Mariage de Louis XV avec Marie Leczinska

Mariage de Louis XV avec Marie Leczinska

 

III, 28

 

1725

 

De terre foible & pauvre parentele,

Par bout & paix parviendra dans l’empire :

Long temps regner jeune femelle,

Qu’oncq en regne n’en survint un si pire.

 

"terre foible" "parentèle"

 

Cette expression se trouve dans les traductions de l'Economique de XĂ©nophon :

 

VoilĂ , Socrate, une chose qui mĂ©rite encore toute attention. Tu sais probablement que c'est avec la main qu'on doit jeter la semence? Oui, car je l'ai vu. Les uns ont l'adresse de la jeter Ă©galement, et les autres ne l'ont pas. La main, repris-je, a donc besoin d'ĂŞtre exercĂ©e comme celle de ces thĂ©oristes, pour ĂŞtre en Ă©tat de seconder l'intention. C'est cela mĂŞme, dit-il. Mais si une terre est plus maigre et l'autre plus grasse ? Que dis-tu ? Appelles-tu plus maigre une terre plus faible, et plus grasse une terre plus forte ? C'est lĂ  ce que je dis; et je te demande si tu donnerais Ă  chacune des deux terres la mĂŞme quantitĂ© de semence, ou bien plus Ă  l'une qu'Ă  l'autre ? - Quand il s'agit de vin, repris-je, j'ai pour habitude de verser plus d'eau dans celui qui est plus fort; s'il y a quelque fardeau Ă  porter, de charger plus l'homme plus robuste; et, s'il fallait nourrir un certain nombre de personnes, j'ordonnerais que ceux qui possèdent le plus contribuassent pour la plus grosse part. Mais une terre faible devient-elle plus forte si on la bourre de grain, comme on ferait d'une bĂŞte de somme ? Dis-moi cela. Alors Ischomachus se mettant Ă  rire : Tu plaisantes, Socrate, me dit-il; sache pourtant que si, après avoir confiĂ© la semence Ă  la terre, tu profites pour la retourner du moment oĂą le germe, placĂ© sous l'influence du ciel, sera montĂ© en herbe, cette herbe mĂŞme nourrira la terre et lui servira comme d'un engrais puissant. Si au contraire tu laisses la semence croĂ®tre librement jusqu'Ă  la maturitĂ© du grain, il sera aussi difficile Ă  une terre faible d'en produire beaucoup, qu'il est difficile Ă  une truie faible de nourrir de gros marcassins. Tu dis donc, Ischomachus, qu'il faut jeter moins de semence dans une terre plus faible ? Oui, par Jupiter ! Socrate; et tu en conviens toi-mĂŞme, puisque tu penses qu'on doit charger un homme faible d'un moindre fardeau. Et le sarcloir, Ischomachus, repris-je, pourquoi le fait-on passer au milieu des grains ? Tu sais probablement que l'hiver il tombe beaucoup d'eau. Est-il possible de l'ignorer ? Eh bien ! supposons qu'il y ait des grains ensevelis sous la terre dĂ©layĂ©e et des racines mises Ă  jour par l'Ă©panchement des eaux; supposons encore que, favorisĂ©es par l'humiditĂ©, des plantes s'Ă©lèvent avec le bon grain et l'Ă©touffent. - Tout cela, rĂ©pondis-je, peut arriver. - Alors, Socrate, le grain n'a-t-il pas besoin de secours ? AssurĂ©ment, lui dis-je. Et comment, selon toi, venir en aide au grain qui se noie ? - En soulevant le limon. Et en aide Ă  celui dont la racine est Ă  nu ? En le recouvrant de terre. - Et maintenant, si l'herbe Ă©touffe le grain qui pousse, si elle lui dĂ©robe son suc nourricier, comme les frelons paresseux dĂ©robent le miel que l'abeille industrieuse met de cĂ´tĂ© pour sa nourriture ? Il faut alors, par Jupiter ! couper l'herbe, comme on chasse les frelons de la ruche. Tu vois donc que nous avons raison d'user du sarcloir. Tout Ă  fait; et je songe, Ischomachus, Ă  l'avantage d'amener des comparaisons justes. Tu m'as bien plus mis en colère contre l'herbe en me parlant des frelons, que quand tu m'as parlĂ© de l'herbe sans comparaison (Eugène Talbot, Oeuvres complètes de XĂ©nophon, traduit par Eugène Talbot, Tome 1, 1873 - books.google.fr).

 

Les textes nous font nettement sentir oĂą se situait, dans l'esprit des Grecs, la diffĂ©rence entre trophè et misthos. La question n'est pas de savoir si l'une Ă©tait en nature, l'autre en espèces, puisque, de mĂŞme que la trophè pouvait ĂŞtre versĂ©e en argent, de mĂŞme et inversement le misthos pouvait ĂŞtre acquittĂ© en nature. La diffĂ©rence n'Ă©tait pas non plus dans le but, puisqu'en fin de compte le misthos, comme la trophè, permettait Ă  celui qui le recevait d'assurer son entretien. La diffĂ©rence est dans la nature des liens qui unissent celui qui donne et celui qui reçoit. Entre la personne (ou le groupe) qui «nourrit» et celle qui «est nourrie», il y a un lien d'ordre affectif et moral, impliquant chez celui qui «nourrit» la notion de responsabilitĂ© et de devoir : ainsi entre la mère et son enfant (Économique VII, 24), entre le chef de famille et sa parentèle (MĂ©morables II, 7,2), entre le chef et ses subordonnĂ©s (CyropĂ©die I, 6,9-12), entre la communautĂ© et certains de ses membres (Lac. Pol. XIII, 1). Au contraire, entre le recruteur qui promet un salaire et la recrue qui s'engage pour ce salaire, il n'y a que contrat : donnant-donnant. Reprenons l'exemple de Lysandre, discutant avec Cyrus, en 407, de la solde de ses Ă©quipages (Hell. I, 5). Seuls les LacĂ©dĂ©moniens, qui non seulement sont les recruteurs mais qui fournissent aussi les chefs, doivent trèphein leurs Ă©quipages. Cyrus, lui, s'en tenant au contrat, verse le misthos. Aussi Ă©tait-il logique que trophè, si employĂ© encore par Thucydide Ă  propos de la solde pour des armĂ©es composĂ©es en majoritĂ© de citoyens, cĂ©dât progressivement la place Ă  misthos au IVe siècle pour des armĂ©es composĂ©es en majoritĂ© de mercenaires (Philippe Gauthier, Un commentaire historique des Poroi de XĂ©nophon, 1976 - books.google.fr).

 

A l'époque de Crésus et de Cyrus, "la nation Grecque se trouuoit lors foible en son total, & la partie de son tout plus debile, & de moindre estimé, estoit Ionie" (Les trois premiers liures des Histoires d'Herodote de Halicarnasse, pere et prince des historiographes Grecz, nouuellement mis de Grec en Francois, par Pierre Saliat, 1551 - books.google.fr).

 

Hérodote, né vers 484 av. J.-C. à Halicarnasse en Carie (actuelle Bodrum en Turquie) et mort vers 425 av. J.-C. à Thourioï, est un historien et géographe grec (fr.wikipedia.org - Hérodote).

 

Crésus, interprétant à tort le message de l'oracle de Delphes comme signifiant qu'il allait conquérir l'empire achéménide, lança la campagne qui conduisit à sa défaite. Crésus fit match nul avec Cyrus II à la bataille de la Ptérie, puis se retira pour se démobiliser pour l'hiver 547 avant notre ère, mais Cyrus II ignora les règles traditionnelles de la guerre et marcha sur Crésus à Sardes, la capitale de la Lydie, battant l'armée lydienne à la bataille de Thymbrée et prenant la Lydie, y compris l'Ionie, pour en faire une partie de son empire.

 

Après la révolte des Ioniens en 498, les Perses reprirent le contrôle de la région, mais le perdirent après leur défaite à la bataille de Marathon en 490, à la suite de la première invasion perse de la Grèce. L'Ionie s'allia alors à la Ligue de Délos d'Athènes contre les Perses jusqu'à ce qu'Athènes ne perde la deuxième guerre du Péloponnèse en 404 avant notre ère, date à laquelle elle passa sous le contrôle de Sparte avant de revenir sous la domination achéménide. Les cités-États ioniennes tombèrent aux mains d'Alexandre le Grand lors de sa conquête de la Perse en 335 avant notre ère et, après sa mort, furent disputées par ses généraux dans les guerres des Diadoques ("successeurs") jusqu'à ce qu'elles ne fassent partie de l'Empire séleucide sous Séleucos Ier Nicator (r. de 305 à 281 av. J.-C.). (www.worldhistory.org).

 

"jeune femelle"

 

La forme féminine de nombreux mots a une connotation péjorative (courtisane, maîtresse, poule, lapine, vache, chienne, tigresse, jument, garce, fille, femelle...) (Les temps modernes, Numéros 339 à 341, 1974 - books.google.fr).

 

1530 pĂ©jorativement «femme» (Marot, ElĂ©gie, XIV, Ă©d. C. A. Mayer, t. III, p. 241, 33 : desloyalle fumelle) (www.cnrtl.fr).

 

Quant aux putains, je vous dirai ce que j'en ai appris, durant que je hantois la cour emputannĂ©e de Perse, & les gens du monde: j'oyois quelquefois que l'on disoit de quelques grands, qu'ils Ă©toient maris de putains : j'Ă©tois si badin, que je croyois que c'Ă©toient cocus, d'autant que le hazard des grands personnages est d'ĂŞtre cocus honorablement. La cause que les habiles gens courent cette fortune est, que l'Ă©chet de la tempĂŞte tombe volontiers sur les plus hautes pointes: or j'ai Ă©tĂ© relevĂ© de cette fausse intelligence. Vous devez savoir, (oui, vous le devez, je vous en montrerai l'obligation) que, du temps des premiers hommes, il y eut en MĂ©sopotamie une dame qui se fit reine absolue; & tous ceux du pays, qui parloient en hĂ©breu corrompu, la nommoient putain, c'est-Ă -dire, madame, en langue babylonienne, comme dit Balaam en ses Ă©tymologies imprimĂ©es, avant mille ans, en la Chine. Notre hĂ´te & bon ami en prĂŞta le livre Ă  Scaliger, quand il passa par Tours. Vous trouvez en ce livre, si vous le lisez, que la reine signifie demoiselle; & vesse, vaut autant Ă  dire que fille d'honneur : aussi pour le mystique honneur qu'on porte Ă  l'Ă©glise, on appelle leurs contubernales vesses. Depuis ce temps-lĂ , les dames qui ont eu de la rĂ©putation, & ont Ă©tĂ© grandes par le monde, & relevĂ©es en honneur, ont voulu ĂŞtre putains; nom qui a Ă©tĂ© fort rĂ©vĂ©rĂ© pour la rĂ©vĂ©rence portĂ©e Ă  la vĂ©nĂ©rable antiquitĂ©; & n'y a pas longtemps, ainsi que tantĂ´t l'a bien remarquĂ© l'autre, que par honneur, quand on parloit des dames de la cour, voire des plus sages & honnĂŞtes, on disoit, pour dĂ©noter cette honorable assemblĂ©e, le bordeau de la cour. Par cela, belles gens, vous ne ferez plus scandalisĂ©s, (je le dis, parce qu'il y en avoit qui chavissoient les oreilles, comme ânes en appĂ©tit, d'autant que Platon n'avoit point reparti, quand il a Ă©tĂ© appellĂ© fils de putain; aussi les sages ne s'Ă©tonnent & ne se formalisent de rien : or d'autant que, pour paroĂ®tre en magnificence, il faut triompher, les dames qui Ă©toient putains, id est, grandes, triomphoient & alloient Ă  la guerre. Mais parce que, du commencement, Ă  cause de leur dĂ©licatesse, elles ne se pouvoient bien accoĂ»trer au harnois, pour s'y façonner, elles joĂ»toient nud Ă  nud avec les hommes, & ainsi en essayoient plusieurs, pour se rendre plus adroites, accomplies & fermes aux combats, afin de vaincre heureusement; ces joĂ»tes se. faisoient bravement. Depuis, les femmes, qui en ont oui parler, & qui, Ă  cause des troubles, n'ont pas vu clair aux histoires; & qu'aussi les choses dĂ©chĂ©ent, n'Ă©tant pas fi roides ni vigoureuses que celles-lĂ , venoient Ă  la joĂ»te pour se rendre leurs pareilles; & ayant peur en tombant de se blesser, ont fait tendre des linceuls & beaux draps. Après la paix Ă©tant faite, & qu'il falloit nĂ©anmoins entretenir les courages par les exercices, afin d'y avoir plus de grace, on s'est mis entre deux draps sur de bons lits. Les femmes communes, je veux dire le reste des autres femmes, qui oyoient parler de ces joĂ»tes, vouloient les essayer; & ainsi voyant qu'il Ă©toit licite d'entrer nud Ă  nud, comme aux Ă©tuves, entre deux draps, elles ont rendu cela si commun, comme vous savez, que depuis, on l'a eu en dĂ©dain entre les vieillards dĂ©daigneux & hypocrites, ou charemites; & ainsi le mĂ©tier se prophanant, ce beau & vĂ©nĂ©rable nom de putain est tournĂ© en opprobre & risĂ©e, ainsi que le saint nom de tyran a Ă©tĂ© virĂ© en mal. Je vous dirai pourtant que les galans diseurs & Ă©crivains, se voulant relever sur le bien dire, & orner de belles fleurs leurs propos, tirant de l'antiquitĂ© de beaux mots & des dictions Ă©tranges, pour avoir de belles paroles, usent souvent de ce mot de putain en bonne part, & selon sa vraie signification, comme fait Virgile, usant de ce mot de tyran (François Brouart dit BĂ©roalde de Verville, Le moyen de parvenir, Tome 2 (1616), 1786 - books.google.fr).

 

Le Moyen de parvenir est une gaie satire du nĂ©o-platonisme et son Socrate une variante carnavalisĂ©e du Silène. Dans ces saturnales platoniciennes convoquant une politia literaria universelle, Socrate se voit «renaturé» de manière leste vers le bas corporel, le «cela», en inversant l’Eros platonicien par dĂ©rision. Banqueteur très actif, Socrate est un «trĂ©passĂ© bienvenu», un double «chaudronnier» […]. Il rudoie Alcibiade aux cĂ´tĂ©s de Margot et Turpin, s’amuse de tous propos : «Faites-en votre profit comme d’une belle joyeuse vrille de bois», lance-t-il, après avoir parodiĂ© le «plus haut sens» des propos de fine philosophie : «calculez les avec leur distance, conseille-t-il, et sous cette proportion vous trouverez un grand notable secret, excellent mystère et mystĂ©rieuse excellence». Cette gaie satire s’en prend mĂŞme Ă  la question delphique du «connais-toi toi-mĂŞme», fondement de la science morale socratique, comme le fait comprendre le dialogue entre Socrate et la reine d’Égypte : «Hem, hem, hem, je suis…», fait Socrate et la reine de complĂ©ter : «Un sot !». Toutes ces brèves citations mettent en Ă©vidence que la critique s’est faite dĂ©rision dans ce texte publiĂ© d’ailleurs tardivement et de manière anonyme. Le Moyen de parvenir reste donc un beau jeu de massacre qui, Ă  la manière du dialogue des «Philosophes Ă  vendre» de Lucien de Samosate, ne laisse aucune chance aux tenants de cette discipline (Ruxandra Vulcan, Socrate Ă  la Renaissance, Centre d’Études MĂ©diĂ©vales et Post-MĂ©diĂ©vales, 2012 - serval.unil.ch).

 

Sans doute le banquet a-t-il toujours Ă©tĂ©, depuis XĂ©nophon, prĂ©texte aux bons mots et aux propos rompus, mais il y avait Ă©galement toujours un Socrate pour recadrer les discours et leur donner du sens. Socrate le donne bel et bien dans le Moyen de parvenir : il est devenu expert «à conclure sans resoudre, & Ă  resoudre sans conclure» (p. 14) ! Ce que met en cause BĂ©roalde de Verville, c'est l'insertion du discours antique dans le texte lettrĂ©, ces «fleurs estrangères» si chères Ă  Montaigne et qui sont le fondement de la culture humaniste. Que reste-t-il des belles pensĂ©es des grands auteurs quand ceux-ci dĂ©bitent en personne les pires obscĂ©nitĂ©s ? Le parallèle avec Montaigne s'impose. L'un comme l'autre pratiquent une Ă©criture tout en brisures, reflet d'une crise de l'humanisme que les guerres de religion ont mis Ă  mal; tous deux rejettent les chemins bien balisĂ©s d'une Ă©loquence sĂ»re d'elle-mĂŞme et de ses objectifs : l'inachèvement est leur domaine, mais l'un, Montaigne, persiste avec application dans sa quĂŞte de la vĂ©ritĂ©, mĂŞme s'il la juge inaccessible; l'inachèvement structurel des Essais demeure tendu vers une fin. L'autre, BĂ©roalde, fait au contraire table rase de toutes ces illusions et laisse le savoir humaniste Ă  l'Ă©tat de fragments Ă©pars (Pierre Servet, BĂ©roalde de Verville, Le moyen de parvenir ou les vertiges de l'inachèvement, L'Ĺ’uvre inachevĂ©e, 1999 - books.google.fr).

 

La BoĂ©tie est demeurĂ© le traducteur le plus renommĂ© de l'Economique de XĂ©nophon. IndĂ©pendamment de sa constante prĂ©occupation de la fidĂ©litĂ© et de la prĂ©cision, sa version mĂ©ritait de n'ĂŞtre point oubliĂ©e Ă  cause de ses qualitĂ©s Ă©videntes (Paul Bonnefon, Oeuvres complètes d'Estienne de La BoĂ©tie : Avec notice biographique, variantes, 1892 - books.google.fr).

 

Dans le Discours de la servitude volontaire, La Boétie mêle de manière très classique ces deux formes du discours sur la tyrannie en déduisant la misère du tyran des formes de la tyrannie, et en ouvrant ainsi l'enquête descriptive sur une prescription morale. Cette prescription morale occupe toute la fin du Discours, où l'argumentation semble devoir à peu près tout à cette tradition riche et ancienne qui a élaboré le thème classique de la misère des maîtres. [...] Au moment de développer ces arguments traditionnels liés au discours moral sur la tyrannie, La Boétie se place tout naturellement sous l'autorité de Xénophon, dont il présente le Hiéron comme un «miroir» tendu aux tyrans pour leur montrer «leurs verrues» et leurs «taches» (Philippe Audegean, Morale et politique de la Servitude volontaire, Discours de la servitude volontaire d'Etienne La Boétie, 2002 - books.google.fr).

 

Aspasie

 

XXXI. Artaxerxès parvenu à la vieillesse s'aperçut qu'il y avait de la division entre ses deux fils pour la succession à l'empire, et que leur rivalité partageait ses amis et ses courtisans. Les plus sensés d'entre eux trouvaient juste que, puisque Artaxerxès avait régné par droit d'aînesse, il laissât le trône à Darius, son fils aîné; mais le plus jeune, nommé Ochus, naturellement vif et emporté, avait dans le palais un parti nombreux; il comptait d'ailleurs pour gagner son père, sur le crédit d'Atossa, à qui il faisait assidûment sa cour et qu'il flattait de l'espoir de l'épouser après la mort de son père. On disait même qu'il avait eu avec cette reine un commerce très-secret, qu'Artaxerxès avait ignoré. Le roi pour ôter sur-le-champ à Ochus toutes ses espérances, et empêcher qu'en imitant l'audace de Cyrus il ne livrât de nouveau le royaume à des séditions et à des troubles, déclara roi Darius, qui était dans sa vingt-cinquième année, et lui permit de porter la tiare droite.

 

XXXII. C'est l'usage en Perse que celui qui vient d'ĂŞtre dĂ©signĂ© hĂ©ritier de la couronne demande une grâce au roi rĂ©gnant; et celui-ci ne peut lui rien refuser, pourvu que la chose soit possible. Darius demanda la courtisane Aspasie, que Cyrus avait le plus aimĂ©e de toutes ses maĂ®tresses et qui alors Ă©tait concubine du roi. NĂ©e de parents libres, Ă  PhocĂ©e en Ionie, elle avait reçu une Ă©ducation honnĂŞte. Un soir elle fut menĂ©e au souper de Cyrus, avec plusieurs autres femmes qui s'assirent auprès de ce prince et se prĂŞtèrent sans peine Ă  ses jeux et Ă  ses plaisanteries. Aspasie se tenait debout et en silence auprès de la table; et lorsque Cyrus l'appela, elle refusa de s'approcher. Ses officiers s'Ă©tant mis en devoir de l'y conduire de force : «Le premier de vous, leur dit-elle, qui mettra la main sur moi s'en repentira.» Les courtisans la traitèrent de grossière et de sauvage; mais Cyrus, charmĂ© de sa retenue, ne fit qu'en rire, et dit Ă  celui qui avait amenĂ© ces femmes : «Tu vois que de toutes c'est la seule qui soit vertueuse et vĂ©ritablement libre.» Depuis ce jour-lĂ  Cyrus s'attacha singulièrement Ă  elle, l'aima plus que toutes ses autres maĂ®tresses et lui donna le titre de sage. Après que ce prince eut Ă©tĂ© tuĂ© dans la bataille, elle fut prise au pillage du camp. La demande qu'en fit Darius affligea son père; car telle est la jalousie des barbares pour les objets de leur amour, que c'est un crime capital non-seulement de toucher une maitresse du roi ou de lui parler, mais mĂŞme de passer, dans un chemin, devant les chars qui portent ses concubines. Artaxerxès, quoiqu'il eĂ»t Ă©pousĂ© par amour la reine Atossa, contre les lois de Perse, avait en outre trois cent soixante concubines, toutes parfaitement belles. Cependant, lorsque Darius lui demanda Aspasie, il lui rĂ©pondit qu'elle Ă©tait libre, qu'il pouvait la prendre si elle y consentait, mais qu'il ne voulait pas qu'on usât de violence envers elle. On fit donc venir Aspasie, qui, contre l'attente du roi, prĂ©f?ra Darius. Artaxerxès, forcĂ© d'obĂ©ir Ă  la loi, la lui cĂ©da, mais il ne tarda pas Ă  la lui enlever et Ă  la consacrer prĂŞtresse du temple de Diane Anitis, Ă  Ecbatane, pour y vivre dans la chastetĂ© le reste de ses jours. Il crut par lĂ , ne tirer de la demande de son fils, qu'une vengeance modĂ©rĂ©e, qui ne pourrait pas lui paraĂ®tre trop sĂ©vère et qu'il ne prendrait que pour une plaisanterie; mais Darius ne la reçut pas avec modĂ©ration, soit qu'il fĂ»t passionnĂ© pour Aspasie, soit qu'il se crĂ»t jouĂ© ou outragĂ© par son père (Les vies des hommes illustres de Plutarque, Tome 4, traduit par Dominique Ricard, 1867 - books.google.fr).

 

Elle Ă©tait de PhocĂ©e, et fille d'Hermotime : son nom vĂ©ritable Ă©tait Milto; mais Cyrus lui donna celui d'Aspasie, Ă  cause de la fameuse Aspasie, femme de PĂ©riclès. Elle avait les cheveux blonds et frisĂ©s, de grands yeux, le nez un peu aquilin, les oreilles petites, la peau dĂ©licate, un teint de lis et de roses, les lèvres d'un rouge admirable, les dents plus blanches que la neige, les pieds et les jambes dans la perfection, la voix si douce qu'on eut dit, quand elle parlait, qu'on entendait les Sirènes, enfin Cyrus l'aimait Ă  l'adoration; elle lui fut aussi sincèrement attachĂ©e, plutĂ´t par le cĹ“ur que par l'intĂ©rĂŞt. Ce fut cette femme dĂ©jĂ  fort âgĂ©e que Darius demanda Ă  son père (M. Mouchet, Dictionnaire portatif, contenant les anecdotes historiques de l'amour, depuis le commencement du monde jusqu'Ă  ce jour, Tome 1, 1811 - books.google.fr).

 

Elien dit d'elle qu'elle était pauvre élevée par un père pauvre aussi, qu'elle s'appelait dès sa naissance Aspasie et surnommée Milto par les Grecs (Jacques Puiggali, A propos d'Aspacie de Phocée, Le ciel: réalités et imaginaires. Le commerce des produits manufacturés dans l'Occident romain, Pallas 66, 2004 - books.google.fr).

 

Selon Elien (Hist. variæ, lib. XII, c. 1.), Aspasie, enfant, avait une tumeur au menton.

 

Son père, Hermotine, la fit voir Ă  un mĂ©decin qui promit de la guĂ©rir moyennant trois statères : Je ne les ai pas, lui dit Hermotine; et moi, dit le mĂ©decin, je n'ai point de remèdes Ă  vous donner. Aspasie, justement attristĂ©e de cette rĂ©ponse, sortit en pleurant. Un miroir, dans lequel elle ne cessait de se regarder, augmentait encore son affliction. Dans cet Ă©tat elle ne put souper. Cependant un sommeil favorable s'empara de ses sens (Pierre Saintyves, Les origines de la mĂ©decine: empirisme ou magie ?, 1920 - books.google.fr).

 

Vénus lui apparut sous la forme d'une colombe, et lui conseilla, pour se guérir, d'appliquer sur cette tumeur des roses sèches prises dans les couronnes qui lui étaient consacrées. Aspasie fut guérie par ce moyen (Louis Philibert Auguste Gauthier, Recherches historiques sur l'exercice de la médecine dans les temples, 1844 - books.google.fr).

 

Aspasie règnera sur les sens et les cœurs des souverains de Perse.

 

Elle apparaît chez Xénophon dans l'Anabase (Xénophon, Anabase, Volume 1, traduit par Paul Masqueray, 1949 - books.google.fr).

 

"bout & paix"

 

Le "bout" pourrait être le sexe de l'homme, et, rapporté à "jeune femelle" terme péjoratif, fait penser à une affaire de séduction érotique comme en fait part Béroalde dans Le moyen de parvenir (François Brouart dit Béroalde de Verville, Le moyen de parvenir, Tome 2 (1616), 1786 - books.google.fr).

 

ARIEUS, officier persan, prit le commandement de l'armée, après que le jeune Cyrus eut été tué à la bataille de Cunaxa. Il fit la paix avec Artaxerxés (Xénophon, Anabase 1, 8, 5; 2, 4, 2) (Mathieu Christophe, Dictionnaire pour servir à l'intelligence des auteurs classiques grecs et latins, Tome 1, 1805 - books.google.fr, Xénophon, Retraite des Dix Mille. Traduction de La Luzerne, 1835 - remacle.org).

 

Acrostiche : DPLQ, DuPLiQue, duplication du cube

 

Parmi les textes qui s'intéressent au "problème délien", la duplication du cube, c'est celui de Plutarque, Sur le démon de Socrate, 7 (IX) qui nous intéresse directement parce qu'il est seul à préciser de quel autel il s'agit : «les Déliens auraient consulté Platon, revenant d'Égypte, pour savoir comment obéir à un oracle qui leur signifiait qu'eux-mêmes et les autres Grecs verraient la fin de leurs maux présents s'ils doublaient l'Autel de Délos. Ils n'avaient pu en comprendre le sens et s'étaient couverts de ridicule dans l'aménagement de l'autel, car ils avaient doublé chacun de quatre côtés sans voir que par cette augmentation ils avaient construit un solide huit fois supérieur [au volume initial] dans l'ignorance qu'ils avaient de la proportion que donne le double linéaire. C'est pourquoi ils demandaient à Platon de les aider à sortir d'embarras». En un mot, les Déliens ont eu à doubler l'Autel de Délos, mais ils se sont ridiculisés par une méprise grossière. Comme on voit mal qu'il s'agît de doubler l'amas de cornes lui-même, le doublement ne peut intéresser que la construction qui le contenait (Philipe Bruneau, Philippe Fraisse, Le Monument à abside et la question de l'Autel de cornes, Exploration archéologique de Délos faite par l'École fran?caise d'Athènes, Partie 40, 2002 - books.google.fr).

 

Deux vers d'Euripide, rapportĂ©s par Eutocius d'Ascalon (VIème siècle après J.-C.) (Commentaire au traitĂ© «sur la sphère et le cylindre» d'Archimède, Ă©d. Heiberg, III, 66-114.) transposent dans un passĂ© mythique le problème dĂ©lien en faisant dire Ă  Minos, roi de Crète, s'adressant Ă  Tantale [DĂ©dale ?], chargĂ© de construire un tombeau, peut-ĂŞtre pour son fils mort Glaucus tombĂ© dans une jarre de miel :

 

Pour un tombeau royal, tu le fais bien petit / Il faut doubler le cube et ne pas s'y tromper.

 

Minos fera enfermer le mage Polyidus dans le tombeau de son fils pour le ressusciter (d'oĂą alors le doublement du tombeau ?). Il le fera grâce Ă  une herbe dont s'est servie un serpent pour redonner vie Ă  un congĂ©nère. Quelle signification animiste ou biologique donner Ă  ces rĂ©cits mythologiques ? (nonagones.info - Le Serpent rouge - Le voyage de l’âme - Philolaos, les Bergers d’Arcadie et le cube).

 

La menace carthaginoise met au pouvoir en 405 Denys l'Ancien, d'origine modeste, qui parvient Ă  nĂ©gocier avec l'ennemi. ProtĂ©gĂ© par une garde de 1000 hommes, le nouveau tyran persĂ©cute les aristocrates, affranchit les Cyllyriens et les esclaves. Il accroit son armĂ©e jusqu'Ă  50000 fantassins et 10000 cavaliers, la dote de catapultes portant Ă  300 mètres, et fait d'Ortygie une citadelle imprenable qu'il complète du Château d'Euryale sur les Épipoles. Il construit de vastes gymnases sur les rives de l'Anapo, Ă©lève de nouveaux temples tout en pillant les trĂ©sors sacrĂ©s comme le manteau d'or de Zeus, levant des tributs augmentant les impĂ´ts et altĂ©rant les monnaies pour couvrir les nombreuses dĂ©penses. Il conquiert une partie du territoire des Sicules et fonde Ă  Adranon un avant-poste pour contrĂ´ler le territoire. Il prend Catane, rase Naxos et obtient la reddition de LĂ©ontinoi, contraint des populations Ă  s'installer Ă  l'intĂ©rieur des terres. Contre les Carthaginois, dans trois guerres successives, il prend MotyĂ© mais subir un siège Ă  Syracuse en 397, lors duquel les Carthaginois dĂ©truisirent le temple de DĂ©mĂ©ter et CorĂ© et le tombeau de GĂ©lon. L'autoproclamĂ© «archonte de Sicile» agit Ă©galement hors de Sicile : il envoie des mercenaires pour aider le Perse Cyrus le Jeune dans sa rĂ©volte contre le souverain achĂ©mĂ©nide Artaxerxès II Mnèmon, il s'allie Ă  Archytas de Tarente, colonise la Corse, fonde AncĂ´ne et Adria sur la cĂ´te adriatique, pille Pyrgi en 3842. Sous son règne, Syracuse est la citĂ© la plus peuplĂ©e et la plus riche du monde grec. Ă€ son tour, il veut rĂ©unir autour de lui des intellectuels grecs comme Philistos et Aristippe, mais il supporte moins la libertĂ© artistique que ces prĂ©dĂ©cesseurs : Platon, trop proche de Dion, est emprisonnĂ©, Philoxène de Cythère envoyĂ© aux latomies. Amateur de drame et dramaturge amateur, il fait creuser dans la roche un théâtre grec. Les anecdotes sur Denys l'Ancien sont innombrables et l'on peut encore voir dans les environs de la ville, la fameuse «Oreille de Denys», une imposante grotte dans laquelle le tyran enfermait ses prisonniers et dont l'acoustique permettait Ă  Denys d'Ă©couter les conversations. Denys l'Ancien meurt en 367 et son fils lui succède. Denys le Jeune, Ă©lève de Platon mais adepte d'Aristippe de Cyrène, exile son oncle Dion en 366, lequel revient de Grèce en 357 pour le renverser avant d'ĂŞtre assassinĂ© en 354. Denys s'exile Ă  Corinthe oĂą il donne des leçons (Claude GĂ©taz, ÉlĂ©ments destinĂ©s Ă  Ă©clairer les origines de la civilisation, depuis l’AntiquitĂ© jusqu’à nos jours, Tome 1, - books.google.fr).

 

Archytas de Tarente, né vers 435 av. J.-C. à Tarente en Grande-Grèce et mort en 347 av. J.-C. au large de l'Apulie, est un philosophe pythagoricien, mathématicien, astronome, homme politique, stratège et général grec, fils de Mnésagore ou Histiée. Fait unique dans l’histoire, il fut sept fois stratège et gouverna la cité de Tarente durant sept années consécutives, incarnant ainsi le philosophe roi éclairé tel que l'envisageaient les philosophes; la cité connut alors une époque de prospérité.

 

Il est parfois reconnu comme étant le fondateur de la partie des mathématiques alors nommée la mécanique, qu'il systématisa. On lui attribue le mérite d'avoir donné plus de rigueur aux mathématiques. Selon Eutocius, Archytas résolut le problème de la duplication du cube d'une manière qui lui est propre avec une construction géométrique. Archytas, par exemple, proposa d'utiliser l'intersection entre un cylindre, un tore et un cône (fr.wikipedia.org - Archytas de Tarente).

 

Archytas de Tarente, célèbre philosophe, ami et contemporain de Platon, quatre siècles avant Jésus-Christ, serait même parvenu à construire une colombe mécanique (texte des Nuits attiques d'Aulu-Gelle) (Dictionnaire illustrée, Navigation aérienne, 1910 - books.google.fr).

 

Dans Res rusticae 1, 1, 8 de Varron : Hi sunt, quos tu habere in consilio poteris, cum quid consulere uoles; ...de philosophis... Arcytas Pythagoreus.

 

Selon Diogène Laërce, l'auteur d'un traité d'agriculture n'aurait été qu'un homonyme d'Archytas de Tarente. Les commentateurs modernes estiment au contraire que le grand homme d'État s'était également penché sur le problème de l'économie rurale. Selon R. Martin, ses perspectives auraient été très proches de celles de Xénophon, lui-même inspirateur de Cicéron qui visait, à l'instar du système lacédémonien, à l'autarcie maximale, à la valorisation de la propriété foncière et de la paysannerie. Nous ne savons malheureusement rien d'une éventuelle réalisation sur le terrain de telles idées, qui restent de toute façon hypothétiques. Notons plutôt que la référence faite par Varron à des systèmes encore archaïques par leurs idées montre à quel point il serait dangereux d'élever au niveau d'un principe la généralisation des latifundia et d'un système économique basé sur les très vastes propriétés dans l'Italie du Ier s. a.C. (Philippe Desy, Recherches sur l'économie apulienne au IIe et au Ier siècle avant notre ère, Volume 221 de Latomus, 1993 - books.google.fr).

 

"si, pire"

 

On aboutit au règne d'Ochus réputé pour sa cruauté.

 

A Counaxa (-401), les mercenaires grecs remportent la bataille, mais Cyrus, leur commenditaire, meurt au combat. Le massacre des chefs grecs par le satrape Tissapherne sauve le trône d'Artaxerxès II, tandis que les mercenaires restants regagnent difficilement la Grèce sous la conduite de Xénophon. Le règne d’Artaxerxès II est celui du lent déclin de l'empire achéménide. Artaxerxès II Mnémon, décède à l'âge de quatre-vingt-six ans, apparemment en raison du comportement de ses enfants, et, comme ses autres fils, Darius, Ariaspes et Arsamès avaient déjà été assassinés, Artaxerxès III Ochus lui succède. Il commence par faire exécuter plus de quatre-vingt de ses plus proches parents pour assurer son pouvoir. Artaxerxès II donne au palais d'Ecbatane une nouvelle apadana (salle du trône) et des sculptures. Artaxerxès III fit ériger des statues de la déesse Anahita à Babylone, Damas, Sardes, Suse, Ecbatane, et Persépolis (fr.wikipedia.org - Artaxerxès III).

 

Le coutelas est le principal hieroglyphique pris pour cruautĂ©, duquel nom les Ægyptiens auoyent accoustumĂ© d'appeller Ochus, Roy des Perses, le plus cruel qui fut onques, & tres redoutable, lequel desola toute la terre d'Ægypte, mettant Ă  feu & Ă  sang tous les lieux, par lesquels il passa : & ce qu'ils estimoyent le plus grand forfaict du monde, & irremissible, il esgorgea mesmes Apis, & le fit manger Ă  ses amis: & ainsi remplit toute l'Egypte de pleurs & gemissemens, pour avoir tuĂ© cest animal, tant il auoit ce peuple en haine (Les hieroglyphiques de Ian-Pierre Valerian, vulgairement nomme Pierius, 1615 - books.google.fr).

 

La cruautĂ© de l'autre Ochus surnommĂ© Artaxerxes, fut plus aperte, & plus inhumaine. Cestuy feit enterrer toute viue Ocha sa sĹ“ur, & sa bellemere: car il print La grade en mariage la fille de ladicte Ocha, qui cruautĂ©de estoit lĂ  niece:ainti Ocha estoit sa sĹ“ur & Ochus, an bellemere ensemble. Pareillemet feit mettre Ă  vn quarrefourg, son oncle, auec plus de cent de ses filz & neueuz, & commanda qu'on les occist Ă  coups de traictz, lesquels tous ne luy auoyent faict iniure aucune, mais pour ce qu'il veoit qu'entre les Persans, sesdicts parens estoyeint bien reputĂ©s en vertu & prouesse : car cela craignoit qu'ilz ne paruinssent quelques fois Ă  dominer, & l'expulser de son royaume (Valère Maxime, Faictz et dicts de mĂ©moirs, traduit par I. Le Blond, 1572 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1725 sur la date pivot -401 donne -2527.

 

Epoque du pharaon Saophis qui régna 29 ans (Nicolas Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'histoire universelle sacrée et prophane, ecclésiastique et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1743, Tome 1, 1744 - books.google.fr).

 

Le Saophis du Canon d'Eratosthène semblent bien positivement répondre aux deux Souphis de la liste de Manéthon

 

Après MĂ©nès, les monumens nous ont conservĂ© la mĂ©moire du fondateur de la grande pyramide de DgizĂ©h, le Cheops d'HĂ©rodote, le Souphis de ManĂ©thon, le Saophis d'Eratosthène. Le vĂ©ritable nom de ce monarque (second roi de la quatrième dynastie Memphite) est Choufo (le Chevelu). Son successeur, appelĂ© Souphis II dans les listes de ManĂ©thon, et Chephren par HĂ©rodote, se nommait vĂ©ritablement SĂ©nĂ©choufo (frère de Choufo) (Bibliographie : Monuments de l'Egypte et de Nubie de M. Rosellini, Bibliothèque universelle des sciences, belles-lettres et arts, rĂ©digĂ©e Ă  Genève. LittĂ©rature, Volume 54, 1833 - books.google.fr).

 

Dans son TraitĂ© sur les transformations des solides, LĂ©onard de Vinci rattache le problème de la duplication du cube Ă  la division de la pyramide en deux parties Ă©quivalentes (Bibliographie : Il Trattato di Leonardo daz Vinci sulle transformazioni dei solidi de R. Marcolongo, "Scientia", rivista di scienza, Volume 58, 1935 - books.google.fr).

 

On sait combien le problème de la duplication du cube a eu de cĂ©lĂ©britĂ© chez les anciens; il a occupĂ© Platon, Ératosthène, HĂ©ron d'Alexandrie, Philon de Byzance, qui en ont donnĂ© une solution mĂ©canique et par tâtonnement. Hippocrate de Chio, Archytas, Menechme, Eudoxe, Apollonius, Nicomède, Pappus et Dioclès, ont donnĂ© des solutions gĂ©omĂ©triques, et qui se rapprochent plus ou moins de celles des modernes, lesquelles consistent Ă  employer l'intersection du cercle et d'une section conique. On trouve que les lignes de la grande pyramide de Memphis fournissent aussi une solution matĂ©rielle du problème : Pour doubler le cube de l'apothème, il suffit de faire le cube du socle. En effet, 232,747, longueur du socle, Ă©tant divisĂ©s par 184,722, longueur de l'apothème, donnent 1,26; or 1,26 est justement, Ă  une très-petite quantitĂ© près, la racine cubique de 2, racine par laquelle il faut multiplier le cĂ´tĂ© d'un cube, pour avoir celui d'un cube double. Plus simplement, si vous multipliez 400 coudĂ©es, longueur de l'apothème, par 1,26, rapport des cĂ´tĂ©s de deux cubes sous-doubles, vous aurez 504 coudĂ©es, longueur du socle. Ce problème revient Ă  la division d'une pyramide en deux parties Ă©gales en volume. Dans un cas, il faut multiplier, et dans l'autre, il faut diviser par la racine cubique de 2. Ainsi les gĂ©omètres Égyptiens pouvoient, par l'exemple de la duplication du cube, apprendre Ă  partager une pyramide en deux parties d'un volume Ă©gal (Edme François Jomard, MĂ©moire sur le système mĂ©trique des anciens Ă©gyptiens, 1817 - books.google.fr).

 

L'apothème d'une pyramide est la distance reliant le sommet de la pyramide au milieu d'un des côtés du carré qui forme sa base (www.editions-ellipses.fr, fr.wikipedia.org - Observation mathématique de la pyramide de Khéops).

 

De nombreuses critiques sont portées à l'encontre de Jomard (Bulletin, Volume 48, Société astronomique de France, 1934 - books.google.fr, E. Blochet, Les sources de l'astronomie hindoue, Revue de l'Orient chrétien, 1925 - books.google.fr).

 

Aujourd'hui on donne 230,38 mètres de côté, on suppose qu'originellement on avait 232,77 m avec le revêtement calcaire Dans ces conditions, les mesures de l'apothème et du côté de la base de Jomard semblent bonnes, d'où le rapport 1,26 (Annales du musée Guimet: bibliothèque de vulgarisation, 1896 - books.google.fr, A. Dufeu, Découverte de l'âge et de la véritable destination des quatre pyramides de Gizeh, 1873 - books.google.fr).

 

XĂ©nophon (Anabase, III, 4, 9) remarqua une pyramide de pierre sur la rive orientale du Tigre, près de la ville de Larissa. Cette pyramide avait un plèthre (environ 100 pieds) de largeur sur deux plèthres (environ 200 pieds de haut) (Ferdinand Hoefer, L'Univers : Asie, Tome 9 : ChaldĂ©e, Assyrie, MĂ©die, Babylonie, MĂ©sopotamie, PhĂ©nicie, Palmyrène, 1852 - books.google.fr).

 

Larissa du Tigre serait Resen, bâtie selon la Genèse X par Assur en Assyrie (V.A. Barbié du Bocage, Commerce des Indes orientales, La Revue maritime, Volume 10, 1864 - books.google.fr).

 

Bagoas, eunuque égyptien, contribua puissamment à soumettre l'Égypte à Artaxerxès-Ochus, qu'il empoisonna ensuite pour venger la mort du bœuf Apis (338 avant J.-C.) (A.-L. d'Harmonville, Dictionnaire des dates, des faits, des lieux et des hommes historiques, 1842 - books.google.fr).

 

Artaxerxès III conquiert l'Égypte (343), défait Nectanébo II, le dernier pharaon égyptien. Selon une tradition rapportée par Diodore (XVI, 47-48), ce Nectanébo aurait finalement été contraint de fuir et de se réfugier en Éthiopie (René Bloch et alii, Les fragments d'Artapan, Interprétations de Moïse: Égypte, Judée, Grèce et Rome, 2009 - books.google.fr).

 

Marie fille de Stanislas

 

Marie Leczynska ne fut pas une courtisane mĂŞme si son temps en connut de nombreuses.

 

Louis XV se marie en 1725, après qu’un choix fut fait entre diverses candidates : la fille du duc de Lorraine, la future tsarine Elisabeth de Russie, la fille du Prince de Galles. « Finalement, on dut se rabattre sur la princesse Marie Leczinska, fille de Stanislas, roi de Pologne dĂ©trĂ´nĂ© […] Ses biens patrimoniaux ayant Ă©tĂ© confisquĂ©s, aucun secours ne lui arrivait plus de Varsovie […] La famille en Ă©tait rĂ©duite Ă  une pension que la France payait irrĂ©gulièrement. Aucune illusion ne cachait cette misère [1] Â» (« pauvre parentele Â»).

 

"un si pire"

 

Le règne de Louis XV fut en demi-teinte et même plutôt catastrophique sur le théâtre géopolitique. Celui qui suscita d’immenses espoirs auprès du peuple, notamment à l’issue du long règne autoritaire et absolu de son arrière-grand-père Louis XIV et qui fut appelé le «Bien-Aimé», devint très vite un souverain détesté en raison de sa vie plutôt débauchée dans un Versailles coupé du monde et des réalités quotidiennes, de l’influence de ses maîtresses mais aussi des guerres perdues. Pour la première fois, un conflit qualifié de mondial n’opposa pas seulement les Européens sur le vieux continent mais aussi hors d’Europe, dans les colonies. Ce fut la guerre de Sept Ans, de 1756 à 1763, qui marqua le début de l’hégémonie britannique en même temps qu’un terrible coup d’arrêt des ambitions françaises et de son empire colonial (Philippe Estrade, Louis XV, 2022 - books.google.fr).

 

Faiblesse de la Pologne

 

Depuis le jour où Pierre le Grand lui imposa pour roi le faible Auguste II, cette malheureuse nation sentit sa vie s'éteindre dans les rigueurs d'un dur esclavage. Son souverain, timide et irrésolu, n'agissait que d'après les ordres capricieux de la Russie. A sa mort, la diète polonaise avait élu Stanislas Leczinski, couronné trente ans auparavant par Charles XII; mais la czarine Anne Iwanowna ayant favorisé la candidature de l'électeur de Saxe Frédéric-Auguste III, il fallut que la nation l'acceptât (1733). Ce nouvel acte de faiblesse enhardit les autocrates, et ils n'eurent plus à l'avenir aucun respect pour les droits de la Pologne. Ils violèrent son territoire sans répugnance, le firent traverser par les troupes qu'ils envoyèrent contre la Prusse, sans en demander même l'autorisation, et se plurent à nourrir et à envenimer toutes les factions qui déchiraient ce pays. Auguste III, au lieu de s'élever contre ces usurpations iniques, ne savait qu'applaudir à toutes les entreprises de ceux qui avaient fait sa fortune, et pendant que sa lâcheté déshonorait ainsi la Pologne au dehors, sa négligence laissait s'énerver la discipline dans les armées, de sorte que quand Catherine II fut montée sur le trône de toutes les Russies, cette nation ruinée n'offrit à son ambition que l'appât séducteur d'une proie facile (Claude-Joseph Drioux, Précis de l'histoire moderne depuis la prise de Constantinople jusqu'à l'abdiction de Napoléon (1453-1814), 1850 - books.google.fr).

 

Une Milto française

 

On ne compte plus les favorites des rois de France. Parmi ces maîtresses, une passa du Régent à Louis XV au moins pour sa première fois.

 

Françoise de Mailly, duchesse de Mazarin (1688-1742), fut la dame d'atours de la reine Marie Leszczynska de 1731 à 1742. Fille de Louis de Mailly (1663-1699) et d'Anne-Marie-Françoise de Sainte-Hermine, sœur de Françoise Louise de Mailly, elle épouse en premières noces le 1er septembre 1700 Louis Phélypeaux (1672-1725), marquis de La Vrillière. Elle était d’après ses contemporains, belle comme un amour. Ayant collectionné plusieurs amants parmi lesquels le marquis de Nangis, qu'elle garda longtemps, elle était connue experte en la matière et fut entre autres, l'une des nombreuses maîtresses du Régent. Elle aurait même été choisie pour déniaiser le jeune roi Louis XV. Veuve en 1725, elle devint duchesse par son second mariage le 14 juin 1731 avec Paul-Jules de La Porte-Mazarin (1666-1731), duc de Meilleraye et de Mazarin, qui la laissa veuve au bout de trois mois (fr.wikipedia.org - Françoise de Mailly).

 

Bayle, qui raconte sommairement cette histoire, à l'Article de Cyrus, remarque qu'Aspasie doit avoir conservé sa beauté bien au-delà du terme ordinaire; puis qu'il est certain qu'elle avoit à peu près quatre-vingts ans, lorsque Darius l'obtint d'Artaxerce. On a vu chez nous, dans la Moderne Léontium, Ninon l'Enclos, un pareil phénomène, avec des circonstances plus singulières. Malgré son grand âge, a dit un de ses amis, on pouvoit lire encore toute son histoire dans ses yeux (Histoires diverses de Claudius Aelianus, 1772 - books.google.fr, fr.wikipedia.org - Ninon de Lenclos).

 

Le Temple de Gnide

 

La force de Montesquieu, c’est d’avoir créé une forme de continuité entre certaines de ses lettres. C’est aussi d’avoir trouvé l’idée de l’intrigue du sérail – autrement dit du harem – qui montre les deux faces du personnage Usbek. «L’espion turc», écrit à la fin du XVIIe siècle, n’abordait pas des sujets aussi brûlants, faisant même l’éloge de Richelieu, grande figure de la monarchie. Tandis que Montesquieu, avec les Lettres persanes, attaque frontalement la religion catholique, et plus largement tout ce qui ressemble à une autorité. De toute sa vie, il n’écrira jamais rien d’aussi incisif et critique envers la religion.

 

Un dĂ©tail amusant est relatĂ© par Montesquieu dans un de ses recueils de pensĂ©es : il raconte que le chinois converti Hoang croyait qu’en France, comme tout le monde Ă©tait catholique, personne n’accomplissait de mauvaises actions, que si on laissait traĂ®ner son chapeau quelque part, quelqu’un vous le rapportait forcĂ©ment…

 

Dès 1725, quatre ans Ă  peine après les Lettres persanes, Montesquieu publie Le Temple de Gnide. On prĂ©sente souvent ce livre comme une mythologie galante, a priori sans rapport avec les Lettres persanes. Pourtant, des rapports, il y en a ! Dans Le Temple de Gnide, Montesquieu s’intĂ©resse Ă  une forme d’amour qui se jouerait complètement des conventions mondaines. Au-delĂ  de la jalousie «de passion», il se penche sur la jalousie «de coutume», et on se retrouve lĂ  en relation directe avec les Lettres persanes oĂą la question de la polygamie est centrale. Usbek trouve que la libertĂ© europĂ©enne est formidable mais il est le maĂ®tre d’un sĂ©rail oĂą ses cinq femmes moisissent en attendant son retour. Ses femmes se rĂ©voltent et, quand il apprend qu’il est trahi, Usbek fait rĂ©gler ça dans le sang, donnant toute autoritĂ© aux eunuques du sĂ©rail, qui sont ici Ă  la fois les victimes de l’autoritĂ© et les figures qui l’exercent. Autrement dit, Usbek, grand dĂ©fenseur de la libertĂ© europĂ©enne, est aussi un maĂ®tre impitoyable chez lui. Y a-t-il lĂ  une contradiction ? Pas du tout : c’est le système qui veut ça, nous dit Montesquieu : le système veut que le mari soit le propriĂ©taire des femmes, sur lesquelles il exerce sa jalousie. Cette jalousie «de coutume» est en quelque sorte obligatoire : ses cinq femmes, Usbek ne les aime plus, il en a marre, c’est trop, et d’ailleurs c’est l’une des raisons de son dĂ©part. Eh bien dans Le Temple de Gnide, on retrouve cette revendication très forte : aimez, aimez vraiment, ne vous laissez pas dominer par les conventions (Catherine Volpilhac-Auger dans «Les Lettres persanes, c’est un feu d’artifice !», 2021 - usbeketrica.com).

 

La famille rĂ©gnante ressemble Ă  l'Ă©tat : elle est trop foible, et son chef est trop fort; elle paroit Ă©tendue, et elle se rĂ©duit Ă  rien. Artaxerxès fit mourir tous ses enfants pour avoir conjurĂ© contre lui. Il n'est pas vraisemblable que cinquante enfants conspirent contre leur père; et encore moins qu'ils conspirent parce qu'il n'a pas voulu cĂ©der sa concubine Ă  son fils aĂ®nĂ© (Montesquieu, De l'esprit des lois (1748), V, 14) (Oeuvres complètes de Montesquieu, Volume 2, 1839 - books.google.fr).

 

Montesquieu dit qu'il "tua tous ses enfants pour avoir conspirĂ© contre lui". De quel Artaxerxès Montesquieu veut-il parler ? (Jacques Bouineau, Les toges du pouvoir (1789-1799), ou, La rĂ©volution de droit antique, 1986 - books.google.fr).

 

Artaxerxès II, selon Justin (10, 2), avoit cent quinze fils, dont trois seulement étoient légitimes; cinquante conspirèrent contre leur père, et furent mis à mort (Oeuvres complètes de Montesquieu, Volume 2, 1839 - books.google.fr, La grande encyclopédie: inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts par une Société de savants et de gens de lettres, Volume 3, 1885 - books.google.fr).



[1] Pierre Gaxotte, « Le siècle de Louis XV Â», Le livre de poche – Fayard, 1963, p. 97

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