Géant III, 65 1752-1753 Quand le sepulcre
du grand Romain trouvé, Le jour apres sera
esleu pontife : Du senat gueres il ne sera prouvé : Empoisonné son sang au sacré scyphe. Le pape Victor II Après la mort du Pape St. Léon IX. arrivée
le 19 d'Avril 1054, les Romains envoyèrent à l'Empereur Henry Hildebrand Soûdiacre
de l'Eglise Romaine, avec pouvoir de faire élire en Allemagne au nom du Clergé
& du peuple Romain, un Pape; n'y aïant alors
personne dans le Clergé de Rome, que l'on jugeât digne de cet honneur. Cette
élection se fit à Mayence, où les Evêques assemblez élurent à la recommandation
d'Hildebrand, Gebehard Evêque d'Eichstett,
proche parent de l'Empereur, suivant en cela l'intention des Romains.
L'Empereur en proposoit d'autres, qu'il jugeoit plus propres à cette dignité, & souhaitoit qu'on lui lassât Gebehard
qu'il aimoit tendrement, & qui lui étoit nécessaire dans le gouvernement de l'Empire. Gebehard lui-même ne vouloit
point être Pape. Mais Hildebrand ne voulut point changer, & le nouveau Pape
fut amené à Rome malgré l'Empereur & malgré soi Ce n'est qu'en
septembre 1054, à Mayence, que l'empereur Henri III, recevant les représentants
du clergé et de la ville de Rome, se met d'accord avec eux, pour offrir la
tiare à l'évêque Gebhard d'Eichstedt,
celui-là même qui avait combattu victorieusement, dans l'entourage d'Henri III,
la politique belliqueuse de Léon IX. Sa désignation comme pape est de septembre
1054; c'est seulement en mars suivant qu'à Ratisbonne il donne son consentement C'est à l'âge de
37 ans, le Jeudi saint 13 avril 1055, qu'il fut élu pape, prenant le nom de
Victor II. Dès le début de son pontificat, Victor II se montra un partisan
dévoué de la politique impériale. Il se trouvait à Rome depuis la fin de 1055,
quand, dès l'automne 1056, il retourna en Allemagne pour demander la protection
de l'Empereur contre les Normands, qu'il présenta comme de «nouveaux
Sarrasins». Il parvint à réconcilier Henri III avec Godefroy II, duc de
Lorraine. Après avoir présidé aux obsèques impériales le 28 octobre, Victor II
fut, le 5 novembre suivant, le principal artisan de l'élection du jeune fils
d'Henri III comme empereur, sous le nom d'Henri IV, et mit en place la régence
d'Agnès d'Aquitaine, veuve de l'empereur. L'importance du rôle qu'il continua Ã
tenir dans d'autres affaires politiques de la région, a pu faire dire de Victor
II qu'il fut davantage chancelier du Saint Empire romain germanique que chef de
l'Église catholique romaine. Il mourut de la malaria à Arezzo le 28 juillet
1057, après un pontificat de 2 ans, 3 mois et 10 jours. Il a été enterré dans
S. Maria Rotonda de Ravenne. Il fut le dernier
pape allemand pendant 950 ans, jusqu'à l'élection de Benoît XVI en 2005 "Empoisonné" On raconte qu'un soudiacre mécontent voulut l'empoisonner, mit du poison
dans le vin du calice, & que le Pape n'aïant
pu l'avaler après la consécration, se prosterna avec le peuple, pour demander Ã
Dieu de lui en découvrir la cause. Aussitôt l'empoisonneur fut saisi du Démon,
& confessa son crime. Le Pape fit
renfermer le calice dans un Autel, avec le sang de notre Seigneur, pour le
garder à perpétuité avec les reliques. Puis il se prosterna de nouveau en
prières avec le peuple, jusqu'à ce que le Soûdiacre fut délivré Le grand Pallas Voici quelques nouvelles preuves de l'existence des géans, que l'on peut ajouter à celles que nous avons
rapportées dans notre dissertation sur cette matière, & dans ce
Dictionnaire. Voici le texte d'Albéric
Moine des trois Fontaines, qui rapporte après Elinand
la découverte qu'on fit du corps de Pallas fils d'Evandre,
tué par Turnus. Cette découverte se fit, dit-on, en
1041 mais Alberic ne la rapporte qu'en 1054. Elinandus ex dictis Guillelmi.
Eo tempore corpus Pallantis filii Evandri Romae integrum
repertum est, cum hoc epitaphio
: Filius Evandri Pallas
quem lancea Turni / Militis occidit, more suo jacet hic On a constaté aussi la présence d'os de géant dans l'île de Rhodes. De même en
Italie, en 1041, sous l'empereur Henri II, fils de Conrad, note le chroniqueur
Jacques de Bergame, on trouva près de
Rome le corps d'un homme, qui ayant été apporté dans la ville et dressé contre
les murs, allait jusqu'à la hauteur des créneaux. On prétendit que c'était le
corps de Pallas, fils d'Évandre, tué par Turnus. Sa plaie avait plus de quatre pieds de large Dans
la tête, écrit Albéric de Trois-Fontaines, on
trouva une lampe allumée. Comme ni l'aspersion de liquide ni la violence du
souffle ne parvenaient à l'éteindre, quelqu'un à l'esprit plus ingénieux creusa
un trou sous la flamme à l'aide d'un pieu, et aussitôt, sous l'effet de l'air,
le feu s'évanouit Selon Albéric,
c'est peu après la mort du pape Léon IX et son inhumation, que le tombeau de
Pallas aurait été trouvé, l'intronisation de Victor II étant mentionnée par
Albéric en 1055 juste après. L'élection
de Victor II à Mayence en 1054 se situe alors entre les deux Guillaume de Malmesbury date cette découverte de 1046 Riccobaldi de Ferrare,
historien du XIIIe siècle, adopte la même datation, après l'élection de Clément II Ptolémée de Lucques la situe en 1067, Baronius
dans ses Annales Ecclesiastici en 1056 Ptolémée de Lucques (v. 1236-1327), connu aussi sous le
nom de Tolomeo da Lucca ou
Bartholomée de Lucques, grandit dans une famille de classe moyenne. Ainsi
surnommé du nom de sa patrie, il étoit de la famille
des Fiadoni, que l'on comptoit
déja entre les nobles de Lucques dès l'an 1200. Il
entra dans l'ordre dominicain. Galeotus Martius
remarque que Virgile raconte que le corps de Pallas fut brûlé. Le nom d'une personne dont le nom sensiblement homonyme
au vocable du Palatium romain passait pour s'être
trouvé en rapport avec ce site du Mont Palatin en influant, par son existence, sur
sa fondation. C'est ainsi qu'on invoquait Palanto
femme de Latinus (Varron), ou bien Palanto, fille de Hyperboreus, séduite par Hercule (Solin) et mère de Latinus
(Festus) ou bien Pallantia,
fille d'Evandre, séduite par Hercule (Servius) ou
bien Pallas, fils de Pallantia (Servius), ou bien Pallas, fils d'Evandre
(Servius), ou enfin Pallas aïeul d'Evandre
(Servius). D'après Virgile,
Pallas aurait été inhumé (Festus) sur l'emplacement
qu'Evandre aurait appelé le Palanteum
(Solin, Isidore) Ils le rattachaient le plus souvent à la légende d'une
occupation arcadienne, sur une des
collines de la future Rome, en se référant à la ville de Pallantion ou à l'Arcadien Pallas. Cette légende est
intégrée par Virgile à la tradition des origines troyennes C'est en cela que Pallas serait Romain, par anticipation. 1046 Si on s'en tient à la date de Malmesbury,
une autre circonstance est possible avec le pape Clément II élu en 1046 et qui
aurait été empoisonné par l'ancien pape Benoit IX, selon la chronique dite de
Loup le Protospataire Mais il serait mort le 9 octobre 1047 par la respiration
de la fumée toxique de cierges Ou par un poison préparé par les soins de Benoit IX Suidger de Morsleben
et Hornburg, né vers l'an 1005 à Hornburg
au duché de Saxe, fut pape sous le nom de Clément II durant 9 mois et demi,
entre le 24 décembre 1046 et sa mort le 9 octobre 1047 à l'abbaye de San
Tommaso près de Montelabbate. Il est le premier des
cinq papes réformateurs du système d'Église d'Empire investi par les souverains
de la dynastie franconienne de 1046 à 1058 Mais on perd le "sacré scyphe".
872 Jean VIII, né à Rome vers 820, pape du 14 décembre 872 au
16 décembre 882. Il est surtout connu pour ses interventions en direction de
l'Église de Constantinople pour mettre fin au schisme de Photius. Le pape Jean VIII meurt en 882 dans des circonstances
malheureuses. Les Annales de Fulda disent qu’il est empoisonné puis, comme il
ne mourait pas assez vite, frappé à coups de marteau. Il serait donc le premier
pape assassiné Le roman d’Enéas et la Lettre du prêtre Jean M. Joly, dont il faut lire les longs et curieux
développements sur cette question, a judicieusement rapproché la lampe
inextinguible du tombeau de Pallas, dans l’Eneas,
d’un passage du chroniqueur anglais Guillaume de Malmesbury
(vers 1090/1095 - vers 1143), qui, évidemment, n’a pas inventé lui-même ce
détail. Le Roman d'Eneas, dont l’auteur est inconnu
qui écrit entre 1170 et 1175, se compose, dans l’édition de M. J. Salverda de Grave, de 10156 vers octosyllabiques à rime
plate Cf. la Didon de l'interprétation troisième vers ("De
mort merite ne mourra, ne
par sort" inspiré de Enéide IV, 696)
du quatrain suivant III, 66 - Cruzy le Châtel -
1753. L'auteur de l'Enéas insiste ainsi sur les méthodes et l' Dans le roman d'Eneas, le tombeau de Pallas est fait de pierres précieuses et de marbre
multicolore On trouvera entre l'Enéas et la plus ancienne version
latine de la Lettre du Prêtre Jean, des rapports qui ne peuvent tous être dus
au hasard, et voici des rapprochements qu'il est légitime de faire : 1° Le roman parle d'une lampe éternelle garnie de baume
(v. 9512). La Lettre (éd. Zarncke, dans les Abhandl. der königlich sächsischen Gesellschaft der Wissenschaf
ten ,
phil.-hist. Classe , t. VII) dit,
§ 63 : «Balsamum semper in eadem
camera ardet. » 2° Le roman dit que l'on fabrique la pourpre avec le sang
de certains petits poissons (v. 471 ss.). La Lettre,
de son côté, porte, § 54 : «Apud nos capiuntur pisces, quorum sanguine
tinguitur purpura.» 3° Le roman décrit la couverture du tombeau de Pallas de
la manière suivante : 6429 La coverture de desus Fu tote faite d'ebenus ; Une aguille ot amont levee Tote de cuivre sororee
; Tresgeté i ot treis pomels. Et la Lettre parlant du palais du prêtre Jean : § 57 : «Coopertura
ejusdem palacii est de ebeno,
ne aliquo casu possit comburi. In extremitatibus vero super culmen palatii sunt duo poma aurea...». Enfin, on a vu précédemment de quelle façon singulière
était bâti le tombeau de Camille. Or la Lettre décrit un monument du même genre
placé devant le palais du Prêtre : § 67 : «Ante fores palatii nostri justa locum, ubi
pugnantes in duello agonizant, est speculum praecelsae
magnitudinis, ad quod per cxxv gradus ascenditur. Gradus vero sunt de porfiritico, partim de serpentino et alabastro a tercia
parte inferius. Hinc usque ad terciam partem superiussunt de cristallo lapide et sardonico.
Superior vero tercia pars
de ametisto, ambra, iaspide
et panthera. Speculum vero
una sola columpna innititur. Super ipsam vero basis jacens, super quas item alia
basis et super ipsam quatuor
columpnae, super quas item
alia basis et super ipsam vin columpnae,
super quas item alia basis et super ipsam columpnae xvi, super quas item alia basis, super quam columpnae
xxxn, super quas item alia
basis et super ipsam columpnae
lxiv, super quas item alia basis, super quam item columpnae lxiv, super quas item
alia basis et super ipsam columpnae
xxxn. Et sic descendendo dimi-nuuntur columpnae, sicut ascendendo creverunt, usque ad unam.
Columpnae autem et basis ejusdem generis lapidum sunt, cujus
et gradus, per quos ascen-ditur
ad eas. In summitate vero supremae columpnae est speculum, tali arte consecratum,
quodomnes machinationes et omnia, quae pro nobis et contra nos in adjacentibus
et subjectis nobis provinciis fiunt, a contuentibus liqui-dissime videri possunt et cognosci.» De ces rapprochements, tous n'ont pas, à la vérité, la
même importance : 1° La lampe garnie de baume et qui brûle toujours se
retrouve ailleurs que dans ces textes, et déjà , par exemple, dans la relation
de l'Archiprêtre des Indes (éd. Zarncke, § 33). 2° Si les deux textes appellent les coquillages à pourpre
des poissons, Isidore et Bède en font autant. 3° Quant au toit d'ébène et aux boules d'or, il faudrait
savoir si les deux textes n'ont pas puisé directement, et chacun de son côté,
dans la réalité ou dans des traditions courantes. Il reste toutefois (et ceci est indiscutable) que la
combinaison de la construction à évasement progressif et de la colonne
surmontée d'un miroir cons¬ titue un tien très étroit entre les deux écrits : elle prouve
ou que l'auteur de la Lettre a utilisé l'Enéas, ou
que celui de l'Enéas a utilisé la Lettre, ou que l'un
et l'autre ont utilisé une même source. Il n'y a pas d'autre explication
possible. Mais laquelle est la bonne ? J'avoue que je ne suis pas, pour
l'instant, en mesure d'y répondre d'une façon satisfaisante Persécutés en Chine durant l'anarchie militaire, les
Nestoriens s'étaient réfugiés chez les Keraïtes qui
avaient constitué un empire, dont le roi fut au XIe (1007) siècle baptisé par
le Métropolite de Merv : la légende du prêtre Jean avait déjà ses racines Celle de Kerit étoit toute de Chrétiens Nestoriens, & leur Roi étoit Prêtre & marié. On le nommoit
en la Langue de la Religion du pays, qui étoit
Chaldaïque, Malek Iouhanna, le Roi Jean. C'est celui
que les Portugais ont nommé Prêtre Joan, le Prêtre Jean ; nom qu'ils communiquerent depuis au Roi d'Ethiopie qui étoit aussi Chrétien Sénat, avec l’hypothèse Victor II Il était difficile que les Romains aimassent le
gouvernement d'un étranger, de mœurs trop sévères pour souffrir tranquillement
leur turbulence et leurs vices. Aussi tentèrent-ils bientôt de s'en défaire, et
un sous-diacre se chargea d'empoisonner le vin du calice : un miracle, selon
les auteurs, sauva la vie de Victor Dans ce siècle (1060-1160), on ne connaît ni les espèces
papales, ni impériales. Le pouvoir du peuple et de son sénat y est devenu
tout-puissant, et l'empreinte de la monnaie dut alors même accepter la formule
S. P. Q. R. du sénat et du peuple romain. Depuis 1119, le sénateur-chef, élu ou
nommé par le pape, fut mis à la tête des affaires : mais la domination du
peuple et les formes populaires furent conservées "sacré scyphe" Le vase ou la coupe dans laquelle Hercule buvait le vin
s'appelait Scyphus Herculeus,
et selon Macrobe, il était particulier à Alcide, comme le cantharus à Bacchus. Scyphus Herculis poculum. est, itet
ut Liberi patris cantharus.
Saturn., liv. V , ch. XXI, page 564. L'étymologie du mot Scyphus, qui est grec, est tirée par Forcellini
de "kuphos", quod vas quoddam concavum
signifient. Campeggîo dans son traité', de Re Cibaria, liv. III, ch. XI,
donne encore d'autres étymologies, quelqu'un ayant encore l'opinion que ces
vases furent ainsi nommés à cause des Scythes, dont l'intempérance pour le vin
était telle qu'on disait Scythiare pour s'énivrer. Ce vase était remarquable par sa grandeur ce que
nous apprend Stace : gemini cratera ferehant Herculeum juvenes, illum Tyrinthius olim Ferre manu sola, spumantemque ore supino. Vertere seu monstri victor, seu Marte solebat. (Theb. VI, v. 531) Servius confirme la chose en disant: Legitur in libris antiquis,
Herculem ad Italiam ingens ligneum poculum intulisse, quo utébatur in sacris : quod ne carie consumeretur,
pice oblitum servabatur, cujus magnitudinem, religionemque simul significat
ausujet du vers de Virgile  Implevit dexteram sacer scyphus. Ad Aeneid., liv. VIII, v. 278 Servius apporte sur la coupe d'Hercule des détails que le
texte de Virgile ne semblait pas appeler nécessairement. On n'oubliera pas que scyphus a
pu s'employer chez des auteurs chrétiens pour désigner des vases liturgiques. Ira-t-on
jusqu'à observer que, malgré le détail trivial de la poix, ce calice
extraordinaire, indestructible, apporté de bien loin par un demi-dieu dans un pays
qui lui voue désormais un culte, consacré à des rites particuliers destinés Ã
durer bien après celui au souvenir duquel il est associé, pourrait avoir
quelque imaginaire point commun avec un vase chrétien connu ? L'apôtre Jean
supposé auteur de l'Apocalypse est représenté avec un calice d'où sort un
serpent symbole de la tentative d'empoisonnement par des hérétiques. A la fin du moyen âge le serpent qui sort du calice est
remplacé par un élégant petit dragon ailé qui est posé sur le calice et qui
symbolise la force du poison s'évanouissant à la prière de saint Jean "Le jour
après" Ce lendemain de la découverte du tombeau n’est pas expliqué précisément. En rapport avec ce qui précède, considérons les évangiles. Une première référence au temps est indiquée par
l’adverbe epaurion,
qui est traduit par le lendemain ou le jour suivant. Nous trouvons 4 mentions
de cet adverbe, dont les trois premiers se trouvent dans les journées
inaugurales : le lendemain quand Jean Baptiste voit Jésus venir vers lui (Jn 1,29) ; le
lendemain quand Jean était encore là avec ses deux disciples (Jn 1,35) ; le lendemain quand Jésus rencontre Philippe (Jn 1,43). La quatrième mention se réfère au lendemain où la
foule veut rencontrer Jésus lorsqu’il se rend à Jérusalem (Jn 12,12). CetteÂ
précision temporelle du lendemain est liée à l’arrivée (erchomai) de Jésus, lui qui vient vers l’autre. Ainsi, Jean
Baptiste voit Jésus venir (erchomai) vers lui, la
réponse de Jésus aux disciples de Jean est une invitation à venir et voir : «Venez
(erchomai) et voyez» (Jn
1,39), Philippe dit à Nathanaël : «‘Viens (erchomai),
et vois’. Jésus, voyant venir (erchomai) à lui
Nathanaël» (Jn 1,46.47) et le lendemain, lorsque «la
foule nombreuse de gens venus (erchomai) à la fête
ayant entendu dire que Jésus se rendait (erchomai) Ã
Jérusalem» (Jn 12,12). Nous pouvons noter déjà les
premiers indices d’une relation rhizomique. En fait, c’est Jésus qui déclenche
la relation, mais cela n’empêche pas que les disciples prennent aussi
l’initiative de ramener des autres hommes à sa rencontre, comme c’est le cas de
Philippe à Nathanaël. En outre, Jésus n’apparaît pas comme leÂ
seul qui prend l’initiative de ‘venir vers’ (erchomai) l’autre, à la recherche d’une relation ; les
disciples et la foule le font pareillement, puisqu’ils viennent vers lui. Ce premier
constat brise toute relation basée sur un modèle télégraphique et d’une logique
binaire où «quelqu’un dit quelque chose à quelqu’un». Ainsi, les deux disciples
viennent vers Jésus par la médiation de Jean Baptiste, Nathanaël vient vers
Jésus par les paroles entendus de Philippe, la foule vient vers Jésus parce
qu’elle a entendu dire que Jésus se rendait à Jérusalem Le soir étant venu,
arriva un homme riche d'Arimathée, nommé Joseph,
lequel était aussi disciple de Jésus. Il se rendit vers Pilate, et demanda le
corps de Jésus. Et Pilate ordonna de le
remettre. Joseph prit le corps, l'enveloppa d'un linceul blanc, et le déposa
dans un sépulcre neuf, qu'il s'était fait tailler dans le roc. Puis il
roula une grande pierre à l'entrée du sépulcre, et il s'en alla. Marie de Magdala et l'autre Marie étaient là , assises vis-à -vis du
sépulcre. Le lendemain, qui était le jour après la
préparation, les principaux sacrificateurs et les pharisiens allèrent ensemble
auprès de Pilate, et dirent: Seigneur, nous nous souvenons que cet imposteur a
dit, quand il vivait encore: Après trois jours je ressusciterai. Ordonne donc
que le sépulcre soit gardé jusqu'au troisième jour, afin que ses disciples ne
viennent pas dérober le corps, et dire au peuple: Il est ressuscité des morts.
Cette dernière imposture serait pire que la première. Pilate leur dit: Vous
avez une garde; allez, gardez-le comme vous l'entendrez. Ils s'en allèrent, et
s'assurèrent du sépulcre au moyen de la garde, après avoir scellé la pierre En Mt 27,62, l'hapax matthéen têt epaurion est flanqué d'une périphrase qui obscurcit, plus qu'elle n'éclaire, la référence temporelle : «le lendemain, c'est-à -dire après la préparation». Pourquoi ne pas dire tout simplement le jour du sabbat ? Matthieu souligne-t-il ironiquement que les pharisiens violent le repos du sabbat et font exactement ce qu'ils ont reproché à Jésus ; ou bien au contraire cherche-t-il à estomper l'invraisemblance d'une démarche des pharisiens violant aussi frontalement le sabbat, qu'il trouve dans une tradition qu'il rapporte ici ? La locution temporelle de Mt 28,1 est d'une polysémie bien connue. On pourrait la traduire «Or sur le tard, la nuit du sabbat, alors que la journée commençait à poindre vers le premier [jour] de la semaine» : le fil temporel se complique singulièrement ici. Il le fait plus encore par l'intraduisible diaphore de sabbaton, employé d'abord avec le sens de sabbat, ensuite avec celui de semaine. Matthieu souligne ainsi le thème sur lequel est ironiquement construit tout l'avant-dernier triptyque de son évangile, tout en suggérant théologiquement le début d'une nouvelle ère de l'histoire comme celui d'une nouvelle semaine symbolique. Dans les ultimes séquences, les marqueurs temporels n'indiquent plus guère que des moments relatifs les uns aux autres. A partir de Mt 28,1 le récit s'articule sur des enchaînements tenant autant du discours que du récit (cataphorique kai idou ; génitif absolu construisant une temporalité parallèle et concurrente ; disjoncteur logique de). Organisé autour de propositions confessionnelles, incluant une théophanie apocalyptique assez stéréotypée ainsi qu'un petit récit polémique, le groupe des péricopes finales relève au moins autant de la proclamation que de la narration (Olivier-Thomas Venard, La parole comme enjeu narratif et théologique dans la passion selon saint Matthieu : un commentaire littéraire de Mt 26-28, Revue biblique, Volume 115, 2008 - books.google.fr). Mariage N’est-ce pas l’Eglise Romaine qui a interdit aux prêtres
le mariage et l’usage des viandes, puisque le
pape Victor II, en 1055 et 1056 persécuta les prêtres mariés; en 1058, le mariage est déclaré par Etienne X,
incompatible avec le sacerdoce; en 1120, le pape Calixte II, ordonne leur
permettant à la place d’une femme légitime, d’avoir une ou plusieurs concubines;
en 1215, le Concile de Latran a établi pour empêchement dirimant au mariage,
l’état de prêtrise ‘ou de prétendue promesse de célibat. Pour le jeûne comme je
l’ai déjà dit : les Quatre Temps ont été inventés en l’an 220, et l’abstinence
des viandes pour le vendredi et samedi, en l’an 1040 Et Virgile fait briller dans les champs Elysées : Le
prêtre qui toujours garde la chasteté (Quique
sacerdotes casti, quique sacerdotes casti, dum uita
manebat : Enéide VI, 661 - Descente aux Enfers d'Enée) En son récit, l'Eneas est bien
l'«histoire d'un mariage» et l'union avec Lavinie,
passe assurément dans l'oubli des rapts originels autant que des amours pour Créuse puis pour Didon. La violence guerrière de Troie
n'est toutefois pas encore rédimée. En décapitant un guerrier qui demande grâce
à genoux, mains tendues en sa direction, Eneas refuse
le pardon de la mort de Pallas. Ce pardon manqué, qui fait violemment contraste
avec celui que Didon accorde à son amant et avec le renoncement à la vengeance
que dessine le Roman de Troie dans son récit du retour des Grecs dans leur
patrie, ouvre une voie au roman naissant. En effet, si Albe, la ville qu'Eneas fonde (v. 10134), porte en langue romane la promesse
de l'aube, le roman pourtant annonce le crépuscule de Rome. Pour discrète
qu'elle soit, l'inscription de sa fin se donne néanmoins à lire dans le
Roman d'Eneas.
Symptomatiquement, elle se dit à l'annonce de sa fondation, lors de l'entrée d'Eneas dans Pallantée : ancor idonc iert
po de chose ; mais puis sist Rome iluec
androit, qui tot lo mont ot an destroit
: de tot lo siegle fu raïne,
tote terre li fu acline Typologie Plusieurs schismes divisèrent l'Église romaine au IVe siècle et dans la première moitié du Ve siècle. Le premier est une des retombées de la crise arienne. En 356, le pape Libère, pour avoir refusé de s'accorder avec la politique doctrinale de Constance II, fut arrêté et exilé. Il lui fut donné un remplaçant, Félix, mais celui-ci ne fut pas accepté par tous les chrétiens de la ville. D'où un schisme qui subsista jusqu'en 358, date à laquelle Libère revint dans sa ville, après avoir cédé en partie à l'empereur. Celui-ci avait prévu que Libère gouvernerait avec Félix ; en fait, ce dernier fut assez rapidement évincé. En 366, à la mort de Libère, un nouveau schisme se produisit. Damase et Ursin furent élus papes par des partis différents, ce qui donna lieu à de très violents affrontements entre leurs partisans: il y eut 137 ou plus de 170 morts (selon les sources), et il fallut que l'empereur tranche en faveur de Damase et l'impose par la force. Dans ce conflit, le parti d'Ursin, qui comptait peu de clercs, semble avoir voulu s'opposer à l'évolution qui faisait de l'Église de Rome une Église de plus en plus riche, proche des puissants et du pouvoir. Le schisme des partisans d'Ursin dura plusieurs années (Pierre Maraval, Le christianisme, de Constantin à la conquête arabe, 2015 - books.google.fr). Benoît XIV Le pape Clément XII meurt le 6 février 1740. Le conclave
élit le cardinal Lambertini à l'unanimité le 17 août
1740, après un des plus longs conclaves depuis des siècles : en effet, il ne
dure pas moins de six mois et nécessite 254 scrutins. Législateur de l'Église
moderne, il a marqué le XVIIIe siècle par son long pontificat de dix-huit ans
et par son ouverture d'esprit au siècle des Lumières. C'est un pape moderne qui
tente de calmer les querelles religieuses, de ramener l'Église grecque et
l'Église arménienne dans le giron de Rome, et, tout en confirmant la bulle Unigenitus, il adoucit les rigueurs que l'on exerçait sur
les jansénistes. Il définit les conditions de l'incorruptibilité des corps. Féru
de sciences - en particulier de physique, de chimie, de mathématiques, il
autorise les œuvres sur les nouvelles représentations du monde (héliocentrisme
à cette époque), et cela en deux temps : en 1741, devant la preuve optique
de la trajectoire orbitale de la Terre apportée par James Bradley, il fait
accorder par le Saint-Office l'imprimatur à la première édition des œuvres
complètes de Galilée, ce geste constitue une révision implicite des sentences
de 1616 et 1633 ; en 1757, les ouvrages favorables à l'héliocentrisme sont
autorisés, par un décret de la Congrégation de l'Index, qui retire ces ouvrages
du catalogue des livres interdits. Au début de son règne, il se montre favorable aux
Lumières et entretient des relations avec Frédéric II de Prusse par
l'intermédiaire du savant Maupertuis. Voltaire lui dédie en 1745 sa tragédie Le
Fanatisme ou Mahomet le Prophète. La lettre de remerciement du pape au
philosophe témoigne l'excellence de leurs rapports. Voltaire admirait sincèrement ce pontife cultivé et ouvert aux
idées de son temps. En 1751, il se montre favorable au projet d'encyclopédie de
Diderot et d'Alembert. Mais le 22 mars 1752 Sa sainteté a condamné la thèse
soutenue à Paris par l'abbé de Prades, inspirée de la philosophie de la
sensation, selon laquelle le commencement et les progrès des connaissances de
l'homme se font indépendamment de toute lumière surnaturelle, pour ensuite le
conduisent à la religion. Lorenzo Ganganelli, conseiller
du Saint-Office sous Benoît XIV et futur pape
Clément XIV, mourra, dit-on, empoisonné par les antidotes qu'il prenait, en 1774 Géant Pour le géant, on a Micromégas («Grandpetit», en grec ancien), de Voltaire publié en 1752. Micromégas
raconte les voyages d'un habitant de l'étoile Sirius, le géant Micromégas, sur la planète Saturne, puis sur la planète
Terre. Micromégas et son compagnon le Saturnien
étaient en définitive descendus de leur planète pour venir porter un jugement
sur l'homme. Le premier conte voltarien en
prose, Micromégas,
naît parallèlement au Siècle de Louis XIV,
et hasard suggestif, il est offert au public en même temps que le «Nouveau Plan
d'une Histoire de l'esprit humain et l'histoire des Croisades», 1752. Le succès du Siècle
de Louis XIV excitait les appétits des éditeurs pirates. L'un d'eux publie,
sous la date de Londres, 1752, à la suite de Micromégas
(dont c'est la première édition), le Nouveau
Plan d'une histoire de l'esprit humain et l'Histoire des croisades. Voltaire fait aussitôt imprimer un désaveu,
évidemment sujet à caution. Mais pour cette fois il semble dire vrai : cette
édition se contente de reproduire les textes du Mercure. Et il comprend la
nécessité de couper court à d'autres entreprises semblables : il annonce Ã
son éditeur Walther qu'il va achever et publier lui-même son Histoire universelle (6 septembre 1752).
Derechef, les circonstances favorisaient peu un travail de patiente érudition.
Au mime moment Voltaire s'engage dans l'affaire Akakia : s'étant pris de
querelle avec Maupertuis, puis avec Frédéric II, il doit finalement quitter la
Prusse, le 26 mars 1753 Le Mercure de France (avril 1745-juin 1746) publie sous
le titre Nouveau plan d'une histoire de
l'esprit humain le début de l'Essai
sur les mœurs. L’administration de Basile ne fut guère plus heureuse.
C’est sous son règne qu’est l’époque du grand schisme qui divisa l’Église
grecque de la latine. C’est cet assassin qu’on regarda comme juste, quand il
fit déposer le patriarche Photius. Les malheurs de l’empire ne furent pas
beaucoup réparés sous Léon, qu’on appela le Philosophe ; non qu’il fût un
Antonin, un Marc-Aurèle, un Julien, un Aaron-al-Raschild,
un Alfred, mais parce qu’il était savant. Il passe pour avoir le premier ouvert
un chemin aux Turcs, qui, si longtemps après, ont pris Constantinople Le plan ajoute après "qui
divisa l'Eglise Grecque et Latine" : "& dont je parlerai dans
l'article de l'Eglise pour ne pas confondre les matières" L'article Eglise du Dictionnaire philosophique détaille
ce grand schisme : Lorsqu'en 879 le patriarche Photius fut rétabli dans son
siège par le huitième concile œcuménique grec, composé de quatre cents évêques,
dont trois cents l'avaient condamné dans le concile œcuménique précédent, alors
le pape Jean VIII le reconnut pour son frère. Deux légats envoyés par lui à ce
concile se joignirent à l'Eglise grecque, déclarèrent Judas quiconque dirait que
le St Esprit procède du Père & du Fils. Mais ayant persisté dans l'usage de
se raser le menton & de manger des œufs en carême, les deux Eglises
restèrent toujours divisées. Le schisme
fut entièrement consommé l'an 1053 & 1054, lorsque Michel Cerularius patriarche de Constantinople condamna
publiquement l'évêque de Rome Léon IX & tous les Latins, ajoutant Ã
tous les reproches de Photius, qu'ils osaient se servir de pain azyme dans
l'eucharistie contre la pratique des apôtres; qu'ils commettaient le crime de
manger du boudin, & de tordre le cou aux pigeons au lieu de le leur couper pour
les cuire. On ferma toutes les églises latines dans l'empire grec, & on
défendit tout commerce avec quiconque mangeait du boudin. Le pape Léon IX
négocia sérieusement cette affaire avec l'empereur Constantin Monomaque, & obtint quelques adoucissemens.
C'était précisément le temps où ces célèbres gentilshommes normands, enfans de Tancrède de Hauteville, se moquant du pape &
de l'empereur grec, prenaient tout ce qu'ils pouvaient dans la Pouille & dans la Calabre, & mangeaient du boudin
effrontément. L'empereur grec favorisa le pape autant qu'il put; mais rien ne
réconcilia les Grecs avec nos Latins. Les Grecs regardaient leurs adversaires
comme des barbares qui ne savaient pas un mot de grec. L'irruption des croisés
sous prétexte de délivrer les saints lieux, & dans le fond pour s'emparer
de Constantinople, acheva de rendre les Romains odieux. Mais la puissance de
l'Eglise latine augmenta tous les jours, & les Grecs surent enfin conquis
peu-à -peu par les Turcs. Les papes étaient depuis long-temps
de puissans & riches souverains ; toute l'Eglise
grecque fut esclave depuis Mahomet II, excepté la Russie, qui était alors un
pays barbare, & dont l'Eglise n'était pas comptée On sait que le Dictionnaire philosophique, commencé Ã
l'automne de 1752, puis abandonné pendant quelques années, fut repris à la fin
de 1762 pour être complété au début de 1764. Il fait bien partie des œuvres
dont Voltaire disait en 1761: Je n'ay que deux jours à vivre, mais je les
emploierai à rendre les ennemis de la raison ridicules" Cependant, "rien ne permet toutefois d'affirmer que
les articles publiés dans le Dictionnaire philosophique sont identiques à ceux
ébauchés entre septembre et novembre 1752. L'article «Âme» reproduit en annexe
est peut-être issu de cette série, mais rien ne permet de l'affirmer péremptoirement" Mariage Benoît XIV, dans sa constitution de 1752 pour les Grecs
d'Italie, déclare nuls tout mariage qui serait contracté depuis l'ordination,
il prescrit aux prêtres grecs qui doivent célébrer de s'y préparer par la
continence pendant une semaine, ou du moins trois jours Histoire de Jenni, encore un «conte anglais», suit de
près Les Oreilles du comte de Chesterfield. C'est l'un des derniers contes
composés par Voltaire, en 1774-1775. FREIND. Saint Pierre, au rapport de saint Clément
d'Alexandrie, eut des enfants; et même on compte parmi eux une sainte
Pétronille. Eusèbe, dans son Histoire de l'Église, dit que saint Nicolas, l'un
des premiers disciples, avait une très belle femme, et que les apôtres lui
reprochèrent d'en être trop occupé, et d'en paraître jaloux... «Messieurs, leur
dit-il, la prenne qui voudra; je vous la cède.» Dans l'économie juive, qui
devait durer éternellement, et à laquelle cependant a succédé l'économie
chrétienne, le mariage était non seulement permis, mais expressément ordonné
aux prêtres, puisqu'ils devaient être de la même race; et le célibat était une
espèce d'infamie. Il faut bien que le célibat ne fût pas regardé comme un état
bien pur et bien honorable par les premiers chrétiens, puisque parmi les
hérétiques anathématisés dans les premiers conciles, on trouve principalement
ceux qui s'élevaient contre le mariage des prêtres, comme saturniens, basilidiens, montanistes, encratistes,
et autres ens et istes.
Voilà pourquoi la femme d'un saint Grégoire de Nazianze
accoucha d'un autre saint Grégoire de Nazianze, et
qu'elle eut le bonheur inestimable d'être femme et mère d'un canonisé, ce qui
n'est pas même arrivé à sainte Monique, mère de saint Augustin. Voilà pourquoi
je pourrais vous nommer autant et plus d'anciens évêques mariés, que vous
n'avez autrefois eu d'évêques et de papes concubinaires, adultères, ou
pédérastes; ce qu'on ne trouve plus aujourd'hui en aucun pays. Voilà pourquoi
l'Église grecque, mère de l'Église latine, veut encore que les curés soient
mariés. Voilà enfin pourquoi moi qui vous parle, je suis marié, et j'ai le plus
bel enfant du monde. Et dites-moi, mon cher bachelier, n'avez-vous pas dans
votre église sept sacrements de compte fait, qui sont tous des signes visibles
d'une chose invisible ? Or, un bachelier de Salamanque jouit desagréments du baptême dès qu'il est né; de la
confirmation dès qu'il a des culottes ; de la confession dès qu'il a fait
quelques fredaines ; de la communion, quoique un peu différente de la nôtre,
dès qu'il a treize ou quatorze ans ; de l'ordre quand il est tondu sur le haut
de la tête, et qu'on lui donne un bénéfice de vingt, ou trente, ou quarante
mille piastres de rente; enfin de l'extrême onction quand il est malade.
Faut-il le priver du sacrement de mariage quand il se porte bien ? surtout après que Dieu lui-même a marié Adam et Eve : Adam,
le premier des bacheliers du monde, puisqu'il avait la science infuse, selon
votre école; Eve, la première bachelière, puisqu'elle tâta de l'arbre de la
science avant son mari. LE BACHELIER, Mais, s'il est ainsi, je ne dirai plus
mais. Voilà qui est fait, je suis de votre religion ; je me fais anglican. Je
veux me marier à une femme honnête qui fera toujours semblant de m'aimer, tant
que je serai jeune, qui aura soin de moi dans ma vieillesse, et que
j'enterrerai proprement si je lui survis; cela vaut mieux que de cuire des
hommes et de déshonorer des filles comme a fait mon cousin don Caracucarador, inquisiteur pour la foi. Tel est le précis fidèle de la conversation qu'eurent
ensemble le docteur Freind et le bachelier don Papalamiendo, nommé depuis par nous Papa Dexando. Cet entretien curieux fut rédigé par Jacob Hulf, l'un des secrétaires de milord Laïcs Frédéric de Lorraine ou Frédéric d'Ardenne, né vers 1020 à Dun-sur-Meuse et mort le 28 mars 1058 à Florence, fut pape sous le nom d'Étienne IX du 3 août 1057 au 29 mars 1058. Il succède à Victor II. Premier pape à s'émanciper de la tutelle de l'empereur germanique, Étienne IX meurt à Florence le 28 mars 1058 après seulement huit mois de pontificat, peut-être de maladie, mais plus vraisemblablement assassiné, selon des sources plus récentes : la motivation de cet assassinat pourrait trouver son origine dans le fait que, premier pape à remettre en question la nomination des papes par les empereurs germaniques depuis le règne de Charlemagne, ou par la vox populi de Rome, il propose que le souverain pontife soit élu par un collège de cardinaux, mode d'élection qui sera institué par son successeur Nicolas II en 1059 (fr.wikipedia.org - Etienne IX). Des historiens (Fliche et Martin, Amann et Dumas) sont allés jusqu'à prétendre que l'Église de cette époque «était au pouvoir des laïcs». Cette affirmation suppose implicitement que l'Église devrait appartenir normalement au clergé. C'est d'ailleurs ce que prétendront les partisans de la réforme papale, lorsqu'ils distingueront clairement les deux ordres, laïc et religieux. Mais une telle façon de voir les choses laisse dans l'ombre un important aspect de la situation. Dans ce mouvement de privatisation des églises, tous les propriétaires ne sont pas des laïcs. Des monastères sont eux aussi de grands propriétaires d'églises, et ils en contrôlent de plus en plus à mesure que des propriétaires laïcs leur transfèrent leurs droits. La croissance de leurs revenus ne vient pas seulement du travail de la terre dans lequel, on le sait, ils excellent. Le développement de la privatisation des droits ecclésiastiques a déjà placé entre les mains des moines des dîmes et des églises que la loi canon réserve aux évêques. Bien évidemment, le clergé lui-même n'est pas moins désireux d'exploiter et de conserver la valeur monétaire de ses fonctions spirituelles. Pour l'historien anglais Colin Morris, déjà cité, la chose à retenir dans cette privatisation n'est pas tant le pouvoir laïc, que la propriété privée. Bref, dans l'Église comme dans d'autres secteurs de la société, l'idée d'institutions publiques s'est désagrégée pour laisser la place à une multitude de droits possédés par des propriétaires individuels. L'Église ne fait que suivre les mœurs de de son temps (Philippe Simonnot, Les papes, l'Église et l'argent: histoire économique du christianisme des origines à nos jours, 2005 - books.google.fr). La réforme grégorienne est une politique menée durant le Moyen Âge sous l'impulsion de la papauté. Si les historiens admettent que le pape Léon IX a commencé le redressement de l'Église, c'est pourtant le pape Grégoire VII qui a laissé son nom à la réforme. De plus, les efforts pour sortir l'Église catholique d'une crise généralisée depuis le Xe siècle se poursuivent bien après le pontificat de Grégoire VII. Ainsi l'expression «réforme grégorienne» peut paraître impropre puisqu'elle ne s'est pas limitée à quelques années mais concerne au total près de trois siècles. Elle comporte quatre projets principaux : l'affirmation de l'indépendance du clergé : les laïcs ne peuvent plus intervenir dans les nominations, ce point ne va pas sans conflits, notamment entre le pape et les empereurs germaniques qui se considèrent comme les représentants de Dieu sur terre (Querelle des Investitures) ; la réforme du clergé, le clergé est mieux instruit et l'Église impose le célibat des prêtres ainsi que le mariage chrétien pour les laïcs ; l'affirmation du rôle du pape : à partir du XIe siècle, le pape met en place une structure centralisée autour de la papauté, on voit se développer la curie pontificale qui contrôle ce qui se fait dans l'Église ; la garantie du travail des moines tout en contrôlant les comptes de l'église, qui fut un sujet très polémique à l'époque (fr.wikipedia.org - Réforme grégorienne). Voltaire demandait à d'Alembert «quel était le malheureux qui avait engagé le Parlement de Paris à se faire géomètre, mécanicien, métaphysicien, théologien, etc., pour juger vingt volumes in-folio de l'Encyclopédie ?» Il ne fallait pas qu'il fût théologien contre les philosophes, mais il était très bien qu'il le fût contre les Jésuites (François Zénon Collombet, Histoire critique et générale de la suppression des Jésuites au XVIII Siècle, Tome 2, 1846 - books.google.fr). Quelques personnes font remonter le projet de destruction formé en France contre les Jésuites, jusqu'au temps de l'exil du Parlement de Paris en 1753. Tout le monde sait que la résistance opiniâtre de cette Compagnie aux volontés du Roi, dans les affaires de l'Eglise, lui attira cette punition. Le parti janséniste que ce coup de vigueur atterroit, ne manqua pas d'attribuer la fermeté du Roi et de son Conseil aux suggestions des Jésuites, toujours ardents à défendre la bulle Unigenitus. On les accusoit de conduire l'archevêque de Paris, de gouverner l'évêque de Mirepoix, d'entretenir, dans le comte d'Argenson, ses préventions contre les Parlements, d'inspirer à Monsieur le Dauphin des sentiments désavantageux au corps entier de la Magistrature. Plusieurs membres du Parlement de Paris, déjà peu favorablement disposés pour les Jésuites, se laissèrent prendre, dit-on, à ces idées, et se promirent bien de venger un jour, sur la Société, le traitement qu'ils éprouvoient. On prétend même que quelques-uns d'entre eux s'en expliquèrent assez ouvertement à Bourges, disant qu'à leur retour, ils sauroient mettre les Jésuites hors d'état de leur nuire. Quoi qu'il en soit des vues du Parlement à cette époque, l'anéantissement des Jésuites en France n'étoit tout au plus alors qu'un projet en l'air, conçu, dans un moment d'humeur, par quelques têtes fanatiques, mais d'une exécution trop difficile, pour que les forces seules du Parlement pussent le conduire à sa fin ; il ne pouvoit réussir sans le concours ou du moins sans le silence de l'autorité royale : et dans l'état actuel des choses, il eût été insensé de se promettre l'un ou l'autre. Pour trouver la véritable origine de cet événement singulier, il faut donc chercher le moment où le ministère commença à entrer dans les vues du parlement et à seconder ses desseins, si toutefois il ne les fit pas naître. Or, ce moment, je crois qu'on doit le fixer à la fin de l'année 1757. La Cour avoit bien changé de face en peu de temps. L'Evêque de Mirepoix, dont le Roi respectoit la vertu et écoutoit les conseils, ne vivoit plus. La feuille des bénéfices, après avoir été assez peu de temps entre les mains du cardinal de la Rochefoucauld, étoit tombée dans celles d'un homme trop peu estimé pour avoir droit de parler avec force, trop courtisan pour le vouloir au risque de sa fortune, trop esclave de la marquise de Pompadour qui l'avoit élevé, pour oser résister à ses volontés. Le comte d'Argenson, ministre ferme, intelligent, protecteur déclaré de l'Eglise et des Jésuites, attaché par inclination autant que par devoir à toute la famille royale, l'ami du Roi et l'ennemi mortel des parlements, avoit été enfin sacrifié aux sollicitations importunes de la maîtresse. Machault, esprit brouillon, mais actif, lié d'abord au parlement par inimitié contre d'Argenson et par vengeance contre le clergé, puis fortement opposé aux entreprises des magistrats, qu'il voyoit poussées trop loin, principal auteur du fameux lit de justice du mois de décembre 1756, conséquemment intéressé par honneur à soutenir son ouvrage, et capable par caractère de le faire avec constance, homme d'ailleurs assez droit, estimant les Jésuites et leur voulant du bien, Machault avoit subi le sort de son rival. Le marquis de Paulmy, fils du marquis d'Argenson et successeur de son oncle, occupoit encore sa place, mais menaçoit ruine. L'Archevêque de Paris, toujours ferme, toujours égal à lui-même, avoit conservé l'estime du Roi, mais n'en avoit plus la confiance. Ainsi tous les appuis manquoient aux Jésuites, tandis que, d'un autre côté, tout se remuoit contre eux. L'incrédulité, fortifiée par les troubles de l'Eglise et surtout par la licence effrénée de la presse, s'étoit accrue au point de faire une secte redoutable ; le zèle des Jésuites à la combattre avoit animé à leur perte tous les nouveaux philosophes qui, ne cessant de les décrier dans leurs discours et dans leurs écrits, augmentèrent beaucoup les préventions contre eux. Le parti janséniste méprisé, mais soutenu, avoit réussi à se faire craindre, en servant les projets des magistrats contre l'autorité royale. Le Roi, détestant également les uns et les autres, étoit néanmoins disposé, par la fatalité des circonstances, à ne résister que foiblement à leurs efforts. Le funeste accident du 5 janvier 1757, la tentative d'assassinat faite sur lui par Damiens, l'avoit effrayé. Le moment de cet attentat, arrivé trois semaines après le lit de justice et dans la disgrace actuelle du parlement, les procédures commencées à la prévôté de l'hôtel, l'histoire même du procès fait en grand'chambre, ne lui permettoient pas de douter de quel esprit partoit le coup qui avoit mis ses jours en danger. Il craignoit qu'une même vigueur n'attirât encore les mêmes suites ; et malheureusement il avoit trop laissé apercevoir ses craintes. Le Parlement, à force de désobéissance, étoit venu à bout de donner la loi (Jacques-Benjamin Saint-Victor, Documents historiques, critiques, apologétiques, concernant la Compagnie de Jésus, Tome 1, 1827 - books.google.fr). A cette époque, le Parlement avait fait brûler en dix ans plus de mandements d'évêques, - nous disons d'évêques catholiques, car les appelants étaient des auteurs classiques au Palais, - qu'il n'avait fait brûler de livres impies depuis qu'il existait. Le 11 juin 1752, trois Archevêques et seize Evêques s'adressèrent au Roi pour se plaindre de l'état d'oppression dans lequel, sous prétexte de venger ses libertés, les tribunaux séculiers tenaient la malheureuse Eglise de France. Trois ans après, l'Archevêque d'Aix et dix évêques, ses suffragants, se plaignaient avec plus d'énergie. L'évêque de Troyes, Poncet de la Rivière, venait de publier sa fameuse Instruction sur le schisme, et, suivant sa méthode, le Parlement avait chargé l'exécuteur de la haute justice de réfuter cette Instruction en la brûlant. Ce fut après de telles représailles (6 juin 1756) que le prélat fit paraître un nouveau Mandement, pour arrêter les suites du scandale : «Le Parlement, disait-il, s'est établi juge de la docrine qu'elle (l'Instruction pastorale) renferme, arbitre de la foi qu'elle défend, et s'est emparé, à notre préjudice, par l'usurpation la plus criminelle, du dépôt sacré qui nous a été confié. Quelles suites funestes une pareille entreprise n'entraîne-t-elle pas après, elle ? Le scandale s'étend, les peuples séduits n'écouteront plus leurs pasteurs; ils iront chercher les règles de leur foi dans les arrêts des tribunaux séculiers, et l'encensoir sera désormais entre les mains des laïcs...» (François Zénon Collombet, Histoire critique et générale de la suppression des Jésuites au XVIII Siècle, Tome 2, 1846 - books.google.fr). En France, la suppression des jésuites fut le signal de diverses mesures contre les autres religieux. Une ordonnance, émanée en 1768, défendit de s'engager dans un ordre avant 21 ans pour les hommes, avant 18 ans pour les filles. On escomptait en réalité une diminution des religieux; en même temps, la conventualité fut fixée à quinze religieux pour les monastères d'hommes; cette mesure diminuerait le nombre des couvents, car si ce chiffre n'était pas atteint, la suppression du couvent ou sa réunion à un autre établissement serait décrétée. En outre aucun ordre ne pouvait compter plusieurs maisons dans une même ville, si ce n'est à , Paris, où il fut interdit cependant d'en avoir plus de deux. L'exécution de cette loi fut assurée par la «Commission des réguliers», établie en 1766 pour la réforme monastique. L'archevêque de Toulouse, de Brienne, fut l'agent le plus actif de la commission, qui ne comptait guère que des laïcs. Déjà dans ses assemblées de 1775 et de 1780, le clergé de France, redoutant la ruine de toute vie monastique, s'adressait au roi pour obtenir la modification des ordonnances. En effet, en application de ces lois, la commission des réguliers avait déjà supprimé, en une dizaine d'années, neuf congrégations religieuses, dont quelques-unes comprenaient plus de vingt monastères. Au lieu de réformer, elle abolissait, encourageant par là l'indiscipline et attisant la discorde dans les couvents (G. de Schepper, La réorganisation des paroisses et la suppression des couvents dans les Pays-Bas autrichiens sous le règne de Joseph II, 1942 - books.google.fr). Cf. le quatrain III, 93. Le Roman d'Énéas, adaptation de l’Énéide de Virgile, est un roman anonyme ; la date de rédaction du premier manuscrit est estimée à 1160. On considère ce texte comme un des plus anciens romans français (ou le plus ancien selon la définition que l'on donne au mot roman) (fr.wikipedia.org - Roman d'Enéas). L’émergence de la littérature en langue vernaculaire au XIIe siècle, et en particulier du roman, doit se comprendre dans le contexte d’une société dont les fondements reposent sur la distinction des clercs et des laïcs. D’origine religieuse, elle intéresse en fait tout le fonctionnement de la société (statuts juridiques, formes de culture, modes de vie distinct). Au plan idéologique, son importance n’est pas moindre car la distinction entre spirituel et temporel, sacré et profane, entre Dieu et les hommes, informe toutes les représentations du monde chrétien, la relation antagoniste du charnel et du spirituel constituant, en ce qui concerne la société du Moyen Âge central, un paradigme clé. [...] Depuis la réforme grégorienne, en particulier, les clercs se pensent comme spirituels et développent en particulier un discours prescriptif visant à faire le salut de ces êtres charnels que sont les laïcs. Dans une société chrétienne où la prééminence du principe spirituel constitue le fondement des relations sociales, l’aristocratie s’emploie à contester le rôle qui lui est réservé dans l’organisation sociale et dans la répartition des pouvoirs. Elle se présente à son tour comme «spirituelle» et fait entendre sa voix à travers la littérature en langue vernaculaire (Rapport sur la dissertation française établi par Jean-René Valette - www.antiquite.ens.fr). Lien avec le
quatrain VI, 66 Au fondement de la
nouvelle secte, Seront les oz du
grand Romain trouvés, Sepulchre en marbre apparoistra
couverte, Terre trembler en Avril, mal enfouetz. Dans la suite du quatrain III, 65, on se replace en 1054
dans la chronologie d'Albéric, avec la découverte du tombeau de Pallas, dans le
contexte de la séparation des églises orthodoxe et catholique. Cette trouvaille
constitue un prodige, Pallas étant grec (arcadien), en rapport avec le schisme.
Du point de vue catholique, dans la mesure où l'église orthodoxe
se sépare de l'église catholique, elle devient une "nouvelle secte"
(latin "secare" : couper) : "secte
schismatique photienne" "couverte" peut
rappeler la couverture d'ébène du tombeau de Pallas dans la Lettre du Prêtre
Jean et dans le Roman d'Eneas. Le tremblement de terre peut être une image de cette
séparation actée en juillet 1054 à la suite de la mort du pape Léon IX en avril
justement. Image de Constantinople décrite comme une haute montagne
(Ap. XXI, 10) dont les eaux limpides abreuvent les
peuples aux quatre extrémités de la terre (Ap. XXII,
1-2), image des Latins décrits avec les
matériaux apocalyptiques du tonnerre, du tremblement de terre, de la grêle et
de la bête féroce (cf. Ap. chap. IX et XI, 19) ;
pourrait-on trouver un texte plus éloquent pour décrire les sentiments des
Byzantins envers les Francs séparés de l'Eglise et de l'empire de l'Orient ?
Rédigés (867) de la main de l'un des patriarches les plus prestigieux de
Constantinople, ces propos de Photios exprimaient à tel point une certaine
réalité historique que ces mêmes images
seront reprises en 1054 et placées comme préambule dans l'acte officiel par
lequel le synode réuni à Constantinople
décidait de jeter l'anathème sur l'Eglise latine. On doit tenir pour
presque certain que l'idée selon laquelle l'Eglise de Rome était l'Apostasie
(II Thes. II,3) avait pris naissance au cours du IXe siècle,
à la suite d'une série d'événements politiques et religieux favorisant une
telle interprétation : création de l'Etat pontifical (754), couronnement de
Charlemagne (800), reconnaissance du FilioqueÂ
(809), affrontements politico-religieux à propos de l'évangélisation des
Bulgares (866), schisme photien (867). Elle devient
une idée maîtresse au cours des XIe - XIIIe siècles, car les événements
politiques et religieux de cette époque sont beaucoup plus graves: Eglise de
Rome tombée entre les mains des Francs (1003) et acceptation définitive du
Filioque (1009), schisme cérullarien (1054), octroi
au pape de la couronne royale et élection de l'évêque de Rome par le seul
collège des cardinaux (1059), Croisades et royaumes latins d'Orient. Dans la
naissance et le développement de l'idée Eglise romaine-Apostasie, ce qui
s'avère le plus important, ce n'est pas la position officielle de l'Etat ou de
l'Eglise (d'ailleurs, ces deux autorités agissaient toujours de concert) mais
la «vox populi» et la «conscientia populi» manipulées
à leur gré par les moines et les prédicateurs populaires L'Arménie constitue un cas particulier: bien qu'elle ne
fasse plus partie de l'Empire byzantin après les années 1080, il faut signaler
l'abondance des mentions de séismes en cette zone, et particulièrement dans la
région d'Erzincan et du lac de Van, ce qui n'est pas pour étonner au vu des
accidents plus récents. On en peut dire autant de la Cilicie et de la Syrie
d'Antioche, sur lesquelles, en raison des Croisades, la documentation est
relativement plus riche: des séismes y sont signalés en 1053-1054 (Mathieu
d'Edesse), 1091, décembre 1097, 1114, date à laquelle toute la Cilicie et
l'Isaurie furent atteintes Voici le peu que nous savons : Mathieu d'Edesse raconte longuement à l'année 502 de l'ère d'Arménie
qui correspond environ à l'année courant du 8 mars 1053 au 7 mars 1054 de notre
ère les tremblements de terre effrayants et autres signes célestes à Antioche,
les ravages de la foudre aussi qui, suivant l'opinion générale à cette époque, furent
le châtiment divin des désordres violents survenus entre les deux
communautés ennemies syrienne et romaine, autrement dit catholique, de cette grande cité La date précise n’est pas précisée. Pourquoi pas avril 1053 ? C'est à Antioche qu'on porta la première fois le nom de
chrétien. Le pape Léon IX reçut à cette époque une lettre de
Pierre, le nouveau patriarche d'Antioche, qui lui annonçait sa promotion, et
lui envoyait sa profession de foi par un pèlerin de Jérusalem. Dans sa réponse , Léon donne de grands éloges à Pierre de ce qu'il
reconnaît la primauté de l'Église romaine; il l'exhorte à soutenir la dignité
du siège d'Antioche, qui est le troisième du monde, ajoute le saint-père, depuis que le patriarche de Constantinople a
été dégradé du rang qu'il occupait dans l'Église. Il approuve l'élection de
Pierre, et déclare sa profession de foi catholique; ensuite sa sainteté lui
envoya la sienne, suivant l'usage établi C'est donc juste avant d'affronter les Normands, le 13
avril 1053, que Léon répond au patriarche d'Antioche. Y. Congar
note que les historiens sont unanimes à constater que la rupture entre Orient
et Occident était virtuellement faite depuis le depuis le début du XIe siècle
au moins avec Serge II, en tous cas bien avant Cérulaire. De ce fait, «à Rome
on ne reçoit plus rien de l'Orient et Pierre d'Antioche étonnera joyeusement
Léon IX en lui envoyant sa synodique». Laissons-nous donc un instant étonner -
voire toucher - par cet échange épistolaire : tel l'envoi des deux morceaux
d'une tessère librement consentie par consentie par un Pierre d'Antioche plus
ouvert que bien d'autres à l'importance de la sauvegarde de l'unité. L'ultime
tentative du sumbolos, alors que le
diabolos fait déjà succomber les deux partis Typologiquement, le quatrain a été mis en rapport avec la loge italienne P2, d'inspiration fasciste, le "Romain" désignant Mussolini. |