Les Protestants dans les Alpes, le Vivarais et la Pologne

Les Protestants dans les Alpes, le Vivarais et la Pologne

 

III, 33

 

1728-1729

 

En la cité ou le loup entrera,

Bien pres de là les ennemis seront :

Copie estrange grand païs gastera.

Aux murs & Alpes les amis passeront.

 

"loup"

 

Le début du règne de Louis XV correspond dans nos données à une manifeste retombée du danger. Trois années durant, de 1716 à 1718, tout en se poursuivant, le mouvement d'ensemble paraît se ralentir. Certes, quelques nouveaux foyers s'allument. Dans le Bas-Dauphiné, des victimes de loups sont signalées pour certaines paroisses du Valentinois et du pays de Romans. Le secteur semble avoir été terrorisé par ces prédateurs depuis l'été 1715. Le 28 octobre 1716, lorsque l'on découvre la petite Claire Chambaud «dévorée par le loup», le curé d'Alixan (Drôme) signale que l'enfant est la deuxième à avoir péri ainsi dans l'archiprêtré depuis quinze mois. Le 3 décembre, quand on porte en terre une troisième victime dans la même paroisse, il assure qu'on en arrive à une quinzaine dans les environs depuis trois mois : les deux estimations concordent même si elles peuvent mêler, derrière le terme «dévoré», morts et blessés. Les ravages se poursuivent jalonnés dans notre documentation par des actes de sépulture à Peyrus, Mours et Chantemerle-les-Blés, au nord de Romans, Saint-Bardoux et encore Alixan, au sud. La dernière victime connue pour l'instant est inhumée le 26 mai 1719. En dehors de ce secteur dauphinois — qui s'étend de part et d'autre de Grenoble —, quelques actes isolés signalent des prédations de loups sur l'homme en Beauvaisis (Le Neuville-en-Hez), Nivernais (Clamecy) ou Savoie (La Balme-de-Sillingy), mais la seule zone qui apparaît véritablement frappée reste le Velay et le Livradois. Sur deux périodes de plusieurs années chacune, des loups ont jeté l'alarme parmi les populations du Livradois et du Forez. Deux foyers d'attaques de plus de 200 km2 se sont succédé. Le premier, localisé entre La Chaise-Dieu et Brioude, a fait au moins une trentaine de victimes du 7 septembre 1715, à Frugières-le-Pin (Haute-Loire) jusqu'à novembre 1718 sur huit paroisses proches — mais pour sept autres au moins, les registres font défaute. Dans cette région très boisée, le loup a sévi de 1000 à 1100 m d'altitude. Le second foyer, de l'autre côté des monts du Velay, fait au moins autant de victimes à l'est du Puy, de juin 1726 à mai 1730. Dans ce secteur de hauts plateaux et de pâturages dont l'altitude moyenne tourne autour de 1200 m, cinq paroisses au moins ont compté des victimes dévorées par les loups. Mais la durée de chacune des séquences paraît plus étendue que la chronologie des décès actuellement recensés. Autour de Brioude, comme on l'a vu, les antécédents remontent à la fin du règne de Louis XIV, à 1714. Lorsqu'un garçon d'une vingtaine d'années est «inopinément surpris et dévoré» le 5 février 1717, le curé de Josas incrimine un loup «ou autre animal féroce» qui fait «tant de désordres sans y pouvoir remédier» depuis au moins six ans, ce qui nous reporterait à 1711. Mais, pour les seules paroisses dont les archives nous sont conservées, il faut attendre la Régence pour que ces désordres soient «continuels». Près du Puy, le début des agressions remonterait à 1723 selon le témoignage du curé de Saint-Front (Haute-Loire) :

 

«Depuis l'année 1723 jusques à la fin de la présente année 1729, les loups firent un très déplorable ravage dans plusieurs paroisses de ce diocèse, dévorant un très grand nombre d'enfants partout où ils passaient. Le nombre des enfants de cette paroisse dévorés par ces loups durant le cours de ce fléau a été d'environ 14 filles ou garçons depuis l'âge de 7 ans jusques à 20, et le nombre de ceux qui en furent attaqués, petits ou grands, fut de 23 environ, qui échappèrent par la Providence divine du malheur des autres. La terreur était générale. Ces maudits animaux s'en prenaient aux grands comme aux petits plus en plein jour que de nuit. Les plus intrépides étaient alarmés. Canard, curé.»

 

Même si l'on peut discuter des chiffres invoqués dans ce commentaire, l'ordre de grandeur qu'ils suggèrent concorde très bien avec les actes individuels que l'on a pu retrouver sur une partie de la zone concernée 8 actes de décès de 1726 à 1729 lorsque le curé Canard en compte 14 «environ» de 1723 à 1729. L'intérêt de son témoignage réside aussi dans l'appréciation du nombre de victimes qui n'ont été que blessées ou effrayées — 23 —, un chiffre supérieur à celui des sépultures. De nouveau, nous comprenons que les attaques ont fait globalement deux fois plus de victimes que les seuls tués. Nous percevons aussi un décalage comparable entre la durée réelle des séquences — sept ans dans les deux cas, semble-t-il — et celle qui nous est directement mesurable dans les sources subsistantes — trois à quatre années, sans doute les plus meurtrières. Enfin, le caractère sporadique des agressions apparaît en pleine lumière avec un effet de «déplacement» géographique d'une zone à l'autre sans que l'on puisse établir, d'après nos sources, une solution de continuité. Exception faite des deux foyers voisins aperçus en Livradois et en Velay, les années 1720 dessinent une accalmie dans l'évolution générale. La France du duc de Bourbon et des débuts du cardinal Fleury subit davantage les attaques de loups enragés, comme nous le préciserons, que celles des loups anthropophages (Jean-Marc Moriceau, Histoire du méchant loup: 3 000 attaques sur l'homme en France (XVe-XXe siècle), 2007 - books.google.fr, Jean-Marc Moriceau, L'Homme contre le loup, Une guerre de deux mille ans, 2011 - books.google.fr).

 

L'année 1727, à l'entour de la Ville du Puy, les loups garous ont tué ou mangé plus de cinquante personnes et la plus grande partie a été de jeunes enfants. Le 7e janvier 1728 on a entendu de grands tonnerres et éclairs en forme de coups de canon. Les 27 et 28 avril 1728 un loup a blessé dans moins de 24 heures vingt-six personnes, presque toutes à mort, en la paroisse de Pranles, au quartier de Montagut ; et deux jeunes garçons âgés de quinze ans l'ont tué, que l'un avait saisi le loup par l'oreille et une jambe, et l'autre l'a tué à coups de hache. Celui qui le saisit avait été blessé à une main et n'a vécu que deux mois depuis ledit jour. Jusqu'au 7e du mois d'août en est mort de cette blessure le nombre de quatorze, quoiqu'ils fussent été guéris de leurs plaies. Quelques jours après la mort de cette bête l'on a vu dans ladite paroisse un autre loup, pendant trois semaines, qui suivait les gens, les bergers et bergères, mais il ne faisait point de mal ni à gens ni à bêtes (Etienne Gamonnet, Au Bouschet de Pranles, Étienne Durand et les siens : un siècle de résistance protestante pacifique en Vivarais, 1994 - books.google.fr).

 

"amis" et "ennemis" : les amis de l'Evangile"

 

Scultet nous apprend, que Flaminio étoit Ami de l'Evangile, c'est-à-dire, suivant le langage des Protestans, qu'il étoit attaché à leur Religion, qu'ils nomment Evangélique. Scultet ajoute, que Flaminio florissoit à la Cour de Renée, fille du Roi Louis XII, Duchesse de Ferrare, laquelle avoit dissipé les ténébres de l'Italie par la lumière de l'Evangile (Les éloges des hommes savans tirez de l'Hiftoire de M. de Thou, Tome 1, 1715 - books.google.fr).

 

Abraham Mazel et un jeune homme de Vals, Jean Justet, tentèrent un nouveau soulèvement en 1709. Ils groupèrent tout au plus une centaine d'hommes. Après divers engagements où ils eurent le dessus, les camisards subirent une première défaite à Leyrisse. Le reste de la troupe fut à nouveau attaqué, quelques jours plus tard, par les soldats à Fontréal (Saint-Jean). Les camisards se battirent «avec un courage qui étonna plus d'une fois leurs ennemis. Après un combat des plus opiniâtres et de plusieurs heures et de plusieurs heures, ils furent mis en déroute et dispersés». Plusieurs de ceux qui tentaient de s'échapper furent arrêtés ainsi qu'un certain nombre de personnes accusées de les avoir assistés. «Il y en eut aussi une quarantaine qu'on exécuta les jours de marché dans les principaux lieux du Vivarais.» Un courageux colporteur, Jean-Louis Mercier, dit le petit Louis, qui introduisit maint ballot de livres de piété, était de la paroisse de Saint-Jean-Chambre. Il fut enfermé quelque temps à Beauregard en 1728, d'où il s'évada, et, plus tard,à Nîmes. Libéré, il se réfugia en Suisse, à Genève. De là, il informait, en 1736, Antoine Court de sa triste situation et lui disait comment il avait «exposé sa vie et tous ses biens pour soutenir la gloire de Dieu et les intérêts de la religion de Jésus-Christ» (Samuel Mours, Le Vivarais et le Velay protestant, 1947 - books.google.fr).

 

L'union des Eglises du Vivarais, du Dauphiné et du Languedoc étant consommée, il était naturel et nécessaire qu'elles se constituassent en synode général. Le célèbre Benjamin du Plan, gentilhomme d'Alais, réfugié à l'étranger, «conseillé,» dit Ed. Hugues, par quelques personnages de la Suisse, venait d'écrire qu'il serait nécessaire de tenir un synode général, où se réuniraient les députés du Vivarais, du Dauphiné, du Languedoc et des Cévennes. On pourrait ainsi, disait-il, prendre des mesures communes pour la propagation de l'Evangile. Court trouva le conseil judicieux, la convocation d'un synode général fut décidée.» Une première et une seconde assemblée d'un caractère général s'étaient déjà tenues en Vivarais, comme on l'a vu, les 21 juin et 29 août 1725; mais, soit que les députés des provinces ne s'y fussent pas trouvés en nombre suffisant, soit qu'on y eût résolu de se réunir une troisième fois, soit surtout qu'on jugeât indispensables la présence de Court et le concours de ses lumières (il n'avait pas assisté aux deux synodes susdits), ce ne fut que le 16 mai 1726, au fond d'une vallée reculée du Vivarais, que s'ouvrit, après une interruption de soixante et dix années, le premier synode général des Eglises réformées du désert de France. Quarante-huit membres y assistèrent : trois pasteurs, Roger, Corteiz et Court; neuf proposants (ou prédicateurs), et trente-six anciens. Les 26 articles qui furent arrêtés avaient été déjà adoptés par les synodes provinciaux du Languedoc, du Vivarais et du Dauphiné; mais on les coordonna, compléta et rédigea plus correctement. Durand demanda, pendant la tenue du synode, à recevoir l'imposition des mains, et la cérémonie eut lieu le 17 mai. Les pasteurs consacrants furent ceux que nous avons déjà nommés. C'étaient du reste les seuls que possédassent à cette heure les Eglises sous la croix. Roger prononça le discours de consécration. Le 26 décembre suivant, Durand se fiança à Anne Rouvier, de Cros, paroisse de Saint-Etienne-de-Serre, soeur du galérien pour la foi, et fille de Jacques Rouvier, notaire royal; mais la mère de celle-ci, qui avait déjà un fils aux galères, s'étant opposée à ce mariage à cause des dangers auxquels Durand était exposé comme pasteur, il fallut vaincre ses résistances et la cérémonie n'eut lieu qu'en mars 1727. Roger le bénit au désert. Court profita de son séjour en Vivarais pour faire une visite générale des Eglises de cette province et «mettre, comme il le dit lui-même, la dernière main à l'établissement de l'ordre dressé dans cette province depuis quelques années.» En 1727, le 11 octobre, le deuxième synode national se réunit dans le Dauphiné. L'année suivante (1728), Corteiz visita les Eglises du Velay. Il présida une assemblée à trois lieues du Puy et y bénit treize mariages. Cependant Dortial continuait à faire de l'opposition à la discipline. Le synode du 17 avril 1725 lui avait retiré son titre de prédicateur à cause de ses nombreuses révoltes et de sa sympathie pour les inspirés, mais il ne cessa pas pour cela de prêcher. Il se créa même un parti dans la Montagne et y présida des assemblées. A la suite d'une affaire, que Fauriel dit Ladreyt appelle «un badinage,» il faillit être arrêté. Un certain nombre de ses partisans le furent, mais on les relâcha au bout de quelques mois. Ils n'en devinrent pas plus raisonnables pour cela. «Ils sont plus fous que jamais», écrit le même Fauriel le 21 avril 1729. Il constate pourtant, tout comme Durand, que Dortial voyait le nombre de ses adhérents diminuer de jour en jour. Dans le Dauphiné, où il allait également présider des assemblées, il ne trouvait plus de retraite ; et, dans le Vivarais, un seul village consentait à le recevoir. Au commencement de 1729, à la suite de quelque assemblée sans doute, l'autorité fit raser deux maisons à la Traverse : celle de Vernet de la Verneze et celle de Blache. Plusieurs protestants furent condamnés aux galères pour une autre assemblée , tenue à Saint-Fortunat et que paraît avoir présidée Mercier; mais celui-ci parvint à s'échapper et les autres inculpés également.

 

La tenue du premier synode national du désert avait concordé avec l'avènement du ministère du cardinal Fleury, prélat prudent et modéré, qui laissa d'une manière générale les protestants en repos pendant sept années (1726-1732); mais les persécutions locales, qui dépendaient de l'humeur des intendants et de celle de leurs subdélégués, continuèrent comme par le passé, et les pasteurs en furent surtout les victimes (Eugène Arnaud, Histoire des protestants du Vivarais et du Velay: Quatrième période : le désert, 1888 - books.google.fr, museeprotestant.org).

 

Dans les Alpes, les Vaudois s'étaient unis aux protestantisme vers 1536, ils s'y étaient réfugiés vers 1209 alors qu'ils étaient persécutés dans le reste de la France (Comba, Histoire des Vaudois d'Italie depuis leurs origines jusqu'à nos jours, 1887 - books.google.fr).

 

Pour les Vaudois dans les quatrains, voir les mots "barbe" et "Mésopotamie".

 

"cité"

 

Civitas Vellavorum. La civitas Vellavorum est aussi une des cités, assez nombreuses dans la Gaule méridionale, dont le territoire forma un pagus unique, ayant conséquemment les mêmes limites que celles du diocèse. Le siège épiscopal, originairement à Vellavis, aujourd'hui Saint-Paulien, fut de bonne heure transféré au Puy, qu'on nommait alors Anicium; mais le pagus n'en conserva pas moins le nom de pagus Vellaicus - par contraction de Vellavicus qui subsiste encore sous la forme Velay (Auguste Longnon, Atlas historique de la France depuis César jusqu'à nos jours, Tome 1, 1885 - books.google.fr).

 

"grand pays" : A l'Est

 

Selon Voltaire et l'Encyclopédie (Jocourt), la Pologne est un pays qui regorge de richesses : "ce grand pays est très fertile" (Voltaire, Histoire de Charles XII, 1731) (Michel Marty, Voyageurs français en Pologne durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, écriture, Lumières et altérité, 2004 - books.google.fr).

 

À la mort de Frédéric II de Courlande en 1698, son fils et successeur Frédéric Guillaume n'a que six ans. C'est l'oncle de l'enfant, Ferdinand Kettler, général dans l'armée polonaise, d'une branche de la famille Kettler, reconvertie au catholicisme, qui assure la régence. La grande guerre du Nord faisant rage, la Russie en profite pour contrôler la Livonie et d'influer sur la politique de la Courlande. Le tsar Pierre le Grand reçoit une promesse de mariage entre Frédéric Guillaume et une de ses deux nièces Anna Ivanovna (fille du frère de Pierre, Ivan). L'union est célébrée à Saint-Pétersbourg en 1710 mais, sur le chemin du retour, le jeune duc (19 ans) tombe malade et décède en 1711. À partir de cette date, c'est Anna et la Russie qui vont tenir les rênes du duché (fr.wikipedia.org - Histoire de la Courlande).

 

Entre la Pologne et la Russie, le comte Maurice de Saxe n'a pas vu d'où venait le danger. Il a toujours cru qu'il serait capable, aidé par la noblesse de Courlande et appuyé par la Russie, de se débarrasser de l'armée polonaise dont il connaît les faiblesses : mauvais calcul. Lorsque Catherine envoie Dolgorouki à Mittau en juillet 1726, c'est pour imposer la désignation de l'un des candidats de l'impératrice. Le duché est occupé, mais il n'y a pas de bataille de Mittau. Imprévisible, Catherine a brusquement désavoué Menchikov, alors que les magnats réunis à Grodno refusent de ratifier l'élection du comte de Saxe. En octobre enfin, pressé par sa Diète, Auguste II somme Maurice de quitter la Courlande et, le 9 novembre 1726, proclame le rattachement du duché à la République. La guerre de succession de Courlande commence. Le duc successeur s'y prépare, autant que les richesses de son duché le permettent : sans ressources, sans véritable pouvoir car Ferdinand est toujours vivant – réfugié à Danzig – abandonné par Anna qui finalement refuse de l'épouser, lâché par la Diète de Courlande qui, pour éviter la guerre, refuse de voter l'instauration d'un service militaire et d'une armée permanente dont l'institution serait contraire aux libertés du duché, il est sans alliances car l'Europe en paix ne souhaite pas rompre ses nouveaux équilibres. Enfin, en mai 1727, il perd même, avec la mort de la tsarine Catherine, l'avantage de la neutralité passive de la Russie. Pierre II, âgé de douze ans, est entièrement mené par Menchikov, qui engage la guerre à son propre compte. Incapable de devenir une affaire internationale, la succession de Courlande se transforme en une querelle de personnes, entre un duc successeur à peine légitime et sans armée, et un parvenu avide soutenu par toutes les forces de la Russie. La guerre ne dure pas longtemps ! (Jean-Pierre Bois, Les guerres en Europe, 1494-1792, 1993 - books.google.fr).

 

Il n'y a pas eu de troisième guerre du Nord pour la succession de Courlande, ce qui suffit à confirmer que, désormais, la Baltique peut devenir un lac russe. Autour de 1730, l'Europe est en paix depuis dix ans. Les alliances et les revirements, les menaces et les réconciliations n'ont pas manqué. Les diplomates s'imposent dans toutes les cours, et savent éviter la guerre. Mais les conceptions qui dominent le jeu diplomatique restent de caractère ancien : les intérêts dynastiques ont la priorité sur les intérêts de l'État, sauf pour l'Angleterre et la France, qui n'ont pas de prétendant à pourvoir, et sans doute pour la Prusse, que Frédéric-Guillaume Ier transforme en grande puissance avec l'immense sagesse de ne pas la lancer dans une aventure dont le désastre de Charles XII lui a appris les risques. Mais peut-être la paix a-t-elle tenu surtout parce que aucun enjeu majeur n'est venu la remettre en cause. Le 1er février 1733, la mort du roi Auguste II de Pologne ouvre une succession d'une autre importance que celle de Parme ou de Courlande (Jean-Pierre Bois, De la paix des rois à l'ordre des empereurs (1714-1815), Tome 3, 2014 - books.google.fr).

 

Ferdinand, le dernier de la dynastie des Kettlers (mais il n'est pas duc) s'éteint en 1737. Entre-temps, Anna Ivanovna est devenue impératrice de toutes les Russies à la mort de Pierre II en janvier 1730. Son favori, qu'elle a rencontré en Courlande Ernest Bühren, se fait nommer duc de Courlande. La mort d'Anna en 1740 le fait tomber en disgrâce. La Courlande est disputée entre la Russie et la Pologne, qui, à la suite des différents partages, ne pourra plus rivaliser. La Courlande passe domination russe et son histoire se confond alors avec celle du gouvernement de Courlande qui deviendra en 1918 la Lettonie (fr.wikipedia.org - Histoire de la Courlande).

 

Protestants en Pologne

 

Ces divisions du protestantisme assurèrent le triomphe de la réaction catholique sous Sigismond III (1587-1632), le roi des jésuites. Les sociniens, proscrits les premiers de la Pologne, se virent bientôt suivis dans l'exil par les autres communautés protestantes. Wladislas IV chercha vainement à rétablir la paix par le colloque général de Thorn, 1645 Herzog, Real. Enc., article Thorn). Les jésuites finirent par l'emporter; les scènes hideuses de 1724, à Thorn, sont leur plus bel ouvrage. En 1733, les protestants se virent exclus de tous les emplois et de la diète. Jusqu'à nos jours les deux communautés, réduites à un chiffre insignifiant, ont vécu séparées, tout en suivant les destinées des trois puissances qui ont violé le droit des gens et la justice par l'odieux partage de la Pologne. Les Russes ont vainement imposé l'union aux protestants polonais devenus leurs sujets en 1775 : l’ukase a été rapporté en 1849. L'histoire contemporaine des luttes engagées entre les czars et les papes au sujet de la Pologne appartient à l'histoire de la Russie (Frédéric Lichtenberger, Encyclopédie des sciences religieuses, Tome 12, 1882 - books.google.fr).

 

"gastera" : gâteux

 

La couronne de Courlande, d'après la loi de l'État, fut déférée à l'oncle de Frédéric-Guillaume, au vieux duc Ferdinand, dernier représentant des Kettler. C'était un vieillard chagrin et faible, si faible que le sceptre ducal lui eût été un fardeau trop lourd, alors même que la situation précaire de sa maison et les convoitises des prétendants n'eussent pas entretenu dans le pays de continuelles agitations. A qui appartiendrait la Courlande après la mort de Ferdinand ? La Russie, la Prusse, la Pologne, avaient les yeux fixés sur cette proie (René Gaspard Ernest Taillandier, Maurice de Saxe: étude historique d'après les documents des Archives de Dresde, 1865 - books.google.fr).

 

Acrostiche : EBCA

 

Evka forme slave d'Ève (Eva, Evka, Eba, Ebka, Heba, Hebka, Hejba, Hejbka) (Florence Le Bras, 30 000 prénoms du monde entier, 2008 - books.google.fr).

 

En effet, ce règne des femmes en Russie dont nous allons montrer les principaux épisodes, révèle l'intrigue de palais et l'incertitude des successeurs, deux traits qui appartiennent en propre aux pays orientaux. Il y a d'abord une généalogie compliquée dont nulle institution n'a pris soin de prévenir les complications. Pierre le Grand, de son premier mariage avec Eudoxie, avait eu pour fils le tzarevitch Alexis, mis à mort par lui-même ; du tzarevitch Alexis naquit Pierre II dont nous venons de voir le règne si bref. En revanche, Anne et Elisabeth étaient les filles de sa seconde femme Catherine. Anna Ivanovna était la nièce de Pierre Ier, Ivan VI était petit-neveu de Pierre le Grand, Pierre III était le fils d'Anna de Holstein, sour aînée d'Alexis Pietrovitch et sa femme Catherine II est nettement étrangère, s'appelant de son nom de princesse Sophie-Augusta d'Anhalt-Zerbst. Les circonstances des avènements sont encore à considérer : Catherine Ière devient impératrice par une sorte de fantaisie de son époux. Mais après la mort de Catherine Ière, l'usage survit de faire proclamer le tzar par le Conseil suprême et le Sénat, influencés bien entendu par les partis et les coteries. Il n'y a pas grande difficulté pour la reconnaissance de Pierre II, mais à sa mort la succession devait revenir à Anna, fille aînée de Pierre le Grand. Le Conseil suprême, réuni à Saint-Pétersbourg, l'écarte du trône parce qu'elle a épousé le duc de Holstein, et, à défaut de successeur mâle, proclame la légitimité des successions féminines et le retour à la branche aînée. C'est ainsi que le trône est offert à Anna Ivanovna, fille d'Ivan V, frère de Pierre le Grand. Ivan VI, installé sur le trône à sa naissance par un favori d'Anna, n'était qu'un prétexte pour retarder l'avènement d'Elisabeth. Elisabeth n'arrivera à conquérir son trône que par un coup d'Etat et c'est encore par un coup d'Etat que Catherine II s'empare du pouvoir en se débarassant de son mari Pierre III (Edouard Krakowski, Histoire de Russie, l'Eurasie et l'Occident 1954 - books.google.fr ).

 

Anna Ivanovna fut duchesse de Courlande, étant l'épouse du duc Frédéric-Guillaume.

 

Catherine II de Russie naît en 1729 (fr.wikipedia.org - Catherine II).

 

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