Cruzy-le-Châtel III, 66 1753 Le grand baillif
d'Orleans mis Ă mort Sera par un de sang vindicatif : De mort merite ne
mourra, ne par sort : Des pieds & mains mal le faisoit captif. Hugues de Crusy De Crusy-le-Chatel en
Tonnerrois (Yonne, chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Auxerre). Hugues
de Crusy, fils et petit-fils d'officiers du comte de
Tonnerre, est cité le 8 octobre 1317 comme tabellion et, dès 1319, comme bailli
de Tonnerre. En 1325, on le trouve bailli d'Auxerre au nom de Jean de Chalon,
comte d'Auxerre et de Tonnerre ; l'année suivante, son frère Guillaume de Crusy le remplace, car il était devenu, - avant le 18
novembre 1325, - garde de la prévôté de Paris (cf. Arch, nat., JJ65b, n° 233).
Charles le Bel lui confie des missions; il est chevalier et conseiller du roi
(Arch, nat., JJ 66, n01 952, 1344, 1345), président
au Parlement le 19 octobre 1330; le roi lui donne une maison Ă Paris, rue
Pavée, près de l'hôtel de Robert d'Artois et de l'hôtel de l'évêque d'Autun; le
domaine de Boisson, près Auxerre, des maisons dans cette ville, des biens à Charmoy-Chèvres et Varzy en Nivernais, et encore une maison
Ă Paris, rue de la Calandre, et un domaine Ă Vanlay
en Tonnerrois. Hugues achète des terres et des maisons à Jassains,
Maisières, Chassy, Auxerre
et aux environs de cette ville (Arch, nat., JJ 70, fol. 67 v°). L'abbaye de Saint-Germain-des-Prés
lui avait donné à Issy une belle habitation qu'il meubla somptueusement pour y
résider l'été. En mars 1335 (n. st.), il obtint du roi que son frère, Dreu de Crusy, et son neveu, Jean
de Moustier, dit de Bar, fussent faits chevaliers. Voy.
E. Petit, les Bourguignons de l'Yonne Ă la cour de Philippe de Valois. Auxerre,
1899, in-8°, p. 12 à 16, 50, n° 52. Borrelli de Serres, Recherches sur divers
services publics du XIIIe au XVIIe siècle, t. II, p. 277; t. III, p. 264-265.
Paris, 1895 et suiv., in-8°. - L. Delisle, Chronologie des baillis et sénéchaux
royaux, au t. XXIV du Recueil des historiens de France, p. 35, 48). - Les
faveurs royales et les richesses ne l'empêchèrent pas de se livrer à de
honteuses concussions qui le firent condamner à être pendu. Après l'exécution
(21 juillet 1336), ses biens furent confisqués et ceux d'Issy rendus à l'abbaye
de Saint-Germain-des-Prés ; sa maison de la rue Pavée fut remise au duc de
Lorraine ; quant Ă ses biens, situĂ©s près d'Auxerre, ils furent donnĂ©s Ă
Miles de Bierry, maître d'hôtel de la reine (novembre
1336), à Gilles de Maligny (décembre 1336) et à Hugues
de Bierry (janvier 1337), échanson du roi (voy. Viard, Documents cités, t. I, n° clxxii et la note).
Un accord du 7 mai 1338 (Arch, nat., Xlc 4 a, Ă la date) apprend
qu'il avait laissé quatre enfants : Jean, alors chanoine de Bourges, Jean,
chanoine de Meaux, Nicolas, chanoine de Châlons, et
Jeanne. Les meubles qu'Hugues avait fait amener d'Issy à l'hôtel de Nesles, où il fut détenu prisonnier pendant son procès,
furent attribués à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés (Arch, nat., Xla 11, fol. 31 v°, 20 mars 1344, n. st.) Item, la veille de
la Magdalene ensuivant qui fu
au dimenche, Hugues de Crusi,
chevalier né de Bourgoigne, lequel avoit esté n’avoit
gueres prevost de Paris et
après seigneur de parlement, fu accusé de divers
crimes et convaincu tant comme très faux juges, lequel fu
jugié à estre pendu au
gibet de Paris Hugues de Crusy qui, en 1319,
était bailli d’Auxerre et de Tonnerre, en novembre 1324 bailli d’Orléans,
devint prévôt de Paris en 1325, puis président au Parlement. Accusé de s’être
laissé corrompre dans l’exercice de la justice, il fut pendu le 21 juillet 1336
(Chronique parisienne anonyme, § 275 ; Journaux du trésor de Charles IV le
Bel, no 6087 et note 3 ; J. Viard, Documents parisiens du règne de Philippe VI
de Valois, t. I, p. 264, note 3, et Ernest Petit, Les Bourguignons de l’Yonne Ă
la cour de Philippe de Valois, p. 12 à 16. Extrait du Bulletin de la Société
des sciences historiques et naturelles de l’Yonne, 2e semestre, 1898) Les Grandes Chroniques de France sont une version en
langue française des Chroniques de Saint-Denis, une série de chroniques latines
écrites entre les XIIIe et XVe siècles. Elles retracent l’histoire des rois de
France depuis leur origine jusqu’en 1461. Elles font remonter l’origine des
rois de France aux Troyens de l'Antiquité Entre l'Ascension et la Toussaint (1324), Jean Burjart disparaît. Hugues de Crusy
devient bailli d'Orléans en lui succédant C'est à l'époque du comte Jean de Chalon que se place la
curieuse, mais véridique histoire du sire Hugues de Cruzy,
simple tabellion du Tonnerrois qui parvint par son entregent, Ă s'Ă©lever aux
plus hauts grades de la magistrature. C'Ă©tait en 1317
: Hugues, issu d'une bien modeste famille de la ville, avait dĂ» Ă certaines protections
- qui ne le quittèrent guère au cours de son existence - d'obtenir un poste de
tabellion du comte : en somme il était une sorte de secrétaire subalterne de
celui-ci, mais il pouvait approcher du seigneur, se faire connaître et
apprécier. Comme l'intrigue ne lui déplaisait pas, il sut capter la faveur du
comte et en 1321, celui-ci le nommait bailli pour la ville de Tonnerre. Quatre
années plus tard, Hugues était nommé au même poste à Auxerre. Malgré la
difficulté des communications au XIVe siècle, Auxerre ne devait être tellement
inaccessible de la capitale, car nombreux furent ses originaires qui firent et
refirent le voyage entre les deux villes. Hugues fut du nombre et se créa ainsi
d'utiles relations à Paris jusque dans l'entourage royal. «Recommandé» sans
doute par le comte, il arriva Ă Paris en 1326 comme garde-scel
de la prévôté, situation enviée. Il se trouvait «lancé» pour employer une
expression moderne mais qui s'applique Ă tous les temps. Lorsque la place de
prévôt de Paris se trouva vacante, Hugues y fut promu tout naturellement. Un si
rapide avancement lui avait bien valu quelques jalousies, mais il les méprisait
se sentant soutenu par la faveur royale. Aussi reçut-il de façon toute
naturelle et comme une récompense due à ses talents, la toge respectée de
premier président au parlement de Paris : c'était en 1330. Ainsi, en
l'espace de treize années, Hugues avait parcouru tous les échelons de la
hiérarchie juridique, en brûlant même quelque peu les étapes. Il était devenu
l'un des premiers personnages de France, mais il lui manquait encore la
noblesse sans laquelle nul ne pouvait se flatter de tenir rang honorable dans
la société. Les autres dignitaires de haute naissance lui reprochaient
d'ailleurs son origine roturière et Hugues en souffrait dans son orgueil de
parvenu. La richesse ne lui manquait cependant pas : sa somptueuse
résidence d'Issy, alors charmant petit pays des environs de Paris, pleine de
riche mobilier, était abondamment desservie en domesticité et ses réceptions
Ă©taient brillantes. Peut-ĂŞtre cette abondance de luxe mĂŞme lui fut-elle fatale,
toujours est-il que les seigneurs envieux décidèrent sa perte. La mesure parut
comble lorsqu'en 1334, grâce à la protection spéciale du roi, Hugues fut
autorisé à faire suivre son nom de l'appellation : de Cruzy.
Une cabale se forma à la cour et quelques mois après cet anoblissement, le
revirement de l'opinion était complet. Aussitôt les événements se précipitèrent
pour Hugues qui se vit accusé non sans raison de concussion, faux jugements,
actes de corruption et de favoritisme. Le procès fut encore plus rapide que sa
fortune et en 1336, le 27 juillet, Hugues fut pendu haut et court Ă Montfaucon,
après avoir été dépouillé de tous ses titres et prérogatives. Rarement la Roche
tarpéienne n'avait été aussi près du Capitole... Le partage de ses biens fut
aussi très rapidement opéré : chaque seigneur influent voulut recevoir sa
part de butin et Jeanne de Chalon reçut elle-même, ou plutôt se fit octroyer
une maison sise à Paris, rue de la Calandre, dont elle fit sa résidence
coutumière, son domicile estival à Bagnolet étant loué 26 livres par an à des
tiers depuis le 9 avril 1320. Elle n'eut d'ailleurs pas grand scrupule Ă
recevoir cette maison dont Hugues de Cruzy Ă©tait
devenu lui-même «propriétaire» à la suite d'une donation d'un sieur Henri de
Tonnerre. Or si nous en croyons les procédés ordinaires, cette
faite par un compatriote ne fut sans doute pas exécutée de gaieté de cœur, car
Hugues savait «provoquer» les dons pour échafauder petit à petit sa fortune. Si
nous avons insisté un peu longuement sur l'histoire anecdotique d'Hugues de Cruzy, c'est d'abord afin de montrer qu'au XIVe siècle
déjà , les récompenses n'allaient pas toujours au mérite, mais aussi pour faire
ressortir avec quelle facilité un simple «manant» pouvait par son astuce et son
entregent, arriver à se faufiler au faîte des honneurs Le troisième vers Chavigny (JF p. 76-77) a
reconnu avec raison au troisième vers un emprunt à l'Énéide de Virgile (IV,
696) : nam quia nec fato merita nec morte peribat Nam quia nec fato, merita nec morte peribat, sed misera ante diem, subitoque
accensa furore, nondum illi flauum Proserpina
uertice crinem abstulerat, Stygioque caput damnauerat Orco. En effet, la mort de Didon n'Ă©tait pas due au destin ni
méritée ; la malheureuse partait avant le terme, sous l'effet d'une folie
soudaine ; pour cette raison Proserpine n'avait pas encore arraché le cheveu de
sa blonde chevelure, et n'avait pas voué sa tête à l'Orcus
stygien Le personnage d'Alarcon dans la Verdad sospechosa, Tristan, n'intervient
impromptu dans les actions de son maître que sur des points très précis comme
lorsqu'il veut empĂŞcher Garcia de vider sa bourse pour Jacinta
ou lorsqu'il trouve que son empressement, trop visible, peut faire Ă©chouer son
entreprise amoureuse. Garcia reconnaît d'ailleurs la justesse de beaucoup de
ses modestes remarques et notamment qu'il n'est plus maître de lui-même. Ce
gracioso cultivé, qui connaît l'histoire de Lucrèce et Tarquin, qui a lu Martial
et Virgile, se sert paradoxalement de son habileté dans le maniement des
métaphores pour brosser un tableau peu encourageant de la vertu des dames,
qu'il juge bien faciles à corrompre par des présents : il donne par là un bien
curieux prélude aux aventures qui vont suivre. Convaincu que toute femme est
vénale, tantôt il invite Garcia à la méfiance, tantôt il l'incite à profiter de
cette faiblesse pour parvenir Ă ses fins. Mais au moment mĂŞme oĂą il s'efforce de persuader Garcia que
l'inconnue des Platerias ne cédera qu'aux avantages
de l'argent, citant plaisamment la Didon de Virgile comme exemple de corruption
féminine par les cadeaux, il a sur le bout de la langue un message
favorable Ă transmettre Ă son maĂ®tre de la part de Lucrecia Dans l'EnĂ©ide, ÉnĂ©e est un exilĂ©, Carthage commence Ă
peine à s'élever, Évandre est pauvre... Des cadeaux s'échangent pourtant mais ils
ne sont pas adressés au peuple : de ce fait Virgile peut satisfaire
stoïciens et boni ! Sa libéralité n'est pas démagogique, elle se pratique entre
Ă©gaux qui ne disposent pas d'immenses richesses mais donnent ce qui leur reste
de souvenir et d'éclat. Telles sont les parures que s'offrent Didon et Énée.
Et la libéralité doit également se manifester à l'égard des morts, faisant
alors la preuve de son désintéressement : Énée renonce à tout profit pour
laisser ses armes Ă Lausus, Turnus
en revanche paiera de sa vie le fait d'avoir dépouillé Pallas, quand ce butin
pourtant lui revenait. Car les présents ont une fonction symbolique dans
l'épopée. On le sait lorsqu'il s'agit du bouclier prophétique qu'Enée reçoit de
Vénus. Cela est vrai aussi des cadeaux qu'Énée offre à Didon : une robe
raidie d'or et un voile Ă bordure d'acanthe couleur de safran que LĂ©da avait
autrefois remis à Hélène, puis un sceptre, un collier de perles et une couronne
double ornée de gemmes d'or qui appartenaient à Ilioné,
fille aînée de Priam. A travers ces objets, Didon revêt alors le destin de
Léda, Hélène et Ilioné : passion, guerre et
mort. Quant à l'épée constellée de jaspe et au manteau de pourpre tyrienne que Didon offre à son tour à Énée, ils sont signes
du désir qu'a la reine de rattacher Énée à son propre passé Virgile utilise ainsi le don comme «image»
du destin, non comme moyen de corruption ou comme Ă©talage de magnificence !
Dans sa conception de la libéralité, Virgile procède donc de la même façon que
pour la uera gloria : il
insiste sur la découverte de la vérité et de l'être. Cela rappelle à nouveau
l'Ancienne Académie et la convergence que Virgile essaie de maintenir, une fois
encore, avec cette doctrine Montfaucon On distinguait autrefois sous le nom de Montfaucon une
butte située près de l'extrémité du faubourg St-Martin entre les rues des Morts
et de la butte St-Chaumont, sur le sommet de laquelle était bâti le gibet de
Montfaucon, masse de 5 à 6 m. de haut, composée de dix ou douze assises de gros
quartiers de pierres brutes bien liées, bien cimentées et refendues dans leurs
joints, formant une plate-forme carrée longue de 14 m. sur 8 ou 10 m. de large.
On montait à cette plate-forme par une large rampe de pierre, dont l'entrée
était fermée par une porte solide. Sur les trois côtés de cette plate-forme
s'élevaient seize piliers carrés en pierres de taille unis entre eux à moitié
de leur hauteur et Ă leur sommet par de doubles poutres de bois, qui s'enclavaient
dans leurs chaperons et supportaient des chaines de fer de 1 m. 50 c. de long,
destinées à suspendre les condamnés. De longues échelles, perpétuellement
dressées le long de ces piliers, servaient à monter les patients au gibet ;
au centre de la masse qui supportait les piliers Ă©tait une cave destinĂ©e Ă
servir de charnier pour les cadavres des suppliciés, qui devaient y rester
jusqu'à perte entière du squelette, et, pendant les temps de trouble, comme par
exemple sous le règne de Charles IX, on y voyait s'y balancer ordinairement
cinquante Ă soixante cadavres. Un peu en avant du gibet Ă©tait une croix, au
pied de laquelle les condamnés étaient confessés pour la dernière fois par les
cordeliers, qui les accompagnaient. Non loin du gibet de Montfaucon se trouvait
un gibet plus petit qui portait le nom de Montiguy ;
un autre gibet était aussi élevé à peu de distance au-delà de l'église
St-Laurent. En 1761 tout ce qui existait encore de l'ancien gibet de
Montfaucon, ainsi que l'ancienne voirie, qui s'y était établie, fut transporté
derrière la Villette. Le gibet ne servait plus alors à l'exposition des
coupables, mais, comme il Ă©tait toujours le signe de la haute justice royale,
on éleva encore les piliers en pierres réunis par des pièces de bois et disposés
en carré dans un enclos d'un demi-arpent, faisant l'angle nord de
l'embranchement de la route qui va de la barrière du combat à la voirie
actuelle. Une partie de cet emplacement était affecté à la sépulture des
suppliciés, que le bourreau et ses aides amenaient au milieu de la nuit à la
lueur des flambeaux. L'enclos des fourches patibulaires fut démoli en 1790. De toutes les exécutions dont fut le théâtre le gibet de
Montfaucon celle de Pierre de Brosse, médecin et favori de Philippe le Hardi,
pendu avec grand appareil au gibet de Montfaucon, que ce ministre avait fait
construire, le 30 juin 1278, est la première sur laquelle ait été appelée
l'attention de l'histoire. Nous citerons parmi les autres exécutions célèbres
celle d'Enguerrand de Marigny, condamné à une mort infamante sans avoir été
entendu, et pendu Ă l'endroit le plus haut et le plus apparent du gibet;
l'exécution du prévôt de Paris Henri Tapperel, qui,
chargé de la garde d'un meurtrier condamné à mort, le mit en liberté et lui
substitua un homme innocent qui fut exĂ©cutĂ© Ă la place du vrai coupable ; Tapperel fut condamnĂ© Ă ĂŞtre pendu et subit sa peine Ă
Montfaucon en 1320 ; l'exécution de Gérard de la Guette, surintendant des
finances sous le règne de Philippe le Long, mort au milieu de violentes
tortures et exposé à Montfaucon en 1322 ; l'exécution de Jourdain, seigneur
de l'Isle, coupable d'un grand nombre de crimes, condamné à être traîné à la
queue d'un cheval et pendu au gibet de Paris : il subit son arrĂŞt le 22 mai
1323. Sous Philippe VI de Valois :
l'exécution de Pierre Remy, surintendant des finances, pendu le 25 mai 1328 ;
l'exécution de Massé des Maches, trésorier du roi,
pendu en 1331 ; René de Siran, maitre des
monnaies, pendu à Montfaucon pour avoir abusé de la confiance du souverain en
1333 ; l'exécution de Hugues de Crusy, président au parlement, convaincu de s'être laissé
corrompre par des présents, pendu le 21 juillet 1336 ; l'exécution
d'Adam de Hourdain, conseiller au parlement,
convaincu de falsification de dépositions de témoins, pendu le 3 juillet 1348 "sang vindicatif" Philippe VI de valois mourut le
"vingt-deuxiesme
jour d'Aoust" 1350 "dans la cinquante-septiesme année de
son aage & dans la vingttroisiéme
de son regne. On inhuma son corps Ă saint Denis,
& son cœur dans l'Eglise des Chartreux de Bourgfontaine
en Valois. Il fut brave de sa personne, plus heureux dans les negociations que dans les combats, tresdur
à l'endroit de son peuple, soupçonneux, vindicatif,
& qui se laissoit trop emporter à l'impetuosité de sa colere." "pieds et mains" Le patient que la justice du roi avait condamné à être
pendu Ă Montfaucon Ă©tait conduit du Châtelet au gibet (3 km. 500) nu-tĂŞte et les mains liĂ©es, soit Ă pied, attachĂ© Ă
la queue d'un cheval, soit Ă cheval ou Ă mule, soit dans une charrette, soit
traîné à terre sur une claie, la face tournée vers le sol. Le cortège
comprenait, en plus du condamné, le lieutenant-criminel, le procureur du roi,
des sergents et des archers et, à partir du 11 février 1396, le confesseur, un
cordelier en général, qui jusque-là , avait été refusé aux condamnés à mort Typologie Voici dans le même ordre d'idées, un emploi de
l'expression "loup vert" dans l'Yonne, près de Tonnerre, au XVIIIe s.,
d'après la notice de Lambert, Melisey et Chamelard,
Annuaire de l'Yonne, 1857, p. 151. Un certain Nicolas C, voleur et incendiaire,
était la terreur du village de Mélisey (canton de Cruzy le Châtel) entre 1727 et 1754. Selon Lambert, qui
cite probablement les pièces d'un procès, les habitants désignaient
habituellement ce triste individu "sous les noms de dos de loup,
d'excommunié, de loup vert". Il semble donc qu'ici "loup vert"
était synonyme de "loup garou" La maréchaussée de Tonnerre avait commencé l'instruction du procès qu'elle s'apprêtait à suivre, quand par décision du présidial d'Auxerre, elle fut déclarée incompétente et toute l'affaire renvoyée devant la justice seigneuriale. En conséquence, Jean-Glaude David, juge de la baronnie de Thorey et Nicolas Gaillardet, procureur fiscal procédèrent à l'audition de 187 témoins venus à révélation, tant de la paroisse de Melisey que des lieux circonvoisins. Par un arrêt du 14 janvier 1755, le parlement avait autorisé les officiers de justice de se transporter dans les prisons de Tonnerre, ainsi que hors de la justice de Melisey pour y faire et parfaire le procès audit Nicolas C... Un deuxième arrêt du 22 janvier permit encore au juge de connaître du crime d'incendie conmiis eu 1742, sur la maison d'Edme Jacques, procureur fiscal et ordonna que les deux procès seraient joints «pour être jugés conjointement et par une seule et même sentence.» L'instruction demandait beaucoup de temps ; 90 personnes furent confrontées avec l'accusé dans les prisons de Tonnerre. Les charges étaient accablantes : plusieurs témoins déclaraient avoir assisté, de visu, à l'assassinat du garde, d'autres que l'accusé lui-même leur avait fait en termes cyniques l'aveu de son crime. Enfin le procureur fiscal présenta ses conclusions, et le 18 juillet, le juge de Melisey se transporta à Tonnerre où assisté de MM. Barrault, bailli de la ville et Carteron-Magny, avocat, il rendit un jugement qui condanmait «Nicolas C... à avoir les bras, jambes, cuisses et reins rompus vifs par l'exécuteur de la haute justice sur un échalaud qui à cet effet sera dressé en la place publique de Melisey et après avoir senti tous les coups vifs, vif brûlé à un bûcher qui sera dressé en ladite place publique, ses cendres jettées au vent ; déclarant en outre tous ses biens situés en pays de confiscation acquis et confisqués au profit de qui il appartiendra. Joseph C... a être pris et mené aux galères du roy pour y servir comme forçat l'espace de six ans préalablement marqué des trois lettres G. A. L. avec un fer chaud sur l'épaule. Et François C... à trois ans de bannissement hors le lieu et paroisse de Melisey et baronnie de Thorey et 60 livres d'amende.» Aussitôt que ce jugement fut rendu, M. Joly de Fleury, procureur-général, donna l'ordre d'arrêter les enfants de Nicolas C .., qui n'étaient encore décrétés que d'ajournement personnel. Appel fut interjeté par les condamnés que la maréchaussée conduisit à Paris, dans les prisons de la Conciergerie ; mais par arrêt du 18 octobre 1755, la chambre criminelle de la Tournelle confirma la sentence du juge de Melisey. Le jour fixé pour la terrible exécution arriva enfin et l'heure en fut annoncée à son de trompe dans toutes les paroisses de la baronnie. Une foule considérable d'hommes, de femmes, d'enfamts accourait des villages voisins excitée par la curiosité. Dès le matin (31 décembre 1755), Claude David, juge de Thorey, assisté de Jacques Guyard, greffier et du procureur fiscal Nicolas Gaillardet, s'était transporté aux prisons de Tonnerre, afin d'en extraire les condamnés. Nicolas C... fut placé dans une première charrette sous l'escorte des cavaliers de la maréchaussée et assisté de M. Richard, curé de Molosmes. François C... et Joseph C... suivaient dans une deuxième charrette. Alors le funèbre cortège s'ébranla lentement et prit la direction de Melisey. Amené au lieu du supplice qui avait été choisi en dehors du village, dans la crainte d'incendie, le père entendit la lecture de son jugement, puis fut requis par le greffier de déclarer s'il avait des complices. Sur sa réponse négative, le prévôt et le brigadier de la maréchaussée le remirent aux mains du sieur Brochard, exécuteur de la haute justice et de ses deux valets. Le condamné fut aussitôt attaché à une croix de Saint-André; puis le bourreau s'arraant d'une lourde masse de fer.... Mais arrêtons là notre récit et détournons les regards de cet affreux bûcher qu'une flamme ardente et livide s'apprête à dévorer. Loin de nous ces funèbres apprêts, cet horrible supplice étalé devant la foule, ce spectacle hideux où le tourménteur vient poser en grand costume ayant pour piédestal un êchafaud ! (Lambert, Melisey et Chamelard, Annuaire historique du departement de l'Yonne, 1857 - archive.org). Les parents d'Éon ont donc suivi la coutume du temps :
donner à leur enfant les prénoms du parrain et de la marraine : Charles Regnard
et Geneviève D'Eon-Mouton. Rien que de très classique, car suit le prénom du
père, celui du grand père et pour faire bonne mesure, Thimothée,
prénom du père de Charles Regnard, autrefois bailli de Cruzy
lui aussi. Cette coutume est active dans toutes les sphères de la société ;
parmi les ducs, Brissac (1775-1848) se prénomme Angustin,
Marie, Paul, PĂ©tronille; Montmorency-Luxembourg (1737-1803) Anne-Charles;
Saint-Aignan duc de Beauvilliers (1766-1794)
Paul-Marie-Victoire; le duc de Châtillon (1690-1754) Alexis-Madeleine-Rosalie Malgré la douceur de ses traits, déjà percent en lui
l'agilité et l'assurance de sa personnalité. Il est sorti sur le chemin : il attend
la visite de son parrain, monsieur Regnard, qui vient de la ville dont il est
le bailli, Cruzy-le-Châtel, et accomplit sur sa
monture une chevauchée de plus de vingt kilomètres. Le regard parle mieux que
la bouche pour ce qui est d'interroger : «Parrain, que m'apportes-tu ? un lapin de garenne ? un faisan
doré ? des perdrix ?» Mais, tout à coup, l'enfant se
détourne de la monture arrêtée. Il n'ira pas fouiller dans le sac fixé derrière
le troussequin de la selle. À l'étonnement du parrain qui, d'habitude, gronde
le petit espiègle qui veut tout voir avant même de souhaiter la moindre
bienvenue Ă cet affectueux visiteur, le voilĂ qui court dans la ruelle. Que se
passe-t-il donc ? Des cinq chevaux sortis de l'écurie de monsieur d'Éon que
suivent Colin le palefrenier et Lubin le cocher, le premier hennit, naseaux
frémissants, agitant la tête, sa queue et sa crinière battant l'air. Charles
s'élance vers lui. Le cheval et l'enfant sont deux amis inséparables. Ce hardi
Papillon (un demi-sang aussi nerveux que son jeune maître) se laisse
enfourcher. Il répond aux cris de joie du mince cavalier, découvre une denture
étincelante et fait feu des quatre fers en fonçant dans un galop joyeux sur la
route, au lieu de rentrer dans la cour comme ses compagnons. Charles et
Papillon s'enivrent d'air et de lumière, et la course est si rapide que tout le
monde crie, se désespère. D'abord l'oncle de Tissey,
venu jusque-là par extraordinaire, la mère Benoît, la nourrice, que l'on a
invitée à la table des maîtres pour ce jour mémorable, l'abbé Marcenay, le précepteur que sa noire soutane n'empêche pas
de jurer par des «Sacrebleu» retentissants, et la marraine et son mari, le
sieur Mouton, qui, justement, débarquent de leur carrosse pour participer à la fête Charles-Geneviève d’Éon, né le 5, est baptisé le 7
octobre 1728 en l'Ă©glise Notre-Dame de Tonnerre, petite ville bourguignonne
dont son père est maire. Il y commence ses études, puis, en 1743, il s’installe
à Paris, chez son oncle, pour les poursuivre au prestigieux collège Mazarin.
Très bon élève, il obtient un diplôme en droit civil et en droit canon, en 1749 ;
il a alors vingt et un ans. Tradition familiale oblige, il devient avocat au
parlement de Paris le 22 août 1748. Il montre également des talents en
Ă©quitation et encore plus en escrime. Il
publie, en 1753, Considérations
historiques et politiques. L'ouvrage est remarqué. Par ailleurs, le jeune
homme est brillant en société, il n’a pas de mal à se créer un réseau de relations,
au nombre desquelles on trouve bientĂ´t le prince de Conti, cousin du roi Louis
XV, lequel le nomme censeur royal pour l'Histoire et les Belles-Lettres. Il est
donc responsable de la censure royale : en France tout Ă©crit concernant ces
deux domaines doit recevoir son imprimatur avant d’être publié. Charles-Geneviève d'Éon est recruté dans le «Secret du Roi». Ce cabinet noir, créé par Louis XV, est considéré comme la première
structure de services secrets vraiment organisée et pérenne en France. Elle
mène une politique étrangère parallèle à la diplomatie officielle et parfois
très différente de cette dernière. Les autres conseils royaux ignorent son
existence, y compris celui des «Affaires étrangères». Les pays étrangers aussi
évidemment. Le chevalier d’Éon est donc considéré comme un des premiers espions
français. Ces agents ont toute latitude pour arriver à leurs fins par les
moyens de leur choix, même s’ils sont illégaux. Le cabinet est dirigé par le
prince de Conti puis par le comte de Broglie. En font partie notamment le
maréchal de Noailles, Vergennes, Breteuil, Beaumarchais |