuis l'embouchure du Rhône jusqu'à la Turbie (Histoire de Toulon, Bulletin, Volumes 52-53, Académie du Var, Toulon, 1884 - www.google.fr/books/edition).

 

Les Anglais

 

La CĂ´te d’Azur est une invention anglaise Ă  bien des Ă©gards. Elle est d’abord une invention au sens Ă©tymologique du terme : entre 1760 et 1860, Ă  l’instar des mondes extra europĂ©ens, le littoral de la Provence orientale et du pays niçois est objet de dĂ©couverte. Ici c’est le touriste Ă©tranger, celui du Grand Tour, qui pose son regard sur une nature vierge, celle d’une MĂ©diterranĂ©e perçue comme Ă©dĂ©nique. Vient ensuite l’appropriation par le regard de l’autre, par le biais des reprĂ©sentations littĂ©raires et iconographiques des rĂ©cits de voyages et des vedute. Enfin, arrive le temps du lancement pour employer l’expression consacrĂ©e, autrement dit, l’intĂ©gration des localitĂ©s dans le circuit des premières stations de la villĂ©giature internationale. Elle est avant tout une invention britannique les voyageurs venus d’outre-Manche ont en effet Ă©tĂ© les crĂ©ateurs, les propagateurs et les principaux protagonistes de la seconde partie du XVIIIe siècle au dĂ©but du XXe siècle de la vocation de la Riviera. Les dĂ©buts de la villĂ©giature anglaise de Cannes Ă  Menton entre 1760 et 1860 offrent un champ d’étude exceptionnel du processus de l’invention touristique par sa prĂ©cocitĂ© et sa durĂ©e mais aussi par la diversitĂ© de ses manifestations et de ses consĂ©quences. Le littoral compris entre le massif de l’Esterel et les premiers contreforts des Apennins se distingue et s’individualise dans l’esprit des premiers voyageurs comme la porte de l’Italie. La Riviera demeure jusqu’au milieu du XIXe siècle encore liĂ©e Ă  l’imaginaire du Grand Tour ou du voyage d’Italie. Pourtant, le temps de l’installation pour la villĂ©giature d’hiver connaĂ®t ses prĂ©misses Ă  Nice dès les annĂ©es 1760.

 

Les routes de la villégiature d’hiver sur les bords de la Méditerranée qui s’esquisse dans la seconde moitié du xviiie siècle, le séjour niçois parvient à s’imposer parmi les «must» de la villégiature d’hiver de la gentry. Le succès a deux causes principales, l’influence des récits de Tobias Smollett auprès du public anglais et la participation assidue de la famille royale d’Angleterre. Un personnage emblématique de ces premiers touristes britanniques est sans nul doute le médecin écossais Tobias Smollett. Il est médecin mais aussi malade. Il est écrivain mais aussi curieux d’antiquités, en somme tous les ingrédients de son séjour niçois vont captiver ses lecteurs qui furent nombreux. Son Voyage, qu’il publie dans les années 1765, va diffuser la connaissance du pays niçois et contribuer à le populariser outre-Manche. D’autre part, la composition princière de la première colonie des hivernants britannique compense l’absence de la Maison souveraine de Savoie dans le lancement de Nice comme health place internationale. Les difficultés de communication entre le comté et le Piémont expliquent aisément l’indifférence de la cour de Turin à l’égard des bains de mer, en dépit de son anglophilie (Alain Bottaro, La villégiature anglaise et l’invention de la Côte d’Azur, 2014 - journals.openedition.org).

 

Le rĂ´le des Anglais dans l'affirmation du destin de Nice n’est plus Ă  dĂ©montrer, car dès le dix-neuvième siècle, tout avait Ă©tĂ© entrepris pour les satisfaire, et pour que les grandes mises en Ĺ“uvre rĂ©pondent Ă  leurs attentes. En 1860, lorsque les Niçois avaient dĂ©cidĂ© de se rallier Ă  la France, les Anglais qui avaient boudĂ© la ville en menaçant de ne plus revenir avaient suscitĂ© l’inquiĂ©tude des autoritĂ©s. ThĂ©odore de Banville s'Ă©tonna de leur absence cette mĂŞme annĂ©e: «Je n'ai pas mieux vu cette innombrable foule d'Anglais, qui, me disait-on, s'abat chaque annĂ©e sur Nice comme une nuĂ©e de sauterelles. Quelques Anglaises seulement, jeunes et charmantes, arborent les robes d'Ă©tĂ©, comme si nous Ă©tions sĂ©rieusement sous les tropiques». En effet ce sont les Anglais qui consacrèrent Nice comme station hivernale, et lui donnèrent le surnom de Living Room of Europe. Outre-Manche, The Queen of the Riviera, comme elle Ă©tait appelĂ©e Ă©galement, jouissait d'une extrĂŞme popularitĂ©. Edouard VII y Ă©tait pour beaucoup : Paoli disait de lui qu'il «dĂ©veloppait la prospĂ©rité» des stations hivernales de la CĂ´te «en attirant lĂ -bas une vaste colonie britannique.» [...]

 

En 1841, Alexandre Dumas disait dĂ©jĂ  : «Pour les habitants de Nice, tout voyageur est Anglais» (Une annĂ©e Ă  Florence, 1841). Par Anglais, il faut entendre tous les Britanniques d’Outre Manche ou mĂŞme tout anglophone. Ces globe-trotters constituèrent avant mĂŞme 1880 la communautĂ© Ă©trangère Ă  Nice la plus importante et la plus influente. Ils conservent une place Ă  part parmi les nombreux Ă©trangers qui vinrent finir l'hiver sur la CĂ´te d'Azur (Isabelle Pintus, Tourisme aristocratique britannique Ă  Nice et sur la cĂ´te d'Azur Ă  la belle Ă©poque  - www.departement06.fr).

 

Smollett

 

Tobie Smollett, écrivain né en 1720 en Écosse. Comme critique, historien et romancier, il montra un esprit chagrin, satirique et licencieux. La relation de son voyage en France, en 1766, se ressent de la disposition d'esprit de l'auteur, qui ne lui laissait voir les objets que sous un jour défavorable. On y remarque une prophétie singulière, annonçant la révolution de France, vingt-trois ans avant l'événement. Ceci seul suffirait pour donner une idée de la sagacité de Smollett, à qui d'ailleurs on ne saurait contester, comme écrivain et comme historien, plusieurs qualités estimables telles que l'ordre, la clarté, la simplicité et l'exactitude dans l'exposé des faits. Walter Scott le met en parallèle, comme romancier, avec Fielding. Il mourut à Livourne, en 1791 (Mémoires du duc de Lauzun et du comte de Tilly avec avant-propos et notes par M. Fs. Barrière, 1862 - books.google.fr).

 

"Saturelles"

 

On trouve ce terme pour "sauterelles" au XVIIIe siècle (Encyclopédie, Ou Dictionnaire Raisonné Des Sciences, Tome 44, 1774 - www.google.fr/books/edition, Transactions philosophiques de la Société royale de Londres, année 1734, Traduites par M. de Brémond,  1742 - www.google.fr/books/edition).

 

Acrostiche : FSLP

 

Frances Sheridan and Richardson had a personal and literary relationship; she belonged to the group of women writers of Richardson's circle, along with Charlotte Lennox, Sarah Fielding or Laetitia Pilkington, among many others (Experiencing Gender, International Approaches, 2015 - www.google.fr/books/edition).

 

Travel is central to novels by Defoe, Fielding, Smollett, Sterne, and perhaps even Richardson (1689 - 1761) if one considers the transit of letters. The centrality of journeying in the unselfconscious and omnivorous eighteenth-century novel registers the corresponding prominence of travel within the culture. The Journey was conceived at a time when writing eagerly embraced the  extremes of domestic tourism and patriotic voyages of discovery, and following a century in which the criteria of acceptable travel narratives, aspiring to the status of scientific literature, had been loosely codified (John Glendening, Northern Exposures, English Literary Tours of Scotland, 1720-1820, 1992 - www.google.fr/books/edition).

 

The episode of the tragedy of Cahoes Falls in America induced by the british tourist Neville in the novel Euphemia (1790) clearly shows Lennox to be critical of the phenomena of tourism, of the aesthetic valuation of a site/sight for public consumption (Susan Kubica Howard, Euphemia de Charlotte Lennox, 2008 - www.google.fr/books/edition).

 

Frances Sheridan (Dublin, 1724 - Blois, 1766) accompanied her husband to France in September 1764, her two daughters and elder son being of the party. The family settled at Blois, where she wrote the second part of 'Sidney Bidulph' (London, 2 vols. 1767), and a comedy called 'A Journey to Bath' (Dictionary of National Biography: From the Earliest Times to 1900, 1897  - archive.org).

 

Laetitia Pilkington was born Laetitia Van Lewen in Dublin in 1709, the daughter of John Van Lewen who became president of the College of Physicians. She married a Church of Ireland priest Matthew Pilkington and through him was introduced to Jonathan Swift. Swift was a good friend to them and encouraged both of them in their writing of poetry. He also secured a position for Matthew as chaplain to the Lord Mayor of London. Laetitia arrived in London after her husband had settled and found him caught up in a affair with a Drury Lane actress. She quickly became mixed up in literary circles including the noted wit and libertine James Worsdale and the satirist Henry Carey. When her husband was arrested in a political scandal they returned to Ireland. The following year it was Laetitia who was caught up in a scandal. Matthew found her alone in her bedroom with Robert Adair; a surgeon and the Pilkington's divorce was acrimonious and costly, reducing Laetitia to poverty. She lost all standing in Dublin Society and fled to London in disgrace. Laetitia began to make her living by her pen; writing verse, drama and short pieces for the press. However she continually struggled to make ends meet. She often wrote under the name Mrs Meade (Meade was her mother's maiden name) and collaborated with a number of well known writers including Colley Cibber, Samuel Richardson and James Worsdale. In the 1740s Laetitia began to seek subscribers for a book of Memoirs. However no publisher in London would agree to publish her work, despite huge interest, because so many of the literary lights were afraid of her caustic wit and having all their flaws publicly exposed. Undeterred, Laetitia returned to Dublin, where she found a publisher. The first two volumes of her autobiography appeared in 1748 and they were an instant hit. However while they increased the author's fame, they did not lead to fortune. Laetitia died in 1750 and was buried in Dublin (Dictionary of National Biography: From the Earliest Times to 1900, 1897 - lisareadsbooks.blogspot.com).

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