Tullia et Pompadour

Tullia et Pompadour

 

III, 83

 

1765-1766

 

Les lons cheveux de la Gaule Celtique

Accompagnés d'estranges nations

Metront captif la gent Aquitanique,

Pour succomber à internitions.

 

"internitions"

 

Internition, internicion (latin internicio, internecio) = massacre (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - www.google.fr/books/edition).

 

Quant au fait de l'extermination des Nerviens, César en rend lui-même un compte très-détaillé, lib. 2. cap. 25., en ces termes : "Hoc prælio facto et prope ad internecionem gente et nomine Nerviorum reducto, majores natu, quos cum pueris mulieribus que in æstuaria et paludes collectas dixeramus, hâc pugna nunciatâ, quum victoribus nihil impeditum, victis nihil tutum arbitrarentur, omnium, qui supererant, consensu, legatos ad Cæsarem miserunt seque ei dediderunt, et in commemoranda civitatis calamitate, ex DC ad III senatores, ex hominum millibus LX, vix ad D, qui arma ferre possent, sese redactos.”Ainsi le fait de l'extermination, sur lequel j'ai basé mon opinion, est sans doute bien avéré, puisque César atteste en termes très-formels, que par cette mémorable victoire, il avait exterminé, presque en entier non-seulement toute la nation, mais le nom même des Nerviens. En effet, lorsque, de l'aveu même des vaincus, il ne restait plus, que les vieillards, les femmes et les enfans, et d'une population de 60000 hommes, à peine 500 encore capables de porter les armes et que tous se rendirent à discrétion au vainqueur, il me semble que le mot internecion, est le mot véritablement et exclusivement propre à une nation tellement subjuguée. Aussi tous les historiens contemporains et postérieurs l'ont-ils envisagée sous ce point de vue, en disant: eamque gentem delevit: apud D. Bouquet, tom. I. pag. 367. L'on sait que le sort des Eburons et des Attuatiques a été le même, quant à leur extermination (Jean-Joseph Raepsaet, Réponse à M. Meyer, membre de l'institut, 1825 - books.google.fr).

 

Cf. quatrain VI, 82 - Génocides.

 

"longs cheveux"

 

La désignation de Gaule chevelue (latin Gallia comata), dans les sources classiques, représente soit la Gaule du nord, par opposition à la Gaule en toge (Gallia togata), déjà romanisée, dans le Midi, soit la dans son ensemble, divisée en trois parties, dont la centrale, allant de la Garonne à la Seine, était dite Gaule celtique. S'agit-il d'une autre allusion à la révolte de la gabelle en Aquitaine en 1548 ? (Pierre Brind'Amour, Les premières centuries, ou, Propheties de Nostradamus (édition Macé Bonhomme de 1555), 1996 - www.google.fr/books/edition).

 

"aquitanique"

 

On peut conclurre que du temps de Iules Cesar il y auoit en Gaule trois sortes de langage ; le premier l'Aquitanique ou Cantabrique, qui est aujourd'huy entierement perdu, excepté à un petit coin de terre vers les monts Pyrenées, au pays de Labour en la Biscaye, dont les habitans sont dits Basques, parmy lesquels, au témoignage de Joseph Scaliger, rapporté par Merula en la deuxiéme partie liure 3. ch. 15. est demeuré quelque vestige du langage Cantabrique ou ancien Aquitanique. Le deuxiéme le Belgique, qui enfin a este confondu avec celuy des Allemans, retenant toutefois beaucoup de racines ou origines des noms Celtiques: en façon que tous les mots Prouençaux du iourd’huy, qui sont en quelque façon conformes à la langue Belgique, ou à la Germanique de ce temps, sont vray-semblablement mots Celtiques, & leur racine s'est conseruée en cette Prouinces Le Celtique, ainsi que sont ces noms que Bodin rapporte au chap.9. de la Methode, comme plats, robbes, sot, froid, feu, foyer, mantel, &c. Le troisiéme le Celtique, qui a duré plus longtemps, & duquel parloient les Celtes tres-ancien & tres-ample peuple, qui occupoient cette grande étenduë de terres en Gaule, depuis la mer Mediterranée, iusques à l'occean Britannique,lequel langage estoit encore en vigueur du temps de S. Martin au siecle IV. bien qu'en ce temps-là il se fut introduit par le mélange des langues, de la Grecque, de la Latine, & de la Germanique, un nouueau langage qui estoit dit Gaulois, dautant qu'il est marqué dans Seuere Sulpice au dialogue premier chapitre dernier, tu vero (dit Posthumianus) vel Celice, vel Gallice loquere, dummodo iam Martinum loquaris (Honoré Bouche, La chorographie ou description de Prouence et l'histoire chronologique du mesme pays. Tome premier, 1664  - books.google.fr).

 

Les Basques et l'Aquitaine

 

Les Basques, établis par Pompée dans les hautes vallées de la Garonne, se mêlèrent à la population aquitanique. Les Romains de la Ligurie prirent ombrage de ce voisinage, et craignant que les nouveaux envahisseurs ne voulussent venger sur eux la ruine de Numance et la mort de Sertorius, disposèrent à entrer dans leurs vues l'ambitieux Jules César, envoyé pour gouverner les Gaules pendant cinq ans. César pensa d'abord à relier l'Espagne à la Gaule vers les bords de l'Océan, comme elles l'étaient déjà vers la Méditerranée. Il envoya dans ce but le jeune Publius Crassus à la tête de plusieurs légions aux plaines de l'Adour. Je vais parler de cette guerre parce que les Vasco Aquitains appelèrent à leur secours les Basques des Pyrénées, qui coururent prendre une part active à la lutte. Les Romains s'étaient déjà emparés de Sos, capitale des Sosiates, tribu fixée à l'extrémité nord de la courbe de l'Adour, entre la Garonne et le Midou. Les chefs basques auxiliaires s'étaient formés à l'école de Sertorius. Ils guidèrent les Tarusates et les Vocates, campèrent sur les positions élevées au-dessus de l'Adour et du Gave, s'y retranchèrent fortement et attendirent les Romains, que des corps détachés harcelaient en leur coupant les vivres, à l'imitation de Sertorius. Se reportant alors aux combats sans merci des guerriers d’Adcantuannus et de Crassus, on croit voir les agiles montagnards n'abandonner un turon que pour se retrancher dans un autre, sortir continuellement de ces espèces de redoutes pour harceler l'ennemi, lui dresser des embuscades et l'empêcher de se ravitailler. Les anciens officiers de Sertorius, en suivant cette tactique inconnue aux Gaulois, qui s'abritaient simplement derrière des bois, des rivières ou des marais, réduisirent Crassus à une position des plus critiques. Ce général craignit même que toute l'Aquitaine ne prit part à cette guerre nationale et ne vint l’écraser. Afin de prévenir ce danger, il attaqua les 50,000 confédérés cités par César, alors qu'ils se retranchaient dans un camp immense non encore complètement fermé. La lutte fut terrible; mais Crassus ayant découvert que la porte décumane était plus faible, y envoya deux légions qui escaladèrent les parapets et tombèrent par derrière sur les montagnards, occupés à faire face sur un autre point à une attaque formidable. Cette surprise les mit dans la nécessité d'abandonner cette position. La cavalerie romaine les poursuivit, et 30,000 cadavres jonchèrent la plaine de l'Adour. Le reste se mit à couvert dans les forêts et les gorges des Pyrénées (an 50). Toute l'Aquitaine se soumit alors; César ajoute dans ses Commentaires que les tribus des montagnes ne firent pas leur soumission. Afin de refouler dans les Pyrénées les peuples insoumis, les Romains établirent une suite de camps retranchés qui, de l'Océan à la Narbonnaise surveillaient toute la frontière. César créa de plus une route qui, de Burdigala (Bordeaux) suivait la crête des coteaux entre l'Adour et la Garonne et se reliait à la ligne des camps retranchés vers les sources de l'Arros. Cette voie montre encore des empierrements sur quelques points. Particularité remarquable, elle évitait tout cours d'eau, et dès lors la nécessité des ponts et le danger des inondations. Les thermes de Cauterets portent encore le nom de bains de César, autre souvenir de ce grand homme. Les Basques gardaient si bien les vallées de la Nive, du Cesson et de la Bidassoa, que César dut renoncer au projet d'attaquer Pompéïopolis, en traversant les Pyrénées occidentales. Il prit donc la route des Pyrénées orientales pour aller combattre auprès de Llerda les généraux de Pompée, soutenus par les Basques. La fortune de César l'emporta sur celle de son compétiteur, alors occupé chez les Parthes, et les Basques rentrérent dans leurs montagnes, ce qui acheva la ruine du parti de Pompée dans le bassin de l'Ebre. César courut attaquer Varron, dernier partisan de Pompée, dans le sud de la Péninsule; il dispersa promptement les troupes de ce général et resta seul maitre en Espagne. L'ambitieux vainqueur voulant achever la ruine de son rival, repassa l'Ebre, franchit les Pyrénées par la voie de Portus. La tour de Pompée au summum Pyreneum lui inspira le désir d'éterniser aussi, et plus somptueusement, le témoignage de son passage et de ses victoires. Cependant la crainte d'être accusé d'une trop orgueilleuse vanité, comme il était arrivé à Pompée, le retint; il se borna à un très petit monument en forme d'autel (49). Quelques jours après il atteignait son ennemi, à Pharsale, en Thessalie. Pompée avait dans son armée un corps de Basques qui lui était resté fidèle. César emporta l'éclatante victoire dont le souvenir est immortalisé. Les vaincus implorèrent la grâce de César; seuls, les montagnards Basques, réduits au nombre de trois cents, continuèrent le combat et périrent jusqu'au dernier, par dévouement pour leur chef (Blanc-Saint-Hilaire, Les Basques, Mémoires de la Sociéte des sciences naturelles & historiques, des lettres et des beaux-arts de Cannes et de l'arrondissement de Grasse, Volumes 6-8, 1876 - books.google.fr).

 

La guerre civile entre César et Pompée en Espagne

 

L'Espagne était donc gouvernée pour Pompée, qui faisait la guerre aux Parthes, par L. Afranius, M. Petréius et M. Varro, ses lieutenants. César avait résolu d'enlever à son rival cette Espagne, pépinière de soldats, et sans laquelle lui, César, ne pouvait jamais terminer son entreprise. Il savait aussi que, bien que la guerre de Sertorius eût divisé d'intérêts et d'affections les Espagnols et Pompée, cependant ils servaient dans ses rangs et le serviraient encore. Et la raison en est simple à concevoir. La blessure la plus récente est toujours celle que l'on sent le plus vivement, celle qui poigne le plus; et le massacre récent des champs d'Aquitaine avait allumé dans le cœur des Confédérés, une haine qui étouffait l'ancienne, et les poussait sous les drapeaux de l'ennemi de César (M. de Belsunce, Histoire des Basques, Tome II, 1847 - books.google.fr).

 

Composition de l'armée de César en Espagne

 

César, qui avait aussi une forte armée, envoya Fabius avec trois légions, s'assurer des passages des Pyrénées-Orientales. Il le suivit bientôt lui-même avec six mille Romains qui, tous, avaient fait la guerre des Gaules sous lui, trois mille chevaux aussi romains, et nombre égal d'auxiliaires, infanterie et cavalerie, composés de Gaulois, Narbonnais et Aquitains. César emprunta à ses officiers tout l'argent qu'ils avaient, et en fit présent à ses soldats, voulant ainsi s'attacher les uns par la reconnaissance, les autres par l'intérêt et la nécessité. Il trouva Fabius assis près de la Segre, en face des soldats de Pompée commandés par Afranius et Pétréius. Ils en étaient déjà venus aux mains plusieurs fois, un jour entre autres, par un effet du hasard. [...] Un grand convoi, escorté de six mille hommes et d'un gros de cavalerie en outre de bon nombre d'archers, tous Gaulois, arrivait des Gaules (M. de Belsunce, Histoire des Basques, Tome II, 1847 - books.google.fr).

 

A la Pharsale, César avait dans ses rangs des Gaulois : cf. quatrain VI, 82.

 

Sacrifice des Cantabres (Basques)

 

Après la défaite de Pompée à la Pharsale où les Cantabres sont massacrés, son fils prend la relève.

 

Cn. Pompée, fils du grand Pompée, s'était rendu en Espagne où il avait de nombreux amis, anciennement attachés à son nom. La haine que s'était attiré dans cette province Cassius Longinus, le lieutenant de César devenu Dictateur, le favorisa encore au point que deux légions, autrefois attachées à Pompée puis soumises à César, avaient repris leurs premiers engagements en haine de Longinus. [...]

 

Les Cantabres étaient possédés de la fureur de vaincre ou de mourir, et pour toute harangue Pompée leur montra l'ennemi qui s'avançait. Le choc fut terrible. [...] L'armée de Pompée laissa sur le champ de bataille trente mille hommes, entre autres Labienus et Varus. Les vétérans et les Cantabres marquaient encore leurs rangs, tombés sans se rompre, et ces fiers rivaux témoignaient, même après leur mort, de leur mutuel acharnement. Ils étaient deux par deux, se tenant encore mutuellement traversés de leur implacable épée : chose horrible, dit Florus, même parmi les Barbares ! Trois mille chevaliers gisaient aussi dans la poudre. César fit rendre les honneurs funèbres à Varus et Labiénus, morts en héros; toutes les aigles furent prises et le camp enlevé. César lui-même dit, dans ses commentaires, qu'ailleurs il avait combattu pour la gloire, et à Munda pour sa vie (M. de Belsunce, Histoire des Basques, Tome II, 1847 - books.google.fr).

 

Typologie

 

Le report de 1765 sur la date pivot -50 donne -1865, époque de Jacob, après la mort d'Abraham et avant la naissance de Ruben selon le comput samaritain (Lenglet Du Fresnoy, Tablettes chronologiques de l'hist. univers., sacrée et proph., ecclésiast. et civile, depuis la création du monde, jusqu'à l'an 1762, 1763 - books.google.fr).

 

Epoque du rêve de l'échelle par Jacob en allant chez Laban (Oeuvres complètes de S. Jérôme, Tome 18, 1885 - www.google.fr/books/edition).

 

Une parabole talmudique compare l'échelle de Jacob au chandelier d'or qui illuminait nuit et jour le temple de Salomon. Ses sept branches relient le ciel à la terre, elles embrassent l'espace-temps de l'univers créé au cours d'une seule semaine sidérale. Le tronc du chandelier cosmique est coulé dans un bloc d'or pur, qui contient symboliquement toute la matière terrestre et stellaire. Enfin, ses sept lampes, correspondant à la semaine de la Création, diffusent perpétuellement la lumière sainte du commencement, issue d'une source qui est notre véritable fin (Claude Vigée, Dans le silence de l'Aleph, 1992 - www.google.fr/books/edition).

 

L'histoire sainte attribue au nom de Jacob une origine antique. Le premier qui le porta fut un des plus illustres patriarches. Ce fut parce qu'il arriva au monde comme un supplantateur qu'il fut caractérisé de ce nom, dont la racine est hébraïque. Ce n'est pas à dire toutefois que Jacob ait été un fourbe; car il n'aurail pas mérité d'être, comme il le lut, l'ami du Seigneur, la tige du peuple juif, l'ancêtre du Messie. Humainement parlant, Jacob fut un savant du mérite le plus remarquable. Ses connaissances astronomiques, mathématiques et philosophico-physiques, lui avaient acquis une supériorité manifeste sur la science de ses contemporains. On sait qu'il institua les néoménies, et qu'il régla le calendrier des Juif. [...] Nous ne comptons pas dans la race l'apôtre S. Jacob, juif d'origine et descendant du patriarche. Il a donné son nom au lieu de pélerinage, jadis trèsrenommé, de Compostelle en Galice, comme aussi à la Voie Lactée dite vulgairement le chemin de Saint-Jacques (Revue de l'est (L'Austrasie); Tome 5, 1868 - books.google.fr).

 

L'échelle merveilleuse qui apparut à Jacob, lorsqu'après avoir marché tout le jour il se reposa en un lieu appelé Béthel, ne seroit-elle pas aussi une image de la voie lactée ? En effet, pendant son sommeil, Jacob vit près de lui une échelle qui touchoit d'un bout au ciel, et de l'autre à la terre, et des anges qui descendoient et montoient alternativement. C'est bien là l'image d'une correspondance établie entre le ciel et la terre. Jacob seroit donc le lien mystérieux des deux mondes, comme l'est effectivement Ophiucus, et comme l'étoient Anubis chez les Égyptiens, et Mercure chez les Grecs. L'échelle de Jacob sera donc la voie lactée qui traverse entièrement le ciel

 

Alexandre Lenoir, La franche-maçonnerie rendue à sa veritable origine, 1814 - books.google.fr

 

Matxinada

 

Dans le même sillage, la Real Pragmatica (décret royal) du 11 juillet 1765 autorisant la libre circulation des grains provoqua la matxinada (révolte) de 1766 que l'oligarchie aristocratique (Idiaquez, Ramery, Cardon, Arriola). La répression fut dirigée par les autorités forales, le maire de Saint-Sébastien en tête, Manuel-Antonio de Arriola, avec l'aide du comte de Peñaflorida, alcalde d'Azkoitia, et du corregidor Barreda. Elle fut financée en grande partie par la Compagnie Guipuscoane de Caracas. Outre les exécutions sommaires, un tribunal permanent fut installé à Saint-Sébastien, et fonctionna selon le principe des dénonciations anonymes (con denuncias secretas, informes secretos). La matxinada de 1766, où s'affrontèrent d'un côté la bourgeoisie marchande soutenue par les grands propriétaires fonciers, de l'autre les masses rurales et urbaines consommatrices, annonçait déjà la crise française des années 1774-1776, la disgrâce de Turgot, et somme toute, la Révolution de 1789. La Navarre ne connut pas les tensions et les révoltes analogues à celles de Biscaye et de Guipuscoa. Les Cortès qui prétendaient toujours exercer le pouvoir législatif, n'adoptèrent pas la politique de pression fiscale que voulaient établir les Bourbons. Les partisans et les adversaires des institutions forales, c'est-à-dire du maintien ou du transfert des douanes de l'Èbre à la ligne des montagnes et à la mer s'équilibraient. Les spéculateurs et les marchands des grains faisaient l'apologie de la libre circulation et de la suppression des douanes intérieures, les producteurs de vin de la Ribera défendaient la libre exportation par le port de Saint-Sébastien vers l'Amérique devenue grand marché de consommation. Par contre le système douanier traditionnel protégeait de la concurrence étrangère les produits manufacturés (Manex Goyhenetche, Histoire générale du Pays Basque: Évolution-économique et sociale du XVIe au XVIIIe siècle, 1998 - www.google.fr/books/edition).

 

Frontières navarraises

 

La politique de Choiseul, ministre de Louis XV, faisant de l’alliance avec l’Espagne le pivot du «Pacte de Famille» conclu en 1761, s’efforça de liquider les points litigieux de délimitation de frontières. Ils firent l’objet de négociations, ébauchées en 1765, reprises en 1776-77, officialisées par la Commission de Délimitation de 1784 à 92. Le Traité des Limites, ou Traité d’Elizondo, signé le 27 août 1785, établit une ligne de partage concrète entre la France et l’Espagne, donc entre les deux Navarre dont il consacra la séparation. Ses treize articles fixaient la frontière en forêt d’Iraty, réglaient les problèmes particuliers des vallées de Cize et Baïgorry, notamment les droits de pacage et le statut du « Pays Quint ». Ils prévoyaient que le Bastan, le val d’Erro, le val Carlos et Roncevaux seraient espagnols ainsi qu’Ondarolle et sa mine. Le parlement de Navarre exprima des remontrances à leur sujet. La Révolution empêcha la conclusion de la commission, l’échange des ratifications et la mise en oeuvre du traité. Le traité de Paris qui, en 1815, mit fin aux guerres de l’Empire, spécifia que l’on procéderait sans tarder à l’établissement d’une frontière entre France et Espagne. Des négociations eurent lieu en 1822 notamment, des rapports furent établis, comme en 1838, des travaux cadastraux furent menés près de la redoute du col de Lindus par exemple. La vallée des Aldudes resta indivise entre la France et l’Espagne jusqu’au traité de Bayonne de 1856, signé par Napoléon III et Isabelle II. Se fondant sur les conventions de 1556 et de 1614 ainsi que sur les travaux de la ‘Commission de Délimitation’, notamment sur l’abornement effectué en 1785, ce traité de Bayonne du 2 décembre 1856, ratifié respectivement dans les capitales le 8 juillet et le 13 août 1857, régla définitivement le problème de délimitation de la frontière entre France et Espagne. La vallée des Aldudes allait à la France et le Val Carlos à l’Espagne. Cette frontière ne satisfaisait pas les militaires dès lors qu’elle contournait la haute vallée de la Bidassoa et de son affluent le Baztan et abandonnait aux Espagnols les défilés de Maya et de Velate. Le bornage en fut achevé en 1863 (foliohistoirepaysbasque.blogspot.com).

 

Acrostiche : LAMP, lampe

 

Tullia fut le premier fruit du mariage de Ciceron avec Térentia. Bientôt il reconnut dans elle un naturel charmant, & des qualités naissantes, qui se De Rome l'an laissoient appercevoir au travers des foiblesses de l'enfance. Lui-même il prit plaisir à cultiver de si heureuses dispositions. Sous les yeux d'un si habile maître, elle devint capable des plus sublimes connoissances, & s'acquit la réputation de femme très-sçavante, sans avoir le ridicule & l'ostentation, que donnent quelquefois la science aux personnes de son sexe. Dês que Tullia eut atteint l'âge nubile, elle fut mariée à Caïus Calpurnius Piso, qui joignoit à une naissance illustre, beaucoup de probité, & du talent pour parler en public. Aprês la mort de ce premier mari, qui décéda l'an de Rome 696. pendant l'éxil de Cicéron, elle épousa Furius Craslipes, qui la répudia, pour des raisons que le silence des Historiens ne nous permet pas de deviner. Enfin elle se maria en troisiéme noce, à Publius Cornélius Dolabella, qui lui-même avoit déja eu une premiére femme. Ce dernier sçut tellement toucher le coeur de Térentia, & de Tullia par ses politesses, que la mere & la fille fermérent les yeux sur ses débauches. Le mariage fut conclu en l'année de Rome 703. tandis que Cicéron étoit encore en Cilicie. Pour lors il se proposoit de donner pour époux à sa fille Tiberius Claudius Nero, qui marié depuis avec Livie, devint pere du Successeur d'Auguste, l'Empereur Tibére. Tullia fut si malheureuse avec ce nouveau mari, qu'elle prit le parti de s'en séparer. Ce fut là le sujet d'un voyage qu'elle fit à Brunduse, où son pere attendoit le retour de César. Cicéron attendri sur les malheurs de sa fille, la confirma dans son dessein. Elle ne survécut que deux ans à ce divorce. Tullia a mourut dans lecours de l'année 708. tandis que Jule César faisoit la guerre en Espagne, contre les fils du grand Pompée.

 

Il n'en faut pas croire Rhodiginus, qui s'étoit persuadé, que Tullia fut déterré dans la voye Appienne, sous le Pontificat de Sixte IV. D'autres ont prétendu, que dans le même endroit, on découvrit un ancien tombeau, qui portoit cette inscription. TVLLIOLÆ FILIÆ MEÆ, A ma fille Tullia. Ils ajoutent, qu'on y trouva un cadavre qui se réduisit en poudre & une lampe allumée, qui s'éteignit à l'ouverture du sépulchre, aprês avoir brûlé pendant plus quinze siécles. Cette dernière constance, fait naître un doute raisonnable sur la vérité du fait (François Catrou, Histoire romaine, les empereurs, Jules Cesar, 1732 - books.google.fr).

 

Au cours du dialogue fictif situé (Les Anciens et les Modernes, dans Nouveaux Mélanges parus en 1765) que Voltaire forge entre Tullia, la fille de Cicéron, et Mme de Pompadour, réunies au royaume des morts, Voltaire dresse un bilan des progrès scientifiques réalisés depuis l'Antiquité. Les questions posées par Tullia sur les objets qui entourent la marquise, autorisent Voltaire à traiter d'objets aussi variés que les miroirs «faits avec du sable» et non plus composés d'acier, les jumelles, la boussole ou encore d'aborder les découvertes de Newton; c'est avec la «petite lunette» que que «nous avons vu de nouveaux cieux» et «cet autre instrument verni dans lequel il y a un petit tuyau de verre proprement de verre proprement enchâssé» a servi à «découvrir la quantité juste de la pesanteur de l'air» (Céline Masbou, Savants modernes et dieux antiques, La chair et le verbe, les jésuites de France au XVIIIe siècle et l'image, 2008 - www.google.fr/books/edition).

 

La scène se passe en 1753, année de la reprise de Castor Pollux; mais l'ouvrage est de quelques années plus tard. Il n'est pas à croire qu'il ait été composé du vivant de madame de Pompadour, qui mourut le 14 avril 1764. Catherine II, dont Voltaire fait l'éloge, page 294, ne monta sur le trône de Russie qu'en juillet 1762. Les anciens et les modernes sont dans le troisième volume des Nouveaux Mélanges, daté de 1765, et qui ne parut qu'à la fin de cette année, comme on le voit par la lettre à Damilaville, du 6 janvier 1766 (Oeuvresde Voltaire, avec préfaces, avertissements, notes, Tome 42, 1831 - www.google.fr/books/edition).

 

Xavier Marie Joseph de France, né le 8 septembre 1753 à Versailles - mort le 22 février 17541, était un prince de sang royal français de la dynastie des Bourbons. Quatrième enfant et deuxième fils du dauphin Louis et troisième enfant et deuxième fils de Marie-Josèphe de Saxe (et ainsi le deuxième fils du couple), Xavier de France était donc un frère aîné des futurs rois Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. Il avait été titré duc d'Aquitaine par son grand-père, Louis XV. Il meurt d'une coqueluche le 22 février 1754, six mois avant la naissance de

son petit frère, le futur Louis XVI (fr.wikipedia.org - Xavier de France).

 

C'est à l'occasion du mariage du Dauphin que le roi Louis XV noue une liaison avec une bourgeoise, Jeanne Le Normant d'Étiolles, bientôt anoblie et titrée par le roi marquise de Pompadour, du nom d'une terre limousine en déshérence. Tandis que la reine accepte la situation avec philosophie, les jeunes époux s'opposent à la nouvelle favorite. Marie-Thérèse meurt l'année suivante en 1746. Veuf à 17 ans, le dauphin est très affecté par la mort de son épouse. Sur les conseils du maréchal de Saxe, héros de la guerre de Succession d'Autriche, et de la marquise de Pompadour qui souhaite se rapprocher de la famille royale, le roi choisit comme seconde épouse de son fils Marie-Josèphe de Saxe, fille du roi de Pologne. Le mariage est célébré à Versailles le 9 février 1747, le dauphin Louis ayant 18 ans et la dauphine Marie-Josèphe 16 ans.

 

Le 13 novembre 1765, le dauphin Louis, père de Xavier, au plus mal, demande à recevoir les derniers sacrements. Le 19 décembre, les médecins condamnent sa porte aux proches. Le dauphin Louis meurt de tuberculose à 36 ans le 20 décembre 1765, à huit heures vingt-trois minutes du matin, assisté par son ami le cardinal Paul d'Albert de Luynes, archevêque de Sens (fr.wikipedia.org - Louis de France (1729-1765)).

 

Traductions de Lucain

 

L'abbé de Marolles se trouve à la tête des traducteurs de ce poëte, comme le plus ancien. Sa traduction plate et languissante parut en 1623, et eut plusieurs éditions. Brebeuf donna la sienne en 1654. C'est peut-être le seul traducteur en vers, dont la manière de sentir et de s'exprimer ait été parfaitement analogue à celle de son auteur. On retrouve dans la Pharsale française, quoique le style en ait un peu vieilli, presque toutes les beautés, comme presque tous les défauts de la Pharsale latine. Il a confondu, comme Lucain, l'emphase avec la grandeur, et l'enflure avec le sublime. Souvent il n'est pas beaucoup inférieur à son original, et il a des vers que Corneille lui même n'eût pas désavoués. La Pharsale fut négligée pendant long-tems, lorsqu'enfin il parut deux traductions à la fois. M. Masson publia en 1765 une traduction de Lucain, qui ne manque pas d'exactitude et même d'élégance, mais qui est très-inférieure à celle que Marmontel donna l'année suivante. Celle-ci est écrite d'un style ferme, énergique, plus serré quelquefois que celui de l'original. La prose d'une harmonie vraiment poétique et d'un rithme très-sensible est ce qui convient mieux à la traduction des poètes, s'ils ne peuvent être traduits fidèlement en vers. Marmontel a supprimé un assez grand nombre de traits surabondans : Lucain, quoique presque toujours serré dans son style, est souvent diffus dans les choses. Plusieurs poëtes se sont exercés sur Lucain. La Harpe n'a traduit de suite et en entier que le 1.er et le 7.e chant de la Pharsale, mais dans ses réflexions sur Lucain, il en traduit plusieurs morceaux détachés; ces traductions sont faites avec cette liberté que demande teur qui a besoin d'être resserré et élague. Cependant les idées de Lucain, son caractère, sont en général fidèlement rendus, et le traducteur conserve une marche libre, des mouvemens aisés et naturels. On désirerait plus d'énergie et de hardiesse dans son style, qualités sans lesquelles on ne peut retracer les beautés de Lucain. La Pharsale que le chevalier de Laurès publia en 1773, est presque une autre que celle de Lucain. Il ne suit pas même exactement la distribution des livres telle qu'elle est dans le poëte latin. Il étend, il resserre, tranche, il ajoute, il passe à côté de l'original presque sans le saluer. Cette imitation est oubliée, quoiqu'il y ait des morceaux bien écrits, et même des fictions assez heureuses ajoutées à celles de Lucain. Un de nos meilleurs poëtes vivans, M. Legouvé, a fait, à l'exemple de Corneille, une étude particulière du poëme de Lucain. S'il est vrai que les beautés sublimes de la Pharsale ont nourri le feu de Corneille, il est peu de poëmes que les poëtes tragiqués puissent méditer avec autant de fruit. M. Legouvé a traduit plusieurs morceaux de Lucain, avec toute l'exactitude d'un traducteur, et avec cet air libre, ce feu, cette énergie qui caractérisent un auteur original. On attend de lui une traduction de tout le poëme de la Pharsale. M. Billecoq a publié une édition de la Pharsale avec la traduction de Brebeuf, la vie des auteurs et des notes critiques, aussi intéressantes qu'instructives (J. L. Ferri de St. Constant, Rudimens de la traduction ou L'art de traduire le latin en français, Tome 1, 1811 - books.google.fr).

nostradamus-centuries@laposte.net